la lettre du israël - La lettre du 18 JUIN
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LA LETTRE DU Siège social : 22, rue Brézin, 75014 Paris • Rédaction : 18, rue Fouquet, 77920 Samois-sur-Seine - Tél. 06 81 24 15 95 • Directeur de publication : Alain Rohou. Tous les manuscrits reçus et non publiés ne sont pas retournés à leurs auteurs. Les articles doivent nous parvenir dans la première semaine du mois, ils n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Prix au numéro : 2,30 €, Abonnement 1 an : 23 €, Jeunes et étudiants :12 € • N° commission paritaire : 036 G 80438 • Imprimerie spéciale 18 Juin site : acadgaul.free.fr - courriel : [email protected] Le combat de l’avenir Numéro 88 - septembre 2006 ISRAËL PRÉSIDENTIELLES par Georges AIMÉ T ous, nous nous accordons pour affirmer que les années qui viennent seront décisives pour l’avenir de notre pays et de l’Europe. Les économies mondiales mises en place par les Occidentaux sont bouleversées ; la Chine dans un premier temps, l'Inde dans un second - pour ne citer que ces deux-là - sont là pour nous rappeler quotidiennement que la globalisation des marchés se fait le plus souvent au détriment des citoyens, même si dans un premier temps elle semble contribuer à l’évolution de leurs niveaux de vie. Il n’est pas d’exemple dans l’Histoire où les intérêts particuliers se soient à ce point moqués des États et des peuples. Camouflés en intérêts nationaux, religieux ou idéologiques ils font la guerre - quelle soit économique ou militaire - pour assouvir leur soif de pouvoir et d’argent ; la régression est totale, le collectif n’a d’intérêt que lorsqu’il sert l’individuel ! Ce constat d’évidence posé, que pouvons -nous et que devons-nous faire ? Nous pouvons aider le candidat à l‘élection présidentielle qui s’engagera à ne plus faire de la politique un métier en gravant dans le marbre Suite page 2 Sommaire Pages 1, 2 et 8 1 et 2 3, 4 et 6 5 7 8 9 et 10 11 et 12 13 à 16 17 à 19 20 et 21 21 et 22 Jacques DAUER Georges AIMÉ Paul KLOBOUKOFF Francis DESSARD Jacques MYARD Dîner-Débat Pierre-Marie GALLOIS Henri RÉGNIER MORDICUS Albert SALON Christine ALFARGE Jacques DAUER par Jacques DAUER L es Celtes ont envahi l’Europe il y a près de trois mille ans, et ils ont créé les peuples de l’Ouest. Avant eux, il y eut les Basques, voire les Hébreux et les Grecs (!). Passant les siècles, nous avons eu les Turcs ottomans qui ont chassé les Grecs et les Arméniens d’Asie mineure et créé une nation, mais jamais nous n’avons vu un État disparu il y a plus de deux mille ans resurgir de l’Histoire, sauf Israël en 1947. Les raisons en sont multiples et se concrétisent, j’oserai dire se forgent, dans à la Déclaration Balfour de 1917. Pourtant il faudra attendre cinquante ans et surtout la sauvagerie des nazis et l’antisémitisme des Slaves en général pour que le projet se réalise. Mais, c’est la première fois, à l’ère moderne, qu’un État se fonde sur des bases religieuses et il est évident que toutes les difficultés présentes sont venues de cette fondation de l’État hébreux sur la religion. Le sionisme de la fin du XIXe siècle et du début du XXe réclamait un territoire pour former une Nation mais peu lui importait l’endroit puisque il a été envisagé à un certain moment de donner aux Juifs un territoire africain (une partie de l’Ouganda actuel alors sous la férule britannique). La Déclaration Balfour n’était pas antisémite mais vraisemblablement antisioniste. Il a fallu l’acharnement des nazis contre un peuple, une religion, une « race » comme disaient les hitlériens que certains continuent aujourd’hui d’approuver. C’est oublier que les Arabes sont aussi des sémites. Une partie de l’Asie, l’Arabie saoudite, les Émirats et une partie également de l’Afrique du Nord, la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc ont un peuplement arabe mais il y a eu aussi les Phéniciens, les Kabyles - c’est-à-dire les Vandales (1), les Maures enfin. Les Turcs, les Iraniens eux ne sont pas arabes et des pays comme l’Irak, la Syrie, le Liban ne le sont que pour une partie minoritaire de leur population.. En 1945, les pays occidentaux et les Slaves étaient pour la création de l’État d’Israël, excellent moyen pour les Slaves de se débarrasser de leurs concitoyens de religion juive et pour les Occidentaux et notamment pour les Américains et les Britanniques de reporter sur d’autres les erreurs commises pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce sont aussi les raisons qui ont poussé depuis cinquante ans les Anglo-saxons à accuser la France d’antisémitisme, aidés en cela par certains de nos intellectuels, quelle que soit leur appartenance philosophique ou religieuse. N’oublions pas pour autant que le sionisme américain a eu lors de cette guerre un rôle tout à fait confondant, notamment en refusant que soient bombardées les lignes de chemin de fer conduisant aux camps d’extermination. Même attitude d’indifférence d’ailleurs à l’égard des juifs hongrois qui furent peu inquiétés par le régime du régent Horty, tant qu’il put résister aux pressions nazies, c’est-à-dire jusqu’en 1944. Par ailleurs on ne peut confondre racisme et antisémitisme. L’un est à base laïque au sens moderne, l’autre à base religieuse au sens séculaire. Racisme et nationalisme au contraire se confondent. Je ne cherche pas à défendre le racisme et l’antisémitisme car tout chez moi s’y oppose : l’éducation reçue de mes parents, la formation de mes maîtres, la croyance qui est la mienne. J’affirme d’autre part qu’il y a une grande différence entre nationalisme et patriotisme. Le premier méprise l’Autre, le second respecte l’Autre. Seulement à cette dernière affirmation il faut apporter des nuances, car il existe des contradictions mais jamais un homme qui croit en Dieu ou même qui n’y croit pas, mais respecte la dignité humaine, ne peut accepter le nationalisme. On peut ne pas aimer les Allemands ou les Anglais, mais on ne peut oublier que nous avons la même origine et que seules la Géographie et l’Histoire nous ont différentiés. Revenons à l’État d’Israël. Le peuple juif, au sens ontologique, se dédouble sur le plan religieux en ashkénazes et séfarades. Mais les siècles font-ils qu’un Palestinien musulman serait différent d’un séfarade juif de Palestine ? Un séfarade chassé d’Espagne est-il le même que, s’y s’appelant Bieninfanto, il se retrouve en Allemagne ashkénaze sous le nom de Gutkinder, puis en Russie sous celui de Gutkin avec d’autres personnes ayant suivi un autre chemin à travers l’Anatolie, l’Arménie, la Géorgie ? Il y a chez le peuple d’Israël maintenant la même diversité que parmi les populations françaises ou italiennes. À partir de 1947 de nombreux juifs de l’Europe centrale ont émigré vers le nouvel État d’Israël et créé une nation à base ashkénaze du fait, notamment, que très peu de nos compatriotes de religion juive, grosso modo ashkénazes du Nord et de l’Est, séfarades du Sud-Est et d’Afrique du Nord, cherchaient à s’installer en Israël. Cela restera vrai jusqu’aux années 60/70 sans pour autant qu’ils soient ensuite très nombreux, malgré un soutien constant de l’État hébreux, de sa politique régionale et de ses guerres préventives. Des compatriotes non-juifs ont voulu combattre dans l’Armée israélienne. Je me Suite page 2 18 Juin page 2 PRÉSIDENTIELLES… (suite) l’esprit de la Ve République que les présidents qui ont succédé au Général de Gaulle n’ont cessé de trahir : - reconnaissance du vote blanc ; - déclenchement automatique du référendum d’initiative local, régional ou national ; - interdiction de cumul de mandats pour tout élu représentant une collectivité locale ou régionale de + de 3.000 habitants ; - impossibilité d’exercer plus de deux mandats à la suite – de quelque nature qu’il soit -, sauf pour les maires des villes de moins de 3.000 habitants ; - interdiction de cumuler emploi public ou semi-public et un mandat d’élu du peuple, sauf pour les élus des villes de moins de 3..000 habitants ; - interdiction d’utiliser une autre langue que le français dans le cadre de la représentation nationale au sein des instances européennes et internationales et développement du rayonnement culturel ; - référendums : faire la distinction entre un référendum portant sur une question de souveraineté et/ou d’indépendance nationale (ex. 29 mai), de modification constitutionnelle non technique (ex septennat) ou de défense nationale et un référendum portant sur des questions de choix de société (ex. la laïcité, la peine de mort, etc.) ; en cas de victoire du non, le premier type de référendum doit entraîner automatiquement la démission du chef de l’État et de son Gouvernement ; - établissement d’un service national (militaire et/ou civil), moyen de cohésion sociale et de connaissance de l’autre ; - limitation des dividendes pour les dirigeants des entreprises où l’État est dans le capital ; - prise en compte du vote du 29 mai afin de proposer une autre Europe basée sur l’indépendance des Nations quand le choix collectif ne correspond pas à l’intérêt national. Ces propositions n’ont rien d’idéologiques, elles n’ont pour but que de redonner aux Français confiance dans leurs dirigeants en leur donnant le pouvoir d’éliminer ceux pour qui la politique n’est pas un service ou un sacerdoce. Nous ne devons pas nous laisser enfermer dans le choix binaire que l’on nous impose. Nous devons, après avoir lu attentivement leurs programmes, interroger TOUS les candidats sur ces questions fondamentales en participant aux réunions qu’ils organisent ou en leur écrivant. C’est seulement après avoir entendu leurs réponses que nous pourrons choisir celui ou celle qui sera le plus à même de conduire le redressement qui s’impose. Si nous n’avons pas cette volonté de nous battre et de nous faire entendre, il ne servira à rien – sauf pour ceux qui y auront là aussi quelque intérêt particulier – de déplorer que le deuxième tour oppose un fasciste à un agité atlantiste ou à une coquille vide, tous anti ou non gaullistes. La dimension d’homme d’État ne se décide pas, elle s’acquiert au fil du temps et des épreuves ; ils sont peu nombreux aujourd’hui à penser que les intérêts de la France et des Français prévalent sur tout autre considération… pas plus de deux ou trois ! Quelle type de société allons-nous léguer à nos enfants ? ISRAËL… (suite) souviens qu’en 1967 mon fils se rendit en Israël mais ne put s’engager dans Tsahal. Il y resta plusieurs semaines mais, devant l’impossibilité pour un étranger de s’engager et n’ayant aucune ascendance juive, il revint en France. On peut admettre et comprendre cette décision israélienne, comme on doit admettre et comprendre la démarche de ces jeunes qui avaient un idéal de solidarité. Cependant l’essence théocratique de l’État d’Israël lui a fait manquer bien des opportunités. La première, et à mon avis la plus importante, est que le peuple palestinien s’il était en majorité musulman était aussi composé d’une forte minorité chrétienne. Le peuple palestinien était laïque pour la plupart de ses membres et il se heurtait à la théocratie israélienne au point de favoriser, comme les Américains avec Ben Laden, la création du Hamas en Palestine et du Hezbollah au Liban. J’ai pu lors d’un entretien avec Menahem Begin, à la fin des années cinquante, ressentir la dissociation interne propre à l’État d’Israël, bien que Begin m’apparaissait assez ouvert à la discussion. Il le prouva quelques Académie du Gaullisme 22, rue Brézin, 75014 Paris BULLETIN D’ADHÉSION 2006 à retourner à Jacques Dauer 18, rue Fouquet - 77920 Samois-sur-Seine [email protected] années plus tard quand il devint Premier ministre en recevant le président Sadate. Et lorsqu’un peu plus tard, je reçus l’envoyé de Mme Golda Meir, le colonel Turner, je compris que la différence de conception était minime et qu’elle était plus due aux problèmes de politique intérieure qu’aux idées sur la politique à mener avec les Palestiniens. Aujourd’hui, les aléas politiques, notamment tout ce qui concerne la défense nationale, proviennent de la démographie qui favorise les séfarades au détriment des ashkénazes, mais aussi de l’immigration massive des juifs de Russie qui s’opposent à la politique de ces derniers. À cela il faut ajouter le rôle néfaste des Américains, notamment celui de la sectes des évangéliste à laquelle appartient Bush. Bien des chosez auraient été différentes si l’État israélien avait été laïque et non théocratique. Les événement de ces dernières semaines sont à cet égard très explicites car Tsahal, l’armée israélienne, est désormais commandée par des généraux séfarades, des juifs orthodoxes, qui s’inspirant de la doctrine américaine d’emploi de l’aviation, considèrent que les Suite page 8 18 Juin 22, rue Brézin, 75014 Paris BULLETIN D’ABONNEMENT 2006 à retourner à Jacques Dauer 18, rue Fouquet - 77920 Samois-sur-Seine [email protected] Nom et Prénom__________________________________________ Nom et Prénom _________________________________________ Adresse _________________________________________________ Adresse ________________________________________________ Code postal ______________ Ville __________________________ ____________________________________________________________________________ Tél. ______________________ Date de naissance ____________ Code postal _________ Ville ______________________________ Cotisation + de 25 ans : 12 € • – de 25 ans : 4 € Courriel ________________________________________________ Couple : 16 € • Membre bienfaiteur : à partir de 75 € Abonnement annuel au 18 Juin (11 numéros) + de 25 ans : 23 € • – de 25 ans : 12 € Établir votre chèque à l’ordre de l’Académie du Gaullisme Établir votre chèque à l’ordre de l’Académie du Gaullisme Adhésion et abonnement simultanés : établir un seul chèque. 