le forum social mondial
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CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 1 (1,1) [email protected] www.crid.asso.fr Les mots “antimondialisation” et “antimondialiste” viennent de faire une entrée remarquée dans le Petit Larousse. Ces termes imposés par les médias soulignent bien la façon dont le “mouvement citoyen mondial” est cantonné dans une démarche de simple contestation. LE FORUM SOCIAL MONDIAL : DES PRINCIPES, UN CADRE, UN PROCESSUS Or, les organisations de la société civile présentes au deuxième Forum social mondial (FSM) organisé à Porto Alegre en février 2002 ont clairement montré qu’elles sont profondément mondialistes, c’est à dire qu’elles “prennent en considération les problèmes politiques dans une optique mondiale” (Petit Larousse). Elles ont également montré - c’est là l’un des succès les plus importants de ce FSM - leur capacité à formuler des propositions d’alternatives à la pensée unique néolibérale. En somme, elles ont affirmé leur soutien à une certaine mondialisation : celle du brassage des personnes, des informations et des cultures. Une mondialisation des solidarités. C’était d’ailleurs le défi lancé par les organisateurs du FSM : faire de l’édition 2002 un espace de débats et d’élaborations de propositions émanant d’acteurs différents de la société civile pour mettre en évidence qu’un “autre monde est possible”. C’est à ce défi que se sont attelées les 50 000 personnes venues de 123 pays, en participant aux multiples ateliers, séminaires et conférences proposés. Bien plus qu’un contrepoint du Forum économique mondial de Davos, le FSM est devenu un processus permanent de construction d’alternatives au néolibéralisme et d’articulations de différents acteurs de la société civile, construisant ainsi, pas à pas, un “mouvement citoyen mondial” qui se décline aujourd’hui en un Forum social mondial annuel et en Forums sociaux thématiques ou continentaux, tel que le Forum social européen de Florence en novembre 2002. Dans le cadre du programme Le CRID participe à la construction de ce “mouvement citoyen mondial”. Dans ce mouvement, il contribue à renforcer les efforts d’élaboration de propositions d’alternatives au néolibéralisme, en lien avec ses partenaires du Sud et de l’Europe de l’Est, favorisant ainsi l’articulation entre leurs projets locaux et les questions globales. L E I S S N S C : A H I E 1 2 9 0 - 6 1 3 1 R S - D E L N o v e m b r e A S O 2 0 0 2 L - I D P r i x A R : I T 4 , 6 0 É € CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 2 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ ORIGINE DU FORUM SOCIAL MONDIAL Extraits de l’article de Francisco Whitaker publié dans le “Correio da Cidadania” le 22 janvier 2001 (le passage en gras est de la rédaction du Cahier) Début 1998 fut publiquement annoncée la proposition d’un Accord multilatéral d’investissements - plus connu sous le sigle AMI - qui devait être signé par les pays les plus riches avant d’être “proposé”, ou plutôt “imposé” aux autres pays du monde. Cet accord avait été discuté, dans le plus grand secret, au sein de l’OCDE et était censé devenir une sorte de Charte mondiale du capital, auquel il octroyait tous les droits - surtout dans le Tiers-monde, qui recevrait les “investissements” - et pratiquement aucune obligation. Le journal français Le Monde diplomatique reprit et diffusa alors une première dénonciation faite aux Etats-Unis par le mouvement “Public Citizens”, conduit par Ralph Nader, dans un article signé par une avocate de ce mouvement, Lori Wallach. De la réaction au caractère absurde de cet accord naquit un mouvement social de contestation qui, fin 1998, conduisit la France à se retirer des négociations et, partant, à son abandon. SOMMAIRE L’une des associations à l’origine de cette mobilisation fut ATTAC - à l’origine Association pour la taxe Tobin d’aide aux citoyens et, aujourd’hui, Association pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens - qui commençait alors à prendre forme suite à une proposition en ce sens avancée, toujours, par Le Monde diplomatique. (...) C’est à partir des articulations (...) entre tous ceux qui se refusaient à voir un monde entièrement contrôlé par les intérêts du capital, que commencèrent à s’organiser des manifestations contraires à ce type de mondialisation. Les plus connues, de par leurs répercussions médiatiques, furent celle de Seattle contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC), celle contre le Fonds monétaire internationale (FMI) et la Banque mondiale à Washington, (...) où les représentants des gouvernements ont dû clôturer leur réunion un jour plus tôt que prévu. Or, cela faisait déjà une bonne vingtaine d’années que les maîtres du monde se retrouvaient dans un Forum, baptisé “Forum économique mondial”, qui se tenait à Davos, une petite et luxueuse station suisse de sports d’hiver. Organisé par une association devenue aujourd’hui une grande entreprise, ce Forum accueille une fois par an - sans oublier les rencontres régionales qu’il a mises en place - ceux ORIGINE DU FORUM SOCIAL MONDIAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 2 LE FORUM SOCIAL MONDIAL : PRINCIPES ET ORGANISATION . . . . . . Charte des principes du Forum social mondial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Précisions sur les principes qui orientent l’organisation du Forum social mondial . . . . Structuration de l’ensemble du Forum social mondial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Organisations membres du Comité organisateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4 p. 4 p. 6 p. 7 p. 7 LE FORUM SOCIAL MONDIAL 2002 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Structuration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Déroulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Méthodologie pour les conférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Synthèses de trois conférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ■ La dette extérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ■ La souveraineté alimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ■ La dignité et les droits humains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8 p. 8 p. 9 p. 10 p. 10 p. 10 p. 14 p. 18 LE CRID ET LA DYNAMIQUE DU FORUM SOCIAL MONDIAL . . . . . . . . . p. 19 Le CRID promeut le processus du Forum social mondial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19 Engagement des membres du CRID au Forum social mondial 2002 . . . . . . . . . . . . . . p. 22 VERS LE FORUM SOCIAL MONDIAL 2003 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 23 1. Voir la présentation des organisations, p. 7. 2. Gouverneur de l’Etat de Rio Grande do Sul de l’époque. 3. Maire de Porto Alegre de l’époque. 4. Voir la partie “Structuration de l’ensemble du FSM”, p. 7. CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 3 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ qui peuvent débourser 20 000 dollars pour venir écouter les grandes têtes pensantes au service du capital et s’entretenir avec elles, mais aussi écouter les critiques de la mondialisation en cours, critiques invités pour donner une légitimité au Forum. (...) C’est donc devant un tel tableau que quelques Brésiliens se sont dit qu’il était possible d’entamer une nouvelle étape de résistance à cette pensée devenue hégémonique à l’échelle planétaire. Par delà les manifestations de masse et la contestation, il devait être possible d’ouvrir une étape de propositions, une quête concrète de réponses aux défis de la construction d’ “un autre monde”, dans lequel l’économique serait placé au service de l’être humain, plutôt que le contraire. Des économistes et autres universitaires opposés au néolibéralisme réalisaient déjà en Europe des rencontres baptisées “Anti-Davos”. Mais leur but allait beaucoup plus loin. A savoir, organiser une autre rencontre, de portée mondiale, où seraient présentes toutes les organisations en cours d’articulation dans les manifestations de masse, rencontre fondée sur le social : le Forum social mondial. Pour donner une dimension symbolique à cette nouvelle étape, la rencontre devait avoir lieu aux mêmes dates que celle de Davos en 2001 et il en serait de même chaque année. L’auteur de cette idée remarquable (...) fut notre ami Oded Grajew, qui me la soumit (...). Nous décidâmes de la présenter au directeur du Monde diplomatique, qui est aussi le président d’ATTAC France, Bernard Cassen, et de voir avec lui si elle serait bien perçue hors du Brésil. L’enthousiasme de Cassen fut tel qu’il nous proposa d’organiser le Forum au Brésil. A ses yeux, l’effet symbolique exigeait qu’il se tînt dans un pays du Tiers-monde. Et le Brésil offrait les meilleures conditions. C’est de lui encore que vint l’idée de l’organiser à Porto Alegre, capitale d’un état dont le prestige s’accroît à chaque jour qui passe en vertu de ses expériences démocratiques et de sa lutte contre le néolibéralisme. Cassen nous renvoya donc le défi : si nous étions capables d’organiser le Forum, nous recevrions non seulement l’appui de son journal, mais encore et certainement celui des organisations qui se dressent dans le monde entier contre la domination du capital. De retour au Brésil, nous entreprîmes d’identifier les organisations et associations disposées à relever ce défi et à assumer cette énorme tâche. Le 28 février 2000 vit la réunion à São Paulo des représentants de huit organisations(1) ayant souscrit un “accord de coopération” visant à organiser le Forum social mondial (...). Une délégation de ces organisations se rendit à Porto Alegre au mois de mars 2000 pour y consulter Olívio Dutra(2) et Raúl Pont(3) et voir si les gouvernements fédéral et municipal acceptaient d’accueillir le Forum, tout en partant du principe que ce projet serait mis en œuvre par les organisations de la société civile. Le gouverneur et le maire ayant répondu par l’affirmative, l’heure était venue de travailler au plus vite à l’organisation et à la mise en œuvre effective de cette nouvelle rencontre mondiale, y compris en invitant d’autres organisations de la société civile afin de monter un Comité brésilien d’appui au Forum. Suivant une suggestion de Cassen, une délégation se rendit fin juin à Genève, où devaient se réunir, dans le cadre d’un “sommet” alternatif au Sommet social de l’ONU “Copenhague + 5”, une grande partie des organisations qui s’articulaient à travers le monde dans les manifestations contre le néolibéralisme. Un espace nous fut ouvert pour nous permettre de présenter notre proposition, qui fut très bien accueillie. Le vice-gouverneur du Rio Grande do Sul, Miguel Rossetto, était également du voyage pour confirmer que l’état avait accepté d’accueillir le Forum. A cette occasion, un Comité international d’appui au Forum fut mis en place(4). (...) Notre intention est d’ouvrir un espace - avec chaque année un nouvel approfondissement - à une réflexion elle aussi “mondialisée”, en quête d’alternatives à ce modèle qui nous domine (...). Nous espérons que cette répercussion assurera définitivement le début d’une nouvelle étape dans le combat contre l’assujettissement de l’être humain aux intérêts du capital. 