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Vendredi 18 octobre 2013 // No 164
Horticulture
Devis déviant
P. 5
CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch
Viande
Chasse à court
P. 6
Humanitaire
Dons de cloche
P. 7
Tir au lynx
Nos meilleurs
coins P. 17
JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA
2
C ’ E S T P A S P OUR DIRE !
« On est les champions,
on est les champions… »
(air connu)
Roger Jaunin
C
ette fois-ci c’est fait, l’équipe suisse est
qualifiée pour la grand-messe du football,
l’an prochain au Brésil. Résonnez clairons,
sonnez trompettes, voici que la déferlante
rouge s’apprête à envahir le temple même
du ballon rond. Pour y faire quoi, c’est bien sûr une
autre histoire…
D’ici là, la machine à faire du fric va se mettre en
route. On va nous vendre des figurines Panini, des
voyages « de rêve » au pays des crève-la-faim, des
maillots floqués de la croix blanche, des drapeaux,
des écharpes et quantité de gadgets, saloperies de
plastique fabriqués à Hongkong. Sous licence suisse
bien sûr.
Les journaux et les magazines vont en faire des
tonnes, les « spécialistes » vont monopoliser les heures
d’antenne, télés et radios confondues, et s’ébaubir
devant le 4-2-3-1 ou le 4-4-2 astucieusement mis
en place par Ottmar Hitzfeld ; « Gottmar », comme
disent nos cousins alémaniques toujours prêts à
déifier tout ce qui, en matière de sport du moins, vient
d’Allemagne.
Sûr qu’on va leur montrer de quels crampons on se
chausse, à ces Brésiliens, ces Espingouins et autres
Ritals ! Sûr qu’on va bomber le torse au moment de
chanter « Sur nos monts, etc. » et que les mômes des
favelas reprendront de concert « les beautés de la
paaatriiiie ».
Championne du monde qu’elle sera, la Suisse des
Shaqiri, Djourou, Rodriguez, Gavranovic et von
Bergen. D’ailleurs c’est simple, elle l’est déjà. Parce
que, voyez-vous, parvenir à constituer une équipe,
une vraie, avec des gars originaires des quatre coins
de l’Europe, voire d’Afrique, dans un pays aussi
hermétiquement fermé, ça, c’est champion.
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
Q UELLE S EMAINE !
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Ç A , C ' E S T F AI T !
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Loup y es-tu ?
millions d’euros
C’est la modique somme que
monseigneur Franz-Peter Tebartzvan Elst, évêque de Limburg, a
consacrée à la construction d’un
nouvel évêché. Et ça fait grincer
des dents, en Allemagne et au-delà.
Il faut dire que les robinets en or,
la baignoire à 15 000 euros ou
la chapelle privée à 2,9 millions
d’euros font un peu bling-bling. Et on
ignore encore le prix de la crèche de
Noël. A sa décharge, monseigneur
Tebartz-van Elst ne pouvait pas
savoir que Ratzinger allait céder son
trône à un drôle de type qui s’est
mis en tête de prôner l’humilité.
Maurice Tornay,
président du
Gouvernement valaisan,
est dans le viseur du
Groupe Loup Suisse
(GLS). Motif : à propos
du prédateur, le conseiller
d’Etat avait eu ces mots
lors d’une visite à Fiesch :
« Voir, tirer, enterrer, se
taire. » Le GLS dépose
donc plainte pénale pour
incitation au braconnage.
Mais à quoi va servir
le congé accordé aux
enseignants-chasseurs
par Oskar Freysinger si
on ne peut même plus
canarder en paix ?
Nettoyage chimique
Avant de toquer à celle de la Syrie, les Etats-Unis devraient balayer devant
leur porte. Selon El Pais Internacional, les troupes US auraient en effet
« oublié », sur l’île panaméenne de San José, un joyeux arsenal de munitions
et bombes farcies au gaz moutarde et au phosgène, hautement toxique. Sans
oublier des bombes conventionnelles. Il faut dire que de 1903 à 1999 les
Etats-Unis ont utilisé San José comme terrain d’expérimentation pour leurs
joujoux militaires, dont des armes chimiques. Le Pentagone a tout de même
accepté de débarrasser l’île en 2014 si les soucis budgétaires le permettent.
Trop sympa !
Eurêka
Dans la Sonntagszeitung
(13.10.13), trois doux
humanistes (le PDC Gerhard
Pfister, l’UDC Christoph Blocher
et le PLR Kurt Fluri) livrent leur
solution géniale pour éviter de
nouveaux naufrages tragiques
au large de Lampedusa : il suffit
de rassembler les migrants dans
des camps en Afrique du Nord.
C’est vrai, quoi, autant faire le tri
sur place, c’est beaucoup plus
humain. Et puis avec les gens
qui dérangent, les camps, c’est
toujours la solution.
Déprime
à bord
Le 21 octobre a lieu la
Journée mondiale de la
dépression. L’occasion de
rappeler que dans le monde
121 millions de personnes
souffrent de cette maladie,
que chaque année 850 000
d’entre elles mettent fin à
leurs jours et qu’en 2020 la
dépression sera la première
cause mondiale d’invalidité.
Une journée qui s’annonce
radieuse.
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
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F AI T S DI V ER S E T V ARI É S
F AI T S DI V ER S E T V ARI É S
Plus ça change,
moins ça change
Manne
power
Farce d’inertie Hôpital du Valais a repris ses bonnes vieilles habitudes :
le personnel n’est pas à la fête, et les patients non plus.
Au printemps 2012, les responsables d’Hôpital du Valais le juraient
face aux médias : on allait mettre un
terme aux copinages et faire table
rase des incompétents placés à des
postes clés. Avec pour slogan « Remettre l’humain au centre », le nouveau directeur général Eric Bonvin
allait rétablir l’ordre. Dans les faits,
Vincent Castagna, directeur du
Centre hospitalier du Valais romand
chargé de mener les « réformes », a
surtout cultivé népotisme, favoritisme et déni de réalité.