18 Juin page 3 VERS UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE À UN TOUR EN 2007, COMME EN 2002 ? L par Paul KLOBOUKOFF ’histoire se répète-t-elle ? Avec les mêmes médias, qui font mousser deux candidats présumés, l’un de l’UMP et l’autre du PS, plus que n’importe quelle lessive, qui les propulsent en tête des sondages et organisent entre eux de grotesques « duels » imaginaires. Comme pour nous convaincre, nous assurer, nous garantir, dès le printemps 2006, que nous n’aurons pas d’autre choix au deuxième tour des présidentielles de 2007 qu’entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Comme en 2002, avec la « finale » alors pronostiquée entre Lionel Jospin et Jacques Chirac ! Avec beaucoup d’avance à l’allumage cette fois, car les candidatures des deux pré-élus de ces médias et de leurs opinions préfabriquées ne sont pas agréées par leurs partis et ne le seront, peut-être, qu’à partir de novembre 2006 et janvier 2007. Qu’importe ! Pour vendre du candidat, du papier et de l’audimat … et pour se planter profondément une fois de plus, il n’est jamais trop tôt. Les manipulateurs d’opinions ont vite oublié ou n’ont pas compris que le choix du président en 2002 s’est fait au premier tour de l’élection et non au deuxième Le « duel ChiracJospin » qu’ils avaient tant annoncé pour le second tour n’a pas eu lieu. En éliminant L. Jospin au premier tour, les électeurs ont, ipso facto, consciemment ou non, choisi un président : J. Chirac. Un président, qui ne pouvait pas, qui ne devait pas être du Front National, a ainsi été désigné dès le premier tour. Humiliés, les dirigeants socialistes et d’extrême gauche ont ensuite essayé d’être présents à un deuxième tour sans avoir de champion en lice, avec les gesticulations, le bruit et le cinéma dont ils sont devenus coutumiers. La probabilité pour que le candidat du Front National soit dans le duo de tête en 2007 apparaît aujourd’hui au moins aussi forte qu’elle pouvait l’être en 2002 avant les élections … comme celle d’avoir, en conséquence, encore une élection à un seul tour en 2007. De nombreux ingrédients sont en effet réunis pour cela. Au PS, les candidats déclarés, réservistes et autres potentiels poussés par leurs courants trépignent, se pressent et se bousculent avant leur course primaire. Sans attendre celle-ci Royal caracole en tête (des sondages), suivie de DSK, Lang, Fabius, Emannuelli, Montebourg, Mélenchon, Hollande… sous les yeux attentifs de Jospin. Ira, n’ira pas ? Ira bien qui ira le dernier ? Les inscriptions seront clauses pour début octobre. Les puissantes fédérations et les apparatchiks du Parti ne manqueront pas d’influer sur le vote promis aux militants avant le congrès d’investiture du 26 novembre. Au PS comme au PC, l’appareil est plus qu’une seconde nature. C’est autre chose que des sondages intentionnels de vote à un an des élections ! La désignation en cours des candidats aux élections législatives de 2007 ne se passe pas sans heurts. La multiplication des critères de sélection, qui incluent le courant du candidat, son audience locale, son sexe, son origine et sa « diversité » sociale, ses amitiés et ses liaisons dans l’appareil, l’avis éventuel des militants… ne peut qu’accroître l’arbitraire, le nombre des déçus et influencer les comportements lors de la primaire automnale. Pour leur part, la démarche et les sorties de Royal sur la sécurité et sur les trnte-cinq heures ont mis en cause des dogmes et des personnalités du PS (Aubry, notamment) et ne lui ont pas fait que des amis. Elles ont semé des doutes chez des militants et des sympathisants quant aux convictions réelles, candides ou non, de la candidate, ainsi que sur la justesse des positions des caciques du Parti sur ces sujets déterminants et chauds. Rien n’apparaît donc joué aujourd’hui. Parmi tous les prétendants, combien arriveront au port et soumettront leur candidature au suffrage universel ? Deux ou trois, si tout se passe au mieux pour le PS. Avec l’aide des fonds du Parti ou sans. Demandez le programme ! Sur lequel tous les candidats se sont mis d’accord. Et auquel 85 % des 47 % des militants socialistes votants ont dit oui. Un programme pour museler les candidats à la candidature et pour tenir en laisse le futur président s’il est socialiste ? Inutile ! À l’évidence, seulement des nuances séparent les candidats PS entre eux… et avec la droite pour certains. Tapie estime ainsi que les écarts entre ses amis Ségolène Royal (qu’il soutient) et Nicolas Sarkozy sont à la marge. Une obscure clarté tombe donc enfin des étoiles, dans un épais brouillard qui tamise les lueurs blafardes d’un théâtre d’ombres grouillantes que hante encore celle, inconsolable, de Jospin et du vide qui la suit. Dévoués militants qui iront encore voter en novembre 2006, deux fois, s’il y a deux tours ! Et qui, comme les autres sympathisants ne devront pas perdre la foi d’ici mai 2007. Conclure des alliances avec d’autres partis de gauche pour limiter la concurrence, bien sûr ! Mais les partenaires potentiels se tâtent. Ont-ils d’autre choix pour prouver leur existence, mesurer leurs parts de marchés et défendre leurs idées que de présenter des candidats à la présidentielle. Par la faute du mode de scrutin des législatives, qui refuse l’accès de l’Assemblée nationale aux partis minoritaires et avantage le PS et l’UMP. De l’introduction d’une « dose de proportionnelle » aux législatives, on en parle… au « parle m’en », Suite page 4 page 4 18 Juin VERS UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE À UN TOUR EN 2007, COMME EN 2002 ?… (suite) puis on diffère, on reporte pour gagner du temps... ou en perdre, si on regarde les conséquences. Alors, pour avoir des députés à l’Assemblée nationale, il faut passer sous la protection du PS. Encore faut-il que ses offres soient honnêtes et que son « programme » réponde aux principales exigences des alliés. C’est moins le cas aujourd’hui que ça l’était en 2002. Par contre, le PS a davantage besoin des électeurs des autres partis de gauche qu’aux présidentielles antérieures. Il a déçu et a perdu de sa crédibilité à gauche lorsqu’il était au pouvoir et les mouvements sociaux et les troubles qui ont eu lieu ces dernières années sont plus « profitables » aux partis « extrêmes » qu’à lui. Les mêmes causes produiront encore une abondante floraison de candidats des autres « gauches » en 2007. Bonnet ou toque verte chez les Verts, Wehring ayant indiqué que les socialistes cherchaient à « refaire un hold-up sur les sièges de l’Assemblée aux législatives » (Le Figaro des 17 et 18 juin). Baylet, des Radicaux de gauche, voulait aussi un accord sur les sièges aux législatives pour renoncer à une candidature de son parti ; Tapie reste en réserve sur le banc de touche. Marie-George Buffet aimerait voir le PCF à la tête d’un rassemblement antilibéral… et non soutenir un mouvement libéral socialiste. Pour Arlette Laguillier, de Lutte Ouvrière, « les socialistes se moquent du monde » (Le Parisien du 3 juin). Pour Besancenot (Ligue Communiste Révolutionnaire), le programme et les engagements du PS ne sont pas satisfaisants. Il faut encore compter avec C. Taubira, déterminée, Bové… et ne pas oublier que Chevènement, du Mouvement Républicain et Citoyen, pourrait aussi être un ultime recours. Au total, si la « logique » et la « dynamique » actuelle perdurent, on peut donc s’attendre à une dizaine de candidatures à gauche en 2007. Il y en avait 7 en 2002. Et le candidat (unique) du PS n’avait pu recueillir que 16,18 % des suffrages exprimés, contre 16,86 % pour Le Pen et 19,88 % pour Chirac. Evidemment, la plupart de ces candidats de gauche et leurs courants ont sans doute en projet de se rejoindre pour le deuxième tour… si le candidat socialiste passe le premier tour. Sinon, faire tomber au premier tour l’un des trois « favoris », d’un des partis de l’oligopole parlementaire, peut être une douce revanche pour les petits partis minoritaires et une leçon à méditer pour le PS (et pour l’UMP, à droite). Le système électoral, utilisé et perpétué pour barrer la route de l’Assemblée au FN, il faut bien l’avouer, montre encore ses incohérences et ses limites. Il les avait déjà étalées il y a quatre ans, en 2002. Mais les « partis de gouvernement » n’ont pas voulu le voir ou le reconnaître. En fait, la situation à gauche est aussi compli- quée par la « Question européenne », qui sera au cœur de l’élection présidentielle, je l’espère aussi aux législatives, et qui a été éludée jusqu’ici. Vu l’importance des décisions de l’Union européenne sur la vie et le destin de la France et des Français, ainsi que les résultats du référendum de 2005 (54,9 % de NON contre 45,1 % de OUI, ce n’est pas rien), il serait incongru que les citoyens élisent un président puis une majorité parlementaire décidés à poursuivre la politique de soumission et de subordination que les autorités françaises ont suivies jusqu’ici. Les citoyens voient bien que la libéralisation mondialiste débridée et incontrôlée continue de dévaster secteur après secteur, tandis que la croissance reste bien plus molle dans l’Union que dans le monde et que la position de la France faiblit. Ils observent que la Commission et les chefs d’États et de gouvernements poussent à la fédéralisation et à l’adoption du projet de Constitution que les Français et les Hollandais ont rejetée, tandis que, incohérence de plus, l’élargissement de l’Union, qui devait marquer une pause prolongée, s’est encore accéléré. L’UE à vingt-cinq est déjà presque derrière nous. Elle est sur la voie rapide des trente-six à quarante États, voire plus. Les pourparlers d’adhésion de la Turquie continuent et nombre de chefs d’États y sont favorables. La majorité des Français est contre. Alors, il sera très important en 2007 d’élire un président et une majorité parlementaire qui ne sont ni sourds ni aveugles aux positions et aux points de vue de la majorité des Français, qui les font leurs et qui s’engagent à les promouvoir et à les défendre avec fermeté dans les instances de l’Union. La complaisance européiste, le fait du prince et la dictature de la pensée unique doivent cesser ! La Question européenne concerne tous les Français. Le référendum de 2005 a violemment secoué la gauche et a révélé des divisions de fond. Il a aussi montré que la position prise par la plupart des dirigeants du PS en faveur du OUI, qui a été reprise par les militants, a été battue en brèche par la majorité des électeurs sympathisants de la gauche. Selon les résultats du sondage publiés dans Le Figaro du 31 mai 2005, les électeurs proches de l’extrême gauche et du PCF avaient voté NON à 94 % et à 98 % pendant que ceux proches du PS et des Verts avaient voté NON à 56 % et à 60 %. La double fracture entre les partisans du OUI et ceux du NON, d’un côté, et entre les dirigeants du Parti et l’électorat socialiste, de l’autre côté, est restée ouverte sous les emplâtres destinés à la masquer. Elle constitue un handicap sérieux pour les dirigeants partisans du OUI, qui ont exercé le pouvoir et contribué, sinon poussé à la construction européenne actuelle, notamment avec les traités de Schengen, de Maastricht, d’Amsterdam et de Nice. Leurs amis du PS Suite page 6 18 Juin page 5 COURRIER DES LECTEURS COURRIER DES LECTEURS COURRIER DES LECTEURS Lettre d’un adhérent belge LE SOUVERAINISME EUROPÉEN N’EST PAS RACISTE par Francis DESSARD P our éviter tout débat et escamoter tout dialogue réel – et ce faisant empêcher que certaines idées soient d’abord présentées par leurs concepteurs – certaines affirment l’incompatibilité de la démocratie avec des opinions qui n’est pas un quelconque label de gauche. De cette manière le nationalisme est caricaturé et, sans nuance, présenté comme intolérant et raciste. Notre avis est connu : le nationalisme est un humanisme et, partant, le racisme, d’aucune manière, ne peut être inclus. Cet acharnement à affirmer une équivalence nationalisme = racisme, n’est pas apparu par hasard. L’historien et journaliste français Jean Sévilla1 avance une analyse intéressante : « L’accusation n’est pas innocente dans l’imaginaire contemporain, le mot racisme véhicule une charge répulsive proportionnelle à l’horreur des crimes nazis, crimes commis au nom d’une doctrine raciste. L’antiracisme fonctionne en conséquence comme un piège, à partir d’un amalgame : tout restriction à l’immigration est réputée raciste, et donc susceptible de déboucher sur quelque chose d’analogue au nazisme. Et comme l’univers du manichéisme ne connaît qu’une alternative, quiconque n’adhère pas à l’antiracisme prouve par là qu’il est raciste. Ainsi fonctionne le terrorisme intellectuel ». Si quelqu’un nous demande à brûle-pourpoint « Êtes-vous raciste ? », franchement il est impossible de donner une réponse sans savoir ce que l’interlocuteur donne comme définition au mot « racisme »… Auparavant – naguère même – le racisme consistait à affirmer qu’il existait des races supérieures et des races inférieures : ce qui était une ineptie tant anthropologique que morale. Mais, actuellement, est considéré comme racisme le simple fait d’affirmer qu’il existe des races, donc des différences raciales. Or parler de telle différences n’implique pas un jugement de valeur permanent, mais simplement une constatation. Il n’y a pas de races supérieures ni de sous-hommes… Des personnes d’origines très diversifiées peuvent adhérer sincèrement à une autre culture que celle de leurs origines et devenir des exemples de patriotisme. Le père de la langue russe littéraire était le petitfils d’une Éthiopienne. On parle, bien sûr, d’Alexandre Pouchkine. Un des leaders de l’insurrection nationale irlandaise de 1916 était anglais : Patrick (Padraig) Pearse. Le grand artiste Andrei Ostap qui se définissait comme patriote culturel roumain était polonais. Et il y a bien d’autres exemples… L’honnêteté et la sincérité doivent être bilatérales : à partir du moment où une personne de quelque origine que ce soit adopte notre culture, aime notre patrie au point d’en faire la sienne : il est des nôtres… Xénophobie, racisme et intolérance religieuse n’ont aucune relation avec l’humanisme nationaliste. Les vrais antinationaux sont souvent des « compatriotes de souche » qui, par intérêt, vendent notre pays à la haute finance mondiale ou à des pactes militaires intrinsèquement anti-européens. Nous constatons que les prétendues communautés allochtones sont manipulées et instrumentalisées par des forces politiques qui veulent les utiliser à des fins électoralistes ou pour contrer des valeurs millénaires qui nous sont traditionnelles… Ne nous trompons pas de coupables ! J’ai eu souvent l’occasion de rappeler à des citoyens du tiers-monde, notamment africains, que sans leur propre nationalisme ils n’auraient jamais obtenu leur indépendance, laquelle je ne conteste pas le moins du monde. Eux non plus ne devraient pas se tromper de coupables… Qui plus est aucune culpabilité n’est héréditaire… N’ayons de haine pour personne… Mais cela ne nous empêche pas – comme le dit si pertinemment la devise luxembourgeoise – de vouloir rester ce que nous sommes. L’hospitalité, l’accueil, le dialogue sont des devoirs d’humanité. La défense et le respect de notre culture : un devoir de mémoire. Le nationalisme européen – de notre rive de l’Atlantique aux côtes russes du Pacifique – n’est l’ennemi d’aucun peuple du monde. Par contre, notre vision du souverainisme est irréductible aux volontés hégémoniques d’une puissance mondialisante qui prétend agir au nom d’une communauté internationale qui n’existe que sous sa direction. Le souverainisme européen a beaucoup à apporter au monde, pour peu qu’il nous soit permis de l’expliquer, de le proposer et de concrétiser dans le respect des lois et de la démocratie. –––––––––––––––––––– 1. Le terrorisme intellectuel, Paris 2004 (Perrin). page 6 18 Juin VERS UNE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE À UN TOUR EN 2007, COMME EN 2002 ?