L`œil de l`insuffisant rénal chronique - Les Quinze
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L`œil de l`insuffisant rénal chronique - Les Quinze
médical L’œil de l’insuffisant rénal chronique Rencontre avec le Dr Sylvie Feldman-Billard, diabétologue au Centre hospitalier national d'ophtalmologie (CHNO) des Quinze-Vingts et le Dr Sarah Ayello-Scheer ophtalmologiste au CHNO des Quinze-Vingts Même s’il n’existe pas de lien direct entre insuffisance rénale et problèmes oculaires, ces derniers sont récurrents chez les personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique. Plusieurs facteurs sont en cause, en premier lieu le diabète et dans tous les cas une bonne prévention peut permettre d’éviter des complications. Voici un panel des pathologies oculaires les plus fréquemment rencontrées chez des personnes dialysées ou greffées. La rétinopathie diabétique Rappels sur le diabète Défini par la présence d'une hyperglycémie chronique (glycémie à jeun ≥ 1,26 g/l ou 7 mmol/l), le diabète représente un véritable défi de santé publique. En effet, nous devons aujourd’hui faire face à une explosion épidémique du diabète, conséquence du vieillissement de la population mais aussi du changement du mode de vie favorisant obésité et sédentarité. La France comptait près de 3,5 millions de personnes diabétiques en 2011 et ce chiffre doublera probablement dans les dix à vingt prochaines années. En outre, entre 600 000 et 800 000 patients supplémentaires sont diabétiques mais l’ignorent. de l’œil, un grand nombre de cas de cécité aurait été évité car il existe des traitements. Ainsi, de nombreux messages préventifs au regard du risque de ces complications doivent être transmis en consultation, notamment celui concernant la nécessité d’un suivi ophtalmologique annuel (dépistage et traitement des lésions le cas échéant). La macula est le centre de la rétine, elle joue un rôle essentiel dans la vision, c’est elle qui nous permet de lire et de voir les couleurs. Dans le diabète, cette macula s’épaissit, c’est ce que l’on appelle l’œdème maculaire. Il se manifeste par une dégradation de la vision centrale (scotome central) qui se traduit par une incapacité à lire ou à reconnaître des visages. On a beaucoup de mal à le traiter actuellement. Le diabète tire sa gravité de ses complications. En effet, l’excès de sucre en permanence dans le sang abîme les petits ("microangiopathie") et les gros vaisseaux ("macroangiopathie"). Le diabète représente ainsi la première cause de cécité chez les patients âgés de moins de 50 ans dans les pays développés, de mise en dialyse et d’amputation non-traumatique (source : OMS). Le risque d’accident vasculaire cérébral et cardiaque est aussi majoré. La rétinopathie diabétique, complication spécifique du diabète, est liée à l’atteinte des petits vaisseaux de la rétine. Elle concerne environ un tiers des patients diabétiques soit près de cent millions de patients dans le monde. En l’absence de traitement spécifique, elle peut être responsable d’une baisse visuelle handicapante (10 % environ des patients seront concernés) liée soit à un œdème maculaire entraînant une baisse progressive de la vision centrale soit à une complication de la rétinopathie proliférante (hémorragie intra-vitréenne, décollement de la rétine et glaucome néovasculaire). Cependant, cette perte de vision ne survient qu'après une longue période d'évolution silencieuse. En effet, la rétinopathie diabétique ne se manifeste dans ses premiers stades par aucun symptôme ni aucune douleur. Les signes n’apparaissent qu’au stade de complications et la prise en charge est alors trop tardive. Or, si ces personnes avaient bénéficié d’un dépistage, avec au minimum une photographie du fond Décembre 2013 - Revue FNAIR n°136 16 Scotome central Quels sont les facteurs favorisant l’apparition d’une rétinopathie diabétique ? Les principaux déterminants de la rétinopathie diabétique sont la durée du diabète et le mauvais contrôle glycémique. Ainsi, plus