Reportage - Pigeonneaux Turlo
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Reportage - Pigeonneaux Turlo
RELÈVE Voler de ses propres ailes Rhéa Loranger et Nicolas Turcotte, deux jeunes éleveurs, se sont donné comme mission de redonner ses lettres de noblesse au pigeon de chair. Pas une mince tâche que de redorer le blason de ce volatile, plutôt considéré comme une nuisance publique! JULIE MERCIER PHOTO : J ULIE MERCIER/TCN. Nicolas Turcotte et Rhéa Loranger, propriétaires de la ferme d’élevage Pigeonneaux Turlo, sont particulièrement fiers de leur génétique, « la seule du genre en Amérique du Nord », souligne Nicolas. Leurs pigeons sont des hybrides F3 importés directement de France. Là-bas, l’élevage de pigeon n’a rien d’exotique comme au Québec. « C’est aussi reconnu que le porc ici », affirme Nicolas. Vous voulez du foin? 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Après avoir visionné un reportage sur l’élevage du pigeon, Rhéa décide d’en faire son métier. « Ça m’a pogné au cœur ! » se rappelle-t-elle. Alors étudiante, elle communique avec Carol Lebel, propriétaire de la ferme Pigeons de Bellechasse. La jeune femme se paye aussi un stage de perfectionnement en France. En novembre 2004, après une longue bataille pour trouver du financement et un diplôme tout chaud en poche, Rhéa et son copain rachètent les animaux et les équipements de M. Lebel et s’installent en location à Frampton, en Beauce. Depuis juin 2006, les deux amoureux sont établis sur « une vraie ferme », la leur. Leur pigeonnier moderne de deux étages compte une trentaine de volières. Chacune est habitée par 25 mâles et 25 femelles. « C’est comme un village. Les mâles et les femelles vont se cruiser, former un couple, puis se magasiner une maison », illustre Rhéa. La maison en question est en fait un jumelé, composé de deux nids de carton que les parents pigeons tapissent de paille. De 17 à 18 jours plus tard, c’est l’éclosion des œufs. À la sortie de l’œuf, la taille des pigeonneaux dépasse à peine celle de la dernière phalange du pouce. Durant les premiers jours, les parents se relaient dans le nid pour couver leur petit et l’alimenter avec le lait de jabot, une substance riche en protéines que les parents régurgitent dans le bec de leur pigeonneau. Lorsque leur premier rejeton atteint l’âge de 15 jours, la pigeonne pond un deuxième œuf dans le nid voisin. Le pigeon exige une régie serrée. Deux fois par semaine, Rhéa survole les parquets et vérifie chacun des quelque 1400 nids. « Ça demande de la patience, mais ce sont des animaux attachants », avoue la jeune femme de 22 ans. En plus de 700 couples de pigeons, la ferme comprend 100 truies naisseurs-finisseurs, une érablière de 1500 entailles et 49 hectares de terre. Rhéa s’occupe du pigeonnier, tandis que Nicolas se consacre à la porcherie. Microsociété Le comportement du pigeon ressemble étrangement à celui de l’homme. Chez les pigeons, les couples sont formés pour la vie. De plus, les parents se séparent les tâches ménagères. « Les deux travaillent. Le matin, la femelle s’occupe des petits. L’après-midi, c’est au tour du mâle. Pendant ce temps, la femelle va se promener, elle va faire son social », décrit Rhéa. Entre 28 et 35 jours, les pigeonneaux atteignent le stade d’abattage. Ils présentent l’apparence d’un adulte, mais ne volent pas encore. « Ils volettent. Le muscle ne se développe pas et la viande est hypertendre. Ça se coupe à la fourchette », témoigne l’éleveuse. Cette chaire rouge est particulièrement prisée des grands chefs. « C’est un produit de luxe. Tu ne vends pas ça à l’épicerie », précise Nicolas. De l’élevage jusque dans la cuisine du chef Tous les mercredis, environ 150 oiseaux partent pour l’abattoir Pouliot de Saint-Henri. Rhéa prépare elle-même ses boîtes puis prend la route pour livrer sa précieuse cargaison chez ses clients de Québec et des alentours. Le reste est livré par autobus. « On tripe à vendre notre viande, à développer notre marché », soutient la jeune femme. Le pigeonneau Turlo se retrouve sur les meilleures tables de la province, du Laurie Raphaël au Toqué!, en passant par l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec. « Pour les chefs, le lien direct avec l’éleveur est important », confie Rhéa. Nicolas et elle apprécient également ce contact privilégié. « On se doit d’offrir un produit de qualité chaque semaine », insiste la jeune entrepreneure. La ferme d’élevage des Pigeonneaux Turlo met en marché environ 8000 pigeonneaux par année. Rhéa et Nicolas souhaitent doubler leur production d’ici 2010.