… (suite) et des autres partis de gauche, concurrents et adversaires, le savent. C’est une des raisons de la multiplication à attendre des candidatures à gauche à la présidentielle. Parmi les électeurs proches de l’UMP et de l’UDF, la propension à voter NON n’a été que de 20 % et 24 %, selon la même source. La Question européenne ne sera-t-elle qu’un diviseur du troisième ordre pour autant ? Pas sur. Le résultat global du référendum, avec presque 10 % d’écart en faveur du NON, peut changer des certitudes sur les bienfaits de l’UE en doutes chez certains. D’autant que des vices de construction en sont devenus encore plus visibles depuis. Et l’affirmation répétée par les européistes de l’attachement de De Gaulle à la construction européenne sonne de plus en plus faux maintenant que très peu d’électeurs ignorent que le Général était partisan d’une Communauté européenne qui comptait alors six membres, sans le Royaume-Uni et les autres libre-échangistes, et non d’une Union à quarante États ou plus, qu’il n’aurait pas manqué de qualifier de « machin » ou de « truc », dans laquelle, de plus, l’État français perdrait tout pouvoir et la France son intégrité et son identité. Non, le Général de Gaulle n’était pas, non plus, un libéral avancé mondialiste ! Des voix pourraient donc se déplacer des candidats de l’UMP et de l’UDF vers ceux de candidats gaullistes plus authentiques comme de Villiers, Dupont-Aignan, Myard… et même Chevènement, si ces derniers se présentaient. Devedjian se préoccupe déjà du deuxième tour de la présidentielle. Aucune « impasse » n’est possible à ce sujet. Néanmoins, cette préparation ne s’avérera pleinement « utile » que dans le cas où son ami Sarkozy (s’il est le candidat de l’UMP) arrive dans les deux premiers au premier tour, avec un concurrent du PS. Inutile, donc, de souligner le caractère vital de la campagne du premier tour pour le futur candidat de l’UMP. Ce n’est pas gagné. Certes, un combat fratricide entre Villepin et Sarkozy qui déchirerait la majorité actuelle semble devoir être évité. Mais, mai 2007 est à dix mois. Et tous les ministres et/ou candidats possibles n’ont pas rejoint N.S. Michèle Alliot-Marie a la vocation, avec ou sans l’investiture du Parti, et le dit. Est-elle l’unique « loyaliste » dans cette disposition ? J.C. nous a dit envisager de se sacrifier une fois de plus. Qui n’en doute pas ? Avec les candidats possibles précédents, avec Boutin, Lepage, Madelin et/ou avec d’autres envisageables, il pourrait y avoir jusqu’à sept candidats UMP et apparentés, contre quatre en 2002. Un tel scénario, défavorable au candidat choisi par l’UMP, traduirait la difficulté pour celui-ci à intégrer dans son programme et ses propositions celles écologiques et sociales d’une partie de la majorité. Mais le candidat de l’UMP aura surtout à répondre à la volonté de change- ment, de relance et de progrès de la population sans renier la politique conduite par son camp jusqu’ici. L’exercice sera difficile car le candidat sera, avec le Gouvernement, la cible des attaques de toute l’opposition de gauche, de l’UDF et de son candidat, ainsi que de l’extrême-droite. Il est clair que sa tâche prioritaire sera de rassembler au sein de la droite et de rassurer les électeurs sur sa capacité réelle à « sécuriser » et à améliorer leur avenir. Et ce dès le premier tour. Plus discret que les autres grands partis, notamment parce qu’il est moins choyé par les médias et que c’est actuellement son intérêt, le Front National attend son heure. Les événements travaillent pour lui. On peut citer : L’échec de la construction européenne sanctionné par le NON au référendum en France, auquel ses sympathisants ont donné 93 % de leurs voix. La persistance d’un nombre élevé de chômeurs et de RMIstes. L’impuissance face aux problèmes de l’immigration qui, contrairement à des dénégations « officielles », s’est beaucoup amplifiée ces dernières années, ainsi que les reculades devant l’immigration illégale. Les explosions de violences, comme celles de novembre 2005, qui ont encore montré l’indécision et la faiblesse des autorités… ainsi que la duplicité de politiciens et d’associations d’opposition. La loi imposée par la rue, à l’occasion de la contestation du CPE. La pusillanimité des gouvernants après les manifestations contre le CPE et les grèves qui ont empêché les lycéens d’étudier, avec l’octroi du bac à près de 82 % des candidats. Un record, supérieur à celui de 1968. Résultats effectifs : engorgement à l’Université à la rentrée et problèmes subséquents, davantage d’échecs en fac dans les années à venir et dévalorisation accentuée du diplôme auprès des employeurs potentiels. La voie royale, quoi ! Pour quelles raisons le score du Front National à la présidentielle de 2007 serait-il inférieur à celui de 2002 ? Dans la « logique » actuelle du système, il pourrait même être supérieur. D’autant plus que Mégret, le frère ennemi, ne se présentera peut-être pas. Je renvoie donc au titre de cet article. Encore un point capital. Les élections législatives qui suivront les présidentielles devraient encore amener à l’Assemblée nationale de nombreux élus des partis majoritaires. La porte sera clause pour les partis d’extrême-gauche et d’extrême-droite. Il ne restera alors à leurs militants et à leurs sympathisants que les yeux pour pleurer, la voix pour crier et la rue pour manifester et se faire entendre. Et les jeunes se laissent facilement entraîner, quand ils ne déclenchent pas eux mêmes les hostilités. Gouverner la France ne sera pas plus facile demain qu’aujourd’hui. Que ceux qui iront choisir un président puis une majorité parlementaire aient cette perspective en tête. 18 Juin page 7 La souveraineté de la France est le fondement de notre liberté RÉINVENTER DE GAULLE ! par Jacques MYARD, député, président du Cercle Nation et République C ertains feignent de s’étonner de voir l’action du Général de Gaulle être à nouveau invoquée en 2006 pour justifier une autre politique économique. Leur étonnement est proprement étonnant. Certes, de Gaulle n’a jamais été l’apologiste du déficit budgétaire, pas davantage que de la faiblesse de notre monnaie, les réformes Rueff-Armand mises en œuvre sous la direction de Michel Debré l’attestent amplement. Mais celles et ceux qui prétendent que « de Gaulle doit être laissé en paix » (1) devraient avoir le courage et surtout l’intelligence de prendre en compte tous les éléments de la politique qu’il a menée pour ne pas tronquer la réalité d’hier et d’aujourd’hui. Pragmatique, de Gaulle n’a eu qu’un seul objectif, l’indépendance nationale et la maîtrise de notre destin: l’objectif fixé, la France doit être libre de ses moyens et de ses décisions pour s’adapter en permanence en fonction de la conjoncture. Dans ces conditions, s’il ne s’agit pas de faire parler les mânes du Général. Son attitude, sa politique du 18 juin 1940 à la Ve République, nous donnent bien une méthode d’action qui demeure valable, et dont on peut s’inspirer même si les circonstances ont, en apparence, changé. Quelles sont, aujourd’hui, les contraintes qui brident la croissance, dont l’atonie est le principal responsable de nos déficits budgétaires ? Il est indéniable que de nombreuses économies doivent être réalisées dans les dépenses publiques, mais sait-on qu’avec cinq cents mille chômeurs en moins les comptes de la sécurité sociale seraient équilibrés ? Cinq facteurs retiennent l’attention. Sur le plan interne tout d’abord, nous avons réduit de manière excessive notre temps de travail (trente-cinq heures, retraite généralisée à soixante ans) alors que nous sommes désormais en compétition avec des économies à l’autre bout de la terre qui ne sont pas économes de leur temps. Notre fiscalité sur le patrimoine est excessive (ISF, droits de succession) et pousse l’épargne des Français vers l’étranger, elle ne s’investit pas en France : nos investissements productifs stagnent depuis des années. Il est vrai que la suppression de ces impôts anti-économiques entraînerait dans un premier temps une perte de recettes, un risque de non respect du pacte de stabilité – qualifié de stupide par Prodi, alors président de la Commission – mais favoriserait grandement, à terme, les investissements. Sur le plan externe, nos choix européens et mondiaux se retournent contre nous : force est de constater que les gouvernements successifs ont pris leurs illusions pour des réalités, ils nagent encore parfois dans une réelle béatitude euro mondialiste ! L’euro tout d’abord, monnaie parfaite pour un monde parfait qui n’existe pas, handicape lourdement notre économie. Nous payons l’impossibilité d’avoir une politique monétaire adaptée à la productivité de nos entreprises. Pendant des années, la politique de la BCE a entraîné des taux réels dévastateurs pour la croissance. Il est symptomatique de constater que ceux qui prônaient un franc fort persistent dans l’erreur avec un euro fort. Aujourd’hui, ils poursuivent, en réalité, la politique des rentiers pour lesquels la monnaie a d’abord une fonction de thésaurisation et non d’instrument de croissance adapté à la compétitivité de nos entreprises. L’euro fort après le franc fort, lequel a provoqué une forte montée du chômage, nous coûte au minimum un point de croissance de PIB depuis plus de quatre années. • • • Il est urgent que le Conseil européen puisse adresser à la Banque Centrale Européenne des instructions pour qu’elle intègre dans sa politique les objectifs de croissance et abandonne son dogmatisme monétariste. À défaut, l’avenir de l’euro demeurera plus qu’hypothétique ! Ensuite, nos entreprises, désavantagées par une monnaie surévaluée, en l’absence de tarif extérieur commun protecteur de l’Union européenne, doivent agir dans le cadre d’une mondialisation non maîtrisée, dans laquelle les entreprises des pays émergents bénéficient de monnaies artificiellement sous-évaluées, dans des rapports allant de un à cinquante. Cette situation provoque des délocalisations nombreuses et répétées. C’est ce qu’avait prédit Maurice Allais, prix Nobel d’économie, dans un ouvrage de 1999 « La mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance ». Enfin, la conception européenne du « tout concurrence » interdit l’intervention de l’État et range au placard de l’obsolète la politique industrielle. Nos entreprises sont opéables au profit des multinationales, alors même que nos succès industriels sont nés exclusivement d’une politique industrielle volontariste et des aides d’État : nucléaire, Aérospatiale, Airbus, pour ne nommer que les principaux. Oui, de Gaulle appelait avant toute chose les Français à l’effort, et cet appel demeure d’actualité. Mais le Général a toujours veillé à ce que la France garde la maîtrise de ses choix politiques et économiques, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui en raison de la multiplicité des contraintes européennes et mondiales, et est à l’origine de nombre de nos difficultés. Voilà pourquoi, sauf à être totalement aveuglé par les tabous du politiquement correct, l’autre politique économique n’appelle pas la facilité et le laisser aller, mais la libre maîtrise de nos décisions, pour relancer durablement la croissance grâce à l’effort des Français, et en ne subissant pas les décisions inadaptées d’un système devenu incontrôlable. ________ (1) Article d'E. Balladur dans Le Monde du 6 juillet 2006, page 18, intitulé Laissez de Gaulle en Paix ! Se réclamer du Général pour prôner une politique de facilité est une imposture. 