I. Pourquoi étudier Thérèse Raquin en classe de Seconde ?
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I. Pourquoi étudier Thérèse Raquin en classe de Seconde ?
NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 7 — Z27482THER — Rev 18.02 XIXe SIÈCLE Un roman – Le naturalisme ZOLA Thérèse Raquin (ISBN : 9782081209619 – 3,70 €) I. Pourquoi étudier Thérèse Raquin en classe de Seconde ? S’il y a encore trente ans l’analyse d’un roman de Zola pouvait être jugée inconvenante, aujourd’hui cette étude va presque de soi, car l’auteur, pleinement réhabilité par la critique universitaire, est recommandé par les Instructions officielles (voir « accompagnement des programmes », 2001). Toutefois, assez naturellement, le choix de l’œuvre se portera vers l’un des volumes de la grande fresque des Rougon-Macquart, et non vers le roman pilote que constitue Thérèse Raquin, œuvre pourtant magistrale, qui présente de nombreux intérêts. D’une part, il s’agit d’un roman bref, avec peu de descriptions et de références historiques, composé de chapitres courts et reposant sur une intrigue linéaire. Il est donc d’accès relativement aisé et convient tout à fait à des lecteurs tout juste issus du collège, qui ne sont pas encore totalement aguerris à la littérature « classique ». D’autre part, il permet d’aborder les notions fondamentales du genre romanesque. Un travail très porteur peut être ainsi mené sur la construction de l’espace, à la fois dans sa représentation concrète et dans sa signification symbolique ; l’intrigue se prête à une analyse structuraliste avec la mobilisation du schéma narratif ou du schéma actantiel ; l’étude de la construction du récit permettra de repérer l’analepse du Thérèse Raquin 7 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 8 — Z27482THER — Rev 18.02 chapitre II et les différentes ellipses qui parsèment le roman ; celle de la narration conduira à s’interroger sur l’objectivité du narrateur. En outre, dans Thérèse Raquin, Zola, tout en s’inscrivant dans la lignée de Balzac, prend ses distances avec les pratiques d’écriture de l’époque en posant les fondements du naturalisme, qu’il explique de manière théorique dans la préface de la seconde édition (texte reproduit dans l’édition) et applique dans son texte, essentiellement à travers les deux personnages Thérèse et Laurent : Dans Thérèse Raquin, j’ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre entier. J’ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus. Enfin, parce que Thérèse Raquin a inspiré dessinateurs, graveurs – comme Castelli (1825-1889), artiste de renom du XIXe siècle, qui fournit la plupart des illustrations de cette édition (la boutique de la mercerie, la guinguette au bord de l’eau, la visite à la Morgue...) – et cinéastes, il est tout à fait envisageable, dans le cadre de l’étude, de mettre régulièrement en relation texte et images. Dans cette perspective, signalons qu’il sera possible de visionner avec les élèves, outre la célèbre adaptation filmique du roman réalisée par Marcel Carné (1953) dont nous proposons une étude en annexe 4 (voir infra), une version américaine, de Charlie Stratton, avec Glenn Close et Ludivine Sagnier notamment, qui sortira courant 2008 sur les écrans de cinéma. Ainsi, Thérèse Raquin se révèle une œuvre particulièrement riche pour l’étude en classe. Pédagogiquement, elle se trouve au croisement de plusieurs objets d’étude de Seconde (« Le récit : le roman ou la nouvelle », « Un mouvement littéraire et culturel du XIXe ou du XXe siècle ») et de plusieurs types de lecture (celle du texte, celle de l’image), et, culturellement, elle constitue une sorte de charnière dans l’histoire du roman. À ce titre, il ne paraîtrait pas aberrant d’envisager l’œuvre en classe de Première, dans la mesure où, dans Thérèse Raquin, l’auteur remet en cause la notion même de personnage, tout en offrant une vision très pessimiste de la société de son époque. 8 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 9 — Z27482THER — Rev 18.02 II. Présentation de l’auteur et de l’œuvre Pour étudier cette œuvre de « jeunesse » (en 1867, au moment de la parution de Thérèse Raquin, Zola n’a que vingt-sept ans et n’a pas encore composé le cycle des Rougon Macquart), il n’est pas utile d’entrer dans les détails de la biographie de l’auteur. Toutefois, il peut être judicieux de demander aux élèves ce que Zola évoque pour eux, soit à partir de souvenirs de Troisième, soit plus simplement à partir de la chronologie de l’édition. Logiquement, devraient être évoqués pêle-mêle : le naturalisme, les Rougon-Macquart et l’affaire Dreyfus. Selon le temps dont on dispose, on peut demander que chacun de ces éléments soit présenté – dans de rapides exposés ou de manière plus informelle –, mais il convient surtout de souligner, que, à la parution de Thérèse Raquin, Zola n’est qu’un inconnu pour la plupart de ses contemporains et qu’il faut faire momentanément table rase de toutes ces « perspectives ». En revanche, il est utile d’avoir à l’esprit les conditions dans lesquelles l’œuvre a été rédigée. C’est pourquoi il est nécessaire de caractériser le roman du XIXe siècle. Cette mise au point peut, là encore, être l’occasion de brefs exposés, mais aussi de recherches au CDI ou plus modestement dans le manuel de la classe. Les élèves seront sensibilisés au fait que l’œuvre étudiée se trouve à un moment charnière de l’histoire du roman et que, à ce titre, elle mêle