3 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 4 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ LE FORUM SOCIAL MONDIAL : PRINCIPES ET ORGANISATION Charte des principes du Forum social mondial Le comité des instances brésiliennes qui a conçu et organisé le premier Forum social mondial, qui s’est tenu à Porto Alegre du 25 au 30 janvier 2001, après avoir évalué les résultats de ce Forum et les attentes qu’il a suscitées, a jugé nécessaire et légitime d’instaurer une Charte des Principes visant à orienter la poursuite de cette initiative. Les Principes contenus dans la Charte, qui devra être respectée par tous ceux qui souhaitent participer à ce processus et organiser de nouvelles éditions du Forum social mondial, consolident les décisions qui ont présidé à la réalisation du Forum de Porto Alegre et fait son succès, et amplifient sa portée, en fixant les orientations qui découlent de la logique de ces décisions. 1. Le Forum social mondial est un espace de rencontre ouvert, visant à approfondir la réflexion, le débat d’idées démocratique, la formulation de propositions, l’échange en toute liberté d’expériences, et l’articulation, en vue d’actions efficaces, d’instances et de mouvements de la société civile qui s’opposent au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d’impérialisme, et qui s’emploient à bâtir une société planétaire axée sur l’être humain. 2. Le Forum social mondial de Porto Alegre a été une manifestation située dans le temps et l’espace. Désormais, avec la certitude proclamée à Porto Alegre qu’ “un autre monde est possible”, il devient un processus permanent de recherche et d’élaboration d’alternatives qui ne se réduit pas aux manifestations sur lesquelles il s’appuie. 3. Le Forum social mondial est un processus à caractère mondial. Toutes les rencontres qui feront partie de ce processus ont une dimension internationale. 4. Les alternatives proposées au Forum social mondial s’opposent à un processus de mondialisation capitaliste commandé par les grandes entreprises multinationales et les gouvernements et institutions internationales au service de leurs intérêts. Elles visent à faire prévaloir, comme nouvelle étape de 4 l’histoire du monde, une mondialisation solidaire qui respecte les droits universels de l’Homme, ceux de tous les citoyens et citoyennes de toutes les nations, et l’environnement, étape soutenue par des systèmes et institutions internationaux démocratiques au service de la justice sociale, de l’égalité et de la souveraineté des peuples. 5. Le Forum social mondial ne réunit et n’articule que les instances et mouvements de la société civile de tous les pays du monde, mais il ne prétend pas être une instance représentative de la société civile mondiale. 6. Les rencontres du Forum social mondial n’ont pas un caractère délibératif en tant que Forum social mondial. Personne ne sera donc autorisé à exprimer au nom du Forum, dans quelque édition que ce soit, des prises de position prétendant être celles de tous les participants. Les participants ne doivent pas être appelés à prendre des décisions, par vote ou acclamation, en tant que rassemblement de ceux qui participent au Forum, sur des déclarations ou propositions d’action qui les engagent tous ou leur majorité et qui se voudraient être celles du Forum en tant que Forum. Il ne constitue donc pas d’instance de pouvoir que peuvent se disputer ceux qui participent à ces rencontres, ni ne prétend constituer l’unique alternative d’articulation et d’action des instances et mouvements qui en font partie. CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 5 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ 7. Les instances - ou ensembles d’instances - qui prennent part aux rencontres du Forum doivent donc être assuré-e-s de pouvoir délibérer en toute liberté durant celles-ci sur des déclarations et des actions qu’elles ont décidé de mener, seules ou en coordination avec d’autres participants. Le Forum social mondial s’engage à diffuser largement ces décisions par les moyens étant à sa portée, sans imposer d’orientations, de hiérarchies, de censures et de restrictions, mais en tant que délibérations des instances - ou ensembles d’instances - qui les auront assumées. 8. Le Forum social mondial est un espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan, qui articule de façon décentralisée, en réseau, des instances et mouvements engagés dans des actions concrètes, au niveau local ou international, visant à bâtir un autre monde. 9. Le Forum social mondial sera toujours un espace ouvert au pluralisme et à la diversité des engagements et actions d’instances et de mouvements qui décident d’y prendre part, comme à la pluralité des sexes, ethnies, cultures, générations et capacités physiques, dans la mesure où ils respectent la Charte des Principes. Ne pourront participer au Forum en tant que tels les représentations de partis, ni les organisations militaires. Pourront être invités à y participer, à titre personnel, les gouvernants et parlementaires qui assument les engagements de la présente Charte. 10. Le Forum social mondial s’oppose à toute vision totalitaire et réductrice de l’économie, du développement et de l’histoire, et à l’usage de la violence comme moyen de contrôle social par l’État. Il y oppose le respect des droits de l’Homme, la véritable pratique démocratique, participative, par des relations égalitaires, solidaires et pacifiques entre les personnes, les races, les sexes et les peuples, condamnant toutes les formes de domination comme l’assujettissement d’un être humain par un autre. 11. Le Forum social mondial, en tant qu’espace de débats, est un mouvement d’idées qui stimule la réflexion, et la diffusion transparente des fruits de cette réflexion, sur les mécanismes et instruments de la domination du capital, sur les moyens et actions de résistance et la façon de dépasser cette domination, sur les alternatives proposées pour résoudre les problèmes d’exclusion et d’inégalité sociale que le processus de mondialisation capitaliste, avec ses composantes racistes, sexistes et destructrices de l’environnement est en train de créer, au niveau international et dans chacun des pays. 12. Le Forum social mondial, comme espace d’échange d’expériences, stimule la connaissance et la reconnaissance mutuelles des instances et mouvements qui y participent, en valorisant leurs échanges, en particulier ce que la société est en train de bâtir pour axer l’activité économique et l’action politique en vue d’une prise en compte des besoins de l’être humain et dans le respect de la nature, aujourd’hui et pour les générations futures. 13. Le Forum social mondial, en tant qu’espace d’articulation, cherche à fortifier et à créer de nouvelles articulations nationales et internationales entre les instances et mouvements de la société civile qui augmentent, tant dans la sphère de la vie publique que de la vie privée, la capacité de résistance sociale non violente au processus de déshumanisation que le monde est en train de vivre et à la violence utilisée par l’État, et renforcent les initiatives d’humanisation en cours, par l’action de ces mouvements et instances. 14. Le Forum social mondial est un processus qui stimule les instances et mouvements qui y participent à situer, à un niveau local ou national, leurs actions, comme les questions de citoyenneté planétaire, en cherchant à prendre une part active dans les instances internationales, introduisant dans l’agenda mondial les pratiques transformatrices qu’ils expérimentent dans la construction d’un monde nouveau. Approuvée et signée à São Paulo, le 9 avril 2001, par les instances qui constituent le Comité d’organisation du Forum social mondial, approuvée avec des modifications par le Conseil international du Forum social mondial le 10 juin 2001. 5 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 6 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ Précisions sur les principes qui orientent l’organisation du Forum social mondial Le grand impact politique du Forum social mondial (FSM) de 2002 a entraîné un large débat autour de son évaluation, débat reproduit sur le site du FSM (www.forumsocialmundial.org.br). Nous avons cependant jugé utile de rappeler que l’organisation du FSM repose sur la Charte approuvée par le Conseil international le 10 juillet 2001. Parmi les points de la Charte, nous aimerions rappeler : Le FSM est un “espace de rencontre ouvert” (point 1), “pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan” (point 8). ■ En termes politiques, le FSM se démarque comme le “lieu de rencontre d’associations et de mouvements de la société civile opposés au néolibéralisme et à la soumission du monde au capital et à toute forme d’impérialisme” (point 1). Ses propositions “s’élèvent contre un processus de mondialisation aux ordres des grandes sociétés transnationales, des gouvernements et des organismes multilatéraux mis au service de leurs intérêts, et comptant sur la complicité des gouvernements nationaux” (point 4). ■ Le caractère non délibératif, en tant que FSM, lors des rassemblements du FSM. Cette façon de faire, bien souvent mal comprise, demande un éclaircissement : le FSM “n’est pas une instance de pouvoir, qui serait disputée par les participants de ses rencontres” et personne n’est “autorisé à exprimer, au nom du Forum (...) des positions prétendant être celles de tous les participants. Ceux-ci ne sauraient être appelés à prendre des décisions, par vote ou acclamation, à titre collectif” (point 6). Ceci étant, “les associations ou ensembles d’associations participant aux réunions du Forum jouissent pleinement de la liberté de délibérer (...) sur toute action et déclaration qu’ils décideraient de mettre en œuvre”, droit amplement divulgué par le Forum (point 7). ■ “Le FSM est et sera toujours un espace ouvert au pluralisme et à la diversité des engagements et des actions” (point 9), source de richesse et de force du mouvement pour un autre monde. Le Forum ne niera pas ses contradictions et sera toujours marqué par le conflit d’opinions entre les associations et les mouvements qui respecteront les principes énoncés dans sa Charte. ■ 6 ■ Le FSM est ouvert et refuse de recevoir sur invitation. Il offre les conditions qui permettent à toutes celles et à tous ceux souhaitant impulser leurs activités, quelle qu’en soit la forme (ateliers, séminaires, rencontres, forums, etc.) de