18 Juin page 8 ISRAËL… (suite) populations civiles au milieu desquelles opère l’adversaire constituent par là même un objectif. On peut en déduire qu’il y a vraisemblablement eu beaucoup plus de bavures que d’actions délibérées contre les cibles civiles, la population chiite étant considérée comme la complice « objectives » des miliciens du Hezbollah. La notion de « dommages collatéraux » a donc été une fiction commode qui a permis aux chefs militaires israéliens d’aujourd’hui de s’affranchir des principes moraux qui animaient les fondateurs de l’État d’Israël, en majorité askénazes. S’ajoutent à cette dérive de l’éthique fondatrice la corruption, la concussion, la prévarication, etc. qui disqualifient les dirigeants israéliens et certains chefs militaires : sont ainsi concernés le Premier ministre Ehoud Olmerauss et son épouse Aliza, le président de la commission de la Défense et des Affaires étrangères, Tzahi Hanegi, prochainement inculpé pour fraude et abus de confiance, dit-on, le général Dan Haloutz, chef d’état-major de Tsahal accusé de délit d’initié, sans oublier, le ministre, Haïm Ramon ni le président de l’État d’Israël, Moshé Katzav, tous deux impliqués dans des affaires de harcèlement sexuel. Les gouvernements israéliens s’appuient depuis des années sur le soutien des États-Unis sans s’apercevoir que ce soutien n’est plus celui des sionistes américains mais celui des évangélistes chrétiens pour lesquels Israël n’est pas le cinquante et unième État de l’Union mais une marche de l’empire au « Grand Moyen-Orient » et ne mérite donc pas en fait pas plus de considération que Porto-Rico. Les sionistes français sont d’ailleurs dans la même illusion.. Au moment où j’écris ces lignes les événements se précipitent et les bombardement semblent s’arrêter, puis ils repartent de plus belle dans tous les sens. Aussi je me retiens de donner mon avis. Je constate seulement que les responsables politiques israéliens sont aussi stupides que ceux des autres pays, Blair, si cher à Ségolène, qui continue ses vacances ensoleillées à La Barbade depuis près d’un mois. Je ne tiendrai donc pas compte des derniers événements, mais j’insisterai sur deux points. Nous devons quitter, comme de Gaulle l’avait décidé, l’organisation militaire de l’OTAN, nous devons rappeler nos troupes d’Afghanistan où elles ne servent qu’à permettre aux troupes américains de se redéployer en Irak, alors que la France avait refusé, à juste titre, de participer à la guerre contre ce pays. Il serait aberrant d’y participer maintenant par un biais tel que celui-ci. La France ne doit pas aider les États-Unis à conquérir le monde. Il n’y a aucun bénéfice à tirer, même sur le plan politique. Devant les hésitations françaises à s’engager au Liban sans garantie, Bush ne se prive pas de se moquer de l’envoi de deux cents hommes au lieu des trois mille annoncés initialement par son « ami » Chirac. Voilà qui nous rappelle que les Américains, et cela depuis la guerre d’indépendance gagnée par de Grasse et Rochambeau et non par Washington et son toutou La Fayette n’ont jamais été les amis de la France même, si parfois même ils ont pu être des alliés… très encombrants et à cent lieues de l’esprit humaniste de la France. La déviance américaine, nous en trouvons déjà la « mécanique » chez Ovide : « Je vois le bien, je l’approuve et le mal m’entraîne (Vidéo meliora proboque, deteriora sequor) » Ce qui m’amène à cette réflexion de Voltaire : « Toutes les grandeurs du monde ne valent pas un ami. » Ce que les Américains ne sont pour aucun pays. Israël pourrait bien s’en apercevoir un jour, à l’heure des choix suprêmes. –––––––––––––––––– (1) Arianistes, ils ne reconnaissaient pas la divinité de Jésus, ce qui leur permettra au VIIe siécle d’adopter l’Islam. Cependant, mettant le siège à Hippone où saint Augustin était à l’agonie, ils attendront sa mort avant d’y pénétrer et ce sont eux qui sauveront tous ses écrits. LES DÎNERS-DÉBATS DE L’ACADÉMIE DU GAULLISME organisés dans les salons de la Fondation des Français Libres, 59, rue Vergniaud, 75013 Paris 95e DÎNER-DÉBAT MERCREDI 11 OCTOBRE 2006 animé par Jacques DAUER, et présidé par François ASSELINEAU, conseiller de Paris, inspecteur général des Finances Thème : QUI GOUVERNE LA FRANCE ? En matière économique, sociale, diplomatique et militaire, toutes les décisions stratégiques concernant la France s’élaborent désormais ailleurs que dans notre pays. Comment ? Par qui ? Dans quel but ? À l’heure où s’échafaudent les projets électoraux et où tous les observateurs s’inquiètent du climat politique en France, ces questions sont évidemment d’une importance cruciale. À l’aide d’une présentation en images, François Asselineau tentera d’apporter une explication à ces questions car les Français ont le droit de savoir qui gouverne vraiment la France. Je souhaite participer au 95e dîner-débat (11 octobre 2006) Nom : ........................................................................................................Prénom : ................................................................................................................ Adresse : ................................................................................................................................................................................................................................. Nombre de couverts : ............. couverts @ : ......................................................................................................................................................................................................................................... Prix du repas : adhérents : 38,00 euros; non-adhérents : 41,00 euros; moins de vingt-cinq ans et étudiants : 25 euros. Bulletin à retourner à M. Jacques DAUER, 18, rue Fouquet, 77920 Samois-sur-Seine accompagné de votre chèque à l’ordre de l’Académie du Gaullisme - 01.64.24.65.98 18 Juin page 9 L’ALLEMAGNE D’ANGELA MERKEL REPREND LES COMMANDES par Pierre-Marie GALLOIS T andis qu’en France gouvernement et population étaient mobilisés par des « affaires » douteuses, voire délictueuses, outre-Rhin, Mme Angela Merkel conduisait avec succès la politique énergétique de son pays. À Tomsk, au centre de la Sibérie, les 26 et 27 avril, elle rencontrait Vladimir Poutine et concluait avec lui de nouveaux accords associant plus étroitement Allemagne et Russie à la prospection, l’exploitation et la distribution de l’énergie fossile que détient la Russie (en particulier le tiers des réserves mondiales de gaz naturel). Depuis une douzaine d’années, l’Allemagne (par une filiale de sa puissante firme chimique BASF) gère avec Gazprom une entreprise comme Wingaz, contrôlée à 65 % par Berlin. Gazprom élargissant son emprise sur le marché européen et nord-africain (Lybie) entre maintenant pour 50 % dans Wingaz. En échange BASF obtient 25 % de l’exploitation du gisement sibérien de Yuzhno-Russkoye recelant six cents milliards de mètres cubes de gaz naturel. Situé au sud de l’Oural, non loin de la frontière septentrionale du Kazkhstan ce pactole énergétique est bien placé pour ravitailler aussi la Chine et le Japon par un pipeline construit en territoire russe. L’Allemagne obtient également 10 % de l’exploitation des gisements exploités par la société russe Severnefte Gazprom. Enfin elle coopère à la réalisation d’Achimgaz société germano-russe installant un gazoduc en grande partie sous-marin, en Baltique, destiné à acheminer vers l’ouest (Danemark, Allemagne, voire Grande-Bretagne) le gaz russe des gisements du nord de la Sibérie. Le tracé du gazoduc contourne les pays baltes et la Pologne et il aura une capacité de plus de trente milliards de mètres cubes par an, et de cinquante milliards lorsqu’il sera doublé par une seconde canalisation. Non seulement sont lésés les pays par lesquels, à terre, aurait pu passer ce gazoduc, mais la nouvelle installation aura un tel débit que seront réduites les livraisons de gaz par le gazoduc existant (réseau Ismal-Europe). Et que, Pologne au nord, Ukraine au sud, percevront des droits de passage plus réduits. Bilatérale, cette entreprise mécontente les européïstes dans la mesure où l’économie des pays de l’Union en pâtit et où à l’évidence, l’intérêt allemand s’est révélé, une fois encore, tout à fait prioritaire. Pour Varsovie cet accord russo-allemand équivaut au traité signé en 1939 par Molotov et von Ribbentrop : les ex-nazis s’entendent à nouveau avec les ex-staliniens aux dépens, d’abord, de la Pologne. À signaler que BASF et sa filiale Wintershall n’étaient pas seules à convoiter le gaz de Yuzhno-Russkoye. E. von Ruhrgas était aussi prêt à favoriser l’implantation en Allemagne de Gazprom en échange d’un accès au vaste gisement siberien. Mais les exigences russes ont été estimées excessives et c’est l’accord de Tomsk qui a réglé le différend en faveur de BASF. Entre temps Gazprom avait stoppé les approvisionnements énergétiques de l’Ukraine et de la Moldavie et M. Poutine laissé entendre que si l’Europe de l’ouest ne s’ouvrait pas davantage à ses fournitures de pétrole et de gaz, il se tournerait vers la Chine et l’Inde avidement en quête d’énergie fossile. D’ailleurs, alors qu’il était en négociation à Tomsk, avec Angela Merkel, la société russe Transneft commençait les travaux de l’oléoduc Sibérie orientale-océan Pacifique (deux mille cinq cents kilomètres). En devenant un des dirigeants du gazoduc sous la Baltique l’ex chancelier Gerhard Schröder concourt avec Mme Merkel négociant à Tomsk, à donner à l’Allemagne une place dominante dans l’extraction et la distribution de l’énergie fossile russe. Il se pourrait qu’il se forme un axe énergétique Berlin-Moscou-Pékin, la Russie détenant une large part du marché de deux zones de forte consommation, aux deux extrémités de la masse eurasiatique. • • • Moins d’un mois après l’entrevue de Tomsk, Pékin annonçait qu’un accord venant d’être conclu entre le gouvernement chinois et les entreprises allemandes Siemens et Thyssen Krupp pour la fourniture d’un train à sustentation magnétique à très grande vitesse. Cette fois Mme Angela Merkel était à Shanghaï où fonctionne déjà un train semblable. Le nouveau projet concerne la courte liaison ShanghaïHangzhou, mais l’Allemagne convoite un plus large marché : une liaison Pékin-Shanghaï, Mille trois cent vingt kilomètres parcourus en cinq heures. Grandes sont les ambitions chinoises avec, pour objectif, d’ajouter avant quinze ans plus de dix mille kilomètres de voies ferrées au réseau existant, dont 20 % destinés aux grandes vitesses, et Berlin entend bien offrir ses capacités techniques aux entreprises chinoises. • • • C’est à Berlin que s’est rendu Javier Solana – faisant fonction de ministre des Affaires étrangères de la mythique Suite page 10 18 Juin page 10 L’ALLEMAGNE D’ANGELA MERKEL REPREND LES COMMANDES… (suite) Union européenne – afin d’y rendre compte de ses entretiens de Téhéran. Mme Angela Merkel déclara que la démarche avait été heureuse et qu’elle allait permettre de reprendre les négociations avec les Iraniens. Le conflit pourrait être résolu pacifiquement….. « une immense chance », ajouta-t-elle. Voici l’Allemagne se préparant à conduire la politique extérieure de la future Union. Il faut reconnaître que dès le début des années 90, au lendemain de la réunification, elle avait pris l’initiative de disloquer la Yougoslavie et de mettre les Balkans à feu et à sang, contribuant à y créer un nouveau État musulman, à en renforcer un autre, l’Albanie, et à mettre en pièces la Serbie, son vieil adversaire. Non seulement elle avait installé des services de renseignement en Albanie et, en dépit de l’embargo sur les armements, fourni véhicules, uniformes, munitions à ses alliés Croates et Musulmans mais, ainsi que le rappelle Yvonne Bollmann, dès 1999, envoyé des millions de marks au Monténégro afin d’y créer une politique monétaire dépendante de l’Allemagne. Quant à Pierre Hillard, il précise que le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Merkel, ancien chef de la chancellerie fédérale de l’équipe Schröder, avait couvert les agissements d’un officier de renseignement allemand à Bagdad qui fournissait au commandement américain les résultats de ses enquêtes sur les objectifs irakiens d’intérêt politique et militaire. Dans le même temps que le chancelier faisait mine – pour des raisons de politique intérieure – de s’opposer à l’intervention armée des États-Unis en Irak. • • • Le 6 juin dernier, lors d’un entretien avec Mme Angela Merkel à Rheinsberg, le président Chirac avait déclaré que le gouvernement de Berlin avait toute sa confiance pour présenter, durant la présidence allemande de l’Union, des « propositions permettant de relancer le processus de réforme des Institutions, réforme indispensable si l’on veut une Europe plus forte et mieux organisée ». En somme, reprendre le traité constitutionnel rejeté par les Français et les Hollandais et y ajouter de nouveaux éléments. C’est ignorer le vote français du 29 mai et faire confiance à l’Allemagne pour imposer à ses partenaires un texte constitutionnel conforme à ses intérêts. Effectivement on peut s’en remettre à l’Allemagne pour réussir à organiser l’Europe comme elle l’entend. Détruire la France, voici plus de trente ans que ses dirigeants s’y emploient. Ce sera tout naturellement à l’Allemagne de lui porter le coup de grâce. La présidence française l’y engage en lui faisant toute confiance pour y parvenir. • • • La compétition mondiale de football contribue à la popularité de Mme Merkel et à l’humanisation de l’Allemagne. Ce sport et les rivalités nationales qu’il exacerbe mobilisent au moins la moitié de la planète. A Berlin, les grandes rencontres doivent avoir lieu au stade construit sur les ordres d’Adolf Hitler. Le maire de la capitale allemande, M. Klaus Wowereit s’en réjouit… : « le passé n’est pas refoulé, au contraire il est présenté au public et largement documenté ». Tandis que Paris s’accuse, regrette son passé, s’excuse et se repentit, Berlin se réhabilite et, bientôt étalera son « fier passé ». C’est une tradition germanique. Aucun peuple, dès la fin du XVIIe siècle ne s’est autant auto-encensé (Lessing, Herder, Klopstock, Fichte, Ritter, Ratzel, von Treitschke et bien d’autres encore). • • • Plus sereinement le pape vient de participer à l’entreprise de réhabilitation. À Auschwitz Benoît XVI s’est déclaré « le fils du peuple allemand qu’une bande de criminels, arrivée au pouvoir par de fausses promesses d’une future grandeur, de la récupération de l’honneur de la nation et de la prééminence et de la prospérité, mais aussi par terreur et intimidation ». Ainsi, une « bande de criminels » at-elle rallié à ses idées et à ses forfaits plus de 90 % de ce peuple allemand. La bande de criminels ? Des martiens sans doute, dont les Allemands auraient été les victimes. Ainsi l’histoire est accommodée, réécrite. À ce train, dans quelques années, les millions de victimes seront coupables et les bourreaux, des bandes mystérieuses venues d’on ne sait où… Et voici Mme Merkel épaulée par le révisionnisme d’une des plus hautes autorités morale de ce temps. Le ciel s’ajoute au gaz naturel russe et au ballon rond pour affermir son autorité : Gott sei Dank ! 