« On a assisté à une pseudorévolution où l’on a voulu changer des
choses sans aucune consultation de la
base », observe un témoin, évidemment anonyme. Exemple : un poste
a été créé de toutes pièces pour
une certaine Valérie
Revaz,
désormais
« cheffe de la division Gestion médicoéconomique ». Cette
trentenaire aux dents très
longues supervise donc le
budget, les départements et
les secrétariats de tous les sites
d’Hôpital du Valais. Et l’enfer se
déchaîne. « Il y a un jeu effrayant
de chaises musicales où les gens sont
déplacés sans aucune concertation,
comme des pions », poursuit un autre
informateur, toujours sous couvert
d’anonymat. Mauvaise foi, commentaires déplacés sur le physique,
rétention d’informations : ces petites
humiliations usent le personnel.
Valérie Revaz possède d’ailleurs
un alter ego, Muriel Del Bianco,
dans l’Unité de gestion des flux. A
son tableau de chasse, elle affiche
sept burn-out connus, dont celui
de la femme du chef du service des
urgences. Une autre dame, Sarah
Fournier, responsable de la physio
et fort proche de Vincent Castagna,
pratique les mêmes méthodes avec
le menu fretin.
Les employés à bout de nerfs ont
eu la candeur de croire que les
Ressources dites « humaines »
allaient voler à leur secours. Las !
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
Tous les organes de surveillance
regardent passer les trains avec
l’énergie de vaches sous Lexotanil.
La trentaine de plaintes concernant
Valérie Revaz ? On oublie. La page
27 de la Convention collective 2012,
qui parle du harcèlement psychologique ? Lettre morte.
Autres planches de salut théoriques, la médecine du travail, la
commission du personnel et le
service de médiation du personnel
demeurent des pantins à qui la direction n’accorde aucun réel crédit.
Dans les couloirs de l’hôpital de
Sion, tous ces problèmes se traduisent par une notable surcharge
de travail doublée d’une accumulation de séances inutiles. Sans
compter la paranoïa : on n’ose plus
prendre le café avec certaines brebis
galeuses de peur d’être dans le collimateur de la direction. Et si l’on
est éjecté d’Hôpital du Valais, on est
grillé dans tout le secteur médical
valaisan.
Les Syndicats chrétiens du Valais
négocient en ce moment la Convention collective de travail 2016 avec
Hôpital du Valais. Secrétaire général
desdits syndicats, Patrick Chabbey
a placé au cœur des discussions
« l’amélioration des compétences
relationnelles pour les postes d’encadrement ». Bonne idée. Sauf qu’il
n’est au courant de rien, aucune
personne syndiquée ne
lui ayant signalé les
cas révélés par notre
enquête. Il tombe des
nues : « Si ce que vous
me décrivez est avéré,
nous sommes face à des
situations de non-assistance à personne en danger. »
En attendant, il est évident
que tout ce marasme retombe
sur les malades et leurs familles.
Mais, ô joie, ceux-ci ont un Espace Ecoute Patients à leur service
s’ils rencontrent des problèmes avec
l’institution. Sauf que cet espace est
relié directement au service juridique, détail qu’ils découvrent à
leurs dépens : adieu la confidentialité et l’éthique ! Du reste, ce n’est
sans doute pas un hasard si deux
médiatrices
d’Espace
Ecoute Patients ont déjà
donné leur démission.
Au sein du personnel,
les lettres RSV sont
discrètement devenues
les initiales de « Réseau
Sans Valeurs ». Faut
bien rigoler un peu.
Joël Cerutti/Agence PJ
Investigations
« L’énergie nucléaire est rentable,
elle produit un courant électrique
bon marché ; abandonner le nucléaire au profit des énergies renouvelables augmentera le prix du
kilowatt/heure, ce qui pénalisera
nos entreprises, nuira à l’économie
du pays et coûtera de nombreux
emplois. » Tel est, en substance et
en résumé, le refrain que serinent
à qui mieux mieux le lobby de
l’atome et ses valets politiques.
Les adversaires des centrales réfutent cette argumentation en répétant, depuis des années, que le
prix du courant d’origine nucléaire
est grossièrement sous-évalué. Il
ne tient pas compte en effet des
coûts réels qu’engendrent le démantèlement des réacteurs en fin
de vie et la gestion des déchets radioactifs. Des coûts pharaoniques
que les malheureux pour-cent
perçus sur les factures d’électricité
ne suffiront jamais à couvrir et qui
seront donc à la charge de l’Etat.
Qui a raison ?
La réponse a été donnée involon-
tairement par la Commission européenne. Un document interne,
dévoilé voici deux mois, mais
bizarrement très peu commenté
depuis lors, révèle que l’industrie
nucléaire est massivement subventionnée par les Etats membres,
à hauteur de 35 milliards d’euros
par an ! C’est 5 milliards de plus
que tout l’argent investi dans
l’Union européenne pour le développement des énergies renouvelables. « L’industrie nucléaire n’est
pas concurrentielle sans garanties d’Etat ou sans subventions »,
conclut l’ancien conseiller national Rudolf Rechsteiner (PS/BL),
par ailleurs expert en production
énergétique. La Grande-Bretagne,
par exemple, casque 2,4 milliards
de francs par an pour le stockage
des déchets sur le site de Sellafield.
Et c’est sans compter les risques
d’accident, pour lesquels les exploitants ne sont pas assurés, et
de loin, à hauteur des coûts réels.
Ainsi est-ce le Japon, et non Tepco, qui paie pour les dommages de
Fukushima.
Conclusion : l’énergie nucléaire est
très rentable et très avantageuse,
sauf pour le contribuable.
5
Le prix du pin
Litige en branches Depuis 2006, un conflit oppose
un horticulteur et l’un de ses clients veveysans. Et les
tribunaux ont du pin sur la planche.
Le 18 juillet 2005, la grêle avait
ravagé Vevey. Gros dégâts dans
le jardin d’Antoine, qui mandate diverses entreprises pour la
remise en état. Un peu plus tard,
il constate que huit pins noirs
d’Autriche sont attaqués par des
champignons suite aux blessures
causées par les grêlons. Il confie
les soins à un spécialiste local,
maître horticulteur au civil et lieutenant-colonel au militaire.
