Cazeneuve tente d`apaiser la grogne des policiers

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Cazeneuve tente d`apaiser la grogne des policiers
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Lu pour Vous
Cazeneuve tente d’apaiser
la grogne des policiers
Le ministre, confronté au malaise des CRS,
veut notamment alléger la charge de travail
procédural liée à la réforme pénale.
Une « feuille de route » pour l’année 2015, dévoilée le
8 avril… Soit en pleine grogne syndicale chez les CRS,
dont certains se font porter pâles pour exprimer leur
exaspération face au surcroît de travail du plan antiattentats. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve,
a choisi son moment pour écrire aux patrons des grandes
organisations syndicales de la police nationale, et ce,
pour chacun des corps, gradés et gardiens, officiers,
commissaires. Par ce courrier, qui se veut personnalisé, il
aimerait leur dire en substance : « Je vous ai compris ! »
Sur la réforme Taubira, par exemple, le premier flic
de France adresse aux syndicats très critiques un
message de soutien à peine voilé : « Nous avons eu
l’occasion d’échanger sur les conséquences des réformes
successives de la procédure pénale qui s’est traduite par
un alourdissement de la charge de travail des enquêteurs.
Je suis comme vous très sensible à cette thématique et je
souhaite que nous puissions arrêter avec la ­Chancellerie,
avant le terme de cette année, les initiatives à prendre
pour alléger et simplifier la tâche des fonctionnaires de
police. »
Il ne franchira pas la ligne cependant et annonce
simplement la constitution d’un « groupe de
travail commun » entre son cabinet, celui de sa collègue
de la Justice et les directions concernées, pour « expertiser
» diverses propositions et « définir les calendriers ». La loi
sur ce point ne risque pas d’évoluer.
Le discours se fait parfois un peu technocratique, mais
entre deux circonvolutions, des lignes directrices fusent.
« De véritables postes de chefs de service devront revenir
aux officiers, tandis que des postes de lieutenants de
police seront transférés à des gradés expérimentés »,
écrit le ministre.
C’est bien la politique mise en place depuis vingt ans
qui se poursuit à cet égard, dans le prolongement de
la réforme des corps et carrières. « Une philosophie
qui responsabilise la base certes, mais qui a contribué
à affaiblir l’autorité hiérarchique, en coupant peu à peu
Le Bureau National
les commissaires du terrain pour en faire de simples
gestionnaires », regrette un grand flic de police judiciaire.
Autre annonce du ministre : « une dizaine de sites pilotes
» seront choisis, pour expérimenter durant six mois,
à compter du 1er septembre, de « nouveaux cycles de
travail » dans les services. Au fil des réformes, il est vrai,
la police est devenue, selon le Syndicat indépendant des
commissaires de police (SICPN), une « machine à fabriquer
du temps dû ». Un système aberrant qui implique que
pour tenir un emploi de voie publique 24 heures durant,
il faut neuf agents !
Bernard Cazeneuve s’attaque donc là à un sujet sensible.
Prudent comme un chat, il ne promet rien toutefois, si ce
n’est que son administration va réfléchir sans délai aux «
problématiques lourdes ». Sur la « prévention des suicides
et des risques psychosociaux », il écrit : « Je vais présider
personnellement deux réunions de suivi, en mai et
novembre prochains. » Sur les primes et autres avantages
que gradés et gardiens de la paix veulent conserver ou
améliorer, il promet des avancées. La Cour des comptes
s’était étonnée que les policiers bénéficient d’une carte
de transport gratuite en Ile-de-France notamment…
Des « réflexions de fond » seront menées, assure-t-il, sur
« les modalités d’emploi des forces mobiles », avec une
ouverture timide sur une éventuelle augmentation de la
prime de déplacement des CRS. Réflexion promise aussi
sur « l’usage des armes » qui pénaliserait les policiers par
rapport aux gendarmes. Déjà, les syndicats apprécient la
démarche.
Mais Jean-Claude Delage, le patron d’Alliance
(majoritaire), prévient : « L’État doit maintenant passer
des paroles aux actes. Car si les policiers devaient
avoir le sentiment que rien ne bouge, ils pourraient
bientôt retourner manifester dans la rue un malaise
grandissant. »
L’hôte de Beauvau a malgré tout marqué un point en
acceptant le débat sur des questions délicates.
www.alliancepn.fr & www.facebook.com/alliancepolicenationale
10 avril 2015

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