le faire en toute liberté. Les seules activités mises en œuvre pour le FSM 2002 sous la responsabilité collective du Comité d’organisation et du Conseil international, ont été 27 conférences (dont les participants ont été choisis de concert avec les animateurs) et les témoignages de 15 personnalités. Aucune association ou organisation satisfaisant aux critères fixés dans les principes du FSM n’a vu et ne verra nier sa participation aux manifestations. Le Forum parlementaire mondial et le Forum des élus locaux maintiennent un dialogue avec le FSM et ses participants, mais leur organisation est due à des initiatives autonomes prises, le premier par une commission de parlementaires et le second par la mairie de Porto Alegre - sur les mêmes bases et au même titre que les autres séminaires -, et non par le Comité d’organisation et par le Conseil international. Le FSM “ne regroupe et n’articule que des associations et des mouvements de la société civile de tous les pays du monde” (point 5) et “aucune représentation partisane ou organisation militaire ne sera admise à participer au Forum” (point 9). Ce qui ne veut pas dire, toutefois, que “ne pourra être invité à participer, à titre personnel, tout gouvernant et parlementaire souscrivant aux engagements stipulés dans la Charte” (point 9). Cette année, cependant, le Comité d’organisation n’a invité aucun gouvernant ou parlementaire à participer au Forum social mondial. ■ São Paulo, le 7 mars 2002 Comité d’organisation brésilien CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 7 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ Structuration de l’ensemble du Forum social mondial Le Forum social mondial est un espace horizontal où chacun peut s’exprimer librement sur des propositions et des luttes, échanger des expériences, approfondir des analyses... Ce Forum est un processus et non un événement en tant que tel. Le Comité organisateur du Forum social mondial, composé de huit organisations brésiliennes (voir ci-dessous), a pour rôle de coordonner le FSM. L’un de ses grands défis est d’atteindre un équilibre entre la représentation nationale et la représentation internationale au FSM. Pour y parvenir, le Comité organisateur a invité les réseaux internationaux d’ONG, de syndicats, d’associations et de groupes citoyens à se joindre au FSM en constituant un Conseil international de soutien du FSM. Il a également encouragé la création de Comités de mobilisation à travers le monde. Le Conseil international est en charge des axes stratégiques et politiques du FSM. De ce fait il doit définir des thèmes pour le programme du FSM, établir une méthodologie, un format pour les conférences, identifier et inviter les animateurs et intervenants des conférences. Il doit promouvoir le FSM avec l’objectif d’étendre et de consolider la portée de l’événement. Le Conseil international est également en charge de trouver des fonds pour permettre aux réseaux et aux mouvements ayant peu de ressources de participer au FSM. Les membres du Conseil international doivent inciter les organisations et mouvements sociaux de leur pays à participer à cet événement, notamment en contribuant à la création de Comités de mobilisation. Ce Conseil doit être pluraliste et représentatif de la société civile. Il est constitué d’une cinquantaine de réseaux, de mouvements sociaux, d’ONG, de syndicats, etc. Chaque Comité de mobilisation national, vise, comme son nom l’indique, à faire connaître le FSM et à mobiliser les organisations sociales dans le pays pour qu’elles participent à l’événement. La composition des comités de mobilisation nationaux doit être large et plurielle. Organisations membres du comité organisateur ABONG - Association brésilienne des ONG Cette association brésilienne représente les ONG auprès de l’Etat et des autres acteurs de la société civile. Son principal objectif est de contribuer au renforcement des acteurs de la société civile engagés dans la défense des droits de l’Homme et de la démocratie. ATTAC Brésil - Association pour une taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens Le but de cette association était à l’origine de lutter pour la création d’une taxe sur les flux du capital spéculatif, reprenant une idée formulée par le prix Nobel d’économie James Tobin. Aujourd’hui ses actions se sont développées. De manière générale, il s’agit de produire et de diffuser de l’information pour agir en commun en vue de reconquérir les espaces perdus par la démocratie au profit de la sphère financière. CBJP - Commission brésilienne de Justice et paix du Conseil national des évêques brésiliens Cet organisme agit, par des études et des actions concrètes, pour la défense et la promotion de la personne humaine et pour la défense de la pratique de la justice. Elle cherche à garantir la présence des chrétiens face aux questions sociales à partir de la perspective éthique de l’Evangile. CIVES - Association brésilienne des entrepreneurs pour la citoyenneté Cette association d’entrepreneurs contribue à la mise en œuvre d’un modèle politique et économique qui garantisse des conditions de justice sociale et d’équité pour tous les citoyens du Brésil, en permettant l’accès de tous aux biens communs. 7 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 8 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ CUT - Centrale unique des travailleurs La CUT est l’un des principaux syndicats brésiliens. Elle regroupe plus de 18 millions d’affiliés. IBASE - Institut brésilien d’analyses sociales et économiques Cette ONG est engagée dans la défense et la promotion des droits de l’Homme, de la justice, du bien être social et par-dessus tout de la participation de tous les citoyens brésiliens à la construction de la démocratie. Elle participe au développement d’une société pleinement démocratique, sans misère, ni pauvreté, ni inégalités, sans négations des droits de l’Homme ni aucune autre forme d’exclusion sociale. MST - Mouvement des travailleurs ruraux sans-terre Le MST est une organisation née au Brésil dans les années 1970. Son objectif de base est de défendre le droit des paysans à disposer d’un lieu où vivre et où cultiver. Actuellement ce mouvement soutient plus de 250000 familles et plus de 2600 associations paysannes. Réseau social de justice et des droits de l’Homme Ce réseau regroupe des ONG et des mouvements sociaux impliqués dans la défense des droits de l’Homme au Brésil. Son objectif est de répondre aux demandes d’action et de dénonciation des violations de ces droits. Il utilise principalement les mécanismes juridiques aux niveaux national et international. LE FORUM SOCIAL MONDIAL 2002 Structuration En 2002, plusieurs forums se sont tenus dans une même unité de lieu et de temps : • le Forum social mondial en tant que tel, réunissant une grande diversité d’acteurs de la société civile venus du monde entier : associations, ONG, mouvements sociaux, syndicats, mouvements d’Eglise, etc., • un Forum des autorités locales (1 000 représentants), • un Forum mondial des parlementaires (1 145 députés et sénateurs), Pour ce qui est du Forum social mondial, les 50 000 participants, dont 12 274 délégués venus de 123 pays, ont participé aux débats des 27 conférences le matin (six à sept par jour), aux 96 séminaires(5) (une vingtaine par jour) et aux 622 ateliers(6) de l’après-midi (une centaine par jour) avant de venir écouter des “témoignages” en fin d’après-midi et de participer à des activités culturelles le soir. Sans oublier les centaines de réunions qui se sont mises en place en plus du programme ! • un Forum des juges, • un Forum de préparation au Sommet mondial du développement durable de Johannesburg, • un Forum social mondial des enfants. 5. Leur finalité était de permettre d’identifier, élaborer et approfondir des thématiques spécifiques, aussi bien que de débattre publiquement et de socialiser des réflexions stratégiques. Il s’agissait de faire naître une nouvelle thématique, de la construire, de l’approfondir, de la débattre et de la faire connaître. Les séminaires se déroulaient chacun sur une ou deux après-midi. 6. Leur objectif était d’ouvrir des espaces de rencontre et d’échange d’expériences. Les ateliers permettaient de réfléchir à des actions de mobilisation présentes et futures. Ils se déroulaient sur une après-midi. 8 Cet ensemble était structuré autour de quatre axes thématiques : 1. Production de richesse et reproduction sociale 2. Accès aux richesses et durabilité 3. Affirmation de la société civile et des espaces publics 4. Pouvoir politique et éthique dans la société nouvelle CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 9 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ Déroulement 31 janvier Après-midi Soirée Manifestation d’ouverture Séance d’ouverture en plein air 1 - 2 - 3 - 4 février Matinées Conférences - six à sept par jour, autour de l’axe thématique : 1er février Axe Production de richesses et reproduction sociale Thèmes : • Commerce mondial • Groupes multinationaux • Contrôle des capitaux financiers • Dette extérieure • Travail • Economie solidaire 2 février Axe Accès aux richesses et durabilité Thèmes : • Savoir, propriété intellectuelle • Médicaments, santé, SIDA • Environnement durable • Eau - bien commun • Peuples indigènes • Villes, populations urbaines • Souveraineté alimentaire 3 février Axe Affirmation de la société civile et des espaces publics Thèmes : • Lutte contre la discrimination et l’intolérance • Démocratisation des communications et des médias • Production culturelle - identité • Perspectives pour le mouvement mondial issu de la société civile • La violence domestique - une culture • Migrations, trafic d’êtres humains (femmes, enfants), réfugiés • Education 4 février Axe Pouvoir politique et éthique dans la société nouvelle Thèmes : • Organisations internationales et architecture du pouvoir mondial • Démocratie participative • Souveraineté, nation, Etat • Lutte pour la paix, contre la militarisation - les complexes militaro-industriels • Principes et valeurs • Droits de l’Homme - Droits Economiques, Sociaux et Culturels Après-midi Séminaires - une vingtaine par jour, dont : Thèmes : • Souveraineté et commerce • Economie populaire solidaire • Effets négatifs de la mondialisation sur l’environnement • Analyse du processus de négociation de l’ALCA (Accord de libre-échange des Amériques) • Taxe Tobin • Femmes et travail : réalité et propositions de changement • Financement du développement • En finir avec l’apartheid global : démonter la Banque mondiale et le FMI • “Le monde n’est pas une marchandise”, campagne contre l’OMC Ateliers - plus d’une centaine par jour Soirées Témoignages • Dom Luciano Mendes de Almeida (Brésil) • Jef Halper (Israël) et Mustafa Barghouti (Palestine) • Enrique Dussel (Argentine/Mexique) • Rigoberta