tradition et modernité. Pour qu’ils repèrent la structure classique du roman, les élèves peuvent se lancer dans la lecture et amorcer l’analyse de l’œuvre en complétant le tableau de l’annexe 1 (voir infra), donné vierge ou semi-vierge – la colonne du temps, plus complexe, pouvant être « préremplie ». De cette approche, se dégagent un certain nombre de particularités de l’œuvre, qui sont envisagées dans la présentation de l’édition et qui seront simplement rappelées ici : — une intrigue quasi linéaire (à l’exception des chapitres II et III), de type policier, organisée autour de trois grandes scènes (le meurtre de Camille, la nuit de noces et le double suicide) où se mêlent constamment amour et mort ; Thérèse Raquin 9 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 10 — Z27482THER — Rev 18.02 — une grande économie de moyens, rappelant les techniques théâtrales, avec un nombre réduit de personnages (qui parcourent toute l’œuvre, y compris Camille qui prend plus de consistance mort que vivant), un espace ancré dans la réalité parisienne, extrêmement restreint, concentré autour de la boutique et de l’appartement des Raquin ; — une durée relativement diluée (environ quatre ans), sans qu’il soit pour autant possible de fixer une chronologie précise ; — une alternance entre scènes et sommaires, qui permet une narration variée, mais aussi le passage de l’observation à l’analyse. Par ce dernier point, il est possible d’amorcer une des originalités de l’œuvre : le choix d’une démarche expérimentale, qui sera rendue d’autant plus perceptible qu’elle sera mise en relation avec la préface de la seconde édition. Reste à faire découvrir aux élèves, grâce à des analyses guidées, les autres particularités de l’œuvre : — l’intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste ; — l’influence de la peinture dans l’économie du roman. III. Proposition de séquence pédagogique La séquence suivante est envisagée dans le cadre de l’objet d’étude de Seconde : « Le récit : un roman du XIXe siècle ». Toutefois, elle croise incidemment d’autres objets : — « Démontrer, convaincre, persuader », par l’analyse de la préface de la seconde édition ; — « Un mouvement culturel et littéraire du XIXe siècle : le naturalisme », grâce à l’analyse de la démarche expérimentale et à la mise en relation du texte avec les tableaux de Manet (Le Déjeuner sur l’herbe, Olympia) ; — « Le théâtre : genre et registre », par la mise en parallèle du roman avec la tragédie. Pour entreprendre cette étude, aucune contrainte de calendrier n’existe vraiment. Elle peut donc être envisagée assez tôt dans l’année, puisque les élèves ont déjà été confrontés à des romans en Troisième. Toutefois, elle peut avoir été préparée par l’analyse d’une tragédie classique et par celle d’un groupement de textes sur les enjeux du récit réaliste – roman ou nouvelle. 10 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme 6 5 4 Axe 1 : une intrigue traditionnelle particulièrement bien construite L’action Lecture d’ensemble 2 3 Le contexte littéraire Approche générale Séance d’introduction 1 Séances Extrait de l’adaptation de Philippe Faure (p. 284-287) Extrait du chapitre XI, (p. 117-118, l. 268-319) Analyser l’intensité dramatique du passage (directement et par comparaison) — Mettre en évidence la dimension policière de l’œuvre — Faire ressortir la dynamique de l’œuvre Avoir une vision d’ensemble de l’œuvre — L’œuvre dans son ensemble — Tableau synoptique — L’œuvre dans son ensemble — Tableau synoptique — Cerner les principaux enjeux du roman au XIXe siècle — Rappeler les composantes d’un roman traditionnel — Manuel — Chronologie Objectifs — Situer l’œuvre par rapport à l’ensemble de la production de Zola — Susciter des attentes de lecture — Mettre en place les principaux objectifs de l’analyse Supports — Première de couverture/illustrations — Chronologie de Zola (p. 27-39) Activités Travail préparatoire Analyse d’un texte écho Dossier de l’édition, questions p. 287 Question sur le chapitre Lecture analytique no 1 XI — Résumer le roman sous la forme d’un schéma narratif — Lecture de Thérèse Raquin — Élaboration d’un tableau synoptique de l’œuvre (voir annexe 1) — Révision des composantes d’un roman traditionnel — Recherches sur le roman au XIXe siècle (statut, genres, caractéristiques) Avoir constitué une fiche biographique de Zola à partir de la chronologie — Élaboration d’un schéma-résumé commun — Mise en évidence des scènes pivot Mise en commun des informations — Mise au point sur le roman (techniques, histoire) — Exploitation de documents informatifs — Analyse de l’image — Exploitation d’un document informatif NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 11 — Z27482THER — Rev 18.02 Thérèse Raquin 11 12 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme 12 11 10 9 8 7 Inscrire le roman de Zola dans la tradition balzacienne — Caractériser les principaux personnages — Mettre en évidence l’absence de dimension psychologique Extrait d’Eugénie Grandet de Balzac (annexe 2) L’œuvre dans son ensemble Bilan Exploitation de la première partie du cours (séances 5 à 11) Élaborer une synthèse sur les caractéristiques de l’intrigue Faire ressortir les rapports de force entre les personnages Caractériser le réalisme/l’effet de réel dans la représentation de l’espace Extrait du chapitre I (p. 5153, l. 1-64) Objectifs — Mettre en évidence l’unité de lieu/l’approche théâtrale de l’espace Supports — L’œuvre