En avril 2006, le paysagiste visite
les lieux, puis envoie un devis
ferme de 5612 francs, avec pour
seule réserve un éventuel dépérissement des pins qui exigerait leur
abattage. L’ECA (Etablissement
cantonal d’assurance) accepte de
couvrir le montant. Les travaux se
terminent le 5 mai.
les pleurs
du jardin
Le 16 mai, l’ECA demande à
Antoine de signer la quittance
d’acceptation pour la somme indiquée et pour solde de tout compte.
Antoine, qui n’a pas encore reçu la
facture, appelle alors le paysagiste,
lequel lui dit que ladite facture est
partie et qu’il peut signer tranquille la quittance ECA. Antoine
signe.
La facture, elle, n’arrive qu’à fin
juillet. Et, surprise, elle est majorée
de 74% ! Total : 9780 francs. Seule
explication pour ce surcoût : « Y
compris difficultés rencontrées lors
de l’ascension et l’évolution dans les
arbres, ainsi que lors du percement
des puits catalytiques (trous). »
Craignant que l’ECA ne couvre
pas un dépassement de devis dont
personne n’a été averti, Antoine
téléphone au paysagiste, qui
s’excuse et demande d’envoyer
tout de même la douloureuse telle
quelle à l’ECA. Lequel, comme il
fallait s’y attendre, ne paie que le
montant du devis. Antoine se retrouve donc avec 4168 francs de
supplément, qu’il refuse de payer.
Le 16 janvier 2007, l’horticulteur
revient à la charge, arguant qu’en
plus des difficultés d’ascension et
de perçage du sol, « il a dû couper
4 mètres cubes supplémentaires de
branches en plus des 5 devisés ».
Antoine rétorque qu’il n’y est pour
rien d’autant que ni lui ni l’ECA
n’ont été prévenus du dépassement de devis.
En avril 2009, l’horticulteur redemande le règlement du surplus.
Antoine lui répond par téléphone
qu’il n’en paiera pas un centime.
En décembre 2009, le paysagiste
met Antoine aux poursuites en
prétextant soudain qu’un ouvrier
lui aurait jadis annoncé que la facture serait plus élevée que prévu.
Le litige arrive devant le juge de
paix, qui mandate une expertise
auprès d’un spécialiste tessinois.
Par ailleurs, ne tolérant pas d’être
traité de menteur et d’escroc, le
paysagiste dépose le 16 janvier
2010 une plainte pénale pour
atteinte à l’honneur. Il réclame
6000 francs de dommages et intérêts. Dans cette plainte, il accuse
Antoine de lui avoir demandé
d’effectuer des travaux hors dégâts de grêle, donc d’avoir voulu
arnaquer l’ECA. Lors de son audition toutefois, il ne réitère pas ces
accusations et parle uniquement
des travaux liés au sinistre, ce qui
devrait rendre la plainte caduque.
Mais le procureur renvoie Antoine
devant le tribunal de police pour
avoir traité le lieutenant-colonel
de menteur et d’escroc.
Sur quoi l’expert tessinois rend
son verdict : l’horticulteur a facturé une cinquantaine d’heures
fictives. Qu’à cela ne tienne, le
juge de paix, suivant la requête
de l’horticulteur, veut lancer une
deuxième expertise. La première
a coûté 6290 francs. A combien la
prochaine?
Le feuilleton ne s’arrête pas là.
Antoine, sur la base de l’expertise,
dépose une plainte pénale pour
tentative d’escroquerie. Quant au
procureur, toujours le même, il dit
vouloir rendre une ordonnance de
classement.
Pour Antoine, qui dénonce une
magistrature incroyablement partisane, la grêle de 2005 s’est muée
en un déluge d’emmerdements.
Jean-Luc Wenger
Le strip de Bénédicte
Bonne nouvelle
Vigousse (11.10.13) narrait le
parcours imposé aux Burkinabés
en quête d’un visa helvète : aller
jusqu’à l’ambassade de Suisse à
Abidjan (Côte d’Ivoire) au prix de
trajets insensés. C’est désormais
réglé : le sésame suisse est délivré
au Burkina par l’ambassade de
Belgique qui, elle, est équipée
pour prendre les données
numériques. Merci les Belges.
Laurent Flutsch
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
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C o n s o e t c o n s o r ts
La saison du plus faux
Loterie
de billets
Chassé-croisé Recette de saison : farandole de civet de cerf avec
sa garniture de conneries.
Pour rythmer avec bonheur l’année
gourmande, saluons la saison de la
salade de dents-de-lion, la saison des
fraises, la saison des bolets, et bien
sûr la saison de la chasse. L’automne
venu, quand les fiers nemrods de
nos contrées s’en vont par monts et
par vaux traquer l’animal sauvage à
plume et à poil, les rayons des supermarchés et les cartes des restaurants
se garnissent de civets, de râbles, de
selles, de noisettes et autres mets
alléchants à base de gibiers variés.
« C’est la saison de la chasse », clament les emballages de barquettes
et les menus sur ardoise. Souvent
sur fond de feuilles mortes, de sousbois ou d’adrets escarpés,
les appellations évocatrices fleurissent : sauce
grand veneur, assiette
du braconnier, cuissot
Saint-Hubert, galantine de
Diane… On en a l’eau à la
bouche.
Hélas, un détail mesquin
vient gâcher toute cette poésie.
Malgré tous leurs efforts pour
présenter leurs mets comme des
spécialités bucoliques, purement
saisonnières, en lien direct avec
l’ouverture de la chasse dans nos
cantons, les fabricants et les restaurateurs sont en effet contraints
et forcés, à cause d’une réglementation affreusement tatillonne,
d’indiquer la provenance de leurs
viandes. Et dans l’écrasante majorité des cas ils doivent
ainsi avouer, fût-ce en
caractères microscopiques, que
leur lièvre vient d’Argentine et
leur cerf de Nouvelle-Zélande.
Des régions où, faut-il le préciser,
ce n’est pas forcément ces temps-ci
« la saison de la chasse ».
Comme de très nombreux restaurants, Migros et Coop vendent
ainsi du civet de cerf « préparé
en Suisse », avec sauce et spätzlis
et tout ce qu’il faut, mais dont la
viande provient des antipodes.