18 Juin page 11 QUI TIENT L’ÉCONOMIE, TIENT LA POLITIQUE par Henri RÉGNIER D ’après Confucius celui qui ne tient compte des choses lointaines, se prépare à des malheurs prochains. Jean Roux, commissaire à la Cour des comptes, a parfaitement compris cet avertissement du sage chinois. Il nous livre, dans un remarquable ouvrage de 294 pages La grande braderie du patrimoine public des Français (éditions François-Xavier de Guibert) un travail d’analyse remarquable, fruits de recherches considérables. Durant cinq années il a analysé et regroupé dix-huit mille articles parus dans la presse économique et financière ; travail qu’il résume en un titre « Une OPA géante sur la France ». Son livre bien construit, très sérieux, sans révélations sensationnelles est assez facile à lire pour qui s’intéresse à l’avenir de notre cher et vieux pays. En lisant cet ouvrage je n’ai cessé de grogner et de souffler d’indignation ; je me suis amusé à faire un petit calcul, irréaliste, certes, mais qui confirme une situation bien réelle, concernant la dette publique de l’État qu’il faudra bien rembourser un jour. Quand ? Comment ? À qui ? À ce jour, cette dette se chiffre à 1.200 milliards d’euros soit 7.872 milliards de francs. Divisés par le prix d’une automobile d’une valeur de 100.000 francs cela en fait 78 millions à exporter gratuitement, sans compter les intérêts. Ahurissant ! Citons maintenant quelques extraits de l’ouvrage de M. Jean Roux : ce secteur (public) , convenablement géré a été l’un PREMIÈRE PARTIE - Rapport au peuple français : chroni- des acteurs essentiels de l’essor de l’économie française penque de la dilapidation et de la dépossession du patrimoine dant les Trente glorieuses ; public des Français, huit chapitres : le B.R.G.M. dut céder ses actions (mines d’or de I. – Le concept de patrimoine national. Yanacocha)… pour la somme ridicule de 109 millions de II. – le secteur productif public français (1936dollars, alors que les analystes bancaires les estimaient à 2005). 471 ; III. – Les techniques financières de dépossession 1988 : avec les décrets Tasca (ministre socialiste), des peuples. IV. – Les syndicalistes de France et la défense des les chaînes (TV) n’ont plus l’obligation de s’adresser à la SFP, mais se voient imposer une obligation de commandes services publics. V. – La dépossession du patrimoine administratif, vers le privé… Le 8 octobre 2001, Catherine Tasca en tête, l’annonce est faite de la cession au secteur privé de la SFP, militaire et artistique. VI. – Vers le démantèlement du secteur public à un prix de 4,57 millions d’euros (30 millions de francs), social et sa privatisation. que la profession cinématographique unanime, qualifie de VII. – Destruction et privatisation des biens d’usage scandaleuses… Le peuple français trahi et dépouillé aurait collectif. pu avoir en 2005 la plus grande société de production de la planète… il n’y a plus rien !; SECONDE PARTIE – Lancement de la procédure d’alerte – on est en plein délire : les Français (automobilisFrance 2010 ? Les budgets publics et sociaux en cessation tes) vont donc financer les retraites des vieilles américaines de paiement, trois chapitres : en payant aux péages des autoroutes qu’ont construit les VIII. – Le scénario argentin (décennie Menem, générations précédentes ; implosion économique). début 2005, environ six cents fonds non cotés IX. – La faillite programmée de la France. X. – La réorganisation prioritaire de l’appareil public gèrent 280 milliards d’euros ; les investisseurs ont l’intende documentation, d’information et de con- tion d’augmenter leurs investissements en France de 40 %. En effet, la rentabilité globale de l’immobilier (loyers + trôle, base d’un nouvel « art de gouverner ». valorisation du capital) qui est de 17 % en moyenne en • Europe, atteint 21,7 % en France. D’où la curée !; • • Suite page 12 18 Juin page 12 QUI TIENT L’ÉCONOMIE, TIENT LA POLITIQUE… (suite) un seul exemple de vente à la découpe « acheté 3.200 € le mètre carré par Westbrook en 2003 les logements du square du Roule (Paris-8e) seront commercialisés en 2005… 6.500 € le mètre carré ; avec France Télécom on assiste à un summum dans la dilapidation… 70 milliards d’euros de dettes fin 2001… l’aventure allemande (Mobicom) aura coûtée 8 milliards d’euros versés à fonds perdus à l’État allemand. Le Gouvernement français – et les Français qui ont élu de si grands gestionnaires - deviennent la risée de l’Europe ; les dirigeants en place aussi bien que les ex dirigeants des sociétés publiques impliquées bénéficient d’une totale impunité quelle que soit la gravité des infractions (abus de biens sociaux, commissions occultes, manipulations comptables, faux bilans, etc.). Les procédures judiciaires sont d’une décourageante lenteur. Les carrières des mis en examen se poursuivent normalement. Retraites et primes de départ démesurées servies aux auteurs ; le processus de dépossession du patrimoine public français n’est que l’application d’un processus planétaire de mainmise des grands groupes étatsuniens sur le patrimoine mondial. Italie, Allemagne, Hongrie, Portugal, Europe du Nord, Afrique, Moyen-Orient, etc.) ; concurrence féroce entre fonds de pension qui conduit à jouer un véritable rôle de termites à l’échelle de l’économie mondiale et à déstabiliser, voire détruire, les seules sources de création de la richesse de demain : les entreprises ; Philadelphie, magnifique exposition privée en avril 2004 sur le thème Manet et la mer. Plus de cent peintures et aquarelles de Manet, Monet, Renoir, Courbet, Morisot… tous ces chefs œuvres acquis par de richissimes collectionneurs annoncent la grande braderie à venir des collections des musées nationaux… prélude à la faillite nationale ; extinction des métiers du patrimoine : en 1981 on recensait mille ateliers dans ce secteur, en 2000 il n’en restait plus que trois cents ! Aujourd’hui ? Cent soixante entreprises spécialisées dans la restaurations des monuments historiques ont alerté en vain les pouvoirs publics. Les travaux sont arrêtés à Chambord, Taley, Chaumont, Haut Kœnigsbourg, cathédrale de Tours, etc. Perte d’un savoirfaire ancestral : il faut dix ans pour former un tailleur de pierre, quinze pour un restaurateur de peinture ! Le rapport synthétique fait ressortir : 1° Le peuple français est dépouillé à une cadence accélérée de son patrimoine public, dont la quasi totalité devrait être passée d’ici à 2010 sous le contrôle du grand capital international et des fonds de pensions étrangers. 2° Malgré une fiscalité parmi les plus lourdes et les sommes considérables provenant de la braderie géante, la dette publique française a augmenté de plus de mille milliards d’euros en vingt ans. Dissimulée, une crise financière dramatique s’approche, la plus grave de notre Histoire. Le scénario argentin se reproduit actuellement en France, sur deux décennies au lieu d’une, mais à la puissance dix ou quinze. Que l’on ne s’illusionne pas : lorsque les comptes d’un pays font apparaître, pendant des années, un milliard d’euros de déficit par semaine pour l’État, plus un milliard par mois pour les caisses… la situation ne peut durer, ni les créanciers attendre indéfiniment… viendra la jour… Prévision : en 2010 la France sera en cessation de paiement ! Conclusion Ce bilan est désolant. Ça me ronge m’a dit l’un des nôtres, héros des F.F.L., 60 % de mon escadre R.A.F. n’a pas sacrifié sa vie pour voir cette inextricable situation. Oui, ce vieux patriote est toujours amoureux de son cher et vieux Pays et il n’est pas le seul. Une grande protestation sociale et nationale d’un peuple trompé et furieux se profile à l’horizon. Sera-t-elle calme et disciplinée quand il s’agira de demandé des comptes aux « responsables ». Le peuple a déjà dit NON le 29 mai 2005 ! Malheureusement il y a fort à parier pour que le remarquable ouvrage de M. Jean Roux souffre d’une conspiration du silence, comme le Devoir de vérité du général Pierre-Marie Gallois. Merci M. Roux de nous avoir ouvert les yeux. P.S. – Philippe Seguin dans son Rapport de la Cour des comptes 2005 révèle des « petits oublis » de plusieurs dizaines de milliards d’euros dans les déficits. - Figaro Economie du 7 juin 2006, L’incroyable dérapage des comptes publics italiens, cri d’un cabri l’Europe, l’Europe, l’Europe. 18 Juin page 13 N.D.L.R. - Nous avons reçu cet article début août, la pertinence des propos de Mordicus nous ont incité à le publier LIBAN : LA FORCE DE LA FAIBLESSE L par Mordicus ’étude de l’Histoire enseigne que durant certaines courtes périodes s’accumulent les signes annonciateurs des grandes tourmentes qui, par la suite, vont bouleverser durablement les rapports de force entre les peuples. Ce pourrait être le cas de ce mois de juin 2006. En effet, tandis qu’étaient réunies les conditions de la guerre qui ravage à nouveau le Liban, sur l’autre versant du monde, le 15 juin, Moscou et Pékin célébraient le cinquième anniversaire de la mise sur pied de l’Organisation de Coopération de Shanghai. Cette OCS rassemble aussi quatre des républiques musulmanes ex-soviétiques d’Asie Centrale et intéresse l’Iran et l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan qui participaient à la réunion en candidats à l’adhésion ou en observateurs. Ainsi, quelque soixante ans après la signature du traité de l’Atlantique Nord, voici qu’à l’initiative de Pékin et de Moscou, se constitue une organisation politique antagoniste, le monde d’Asie-Pacifique se préparant à affronter le monde Euro-Atlantique. Affrontement politique, économique, social et aussi culturel, les deux civilisations ayant été, séculairement, très différentes. Ce gigantesque heurt sera dominé par les trois facteurs déterminants du siècle : la disponibilité des ressources énergétiques indispensables au développement, l’accès aux matières premières nécessaires à la frénésie de production et de consommation, enfin, la faculté d’être en état d’innovation scientifique permanente. Il s’agit là, d’hypothèses vérifiables au cours des prochaines années. Aujourd’hui, au Moyen-Orient, ce sont les faits qui commandent. Une série d’événements relativement mineurs si on les compare à leurs terribles conséquences aurait exacerbé, localement, les tensions latentes, déclenché l’explosion et la montée aux extrêmes au moment que les deux adversaires ont jugé opportun. Voici les faits : les offensifs et défensifs, de l’artillerie, des chars d’assaut et aussi à financer les achats d’armes que Damas pourrait acquérir ailleurs – en Russie par exemple – en échange, l’aide syrienne au Hezbollah libanais doit être discrètement accentuée afin que l’Iran consolide son implantation chiite à la frontière septentrionale de l’État d’Israël, atout pour la diplomatie iranienne dans les négociations avec les Occidentaux. La mention officielle de cession de missiles offensifs (Katioucha, Scud et Frog modifiés, Shalin iraniens et éventuellement aussi des matériels balistiques russes, place l’État d’Israël dans une position de vulnérabilité nouvelle). Dérisoires sont devenus les grillages et les centaines de kilomètres de mur de béton ; même à courte portée des engins tels que les roquettes tiennent sous leur menace l’habitat israélien. Et sur des zones de plus en plus étendues avec l’accroissement de la portée. Aux imprévisibles kamikazes palestiniens succèdent les imparables Katioucha et la vulnérabilité des cités israéliennes est substituée aux attentats urbains suicidaires. Même des engins imprécis, rudimentaires, mais utilisés en nombre – plusieurs dizaines de milliers – peuvent faire beaucoup de mal. En quelque sorte, le traité du 15 juin officialise cette menace. En octobre 1989, les accords de Taëf avait imposé le désarmement des milices libanaises mais, prétextant la présence de forces israéliennes au Liban sud, le Hezbollah avait conservé, et même accru sa panoplie (notamment avec des roquettes). En mai 2000, Israël se retire du sud du Liban (peuplé majoritairement de chiites qui forment approximativement le tiers de la population libanaise). Ce retrait était une victoire pour le Hezbollah et aussi pour lui le moyen de transformer en camp retranché cette zone-tampon (dépôts d’armes, bunkers, postes de commandement souterrains) d’où, aujourd’hui, le Hezbollah peut frapper le nord de l’État d’Israël et demain, avec des engins de deux cents 1° Le 15 juin, Damas et Téhéran, par l’intermé- ou trois cents kilomètres de portée, au-delà de Tel Aviv. diaire de leur ministre de la Défense respectif, signent (Menace dont Téhéran se réserve sans doute l’emploi une sorte de pacte de sécurité commune. Une com- dans le cas où l’Iran serait la cible des armes américanomission mixte est mise sur pied pour veiller aux mul- israéliennes.) Il faut bien admettre que le traité du 15 tiples applications du traité. Son contenu n’a pas été juin, consacrant les déclarations du pouvoir des molrévélé mais il doit constituer une nouvelle « feuille de lahs constitue un sérieux péril pour l’État d’Israël. route » pour les deux gouvernements alliés contre deux ennemis communs : l’État d’Israël et les États-Unis, le 2° Le Monde daté du 22 juillet nous apprend sunnisme syrien s’accommodant du chiisme iranien. que, le 25 juin, le premier ministre israélien Ehoud Si l’Iran s’engage à poursuivre le renforcement de la Olmert et Mahmoud Abbas, président palestinien ont puissance militaire de la Syrie, à lui fournir des missi- eu un entretien à Pétra en vue de reprendre la négociaSuite page 14 page 14 18 Juin LIBAN : LA FORCE DE LA FAIBLESSE… (suite) tion OLP-Israël. La rencontre aurait eu lieu à l’initiaLe retrait des forces syriennes, le respect de tive du roi de Jordanie, probablement à la demande du la souveraineté libanaise (selon les exigences de la Résolution 1559 du 2 septembre 2004) n’ont pas été Département d’État. suivis de la formation