dans son ensemble — Tableau synoptique Les personnages L’œuvre dans son ensemble L’espace Séances Axe 1 (suite) Constitution collective du bilan — Reprise du travail préparatoire — Mise en commun des informations Exposés Lecture comparée Question préparatoire : en quoi Thérèse Raquin présente-t-il une intrigue traditionnelle particulièrement bien construite ? Établir plusieurs schémas actantiels avant et après le meurtre avec pour sujets actants les amants, puis Mme Raquin Établir par groupe une fiche personnage sur chacun des protagonistes (Thérèse, Mme Raquin, Camille, Laurent) Comparer l’incipit de Thérèse Raquin à celui d’Eugénie Grandet I Question sur le chapitre Lecture analytique no 2 Travail préparatoire À partir du tableau synoptique, faire ressortir les principales caractéristiques de l’espace dans le roman Activités — Mise en commun des informations — Exploitation d’un document informatif NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 12 — Z27482THER — Rev 18.02 Thérèse Raquin 21 Devoir-bilan 20 19 18 17 16 15 14 Bilan Un roman influencé par la peinture Un roman fantastique Un roman expérimental Séances Axe 2 : 13 une œuvre profondément originale Bilan sur les acquis (culturels, notionnels, méthodologiques) Sujet de type II (dissertation) ou de type I (commentaire) Faire ressortir le lien étroit entre peinture et action : prétexte pour l’adultère, manifestation de l’obsession du mort chez Laurent Élaborer une synthèse sur les composantes originales de l’œuvre XXV — Dossier de l’édition, « Un mariage d’amour » (p. 270-275) — Ensemble du cours et Repérer l’influence de la peinture dans l’écriture de Zola : organisation de la description, importance des couleurs et des contrastes VI — Extrait du chapitre I (p. 51-53, l. 1-64) — Extrait du chapitre XI (p. 109, l. 60-80) — Extrait du chapitre XIII (p. 123-124, l. 113-146) — Tableaux de Manet (p. 40) Chapitres — Extrait du chapitre XVII de Thérèse Raquin (p. 146149, l. 5-74) — Extrait du Horla de Maupassant (annexe 3) Chapitre XII dans son ensemble Repérer les caractéristiques du fantastique dans Thérèse Raquin : lieu clos, cadre nocturne, hésitation entre explication rationnelle et explication surnaturelle, manifestations de peur intense Approcher la notion de « tempérament » Extrait du chapitre (p. 84-85, l. 15-79) VII Expliciter les intentions de Zola dans Thérèse Raquin : but scientifique, expérimentation littéraire, rupture avec la tradition romanesque Préface de la seconde édition Objectifs Repérer les critiques faites à l’encontre de : la crudité, l’immoralité, l’obscénité Supports Critique du roman par Ulbach (p. 275-280) Activités Travail préparatoire Devoir en temps limité — Lecture comparée — Élaboration d’une synthèse collective — Lecture cursive — Lecture de l’image Lecture cursive Lecture comparée — Mise au point sur le fantastique — Lecture cursive Révision de l’ensemble de la séquence Dossier de l’édition, questions 1 et 2, p. 275 Question : comment se manifeste l’influence des techniques picturales dans les trois extraits ? Question : quels rôles joue la peinture dans le roman ? Question préparatoire : quelles manifestations communes retrouvez-vous dans les deux textes ? Le mal est-il cependant comparable ? Recherche sur le registre fantastique Question sur le chapitre Lecture analytique no 3 VII Question préparatoire : d’après cette préface, quels sont, pour Zola, les enjeux de Thérèse Raquin ? Dossier de l’édition, questions p. 280 Lecture cursive du texte Lecture cursive de l’extrait NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 13 — Z27482THER — Rev 18.02 13 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 14 — Z27482THER — Rev 18.02 IV. Pistes pour l’analyse des extraits Pistes pour la lecture analytique no 1 Objectif → Analyser l’intensité dramatique du passage (directement et par comparaison). Supports → Extrait du chapitre XI (p. 117-118, l. 268-319). → Extrait de l’adaptation de Philippe Faure (dossier, p. 284-287). Question préparatoire : par quels moyens Zola parvient-il à rendre cette scène particulièrement intense ? ■ Éléments de correction L’intensité de ce texte est liée à : — L’action en elle-même qui se caractérise par la violence (mise à mort de Camille, gestuelle de Laurent, réaction de Camille) ; des réactions très marquées chez les personnages (crise de nerfs chez Thérèse, terreur chez Camille). — La mise en valeur de cette action par des jeux constants d’opposition (force/faiblesse, mouvement/immobilité, silence/ parole) ; l’ironie tragique, en particulier dans les interventions de Camille. — Le choix du cadre spatio-temporel : le moment – la tombée de la nuit ; le lieu, caractérisé par son immensité, son isolement, sa dimension mythique (fleuve assimilable au Styx), sa déréalisation (lignes évanescentes, couleurs expressionnistes). Une analyse plus détaillée de ce passage se trouve dans la présentation (p. 16-17). Le rapprochement de ce texte avec le prologue de Philippe Faure permet de souligner la dimension très théâtrale du passage, son statut essentiel pour le déroulement de l’intrigue. 