C’est tout de suite moins idyllique. D’autant qu’en NouvelleZélande les cerfs ne sont pas à
proprement parler du gibier. C’est
qu’ils ne sont pas chassés dans les
vastes étendues sauvages : ils sont
parqués en masse dans des fermes
d’élevage, engraissés comme du
bétail et farcis de médicaments.
Ajoutons que leur bidoche réfrigérée voyage sur près de 20 000 kilomètres pour finir en civet dans
nos assiettes, ce qui ne va pas sans
quelques gaspillages d’énergie et
autres pollutions. Ça détonne un
brin avec toute l’imagerie très « nature » dont abusent les marchands
pour promouvoir ici « la saison
de la chasse ». Une période de
l’année où l’on prend volontiers le
consommateur pour un perdreau.
Laurent Flutsch
Depuis décembre 2011, tout utilisateur des chemins de fer qui
veut se rendre à l’étranger a intérêt à acheter son billet sur internet. En effet, toute commande
passée directement au guichet ou
par téléphone est taxée 10 francs
alors que la commande en ligne,
elle, n’engendre aucune taxe supplémentaire : c’est normal, car,
expliquent les CFF, « vous faites
vous-même le travail ! » Et tant
pis pour les non-utilisateurs de
la Toile, dont une grande majorité de personnes âgées, qui n’ont
qu’à débourser plus.
Deux ans plus tard, une enquête de Blick (article en ligne
« Wer online bucht, zahlt drauf »,
13.10.13) révèle un phénomène
déroutant : les billets achetés sur
la Toile coûtent plus cher que
ceux pris directement au distributeur ! Par exemple, un billet
deuxième classe de Baden (AG)
à Aarau (AG) revient à 5 francs
70 à l’automate (tarif par zone)
alors qu’il grimpe à 6 francs
30 sur le net. Une différence
difficilement explicable vu que
dans les deux cas l’utilisateur des
transports publics « fait lui-même
le travail ».
Moralité : en 2013, pour obtenir le
meilleur tarif avec les CFF, mieux
vaut prendre la voiture. A.D.
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Enfin
un regard decale
sur l’actu !
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Vigousse vendredi 18 octobre 2013
7
F AI T S DI V ER S E T V ARI É S
1 an (43 numéros + 2 spéciaux ) CHF 140.–,
étudiants, chômeurs, rentiers CHF 100.–
(TVA et port compris)
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V
Mourir plus
pour gagner plus
Appel aux cons Encore un scandale de l’aide humanitaire : tout le pognon va aux morts.
Généreux et altruistes, bien des
gens donnent régulièrement des
sous aux associations humanitaires. Chaque catastrophe naturelle (tsunami, tremblement de
terre, éboulement, éruption volcanique…) suscite des appels aux
dons. Souvent, des millions de
francs sont récoltés pour aider les
victimes. C’est bien. Il y a toutefois
un léger problème, que viennent
d’identifier deux chercheurs de
l’Université Erasmus de Rotterdam. Lequel ?
Voici deux exemples qui devraient
mettre la puce à l’oreille. En 2003
en Iran, un terrible séisme tuait
26 796 personnes et en laissait
267 628 dans le dénuement le
PLUS VRAI QUE
plus complet. Les dons de particuliers, provenant du monde entier,
avaient totalisé 10,7 millions de
dollars. En 2000, un cataclysme
analogue frappait la province du
Yunnan en Chine, tuant 7 personnes seulement, mais faisant
1,8 million de sinistrés. Les dons
n’avaient pas dépassé 95 000 dollars. Autrement dit, tout se passe
comme si les gens avaient donné
de l’argent aux morts plutôt qu’aux
survivants !
Ayant épluché les données pour
381 catastrophes naturelles entre
2000 et 2011, les chercheurs ont
constaté que la tendance est générale : la probabilité de faire un don
et la somme offerte dépendent toujours
linéairement
du nombre de
morts, mais ne
sont en rien influencées par celui des survivants.
Pourtant, tout le monde comprend
qu’un mort n’a plus besoin de
nourriture ou d’un abri, contrairement à un survivant. Il y a donc
un sérieux problème de communication et de répartition des ressources à l’échelle mondiale.
Cet étrange phénomène est évidemment lié à des raisons psychologiques, certes fort intéressantes,
mais dont les victimes de catas-
trophes naturelles se foutent sans
doute complètement. C’est vite
résumé, d’ailleurs : l’être humain
est fondamentalement généreux
mais hélas un peu con. Sebastian
Dieguez
The Number of Fatalities Drives Disaster
Aid: Increasing Sensitivity to People in
Need, I. Evangelidis & B. Van den Bergh,
Psychological Science, à paraître.
Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels
et dialogues authentiques.
V E C U « Laissez-moi parler ! »
Les époux Wright sont accusés d’abus de confiance et de
recel. Représentant en Suisse d’une société australienne,
Monsieur a prélevé sur le compte de la boîte en 2011,
sans l’accord de sa hiérarchie, 124 552 francs pour payer
ses heures supplémentaires. Madame l’a encouragé et
aidé.
– Les plaignants, qui n’ont pas fait le voyage depuis
l’Australie, sont représentés par leur avocate, annonce
la magistrate. Et vous les accusés, pourquoi n’êtes vous
pas assistés d’un défenseur ?
Madame Wright, une furie blonde, répond avec fougue :
– Vu nos connaissances, moi, je suis quand même
docteur en sciences, et la malhonnêteté de cette
plainte, pas besoin d’un avocat, car…
Après 10 minutes de diatribe, la juge l’interrompt :
– Vous pouvez répondre à ma question ?
Nouvelle tirade. La magistrate parvient à placer un mot :
– Pour résumer, vous estimez qu’un avocat n’est pas
nécessaire ?
– C’est surtout que nos finances ne le permettent pas,
murmure le mari.
– Vous avez le droit d’être défendu par un avocat
commis d’office.
– Avec les preuves qu’on a, pas besoin, rugit l’accusée.
Les victimes, c’est nous et… (20 minutes de monologue).
– Ce n’est jamais bon de se défendre soi-même, glisse
la présidente.
– Je connais tout du dossier, la société a fait des choses
incroyables… (10 minutes, au moins).