Menchú (Guatemala) • Leonardo Boff (Brésil) ... entre autres Activités culturelles Autres rencontres et manifestations : • Rencontres continentales • Tribunal international des peuples sur la dette externe • Réunions d’articulation des mouvements sociaux • Rencontre mondiale de la jeunesse • Manifestation contre l’ALCA (Accord de libre-échange des Amériques) • Manifestation de solidarité avec l’Argentine 5 février Matinées Manifestation de clôture 9 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 10 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ Méthodologie pour les conférences Au FSM 2002, six à sept conférences thématiques étaient proposées quotidiennement en lien avec l’axe du jour (par exemple, la question de la dette dans l’axe Production de richesses et reproduction sociale). Le défi était d’arriver à synthétiser, sur ce thème précis, les propositions d’alternatives émanant de mobilisations citoyennes au Sud comme au Nord, en faisant émerger les points de convergence et de divergence. Chaque conférence était proposée par un ou deux réseau(x) de mouvements sociaux ou de campagnes citoyennes internationales. Une fois la proposition de conférence validée, un représentant d’un autre réseau membre du Conseil international était chargé de coordonner sa préparation. Puis les réseaux dits “promoteurs” devaient introduire, sur le site du FSM, un texte expliquant leurs propositions d’alternatives que d’autres organisations pouvaient ensuite venir compléter ou critiquer. Lors de la conférence, le représentant des réseaux promoteurs commençait par expliquer à la salle les propositions d’alternatives qui avaient été énoncées. Après cette entrée en matière, les autres intervenants venaient apporter des arguments complémentaires, émettre des critiques et formuler d’autres propositions. La salle pouvait alors poser des questions de clarification. La conférence était conclue par l’animateur qui, dans sa synthèse, devait dégager les points d’accord et de désaccord ainsi que les questions restant à creuser. Cette synthèse était ensuite présentée en quelques minutes aux journalistes lors d’une conférence de presse, puis rédigée et portée sur le site du FSM et, éventuellement, traduite en plusieurs langues. Ainsi pouvait s’élaborer un processus de capitalisation des propositions émanant de cette “société civile internationale”. À ce jour, douze synthèses sont disponibles en français sur le site du FSM. Le CRID a choisi ici d’en publier trois sur lesquelles ses membres se sont particulièrement investis : la dette extérieure, la souveraineté alimentaire, la dignité et les droits humains (voir pp. 10 à 19). L’ensemble des synthèses est disponible sur le site du FSM (www.forumsocialmundial.org.br). Synthèses de trois conférences LA DETTE EXTÉRIEURE Réseaux impulseurs : • Jubilee South • CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde) Facilitateur : Bernard Pinaud, CIDSE (Coopération internationale pour le développement et la solidarité) 1. La dette, un obstacle majeur au développement Toutes les organisations présentes à la conférence s’accordent sur le fait que la dette constitue un des obstacles majeurs au développement des pays du Sud, en captant par son remboursement des 10 Axe I - Production de richesses et reproduction sociale Débatteurs : • Luis Miguel Sinumbal, Mesa “Deuda y Desarollo”, Pérou • Paul Samangassou, Caritas Cameroun, Cameroun • Adolfo Perez Esquivel, Argentine • Pedro Morazan, Suedwind, Allemagne ressources qui devraient être consacrées à la satisfaction des besoins fondamentaux des populations. Par les transferts de ressources du Sud vers le Nord qu’il implique, le remboursement de la dette est donc un facteur prédominant de l’accroissement des inégalités au niveau mondial. CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 11 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ 2. La co-responsabilité dans l’accumulation de la dette L’ensemble des participants dresse le constat de l’iniquité du système actuel de traitement de la dette internationale, qui ne reconnaît pas la co-responsabilité entre prêteurs et emprunteurs dans l’accumulation de celle-ci. de l’utilisation de cet instrument par les pays du Nord et des créanciers privés, qui ne relève pas toujours d’une volonté délibérée, mais d’un système d’inégalité qui se perpétue. Propositions 1. Briser la spirale infernale de la dette 3. L’illégitimité Les prêts ont trop souvent été accordés dans le cadre de la défense d’intérêts politiques et économiques des prêteurs, avec la complicité d’une minorité corrompue dans les pays du Sud, plutôt que pour le développement économique et social des populations. Pour la plupart des participants, la légitimité d’une partie des créances qui pèse sur les pays pauvres est donc contestable moralement et juridiquement. Le débat entre les participants concerne l’ampleur de cette dette illégitime. Certains affirment que l’ensemble de la dette des pays du Sud est illégitime au regard des conséquences économiques, sociales et écologiques de cette dette qui, dans son ensemble, pèse sur les populations, et du fait que les emprunts qui ont servi à rembourser une dette “odieuse” peuvent aussi être considérés comme illégitimes. D’autres affirment qu’un travail est nécessaire pour arriver à une définition commune de l’illégitimité et de l’évaluation de son importance. Il paraît donc important de procéder à un audit indépendant de la dette des pays du Sud. 4. La dette comme instrument de coercition du Nord sur le Sud L’ensemble des participants reconnaît l’utilisation de la dette comme un instrument de pression de la part des pays du Nord sur les pays du Sud, notamment par l’imposition de plans d’ajustement structurel (PAS). Une solution au problème de la dette est essentielle pour redonner aux pays du Sud l’indépendance nécessaire dans la mise en place de politiques répondant aux besoins des populations. Les débats sur cette question concernent l’ampleur Les participants affirment ainsi l’impérieuse nécessité de rompre la spirale de la dette, qui occulte toute perspective de développement durable. Il faut stopper le cercle infernal dans lequel sont aujourd’hui enfermés les pays en développement, qui doivent emprunter pour pouvoir rembourser les dettes précédentes et voient leur stock de dette croître de manière incontrôlable. 2. Elaborer des plans d’allégement à la hauteur de l’enjeu Les participants prennent acte de l’échec du plan d’allégement actuel (principalement pour les pays africains), qui laisse de côté un grand nombre de pays pauvres et de pays à revenu intermédiaire, frappés par un surendettement ayant dépassé les limites du tolérable et dont les effets sur les populations sont dévastateurs. Ces plans d’allégement étant basés sur une logique financière établie par des créanciers plutôt que sur une logique politique d’aide au développement, ils n’allègent que dans une proportion marginale les remboursements de la dette des pays bénéficiaires. Le financement des initiatives demeurant incertain, des ressources additionnelles doivent donc être dégagées, conformément aux engagements pris. En outre, en conditionnant ces allégements aux PAS, ces plans assoient un peu plus la mise sous tutelle de ces pays par les Institutions financières internationales. Une unanimité se dégage parmi les participants pour affirmer qu’une solution véritablement pérenne passe par l’annulation de la dette publique des “pays pauvres”. 11 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 12 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ Par contre, le nombre des pays à inclure dans ce groupe fait débat. Certains réclament l’annulation de l’ensemble de la dette de l’ensemble des pays en développement au nom du caractère intrinsèquement illégitime d’une dette considérée comme un produit et un instrument de la domination du Sud par le Nord. En terme de stratégie, le débat est également à poursuivre sur le souhait exprimé par certains d’appeler à la répudiation des dettes et à l’arrêt des paiements. D’autres, marqués par le souci de ne pas bloquer l’accès de ces pays aux financements internationaux, estiment que l’annulation de la dette proprement dite doit être accordée en priorité aux pays les plus pauvres, d’autres mécanismes devant être mis en œuvre pour les pays à revenu intermédiaire. Mais toutes ces mesures doivent être rattachées aux objectifs internationaux de développement de 2015 tels qu’adoptés par la communauté internationale. Cela suppose que les plans de désendettement soient élaborés à partir des critères de développement humain, en prenant comme postulat que les dépenses minimales nécessaires à la lutte contre la pauvreté priment sur les obligations liées aux remboursements de dette. 3. Mettre en place de nouveaux mécanismes de financement du développement Pour sortir de la spirale de la dette, les pays du Sud doivent développer des financements alternatifs aux marchés financiers et aux prêts multilatéraux conditionnés. Certains proposent notamment la constitution d’une épargne locale. Pour aboutir à un tel financement endogène, il pourrait être envisagé de créer des fonds de développement alimentés notamment par une taxe de type Tobin, l’augmentation de l’aide publique au développement, la restitution des fonds détournés et la possibilité d’une imposition mondiale exceptionnelle des plus grandes fortunes. 4. Associer les sociétés civiles au suivi des annulations de dette Les ressources dégagées par les annulations de dette doivent être réellement affectées à la lutte contre la 12 pauvreté et au développement des populations. Il faut donc promouvoir des mécanismes spécifiques de suivi des annulations qui soient transparents et démocratiques - notamment sous forme de fonds de développement - et qui impliquent la société civile. Le développement des pays pauvres passe en effet par le renforcement de la démocratie et l’appropriation de ces fonds par la société civile, plutôt que par l’accumulation de conditionnalités extérieures du type PAS, qui portent atteinte à la souveraineté des pays concernés et imposent un modèle de développement néolibéral, incompatible avec un développement humain durable. Pour certains participants, cela doit passer par l’abolition des mécanismes existants, trop intimement liés à la politique d’ajustement structurel. D’autres, tout en prônant l’abandon des PAS, estiment que les nouveaux mécanismes associant annulation de la dette et lutte contre la pauvreté (Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté - CSLP) constituent un progrès sur lequel il faut construire. Ils doivent cependant inclure véritablement la société civile dans un mécanisme qui ne soit donc pas seulement consultatif, voire publicitaire, mais réellement participatif, en vue d’obtenir plus de transparence et de démocratie. Il est proposé par certains de renforcer la mise en réseau Nord-Sud des organisations et campagnes qui travaillent sur le suivi effectif des allégements de dette et de leurs conditions, notamment en terme de transparence et de participation de la société civile. 