Discours 1er août 2014

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Discours 1er août 2014
ROPRAZ - DISCOURS DU 1ER AOUT 2014
Chères Corçallines et Ropraziennes,
Chers Corçallins et Ropraziens,
Cher-e-s Invité-e-s,
La parole m’a été donnée pour vous souhaiter la bienvenue au nom des
Autorités municipales de Corcelles-le-Jorat et de Ropraz.
Avant tout, je tiens à remercier Mme la Syndique de Ropraz Valérie
Ramuz, M. Charly Trolliet, Mmes Martine Godat et Dominique Perroud et
notamment la jeunesse de Ropraz pour les préparatifs de cette soirée
qui s’annonce sous les meilleurs auspices.
Pourquoi sommes-nous présents ici à festoyer le 1er août ? Et bien parce
que nous sommes suisses et parce que la tradition de la fête du 1er août
remonte à 1891, année de la commémoration du 600e anniversaire du
pacte de 1291. C’est grâce à l’insistance des colons suisses de
l’étranger que nous avons perpétué cette fête afin qu’ils puissent
maintenir un lien affectif avec leur patrie. Ce fameux pacte – qui vous
sera lu dans quelques minutes par Soraya – est l’essence-même de
notre raison d’être. Trois cantons Uri – Schwytz et Unterwald ont décidé
de signer un pacte pour sceller une destinée commune et avoir des
aspirations communes ; notre Suisse dite « primitive » a vu le jour à ce
moment-là.
Etre suisse – que veut dire être suisse ?
C’est une question à laquelle il n’est pas si simple de répondre. Mais
vous verrez vous vous reconnaîtrez, cela vous semblera si familier et si
suisse.
Etre suisse c’est avant tout une manière qui nous est propre de penser,
de réfléchir et de trouver des solutions. Cette manière de penser n’est
pas le fruit du hasard. Année après année, siècle après siècle, cette
manière de penser s’est affinée, s’est enrichie et s’est consolidée. Nous
ne pouvons que remercier les générations précédentes pour cela. Cet
esprit suisse est le reflet de la complexité de notre vie quotidienne : c’est
une mosaïque de différences et de contrastes comme nos 4 langues
nationales, nos deux principales confessions, contraste entre la ville et la
campagne, contraste entre canton riche et pauvre et j’en passe. La
success story de la Suisse tire sa force dans le respect de la différence
de l’autre et de la discussion d’égal à égal.
Etre suisse c’est avant tout cette volonté de vivre ensemble, ce
pragmatisme tout helvétique qu’il soit nous mène à partager une
destinée commune. Etre suisse et depuis 1291, c’est de s’offrir la liberté
de vivre libres et d’accorder au peuple le pouvoir absolu à savoir la
souveraineté populaire.
Cette liberté s’exprime au moyen d’instruments sacrés tels que les
votations, les élections, exercer notre bon droit d’initiative et de
référendum, de pétition également.
C’est précieux et il ne faut pas galvauder ces droits : nous sommes
souverains lorsque nous nous exprimons par nos votes et élections … la
démocratie nous va si bien.
Pensons avec compassion et tendresse à toutes ces personnes ou
peuples qui n’ont pas la possibilité de s’exprimer et qui subissent
l’arbitraire dans toutes ses formes. Pouvons-nous dire que nous sommes
alors chanceux ? Et, si je vous dis Ukraine, Lampedusa, Syrie,
Palestine-Israël … l’actualité nous glace d’effroi : que de souffrances et
misère humaines, que de morts et destructions. Oui, nous sommes
chanceux de ne pas vivre cette réalité-là. Confirmons ici notre tradition
de terre d’asile. Mais cette chance n’est pas tombée du ciel : nous avons
travaillé pendant des siècles pour ne pas ou plus vivre cela. Nous avons
aspiré à vivre en paix et nous n’avons jamais hésité à prendre les armes
pour défendre cela, un paradoxe dans toute sa splendeur.
Etre suisse c’est aussi avoir des valeurs, des crédos et des qualités :
C’est de s’asseoir par exemple à une table, non pas pour boire un verre
de blanc Corcelles-le-Jorat … quoique … mais bel et bien pour discuter
d’un problème et à arriver à un compromis.
Si l’on prend l’exemple de la votation populaire du 9 février 2014 qui
s’est prononcé en faveur d’une immigration contingentée : ce qui a été le
plus remarquable est sans doute les réactions de nos voisins européens.