Profitant d’une respiration, la juge demande :
– La conciliation, vous avez essayé ?
– Jamais ! explose madame Wright.
– Je vous rappelle que vous êtes les accusés, non les
plaignants, donc ce serait dans votre intérêt.
– Cette histoire nous a détruits, ils doivent payer !
s’emporte l’accusée. Depuis 24 mois mon mari et moi
ne pouvons plus travailler. On est atteints les deux
dans notre santé … (15 minutes de discours et dépôt
d’un épais dossier contenant les certificats médicaux).
– Laissez-moi parler ! s’écrie la magistrate ; ce que je
ne comprends pas, c’est pourquoi vous êtes si mal,
madame. C’est votre mari qui a perdu son travail.
– Vous croyez que ça ne me fait rien de le voir comme
ça ? coupe rageusement l’épouse. Tous les jours je le
vois, je souffre et… (20 minutes, minimum).
– Laissez-moi parler ! Si je tranche sur l’abus de
confiance et le recel, vous devrez entamer un procès
civil pour régler les comptes, car ce n’est pas mon
rôle. Mais avec une conciliation tout pourrait se
terminer aujourd’hui. Quelles sont les exigences du
plaignant ?
– Nous exigeons 610 000 francs pour moi et
1 610 000 francs pour mon mari, interrompt l’accusée.
– Quoi ?!? s’étouffent simultanément la juge et l’avocate
du plaignant.
– Pour les torts qu’ils nous ont faits ! On est atteints
dans notre santé… (10 minutes).
– On va faire une courte suspension, essayez de
vous entendre sur « le prix de la paix », mais soyez
raisonnables avec les chiffres, fait la juge exténuée.
Après discussion, les plaignants demandent 80 000
francs sur les 124 522 empochés, plus 75 000 francs de
frais d’avocats. Les accusés refusent, ils exigent qu’on
leur laisse les 124 522 francs et qu’on leur verse en plus
50 000 francs.
– On est passé de plus de 2 millions à 50 000 francs,
on peut donc encore essayer de s’entendre, soupire la
magistrate.
Deux longues heures de monologue plus tard, le mari
intervient :
– Ils nous laissent les 124 522 francs, chacun paie
ses frais et basta.
– Il faudrait, répond l’accusation, que vous versiez un
petit dédommagement à mes clients.
– JAMAIS !!! crie l’accusée. C’est eux…
– LAISSEZ– LES PARLER ! explose la juge.
– Je dois parler à mes clients, dit l’avocate.
– Je suis d’accord pour la conciliation, déclare
monsieur Wright.
– Parfait, conclut la juge. Vous avez un mois pour
me communiquer les clauses de l’arrangement
et j’enregistrerai le retrait de plainte. Sinon, je
trancherai ; et pour le litige financier, il faudra aller
voir un juge civil. Je lui souhaite bonne chance ! Lily
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
8
Q UELLE S EMAINE !
Full Metal Basket
Offensive
rebelle
Comme coach, c’est
du lourd. Et pour
l’équipe, recadrée
façon musclée,
c’est du tout bon.
Femmes battantes Un site parodique aussi vengeur que bienvenu
libère enfin la femme du joug abrutissant des magazines féminins.
Pour avoir subi des centaines d’articles sur les régimes miracle, les
astuces bidon pour jouir plus longtemps ou le pouvoir de la zumba, de
jeunes Françaises ont eu l’excellente
idée de tourner en dérision la presse
féminine. Ainsi est né Aufemininpointconne.fr : un site qui, depuis
début octobre, publie des articles
aux titres évocateurs tels que « Comment se looker pour le premier rendez-vous ? » ou « Baisse de libido,
comment éviter qu’elle ne brise votre
couple ? (réponse : forcez-vous) ».
Les pastiches décryptent l’image de
la femme véhiculée par les magazines : « Dans la presse féminine, la
femme travaille toujours dans un
bureau en ville, juchée sur des boots
un peu chics. Elle n’est jamais ou-
vrière dans une usine de panneaux
en plastique. » Le site épingle aussi
une nouvelle tendance qui consiste
à parler de femmes rondes tout en
illustrant les articles avec une fille
dotée d’un corps simplement normal. Autrement dit, si celle-ci est
ronde, 80% des lectrices sont carrément obèses.
A l’intention des éditeurs de presse
féminine qui seraient tentés de faire
taire Aufeminipointconne.fr, la page
« A lire avant d’envoyer une mise en
demeure » explique avec humour
que les plus brillants des avocats ne
pourront rien contre cette parodie
non commerciale qui dérange. Et
de rappeller opportunément que les
mots « intelligence » et « dérision »
sont féminins. Jonas Schneiter
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Vigousse vendredi 18 octobre 2013
9
F AI T S DI V ER S E T V ARI É S
MICHEL BÜHLER
MARC AYMON
FABIAN THARIN
FRANÇOIS VÉ
PIERRE LAUTOMNE
LUDIANE PIVOINE
MOSQUITO
OLIVIER MOTTET
MATHIAS BRESSAN
OSTAP BENDER
ALAIN NITCHAEFF
STÉPHANE BORGEAUD
MICHEL NEUVILLE
NILL KLEMM
BELTRANDO-SPRENGER
ET DES INVITÉS SURPRISE !
Les amateurs de basketball
savent que le Vevey Riviera Basket est peuplé de mauviettes et
de glandeurs qui pleurnichent à
la moindre contrariété. Une véritable honte. Pour corriger le tir,
la direction a dû prendre des mesures drastiques. Il semble que
la reprise en main soit en bonne
voie.
Le salut est venu d’un nouvel
entraîneur. Avec « coach Mike »,
les guignolades et les jérémiades
sont bel et bien de l’histoire ancienne. Désormais, les joueurs
sont traités à l’américaine, et ça
ne rigole plus.
Doté d’une solide expérience,
le nouveau Messie de la Riviera
ne peut qu’inspirer le respect.
Michael Brooks fut en effet
meilleur joueur de « college »
avec La Salle en 1980, il fit des
débuts remarqués en NBA chez
les San Diego Clippers, joua
ensuite après une blessure chez
les Indiana Pacers, puis les Denver Nuggets, et fut même double
champion de France avec Limoges au début des années 1990.
