Les « KlaPé » en bronze au bout du suspense

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Les « KlaPé » en bronze au bout du suspense
Fait du jour
3
« C’était maintenant ou jamais »
I
l est passé par tous les états ! Peut­être plus
que durant toute sa carrière… S’il a long­
temps évolué en équipe de France de Sla­
lom avec son frère Rémi en C2, Julien Gaspard
n’a jamais eu la chance de disputer les Jeux
Olympiques. Hier, à plusieurs milliers de kilo­
mètres de Rio, le vice­président de Golbey­Epi­
nal­Saint­Nabord, témoin privilégié de la car­
rière de Gauthier Klauss et Matthieu Péché,
avait bien du mal à cacher son émotion.
Comment vous sentez­vous ?
« Je suis fébrile et tout tremblant ! C’est
encore pire qu’à l’époque où j’étais athlète.
Quand tu cours, tu es dans ton truc alors que là,
tu ne peux rien faire. Tu es en mode supporter
et il faut attendre ! »
Quand Gauthier et Matthieu ont franchi la
ligne en 2e position, alors qu’il restait encore
4 bateaux, qu’avez­vous pensé ?
« On en avait parlé avec Mathieu (Biazizzo,
membre de l’équipe de France de K1 et formé
au GESN) et on se disait que le podium se
jouerait aux alentours de 102 points. Quand les
Skantar ont fait 101,50, on a compris que la
victoire serait dure à aller chercher. Gauthier et
Matthieu ont fait une belle manche. Il y a
toujours 2 ou 3 trucs à dire mais c’était propre.
Mais quand tu vois qu’il reste 4 bateaux… Tu te
dis que ça va être tendu ! Il y a eu quelques
coups du sort. Ce qui ne leur avait pas souri à
Londres il y a 4 ans a souri cette fois­ci ! »
Depuis 1992 et la médaille de bronze de
Jacky Avril en C1 aux Jeux de Barcelone, GESN
n’avait pas ramené de médaille olympique.
Que représente ce podium pour le club ?
« On peut déjà être fiers de tout le travail
accompli ! Tous les gens qui ont travaillé
depuis des années ne l’ont pas fait pour rien.
J’espère que cela va donner des étoiles dans
les yeux de tous nos athlètes qui rêvent d’aller
aux Jeux Olympiques en 2020, 2024 et même
au­delà. Pourquoi pas faire davantage connaî­
tre notre sport et imaginer qu’à la rentrée de
septembre, plein de jeunes nous rejoignent.
Tout un plan de communication peut se mettre
en place pour que les jeunes découvrent notre
sport et prennent une licence. »
C’était sans doute la dernière apparition du
C2 aux Jeux…
« Cela renforce l’émotion ressentie après cet­
te médaille. Pour Gauthier et Matthieu, c’était
maintenant ou jamais ! Ils ont 29 ans et on
pouvait espérer qu’ils aient encore une olym­
piade devant eux mais comme le C2 va sortir
du programme des Jeux… C’était maintenant
qu’il fallait le faire ! »
Recueilli par S.Mx.
(1) : en 2020 à Tokyo, le C2 sera remplacé par le C1 féminin afin
de respecter la parité.
Julien Gaspard (à g.), vice­président de GESN, compte sur la médaille des « KlaPé » pour attirer de nouveaux licenciés.
Les « KlaPé » en bronze au bout du suspense
Quatre ans après avoir échoué au pied du podium à Londres, le duo de céistes, Matthieu Péché et Gauthier Klauss,
tient enfin sa revanche. Ils obtiennent la médaille de bronze. Loin de Rio, à Epinal, le public vosgien a vibré avec eux.
EPINAL
1
9 h 50 : le bateau alle­
mand, dernier à s’élancer
dans cette finale de sla­
lom en canoë­kayak, vient de
franchir la ligne d’arrivée avec
quelques dixièmes de retard
sur l’embarcation française.
Après avoir retenu leur souffle
pendant près d’une demi­heu­
re, la centaine de personnes
serrées comme des sardines
sous le chapiteau, installé
devant la Capitainerie à Epinal
pour l’occasion et par l’Ambi­
tion Spinalienne Omnisports
(ASO), peuvent enfin laisser
éclater leur joie. Les Vosgiens,
surnommés les « KlaPé », du
club de Golbey­Epinal­Saint­
Nabord, tiennent enfin leur
médaille olympique, brisant ainsi la malédiction qui les
avait notamment vus échouer
au pied du podium il y a quatre
ans à Londres. Cette fois, ils
seront en bronze. Au bout d’un
suspense intenable au cours
duquel les proches et amis des
deux céistes sont passés par
toutes les émotions. Aux yeux
quelque peu humides du
grand­père de Gauthier
Klauss, bien disposé en pre­
mière ligne devant l’écran, cet­
Après plusieurs dizaines de minutes d’angoisse, c’est l’heure de la délivrance. Le duo vosgien est en bronze.