5. La rétrocession des “biens mal acquis” L’ensemble des participants affirme la nécessité de procéder à la rétrocession des fonds détournés qui ont ensuite été placés dans les pays du Nord - avec la complaisance, voire la complicité des pouvoirs publics et systèmes bancaires de ces pays - afin que ces fonds soient réinvestis en faveur du développement des pays concernés et que les élites corrompues ne restent pas dans l’impunité. CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 13 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ 6. La réparation de la dette historique contractée par le Nord auprès du Sud 8. La mise en place d’instruments de régulation internationaux justes, transparents et équitables Certains participants exigent la prise en compte de la réparation de la dette coloniale, sociale et écologique accumulée par le Nord vis-à-vis du Sud à travers plusieurs siècles de domination politique et économique (pillage des richesse naturelles, esclavage...), ce qui implique notamment la reconnaissance de cette dette et son remboursement. Dans l’ensemble, les participants se retrouvent sur la nécessité de mettre en place des mécanismes de régulation juridique justes, transparents et équitables afin de remédier à l’asymétrie structurelle entre créanciers et débiteurs dans le traitement actuel de la dette des pays du Sud. Les instances dirigeant le processus de traitement de la dette internationale des pays du Sud sont à la fois juges et parties (Club de Paris, Club de Londres, IFI). Ce système ne peut conduire qu’à une approche déséquilibrée, orientée dans le sens des intérêts des créanciers internationaux, ces derniers refusant d’assumer leur propre part de responsabilité dans le surendettement des pays du Sud. Les seuls à assumer les conséquences de la dette sont donc les pays débiteurs et leurs populations. Cependant, si la plupart des participants s’accordent à reconnaître un devoir moral des pays du Nord visà-vis des pays du Sud au nom de cette histoire, plusieurs d’entre eux s’interrogent sur les difficultés à établir les modalités concrètes d’évaluation et de remboursement que générerait la mise en place d’un mécanisme formel de réparation. 7. Mettre fin aux plans d’ajustement structurel Les participants s’accordent sur le bilan très fortement négatif des PAS imposés par les Institutions financières internationales. Les politiques imposées, tels que les privatisations forcées, la libéralisation des marchés, le “tout à l’exportation” et la suppression des dépenses consacrées aux besoins des plus vulnérables, accroissent considérablement les inégalités et sont incompatibles avec un développement durable défini par les pays eux-mêmes. Pour certains, une réforme en profondeur de l’architecture financière internationale mettant en place des instruments de régulation justes et équilibrés du traitement de la dette internationale est donc nécessaire pour apporter une réponse durable à la crise de la dette des pays du Sud. Ce rééquilibrage pourrait passer par la création d’un droit international idoine, dont l’application serait confiée à une instance internationale indépendante placée sous l’égide de l’ONU. Celle-ci inclurait des représentants des différentes parties, y compris la société civile, et aurait pour fonction d’arbitrer les intérêts des débiteurs et des créanciers. Outre les points soulevés précédemment, un tel droit devrait notamment intégrer la primauté des droits humains fondamentaux, la protection des débiteurs et la question des dettes illégitimes. L’ECONOMIE SOLIDAIRE Axe I - Production de richesses et reproduction sociale En tant que chantier prioritaire du CRID, l’économie solidaire fait l’objet d’un traitement et d’un suivi particuliers par le groupe de travail correspondant. Dans ce cadre, le prochain n° des Cahiers de la solidarité (décembre 2002) reprendra les débats qui se sont tenus sur l’économie solidaire au FSM 2002, et notamment la conférence qui s’est déroulée sur ce thème. Il fera également le point sur la question de l’économie solidaire au sein des associations membres du CRID. 13 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 14 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE Réseaux impulseurs : • CERAI, Espagne • IBASE/RIAD, Brésil Facilitateur : Francisco Menezes (IBASE/RIAD, Brésil) Brève présentation du sujet Durant les deux dernières décennies, les organismes multilatéraux (FMI, Banque mondiale, OMC) et de nombreux Etats ont prôné et mis en œuvre des politiques économiques néolibérales. Ce choix ne leur a pas permis de respecter leurs engagements en matière de satisfaction des besoins alimentaires des populations. Ainsi aujourd’hui, le droit à l’alimentation, droit humain le plus élémentaire, n’est toujours pas respecté par bon nombre de pays. Sur notre planète globalisée, plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim et plus du double de malnutrition. Plus de 1,3 milliard d’êtres humains luttent pour survivre avec moins de un dollar par jour. Si on ajoute aux centaines de milliers de personnes qui meurent chaque jour de faim, celles qui meurent d’épidémies ou lors de conflits dans les pays en développement, ce sont 58 millions de personnes dont la mort, en 2001, peut être imputée au modèle économique et social dominant. Les inégalités entre pays développés et pays “en développement” augmentent constamment. Et les inégalités entre riches et pauvres progressent aussi à l’intérieur des pays. Plus de 80 pays ont connu une baisse de leur revenu par habitant depuis dix ans. La pauvreté et l’exclusion sociale se globalisent. Selon le PNUD(7), les 20 % les plus riches contrôlent 86 % du PIB mondial et 82 % des exportations de biens et services. Et 500 compagnies transnationales produisent environ 47 % du PIB mondial, mais n’emploient que 1,6 % de la main d’œuvre mondiale. 14 Axe II - Accès aux richesses et durabilité Débatteurs : • Paul Nicholson (Vía Campesina) • Egidio Brunetto (MST, Brésil) • Silvia Ribeiro (ETC, Mexique) • Jean-Pierre Rolland (SOLAGRAL, France) Pour la honte de toute l’humanité, l’espoir d’un nouveau millénaire sans pauvreté, sans faim et en paix semble vain. Notes de la conférence ■ Questions Plus de cinq ans après le Sommet mondial de l’alimentation convoqué par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) et célébré à Rome (Italie), et plus de sept ans après la signature des accords de l’OMC, plusieurs questions se posent : • Pourquoi la faim et la malnutrition augmententelles chaque jour dans le monde ? • Pourquoi la crise que traversent l’agriculture paysanne et indigène, la pêche artisanale et les systèmes alimentaires s’est-elle aggravée ? • Pourquoi les peuples perdent-ils la souveraineté de leurs ressources productives ? • Les citoyens choisissent-ils librement la standardisation mondiale des aliments et la disparition progressive des cultures alimentaires ? • La faiblesse du développement et la difficulté à mettre en œuvre des systèmes de production durable des aliments sont-elles dues à des problèmes techniques ou à des raisons politiques ? • Dispose-t-on des capacités de production suffisantes pour nourrir la population mondiale ? 7. Programme des Nations unies pour le développement. CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 15 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ • Les pays dits “en développement” sont-ils capables de produire la majorité de l’alimentation dont ont besoin leurs populations ? • Les agricultures paysannes et la pêche artisanale sont-elles en mesure de répondre aux besoins alimentaires des populations ? • La libéralisation des échanges pour les produits issus de l’agriculture et de la pêche est-elle de nature à favoriser l’accès de tous à l’alimentation ? • Pourquoi et pour qui les aliments sont-ils utilisés comme outil de contrôle et comme arme de domination politique et économique sur les peuples ? • Les peuples ont-ils le droit de définir leurs propres politiques et stratégies de production, de distribution et de consommation ? • Les aliments sont-ils une marchandise comme une autre ? • La souveraineté alimentaire est-elle une solution politique pour garantir la sécurité alimentaire des peuples ? Analyses alimentaire de la majorité de la population mondiale. Finalement, ces politiques ont donc eu pour effet de doper les ventes et les bénéfices de ceux qui détiennent le pouvoir économique, tandis que la dette des pays en développement s’est accrue et que, pour les moins bien nantis, le niveau de pauvreté, de misère et d’exclusion a augmenté. Le processus d’intégration verticale dans le secteur agricole et agroalimentaire n’a pas de précédent dans l’histoire des fusions industrielles. Pour chacune des branches ci-après, les dix entreprises majeures contrôlent respectivement : 84 % du marché mondial dans l’agrochimie, 60 % pour les produits vétérinaires, 48 % pour les produits pharmaceutiques et 30 % pour les semences. Cinq de ces multinationales sont présentes dans les quatre branches (Monsanto, Syngenta - fusion de Novartis et Astra-Zeneca -, Dupont, Dow Chemicals et Aventis). Ces cinq entreprises contrôlent la totalité des semences transgéniques et l’une d’elles, Monsanto, a vendu 94 % des graines transgéniques plantées dans le monde jusqu’en 2001. La faim et la malnutrition ne sont pas le résultat de la fatalité, ni le simple fait de situations géographiques particulières ou de phénomènes climatiques défavorables. Elles résultent d’abord des politiques économiques, agricoles et commerciales imposées à l’échelle mondiale par les organisations internationales, les transnationales et leurs multiples expressions, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, dans le but de maintenir et d’accroître leur hégémonie politique, économique, culturelle et militaire dans le processus actuel de globalisation. Depuis 1995, l’OMC impose une libéralisation croissante des politiques agraires et des échanges de produits agricoles. Les politiques d’aide à la production et de subvention à l’exportation que les pays du Nord ont mises en œuvre, permettent aux entreprises transnationales d’acquérir des produits à des prix très bas et de les revendre aux consommateurs - tant du Sud que du Nord - à des prix plus élevés. Les agricultures du Nord qui bénéficient de ces soutiens sont favorisées au détriment de celles du Sud. Mais plus globalement, l’accord bénéficie en priorité aux agricultures industrielles au détriment des agricultures paysannes. Selon les promoteurs de ces