Ah oui, il faut préciser que l’équipe en
question est celle des « Colibris » de Vevey Basket, c’est-àdire des mômes de 4 à 8 ans. Du
haut de ses 2 mètres, leur nouvel entraîneur gueule des « Go !
Go ! Go ! Noooo pas comme ça !! »
avec un charmant accent US, il
hurle tel un sergent-chef sur
ceux qui s’avisent de verser une
larme, « On est pas des bébés ici !
On pleure pas ! Arrêêêêête ! Stop
j’ai dit !!! », et s’il y a des récalcitrants, il inflige des punitions
collectives avec séries de pompes
à la clé.
Les gosses lessivés et humiliés
sont réunis en fin d’entraînement
pour recevoir quelques encouragements : « Aujourd’hui, c’est nul !
J’ai perdu mon temps avec vous !
Et toi, arrête de pleurer, t’as quel
âge ? Six ans ? On dirait un bébé !
Mon fils, il est plus jeune et il
pleure pas comme toi ! Regardemoi ! Aujourd’hui, vous tous, c’est
nul ! Pendant 1 h 15 le mercredi,
c’est moi votre père et vous obéissez ! Et toi, smile ! »
A ce compte, plus aucun gamin
ne veut retourner au basket et les
parents envisagent de se plaindre.
Sauf que « coach Mike » n’est pas
plus tendre avec eux : « Make
your decision! » leur dit-il. Sousentendu : si t’es pas content, tu
dégages. On verra dans quelques
années si ces méthodes portent
leurs fruits. A défaut d’un nouveau Thabo Sefolosha, notre
région pourra toujours s’enorgueillir d’une belle génération de
« marines ». Sebastian Dieguez
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Vigousse vendredi 18 octobre 2013
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B IEN P RO F OND DAN S L ' AC T U
Pitch
Il est beau ! Il est beau,
mon journal ! Journal frais !
Les boniments du professeur Junge Cette semaine : j’essaie de revendre Le Temps,
média suisse de référence.
Approchez, mesdames et messieurs ! Voici un article exceptionnel ! Je vous propose aujourd’hui
ni plus ni moins que Le Temps !
Oui, vous avez bien entendu : un
journal complet ! Et pas n’importe
quel torchon de boulevard, non !
Le média suisse de référence,
comme il se définit lui-même ! Un
produit de qualité, inusable, indémodable, intellectuel !
Mais ne me croyez pas sur parole,
je vais vous démontrer que c’est
un produit formidable ! Regardez
bien : par cet orifice, ici, on introduit l’information brute. Puis on
tourne la moulinette et la matière
est coupée en rondelles, émincée
ou réduite en bouillie, à votre
guise. Vous remarquez le bouton
qui permet de régler la finesse
désirée. Grâce à cet ustensile extraordinaire, mesdames et messieurs, vous pourrez servir à vos
lecteurs des analyses politiques
aux petits oignons, des critiques
culturelles relevées, des billets
d’humeur saignants, des chefs
d’entreprises mis sur le gril, des
brochettes de spécialistes et mille
autres mets variés !
Pardon ? La dame au premier rang
ne s’intéresse pas à l’information
sérieuse ? Elle voudrait savoir si
l’on peut faire autre chose avec
Le Temps ? Mais évidemment, madame ! Le client est roi ! La politique vous ennuie ? Vous préférez
publier un journal voué à l’économie, à l’agriculture, à l’operculophilie, à la musculation, aux
Ukrainiennes à gros seins ? C’est
possible !
Jadis, un journal était une structure complexe, comme un mécanisme d’horlogerie : déplacer un
rouage pouvait gripper l’ensemble.
Mais de nos jours, les rouages (en
jargon, on appelle ça des « journalistes ») sont standardisés, polyvalents, interchangeables ! En un
mot comme en cent, modernes !
On peut démonter et remonter
la machine, ajuster des pièces de
travers, fixer des bitoniaux à l’envers : elle continuera à produire de
l’information, mais à votre convenance ! Car c’est vous qui payez,
n’est-ce pas ?
Alors, bien sûr, cette production
de rouages en chaîne se fait au
11
B IEN P RO F OND DAN S L ' AC T U
LE COURRIER
DU CHIEUR
Au Dr Théodosakis
Fou du genou
détriment de la solidité. Il peut y
avoir de la casse, du burn-out, du
nervous breakdown. Dans ce cas,
rien de plus simple ! Vous voyez
ce petit réservoir, là ? C’est ce
qu’on nomme la « rédaction ». Eh
bien, quand il est asséché, épuisé
jusqu’à la dernière goutte, on le
change ! Au passage, on peut en
profiter pour décrasser le journal.
Pour ça, il suffit de le passer sous
l’eau du robinet, comme ça. Et pas
besoin de frotter ! Grâce au revêtement en téflon dont sont munis
les médias actuels, les journalistes
carbonisés n’adhèrent plus au
journal !
Si vous achetez tout de suite, la
maison vous fait cadeau de non
pas une, non pas deux, mais trois
rédactions de rechange ! Et si vous
payez en liquide, vous recevez en
prime le site internet du journal !
Et ses suppléments ! On ne voit
pas des affaires comme ça tous les
jours !
Comment ? Ce monsieur aimerait
savoir pourquoi, si c’est un si bon
produit, le propriétaire veut s’en
débarrasser ? Ah ! Ah ! Monsieur
aime plaisanter ! Tonio ! Brutus !
Sortez-moi ce connard du stand,
Professeur
il gâche le business.
Junge, phare du marketing contemporain
Docteur,
Sur un tout-ménage mêlant témoignages et bobines de prétendus confrères qu’on dirait
sortis d’un film porno, vous
clamez votre génie : « Enfin un
remède contre l’arthrose ! Le
cartilage
se
reconstitue ! »
Alors que des millions de personnes souffrent de leurs articulations sans que la science
ne puisse rien y faire, vous,
un génial médecin du fin fond
des Etats-Unis, avez découvert
le remède pour guérir ce mal.
