SÉVERINE (1855-1929) Caroline Rémy, née à Paris en 1855 dans
Transcription
SÉVERINE (1855-1929) Caroline Rémy, née à Paris en 1855 dans
SÉVERINE (1855-1929) Caroline Rémy, née à Paris en 1855 dans une famille de petits bourgeois lorrains, a une enfance austère. Le premier mariage de la jeune fille, impatiente de liberté et naïve comme il se doit, est immédiatement raté. Revenue dans sa famille, elle gagne sa vie avec différents "métiers de femme", puis accepte un deuxième compagnon. Mais c'est à partir de 1881 et de la rencontre avec Jules Vallès qu'elle abandonne son rêve de théâtre et se forme véritablement à l'écriture, au journalisme et aux questions de la misère et de l'injustice sociale pour devenir la plus grande journaliste française, la première à vivre de ce métier, décidée à toujours défendre les pauvres et les opprimés. Elle est d'abord "le" secrétaire de Vallès puis fonde avec lui en 1883 Le Cri du Peuple ; après avoir signé ses premiers articles "Séverin", elle franchit le pas du féminin... Le journal accueille tous les courants de "la Sociale", elle continue à le diriger après la mort de Vallès (1885) jusqu'en 1888. Ensuite elle reste fidèle à sa révolte de fond contre l'injustice, mais elle collabore à différents quotidiens sans se soucier de leur couleur politique, à condition d'avoir sa pleine liberté... sans toujours prendre conscience du sens que le contexte pouvait donner à ses articles, et de la caution qu'elle représentait. Première femme à pratiquer le reportage, belle et élégante, elle devient une vedette. Elle descend dans une mine dévastée par un coup de grisou en 1890, visite les décombres de l'Opéra Comique et du Bazar de la Charité ravagés par des incendie, elle interviewe le pape Léon XIII pour lui faire dénoncer l'antisémitisme... Elle prend parti pour Dreyfus aux côtés de Zola et de Jaurès, elle "couvre" le procès de Rennes en 1898 et adhère rapidement à la Ligue des Droits de l'Homme (où elle est élue, plus tard, au Comité central). Elle est, au moment du procès, une des principales collaboratrices de La Fronde, journal fondé par Marguerite Durand en 1897 : fait entièrement par des femmes, journal quotidien d'actualité et de défense des droits des femmes ; ceux-ci deviennent un des principaux combats de Séverine. Elle participe à la création du prix Fémina et s'affirme suffragiste dans les années qui précèdent 1914 ("Le féminisme (...) une fraction de l'immense effort à fournir pour affranchir le monde"). Enthousiasmée par la révolution russe, elle adhère au Parti communiste dès 1921 mais le quitte quand elle est sommée d'abandonner la Ligue des Droits de l'Homme. Elle écrit des articles jusqu'à sa mort et sa dernière apparition publique, en 1927, est une intervention en faveur de Sacco et Vanzetti. Elle avait souhaité pour épitaphe "ma cendre sera plus chaude que leur vie..." (Anna de Noailles).