politiques, la libéralisation des échanges promue durant la dernière décennie devait entraîner une augmentation du commerce, stimuler la croissance économique, moderniser les économies et permettre de réduire la pauvreté et la faim dans le monde. En réalité, le rythme de concentration internationale du secteur agricole entre quelques entreprises multinationales s’est accéléré, augmentant la dépendance et l’insécurité Les politiques néolibérales dans le secteur agricole ont, dans les faits, encouragé un processus de déruralisation forcée sur une échelle très vaste, avec des conséquences sociales et économiques dramatiques. Il s’agit d’une authentique guerre contre les agricultures indigènes et paysannes qui, dans certains cas, prend la forme d’un véritable génocide et ethnocide. Les communautés de pêcheurs artisanaux ont elles aussi perdu progressivement ■ 15 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 16 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ l’accès à leurs propres ressources. Ainsi, 70 % des personnes pauvres dans le monde vivent dans des régions rurales et leur survie dépend quasi totalement de l’agriculture et du développement rural. Avec la mise en œuvre des politiques néolibérales, la faim et la malnutrition grandissent, non par absence d’aliments mais par manque de droits. Propositions On entend par souveraineté alimentaire le droit pour chaque peuple de définir ses propres politiques durables de production, transformation, commercialisation, distribution et consommation d’aliments, garantissant le droit à l’alimentation pour toute la population, tout en se basant sur la petite et la moyenne production, en respectant ses propres cultures, la diversité des modes de production et de commerce des paysans, pêcheurs et indigènes, et la gestion des espaces ruraux - dans lesquels les femmes jouent un rôle fondamental. La souveraineté alimentaire doit se fonder sur des systèmes diversifiés de production, basés sur des technologies écologiquement durables. Les propositions identifiées sont : • la reconnaissance du droit à l’alimentation comme un droit humain fondamental, • la reconnaissance d’une agriculture rassemblant des paysans, des indigènes et des communautés de pêcheurs, • la reconnaissance de la multi-ethnicité des nations ainsi que la reconnaissance et la valorisation des identités des peuples indigènes, • la garantie de pouvoir accéder à une alimentation saine et suffisante pour toutes les personnes, en particulier les plus vulnérables, • la mise en place de processus complets de réforme agraire adaptés aux conditions de chaque pays et de chaque région, • l’accès équitable aux ressources productives, principalement la terre, l’eau et les forêts, ainsi 16 qu’aux moyens de production, de financement et de formation, • le développement et la promotion de systèmes alimentaires durables, • l’élaboration d’un Code de conduite sur le droit fondamental à une alimentation adéquate, • la ratification et l’application du Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels adopté par l’Assemblée générale des Nations unies en 1996, • la défense du droit des peuples à l’alimentation et l’adoption par les Nations unies d’une Convention mondiale sur la souveraineté alimentaire et le bienêtre nutritionnel, • le refus d’une quelconque ingérence de l’OMC dans les questions d’alimentation, d’agriculture et de pêche et dans les politiques nationales qui les régulent, • la configuration d’un nouvel ordre mondial démocratique et transparent afin de réguler le commerce international, et la création d’une Cour internationale d’appel indépendante de l’OMC, • l’arrêt immédiat des pratiques de dumping basées sur des aides à la production et sur des subventions à l’exportation, • l’interdiction de la bio-piraterie et des brevets sur les êtres vivants, • l’interdiction de l’expérimentation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) à ciel ouvert et l’interdiction de leur production et de leur commercialisation tant que l’on ne connaît pas avec assurance leurs effets sur l’environnement et la santé, ce qui n’est que la stricte application du principe de précaution, • l’intégration des objectifs de bien-être nutritionnel dans les politiques et les programmes nationaux d’alimentation, • la reconnaissance du rôle fondamental des femmes dans la production, la récolte, la commercialisation et la transformation des produits de l’agriculture et de la pêche, ainsi que dans la préservation et la reproduction des cultures alimentaires. CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 17 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ Consensus et divergences : thèmes de débats au sein de la société civile ■ Consensus sur : Réseaux : • FIAN (Food first information and action network), • le Forum mondial des pêcheurs et travailleurs de la pêche (FMPT), • le droit des peuples à pouvoir s’alimenter et à produire leurs propres aliments, • le Forum global de sécurité alimentaire et nutritionnelle durable, • le droit des peuples à accéder aux ressources naturelles (terre, semences, eau, etc.) et la reconnaissance de ces ressources comme patrimoine de l’humanité, • le Réseau APM (Agricultures paysannes et mondialisation, • la promotion de l’agriculture paysanne comme modèle de production efficace et durable des aliments, • le Réseau de l’agriculture durable (RAD), • la régulation démocratique et participative des échanges commerciaux agricoles, avec pour objectif de développer un commerce plus juste entre les paysans et les consommateurs, • la construction de liens entre les différents acteurs de la société, depuis les paysans jusqu’aux consommateurs, afin que tous participent de manière active aux prises de décision qui touchent la chaîne alimentaire. ■ Divergences Les divergences concernent principalement les actions à mettre en œuvre pour appliquer le principe de souveraineté alimentaire. Le “qui” et le “comment” sont au centre du débat. • le Réseau interaméricain de l’agriculture et de la démocratie (RIAD), • le RONGEAD (Réseau d’ONG européennes sur l’agroalimentaire, le commerce, l’environnement et le développement), • le Forum mondial sur la souveraineté alimentaire (FMSA). Campagnes : • “Primero está la Soberanía Alimentaría de los Pueblos” (“La souveraineté alimentaire des peuples d’abord”) • “Réforme Agraire : Pain, Terre et Liberté” • “Les aliments ne sont pas une marchandise” Prochaines étapes • large diffusion des résultats de la conférence, • participation aux processus nationaux de préparation du Sommet mondial de l’alimentation (Rome +5), Porteurs de l’initiative Mouvements sociaux : • organisations agraires membres de Vía Campesina, • mouvements indigènes, • organisations de pêcheurs, • organisations de travailleurs, • organisations de consommateurs, • ONG de tous les continents, • mouvements pour une autre globalisation. Institutions : • Fondations, centres d’études et de recherche de plusieurs lieux de la planète. • présentation et défense des propositions faites lors de la conférence dans les forums régionaux de préparation du Sommet de l’alimentation, ainsi que lors du forum parallèle de la société civile où sera défendu le principe de souveraineté alimentaire, • préparation d’une conférence sur la souveraineté alimentaire pour le prochain FSM, s’articulant autour d’un ensemble d’ateliers qui permettront d’approfondir les concepts, d’échanger des expériences et de formuler de nouvelles propositions ou d’améliorer les propositions existantes. Francisco Menezes (IBASE-RIAD / Brésil) Vicent Garcés (CERAI / Espagne) Traduction : Gilles Cornu 17 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 18 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ LA DIGNITÉ ET LES DROITS HUMAINS Réseaux impulseurs : • CAUCUS • CEDAR • PIDHDD • MNDH • FIDH • INCHRITI Facilitatrice : Maria Luisa Mendonça (Brésil), Réseau social pour la justice et les droits humains Débatteurs : • Adolfo Perez Esquivel (Argentine), lauréat du prix Nobel de la Paix 1980 • Coumba Touré (Mali), Institut pour l’éducation populaire • Muchtar Pakpahan (Indonésie), président de la fédération syndicale SBSI • Miloon Kothari (Inde), Comité logement et droits humains de la coalition “Habitat International” • Izzat Abdul-Hadj (Palestine), directeur du Centre binsan de recherche et développement et membre du Réseau palestinien des ONG (PNGO) • Sidiki Kaba (Sénégal), président de la Fédération internationale des droits humains (FIDH) Axe IV - Pouvoir politique et éthique travaillent, particulièrement au regard des points suivants : • autonomie des décisions nationales, • respect des droits économiques, sociaux et culturels, • résistance au terrorisme économique, aux pouvoirs financiers et au rôle dominant des Institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale, • perception de la dette comme un mécanisme pervers de domination. Les violations des droits économiques, sociaux et culturels doivent s’analyser à la lumière notamment de l’expansion de la culture de masse et de la propagation de ce que l’on appelle “la pensée unique”, ainsi que de la philosophie de l’économie néolibérale qui interdit toute alternative. Les opportunités d’engagements populaires sont essentielles. La vraie démocratie ne veut pas dire seulement voter une fois tous les quatre ans, mais implique des droits et l’égalité pour tous. La société doit être à la fois le protagoniste et l’architecte de sa propre histoire. C’est la responsabilité de l’Etat de garantir le droit à la santé, à l’emploi, à l’éducation, au logement et à tous les autres facteurs qui construisent le futur. Nous avons besoin de retrouver notre capacité à aimer. Comme disaient les étudiants en mai 1968 : “Soyons réalistes, demandons l’impossible !” Résumé de la discussion Après la fin de la seconde guerre mondiale, avec l’adoption de la Déclaration universelle des droits humains et des pactes internationaux, ainsi qu’avec la formulation des protocoles, des progrès significatifs ont été accomplis vers l’établissement de codes de conduite qui protègent les droits humains. Néanmoins, de sérieuses violations ont persisté. Celles perpétrées par les dictatures militaires d’Amérique latine par exemple, où, même à la fin de la période de démocratisation, on peut encore constater que des droits élémentaires sont violés de multiples manières. Nous devons donc réévaluer la façon dont les organisations internationales de droits humains 18 La conférence a apporté son soutien à la création d’un forum permanent sur les droits économiques, sociaux et culturels, forum destiné à constituer un mécanisme légal et politique pour poursuivre les objectifs suivants : • démocratisation de la décision dans les instances intergouvernementales des droits humains, par la participation des organisations