" L`ESPACE domestiqué ou tout simplement "UNE MAISON pour
Transcription
" L`ESPACE domestiqué ou tout simplement "UNE MAISON pour
" L'ESPACE domestiqué ou tout simplement "UNE MAISON pour VIVRE." Exposé « Théorie d’atelier » ISA – 1996. " Les calculs sont une preuve, ils ne seront jamais un moyen. Le premier bâtisseur savait-il compter ? NON. En revanche il avait un but, une intention : celle de s'abriter. Cette nécessité est devenue bele, parce que cet homme avait sous ses yeux la nature et son ciel, la lumière et ses couleurs, les montagnes et leurs formes, les pierres et leur matière." Extrait des "Pierres Sauvage" de Fernand Pouillon. De tous temps, l'homme organise son environnement social et bâti. Il modèle son territoire par un ensemble d'actions mettant en place un cadre de vie, hiérarchisant ses rapports en société. La première approche de la société se fait au sein du cadre familial, qui est donc en soi la première cellule de société. Cette première approche de la vie se réalise dans un environnement social bien défini : la famille, qui permet d'appréhender les contraintes et les libertés de la vie. La famille est le lieu de communication et de refuge par excellence. Pour elle l'homme et la femme créent un environnement construit, reflet de leurs désirs d'être ensemble. La maison et son architecture en est un outil. Dans ce processus, l'architecture prend place à tous les niveaux tendant à définir des lieux et leur interaction à la vie en communauté. Elle hiérarchise et précise la relation entre les hommes et ce jusqu'à la relation entre l'homme et son environnement. Pour ce faire, il définit un espace qui est cerné ou délimité par une surface horizontale qui le protège et des surfaces verticales qui définissent son lieu par rapport à la vie sociale. Il définit cette espace comme domestique dont l'essence même est la vie en communauté. Et enfin cet espace doit être domestiqué, apprivoisé permettant aux hommes de se rencontrer, de dialoguer, de travailler, de se reposer, de se laver, de manger en un mot de "VIVRE". L'habitation est un espace domestiqué ou tout simplement "UNE MAISON POUR VIVRE". Et voilà le fondement même de notre travail : Créer avec les hommes des espaces pour vivre, dont le commun dénominateur, la référence, à toutes ces maisons, est qu'elles sont conçues pour des être humains. Le travail de conception, de mise en forme d'un programme doit respecter plusieurs étapes importantes propres au façonnement d'un lieu de vie, mais également de tout lieu public ou privé. Un des critères essentiels est la frontière plus ou moins significative selon les cas, entre la vie publique et la vie privée. Ce passage doit être une transition tout en finesse permettant un cheminement progressif vers l'intimité familiale. Cette transition sera conditionnée par le site, la culture, les rites et les modes de vie spécifiques à la famille. Toute relation entre l'espace public et l'espace privé, ou entre l'intérieur et l'extérieur procède de la notion de transition, de durée que l'on pourrait appeler " Le temps de l'accueil". Cet accueil aménage à la fois séparation et liaison ou en d'autres termes, différenciation et transition, interruption et continuité, frontière et passage. La mise en évidence de ce "temps de l'accueil" permet à toute personne pénétrant dans la maison de se transformer petit à petit d'un individu appartenant à la société en un homme ayant une identité. Le logement est une entité formée de lieux de caractères différents et devant répondre à des fonctionnements spécifiques; plusieurs grilles de lectures et/ou grille de composition sont possibles. Je vous propose de vous en détailler une, se basant sur trois critères dont les synergies entre eux sont indispensables. • • • L'ORGANISATION des fonctions. LES ESPACES DE VIE. LES COMMUNICATIONS. 1. L'ORGANISATION et l'implantation des fonctions dans une maison doit mettre en évidence la lecture entre les espaces "SERVANT", tels que service, commun, sanitaire, et les espaces "SERVI", tels que les lieux de séjour, de repos, de travail, etc… Cette organisation doit permettre, par la circulation interne, à hiérarchiser ces espaces. Les déplacements entre les différents lieux de la maison peuvent devenir un parcours, une promenade ponctuée par une suite de séquences de sensibilités différentes. Le parcours permet de se situer dans un environnement. Cette dynamique peut s'associer à des actions telle que : se promener, passer, pénétrer, traverser, découvrir, entrer et sortir, s'arrêter et continuer, etc… La circulation s'assimile à un changement établissant des points de repère. 2. Les ESPACE de VIE et l'expression de ses limites doivent mettre en évidences la fusion, la gradation, la juxtaposition, le contraste, le dialogue, l'intersection entre des espaces de vie relative à des fonctions similaires, complémentaires ou différentes. Les limites, telles le sol, les murs, le plafond, permettent de préciser le caractère propre d'espace personnel ou collectif : d'espace intérieur ou extérieur, etc… • Le SOL a une valeur pragmatique : la gravité lui confère un rôle lié à l'idée de support de la vie et des choses. • Le mur a une valeur structurante, qui guide nos déplacements, renferme nos activités, nous accueille, nous fait passer d'un lieu à un autre. Les murs séparent et structurent l'espace architecturale ; Ils délimitent, protègent et de ce fait nous permette de DEMEURER. • Le plafond est à la fois l'opposer et le "complice" du sol. Il est pragmatique par son rôle d'abriter mais représente également des significations plus métaphysiques. 3. La COMMUNICATION au sein même de la maison met en évidence, par les relations visuelles, le contact entre des lieux de statuts différents. Ce travail permet de créer des espaces ouverts ou fermés, introvertis ou extravertis, des lieux qui se situent en dialogue avec l'extérieur. ANALYSE Le travail présente l'analyse de cinq maisons du vingtième siècle construites à des époques différentes et selon des programmes, des modes de vie et des sites caractéristique : • • • • • La "HIL house" par Ch.R. MACKINTOCH en 1902 à Glasgow. La "petite maison" par Le Corbusier pour ses parents en 1925 à Vevey. La maison MULLER par A. LOOS en 1929 à Prague. La première "maison JACOBS" par F.L. WRIGHT en 1936 à Madisson. La "maison BIANCHETTI" par L. SNOZZI en 1975 à Locarno. Je tenterai, aux travers de ces exemples de vous faire découvrir les articulations architectoniques propres à chaque projet et d'en faire la synthèse spécifique à chaque démarche. Sans oublier que l'architecture a une valeur poétique au travers de parcours, de gestes qui créent une succession de sensations. Elle doit aussi être source de plaisirs; plaisir de regarder, de toucher, de parcourir et de vivre. CONCLUSION Toutes ces maisons se caractérisent par la recherche et l'étude du lieu comme support d'identité de l'habitat. Toutefois, l'environnement construit n'est pas le seul à gérer notre sens de l'identité ; gestes et rituels, habillement et objet, langage et bien d'autres indices sont souvent aussi importants. Mais la forme architecturale avec le lieu qu'elle délimite, joue un rôle important en entravant ou en renforçant notre sens de l'identité. D'autres part, il est fondamental qu'en plus des exigences fonctionnelles, le logement ait une personnalité, une identité, voir du caractère qui stimule une prise en charge par ses habitants. Pour qu'un logement se transforme en foyer, l'homme doit pouvoir y développer des lieux affectifs à son égard et surtout se les appropriés. © Christophe GILLIS , architecte / Sofam – 01. 1996.