Lettre BP N.3
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Lettre BP N.3
PAT R I M O I N E ET S T R AT É G I E PAT R I M O N I A L SEPTEMBRE D OSSIER 2005 3 Comment surmonter les entraves patrimoniales ? Il semble plus aisé de se constituer un patrimoine que de le conserver inter-générations. La réussite patrimoniale a comme vecteurs principaux l’entreprise et la volonté de gagner, de développer. C’est un combat de tous les jours. Maintenir après la cession de l’actif professionnel, la valeur de ce patrimoine est un objectif naturel. Mais les entraves sont nombreuses, les trois plus gênantes étant à l’heure actuelle la fiscalité, les rendements faibles et les erreurs de jugement. 1. La fiscalité La France peut s’enorgueillir d’avoir mis en place un système fiscal très élaboré et redoutablement efficace. L’ensemble des prélèvements (IRPP, ISF, taxes sociales, droits de mutation, etc…) a un effet prédateur. La proie doit donc trouver refuge dans un maquis de dispositions fiscales exonérantes, voire dans un pays à la fiscalité plus acceptable. La tranche maximale de l’impôt sur le revenu est encore à 48,09 %. Les taxes sociales (CSG-CRDS – prélèvements sociaux) sont passées de 2,4 % en 1993 à 11 % depuis cette année. La charge fiscale quant aux revenus est donc encore considérable, même si dans les avis fiscaux, l’impôt sur le revenu est bien séparé des taxes sociales, alors qu’ils devraient être additionnés. Cela étant, l’espoir est toujours permis, notamment grâce aux comparaisons fiscales européennes. C’est ainsi qu’une éventuelle exonération des plus-values mobilières au-delà d’une cer taine durée de détention est actuellement en débat. C’est également ainsi que l’imposition des plus-values immobilières cesse au bout de quinze ans. Dans une période antérieure, le système a été jusqu’à trente deux ans. Paradoxalement, la suppression de l’avoir fiscal aboutit pour les plus imposés à être légèrement moins taxés, les taxes sociales n’étant plus appliquées à l’avoir fiscal. Par contre, au niveau de l’ISF, cette suppression fait commencer plus tôt que précédemment le déplafonnement partiel. L’Europe est susceptible de réduire les prédations fiscales. L’”exit tax” a été condamné par la Cour de Justice Européenne. Les plus-values latentes ne sont donc plus imposées lors d’un départ à l’étranger. L’Etat français pourrait être également contraint par cette même Cour de revoir l’ISF dans le sens de supprimer son aspect confiscatoire, versus atteinte au droit de propriété. Des procédures devraient aboutir prochainement. É D I TO R I A L Pour se constituer et gérer son patrimoine, il faut d’abord disposer des compétences techniques appropriées, au niveau du droit civil, du droit fiscal et au niveau financier. Mais cela ne suffit pas, ce serait trop simple ! Il faut aussi beaucoup de perspicacité pour anticiper. Une anticipation clairvoyante est la clé de la réussite patrimoniale. Même avec ces atouts, rien n’est gagné si l’on ne sait pas délier les entraves. Les approches psychologiques et affectives constituent aussi des variables à bien maîtriser. Cette lettre CIC Banque Privée souhaite, sans entrer dans le détail, “éclairer la route” de l’investisseur, afin d’éviter les obstacles plus ou moins naturels. Bonne lecture ! François FLOQUET Directeur CIC Banque Privée D OSSIER PAT R I M O N I A L Le souci de rendement est maintenant omni-présent. Il peut supplanter dans la hiérarchie des préoccupations, la recherche de la transmission de son patrimoine au profit des héritiers. L’assurance de disposer de revenus suffisants pendant la retraite et sans dépendre de ses enfants devient un objectif prioritaire. Il y a aussi des lois immanentes qui régissent les pratiques. L’Etat, pour faire face au financement de ses déficits, a recours à l’emprunt. Pour faire venir les souscripteurs, il faut être attirant : il y a eu l’emprunt “Pinay”, il y a maintenant l’assurance-vie. Pour que l’impôt sur les successions soit supportable, il faut signaler qu’en même temps que l’on doublait en 1982 les droits en ligne directe, on exonérait les capitaux placés dans l’assurance-vie. En ce moment, les dispositifs de donation, l’assurance-vie, permettent d’être taxé marginalement à “moitié prix” (20 % au lieu de 40 %). En ayant une approche fiscale fine et cohérente, il est donc possible de se libérer partiellement, voire totalement, de cette entrave. II. Les rendements faibles Paradoxalement, c’est en ces moments où les problèmes de revenus se posent, notamment en vue de la retraite, que les taux de rendement à court terme et à long terme sont à des niveaux d’une faiblesse rarement connue en France depuis la “rente perpétuelle”. La période des années 1990 est