sociales, • mise en œuvre des décisions prises par les conférences des Nations unies, • contrôle par la société civile du respect de droits humains par les Etats, • création d’un forum où les organisations sociales informeraient de leurs luttes et élaboreraient des politiques, CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 19 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ • respect des droits humains par les organisations financières internationales telles que le FMI, la Banque mondiale et l’OMC, ainsi que par les entreprises transnationales, • ratification par les Etats du Pacte relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (DESC), • mobilisation en faveur du protocole facultatif du pacte sur les DESC, • création d’un mécanisme politique pour la mobilisation sociale. Le Forum social mondial refuse la tendance croissante vers la militarisation, particulièrement manifeste depuis les attaques du 11 septembre à New York et à Washington. Nous croyons que la paix est le fruit de la justice sociale. Il est donc essentiel de stopper l’érosion des avantages sociaux et de garantir les droits individuels et collectifs suivants : • pouvoir vivre dans la dignité, • garantir l’autonomie des décisions nationales, • assurer l’égalité économique, sociale et raciale, ainsi que l’égalité hommes/femmes. Ceux qui violent les droits humains dénient leur propre humanité. Toute société doit donc être mobilisée et éduquée concernant ces droits. Nous considérons qu’il s’agit d’une tâche de longue haleine nécessitant des alliances entre les mouvements qui cherchent à promouvoir la solidarité et la justice sociale : syndicats, mouvements paysans, organisations de jeunes, ONG et mouvements luttant contre les discriminations de race et de genre. Le néolibéralisme a conduit à l’émergence de nouvelles institutions qui violent les droits humains. Ainsi, l’organisation conjointe de campagnes au niveau international est un élément essentiel du combat contre l’oppression et l’inégalité. Les valeurs universelles qui garantissent les droits humains et la dignité humaine doivent être restaurées. LE CRID ET LA DYNAMIQUE DU FORUM SOCIAL MONDIAL Le CRID promeut le processus du Forum social mondial pour qu’ “un autre monde soit possible” Extraits de la prise de position du CRID sur le FSM Introduction L’émergence d’une “société civile internationale” sur la scène mondiale est un fait. Celle-ci, non structurée et hétérogène, s’exprime de différentes manières : • les manifestations anti-mondialisation néolibérale à répétition depuis Seattle qui ont culminé avec celles de Gênes (200 000 personnes, soit cinq fois la manifestation de Seattle), • des campagnes citoyennes internationales sur la dette, l’OMC, les Institutions financières internationales, la Taxe Tobin etc., • les forums “société civile” parallèles aux rencontres internationales, • le Forum social mondial de Porto Alegre et les rencontres s’inscrivant dans cette dynamique. Le CRID, Centre de recherche et d’information pour le développement, collectif de 46 associations de solidarité internationale (ASI) qui appuient ou sont en lien avec des organisations de la société civile des pays du Sud et de l’Europe de l’Est (environ 1 500 pour l’ensemble des ASI du CRID), participe à la construction de ce “mouvement social international”. 19 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 20 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ Dans ce mouvement, le CRID doit renforcer les efforts d’élaboration de propositions d’alternatives à l’ultra libéralisme, en lien avec ses partenaires du Sud et de l’Europe de l’Est. Pour cela il doit en particulier aider les associations membres du CRID : • à développer des partenariats politiques avec des organisations du Sud : il s’agit pour les ASI du CRID de construire avec leurs partenaires du Sud un dialogue politique sur les grands enjeux globaux, • à renforcer les capacités de positionnement et de lobbying de leurs partenaires, • à favoriser le lien entre le local et le global : l’expérience que les partenaires ont acquise sur le terrain, accompagnés par les ASI, leur permet de construire une analyse et des propositions d’alternatives crédibles qui articulent le local au global, sans court-circuiter les niveaux national et régional, • à se situer par rapport aux autres acteurs de la solidarité internationale. Dans ce “mouvement social mondial”, le CRID et ses membres doivent donc apprendre à se situer. Cela est vrai au niveau international. Cela est aussi vrai en France par rapport : • aux syndicats qui ont rejoint les ASI dans différentes mobilisations (annulation de la dette des pays pauvres, augmentation de l’aide publique au développement, etc.), • aux mouvements citoyens dont ATTAC, • aux collectivités locales, • à d’autres acteurs : les ONG d’urgence, les associations de consommateurs, les associations environnementalistes, les mouvements sociaux... Les 46 ASI membres du CRID représentent en France un réseau de 7 500 groupes locaux rassemblant 180 000 bénévoles. A travers ces groupes locaux, le CRID veut promouvoir la solidarité internationale auprès des différents acteurs du “mouvement citoyen mondial”. 20 Contexte 1. La mondialisation en question Le mythe de la mondialisation harmonieuse et bénéfique à tous a vécu. Les priorités choisies par la communauté internationale, via les Institutions financières et commerciales (FMI, Banque mondiale, OMC) et les cadres de coopération (OCDE, G7/8), d’une mondialisation tirée par l’économie, la finance et le commerce sont clairement questionnées par les opinions publiques et remises en cause par les mouvements sociaux et citoyens. Les dérives de la mondialisation libérale se vivent au quotidien : chiffres astronomiques des transactions financières et monétaires quotidiennes (avec crises financières à répétition), puissance des firmes transnationales (dont le chiffre d’affaires dépasse pour nombre d’entre elles le PIB de la plupart des pays du Sud), dérives en matière d’environnement (pollution, surexploitation des ressources...), de santé (“vaches folles”, bœuf aux hormones...), de droits sociaux (zones de non-droits, non-reconnaissance syndicale...), marginalisation et pauvreté croissantes - en particulier des femmes - et inégalités sans cesse grandissantes. 2. La contestation de la mondialisation Les dérives du “tout marché” interpellent tous les citoyens et provoquent une mobilisation des organisations sociales qui s’amplifie à chaque réunion ou sommet international. Pour la majorité de ces organisations, il ne s’agit pas d’un repli souverainiste. Il y a au contraire une prise de conscience qu’une partie des défis auxquels sont confrontées les sociétés sont communs au Nord et au Sud et appellent des réponses communes, en matière d’environnement, de sécurité alimentaire, d’inégalités, de finance... Ces mobilisations s’inscrivent dans la construction d’une “société civile planétaire”, dans le droit fil des conventions en matière des droits de la personne humaine, des droits économiques, sociaux et culturels, des droits du travail. Alors qu’à Rio en 1992 le Forum des ONG rassemblait surtout des ONG de développement, des associations environnementales, des associations de CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 21 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ consommateurs, la mobilisation à Seattle voit de nouveaux acteurs arriver dans le champ de la solidarité Nord-Sud : les syndicats, les mouvements sociaux, des groupes de jeunes adultes, des mouvements politiques... Ces manifestations se sont reproduites à Washington, Bangkok, Prague, Nice et Gênes avec les mêmes acteurs. Les ASI voient donc arriver dans un champ qui leur était habituellement dévolu, la solidarité internationale, de nouveaux acteurs dont les positions et les modes d’action les bousculent, les interpellent, les obligent à se positionner. De plus, émergent au Sud des mouvements sociaux ou de grandes organisations syndicales qui se positionnent sur de grandes questions liées à la mondialisation tels les Zapatistes, le MST, Vía Campesina, les syndicats coréens, les mouvements des paysans d’Inde, les mouvements des Indiens d’Équateur, la marche mondiale des femmes, etc. Le Forum social mondial 1. Une rencontre (...) ■ Le Forum social mondial I à Porto Alegre (janvier 2001) Le Forum social mondial (FSM) - aux mêmes dates que le Forum économique de Davos - n’a pas voulu se situer en réaction à une rencontre des institutions financières internationales. Il s’est situé dans une dynamique de propositions : “Un autre monde est possible” en était le slogan. Ce FSM I a dépassé toutes les espérances des organisateurs : 4 000 délégués de 122 pays, plus de 10 000 participants tous les jours aux carrefours et ateliers, 1 500 journalistes, 400 députés de 27 pays qui avaient leur propre forum parlementaire. La rencontre était articulée (en plus des deux demijournées d’ouverture et de clôture) autour de carrefours le matin (quatre en tout) et d’ateliers l’après-midi (plus de 400 proposés). Les quatre thèmes des carrefours : • production de richesses et reproduction sociale (commerce international, système financier, etc.), • accès aux richesses et durabilité (les biens publics globaux, les OGM, etc.), • affirmation de la société civile et des espaces publics, • pouvoir politique et éthique dans la société nouvelle (futur des Etats-Nations, démocratisation du pouvoir mondial, etc.) Les thèmes des ateliers de l’après-midi allaient du Plan Colombie à la marche mondiale des femmes, des OGM aux stratégies d’opposition au FMI et à la Banque mondiale, de la démocratie participative à la dette des pays pauvres. ■ Le Forum social mondial II à Porto Alegre (février 2002) Il a été un succès à plusieurs niveaux : • Quantitativement : 50 000 personnes accréditées, dont 15 000 délégués issus de 5 000 organisations différentes dans 120 pays, et 2 800 journalistes. Tous les chiffres ont été triplés par rapport au FSM 2001. Le Forum des autorités locales a rassemblé 1 000 représentants des collectivités locales (trois fois plus qu’en 2001). Le Forum des parlementaires a rassemblé 1 145 députés et sénateurs. • C’était la première rencontre “société civile” de cette ampleur depuis le 11 septembre 2001. Les participants du FSM 2002 ont montré à tous ceux qui avaient cherché à criminaliser - en faisant un lien avec les terroristes - le mouvement dit antimondialisation leur maturité : magnifique manifestation de 40 000 personnes bon enfant et pacifique, forte participation aux débats, élaboration de propositions. • L’objectif du comité d’organisation brésilien de faire en sorte que des propositions d’alternatives puissent s’exprimer a été en partie atteint. Une dizaine de textes de synthèse des propositions émanant des conférences ont été élaborés. • Ces propositions ont été portées par des réseaux d’acteurs sociaux, d’ONG, de syndicats et non par des intellectuels engagés comme lors du premier FSM. • Les jeunes ont été plus présents que pour le FSM 2001 (11 000 de 52 pays). C’est une nouvelle 21 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 22 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ génération qui s’engage sur les questions politiques directement par le niveau mondial. • Le fait que la délégation des Etats-Unis ait été la cinquième en nombre (400 délégués) est aussi un succès. En effet, les militants américains étaient quasiment absents lors du FSM 2001. • Les Africains, grâce au Forum social africain (FSA) organisé à Bamako début janvier 2002, ont eux aussi été plus présents. • Le défilé des hommes politiques est aussi une preuve de son succès. La rencontre est en ellemême un rapport de force. 