d’un gouvernement fort, en 3° Le même 25 juin le caporal israélien Gilad mesure de forger une unité nationale en maîtrisant ces Shalit a été capturé par des commandos palestiniens diversités ethniques et confessionnelles. C’est ainsi que opérant dans la bande de Gaza, tandis que des roquet- les modestes formations de l’armée « nationale » libates tombaient sur le nord de l’État d’Israël. S’agissait- naise seraient bien en peine de désarmer le Hezbollah, il de négocier avec Israël la libération de prisonniers d’autant qu’elles comptent une majorité de chiites. En palestiniens en échange de la liberté rendue à Shalit ? revanche, le parti de Hassan Nasrallah, né de la résisOu, dans le même temps que se déroulait la rencontre tance à l’occupation israélienne, est devenu le chamde Pétra, était-ce le moyen de mettre fin à ce début de pion de la lutte contre l’État d’Israël, et, à ce titre, il dialogue, le Hamas violemment anti-israélien ayant eu recueille le soutien d’une large fraction de la population des pays de l’Islam. D’où l’éventuel envoi d’une force les faveurs de l’électorat palestinien ? armée internationale, fournie par l’OTAN (déjà enga4° Le 27 juin, Tsahal intervient à Gaza sanc- gée en Afghanistan, en Irak, sollicitée pour le Darfour, tionnant la capture de son caporal. Le gouvernement voire le Caucase) et qui, occupant le territoire libanais, israélien refuse d’échanger mille Palestiniens incarcérés paralyserait le Hezbollah et serait sans doute victime contre la liberté de Gilad Shalit (3 juillet) et ré-occupe d’attentats semblables à ceux de 1983 tout en renforçant la résistance à la présence de forces étrangères. militairement un secteur nord de la bande de Gaza. Il n’en demeure pas moins que, bien que parti5° Le 12 juillet, escarmouche à un poste fron- cipant au gouvernement du Liban, le Hezbollah a délitière entre le Hezbollah et une petite formation israé- bérément provoqué la destruction de l’infrastructure de lienne. Trois soldats de Tsahal ont été capturés et huit son pays. Il devait bien se douter que l’État d’Israël ne autres tués. Le lendemain, Tsahal réagit fortement par pourrait admettre de vivre sous la menace d’une avalandes bombardements visant, au Liban, le déploiement che de roquettes imparables et qu’il saisirait le moindre du Hezbollah et en pratiquant le blocus terrestre, prétexte – par exemple la capture d’un de ses militaires aérien et maritime du Liban. Un mois après la signa- – pour intervenir massivement. Le « parti de Dieu » se serait aussi comporté ture du traité Irano-Syrien une nouvelle guerre israéloarabe commence et, le 15 juillet Haïfa est la cible d’un comme s’il voulait démontrer qu’un Liban souverain n’était pas viable et que seule une présence syrienne tir d’engins Katioucha. rétablirait l’équilibre entre Israël et un ensemble Libano-Syrien, la Syrie puissamment armée incitant • Tsahal à composer avec Damas, donc avec Beyrouth • • protégé par Damas. Moins d’un mois après le déclenchement des 2° Passons aux pays de l’Islam considérés dans hostilités, ses conséquences – aux répercussions quasimondiales – sont bien malaisément discernables. En leur ensemble. Grande, également, est leur diversité, trois revanche, les événements contemporains constituent cents groupes ethniques et cent vingt langues, selon autant de constats dont l’avenir tiendra compte. le recteur Gérard-François Dumont (1). Aux divisions 1° D’abord ceux qui ont directement trait à internes, d’ordre religieux : sunnisme, chiisme, wahhala victime, le Liban, théâtre de cette nouvelle guerre bisme, ismaélisme, etc. s’ajoutent les clivages créés par la politique pétrolière des États-Unis et par leur souisraélo-arabe. Ses quelque quatre millions d’habitants sont tien inconditionnel du sionisme. Si une certaine unafractionnés en une vingtaine de communautés ethni- nimité anti-juive rallie les populations musulmanes, ques et confessionnelles, autant de partis politiques, leurs gouvernements ont des positions plus nuancées. eux-mêmes dominés par des mouvements tels, dans la Tous déplorent l’existence de l’État d’Israël là où il est majorité musulmane, le Amal de Nabib Berri mainte- mais certains s’en accommodent, ce qui leur permet nant associé au Hezbollah, le parti de Dieu, dirigé par d’être en bons termes avec la superpuissance, de Hassan Nasrallah, formations farouchement anti-sio- bénéficier de ses subsides et de commercer avec l’Occident industrialisé. nistes et anti-américaines. Suite page 15 18 Juin page 15 LIBAN : LA FORCE DE LA FAIBLESSE… (suite) À cet égard la réunion de la Ligue arabe du 15 juillet, au Caire, est significative. Les événements du Moyen-Orient ont mis en évidence la différence des politiques gouvernementales : si l’Arabie Séoudite, l’Egypte, la Jordanie, le Koweït, Bahrein, le Maroc et… l’Irak se sont élevés contre les agissements du Hezbollah, capturant des soldats israéliens et provocant les représailles israéliennes, l’Algérie, le Soudan, la Syrie, le Yémen et, naturellement, la Palestine, ont soutenu l’action du Hezbollah. Tous ont réclamé un cessez-le-feu immédiat et la compensation, par l’État d’Israël, des destructions subies par le Liban… Autre source d’oppositions, le vieil antagonisme entre arabes et perses matérialisé par les gouvernements des pays sunnites, largement majoritaires et les chiites, essentiellement iraniens. Les guerres d’Irak et le recours des États-Unis aux chiites irakiens d’une part, les déclarations fracassantes du président Ahmadinejad d’autre part, ont fait redouter l’expansion du chiisme, ses empiètements sur le sunnisme, et les États-Unis comme l’État d’Israël, spéculent sur cette discorde chez les adversaires ainsi durablement affaiblis. En revanche la passivité de l’État d’Israël devant l’armement du Hezbollah est surprenante. Les travaux de fortification du sud Liban, le transfert d’Iran en Syrie, puis au Liban, des armes balistiques ne sont pas des opérations aisées à dissimuler. Le Mossad ne pouvait ignorer ces préparatifs qui, dévoilés, auraient du moins alerté l’opinion et peut-être déclenché l’intervention de l’ONU. notoriété publique. On comprend que le régime des mollahs, en quête d’indépendance politique et stratégique entretienne l’atout que représente pour lui le fait d’avoir une sorte de relais militant à la frontière septentrionale de l’État d’Israël. Si les forces américaines sont présentes aux approches occidentales (Irak) et orientales (Afghanistan) de l’Iran, celui-ci par Hezbollah interposé, tient l’État d’Israël sous la menace de ses engins à courte et moyenne portée. Il ambitionne d’inspirer une politique anti-américaine et, comme on l’a vu précédemment, il souscrit aux nondits du pacte de Shanghaï. Le Hezbollah bénéfice de l’audience que lui confère le fait que non seulement il tient tête à Israël mais qu’il l’attaque, détruisant ses agglomérations. Il rivalise, ainsi, dans l’anti- sionisme et l’anti- occidentalisme, avec Al Qaeda, l’emportant sur Amal, son allié du moment. On conçoit que les gouvernements musulmans majoritaires – sunnites – en arrivent sinon à admettre la victoire de l’État d’Israël du moins à souhaiter l’affaiblissement des mouvements chiites. 5° Les États-Unis. La politique énergétique de Washington, la quête et l’appropriation des sources d’énergie fossile et de ses voies d’acheminement ont amené les États-Unis à pratiquer un bellicisme dont il leur faut, maintenant, payer le prix. Occuper et détruire l’Irak y a créé le chaos et, en ce qui nous concerne ici, fait le jeu de l’Iran débar3°. La Syrie. rassé d’un adversaire entreprenant. De surcroît Téhéran Damas occupe une position stratégique et il peut avoir une certaine influence sur la majorité chiite entend bien en tirer parti. Contraint de reconnaître irakienne formant – démocratiquement – le gouvernel’indépendance et la souveraineté du Liban le gouverment de Bagdad ce qui ne laisse pas d’être inquiétant nement syrien ne s’y résigne pas. Désigné à la vindicte pour les États-Unis. publique par les États-Unis, la Syrie à majorité sunnite Pour Washington les représailles exercées par s’est ralliée à la cause iranienne, chiite, afin de demeurer incontournable dans toute question relative au destin l’État d’Israël présentent l’avantage de viser – et d’obdu peuple du Moyen-Orient. Damas n’admet pas que tenir au moins partiellement – le désarmement du le Département d’État continue de l’ignorer, consta- Hezbollah et, par conséquent, de battre en brèche la tant que son gouvernement n’a même pas été invité à la politique de l’ennemi iranien au Moyen-Orient. Le conférence de Rome relative à la crise israélo-libanaise rejet, par la Maison-Blanche, du projet de cessez-le-feu bien qu’il détienne la clé de l’armement du Hezbollah devait laisser à Tsahal le temps de détruire l’infrastrucpar Téhéran. Se voulant constructif, le président Bashar ture du « parti de Dieu » et consacrer l’échec à la fois de al Assad estime que la solution recherchée réside dans l’Iran et de la Syrie. Double succès pour Washington. une négociation globale, le cessez-le-feu général et Mais la « communauté » internationale, ou du moins l’échange des prisonniers, dispositions qui, en réalité, les gouvernements qui prétendent la représenter, tenus ne sont pas à la mesure de l’ampleur du différend. par leurs opinions politiques respectives, ne tolèrent pas le matraquage du Liban et exigent un cessez-le-feu, 4° L’Iran. lequel interviendrait avant que Tsahal ait achevé son Le soutien financier et militaire fourni au entreprise de démolition et de neutralisation définitive Hezbollah par le gouvernement de Téhéran est de des capacités offensives du binôme Iran-Hezbollah. Dès Suite page 16 18 Juin page 16 LIBAN : LA FORCE DE LA FAIBLESSE… (suite) son arrivée à Beyrouth Mme Rice avait laissé entendre qu’elle tiendrait compte de l’opinion quant à l’urgence d’un cessez-le-feu. 6° Union européenne. Au crédit de cette partie du vieux monde il faut porter la rapidité avec laquelle ont été organisées et pratiquées les évacuations des populations fuyant les bombardements. En revanche, « l’Union Européenne puissance » a adopté un profil bas, ne sachant guère que parler pour clamer les banalités sur les épreuves de la guerre, l’obligation d’y mettre un terme, l’évaluation des dégâts etc… Ce fut également une occasion de se faire apprécier par l’électorat en tenant des propos généreux et en apparaissant le plus souvent possible sur les écrans de la télévision. La politique intérieure commande et cette guerre offrait une occasion à ne pas manquer. Certes, l’envoi d’une force d’interposition est une solution, au moins temporaire à laquelle il est facile – et commode – de se rallier. Mais rares sont les gouvernements prêts à fournir les contingents nécessaires. Les événements de 1983 et les attentats visant les soldats américains et français incitent à la prudence. Les gouvernements de l’Union Européenne rechignent à intervenir militairement, ce qui reviendrait à prendre parti aux dépens des Palestiniens. Aussi invoque-t-on de nombreux obstacles : d’abord être sollicité par l’État libanais et par l’État d’Israël, obtenir un mandat précis des Nations Unies, avoir l’accord de Mons (OTAN) et de Bruxelles (UE) et tout cela en dépit des réserves de Washington qui a déjà annoncé ne pas vouloir participer à cette force d’interposition. Le double échec de la mission Rice (délibéré) et de la rencontre de Rome est un succès pour Washington qui entend laisser à Israël le temps d’éliminer le Hezbollah affronté à terre au sud Liban (d’où la « bavure » dont a été victime la Finul). En ce qui concerne l’activité verbale, diplomatique, la France a déployé de louables efforts. Mais force est de constater que ses créations politiques, celles qu’elle avait agencées après une victoire chèrement payée, ses créations ont la vie courte. Le gouvernement de M. Mitterrand pour plaire à l’ami Kohl a fortement contribué à démanteler la Yougoslavie, l’Allemagne s’est chargée de « casser » la Tchécoslovaquie – et de deux, tandis que l’Iran mettait, par Israël interposé, le Liban à feu et à sang. Et de trois – Dans ce domaine égale- ment, la Ve République est devenue une entreprise de liquidation des acquis du passé national. 7° L’État d’Israël. On a vu précédemment que la transformation du Sud Liban en camp retranché par le Hezbollah semble avoir échappé à la vigilance des services de renseignements israéliens, ce qui est surprenant. Comme est surprenante la passivité des Nations Unies devant l’armement du Hezbollah, la non observation des prescriptions de la Résolution 1559 et le trafic d’armes Iran - Syrie qui ne pouvait être dissimulé. Les manœuvres de Washington visant à accorder à l’État d’Israël près de deux semaines supplémentaires de bombardement pour neutraliser le Hezbollah, ont encore accru l’opposition des populations musulmanes aux agissements de la superpuissance. Et fortement embarrassé les gouvernements arabes qui entendent composer avec elle. Mais, surtout, les événements qui ont à nouveau, ensanglanté le Proche-Orient bouleversent de fond en comble les conditions de la sécurité – et même de la survie – de l’État d’Israël. Jusqu’à ces derniers jours, terrorisme islamique mis à part, les guerres israélo-arabes avaient été conduites, de chaque côté, avec les armes classiques du combat aéro-terrestre : chars, canons, avions. L’irruption de l’engin balistique, fût-il rudimentaire, crée pour l’État d’Israël un terrible péril. À courte et moyenne portée ces engins sont imparables et leurs effets dévastateurs insupportables. Si les adversaires voisins de l’État d’Israël venaient à les utiliser en nombre, Tsahal n’aurait d’autre recours que l’invasion et l’occupation permanente des territoires d’où ils peuvent être lancés (géographiquement, l’Égypte et la Syrie, la Jordanie, etc.) ce qui n’est pas, politiquement, concevable. Si bien que, dans l’avenir, la survie de l’État d’Israël en viendrait à dépendre des relations – financières et politiques – que Washington entretiendrait avec les gouvernements de ces voisins potentiellement capables d’atteindre le vieil objectif du monde arabe en ce qui concerne l’État israélien. À ce titre la démarche iranienne n’est pas limitée aux propos iconoclastes du président Ahmadinejad. Elle risque d’instaurer un ordre nouveau au ProcheOrient. ---------------------*J. Dupâquier, Yves-Marie Laulan : L’avenir démographique des grandes religions. Editions F.