14 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 15 — Z27482THER — Rev 18.02 Pistes pour la lecture analytique no 2 Objectif → Caractériser le réalisme/l’effet de réel dans la représentation de l’espace. Supports → Extrait du chapitre I (p. 51-53, l. 1-64). → Extrait d’Eugénie Grandet de Balzac (annexe 2). Question préparatoire : comment, à travers cet incipit, Zola parvient-il à donner l’illusion du réel ? ■ Éléments de correction L’illusion du réel est rendue par une description : — ancrée dans la géographie parisienne (nom de rues existantes) ; — précise, en particulier dans les nuances de couleurs ; — très organisée (importance des connecteurs spatiaux, vision large suivie d’un grossissement) ; — exhaustive (évocation des saisons, des différents moments de la journée). Le rapprochement du passage avec l’incipit d’Eugénie Grandet souligne ce que Zola doit à Balzac, tout en mettant en évidence quelques particularités, comme une forme de prédilection pour le morbide. Pistes pour la lecture analytique no 3 Objectif → Approcher la notion de « tempérament ». Support → Extrait du chapitre VII (p. 84-85, l. 15-79). Question préparatoire : comment, à partir de cet extrait, pouvezvous définir le « tempérament nerveux » et le « tempérament sanguin » ? ■ Éléments de correction Le « tempérament nerveux » est illustré par Thérèse qui se caractérise par : — la sensualité impudique (« elle se révéla courtisane ») ; Thérèse Raquin 15 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 16 — Z27482THER — Rev 18.02 — l’exaltation physique (« les sanglots, les crises ») ; — des attitudes extrêmes, rendues par des adverbes d’intensité (« éperdument », « furieusement ») et des compléments de manière (« avec une violence inouïe », « avec une telle fougue »). Le « tempérament sanguin » est, lui, représenté par Laurent et se distingue par : — un appétit sexuel souligné (« des voluptés cuisantes ») ; — un manque de force mentale (« il céda »). Il est à noter que : — dès le début de la relation, c’est le tempérament nerveux qui marque son ascendance sur le tempérament sanguin ; — chez Thérèse, se trouve en embryon l’importance de l’hérédité (elle a, par sa mère, du sang chaud dans les veines) et du milieu (son attitude est générée par l’impuissance de son mari) ; — Laurent est, lui aussi, marqué par ses origines (ici, paysannes), dont il tient le caractère méfiant (« calme sournois et prudent »). Évaluations Dans le prolongement de la démarche envisagée, plusieurs possibilités s’offrent dans le cadre d’un commentaire : — l’analyse d’un moment fort de l’action : la mort des amants (chapitre XXXII, p. 265-266, l. 92-124) ou la tentative de dénonciation publique par Mme Raquin (chapitre XXVII, p. 223-225, l. 63-138) ; — une analyse « physiologique » : le portrait de Thérèse (chapitre II, p. 59-60, l. 63-112) ou celui de Laurent (chapitre IX, p. 96-97, l. 24-44). Il est également possible de proposer : — une dissertation, reposant par exemple sur la citation tirée de Mes Haines (présentation, p. 26), afin de mettre en valeur les tensions entre réalisme scientifique et recherche esthétique ; — un travail d’invention, qui proposerait la réalisation d’une description ou d’un portrait à la manière de Zola. 16 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 17 — Z27482THER — Rev 18.02 Prolongements Pour finir l’étude, il peut être pertinent de projeter l’adaptation cinématographique de Marcel Carné, qui permet d’aborder les problèmes de la transposition d’un roman à l’écran. Ainsi, après la projection, il pourra être demandé aux élèves de faire ressortir les éléments du roman conservés, modifiés ou supprimés par le réalisateur, mais aussi ceux qu’il a ajoutés. Le bilan pourra être synthétisé dans un tableau tel que celui présenté en annexe 4. De cette synthèse, ressortent les aspects suivants : — en apparence, Carné reste fidèle à l’œuvre de Zola car il conserve les principaux personnages et les principaux éléments de l’intrigue ; — toutefois, pour les besoins de l’écran, il simplifie, édulcore et modernise l’action ; — il humanise Thérèse et Laurent, qui sont mus par la passion et qui suscitent la pitié ; — il ôte toute la dimension expérimentale, scientifique de l’œuvre, en la réduisant à un adultère qui finit mal ; — il introduit une notion étrangère à Zola, celle de destin, qui renvoie plutôt à l’imaginaire romantique. Ainsi, même si cette adaptation est la plus célèbre du roman de Zola, elle est éloignée de son modèle, puisque tous les aspects novateurs, voire provocateurs, de l’œuvre ont été gommés. V. Annexes ■ Annexe 1 : analyse tabulaire Voir page suivante. Thérèse Raquin 17 18 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme (5 p.) IV (5 p.) III (6 p.) II (6 p.) I Chap. Exposition/ situation initiale — Camille — Mme Raquin — Thérèse — Camille — Mme Raquin — Thérèse — Les invités du jeudi (Grivet, Michaud, Olivier et Suzanne Michaud) — Le chat François Histoire de la famille Raquin (2) : l’installation à Paris Histoire de la famille Raquin (3) : les réunions du jeudi — Thérèse — Mme Raquin — Camille Histoire de la famille Raquin (1) : la vie à Vernon Personnages — Thérèse — Mme Raquin — Camille — Le chat François Présentation du cadre général du passage du PontNeuf, de la boutique des Raquin et des protagonistes Résumé Paris Paris Vernon Boutique et appartement des Raquin — Passage du PontNeuf — Boutique et logement des Raquin Maison de Mme Raquin — Boutique, maison, jardin de Mme Raquin — Bords de Seine — Passage du PontNeuf — Boutique et logement des Raquin Lieux principaux Vernon Paris Temps « le jeudi soir » Trois ans après l’installation à Paris — Environ trente ans auparavant — « Camille avait alors vingt ans » — « Thérèse allait avoir dix-huit ans » « Il y a quelques