Monsieur le Maire de Paris, Messieurs les Ambassadeurs

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Monsieur le Maire de Paris, Messieurs les Ambassadeurs
Monsieur le Maire de Paris,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de me trouver en ce haut lieu de la vie parisienne, dans les murs duquel une partie de l’histoire de France
s’est inscrite avec des lettres glorieuses. Je mesure aussi l’insigne honneur qui m’y est réservé, pendant ma visite d’État.
En foulant pour la première fois cette flamboyante demeure, où s’épanouit depuis des lustres la prestigieuse civilisation
française, je ne puis dissimuler mon émotion, ni mon éblouissement devant tant de beauté, d’élégance et de grâce.
Une émotion devant les marques d’amitié. La vôtre, Monsieur le Maire, et celle de vos collaborateurs. L’émotion
encore d’y retrouver, à travers vos paroles réconfortantes, combien la France tient au Liban, à sa souveraineté, à son
indépendance et à sa renaissance. L’émotion enfin de découvrir un peuple parisien ami, j’allais dire de toujours, qui
partage avec le peuple libanais tant de valeurs et de convictions.
Monsieur le Maire,
Depuis votre élection à la première magistrature de Paris, vous avez tissé avec le Liban une histoire d’amour qui se
poursuit. Ému par la situation dramatique que notre pays a traversée en 2006, vous avez pris une initiative concrète
pour venir en aide aux populations civiles sinistrées. En votre qualité de Président de l’Association internationale
des Maires francophones, vous faites régulièrement le point de l’évolution de la situation sur le terrain, directement avec
vos homologues libanais de la Capitale, et des principales villes du pays. En septembre 2006, votre visite au Liban
est l’occasion de saisir sur le vif l’impact des destructions et de déplorer la folie des hommes. Vous profitez de ce séjour
pour signer avec votre homologue de Beyrouth un accord de coopération qui concrétise la volonté des deux capitales de
poursuivre une action commune exemplaire. Avant de quitter le sol libanais, vous déclarez : « Je veux vous dire que
j’ai confiance dans le Liban. Je sais que le Liban aime sa diversité, je sais que le Liban est une terre, un peuple où
l’on aime s’enrichir des différences. » Et vous poursuivez à l’adresse des Libanais : « Vous avez des droits sur Paris
et au sein des droits du genre humain sur cette ville, les Libanais ont des droits particuliers. Chers amis, vous avez
compris que j’aime le Liban. Vous avez compris que le Liban est utile au monde. L’affection entre le Liban et la
France est indestructible. » (fin de citation).
Observant avec préoccupation la situation, vous poursuivez vos consultations avec les différents représentants de la
communauté libanaise parisienne auxquels vous renouvelez l’expression de votre solidarité sans faille : « Pour moi,
enfant de Tunisie, dites-vous en octobre 2003, le Liban a toujours représenté le visage d’un pays où les identités se
retrouvent et vivent ensemble en harmonie et en paix ». Et vous ajouter, s’adressant aux Libanais : (je cite) « Merci
d’être à la fois Libanais et Parisiens, Paris ne serait pas cette ville s’il n’y avait pas cet apport des Libanais. Nous
avons tous besoin et de Paris et de Beyrouth ! Je crois au Liban multiconfessionnel. Le Liban doit être libre,
indépendant et souverain. » (fin de citation)
Il ne m’appartient pas d’énumérer ici les actions culturelles d’envergure que la Mairie de Paris a initié et soutenu
depuis des années. Je voudrais dire simplement que toutes ces initiatives montrent à l’évidence que le Liban tient une
grande place dans vos préoccupations et votre cœur. Grâce à votre concours actif, la capitale libanaise pourra, sans nul
doute, retrouver son lustre et son rayonnement d’antan et jouer de nouveau son rôle de capitale culturelle du monde
arabe et de lieu de rencontres et d’échanges entre cultures et civilisations. La vocation de Beyrouth, qu’elle partage
avec Paris, est d’être cet espace de liberté où les gens de bonne volonté peuvent en toute quiétude confronter leurs idées et
aiguiser leur génie, tout en rêvant d’un monde meilleur fait à la mesure et aux ambitions de l’homme.