longue est la durée du diabète, plus le risque de développer une rétinopathie est important. De même, plus la glycémie est élevée, plus le risque de survenue ou d’aggravation de cette rétinopathie est fort. Pour évaluer le contrôle du diabète, on mesure le taux ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE Des progrès majeurs dans la prise en charge du patient diabétique La prise en charge du diabète s’est considérablement améliorée dans les 30 dernières années, notamment pour les patients diabétiques de type 1 (autosurveillance de la glycémie, stylos injecteurs d’insuline, pompe à insuline, etc.). Cela a contribué à l’amélioration du contrôle glycémique chez ces patients et en témoigne aujourd’hui la diminution du nombre de patients diabétiques de type 1 atteints de rétinopathie grave (proliférante). « La prise en charge du diabète a évolué. Il y a une trentaine d’années, le test pour contrôler le diabète était urinaire. Aujourd’hui, la surveillance quotidienne du diabète se fait à partir d’une goutte de sang prélevé au bout du doigt (autosurveillance glycémique capillaire) avec un lecteur de glycémie. Les patients ont ainsi plus d’outils à leur disposition pour améliorer le contrôle de leur diabète et réduire leur risque de complications. Cependant, tant que les complications ne sont présentes, la crainte d’en être atteint reste dans le domaine de l’abstrait. Mais, lorsque survient une baisse visuelle liée à une complication oculaire du diabète, le patient prend brutalement conscience de la gravité du diabète et de ses complications. Il s’agit souvent d’un tournant dans la maladie. Le patient est alors très motivé pour contrôler son diabète en espérant améliorer parallèlement sa vision », note le Dr Feldman-Billard. « Les plus gros progrès concernent la prise en charge de l’hypertension artérielle et du contrôle glycémique, confirme le Dr Ayello-Scheer. Mais ce n’est pas encore assez. Nous recevons en moyenne 120 personnes malades chaque jour aux urgences des Quinze-Vingts (hôpital situé à Paris, ndlr) et nous voyons encore beaucoup trop de patients diabétiques n’ayant encore jamais eu d’examen ophtalmologique et arrivant au stade de décompensation de leur rétinopathie, c’est-à-dire avec déjà une baisse de leur vision. Nous devons avoir au moins un cas de ce type par semaine. A Paris en 2013, c’est encore beaucoup trop ». Pour réduire le risque de rétinopathie diabétique, il faut contrôler la glycémie ainsi que la pression artérielle et surtout dépister la rétinopathie diabétique. Un diagnostic précoce de la rétinopathie diabétique permettra de la traiter plus précocement (laser, injections dans l’œil dites intravitréennes), mais surtout d’éviter son aggravation en contrôlant mieux les facteurs métaboliques. Ces injections dont le but est d’assécher l’œdème se font au rythme d’une tous les mois pendant au moins 3 mois. Avec ces thérapeutiques spécifiques actuelles, nous pouvons espérer stabiliser la rétinopathie diabétique, mais malheureusement on ne revient que très rarement en arrière. Hypertension artérielle et problèmes oculaires Un patient atteint d’une rétinopathie diabétique, et a fortiori d’un œdème maculaire (première cause de malvoyance chez les patients diabétiques) a très souvent une hypertension artérielle associée. Dans la majorité des cas, le contrôle tensionnel n’est pas optimal compte tenu de l’atteinte oculaire. En effet, l’objectif requis chez le patient diabétique atteint d’œdème maculaire est une pression artérielle inférieure à 130/80 mmHg toute la journée. « Les chiffres acceptés par d’autres spécialistes peuvent être supérieurs chez les patients diabétiques à ceux que nous, ophtalmologistes, préconisons lorsqu’il existe une rétinopathie et/ou un œdème maculaire, observe le Dr Ayello Scheer. Pour nous ophtalmologistes, l’objectif est strict : il doit être inférieur à 130/80 mmHg ». L’œdème maculaire ne se manifeste par aucun symptôme au départ, puis par une baisse de la vision. Or, avant