années » Techniques narratives — Sommaire : déroulement des soirées du jeudi — Description des personnages secondaires — Analepse : récit de l’acquisition de la boutique — Sommaire : organisation de la vie des Raquin — Analepse : histoire des protagonistes (Mme Raquin, Camille, Thérèse) — Description physique de Thérèse — Analepse : récit du mariage de Thérèse et de Camille — Description du passage du Pont-Neuf, de la boutique de Thérèse Raquin, de l’appartement des Raquin — Description physique des protagonistes (Thérèse, Mme Raquin, Camille) NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 18 — Z27482THER — Rev 18.02 (3 p.) X (7 p.) IX (5 p.) VIII (8 p.) VII (4 p.) VI (6 p.) V Chap. Vers le crime — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi — — — — — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi Organisation du quotidien de l’adultère Interdiction pour Laurent de sortir l’après-midi ; premières intentions de meurtre Incapacité pour les amants de se rencontrer ; nouvelles intentions de meurtre Thérèse Laurent Camille Mme Raquin — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Le chat François Plongée de Thérèse et de Laurent dans l’adultère Thérèse Laurent Camille Mme Raquin — — — — — Élaboration du tableau de Camille — Formation du couple Laurent/Thérèse Personnages — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi Intrusion de Laurent dans la vie des Raquin Résumé Élément perturbateur Paris Paris Paris Paris Paris Paris Boutique et appartement des Raquin — Passage du PontNeuf — Boutique et appartement des Raquin — Grenier de Laurent Boutique et appartement des Raquin (chambre des époux et salle à manger) — Passage du PontNeuf — Boutique et appartement des Raquin (chambre des époux) Boutique et appartement des Raquin (chambre des époux) Boutique et appartement des Raquin Lieux principaux Temps « Près de trois semaines se passèrent » « quinze jours » « pendant huit mois » Moins d’une semaine — « un jeudi » — « il y avait bien vingt ans qu’elle ne l’avait vu » — « le jeune homme qui avait déjà trente ans » Techniques narratives — Sommaire : état de manque des deux amants — Scène : discussion autour des meurtriers impunis — Sommaire : état de Laurent en l’absence de Thérèse — Scène : discussion des deux amants autour de la mort de Camille — Sommaires : relations de la famille Raquin avec Laurent/attitude des amants — Sommaires : les soirées de la semaine/les soirées du jeudi — Scène : confession de Thérèse — Sommaire : rendez-vous amoureux des amants — Scène : l’imitation du chat par Thérèse — Prolepse : annonce du sort de Camille — Pause : description du portrait de Camille — Scène : monologue intérieur de Laurent — Description physique et « psychologique » de Laurent — Analepse : histoire de Laurent — Scène : dialogue Camille/Laurent NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 19 — Z27482THER — Rev 18.02 Thérèse Raquin 19 20 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme (2 p.) XV (3 p.) XIV (8 p.) XIII (6 p.) XII XI Vers le mariage Vers le crime (14 p.) (suite) Chap. — — — — — — — — — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Michaud — Olivier et Suzanne Identification du cadavre de Camille Deuil des deux femmes ; retour aux activités commerciales Reprise des soirées du jeudi Camille Mme Raquin Thérèse Suzanne Laurent Camille Michaud Grivet — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Michaud — Olivier et Suzanne Thérèse Laurent Camille Mme Raquin Personnages — — — — Retombées immédiates du meurtre Passage à l’acte : meurtre de Camille Résumé Paris Paris Boutique et appartement des Raquin (salle à manger) Boutique et appartement des Raquin (chambre de Mme Raquin/de Thérèse) Morgue Restaurant SaintOuen Paris — Rue de Seine — Grenier de Laurent — Passage du PontNeuf — Boutique des Raquin — La Seine et ses rives — Restaurant SaintOuen Paris Champs-Élysées Lieux principaux Paris Temps « un jeudi soir » « pendant trois jours » — « le lendemain » — « au bout d’une semaine » – De « neuf heures du soir » à « plus de minuit » — « Un dimanche » — « L’automne venait » — « près de 3 heures » — « depuis un mois » — « le crépuscule venait » Techniques narratives Scène : soirée du 1er jeudi Sommaire : état de Thérèse et de Mme Raquin Description de la morsure de Camille/des cadavres de la morgue/du cadavre de Camille — Sommaire : déroulement des promenades du dimanche à Paris/en banlieue — Scène : assassinat de Camille NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 20 — Z27482THER — Rev 18.02 (5 p.) XX (10 p.) XIX (5 p.) XVIII (8 p.) XVII (7 p.) XVI Chap. Vers le mariage (suite) — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi Réussite de la comédie du mariage ; fiançailles Mariage — — — — Dégradation de l’état des personnages ; mise en place de la comédie du mariage — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi Thérèse Laurent Camille Mme Raquin Thérèse Laurent Camille Mme Raquin — — — — Angoisses et hallucinations de Laurent Thérèse Laurent Camille Mme Raquin Personnages — — — — Évolution du couple Thérèse/Laurent ; décision de se marier Résumé Paris Paris Paris Paris Paris — Grenier de Laurent — Mairie et église — Restaurant de Belleville — Boulevards — Boutique et appartement des Raquin (chambre de Thérèse) — Boutique et appartement des Raquin (salle à manger) — Passage du PontNeuf — Les quais — Appartement des Raquin (chambre de Thérèse) — Boutique et