-X. de Guibert, Paris, 2005.,p. 34 18 Juin page 17 LA BELGIQUE ÉCLATÉE : QUE PEUT ET DOIT FAIRE LA FRANCE ? Entre non ingérence et non indifférence par Albert SALON E n 1967, le Général lança son « Vive le Québec libre ! » du balcon de l’hôtel de ville de Montréal. En dehors d’Ottawa, les critiques les plus indignées du « général fou » vinrent des media français. L’un des arguments entendus contre ce crime de lèsemajesté-anglo-saxonne fut : « Que dirions-nous si un dirigeant de l’Allemagne venait crier à Strasbourg, au balcon de l’Aubette : « Vive l’Alsace libre ! » ou, ce qui reviendrait au même en l’occurrence : « Elsass, heim ins Reich ! ». Nos journaleux incultes ou malveillants oubliaient simplement que le Québec n’avait jamais eu avant 1967 la possibilité de s’autodéterminer, et que ses révoltes, notamment des Patriotes en 1837-38, avaient été écrasées sans pitié. Alors que l’Alsace avait eu cette possibilité en 1790, à la fête de la Fédération, et sous d’autres formes depuis lors. clivages partisans, sur la question brûlante de l’avenir de l’État très souvent appelé « Belgium », illustre de manière frappante le « divorce belge », entamé depuis plusieurs décennies. Les Flamands veulent leur État, la seule pierre d’achoppement restant le sort de Bruxellescapitale, ville d’un million d’habitants à 90 % francophones, mais située en territoire historiquement flamand, et dont les Flamands ont fait la capitale de leur région Flandre. Les Wallons, qui eussent pu faire de même pour leur région Wallonie, ont préféré prendre Namur comme capitale régionale, laissant le terrain bruxellois à leurs voisins. Éclatement sous la poussée des seuls Flamands, bien plus riches, et peu partageux à l’égard de gens du « sud » jugés peu sérieux et encalminés. En effet, les Wallons, et surtout les Bruxellois, loin d’avoir une démarche « québécoise », restent largement « belgicains ». C’est-à-dire accrochés aux lambeaux La situation de la Belgique, et celle des Wallons et de l’unité belge, d’un État qu’ils dominèrent au XIXe Bruxellois francophones en son sein, sont bien différen- siècle : le roi, la Sécurité sociale, l’équipe de foot des « Diables rouges », et un mythe historique, le reste tes de celles du Canada et du Québec. étant de plus en plus séparé en deux entités flamande et Ce ne sont pas, en effet, les francophones qui veu- « autre », y compris les chemins de fer de la SNCB… lent secouer un joug flamando-impérial. Ce sont les Les Français, « sonnés » à Waterloo, résignés aux traiFlamands qui veulent constituer leur État flamand ethtés de 1815 enlevant des parts de France et les incluant niquement homogène, unilingue et uniculturel, en lardans les Pays-Bas, puis habitués, après la Révolution guant la charge, lourde à leurs yeux, des francophones. de 1830, à voir une Belgique, désormais séparée des Pays-Bas, dressée par la Sainte Alliance en fait contre la Les Français, leurs media, leurs dirigeants de minces France, considèrent que la frontière est intangible. culture historique et vision, ignorent ce qui se prépare à moins de trois cents kilomètres de Paris : l’éclatement Sage attitude de non ingérence, si elle consiste à éviter de la Belgique. Ils ignorent aussi qu’il n’y a jamais eu de que le statu quo ante soit remis en cause par la seule « nation belge », seulement un État de fait. France. La récente apparition d’un vote en deux blocs natio- Mais attitude qui devient étrange et coupable indifnaux antagonistes au Parlement belge, au-delà des férence, si elle consiste à s’interdire d’imaginer que Suite page 18 18 Juin page 18 LA BELGIQUE ÉCLATÉE : QUE PEUT ET DOIT FAIRE LA FRANCE ?… (suite) les Wallons et peut-être les Bruxellois, largués par les Flamands devenus indépendants, puissent un jour, désemparés, se constituer en une Belgique résiduelle (royaume ou république ?...), ou en une république seulement wallonne, et prendre l’initiative de demander, sinon une réunion avec la France à l’instar de la RDA avec la RFA, du moins des relations quasi fédérales ou, en tout cas, très étroites, avec la France. Encore plus étrange, cette attitude d’autruche est répandue aussi dans les milieux souverainistes français ! Alors qu’elle est en résonance avec les politiques liées de l’U.E. et des États-Unis tendant à l’éclatement en grandes et petites régions des États européens continentaux, et d’abord du parangon d’État-Nation républicain qu’est la France (1). forte se dessinerait en Wallonie pour une réunion avec la France, sous la forme d’une région ordinaire ou d’une région à statut spécial, à négocier...Cela fait très peur à beaucoup d’élites françaises, qui déconseillent vivement jusqu’à l’ombre d’une ingérence dans ces « affaires européo-belgo-belges ». Leur argument-massue : « bien qu’une réunion puisse être flatteuse pour la France, paraître l’encourager serait aussitôt encourir l’horrible anathème d’annexionnisme et d’impérialisme. À l’image d’une Allemagne qui pourrait être tentée par l’irrédentisme et réclamer l’Alsace (ce qu’elle n’a pas fait après le « Vive le Québec libre » !)…. Ce serait jouer les apprentis-sorciers, ouvrir la boîte de Pandore de la « contagion », et donner des arguments aux partisans du dépeçage de la France elle-même ». Heureusement, le tout récent référendum italien montre les limites du processus de destruction des nations Pour eux, le maintien de la Belgique telle qu’elle est sous la poussée de l’Empire, et les résistances qu’il ren- encore jouerait un rôle de paravent, de couvercle, pour empêcher ou retarder (conjurer ?) le démembrecontre un peu partout. ment de notre propre État. Or, la demande de coopération inter-étatique de la nouvelle Belgique résiduelle avec la France serait sans Or, même dans l’hypothèse – bien loin d’être la plus doute très forte, dans la logique de la très grande proxi- vraisemblable - d’une réunion, une « bosse à l’hexamité culturelle, de l’imbrication économique de plus gone » ne serait pas un mal puisqu’elle pourrait enleen plus étroite depuis quelques décennies, et des solides ver aux Français la détestable habitude d’appliquer ce implantations croisées des grandes entreprises des deux terme à leur pays, le réduisant à une expression géopays. graphique, provinciale européenne, occultant la Corse (elle s’est prononcée dans un referendum décevant À fortiori, dans le cas où, Bruxelles étant devenue une pour les largueurs parisiens), les départements et tersorte de région européenne ou district fédéral co-géré, ritoires d’outre-mer, le grand large, la francophonie, la seule Wallonie se constituerait en État, quitte à laisla signification mondiale de la France. Le maintien de ser la petite région germanophone d’Eupen et Saintla Belgique ne peut endiguer à lui seul le mouvement Vith (70.000 habitants) glisser vers l’Allemagne. euraméricain - bien lancé - de destruction d’États de Peut-être serait-ce là la meilleure solution. L’existence la « vieille Europe » (1) dont l’Espagne, et, à terme, de deux États affinitaires entièrement francophones, de la France qui reste particulièrement visée. travaillant ensemble dans bien des domaines importants, démultiplierait l’influence de chacun d’eux et La France ne peut pas, sous prétexte de sage non ingéde la Francophonie sur le continent et dans le monde. rence, faire preuve d’indifférence. À plus forte raison encore faudrait-il préparer une Cette thèse minoritaire est encore iconoclaste, voire réponse claire de la France au cas où une majorité « hexagonoclaste ». Il convient donc d’abord de contreSuite page 19 18 Juin page 19 LA BELGIQUE ÉCLATÉE : QUE PEUT ET DOIT FAIRE LA FRANCE ?… (suite) battre les thèses « anglo-euro-belgicaines » qui prévalent partout. Pour contribuer à cette œuvre de salubrité, le livre : « Belgique, dernier quart d’heure ? » du baron belge Paul-Henry Gendebien, président d’honneur du « Rassemblement Wallonie-France ». (Éditeur : Labor [adél : [email protected]], 140 C, chaussée de Philippeville, 6 280 Loverval, Belgique, 13 euros.) Très intéressant par l’historique, les faits et les chiffres qu’il donne, autant que par les arguments qu’il développe avec vie et talent. Il apparaît notamment, ce qui est corroboré par bien d’autres sources, que la comparaison de coût de réunification avec l’ancienne République Démocratique Allemande est peu pertinente. En effet, la Wallonie ne compte que trois millions d’habitants, et n’est jamais sortie de l’économie de marché. Son PIB par habitant la situe avant plusieurs régions françaises, ce qui était très loin d’être le cas des länder « socialistifiés » de l’ancienne RDA Certes, des dysfonctionnements existent, dus pour une part à l’absence d’alternance politique, mais les chiffres montrent que la charge serait très supportable et qu’il y aurait un apport en économie, et non pas seulement en « diastole nationale ». Le redressement de la France passe par le regain de confiance en elle et par une politique vigoureuse de relance par l’innovation et le positionnement sur les secteurs d’avenir, politique qui n’est possible qu’en brisant le carcan monétaro-administratif européiste actuel. France ne pourra, le moment venu, que respecter les choix des populations concernées, comme dans le cas du Québec, mutadis mutandis. Après tout, loin de la pusillanimité actuelle, le Général de Gaulle n’avait-il pas adopté une telle attitude à l’égard de responsables belges ?...M. Chevènement l’a dit aussi à sa manière. Il ne serait pas incongru de faire valoir à nos actuels « responsables-mais-non-coupables » les avantages (ils connaissent assez les risques !...) des formules de réunion, ou, surtout, d’une coopération très étroite entre un État de Wallonie et la France. Ne serait-ce que pour éviter, le moment venu, une réponse dégradante et déshonorante à la Michel Charasse : « Non, merci, nous avons déjà nos pauvres ! ». L’Allemagne, elle, a consenti de très grands sacrifices pour sa réunification, sur laquelle elle n’a guère consulté ses voisins. Elle en est, aujourd’hui, plus grande à tous les points de vue. Il faudrait de toute évidence prévoir l’organisation d’un référendum en France sur une éventuelle réunion et ses modalités, voire sur un traité d’étroite coopération avec un État wallon. L’honneur de la France serait dans un « oui » à une démarche officielle venant du nord. La demande serait une source, un regain, de fierté pour la France d’avoir été choisie. Il appartient évidemment aux seuls Wallons et Bruxellois de faire leurs choix. Toute ingérence de la Son « oui » serait une correction d’un accident de France est à proscrire. Le gouvernement français ne l’histoire. doit pas, à l’instar du gouvernement allemand à l’égard de certains mouvements d’outre-Rhin-et-Danube bien décrits par Y. Bollmann et P. Hillard, se rendre suspect (1) NDLR : les efforts de l’UE et des États-Unis ne visent évidemment pas la G.-B., nonobstant l’Irlande du Nord, le pays de Galles, l’Ecosse . d’irrédentisme. Du moins, les responsables politiques français, lorsqu’ils sont interrogés, doivent dire avec force que la Ils ne visent pas non plus l’Allemagne, ethniquement assez homogène, et plutôt bénéficiaire potentielle d’éventuels démembrements de ses voisins, ce dont, nous ont rappelé Mme Bollmann et M. Hillard, plusieurs mouvements allemands et autrichiens s’occupent activement. En fait, l’éclatement par régionalisation encouragée concerne surtout les États « latins » et slaves du continent. 18 Juin page 20 XX Compte rendu du dîner-debat du 18 mai 2006 en présence de Philippe COHEN, journaliste et écrivain CHINE, CAUCHEMAR DE L’OCCIDENT ? par Christine ALFARGE P our connaître une vraie Chine évolutive et pleine d’espoirs, il est indispensable de comprendre la Chine d’hier, d’aujourd’hui et de demain. La Chine d’hier était un grand pays qui avait créé une civilisation splendide. La Chine d’aujourd’hui est un pays en réforme et en ouverture sur l’extérieur. La Chine de demain sera toujours une grande puissance pleine d’avenir. Pourquoi la Chine ? Rien ne prédestine Philippe Cohen dans son parcours à aborder le sujet de la Chine. Il dit « je l’ai fait pour être en continuité avec mon engagement et ma pratique professionnelle ». Comme le présente Jacques Dauer dans son introduction au sujet de la fondation Marc-Bloch dans laquelle il évoque notamment le désarroi des français, les inégalités, le renoncement social et économique au pacte républicain où toute ambition est abandonnée, Philippe Cohen fort de son expérience et de son engagement dans la fondation Marc-Bloch se demande où il serait le plus efficace pour défendre nos idées communes. Il déclare « c’est dans mon milieu professionnel, compte tenu que le dispositif médiatique est devenu essentiel, je serai plus utile dans la critique de ce dispositif médiatique. » À partir des années 2003 et 2004 est apparu dans les médias tout un discours qu’on a appelé avec Luc Richard, co-auteur de ce livre, La sino-béatitude, récit médiatique sur la Chine qui consistait à magnifier l’insertion de la Chine dans l’économie mondiale. On avait l’habitude de voir les politiques emmener les patrons dans les villes phares de la croissance chinoise. Cependant à travers le témoignage de Luc Richard journaliste et co-auteur d’ouvrage avec Philippe Cohen, installé en Chine pendant trois ans où il a appris à la perfection la langue chinoise, il nous livre un constat sur ce qu’il appelle les illusions chinoises. Deux Chines s’opposent en réalité. - Une Chine où affluent considérablement des investissements étrangers ainsi que de nombreux échanges extérieurs. - Et une Chine qui malgré son ouverture n’a pas su moderniser pour autant son tissus industriel, la