FÊTE NATIONALE 14 JUILLET

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FÊTE NATIONALE 14 JUILLET
Vendée Civisme - Commémorations
FÊTE NATIONALE
14 JUILLET
1/ Contexte
Une France en faillite
En 1789, la France est dans une crise financière extrêmement grave. La guerre
d’Indépendance des Etats-Unis a achevé de ruiner le royaume. L’Etat peine
à se réformer, il existe une multitude de lois particulières (leges privatae :
lois privées ou privilèges) qui concernent autant les villes que toutes les couches
de la population mais aussi certains métiers. Les réformes tentées par Necker
ou Maupeou ne sont pas votées par le parlement. La situation est dans l’impasse.
Carte des anciens gouvernements français en 1789 in The Historical Atlas by William R.
Shepherd, 1926
Source : Wikimedia
Des idées nouvelles
Le courant des Lumières couvre l’ensemble du XVIIIème siècle. Il touche
un savoir encyclopédique, l’idée est de tout connaître dans tous les domaines :
philosophie, architecture, astronomie, société,… Ces idées nouvelles remettent
en question certains piliers de la société d’Ancien Régime comme la religion ou
le pouvoir monarchique. Par essence intellectuelles, ces nouveautés imprègnent
principalement la bourgeoisie. Enfin, passionné par l’horlogerie et les sciences
navales, Louis XVI soutiendra l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique dont
les dirigeants sont très libéraux et confiera à M. de Lapérouse une expédition
scientifique dans le Pacifique.
Louis XVI donnant des instructions à La Pérouse, le 29 juin 1785
Auteur : Nicolas André Monsiaux
Source : Chateau de Versailles
Un climat de grandes tensions
Des mauvaises récoltes, des tensions sociales exacerbées, une société figée
et les idées nouvelles poussent à un changement. Quelques émotions
populaires apparaissent dans les provinces et à Paris. La plus célèbre est
la « journée des Tuiles » en 1788, le parlement du Dauphiné refuse
des réformes et soulève le peuple contre l’autorité royale. C’est le régiment du
Royal-Marine qui fera les frais de l’émeute pendant laquelle certains habitants,
juchés sur les toits de Grenoble attaqueront les soldats à coups de tuiles.
Journée des Tuiles à Grenoble
Auteur : Alexandre Joseph Michel François Debelle
Source : Inconnu
2/ Les Faits
La convocation des Etats Généraux
Devant l’impasse de la situation du royaume, Louis XVI décide de convoquer les Etats
Généraux. Cette assemblée composée de membres élus des trois corps de la société
(Tiers-Etat, Noblesse et Clergé) se rassemble le 1er mai 1789. Le discours introductif du
roi ne laisse rien entrevoir pour débloquer la situation.
Le serment du jeu de Paume
Auteur : Jacques-Louis David,
Source : Musée Carnavalet, Réunion des Musées Nationaux
Le 20 juin, une majorité de députés qui ont choisi de s’appeler « Assemblée
nationale » se rassemble dans la salle du jeu de Paume. Ils s’engagent à ne pas
se séparer tant que la France n’aurait pas de constitution. C’est le Serment du jeu
de Paume.
La prise de la Bastille
A Paris pendant l’été 1789, la tension est à son comble, par sécurité,
20 000 soldats y sont placés. Le prix du pain à Paris atteint des sommets,
les nouvelles récoltes ne sont pas encore arrivées et ces mouvements
de troupes font craindre un arrêt des approvisionnements à venir.
Des orateurs comme l’avocat et journaliste Camille Desmoulins pousse
la foule à l’émeute. Les réserves de grains sont pillées le 12 et 13 juillet.
Une milice bourgeoise est créee, il faut maintenant l’armer.
Le matin du 14 juillet, les Invalides sont pris d’assaut pour piller les
30000 fusils et 20 pièces d’artillerie stockés. Il ne manque que la poudre
et la rumeur court que la Bastille en contient. Le climat de tensions d’intensifie.