2
24
Numéros uns mondiaux en C2
depuis plusieurs saisons et lau­
réats du classement général de la Coupe du monde à deux repri­
ses (2013 et 2015), Gauthier Klauss et Matthieu Péché ont décroché, hier à Rio, leur 2 e médaille individuelle en grands championnats (Europe, monde et Jeux Olympiques). Malgré de nombreux succès sur des manches de Coupe du mon­
de, ils avaient tardé à monter sur
la boîte lors des compétitions majeures mais avaient vaincu le signe indien il y a 2 ans aux Mon­
diaux de Deep Creek (Etats­
Unis) en montant sur la 3e mar­
che du podium. Avant l’or aux Mondiaux de Pau en 2017 ?
Cela faisait 24 ans, depuis la
médaille de bronze de Jacky Avril à Barcelone en 1992 en C1 que Golbey­Epinal­Saint­Na­
bord n’avait pas décroché de médaille aux Jeux Olympiques. Mais c’est la première fois que de purs produits du club vos­
gien, qui ont découvert le canoë­
kayak à l’école de pagaie, accè­
dent au podium olympique. Par ailleurs, le C2 tricolore aura dû attendre 20 ans pour renouer avec le podium aux Jeux. A Atlanta en 1996, Franck Adis­
son et Wilfrid Forgues avaient touché l’or alors que les Vos­
giens Emmanuel Del Rey et Thierry Saïdi, entraîneur des… « KlaPé », avaient pris la 5e place.
vendredi 12 août 2016
te récompense vaut de l’or :
« Ils l’ont fait. Je suis le plus
heureux des grands­pères. On
a tremblé jusqu’au bout, mais
ils le méritent tellement. Ils ont
passé tellement de temps à
s’entraîner depuis tout jeune.
C’est magnifique. »
Mais que ce fut dur et long.
Un peu plus tôt dans la soirée,
leur passage salué par des
applaudissements continus ­
« Sans embûches et presque
parfait, sans faute mais pas
très rapide », dixit les spécia­
listes ­ leur avait accordé une
deuxième place temporaire.
Restait alors quatre bateaux à
venir. Et de un qui ne change
rien… Le deuxième arrive, les
Anglais les relèguent à la troi­
sième place. Les doutes appa­
raissent chez les aficionados.
Les Tchèques débarquent. Le
public retient son souffle espé­
rant des pénalités. Le bateau
se retourne, c’est l’explosion
de joie. Les sourires revien­
nent. « Allez plus qu’un. Pas
quatrième, ce n’est pas possi­
ble ! » C’est l’heure des cham­
pions du monde allemands.
Tout leur parcours est accom­
pagné de plusieurs « touche,
touche » en guise d’encoura­
gements. La fameuse touche,
synonyme de pénalité irrattra­
pable, finira par arriver et per­
mettra aux Vosgiens de rester
troisièmes et de toucher, eux,
enfin leur Graal.
Séb.C.
L’oncle de Gauthier, François, très ému à l’issue de la course.
Les réactions
Les Allemands viennent d’échouer dans cette course contre la montre laissant la troisième place
aux deux Vosgiens, le grand­père et l’oncle de Gauthier Klauss peuvent exulter. (Photos V.S.)
Matthieu Péché et Gauthier Klauss, ici à 9 ans, ont découvert le canoë­kayak ensemble après avoir testé de nombreux sports. (DR)
Ce jeudi, à Rio de Janeiro, les deux Vosgiens ont terminé troisièmes du slalom en canoë­kayak, Photo AFP
François, oncle de Gauthier
Klauss : « J’aurais préféré l’or.
Mais être déjà sur le podium,
c’est merveilleux. Le parcours
pas très technique ne leur con­
venait pas parfaitement, mais
ils ont su s’adapter. Dans ces
moments­là, on oublie un peu
l’esprit sportif et on est con­
tent quand les autres font des
fautes. Mais Matthieu et Gau­
thier la méritent tellement. »
Mathieu Biazizzo, membre
du GESN, 3e aux champion­
nats du Monde en 2014 :
« C’est fabuleux. Ils l’ont fait.
Enfin. Je suis fou de joie. Spor­
tivement, c’est quelque chose
de grand, car les Jeux, c’est
quelque chose d’incompara­
ble. Moi qui rêve d’être dans
quatre ans au sommet, je ne
peux que m’inspirer d’eux. Ça
se joue à quelques centimè­
tres, mais finalement on l’a
cette médaille. Elle va faire du
bien à tout le club. On va faire
une grosse fête à leur retour. »
Mathieu Biazizzo, premier admirateur des « KlaPé ».
La Liberté de l’Est ­ L’Est Républicain

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