appartement des Raquin (chambre de Thérèse) — Passage du PontNeuf — Grenier de Laurent — Boutique et appartement des Raquin (chambre de Thérèse) — Grenier de Laurent Lieux principaux Temps « On était en décembre » Trois ans depuis l’arrivée de Laurent chez les Raquin « après plus d’une année » La nuit « Quinze mois se passèrent » Techniques narratives Sommaire : stratagèmes de Thérèse et de Laurent — Pause : explication du comportement des deux amants — Sommaire : justifications du mariage aux yeux de Thérèse/de Laurent Scène : hallucination et cauchemar de Laurent Sommaire : évolution de Thérèse/de Laurent NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 21 — Z27482THER — Rev 18.02 Thérèse Raquin 21 22 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme (8 p.) XXV (8 p.) XXIV (3 p.) XXIII (7 p.) XXII XXI Vers l’autodestruction Vers le mariage (12 p.) (suite) Chap. Personnages — Thérèse — Laurent — Camille — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi (Grivet, Michaud, Suzanne) — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi (Grivet, Michaud) — Un ami de Laurent Autres manifestations de la crise dans le couple : mise en place d’une double vie Réaction de Laurent face à la crise : retour à la peinture ; échec — Thérèse — Laurent — Camille — Laurent — Thérèse — Le chat François Camille Autres manifestations de la crise dans le couple : échec de la rébellion contre le spectre Premières manifestations de la crise dans le couple : la vie avec le spectre Nuit de noces : début de la crise au sein du couple Résumé Paris Paris Paris Paris Paris — Boutique des Raquin — Atelier de Laurent — Quais de la Seine — Boutique et appartement des Raquin (salle à manger, chambre) Appartement des Raquin (chambre de Thérèse) Boutique et appartement des Raquin (chambre) Boutique et appartement des Raquin (chambre) Lieux principaux Temps — « Au bout de quatre mois » — « Quatre années » depuis l’arrivée de Laurent aux chemins de fer — « près de dix-huit mois » depuis la mort de Camille — « Le printemps venait » « pendant trois semaines » — « les nuits suivantes » — « pendant plus de quinze jours » — « Il y avait près de deux ans [...] depuis le jour où Thérèse était venue rue SaintVictor » — « le soir des noces venait enfin d’arriver » — Sommaire : motivations de Laurent/évolution des qualités artistiques de Laurent — Description de l’atelier de Laurent Sommaire : les angoisses des habitués du jeudi – emplois du temps de Laurent/de Thérèse Sommaires : évolution physiologique de Laurent/de Thérèse – soirées du couple Techniques narratives NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 22 — Z27482THER — Rev 18.02 (8 p.) XXX (8 p.) XXIX (8 p.) XXVIII (5 p.) XXVII (9 p.) XXVI Chap. Vers l’autodestruction (suite) — — — — — — — — — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Suzanne — Le chat François Réaction du couple face à la crise : montée de la haine Réaction de Thérèse face à la crise : les faux remords Aggravation de la vie du couple (accablement) ; meurtre du chat François par Laurent Thérèse Laurent Camille Mme Raquin Thérèse Laurent Camille Mme Raquin — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi (Grivet, Michaud) Échec de la tentative de Mme Raquin pour dénoncer les criminels Personnages — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi (Grivet, Michaud) Paralysie de Mme Raquin ; révélation du crime Résumé Paris Paris Paris Paris Paris — Boutique et appartement des Raquin (salle à manger, chambre de Mme Raquin) — Passage du PontNeuf — Atelier de Laurent Boutique et appartement des Raquin (salle à manger, chambre de Mme Raquin) Boutique et appartement des Raquin (salle à manger, chambre) Boutique et appartement des Raquin (salle à manger, chambre de Mme Raquin) Boutique et appartement des Raquin (salle à manger, chambre, chambre de Mme Raquin) Lieux principaux Temps « Cinq mois environ après son mariage » — « pendant des heures entières » — « dix fois par jour » « trois ans » depuis le début de l’adultère « le jeudi suivant » « pendant plusieurs semaines » Techniques narratives Sommaires : évolution des protagonistes (Mme Raquin, Laurent, Thérèse) — Sommaire : manifestations du remords chez Thérèse — Scène : comédie du remords jouée à Laurent — Pause : explication du mécanisme de la haine — Sommaire : querelles des époux — Scène : dispute au sujet d’une carafe d’eau Scène : tentative de dénonciation de Mme Raquin Sommaire : journées et état d’esprit de Mme Raquin NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 23 — Z27482THER — Rev 18.02 Thérèse Raquin 23 24 Un roman du XIXe (5 p.) XXXII (9 p.) XXXI Chap. Situation finale Vers l’autodestruction (suite) Exécution du projet par un double suicide Échec de la plongée dans la débauche ; dégradation ultime des relations du couple ; nouveau projet de crime Résumé Personnages — Thérèse — Laurent — Camille — Mme Raquin — Les invités du jeudi (Grivet, Michaud, Suzanne) — Thérèse — Laurent — Mme Raquin — Les invités du jeudi Paris Paris Appartement des Raquin — Atelier de Laurent — Passage du PontNeuf — quartier Latin (rue Saint-André-desArts, rue Monsieurle-Prince, ancienne place St-Michel) — Boutique des Raquin Lieux principaux Temps — « le jeudi qui suivit » — « quatre ans » après l’instauration des « jeudis » — « pendant près de douze heures, jusqu’au lendemain vers midi » « Il y a quatre ans » Techniques narratives Scène : discussion de la dernière