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MARCHÉS & PRODUITS PAGE 12 jeudi 13 novembre 2014 Les forces et faiblesses des stratégies possibles DIVIDENDES. zCapital prône par conséquent une combinaison des approches «value» et «growth» dans les actions suisses. Bien plus attractives que les obligations. A défaut d’une nette reprise économique de la zone euro, la fin de la phase actuelle de bas taux d’intérêt n’est pas prévisible. De ce fait, les placements obligataires restent peu attractifs. Dans ce contexte, zCapital estime qu’investir dans de solides actions suisses à dividendes constitue une solution de rechange attractive pour les investisseurs orientés sur les valeurs défensives. Mais les différentes approches possibles ont chacune leurs points forts et leurs faiblesses. zCapital estime par conséquent que c’est la combinaison des approches «growth» et «value», soutenue par une analyse fondée des entreprises, qui offre les meilleures perspectives. Actuellement, le dividende moyen sur le marché suisse des actions (SPI) s’élève à un peu plus de 3%, donc nettement supérieur à celui des emprunts d’Etat (0,4%). Mais un investissement en actions doit aussi receler un potentiel de hausse du capital. Or en comparaison internationale, les actions suisses comptent un grand nombre d’entreprises cheffes de file dans leurs métiers, avec des parts de marchés élevées. Ce qui leur procure une certaine capacité à déterminer le niveau des prix en secrétant des flux de fonds substantiels. Pourtant si un secteur d’activités fait face à d’importants investissements ou à des mutations majeures, il est exposé à une réduction de ces dividendes. C’est le cas des distributeurs d’électricité confrontés au tournant énergétique et qui, de ce fait, doivent investir. Il en va de même pour le secteur bancaire, même s’il génère des cash flows historiques élevés et verse des dividendes attractifs. D’où un potentiel de dividendes limité pour l’instant. Faisant référence à la stratégie dite Dogs of the Dow aux Etats-Unis, zCapital avertit que des rendements de dividendes très élevés peuvent aussi servir d’avertissement, par exemple après une forte correction du titre consécutive à une chute du bénéfice ou à des problèmes commerciaux. Transocean, Valora ou Walter Meier illustrent ce cas. Une analyse détaillée de l’entreprise est donc incontournable. L’approche «value» des dividendes met l’accent sur la continuité des versements. Exemples: Mobilezone, BCV et Schweiter. Une troisième approche «growth» cible le potentiel de croissance continue des dividendes. Sur le marché suisse, Givaudan, Syngenta et Partners Group illustrent cette approche dont le champion est Nestlé, avec des dividendes stables ou en hausse depuis plus de 50 ans. (PK) La formation d’une bulle L’écart entre le PIB et les taux d’intérêt est tel qu’il alimente une bulle sur les actifs financiers et immobiliers. EMMANUEL FERRY* INDICATEURS DE BULLE FINANCIÈRE AUX ETATS-UNIS e Le 85 anniversaire du Krach de 1929 est passé relativement inaperçu. Le jeudi 24 octobre 1929, le marché ouvrait en baisse de 11%. Au total, l’indice Dow Jones allait perdre près de 90% entre 1929 et 1932, effaçant 30 ans d’appréciation du capital. Aujourd’hui, c’est le nouveau cycle haussier des marchés qui domine les esprits. Durant la période qui sépare le début du QE de la Fed en mars 2009 et l’introduction en bourse de la société Alibaba le 18 septembre 2014, les S&P500 a progressé de 21% en moyenne annuelle, contre une performance médiane de 15% durant les précédents marchés haussiers. L’écart positif entre la croissance nominale du PIB des Etats-Unis (4,0% en tendance) et les taux d’intérêt (0,25% pour les taux des Fed Funds, 2,50% pour les taux à 10 ans en moyenne depuis le début de l’année) est tel qu’il alimente une bulle sur les actifs financiers et immobiliers. L’objectif de la Fed a été atteint: la reflation massive a permis de reconstituer la solvabilité des ménages, dont la richesse nette est désormais 20% au dessus du pic de 2007 à USD 81.500Md (mais toujours légèrement en dessous rapportée au revenu disponible). A chaque fois que la Fed a maintenu durablement ses taux directeurs nettement en dessous du rythme de croissance de l’économie, la sphère financière a connu une hypertrophie (bulle asiatique en 1996-97, bulle TMT en 2000, bulle du crédit en 2007). L’épisode actuel est particulièrement long et intense, puisque le différentiel croissance nominale/Fed Funds est à 4% depuis 2010. Cela a conduit au 4e marché cyclique haussier de l’après-guerre pour les Actions américaines (67 mois, +190% de hausse cumulée pour le S&P500). Dans six mois, il devrait Valorisation ajustée du risque PE / VIX Valorisation économique Capitalisation boursière / PIB actuel 2007 1,2 1,5 2000 1,3 123% 112% 154% Valorisation relative des Midcaps EV/EBIT Russell 2000 / Russell 1000 1,6x 1,4x 1,1 Dette des entreprises Dette nette / EBITDA (mediane) 1,1x 0,9x 1,4x Appels de marges au NYSE NYSE net margin debt, USD Md Fusions & Acquisitions Volume annuel de transactions, USD Md 330 260 193 3.000 3.982 3.168 Banque Pâris Bertrand Sturdza SA passer en 3e position, derrière celui des années 1949-56 et 19882000. L’expansion des multiples de valorisation explique 60% de la performance. Sans surprise, les valorisations commencent à montrer des signes de tension: le ratio valeur d’entreprise/excédent brut d’exploitation (EV / EBITDA) ressort en médiane à 10,5x, un niveau similaire à ce qui prévalait en 2007 et 2000. Le P/E glissant est à 17,4x et le P/E ajusté du cycle de 24,8x. La valorisation donne une information partielle et ne peut pas constituer un élément suffisant de la prise de décision dans la mesure où le propre des bulles d’actifs est de connaître des phases de sur-ajustements durables. C’est la combinaison entre des valorisations élevées et un excès de confiance qui accroît la vulnérabilité des marchés. Plusieurs critères permettent de mesurer le degré d’intensité d’excès de confiance dans le système financier. La valorisation est un concept relatif mais des approches structurelles permettent d’identifier des zones de surchauffe. Le P/E ajusté du risque (PE / VIX) avait atteint cet été le seuil de 1,5, qui correspond historiquement à une phase de mania, résultant d’une valorisation élevée et surtout d’un coût du risque particulièrement bas (le VIX était retombé à 10 début juillet). Une mesure moins tactique et plus structurelle est le niveau de capitalisation boursière (hors financières) rapporté au PIB. Ce ra- USA: CAPITALISATION BOURSIÈRE HORS FINANCIÈRES tio est désormais à 123%, soit deux écart-types au dessus de la moyenne de long terme (68% depuis 1950, 76% depuis 1980). Enfin, la valorisation du segment des valeurs moyennes a souvent été un indicateur avancé de surchauffe. Le P/E prospectif de l’indice Russell 2000 ressort aujourd’hui à 18,1x (en retraitant des résultats négatifs). La valorisation relative des valeurs moyennes par rapport aux grandes valeurs indique une prime de près de 60% en terme de ratio valeur d’entreprises / marge opérationnelle (EV/EBIT). L’endettement est un indicateur complémentaire. Le levier financier dans les marchés financiers peut se mesurer à l’aide du montant de dette nette de marges au NYSE. Il ressort aujourd’hui à USD 330Md (débit net), soit un triplement par rapport à 2009. Les précédents pics étaient de 260Md en 2007 et de 193Md en 2000. Au niveau des entreprises, on constate un ré-endettement depuis 2012. Au sein de l’univers des grandes valeurs américaines, le levier financier (dette nette/EBITDA) est passé de 0,7x en 2011 à 1,1x aujourd’hui, contre 0,9x en 2007 et 1,4x en 2000. Le segment des Leveraged loans est toujours scruté attentivement, car il tend à amplifier les dynamiques d’endettement. Aujourd’hui, la part des prêts offrant peu/ou pas de garantie (covenant-lite, très présents dans les opérations de LBO) est à un niveau de 63% contre seule- ment un quart en 2007. La dégradation de la qualité de la dette est exacerbée par l’environnement de taux zéro et la recherche de rendements à tout prix. Le volume d’opérations de fusions et acquisitions est une synthèse des indicateurs de valorisation et d’endettement. En 2014, on estime à près de USD 3000Md le montant des transactions. Cela reste en deçà de 2007 et 2000. Au delà des montants, le point extrême du cycle est toujours identifié par un mega deal, résultant davantage d’une course à la taille et d’une bataille d’ego. La démesure avait été signalée en 2000 par les opérations Vodafone AirTouch / Mannesmann AG pour USD 203Md et AOL / Time Warner pour USD 165Md. Plus récemment, RBS avait racheté ABN-AMRO pour prés de USD 100Md en 2007. Au total, un processus de formation de bulle financière aux EtatsUnis semble bien enclenché. Il est utile d’en suivre l’évolution grâce à des indicateurs structurels, combinant valorisation et endettement. Les catalyseurs sont difficilement identifiables ex ante, d’autant que c’est souvent la théorie du grain de sable qui prévaut. La lecture du marché nous indique que le cycle des émotions de marché rentre dans une zone d’exubérance et que la gestion passive est proche de son risque maximum. * Banque Pâris Bertrand Sturdza SA DETTE NETTE DE MARGES AU NYSE (USD MD) 160% 400 140% 350 120% 300 100% 250 80% 200 60% 150 40% 55 59 63 57 71 75 79 83 87 91 95 99 03 20% 100 0% 50 0 07 11 En % du PIB. 96 FRED, Banque Pâris Bertrand Sturdza SA NYSE, Banque Pâris Bertrand Sturdza SA 98 00 02 04 06 08 10 12 14