2. Un processus Les Forums sociaux mondiaux I et II de Porto Alegre furent des événements situés dans le temps et dans l’espace. Ils ont ouvert un espace de débat pluriel et démocratique entre mouvements sociaux, ONG, syndicats, universitaires, églises, de formulation de propositions alternatives à la politique néolibérale dominante, d’articulations d’actions entre ces différents acteurs. Plus que des rencontres, déjà en elles-mêmes très importantes, c’est donc un processus qui s’est enclenché. Tout en articulant différents acteurs de la société civile, le Forum social mondial ne prétend pas être une instance représentative de la société civile internationale. Dans la certitude proclamée à Porto Alegre qu’ “un autre monde est possible”, le Forum social mondial devient un processus permanent de construction d’alternatives, qui ne se réduit pas aux différentes rencontres. Texte validé par le bureau du CRID le 17 mai 2002 Engagement des membres du CRID au Forum social mondial 2002 Le CRID avait constitué un groupe de travail pour mener une préparation collective du CRID au FSM 2002. L’objectif principal de ce groupe de travail était de préparer cette seconde édition en favorisant la participation des ASI françaises et de leurs partenaires. Le groupe de travail a élaboré un texte de positionnement du CRID sur le FSM et un plan d’action. Il a mis en place une journée de préparation collective, à laquelle Agir ici, le CEDAL, l’IRES, Coordination SUD et le collectif Engagement citoyen dans l’Économie ont souhaité se joindre. Dix ASI membres du CRID, sur 39, ont envoyé des délégués au FSM 2002 : • AITEC (Association internationale de techniciens, experts et chercheurs) • CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) • Frères des hommes • Ingénieurs sans frontières • Max Havelaar France 22 • Peuples solidaires • RITIMO • Secours catholique • Secours populaire français • SOLAGRAL La délégation du CRID était composée d’une trentaine de personnes. Elle a rejoint sur place une cinquantaine de partenaires des associations membres du CRID venus du Sud et de l’Europe de l’Est. La majorité de ces participants logeait au même hôtel, permettant de nombreux temps d’échanges communs. L’engagement du CRID et de ses membres dans les conférences, séminaires et ateliers a été le suivant : Conférences : • Dette extérieure : animation de la conférence CCFD/CIDSE. • Souveraineté alimentaire : intervention SOLAGRAL (Jean-Pierre Rolland). • Villes, populations urbaines : intervention AITEC (Gustave Massiah). CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 23 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ Séminaires : • Économie solidaire : Max Havelaar/FLO (Victor Ferreira). • Droits économiques, sociaux et culturels, organisé par le Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe : interventions SOLAGRAL (Pierre Castella) et AITEC (Gustave Massiah). • DESC, organisé par CEDAR et FIDH : intervention SOLAGRAL (Pierre Castella). Ateliers : • Économie solidaire et renouvellement de la coopération internationale : organisation CRID et IRES (David Eloy et Charles Bouzols). • Renforcement des organisations du Sud face à la Mondialisation : organisation Peuples Solidaires Réseau Solidarité (Maude Féral). • Biens publics, DESC, lutte contre la pauvreté : organisation SOLAGRAL (Pierre Castella) • Economie solidaire : organisation Frères des Hommes. • Coopération internationale : organisation Frères des Hommes. • Rôle des femmes dans l’économie solidaire : organisation Frères des Hommes. De retour du FSM 2002, une journée d’évaluation a été organisée à Paris, avec l’ensemble des membres de la délégation du CRID. Une trentaine de rencontres de restitution ont ensuite été organisées partout en France pour faire partager ces réflexions, touchant 2 000 personnes environ. Le délégué général du CRID a également été invité à participer à une réunion de bilan du FSM 2002 au ministère des Affaires étrangères. VERS LE FORUM SOCIAL MONDIAL 2003… Les axes thématiques Chaque axe thématique sera le catalyseur des questions, des propositions et des stratégies mises en œuvre par les organisations qui participent au processus du FSM. Le FSM 2003 travaillera sur 5 axes thématiques : • développement démocratique et durable, • principes et valeurs, droits de l’Homme, diversité et égalité, • médias, culture et contre-hégémonie, • pouvoir politique, société civile et démocratie, • ordre mondial démocratique, combat contre la militarisation et promotion de la paix. Méthodologie • Les conférences : La fonction des conférences (de cinq à sept par axe) sera de socialiser les vues et les analyses auprès du public présent au FSM. • Les panels : Ce sera le lieu d’explicitation des propositions et stratégies dans leur pluralité de visions pour la transformation de la mondialisation néolibérale et la construction d’ “autres mondes possibles”. • Les témoignages : Il s’agira des témoignages de personnalités ou groupes de personnes dont la trajectoire de vie en faveur de la liberté et de la dignité de l’être humain est exemplaire et confirme qu’ “un autre monde est possible”. • Les tables de dialogue et de controverse : Ce seront des espaces spécifiques, où des délégués d’organisations de la société civile confronteront leurs points de vue et leurs propositions avec des représentants de partis politiques, de gouvernements et d’organisations de l’ONU. • Les séminaires : Les séminaires dresseront un “état des lieux” et envisageront les prolongements possibles d’une thématique abordée par les conférences. Ils approfondiront les propositions et les stratégies concernant ce thème. 23 CAHIER N°13 27/03/03 19:04 Page 24 (1,1) LES CAHIERS DE LA SOLIDARITÉ • Les ateliers : Ils sont destinés à la rencontre, l’échange d’expériences, l’articulation entre acteurs, la définition et la planification de stratégies de groupes, de réseaux etc., autour d’actions à mettre en œuvre. • Le Forum social à travers le monde : Ce sera un espace d’expression des Forums sociaux continentaux ou thématiques qui se seront tenus avant le FSM 2003... Une sorte d’agora permanente qui, du début à la fin du FSM, donnera visibilité à son processus de mondialisation. Engagement des membres du CRID au Forum social mondial 2003 La délégation du CRID sera deux fois plus importante en nombre qu’au FSM 2002. La soixantaine de membres composant cette délégation représenteront les seize organisations suivantes : • Agir ici • AITEC (Association internationale de techniciens, experts et chercheurs) • CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement) • Chambre des beaux-arts de Méditerranée • CICP (Centre international de culture populaire) • Fédération Artisans du monde • Femmes et changements • Frères des Hommes • Ingénieurs sans frontières • IRFED (Institut international de recherche et de formation éducation et développement) • Max Havelaar France • Les Pénélopes • Peuples solidaires • RITIMO • Secours catholique • Terre des hommes France Cette délégation rejoindra sur place une cinquantaine de partenaires des associations membres du CRID, venus du Sud et de l’Europe de l’Est. La majorité de ces personnes logeront dans le même hôtel afin de permettre des temps d’échanges. L’engagement du CRID et de ses membres portera principalement sur les thèmes suivants : • la dette des pays du Sud, • les droits économiques, sociaux et culturels (DESC), • l’économie solidaire, • la paix et le dialogue interculturel. Enfin, le CRID sera promoteur de deux séminaires de trois demi-journées chacun, l’un sur les DESC, l’autre sur la paix et la dialogue interculturel. Plusieurs organisations ou réseaux ont demandé à se joindre à la dynamique collective du CRID pour préparer et participer au FSM 2003. Il s’agit de : • Coordination SUD • MES (Mouvement pour une économie solidaire) • Plate-forme “Engagement citoyen dans l’économie” • UNADEL (Union nationale des acteurs et des structures du développement local) • APRESS (Agence pour la promotion de l’économie sociale et solidaire) Le CRID - Centre de Recherche et d’Information pour le Développement Ce collectif rassemble 46 associations de solidarité internationale et leurs 7 500 groupes locaux répartis dans toute la France. Ces associations appuient leurs partenaires, soit plus de 1 500 organisations locales agissant dans toutes les régions du monde en faveur des populations les plus défavorisées, afin de promouvoir des modes de développement durable et de renforcer le respect des droits humains. Membres : AITEC - CCFD - CIMADE - CODEV - COLLEGE COOPERATIF - FEDERATION ARTISANS DU MONDE - FRERES DES HOMMES - IRFED - MAX HAVELAAR FRANCE PEUPLES SOLIDAIRES - RITIMO - SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS - SOLAGRAL Membres associés : ACCUEIL PAYSAN - ADER - AGIR ICI - ASFODEVH - AFED - AUI - AOI ASI - ASPAL - CARI - CHAMBRE DES BEAUX-ARTS DE MEDITERRANEE - CICP - EAU VIVE - ECOLIERS DU MONDE/AIDE ET ACTION - EMMAÜS INTERNATIONAL - ENDA TIERS MONDE - ETUDIANTS ET DEVELOPPEMENT - FEMMES ET CHANGEMENTS - FONDS MONDIAL DE SOLIDARITE CONTRE LA FAIM - FORUM DE DELPHES - GRDR - GROUPE DEVELOPPEMENT - IDD - INGENIEURS SANS FRONTIERES - JURISTES SOLIDARITES MADERA - MAISONS FAMILIALES RURALES - OFCI - (LES) PENELOPES - SECOURS CATHOLIQUE - SOLIDER - TERRE DES HOMMES FRANCE - TRADITIONS POUR DEMAIN 24 Editeur : CRID - 14, passage Dubail - 75010 Paris Tél. : 01 44 72 07 71 - Fax : 01 44 72 06 84 E-mail : [email protected] Site web : www.crid.asso.fr Directeur de la publication : Gustave Massiah Rédacteur en chef : Raphaël Mège Rédactrice : Lucie Bringer Avec la participation de : Pierre Castella, Alex de la ForestDivonne, Bernard Pinaud, Jean-Pierre Rolland Conception graphique : René Bertramo Dépôt légal : xxxx Imprimerie : Landais Tirage : 2 500 ex. Ce Cahier a été réalisé avec l’appui financier du Ministère des affaires étrangères et de la Commission européenne.