L`EXPOSITION Exposer la Pensée

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L`EXPOSITION Exposer la Pensée
L’EXPOSITION
Exposer la Pensée
Commissariat : Obolo Pascale , Jay One Ramier
Artistes : Kai Lossgott, Emma Willemse, Ruth Sacks
Comment exposer la pensée ? En d’autres mots : comment la rendre
visible, comment peut-elle devenir tangible ? Mais également :
comment l’exposer pour ce qu’elle est ?
Il s’agit là d’un processus lié à un moment de très grande fragilité. Le
livre est destiné à un usage individuel : dans la plupart des cas la
rencontre entre le lecteur et le livre se fait en un face à face solitaire.
Une exposition semble viser le contraire : un public nombreux est invité
à venir dévisager ces objets donnés en exposition. Dans ces conditions
sera-t-il possible de les feuilleter ? Sera-t-il possible de les lire ?
L’ AABF envisage le livre et l’écrit sur l’art selon trois approches : la foire
des éditeurs, les rencontres de discussions et une exposition du travail
de trois artistes qui revisitent le livre d’artiste sous forme d’installation :
Ruth Sacks, Emma Willemse et Kai Losgott.
Le parti-pris de la revue Afrikadaa est de ne pas suivre le mouvement
général, qui favorise la spéculation sur la valeur marchande des œuvres,
devenus très cotées dans les salles de vente occidentaux. Afrikadaa, au
contraire, rappelle obstinément, que la valeur de ces objets doit être
soutenue par la valeur du discours qui les accompagne. La critique est
trop souvent entre les mains de ceux qui contrôlent le marché de l’art
au niveau international. Comment est-ce que la pensée issue des
territoires du sud peut être valorisée et participer à la production de la
valeur du travail artistique ; faire partie de la base de crédibilité de cet
art ?
Pour Afrikadaa il s’agit d’explorer le moment de glissement entre le
texte et l’espace curatorial, si proche de l’écrit sur l’art : qu’est-ce qu’on
produit ? Comment tout ceci peut-il exister dans l’espace de l’art?
Comment est-ce que la production intellectuelle indépendante peut
participer à la liberté de la création artistique venant du continent
Africain et de sa diaspora ?
Au sein de l’AABF, l’espace est donc partagé entre le forum de
discussion et les propositions de trois artistes, intrinsèquement liées au
livre -les deux espaces se complètent et s’alimentent mutuellement- : le
regard individué du livre d’artiste entre en dialogue avec la voix
discursive. Une fois qu’on s’est assuré que les livres que l’on veut
exposer ont une réelle valeur visuelle et qu’ils entrent dans une
démarche légitimée par l’histoire ou le lieu, encore faut-il bien les
exposer. Un livre est une formidable machine à rêve, dont la puissance
est merveilleusement racontée dans cette machine.
Trois artistes, trois propositions : Emma Willemse, Kai Losgott, Ruth
Sacks, présentés dans une mise en espace de curation collective conçu
par Pascale Obolo et Jay One Ramier.
Les premiers œuvres de Ruth Sacks prenaient la forme d’interventions
furtives dans la ville. Elles avaient pour but de faire en sorte qu’on
regarde ses environs avec un peu plus d’attention. Toujours drôle et
inattendus ces interventions émettaient une remarque, parfois
grinçante, sur les mécanismes qui soutiennent la société dans laquelle
nous vivons. Les livres d’artistes fabriquées par Ruth Sacks gardent le
même caractère espiègle. Ils se construisent comme des architectures,
où les mots prennent la place d’éléments structurales, où les périodes
historiques et les “grandes” cultures se chevauchent et se superposent
pour être mêlées dans des carambolages parfois dramatiques et parfois
loufoques.
Kai Losgott cherche à inscrire son travail dans une focale encore plus
longue, beaucoup plus longue. Il cherche à formuler ses questions à
l’échelle de la présence humaine sur la planète Terre. Les matériaux et
l’intervention humaine sur les matériaux, c’est-à-dire les déchets qu’il
sème sur son passage, peut entre autres être narré sous forme de livre,
collectionnant les menus détails, repérant les traces presque
imperceptibles mais indélébiles. Un autre moyen est de performer des
interventions en revêtant un musée anthroposcènique ambulant.
Amenant l’expérience à fleur de peau, Emma Willemse parle de la
précarité de ce que nous pouvons considérer être “chez soi” et les
implications des menus détails de la perte d’un foyer. L’installation “101
ways to long for a home“ qu’elle contribue à l’exposition consiste en
autant de manuels minuscules sur des supports les plus divers, restant
pourtant sans utilité quand il s’agit de se réconcilier avec la perte du
chez soi.
Les trois narrations artistiques ont une relation bien particulière à la
matérialité de l’inscription d’un récit. Exposer ces récits, exposer ces
pensées dans un espace, nous met en face d’une grande fragilité et
vulnérabilité (« Oser être soi-même, c’est s’exposer au monde »). Ils
constituent les fragments d’un même récit. En complément du forum
des éditeurs, l’exposition de livres d’artiste est à la recherche de la voix
qui parle à la première personne, avec toute la subjectivité que ce point
de vue entraîne. Cette voix se trouve mise en articulation avec la grande
question qui est le livre et sa présence polémique en Afrique. Sans le
moindre rapport illustratif à l’Afrique, ces trois propositions
représentent un regard individué porté sur une façon de vivre le
continent. Ils sont trois solutions parmi un millier d’autres quand il
s’agit de chercher la pensée émanant du continent. Il ont osé répondre
présent quand il s’agit de la question: “ Qui seront les écrivains de cette
pensée ? ”
EXPOSANTS
Aperture (USA)
Multitude / Le peuple qui manque (France)
Amalion publishing (Sénégal)
La librairie des quatre vents (Sénégal)
Afrikadaa (France/Sénégal)
Chimurenga (Afrique du Sud)
Diptyk (Maroc)
Ayiba Magazine (Nigeria)
Mosaique (Cameroun)
Bandjou station edition (Cameroun)
OFF the wall (Cote d’ivoire/France)
Fisheye (France)
Galerie Clementine de Laferonniere édition (France)
Dapper (France)
IESA (France)
Africa is a Country (USA/Afrique du Sud)
Artafrica (Afrique du Sud)
Kwani (Kenia)
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