Nous avons tout entendu, beaucoup de négatif mais aussi du positif dont
deux observations à mettre en exergue. Tout d’abord celle qui dit : « La
décision suisse doit est respectée car expression de la volonté
populaire » et la deuxième celle qui souligne que la « Suisse a une
diplomatie raffinée, intelligente et redoutable ». Les Européens se sont
rendus compte que l’on ne peut sanctionner une volonté populaire et
c’est tellement vrai que cela a permis à l’Union européenne de se poser
quelques questions fondamentales sur le fonctionnement de leurs
propres institutions et surtout sur la signification du mot démocratie.
Même au sein de l’Union européenne nous avons des fans, des
adeptes ! Eh oui, le modèle suisse est séduisant. Justement l’exemple
suisse est un cas d’école, un exemple à suivre. Les discours enflammés
de nos voisins ont rapidement laissé place à la discussion. Il y a un prix
payer quoi que nous choisissons, en termes économiques nous dirions
le « prix de renonciation ».
Nous avons la mémoire courte, il faut juste rappeler que le marché
unique européen et par là-même l’Union européenne a déjà été
expérimenté sur une plus petite échelle à savoir en Suisse lorsque tous
les cantons suisses ont décidé d’abolir leurs douanes respectives et
d’introduire une monnaie unique : notre bon vieux Franc suisse. C’est
sans doute cela qui a contribué à la prospérité de la Suisse. C’est ce que
nous souhaitons à nos voisins européens, cette prospérité doit être
nécessairement et intimement liée à une démocratie de qualité (et
j’insiste bien sur ce mot « qualité ») qui tient compte des différences et
du respect des minorités.
Jean Monnet, considéré par d’aucuns comme le père de L’Europe
politique, a écrit comme préface dans son livre intitulé « Mémoires », je
vous cite « Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des
hommes » … étrange … cela ressemble beaucoup à ce que la Suisse a
fait durant toute son histoire.
Mais les temps changent. La Suisse ne peut plus vivre comme une petite
île au milieu de l’Europe, elle doit collaborer avec elle. C’est ce que nous
faisons au niveau de notre système bancaire et de la fiscalité, deux de
nos domaines qui sont fréquemment attaqués sur le plan mondial :
faisons confiance à notre diplomatie helvétique pour préserver nos
intérêts. C’est aussi ce que nous faisons avec les bilatérales.
Pourquoi croyons-nous en nous ?
Tout simplement parce que nous avons la possibilité de nous définir par
nous-même et pour nous-même.
Tout simplement parce que nous n’avons pas d’autre modèle sur lequel
nous inspirer pour faire mieux du point de vue institutionnel. Nos
institutions sont le reflet de nos décisions et elles sont très performantes,
admettons-le !
Tout simplement parce que nous sommes reconnus par les autres et nos
meilleurs ambassadeurs en témoignent : ce sont nos montres, le
couteau suisse, nos produits de pointe, notre chocolat, nos écoles, notre
Garde Suisse au Vatican … tous ces signes de reconnaissance font que
nous sommes appréciés et malgré tout admirés.
Si vous perdez confiance, surtout lorsque nous sommes confrontés à
des observations désobligeantes nous concernant, pensez à tout cela. Si
nous n’avons pas l’habitude que certains pays se permettent de nous
parler sur un ton qui est le leur (et surtout pas le nôtre) : adaptonsnous ! Nous risquerions bien de les helvétiser, nous savons que nous
sommes meilleurs sur ce plan-là, nous avons de l’expérience pour ne
pas dire de la bouteille. Grâce à notre ténacité et volonté nous arriverons
à faire respecter notre savoir-être séculaire. Un exemple à suivre, un
exemple applicable à l’Europe.
La Suisse n’est pas une illusion, elle vit à travers nous tous, elle est en
nous !
Et c’est parce que c’est nous - nous les Suisses ainsi que tous nos hôtes
les étrangers - qui contribuons à la prospérité de notre beau pays, que
nous nous retrouvons ici, nombreux, pour fêter nos valeurs, notre savoirvivre et savoir-faire. Etre suisse c’est travailler tous les jours pour l’être et
pour le rester. Et, pour nous gratifier de ce labeur quotidien, nous
festoyons, festoyons et festoyons toujours.
Je dois admettre que c’est vraiment très agréable d’être suisse.
Pour terminer et juste avant de prendre congé de vous, je vous exprime
mes meilleurs vœux pour cette soirée dans nos 4 langues nationales :
Bonne fête du premier août
Gutes Fest vom ersten August
Buona festa del primo agosto
Bun festa dal emprim avust
Vive la Suisse, vive le Canton de Vaud, vive Corcelles-le-Jorat et bien
entendu vive ROPRAZ.
1er août 2014 / Jean-Pierre Garofalo – Municipal