finie, période où il suffisait de “dormir” sur les sicav monétaires pour “s’enrichir” tant les rendements étaient élevés et les risques absents. Pour faire face aux rendements faibles, il y a lieu d’abord de reconsidérer son approche patrimoniale en fonction des trois critères : rendement, risque, durée. Cette hiérarchie s’impose : à court terme, la rentabilité sans risque préserve à peine un actif après prise en compte de la fiscalité et de l’inflation. À moyen et long terme, aucun placement n’apporte à la fois, une rentabilité forte et une absence de risques. Il faut donc “panacher” les placements des plus “liquides” aux plus immobilisés, de telle sorte que l’on ne soit jamais à court de trésorerie, même si l’on choisit parallèlement des investissements longs dans les valeurs mobilières et dans la pierre. Les placements de trésorerie sont connus. Il faut en détenir mais juste dans la limite de son fonds de roulement familial (réserve d’un an) ou comme placement d’attente. Pour un horizon plus long, tout en restant “liquide”, l’assurance-vie en euros apporte les rendements les plus intéressants quoiqu’en baisse, du fait du niveau des taux à long terme. Deux avantages considérables demeurent : la garantie du capital et la faiblesse, voire l’absence, de fiscalité (sur les revenus et sur les successions). A côté de cette approche, avoir recours dans une assurance-vie à des placements boursiers, est parfaitement complémentaire. Les valeurs mobilières, sont certes non garanties, mais évidemment plus dynamiques à long terme. La proportion des fonds en euros et des fonds en valeurs mobilières sera fonction de son propre appétit pour le risque. L’assurance-vie offre également le choix de la sortie : en capital (les rachats sont toujours possibles) et/ou en rente. Il est possible également de détenir en direct un portefeuille de valeurs mobilières. Les marchés financiers renaissent depuis deux ans. Leur remontée se fait de manière assurée. La spéculation est faible. Mieux vaut investir par le biais des SICAV et des Fonds Communs de Placement, ce qui limite la volatilité du portefeuille et assure une large disper sion du risque. Le recours à un gestionnaire professionnel est conseillé. L’immobilier est aussi un placement à long terme, mais beaucoup moins “liquide”. Sa proportion dans le patrimoine doit être dosée finement. A côté de l’immobilier d’usage (résidence principale, secondaire), l’immobilier locatif apporte une rentabilité assez faible après tous les impôts. Il faut aussi compter sur la valorisation en capital. Le rendement pourra être amélioré si l’on sait profiter des formules fiscales dérogatoires, comme le régime dit “Robien” qui permet d’amortir fiscalement jusqu’à 65 % du prix d’acquisition. Pour améliorer le rendement global de son patrimoine, il faut donc bien répartir ses investissements, détenir un peu de chaque classe d’actifs et être mobile dans sa gestion, afin d’adapter régulièrement la structure de son patrimoine à ses besoins. Cela implique de faire des points réguliers. III. Les erreurs de jugement Souvent, les erreurs de jugement constituent un frein à la bonne gestion de son patrimoine sous les angles financiers, fiscaux et aussi familiaux. Quand les Pouvoirs Publics mettent en place des dispositifs fiscaux favorables aux contribuables (oui, cela existe), il faut savoir en profiter tant qu’ils sont en vigueur et ne pas attendre qu’ils soient supprimés pour les regretter. Il en a été ainsi avec la rente Pinay, la résidence principale acquise entre 1948 et 1973, l’assurance-vie sans limitation fiscale pour les souscriptions jusqu’en octobre 1998 etc… Il en va ainsi actuellement avec l’abattement de 50 % des droits de mutation à titre gratuit quel que soit l’âge, valable pour les donations en pleine propriété jusqu’en décembre 2005. Des abattements jusqu’à 65 ans et 75 ans subsisteront, mais jusqu’à quand ? La loi “Robien”, favorable aux investissements locatifs, se terminera bien un jour. EN BREF • DU NOUVEAU POUR LES CONTRATS D’ASSURANCE-VIE EN EUROS Les donations d’espèces, principalement aux enfants, sont exonérées de droits à hauteur de 30.000 € par donateur et par donataire jusqu’au 31 décembre 2005. Les avantages fiscaux ont une vie : ils naissent dans une certaine discrétion, le temps d’en comprendre l’intérêt, ils prolifèrent et leur trop grand succès conduit le pouvoir exécutif à les restreindre, voire à les supprimer. Donc il faut être attentif et ne pas être trop confiant sur leur pérennité. L’organisation d’un patrimoine doit éviter la mise en place de structures lourdes, complexes à gérer et difficiles à faire évoluer. Un intellectuel peut se faire plaisir en recourant à des constr uctions juridiques, fiscales