La prise de la Bastille
Auteur : Jean-Pierre Louis Laurent Houël
Source : Bibliothèque Nationale de France
Contrairement aux Invalides, le gouverneur de la forteresse, M. de Launay, refuse de se rendre. C’est un quiproquo qui est à l’origine de
la fusillade qui fera une centaine de blessés surtout du côté des émeutiers. De Launay souhaite négocier et, au moment où la délégation
entre pour parlementer la foule s’engouffre, un massacre d’une rare violence s’ensuit. La tête du gouverneur est promenée au bout
d’une pique dans les rues de Paris. Le cap de l’horreur est franchi.
La fête de la Fédération
Afin de célébrer l’anniversaire de la prise de la Bastille, une
grande cérémonie d’unité nationale est organisée sur le Champsde-Mars. Aussi appelée fête de la Fédération, les représentants
des 83 départements (ou fédérations), le président de
l’Assemblée et le Roi prêtent serment à la Loi et à la Constitution.
Les 100 000 fédérés ont ainsi défilé devant un peuple uni autour de
son roi, c’est la Concorde. Une messe y est même célébrée par Mgr de
Talleyrand, évêque d’Autun. Ainsi, la célébration de la fête nationale fait
aussi référence au 14 juilet 1790, date plus fédérative que 1789.
La fête de la féderation au Champ-de-Mars
Auteurs : Isidore-Stanislas Helman, Antoine-Jean Duclos, Charles Monnet
Source : Bibliothèque Nationale de France
La spirale de la violence
Les différents régimes qui suivront s’enfonceront progressivement
dans la violence. Cette barbarie amènera un nouveau régime qui sera
lui-même chassé par un autre plus violent. La terreur devient un moyen
de gouverner. En 1795, le Directoire met fin à cette spirale après la chute
de Robespierre. Pendant la Terreur, 500 000 personnes seront
emprisonnées et selon les estimations des dizaines de milliers à quelques
centaines de milliers de français auraient été massacrés ou guillotinés.
Les Noyades de Nantes en 1793
Auteur : Joseph Aubert
Source : Musée d’art et d’histoire de Cholet
3/ Des vendéens dans la Révolution
François-Athanase Charette de la Contrie
(1763-1796)
Officier de la Marine royale, Charette se retire dans ses terres vendéennes en 1790. Son soutien au roi
le pousse à défendre la famille royale aux Tuileries le 10 mars 1792. Il doit son salut à une fuite discrète
en brandissant la jambe du cadavre d’un suisse passant ainsi pour un émeutier. En 1793, la Vendée
se soulève pour lutter contre la Constitution civile du Clergé et surtout la levée en masse
de 300 000 hommes avant les moissons. Il faut des chefs à ces combattants sans aucune
expérience, Charette sera l’un d’eux et ils viennent le chercher. De caractère assez indépendant,
il marquera sa distance avec l’Armée catholique et royale. Ainsi, il ne participe pas
à la virée de Galerne. Il mène une politique de guérilla très destructrice pour les armées révolutionnaires
jusqu’en 1795, date de la signature du traité de paix de la Jaunaye. Le gouvernement n’ayant pas tenu
parole, Charette reprend les armes cinq mois plus tard. Capturé non loin du logis de la Chabotterie,
un tribunal le condamne à mort à Nantes. Il est fusillé le 29 mars 1796.
François-Athanase de Charette de La Contrie
Auteur : Jean-Baptiste Paulin Guérin
Source : Musée d’art et d’histoire de Cholet
Philippe Charles Goupilleau de Montaigu
(1749-1823)
Né à Montaigu d’une famille de notaires royaux, il devient avocat à Paris en 1775. En 1781,
il est nommé juge-sénéchal de Rocheservière. C’est donc tout naturellement qu’il est requis pour participer
à la rédaction des cahiers de doléances des Etats-Généraux.
Ses idées sont assez révolutionnaires. Elu député de la Vendée en 1791 et jugé trop tiède lors des guerres
de Vendée, la convention l’enverra régulièrement en mission dans le Midi. Hostile à Robespierre, il sera
sauvé par ses missions hors de Paris. La fin du Directoire par le coup d’Etat du 18 brumaire et son hostilité
à Napoléon mettront fin à sa carrière politique.
Goupilleau de Montaigu, né à Montaigu le 25 juillet 1753.
Source : Archives départementales de la Vendée
Marie-Charles-Isidore de Mercy
(1736–1811)
Originaire de Lorraine, cet ecclésiastique est nommé évêque de Luçon en 1773.