soirée du jeudi — Scène : discussion sur le thème de l’argent — Sommaire : évolution du couple NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 24 — Z27482THER — Rev 18.02 siècle – Le naturalisme NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 25 — Z27482THER — Rev 18.02 ■ Annexe 2 Ce passage constitue l’incipit du roman Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac (chapitre I, 1833) Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. Peut-être y a-t-il à la fois dans ces maisons et le silence du cloître et l’aridité des landes et les ossements des ruines : la vie et le mouvement y sont si tranquilles qu’un étranger les croirait inhabitées, s’il ne rencontrait tout à coup le regard pâle et froid d’une personne immobile dont la figure à demi monastique dépasse l’appui de la croisée, au bruit d’un pas inconnu. Ces principes de mélancolie existent dans la physionomie d’un logis situé à Saumur, au bout de la rue montueuse qui mène au château, par le haut de la ville. Cette rue, maintenant peu fréquentée, chaude en été, froide en hiver, obscure en quelques endroits, est remarquable par la sonorité de son petit pavé caillouteux, toujours propre et sec, par l’étroitesse de sa voie tortueuse, par la paix de ses maisons qui appartiennent à la vieille ville, et que dominent les remparts. Des habitations trois fois séculaires y sont encore solides quoique construites en bois, et leurs divers aspects contribuent à l’originalité qui recommande cette partie de Saumur à l’attention des antiquaires et des artistes. Il est difficile de passer devant ces maisons, sans admirer les énormes madriers dont les bouts sont taillés en figures bizarres et qui couronnent d’un bas-relief noir le rez-de-chaussée de la plupart d’entre elles. Ici, des pièces de bois transversales sont couvertes en ardoise et dessinent des lignes bleues sur les frêles murailles d’un logis terminé par un toit en colombage que les ans ont fait plier, dont les bardeaux pourris ont été tordus par l’action alternative de la pluie et du soleil. Là se présentent des appuis de fenêtre usés, noircis, dont les délicates sculptures se voient à peine, et qui semblent trop légers pour le pot d’argile brune d’où s’élancent les œillets ou les rosiers d’une pauvre ouvrière. Plus loin, c’est des portes garnies de clous énormes où le génie de nos ancêtres a laissé des hiéroglyphes domestiques dont le sens ne se retrouvera jamais. Tantôt un protestant y a signé sa foi, tantôt un ligueur y a maudit Henri IV. Quelque bourgeois y a gravé les Thérèse Raquin 25 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 26 — Z27482THER — Rev 18.02 insignes de sa noblesse de cloches, la gloire de son échevinage oublié. L’Histoire de France est là tout entière. ■ Annexe 3 Le récit de Maupassant, Le Horla (deuxième version, 1887), relate les hallucinations d’un homme obsédé par la présence mystérieuse d’un être surnaturel. 18 mai Je viens d’aller consulter mon médecin, car je ne pouvais plus dormir. Il m’a trouvé le pouls rapide, l’œil dilaté, les nerfs vibrants, mais sans aucun symptôme alarmant. Je dois me soumettre aux douches et boire du bromure de potassium. 25 mai Aucun changement ! Mon état, vraiment, est bizarre. À mesure qu’approche le soir, une inquiétude incompréhensible m’envahit, comme si la nuit cachait pour moi une menace terrible. Je dîne vite, puis j’essaye de lire ; mais je ne comprends pas les mots ; je distingue à peine les lettres. Je marche alors dans mon salon de long en large, sous l’oppression d’une crainte confuse et irrésistible, la crainte du sommeil et la crainte du lit. Vers dix heures, je monte donc dans ma chambre. À peine entré, je donne deux tours de clef, et je pousse les verrous ; j’ai peur... de quoi ?... Je ne redoutais rien jusqu’ici... j’ouvre mes armoires, je regarde sous mon lit ; j’écoute... j’écoute... quoi ? Est-ce étrange qu’un simple malaise, un trouble de la circulation peut-être, l’irritation d’un filet nerveux, un peu de congestion, une toute petite perturbation dans le fonctionnement si imparfait et si délicat de notre machine vivante, puisse faire un mélancolique du plus joyeux des hommes, et un poltron du plus brave ? Puis je me couche, et j’attends le sommeil comme on attendrait le bourreau. Je l’attends avec l’épouvante de sa venue ; et mon cœur bat, et mes jambes frémissent ; et tout mon corps tressaille dans la chaleur des draps, jusqu’au moment où je tombe tout à coup dans le repos, comme on tomberait pour s’y noyer, dans un gouffre d’eau stagnante. Je ne le sens pas venir, comme autrefois, ce sommeil perfide, 26 Un roman du XIXe siècle – Le naturalisme NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 27 — Z27482THER — Rev 18.02 caché près de moi, qui me guette, qui va me saisir par la tête, me fermer les yeux, m’anéantir. Je dors – longtemps – deux ou trois heures – puis un rêve – non – un cauchemar m’étreint. Je sens bien que je suis couché et que je dors... Je le sens et je le sais... et je sens aussi que quelqu’un s’approche de moi, me regarde, me palpe, monte sur mon lit, s’agenouille sur ma poitrine, me prend le cou entre ses mains et serre... serre... de toute sa force pour m’étrangler. Moi ? je me débats, lié par cette impuissance atroce, qui nous paralyse dans les songes ; je veux crier, – je ne peux pas ; – je veux remuer, – je ne peux pas ; – j’essaie, avec des efforts affreux, en haletant, de me tourner, de rejeter cet être qui