cette baisse visuelle, on peut observer les lésions par un examen ophtalmologique annuel (fond d’œil) et prévenir une aggravation en améliorant le contrôle de l’hypertension artérielle. Chez un patient atteint d’œdème maculaire et d’une hypertension artérielle non contrôlée, le traitement de l’œdème seul par des injections ou du laser par exemple, ne sera pas efficace, sans l’associer à l’amélioration de l’équilibre de la pression artérielle. Existe-t-il un lien entre hypertension artérielle et hypertension oculaire ? Non, il n’en existe aucun. Le terme d’hypertension oculaire est d’ailleurs faux, on parle d’hypertonie oculaire. L’hypertension artérielle correspond à la pression du sang dans nos artères. La tension oculaire mesure quant à elle l’équilibre des pressions entre ce qui est sécrété par l’œil et réabsorbé par l’œil. On peut avoir une hypertension artérielle et ne pas avoir d’hypertonie oculaire. On peut également avoir une hypertonie oculaire (facteur de risque majeur de survenue du glaucome) sans avoir d’hypertension artérielle. Ce sont deux choses totalement indépendantes. 17 Décembre 2013 - Revue FNAIR n°136 médical d’hémoglobine glyquée (HbA1c) qui reflète la moyenne des glycémies sur les deux à trois derniers mois. Plus ce taux est élevé, plus le risque de développer une rétinopathie est grand. L’hypertension artérielle joue aussi un rôle indiscutable dans les complications microvasculaires du diabète, aussi bien dans la rétinopathie que dans la néphropathie diabétique. L’hypertension artérielle aggrave la rétinopathie diabétique et peut être responsable d’autres complications oculaires. Les hypertendus ont en effet plus de complications oculaires que la population générale. Mais, si la durée et le type du diabète (le risque de rétinopathie diabétique est plus important chez les patients diabétiques de type 1) sont des facteurs sur lesquels il est difficile d’agir, contrôler la glycémie et la pression artérielle est tout à fait possible. Toutes les études publiées aujourd’hui confirment le rôle primordial du contrôle du diabète et de la pression artérielle pour réduire le développement et la progression de la rétinopathie diabétique. Enfin, des facteurs génétiques de prédisposition à la rétinopathie diabétique existent certainement mais ils n’ont pas encore été identifiés à ce jour. Ainsi, le meilleur moyen de prévenir la survenue ou l’aggravation de la rétinopathie diabétique est de maintenir un bon équilibre de la glycémie (HbA1c < 7%) et de la pression artérielle (PA < 130/80 mmHg) dès le diagnostic du diabète couplé à une surveillance annuelle du fond d’œil. Ces objectifs sont, bien entendu, à moduler en fonction de l’âge et des pathologies associées. médical Danielle, 63 ans, greffée depuis 18 ans « Ma rétinopathie hypertensive est survenue en 1978. Je travaillais à mon bureau à Paris, et j’ai commencé à voir comme des "petites mouches" dans mes yeux. J’avais une hypertension artérielle depuis longtemps mais l’ophtalmologiste que je suis allé consulter et qui m’a diagnostiqué une rétinopathie hypertensive m’a dit que ce n’était pas lié. Ils m’ont fait des séances de laser pour cautériser les vaisseaux qui saignaient et je suis retourné travailler après 3 ou 4 mois. Depuis 1978, je ne vois plus du tout de l’œil droit, j’ai une grande tache noire qui couvre tout mon champ de vision et j’ai une petite tache centrale à l’œil gauche qui est très gênante. Je ne vois pas les gens de face, je les aperçois de côté ou par en-dessous ». Le glaucome Le glaucome touche environ 1% de la population âgée de plus de 40 ans et constitue la seconde cause de cécité dans les pays développés. Il en existe communément trois types : - Le glaucome chronique à angle ouvert qui est asymptomatique, qui ne fait pas mal et que l’on doit aussi dépister. Ce glaucome se manifeste par une tension oculaire élevée (hypertonie oculaire) qui va atteindre le nerf optique et altérer le champ visuel. C’est une maladie indépendante du diabète, mais