hautement productives à l’instant “t”. Mais le droit, la fiscalité, la situation professionnelle et la situation familiale évoluent avec plus ou moins de rapidité. Une structure patrimoniale “coulée dans le bronze” pourra devenir un poids trop lourd à gérer. Une société civile présente beaucoup d’avantages mais aussi d’importants inconvénients, notamment le fait d’obliger les héritiers à “vivre ensemble”. Elle peut devenir une “prison dorée”, tant les possibilités de sortie partielle sont difficiles. Il est donc judicieux de préférer les solutions simples, souples et démontables, quitte à ne pas maximiser les avantages à un moment donné. La défiscalisation, par ailleurs, attire beaucoup d’investisseurs. C’est à juste titre que certaines formules sont attrayantes. D’autres le sont beaucoup moins. Il faut savoir résister aux mirages défiscalisants. Le fisc ne fait pas souvent de cadeaux. Il faut mesurer les avantages et les inconvénients du placement proposé, ne pas se faire leurrer par des vendeur s surcommissionnés et vérifier la solidité financière des inter locuteur s et utilisateurs. Seul compte le taux de rendement interne (TRI) du placement. Le taux est la résultante de tous les avantages et inconvénients. Enfin, il faut s’assurer de la sortie du placement à terme, les “arbres ne montant jamais jusqu’au ciel”. Autre erreur de jugement assez répandue : suivre la mode. Par définition, la mode se démode. Il y a eu la bulle immobilière en 1990, la bulle “internet” en 2000. Il y aura d’autres bulles. Il faut savoir résister à l’argent facile, et rester froid et lucide autant que faire se peut. Etre le champion du manque à gagner est la meilleure solution pour s’enrichir. Par ailleurs, la réussite dans un placement incite à la confiance en soi. Certains investisseurs sont tellement fiers de leurs opérations qu’ils en deviennent dépendants et ne savent pas en sortir avant que leur valeur diminue. Rester humble et clairvoyant est quelquefois difficile. L’excès de générosité envers ses héritiers est souvent constaté. Certains vont jusqu’à donner par exemple leur “espace de vie” (résidence pr incipale) en nuepropriété. Il faut savoir qu’ils deviennent immédiatement dépendants de leurs enfants et que leur accord sera toujours nécessaire pour modifier des situations : par exemple pour changer de résidence, il faudra l’accord des enfants pour vendre, mais aussi pour racheter. Ces quelques notions sur les erreurs de jugement tiennent surtout d’un solide bon sens. Les entraves patrimoniales sont donc assez nombreuses : la fiscalité, les rendements faibles, les erreurs de jugement. Il y en a sans doute d’autres. L’essentiel est toujours de réfléchir posément en se faisant assister, si nécessaire, par votre gérant privé de CIC Banque Privée. Une mesure législative prévoit la possibilité de transformer les contrats d’assurance-vie en euros, en contrats multisupports, sans perte de l’antériorité fiscale, autrement dit sans perte des avantages fiscaux de ces contrats. Cette mesure permettra de redynamiser ces contrats monosupports. • RÉFORME DU DROIT DES SUCCESSIONS ET DES LIBÉRALITÉS Prévue pour l’été 2007, elle tend à promouvoir les pactes successoraux, pour permettre aux héritiers réservataires de renoncer par avance à tout ou partie de leurs réserves (au profit d’un enfant handicapé ou du repreneur de l’entreprise...). Elle devrait permettre la donationpartage trans-générationnelle et consacre les mandats posthumes donnés par le défunt à un tiers pour gérer les biens successoraux. Les règles de gestion de l’indivision devraient être assouplies : majorité des deux tiers pour les actes d’administration. • TRANSMISSION D’ENTREPRISES : LOI EN FAVEUR DES PME La loi en faveur des PME devrait entrer en vigueur en janvier 2006 : les transmissions d’entreprises effectuées dans le cadre des engagements de conservation dits « Dutreil » devraient être encore encouragées : le taux d’exonération de 50% devrait être porté à 75%. Exonération élargie aux donations en nue-propriété à condition que les droits de vote de l’usufruitier soient limités statutairement aux décisions concernant l’affectation des bénéfices. Rédaction août 2005 LE ■ Quelle clause bénéficiaire pour un contrat d’assurance-vie ? La clause bénéficiaire est l’élément central du contrat d’assurance-vie en tant qu’outil de transmission. Il convient donc d’être particulièrement attentif à sa rédaction tant les conséquences peuvent être importantes. Elle doit anticiper tous les cas de figure. Il ne faut donc pas se contenter d’une bonne désignation une fois pour toutes. Il faut également savoir faire vivre cette clause en fonction de l’évolution de la situation familiale du souscripteur et des