Pour attester votre talent,
vous compilez sur ces quelques
feuilles les récits de guérisons
miraculeuses.
Après
quelques jours de votre traitement révolutionnaire, un septuagénaire lance sa canne au
loin, « se lève de son fauteuil
et marche ». Une femme clouée
sur son canapé se fait larguer,
tombe en dépression, touche le
fond… Mais, alléluia, elle renaît en découvrant votre remède!
Et summum de ces merveilles,
le Père Miles O’B. Reiley, de
Californie, recouvre l’usage
de son corps et déclare : « Je
me sens moins raide lorsque je
sors de mon lit. » Tout cela
grâce à vous, docteur Théodosakis, le sauveur des articulations grippées !
Petit bémol : il se trouve évidemment que vous n’êtes rien ni
personne et que votre traitement, qui ne consiste qu’en de
sombres incantations et génuflexions, n’est qu’une énième
escroquerie médicale.
En
conséquence,
docteur,
veuillez ne plus encombrer nos
boîtes aux lettres avec votre
imposture en blouse blanche. Et
ce n’est pas une erreur d’articulation.
Viol au vent
Écarter les cuistres
A l’occasion de la Slutwalk
(Marche des Salopes), les
femmes le martèlent : quand
c’est non, c’est non !
Crise de tête La guerre contre les rides est comme
toutes les guerres : elle ne va pas sans atrocités.
Au pays de la beauté éternelle, la
ride incarne l’ennemi public numéro un. En 1919, le docteur Bettman, trouvant les visages fripés
parfaitement repoussants, inventa
le sanglant lifting. Presque cent
ans après, l’opération est détrônée
par le Botox. A l’instar de la très
figée Carla Bruni, de nombreux
individus se font régulièrement
injecter de la toxine botulique, qui
empêche la transmission entre les
nerfs et le muscle. Pour rappel, ce
poison est à l’origine d’intoxications alimentaires. Mais il existe
d’autres solutions innovantes pour
obtenir un minois aussi dénué
d’âme que celui de l’ex premièredame de France.
On peut ainsi se faire inoculer, directement dans la face, des
fibroblastes (cellules-souches de
« jeunesse éternelle ») issus de la
graisse pompée lors des liposuccions. Charmant. Même principe
pour l’extraction et la réinjection
de son propre plasma sanguin,
riche en plaquettes.
Une autre technique use de la
radiofréquence : en réchauffant le
corps à 42 degrés, elle engendre
une production de collagène pour
Dimanche dernier, à la Marche des
Salopes, 200 personnes s’étaient
donné rendez-vous à Genève pour
dénoncer les violences sexuelles
contre les femmes. Et, surtout, le
lourd silence qui les entoure. Tenues sobres ou provocantes pour
les femmes, rouge à lèvre pour certains hommes solidaires.
Ces bricolages médicaux évoquant vaguement Frankenstein permettent de suivre l’idéal de beauté
édicté par les magazines féminins,
les stars et les grandes marques.
D’où un nombre croissant de rombières et de beaufs (n’excluons pas
les hommes) sans âge, au visage remodelé, aussi inexpressif que lisse,
de vieilles Barbie effrayantes. Qui ne
parviennent, en fin de compte, qu’à
perdre la face. Noémie Matos
raffermir la peau. On ignore si
celle-ci risque de devenir croustillante et juteuse comme pour un
poulet rôti… A l’inverse, la cryogénie est utilisée pour geler les nerfs
du visage, ce qui empêche les rides
de se former. On ne fige plus, on
congèle : quel progrès ! Mais il est
possible aussi de se faire cramer en
profondeur par des ultrasons, qui
vont contracter les tissus. Et le cerveau avec ?
Le 8e conseiller fédéral
Ah, je vois. Donc vous êtes en vacances, là ?
Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.
Dites, Barack,
ce sera fini
quand votre
machin, là…
Pourquoi
ça vous
intéresse ?
Quel rapport
avec le
shutdown ?
Restez poli !
On dit
shutdown.
Comme je fous
rien non plus,
ça vous dirait
un petit tournoi
de pétanque ?
Cool !
Enfin, personne ne
travaille, ou bien ?
J’entame la dernière
bouteille de ketchup de
ma réserve et j’aimerais
savoir quand vous allez
recommencer à en
fabriquer. J’ai peur de
manquer.
Ce ne sont que
les services
fédéraux qui
sont bloqués.
Pas
l’économie
privée…
C’est ça,
shutdown.
Ben…
Votre pays
n’est pas
fermé ?
comment
on dit ?
Shut up ?
Les pancartes affichaient des slogans bien torchés : « Les gentilles
filles vont au ciel, les autres vont
où elles veulent », « Prends-moi
fort, pas de force » ou « Macho,
facho, vous nous cassez le clito ».
Le message est clair : rien, ni tenue
aguicheuse, ni maquillage, ni taux
d’alcoolémie élevé n’excuse le viol.
Au micro, les témoignages se succèdent, entre viols dans le tram et
indifférence des autorités. Sur un
registre plus léger, les activistes
de Slutwalk ont remis une Palme,
dans la catégorie « journalistes », à
Patrick Morier-Genoud. Son blog
sur le site de L’Hebdo « privilégie
le fantasme masculin au détriment
de la réalité du viol ». Les Salopes
ont l’ardent désir de disposer librement de leur corps. Sacha Durant
J’appelle
Vladimir et
François.
Ils nous doivent
une revanche.
098
Alinda Dufey
Descente de peau lisse
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
12
CUL T URE
CUL T URE
Un bouquin
Des védés
Un film
Paris pas stupide
BROUILLON
DE CULTURE
Pajak sort le deuxième volume du
Manifeste incertain, il y en aura
sept et on s’en réjouit. Ouvrir
un livre de Frédéric Pajak, c’est
éprouver le même bonheur que
lorsqu’on entre dans un musée ou
un autre lieu de culture. Découvrir, apprendre, en ressortir plus
vivant. Pajak transporte le lecteur
dans le Paris du XIXe siècle avec
pour guide Walter Benjamin, un
homme épris de la Ville lumière,
laquelle ne le lui rend pas. On approche avec lui les grands esprits
de l’époque.