on peut tout à fait avoir une rétinopathie diabétique et un glaucome chronique à angle ouvert. - Le glaucome par fermeture de l’angle : lié à une anomalie anatomique de l’œil, il se manifeste de façon brutale, avec une baisse brutale de la vision, associée à un œil rouge et douloureux. Une consultation en urgence spécialisée s’impose. - Le glaucome néovasculaire qui peut être directement lié au diabète. C’est une complication de la rétinopathie diabétique qui est venue obturer les voies d’évacuation de l’eau de l’œil et qui entraîne une hypertonie oculaire d’apparition rapidement progressive mais qui est très importante, très douloureuse et qui est une source de cécité à très court terme. C’est la complication la plus extrême de la rétinopathie diabétique. Des risques de cataracte chez les greffés Utilisé comme traitement antirejet, la cortisone provoque des risques de cataracte (opacification du cristallin). « De tels traitements peuvent donner une hypertonie oculaire intra-oculaire, même après quelques jours de prise et une cataracte pour les prises prolongées et chroniques », indique le Dr Jean-Antoine Bernard, ophtalmologue. Pour le Dr Ayello-Scheer, « tout patient traité par des corticoïdes au long cours va présenter une cataracte plus précoce qu’un autre patient. Cependant, opérer la cataracte chez le patient diabétique est toujours plus délicat que chez un patient non diabétique, car cela peut aggraver la rétinopathie diabétique sous-jacente (nécessité d’un fond d’œil avant toute chirurgie ophtalmologique). Le patient diabétique a aussi plus de risque de développer un œdème maculaire par la suite. Témoignage de Gérard, 65 ans, greffé depuis bientôt 1 an « Mon problème de cataracte est apparu un mois après ma greffe et la prise de cortisone. J’ai commencé à voir les objets de manière plus floue, la "mise au point" se faisait plus lentement, j’avais besoin d’un meilleur éclairage pour y voir clair et de zoomer les textes que je lisais sur ordinateur. En somme, ma vue baissait (de 10/10 e à 6/10 e). Il y a une seule chose à faire dans ces cas-là : une opération chirurgicale très courante (faite en ambulatoire dans la journée) qui consiste à enlever le cristallin opacifié et à le remplacer par un implant synthétique. Ces implants ont beaucoup progressé. On m’a demandé en prévision de l’opération si je souhaitais avoir un cristallin pour une vision de loin ou de près. Je dois maintenant choisir. Je sais aussi qu’il existe maintenant de nouveaux implants progressifs multifocaux utilisés pour corriger la presbytie et qui permettent de se passer de lunettes ». Comme le rappelle le Dr Sarah Ayello-Scheer, les implants multifocaux sont contre-indiqués actuellement chez les diabétiques car s’ils font un œdème maculaire leur implant aggravera encore la gêne visuelle. L’ophtalmologie, grande absente du parcours de soins des patients insuffisants rénaux chroniques Au travers du témoignage de nombreuses personnes en insuffisance rénale chronique (IRC), nous nous sommes rendu compte que les problèmes oculaires concernaient une majorité d’entre eux, mais que la consultation avec un ophtalmologiste n’était pas prévue dans le parcours de soins des personnes en IRC. C’est souvent le patient lui-même qui en est à l’initiative lorsque les premiers symptômes d’une pathologie oculaire se manifestent. Dans le cadre de la Stratégie nationale de santé, il a été décidé que l’insuffisance rénale chronique servirait d’expérience-pilote pour ces parcours de soins. Aussi, la FNAIR est actuellement en discussion avec la direction des assurés de l’Assurance maladie pour que les lignes bougent et qu’enfin l’œil de la personne insuffisante rénale chronique devienne une véritable préoccupation, à l’instar du pied du diabétique. Le point de vue de la diabétologue (Dr Sylvie Feldman-Billard) « Les patients diabétiques n’auront pas tous heureusement des complications et ceux atteints de rétinopathie n’auront pas pour autant une néphropathie associée. En