Monsieur le Maire,
Les nations se rapprochent, nouent de nouvelles solidarités et s’organisent en ensembles régionaux qui s’affirment sur
la scène internationale comme des pôles de paix, de démocratie, de coopération, de prospérité et de progrès. Seul le
Proche-Orient fait encore exception, et pour cause : la Paix que nos peuples appellent de leurs vœux les plus ardents
peine à se réaliser, car elle ne pourra prévaloir que dans la justice, celle qui consiste à restituer à chaque peuple sa terre, ses
droits et sa dignité, dans le respect des principes du droit international. C’est cela qui nous manque terriblement dans
le nouveau drame que vit dans sa chair vive le peuple palestinien.
Le Liban, quant à lui, a prouvé son attachement indéfectible aux grandes valeurs humaines que sont la démocratie,
les droits de l’Homme et les libertés publiques. Nous n’avons jamais cessé de manifester notre souci de défendre ces
valeurs et de les renforcer. Notre engagement pour combattre le terrorisme et toutes les formes de fanatisme découle de
la nature même de notre pays, décrit par le pape Jean-Paul II comme un miracle et un modèle de convivialité à
méditer et à suivre. Aujourd’hui, le Liban, ce pays message, havre de pluralisme et lieu privilégié où se rencontrent et
s’interpénètrent quotidiennement les cultures et les religions, s’engage résolument dans un grand chantier de réforme, de
modernisation et de reconstruction. Notre dessein, outre la relance économique indispensable, passe aussi et surtout par
la réforme des institutions politiques, administratives, sécuritaires, judicaires, économiques et sociales, afin de reprendre
notre place et notre rôle dans le concert des nations éprises de paix et de concorde.
Confiant de la compréhension de la France et de son soutien constant, nous rêvons d’un avenir radieux pour le
Liban. Un avenir que nous comptons construire avec l’aide de tous nos amis à travers le monde, pour faire naître de
nouvelles espérances dans le cœur de notre jeunesse entreprenante, au Liban même et dans la diaspora.
Ce faisant, vous savez Monsieur le Maire, que votre ville fait rêver le monde entier, car elle est synonyme de liberté,
de grâce, de beauté, de culture et de générosité. Hospitalière, elle a reçu les bras ouverts beaucoup de communautés, à
travers une histoire millénaire. Paris a su offrir aux Libanais des possibilités de vie et de travail, au moment où notre
pays traversait un long cauchemar. Par la suite, beaucoup d’entre eux se sont assimilés au mode de vie parisien et se
sont insérés avec bonheur dans son tissu urbain, participant à l’enrichir et s’en enrichir.
C’est pourquoi, permettez-moi, Monsieur le Maire, de m’adresser du haut de cette tribune aux Franco-libanais
ici présents, et à travers eux à ceux très nombreux qui vivent et donnent le meilleur d’eux-mêmes à la France depuis
des décennies pour leur dire que Paris vous accueille généreusement et vous la lui rendez bien par votre dynamisme,
votre entregent et vos multiples talents. Partagez votre expérience avec vos homologues français, consolidez le dialogue
mutuel établi avec eux depuis des siècles, soyez toujours fiers de votre patrie d’origine et servez loyalement votre patrie
seconde, car comme dit un proverbe de notre terroir, « si tu ne sais pas où tu vas dans la vie, n’oublie surtout jamais
d’où tu viens ».
Monsieur le Maire,
J’aimerais enfin, en vous remerciant de votre invitation, saluer en votre personne l’œuvre immense, passionnément
suivie, jour après jours, sous votre égide, pour que ce Paris de lumière ressemble sans cesse davantage au Paris secret
qui vit au cœur de tout Libanais, et qui reste à jamais la capitale de tous les rêves et de tous les espoirs.
Vive Paris ! Vive le Liban ! Vive la France !