bénéficiaires et de leurs situations patrimoniales. Toute liberté est donnée au souscripteur sous réserve de ne pas l’utiliser à des fins de contournement du droit des successions. Prenons deux exemples : le démembrement de cette clause peut être une réponse à la question de la transmission dans une famille recomposée. De la sorte, le conjoint désigné en usufruit aura les moyens financiers de continuer à pourvoir à l’éducation des enfants communs, sans pour autant que ses enfants d’une précédente union aient des droits sur ces sommes à son propre décès. Cela peut aussi être une bonne réponse à la question de la protection d’un enfant handicapé. On peut alors conseiller une cosouscription avec dénouement au premier décès. Le conjoint survivant des souscripteurs assurés sera désigné usufruitier, l’enfant handicapé le sera également, au titre d’un usufruit successif qui s’ouvrira au décès du conjoint survivant, les autres enfants seront désignés nus-propriétaires. Le quasi usufruit n’est pas obligatoire et des clauses d’emploi peuvent être utilement rédigées. Pour de multiples raisons, il nous semble préférable qu’une clause bénéficiaire démembrée d’assurance-vie soit rédigée par acte notarié : assurer une harmonie avec les dispositions successorales prises par ailleurs par le souscripteur, possibilité pour les nus-propriétaires de faire valoir leur créance de restitution dans de meilleures conditions, date certaine, possibilité de rédiger des clauses bénéficiaires précises et détaillées, contournement du risque d’acceptation, etc… P O I N T D E V U E D E L’ E X P E RT ■ Les avantages d’un investissement « ROBIEN » par rapport à un investissement classique Hypothèses retenues pour les 2 cas : Ménage marié, avec 3 parts fiscales et une tranche marginale d’imposition de 48,09 %, revenus nets imposables de 100 000 €, avec un crédit remboursable in fine sur 10 ans. Cas n°1 : acquisition d’un bien immobilier de 155 000 € à l’aide d’un crédit in fine de 150 000 € remboursable sur 10 ans, au taux de 3,70 % hors assurances, adossé à un produit de capitalisation de même durée, au taux de rémunération de 4 %, souscrit pour 81 631 € (prime initiale) et primes mensuelles de 270 € pendant 10 ans. Le loyer mensuel est de 625 €. Cas n° 2 : mêmes hypothèses pour une acquisition immobilière dans le cadre du dispositif « Robien ». Le tableau reproduit ci-dessous est éloquent : c’est la possibilité d’amortissement qui fait effet de levier fiscal. Cas n°1 Achat classique 155 000 € Cas n°2 Achat « Robien » 155 000 € Loyers cumulés 75 000 75 000 Abattements sur loyers 10 500 5 100 Frais, charges et taxes 14 000 14 000 0 77 500 Intérêts d’emprunt et Assurance décès invalidité 61 800 61 800 Total des déficits déduits 11 300 73 000 Total économie fiscale 5 434 32 416 Rendement actuariel après incidence fiscale et sociale 4,52% 7,29 % Amortissements ■ Le mandat de gestion en OPCVM est une alternative intéressante à la gestion en titres D’abord, il faut savoir qu’il y a plus d’OPCVM(1) enregistrés que de titres cotés. Gérer en OPCVM nécessite donc un véritable travail de sélection. C’est une gestion performante qui se développe au plus grand profit des détenteurs de portefeuilles. Du point de vue de la qualité de la gestion, la multi-gestion offre un double niveau de compétence : celle du gérant du portefeuille qui opère la sélection, associée aux compétences des gérants collectifs, parmi les meilleurs dans leur catégorie. La diversification du portefeuille est plus importante car chaque OPCVM est un (1) panier différent de valeurs (le risque sur les valeurs est dilué). Par ailleurs, l’accès aux marchés étrangers est facilité aux travers d’OPCVM spécifiques. C’est également un accès au savoir-faire de maisons de gestion ou de gérants reconnus pour la qualité de leur process de gestion. En outre, il n’y a pas d’imposition des plus-values à l’intérieur des fonds. Enfin, la multi-gestion se caractérise surtout par une plus grande maîtrise du risque (par la maîtrise de la volatilité) du portefeuille et au final un meilleur résultat dans la performance rapportée au risque et ce, à moyen terme. SICAV et FCP Retrouvez nos produits et offres de services sur notre site internet :www.cic.fr Reproduction autorisée avec mention obligatoire Patrimoine et Stratégie courrier de CIC Banque Privée • Directeur de la publication et rédacteur en chef : François Floquet • Conception & réalisation : Direction Commerciale Marketing et Communication - 75009 Paris • 3 éditions annuelles • ISSN 1271-187X • Dépôt initial : janvier 2005 • Dépôt légal : janvier 2005 • CIC, 6, avenue de Provence - 75452 Paris cedex 09 • Téléphone : 01 45 96 96 96 • Télécopie : 01 45 96 96 66 • RCS Paris 542.016.381