revanche, lorsqu’un patient diabétique est dialysé pour une complication rénale liée au diabète, une rétinopathie est associée dans la grande majorité des cas et justifie d’une surveillance ohptalmologique étroite. Les patients que je reçois en consultation de diabétologie peuvent aussi être atteints d’insuffisance rénale chronique sans avoir une rétinopathie diabétique connue. D’autres atteintes oculaires peuvent coexister. Ainsi, il me parait essentiel que les patients en IRC et/ou dialysés bénéficient d’une surveillance ophtalmologique et que s’établisse une collaboration étroite entre le diabétologue, le néphrologue et l’ophtalmologiste ». Décembre 2013 - Revue FNAIR n°136 18 ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE « Nous insistons souvent auprès des cardiologues et des néphrologues sur la nécessité de réaliser un holter tensionnel (mesure de la pression artérielle sur 24 heures) pour dépister une hypertension artérielle méconnue (parce que nocturne, par exemple). Mes correspondants sont des diabétologues et rarement des néphrologues et peu de patients me sont adressés par des néphrologues. Les relations directes entre néphrologues et ophtalmologistes sont rares et c’est vraiment dommage ! J’ai plusieurs patients devenus aveugles alors qu’ils étaient atteints d’IRC liée à leur diabète et d’une hypertension artérielle. A cause de l’IRC, il est difficile de faire baisser la pression artérielle… jusqu’à ce que le patient soit dialysé. Le néphrologue débutera la dialyse le plus tard possible, ce qui est compréhensible. Mais sur le plan oculaire, à cause de l’hypertension artérielle difficilement contrôlée, la rétinopathie diabétique ou l’œdème maculaire continue de s’aggraver et peut aboutir à la perte de la vision. J’ai été confrontée à plusieurs cas comme ceux-là, et surtout chez des jeunes. Je me souviens en particulier d’un jeune patient qui avait une maculopathie gravissime. Dès qu’il a été dialysé, l’œdème maculaire s’est très vite asséché mais il était trop tard. Il faut donc développer une collaboration plus rapprochée entre les différents spécialistes qui prennent en charge le patient diabétique. Il faudrait que l’indication de la dialyse puisse être un œdème maculaire réfractaire et à haut risque de cécité à cause de l’hypertension artérielle. Bien sûr, le passage à la dialyse est un cap difficile à franchir mais la répercussion psychologique d’une cécité doit aussi être prise en compte. » Vincent, 51 ans, dialysé : « la maladie rénale est invalidante, la cécité est handicapante » Vincent est atteint d’une maladie génétique rare qui touche 1 personne sur 1 million : le syndrome de Senior-Loken qui se caractérise à la fois par une atteinte rénale et une atteinte oculaire. Mais « néphrologues et ophtalmologues connaissent mal cette maladie », reconnaît-il. Vincent a aujourd’hui 51 ans et il est actuellement dialysé. « Je suis en France le plus vieux survivant de cette pathologie ». Suite à l’évolution de sa pathologie et à des complications médicales (infection à CMV), il a fini par perdre la totalité de sa vision en 2003. « J’ai alors dû apprendre l’informatique en 3 ans, à être accompagné d’un chien guide ». Père de triplés de 14 ans (2 garçons et une fille) sa vie est un combat contre le handicap. « La non-voyance est pire que l’atteinte rénale. La maladie rénale est invalidante, la cécité est handicapante ». Dans la vie de tous les jours, plusieurs "petites choses" l’agacent : « en dialyse, le personnel ne se présente jamais quand il entre dans la chambre. Je leur lance alors : « Moi c ‘est Vincent, et vous ? ». Avec ma cécité, je n’ai plus le contrôle sur mes soins. Je me demande souvent ce que me font les soignants. Autre chose qui m’agace. Dans la rue, tous ces gens qui ne viennent parler qu’à mon chien : « Oh, comme il est beau ! » J’en joue, je leur réponds « merci, c’est gentil ! ». 19 Décembre 2013 - Revue FNAIR n°136 médical Le point de vue de l’ophtalmologiste (Dr Sarah Ayello-Scheer)