dualité économique persiste et les inégalités n’en finissent pas de s’accentuer entre les régions intérieures et celles des côtes. En effet, depuis 1979 avec le socialisme de marché lancé par Deng Xiaoping, la Chine est entrée dans une ère capitaliste et de société de consommation, elle rompt avec le collectivisme des années antérieures en particulier dans les campagnes. Les investissements étrangers sont alors autorisés et quatre zones économiques sont crées dans deux régions le Guandong et le Fujian. De nombreux avantages fiscaux et douaniers ainsi que des faibles coûts de maind’œuvre permettent à ses firmes étrangères de s’implanter. En 1984, d’autres zones côtières bénéficieront des mêmes avantages, mais la commercialisation des produits étrangers sur le marché chinois reste très contrôlée par les autorités et restreinte aux productions qui n’entrent pas en concurrence avec les produits chinois. Il faudra attendre 1990 pour que des sociétés étrangères puissent commercialiser un tiers de leur production sur un marché intérieur très fermé aux importations. Le seul moyen pour vendre en Chine est de s’implanter sur place. Une économie à deux vitesses. La partie la plus dynamique de l’économie chinoise est constituée par les entreprises mixtes à participation étrangère. Mais l’accroissement des échanges extérieurs et l’augmentation des entreprises à capital étranger ne favorisent pas pour autant l’emploi industriel qui reste minoritaire en Chine. Les écarts entre les villes et les campagnes amplifient les inégalités au détriment des populations paysannes. Il existe aussi du chômage en Chine. Cela incite les chinois à quitter les campagnes et accepter n’importe quoi au niveau des conditions de travail. On assiste à l’esclavage d’une population. Les contradictions du pouvoir chinois. La progression de l’économie chinoise dans le commerce international n’a pas d’effet direct sur le reste de l’économie qui reste un secteur protégé de la concurrence étrangère. Les entreprises du secteur public sont pour moitié déficitaires sans volonté de modernisation. Le pouvoir chinois est confronté à des choix politiques et sociaux, il souhaite à la fois tirer profit du coût de la main-d’œuvre de sa population tout en continuant de répondre à la demande de main-d’œuvre à bas prix des pays industrialisés tels que le Japon, Taïwan, Hongkong. Les conséquences de l’expansion chinoise sur tous les continents ont développé le commerce illégal chinois en ne respectant pas les principes de bonne gouvernance. Elles ont accru les inégalités régionales, seules les régions de l’Est notamment côtières ont pu profiter de l’ouverture sur l’extérieur contrairement aux régions de l’intérieur tenues à l’écart. Deux mondes coexistent en Chine, un monde riche et moderne tourné vers l’extérieur et l’autre monde pauvre où les conditions de vie restent précaires. 18 Juin page 21 POLITIQUE FRANÇAISE par Jacques DAUER D epuis une dizaine d’années, j’essaye de mettre en garde les Français contre le risque d’une révolte – et non d’une révolution – avec toute la violence, les exactions, voire les tueries qu’elle suscitera entre 2007 et 2012. Les prémices sont déjà là. Je sais que ce genre de prévision ne retient guère l’attention du pouvoir industrielo-technico-politique trop imbu de lui-même pour penser plus loin que le bout de son nez et pourtant, chaque jour, des éléments confortent malheureusement cette perspective à moyen terme. Les Français peuvent le constater quotidienne-ment, qu’il s’agisse des mouvements du type révolte des banlieues ou de manifestations du genre anti-CPE ou bien encore des multiples manifestions paysannes. Mais les politiques et assimilés n’en ont cure. En effet, que leur importe, ils ont le pouvoir, l’argent et les médias, et leurs assentiments ne sont qu’apparences, comme le sont les pseudo activités des gouvernants et des élus. En revanche, tous ces managers, pour la plupart sortis de l’ENA, voire de l’X, font d’autant plus ce qu’ils veulent qu’ils sont propriétaires des mé-dias ou du moins ont sur eux une telle prise qu’ils peuvent agir comme ils l’entendent. Ces managers sont pires que des terroristes, ce sont des nazis, des fascistes et des factieux. Je voudrai rappeler la phrase d’un vrai chef d’entreprise récemment disparu, Olivier Lecerf : « L’entreprise est faite pour l’homme et non l’homme pour l’entreprise. » ou encore : « La légitimité des dirigeants réside dans le pouvoir de servir. » Les syndicats ouvriers ne sont pas mieux. Nous y reviendrons. Tout doit plier devant ces faux chefs d’entreprise, qui s’accordent des salaires immoraux dépassant l’entendement.. Jamais dans l’histoire de France, nous avons connu ce type d’errements et pourtant…! Il faut dire que leurs copains-coquins des grandes écoles, comme l’ENA ou Polytechnique, les aident considérablement, d’autant plus que dépendent d’eux leur poste, leur place. Tous les coups sont permis. Ainsi en est-il de l’affaire Clearstream. Qu’ils soient originaires de la gauche ou de la droite, ils s’entendent comme larrons en foire, du moins pour l’essentiel : le fric, la concussion et surtout le « formatage » du peuple en esclave tellement ils le méprisent. L’entraide entre ces mafieux s’ordonne notamment autour du pantouflage (notamment dans les banques et les services publiques privatisés). Tout le monde connaît la méthode pour y mettre fin : tout fonctionnaire qui se présente à un poste éligible doit, s’il est élu, immédiatement quitter sa fonction dans l’administration et il ne pourra y retrouver un poste que dix ans au moins après la fin de son mandat. Cela serait une vraie révolution. Une autre serait que les permanents des syndicats de l’administration ne soient plus payés par l’État et que, à l’Éducation nationale par exemple, tout instituteur, tout professeur ne puisse occuper de poste administratif. Ils sont préparés (très mal d’ailleurs) pour éduquer nos enfants. Il faudrait aussi que soit interdit aux syndicats, là comme ailleurs, d’intervenir dans les mutations et les promotions. Il faudrait enfin que dans ce ministère cessent la prise du pouvoir par de pseudo pédagogues et la démagogie qui consiste à faire appel sans cesse à ces psychologues et autres psychanalystes si chers aux étudiants blackboulés des autres filières. Cette collusion technocratique se répercute dans les médias audios, télévisuels ou écrits car ils appar-tiennent à la classe dirigeante (!) des ex-énarques du MEDEF, dont le bureau se croit obligé d’anticiper leurs désirs. Quant aux médias d’État, les technocrates qui les dirigent appartiennent, eux aussi, à ce même monde, même s’ils sont d’origines différentes. Ils pensent faire carrière en répondant aux désirs des patrons en place. De part et d’autre la manne prébentaire leur permet d’exercer un pouvoir qu’ils se gardent bien de récuser. Mais que peuvent les journalistes qui sont encadrés par leur directeur d’information, par leur rédacteur en chef ou leurs représentants. Se permettre d’élever la voix, c’est la mise à la porte assurée ou du moins le placard jusqu’à la retraite. Que peuvent faire les gouvernements qu’ils soient de droite ou de gauche ? La plupart de leurs membres sortent de l’ENA ou de l’X et ils sont par nature les stipendiés des managers. Quand ils ne sortent pas de ces écoles mafieuses, ils sont considérés comme du bétail, différence avec le peuple qui est lui réduit en esclavage. Les syndicats de la fonction publique sont eux aussi largement en cause. Ils se moquent totalement de leurs mandants. Ce qui leur importe, c’est leur par-celle de pouvoir. Qu’elle soit d’apparence ne les gêne guère. Ce sont des syndicats bureaucratiques et corporatistes. Tous les moyens sont bons pour augmenter les effectifs. Peu leur importe que cela nuise à l’efficacité de l’administration. Quand Jospin déclare qu’il veut dégager 20.000 postes, il en crée 200.000 ! Quant à Villepin qui annonce 5.000 mises à la retraite, il sait bien qu’il n’y en aura que 1.000 d’effectives. Alors que 40 % des fonctionnaires seront à la retraite d’ici 2012, c’est 50 à 60 % de ces futurs retraités qu’il ne faudrait pas remplacer. Seules les prébendes intéressent ces faux syndicalistes. Ils savent faire. Pendant ce temps, les fraudes fiscales, sociales et autres prolifèrent. Certaines entreprises en sont des spécialistes. Personne ne s’attaque vraiment au grand banditisme qui prospère depuis l’élargissement de l’Europe. page 22 18 Juin POLITIQUE FRANÇAISE… (suite) Si les polices n’en peuvent souvent mais, les fonctionnaires et la justice se préoccupent plutôt de poursuivre les petits. C’est moins dangereux. Nous en avons assez de ces femmes et de ces hommes frappés d’hernie cérébrale. Il faut les faire disparaître sans plus attendre. Ce mal qui frappe la nation française frappe aussi d’une manière parfois différente la totalité des nations européennes. Ne parlons pas de l’Amérique dont fonctionnaires, politiques, militaires sont (presque) tous vérolés. Quant à la Commision de Bruxelles et à ses fonctionnaires, ils le sont à un tel point que les mafias russes passeraient pour de gentils enfants de chœur. Les élus de tous niveaux, ces technocrates, ces managers-voyous, ces syndicaliste véreux, tous ces « démocrates » de pacotille » ne sont que la « racaille » selon le mot de Sarközy qui est ici le plus approprié. Nous ne dénoncerons jamais assez la génération de 68 et celle qui l’a suivie immédiatement. Le totalitarisme est leur titre de gloire, un trophée de chasse, et cela a entraîné chez eux depuis des années la pire des choses, la lâcheté, car ils sont sans aucun courage, ni physique ni moral. Le mépris des autres en fait des tyrans. À la lanterne ! La campagne présidentielle est ouverte de facto. Si l’on met à part les candidats de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite, à la fois racaille, totalitaire et tyrannique par essence, nous sommes confrontés aux deux principales mafias qui ont confisqué le pouvoir en France, avec d’un côté un Sarközy, qui se rend en voyage secret ou du moins discret aux États-Unis pour y prendre ses ordres et qui les répartit ensuite entre ses sbires en France, afin de promouvoir une politique communautaire qui détruira la Nation. Il s’allie pour ce faire aux sectes les plus abjectes, avec l’islam le plus intolérant et le plus fondamentalisme Cet homme issu de l’émigration n’appartient pas à l’humanisme français. La preuve en est donnée par ses lois à propos de l’immigration, notamment en ce qui concerne l’exclusion des écoles et lycées des enfants de familles clandestines ou non. Il y a d’autant moins d’humanité en lui que, si on lit l’article écrit en commun avec son collègue de l’Intérieur britannique, il approuve les délits de faciès ! On comprend qu’il ait choisi pour s’occuper de ces enfants et de leurs familles un officier israélien, un ex-Français donc. Même si ce dernier a vou-lu conserver notre nationalité, il a choisi d’être israélien. Ce qui est tout à fait son droit mais ce qui sert d’abord l’électoralisme de son nouveau maître. Arno Klarsfeld régente en autocrate la charge que Sarközy lui a délégué pour être le médiateur entre les demandeurs de régularisation et les préfets. Il accuse les associations d’être démagogues. Et lui ? Un autocrate totalitaire ! Résultat : sur 30.000 demandes de régularisation déposées à peine 6.000 seront acceptées. Question de sécurité ! Il faut que les gens aient peur. Aussi on recommence comme en 2002 et, pour ce faire, Sarközy s’appuie sur les policiers les plus extrémistes (entre 15 et 20 % des effectifs) Les bavures (!) vont s’amplifiant comme à Cachan. La violence est une seconde nature chez cet homme. Si, par malheur pour la France, il devenait président de la République, ce serait à tout le moins le retour à Isabeau de Bavière et au traité de Troyes (1420). Une nouvelle guerre de Cent ans pourrait alors commencer. Quant au parti socialiste, il a des candidats de toute nature, qui sont aussi pro-Américains que Sarközy et qui ont comme lui une vision à court, très court terme de l’avenir de notre Nation, c’est-à-dire électoraliste. Le long terme, celui qui concerne vraiment l’avenir, ils s’en moquent ! Bien entendu, je n’oublie pas parmi celle dont on parle Ségolène Royal la pipolitisée qui, comme Guigou ou Martine Aubry ne mûrit qu’à force d’être pincée (Cervantès). Les Français ne doivent pas oublier leur erreurs de jugement en 1936 face au nazisme, leur soutien au franquisme en refusant de porter aide et assistance aux républicains espagnols, les accords de Munich et non plus le vote de leurs élus, socialistes en-tête, en faveur de Pétain le 10 juillet 1940, y compris Léon Blum. Ceux-là donnèrent à la France un gouvernement illégitime et illégal, nul et non avenu comme l’a proclamé le Général de Gaulle. Ils ont tellement servi Pétain et la collaboration que plus de 60 % d’entre eux, élus et responsables, ont été chassés du parti en 1944 et 1945 pour faits de collaboration. Il est vrai que beaucoup d’entre eux ont retrouvé leur place dans le parti au début des années 50. Chirac le sait bien, lui qui a eu comme mentor un ministre de Pétain socialiste et député de la Corrèze, Charles Spinasse; dont il reprendra la circonscription après sa mort. UMP et socialiste se rejoignent pour détruire la Constitution française, pour américaniser la nation. Ils sont aidés en cela par la Commission soi disant européenne de Bruxelles. La lâcheté de nos élus n’a d’égale que celle de nos généraux, amiraux et autres officiers supérieurs qui obéissent sans broncher à des ordres illégaux et illégitimes, comme de faire la guerre à nos amis et alliés de Serbie, comme d’obéir aujourd’hui aux ordres d’un général américain qui vient de quitter le commandement du camp de la mort de Guentanamo. Sans commentaire ! En 1953/1954, lors d’une audience pour lui présenter les jeunes qui militaient au sein du RPF, le Général nous a dit : « Nous sommes collectivement un grand homme ». Un peu plus tard, il dira : « Nous assumons aujourd’hui la majesté du peuple français ».