Ce membre du haut-clergé poitevin est élu député pour l’assemblée des Etats-Généraux.
Ses oppositions avec le bas-clergé pendant les séances sont fréquentes. Il devient hors-la-loi
par son refus de prêter serment à la constitution civile du Clergé faisant de lui un réfractaire.
La fuite sous déguisement est la seule solution pour lui et c’est en Suisse qu’il trouvera refuge.
Il conservera une abondante correspondance avec son diocèse et démissionnera de Luçon
en 1802 pour être nommé Archevêque de Bourges. Cette même année, son retour à Luçon est
fêté pour sa résistance en émigration.
Goupilleau de Montaigu, né à Montaigu le 25 juillet 1753.
Source : Wikipedia
4/ Conséquences
Une fête nationale
Le choix du 14 juillet comme fête nationale n’est pas intervenue aussitôt. Entre 1789 et 1880,
le 14 juillet n’a quasiment jamais été fêté officiellement. C’est la IIIème république, en besoin de repères, qui
instaure officiellement le 14 juillet comme fête nationale. Le jour est déclaré chômé.
La double acceptation de la date (1789 ou 1790) permet de laisser l’ambiguïté du choix entre un évènement
sanglant mais symbolique et la fête de l’unité du peuple français. Si les premières années la plantation d’arbres
ou l’organisation de banquets républicains sont organisés, le rituel actuel est rapidement mis en place. Le défilé
militaire, les concerts, les feux d’artifices, les bals et le discours du président de la République sont désormais
incontournables.
Affiche détaillant le programme du 14
juillet 1880 à Luçon
Source : Archives départementales de la
Vendée
Un héritage qui divise
« La Révolution est un bloc », cette phrase de Clemenceau prononcée une centaine d’années
après les évènements montre la division que va engendrer ces dix années de troubles en
France. Cette phrase vient en réaction d’une sélection politique qui pourrait être faite de
la Révolution. La spirale politique et de violence révolutionnaire gêne les héritiers des
différents systèmes. Pour les plus radicaux, comme Clemenceau, il faut tout prendre ou
ne rien prendre.
Georges Clemenceau à la tribune de la Chambre des députés et au Sénat
Auteur : Dorville Noël
Source : Collection Historial de la Vendée, CD85
Une succession de régimes politiques
La Révolution vient casser la dynastie capétienne installée depuis 700 ans.
Par la suite, une petite dizaine de régimes très différents vont façonner
les destinées de la France. Ces régimes se positionneront toujours par
rapport à la Révolution ou à certains évènements de celle-ci. Certains
préfèreront le retour à l’Ancien Régime, d’autres adopteront plutôt
le principe de la monarchie constitutionnelle du début de la Révolution.
Finalement, la IIIème république s’imposera de justesse et reviendra aux
fondamentaux révolutionnaires.
La liberté guidant le peuple
Auteur : Eugène Delacroix
Source : Musée du Louvre
Synthèse
•
La Révolution française marque un grand bouleversement dans l’histoire européenne. L’évolution de la société grâce aux idées
nouvelles, l’impossibilité pour l’état de se réformer et une crise économique amènent cette période révolutionnaire qui durera
presque dix ans.
•
Les évènements prennent la forme d’une spirale. La fuite en avant des différents régimes amène à toujours plus de violence. Les
attaques de l’extérieur mais aussi de l’intérieur contraignent à une grande fermeté.
•
L’héritage de la Révolution ne fait pas toujours l’unanimité notamment entre les partisans du « bloc » indissociable et ceux qui ne
n’assument que certaines idées ou certains faits.
Pour aller plus loin
•
La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789. Histoire par l’image :
http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?m=prise%20de%20la%20bastille&d=1&i=140
•
FETE DU 14 JUILLET, Actualités Françaises. INA : http://www.ina.fr/video/AFE85005732/fete-du-14-juillet-video.html
•
La fête nationale du 14 juillet. Elysée.fr : http://www.elysee.fr/la-presidence/la-fete-nationale-du-14-juillet/
•
HERVÉ, Pierrick. Le 14 Juillet, naissance d’une fête nationale. Pour mémoire : http://www.cndp.fr/fileadmin/user_upload/
POUR_MEMOIRE/14_juillet/PM_14juillet.pdf