m’écrase et qui m’étouffe, – je ne peux pas ! Et soudain, je m’éveille, affolé, couvert de sueur. J’allume une bougie. Je suis seul. Après cette crise, qui se renouvelle toutes les nuits, je dors enfin, avec calme, jusqu’à l’aurore. Thérèse Raquin 27 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 28 — Z27482THER — Rev 18.02 ■ Annexe 4 : analyse de Thérèse Raquin, film de Marcel Carné tiré du roman de Zola Domaines Éléments conservés de comparaison Éléments modifiés Les personnages Les traits physiques et mentaux des quatre protagonistes (Thérèse, Laurent, Camille, Mme Raquin) — Réduction du nombre des invités du jeudi à deux — Origines de Laurent (chauffeur italien et non employé de souche paysanne) — Psychologisation des personnages (Thérèse apparaît comme une victime ; Laurent comme amant dévoué ; Mme Raquin comme belle-mère tyrannique) — Présence anecdotique du chat Le cadre spatiotemporel Importance accordée à la boutique et à l’appartement — L’époque (les années 1950 et non le siècle) — Durée ramenée à quelques semaines (et non plusieurs années) — Le lieu de l’action (Lyon au lieu de Paris) L’action Les épisodes fondamentaux : — Le mariage arrangé de Camille et de Thérèse — Les soirées du jeudi — Le désir réciproque de Thérèse et de Camille — Le meurtre de Camille par Laurent — L’enquête qui s’achève par un nonlieu — La paralysie de Mme Raquin Les thèmes — La médiocrité de la petite-bourgeoisie — Le rapport Éros/Thanatos 28 Un roman du XIXe Éléments disparus Éléments ajoutés La généalogie de Thérèse — Le personnage de Riton — Nombreux personnages secondaires (domestique, patron de café...) — Les liens entre Camille et Laurent (amis de rencontre et non amis d’enfance) — Les circonstances du meurtre (dans un train et non dans un canot ; accident dû à la colère et non assassinat par noyade) — Reconnaissance du corps par Thérèse — Le maintien de la passion entre Thérèse et Laurent après le meurtre — La visite à la morgue — Le mariage de Laurent et de Thérèse — Les différentes tentatives pour échapper à l’image du mort — La tentative de dénonciation par Mme Raquin — Le double suicide final — Entrevue de Laurent avec Camille au sujet de Thérèse — Mise en place d’un stratagème par Camille pour reconquérir Thérèse — Le chantage de Riton — Révélation finale du meurtre par lettre au juge d’instruction La conception de l’amour (passion et non instinct bestial) — La référence à la théorie des tempéraments — La peinture — Les hallucinations La notion de la fatalité XIXe siècle – Le naturalisme NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 29 — Z27482THER — Rev 18.02 V. Orientations bibliographiques et filmographiques Sur les problématiques du roman ERMAN, Michel, Poétique du personnage de roman, Ellipses, 2006. MITTERAND, Henri, Le Discours du roman, PUF, 1980. RAIMOND, Michel, Le Roman, Armand Colin, 2000. Sur Zola Les biographies consacrées à Zola, particulièrement nombreuses, se réduiront volontairement à deux ouvrages de Colette Becker : BECKER, Colette, Zola en toutes lettres, Bordas, 1990. BECKER, Colette, Les Apprentissages de Zola : du poète romantique au romancier naturaliste, PUF, 1993. Pour une étude plus thématique, il peut être utile de consulter : BECKER, Colette, GOURDIN-SERVINIÈRE, Gina, LAVIELLE, Véronique, Le Dictionnaire d’Émile Zola (sa vie, son œuvre, son époque) suivi du Dictionnaire des « Rougon-Macquart », Robert Laffont, 1993. MORGAN, Owen, PAGÈS, Alain, Le Guide Émile Zola, Ellipses, 2002. Sur le naturalisme La sélection suivante est subjective et tient compte essentiellement de l’accessibilité des ouvrages : BAFARO, Georges, Le Roman réaliste et naturaliste, Ellipses, 1995. BECKER, Colette, Lire le réalisme et le naturalisme, Dunod, 1992. BECKER, Colette, Le Roman naturaliste, Bréal, 1999. GENGEMBRE, Gérard, Émile Zola, Écrits sur le roman naturaliste, Pocket, 1999. MITTERAND, Henri, Zola et le naturalisme, PUF, 1986. PAGÈS, Alain, Le Naturalisme, PUF, 1989. Sur Thérèse Raquin Même si le roman est célèbre, les analyses de fond restent moins nombreuses que pour la plupart des romans des Rougon-Macquart et surtout sont assez peu accessibles. Citons toutefois : BAFARO, Georges, « Le corps dans Thérèse Raquin », in Le Corps, Ellipses, 1992 (p. 99-105). Thérèse Raquin 29 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 21-02-08 11:09:00 127482KNI - Flammarion - Fiche pédagogique - Thérèse Raquin - Page 30 — Z27482THER — Rev 18.02 MOURAD, François-Marie, « Les composantes du drame dans le roman zolien : l’exemple de Thérèse Raquin et de La Bête humaine » (I), L’École des Lettres – second cycle, no 3, 15 septembre 1999 (p. 75-98). MOURAD, François-Marie, « Les composantes du drame dans le roman zolien : l’exemple de Thérèse Raquin et de La Bête humaine » (II), L’École des Lettres – second cycle, no 4, 1er octobre 1999 (p. 81-99). Filmographie Très tôt dans le XXe siècle, le roman a inspiré les cinéastes. Parmi les films les moins anciens, mentionnons : CARNÉ, Marcel, Thérèse Raquin, film franco-italien, 1953, avec Simone Signoret (Thérèse), Raf Vallone (Laurent), Georges Duby (Camille) et Sylvie (Mme Raquin). Le film obtint le Lion de SaintMarc au festival de Venise, en 1953. FEYDER, Jacques, Thérèse Raquin, film franco-allemand, 1928. L’adaptation cinématographique américaine de Charlie Stratton avec Glenn Close, Ludivine Sagnier, Gerard Butler et Giovanni Ribisi doit paraître courant 2008. Thierry CORBEAU.