Chroniques bleues Happel en rit encore

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Chroniques bleues Happel en rit encore
Chroniques bleues
Happel en rit encore
mardi 9 septembre 2008, par Bruno Colombari
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Les carnets de l’archiviste après Autriche-France sur le site des Cahiers du football. Le fantôme du vieil entraîneur
autrichien s’est bien amusé samedi soir à Vienne, contrairement à la défense des Bleus qui prolonge son opération
portes ouvertes.
Bien le bonjour d’Ernst
Avant de donner son nom au stade de Vienne, Ernst Happel avait été le plus grand entraîneur de l’histoire autrichienne. Sa carrière
de joueur est honnête : 51 sélections avec l’Autriche après guerre, et deux saisons au RC Paris en 54-56 où il se distingue
notamment par ses amortis du fessier. En tant qu’entraîneur, il cotise à l’amicale des mines patibulaires qui esquissent un sourire
chaque année bissextile, genre Herbin ou Lobanovski. Ça ne l’empêche pas de remporter la première coupe d’Europe des
champions néerlandaise en 1970 avec Feyenoord. Il récidivera treize ans plus tard avec Hambourg, victorieux de la Juventus de
Platini et Boniek à Athènes (1-0), au terme d’une partie d’échecs dont le champion d’Allemagne était loin d’être le favori.
Entre-temps, il a amené en 1978 le modeste FC Bruges en finale de la coupe d’Europe et il est passé tout près d’un titre mondial en
Argentine avec la sélection des Pays-Bas menée par le trio Krol-Neeskens-Rensenbrink. Il a été l’entraîneur, entre autres, de Félix
Magath, Manfred Kaltz, Horst Hrubesch, Kevin Keegan et Eric Gerets. Il aura fallu attendre 1992 pour que l’Autriche en fasse son
sélectionneur. Trop tard : le cancer l’emporte à la fin de la même année et le stade du Prater est rebaptisé à son nom. C’est toujours
plus honorable qu’Emirates Stadium ou Allianz Arena…
Mexès : une dixième cape qui s’est faite attendre (mais ça valait la peine)
Si l’on ne doute pas que le défenseur romain se souviendra longtemps de son match contre l’Autriche (le cas échéant, nombreux
sont ceux qui s’en souviendront pour lui), il lui aura sans doute échappé que sa dixième sélection n’est arrivée que 71 mois après sa
première (contre Malte à la Valette le 16 octobre 2002). C’est un délai inhabituellement long, surtout si on le compare à celui de ses
coéquipiers récemment sélectionnés : Lassana Diarra n’a eu besoin que de 8 mois pour atteindre dix matches en bleu, Karim
Benzema 14 mois, Samir Nasri et Jérémy Toulalan 15 mois.
C’est beaucoup moins que Patrice Evra (45 mois), mais si ça peut consoler Mexès, Alain Giresse a attendu 87 mois (entre 1974 et
1981) pour obtenir sa dixième sélection à 29 ans. Ça ne l’a pas empêché de disputer deux coupes du monde et de gagner un Euro. Il
peut aussi lui arriver la même chose qu’à Mickaël Landreau, qui a mis 76 mois pour jouer son dixième match avant de caler au
onzième.
Govou, le Gerd Müller des temps modernes (ou presque)
Contre l’Autriche, Sidney Govou a marqué pour la septième fois en douze matches : des buts magnifiques, d’autres de raccroc,
d’autres enfin qu’il a oubliés depuis son télescopage avec Cannavaro contre l’Italie en septembre 2006. En inscrivant son dixième
but chez les Bleus pour sa 36ème sélection, il entre dans la liste des 33 meilleurs buteurs en sélection nationale. Il est à égalité avec
Charly Loubet (10 buts en 36 matches) et derrière Joseph Ujlaki (10 en 21 matches), Roger Courtois (10 en 22 matches) et Yannick
Stopyra (10 en 33 matches). Il a dépassé Djibril Cissé (9 buts en 37 matches) et se rapproche de Nicolas Anelka (11 buts, 52
matches).
Fin de séries : la liquidation continue
Après la vaste remise à zéro des compteurs statistiques à l’Euro, on pensait que la période des soldes s’était achevée à Göteborg. Il
n’en n’est rien. La défaite de Vienne est la première contre l’Autriche depuis le 7 octobre 1970 (De Gaulle était toujours vivant).
Détail amusant mais qui a sans doute échappé à Christian Jeanpierre quand il a parlé de période sombre pour le football français en
évoquant ce précédent, Jean-Michel Larqué avait joué ce match en entrant à la 78ème minute à la place d’Yves Herbet.
Un coup du chapeau inédit
Si on met de côté les rencontres amicales, la défaite à Vienne est la troisième consécutive en compétition après les deux revers à
l’Euro. Depuis quand les Bleus n’avaient-ils pas réussi un tel coup du chapeau ? Eh bien, même en remontant au paléolithique, c’està-dire en 1904, ce n’est jamais arrivé. Deux défaites consécutives en compétition, c’est relativement banal (avant l’Euro, les
dernières remontaient quand même à 1993), une série de matches de compétition sans victoire aussi. La plus longue date de
1972-1975 avec trois nuls et trois défaites. Viennent ensuite trois nuls et deux défaites en 1988-89 et en 1993-1994. Et bien sûr la
série en cours, puisqu’aux trois défaites consécutives (Pays-Bas, Italie, Autriche) il faut ajouter deux matches nuls (Roumanie et
Ukraine)…
Quatre et deux, six et deux, huit et trois qui font onze
Naguère (c’est-à-dire il y a encore trois mois) réputée pour le blindage de sa défense, l’équipe de France s’est lancée dans une vaste
opération portes ouvertes qui attire de nombreux clients venus de toute l’Europe. Onze buts encaissés en quatre matches, la
performance est, sinon inédite, du moins suffisamment rare pour être signalée. En regardant les séries de matches avec au moins
un but encaissé, et sans remonter au paléolithique, on peut ainsi rappeler les 13 buts pris en 9 matches en 1992 (1,44 de moyenne),
les 12 buts en 5 matches en 1982 (2,4), les 16 buts en 7 matches en 1980-81 (2,28) et un très joli 30 buts en 12 matches en
1967-69 (2,5). Avec une moyenne de 2,75 buts encaissés sur les quatre derniers matches, la série en cours soutient parfaitement la
comparaison.

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