Parisien, Pajak raconte sa ville avec
tendresse, entre ironie et désespoir. Il
y a de la nostalgie,
celle d’un amour
déçu par une architecture mercantile
et éphémère. Les
dessins de Frédéric
sont sobres et beaux. Si vous aimez Paris, vous n’échapperez pas
à ce manifeste.
Un cédé
Les copains d'abord
Pop ma
non troppo
Plutôt treize que douze!
Nénuphar is what we are est un
groupe fribourgeois. Ils disent faire
des « tragibordelic pop songs », et
on les croit sur parole. Un auditeur naïf, en revanche, entendra
surtout un chanteur chuchotant
des textes invraisemblables sur
des mélodies imparables dotées de
titres assez marrants, à moins que
ce ne soit l’inverse.
Prenez, par exemple, Ever had sex
with an accent circonflexe et Pizzaiolo on the run : des titres indéniablement ironiques et décalés.
Si controverse il devait y avoir, ce
serait au niveau de la musique.
Les arrangements de guitares sont
certes minutieux et intriqués, mais
il reste à discuter de la présence
effusive des mélodica, flûte, sifflements et Dieu sait quoi d’autre.
Sans compter la trompette. On
aime ou on n’aime pas, la trompette.
Une chose est sûre, ils sont drôles,
mélodiques et décalés, c’est très
second degré, mais avec du boulot
derrière. C’est vraiment bien, mais
bon, faut aimer la trompette.
Sebastian Dieguez
Nénuphar
is what we
are, Big in
Japan huge in
Liechtenstein
records, 2013.
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
Manifeste
incertain 2, de Frédéric
Pajak, Les Editions Noir
sur Blanc, 221 pages.
GRINCER L’aigre règlement de
comptes d’un couple paranoïaque,
xénophobe et ridicule qui révèle
le pire d’une société. Les clichés
claquent. Occident, de Rémi de Vos,
Compagnie Frédéric Dusenne, Au
Théâtre Alambic, Martigny, jusqu’au
20 octobre, www.theatre-alambic.ch
PLANER Les mélancoliques
destins croisés de personnes qui
ne parviennent pas à se trouver ni
à se réaliser. Un envol tourmenté.
La mouette, d’Anton Tchekhov, mise
en scène de Jean-Michel Potiron,
Théâtre du Passage, Neuchâtel, du
18 octobre au 3 novembre,
www.theatredupassage.ch
S’ÉGARER Deux comédiennes, un
musicien, le bruit des glaçons et les
méandres du langage… Un chemin
tumultueux. Labyrinthe(s), texte et
mise en scène de Karelle Ménine,
Théâtre de l’Usine, Genève, du
24 octobre au 3 novembre,
www.theatredelusine.ch
ÉMIGRER Sandra qui ? est une
pièce chorale pour cinq voix, un
autoportrait d’autrui mis en scène
par Sandra Amodio et écrit par le
dramaturge Sébastien Grosset.
Montée à La Bâtie en août, cette
création traite de la migration et de
la maladie d’Alzheimer. Neuchâtel,
Théâtre du Concert, jeudi 24 et
vendredi 25 octobre à 20 h, samedi
26 à 20 h 30.
Saviez-vous qu’en 2014 le mardi
7 janvier sera le jour de l’épilation de saint Cosmetic ? Que
le dimanche 2 mai on fêtera la
Saint-Dwich ? Qu’enfin la Fête
nationale des apatrides tombe le
samedi 7 mai ? Heureusement, il y
a « le » Plonk. Treize pages – une
par mois de l’année – couverture
non comprise, pour remettre les
jours à leur place et les conseils
de jardinage en pied de chacune
de ces pages. Ainsi le dépucelage
des églantines se fera en mars,
le défrisage des scaroles en mai
et la stérilisation des bigorneaux
on ne sait pas trop quand, mais
de toute manière on s’en fout.
Ça s’appelle un calendrier, ça
s’accroche au mur avec un clou,
histoire de se bidonner chaque
matin qu’Il nous fera, et ça nous
rappelle que l’an prochain encore
on fêtera les dernières contractions de la Vierge en décembre.
Le 25, exactement.
C’est dire si cet objet est indispensable. Roger Jaunin
2014 Tu es mon gros lapin, Le
calendrier de Plonk & Replonk
(treizième mois gratuit à l’essai).
En librairie ou sur le site www.
plonkreplonk.ch
ENGRANGER (S’) Ceux qui ne
connaissent pas (encore) la Grange
de Culliairy, sur les hauteurs de
Sainte-Croix, feraient bien de s’y
précipiter. L’endroit est magique,
l’accueil y est chaleureux et les
artistes qui s’y produisent toujours
de grande qualité. L’apéro y est
offert, on y passe le chapeau à la
fin des spectacles et on ne se quitte
jamais sur un adieu mais toujours
sur un au revoir. Ce vendredi
(20 h 30), la Grange accueille
Guillaume Barraband, coup de
cœur de l’Académie Charles Cros
2013 et plus de 500 concerts à son
actif : au menu, chansons d’humeur,
d’humour, d’amer et d’amour.
Réservations au 024 454 18 46 ou à
l’adresse [email protected]
Flagrants délires
Bergman
of the Year !
La crème du crime Rendons justice à Albert Dupontel : dans
Neuf mois ferme, il prend toutes les libertés et place la barre haut.
Verdict: un film qui en vaut la peine !
Il y a assez de comédies condamnables, aux effets de manche pitoyables, pour ne pas saluer Neuf
mois ferme, qui est tout sauf une
punition et mériterait comme
sanction suprême de faire salles, de
cinéma, pas d’audience, combles.
Dernier bébé d’un cinéaste dont
le seul crime est de tout oser,
Neuf mois ferme, c’est la rencontre
improbable entre un monte-enl’air et une juge très collet monté,
entre Bob le charmeur de serrures
et Ariane, une femme dont le cœur
est verrouillé à double tour. Une
histoire d’épris de justice qui vont
devoir faire cause commune à la
suite d’une soirée très alcoolisée
dont Ariane a perdu le fil…
Albert Dupontel, Zébulon iconoclaste qui bouscule les codes
– ce qui n’est pas pénal! –,
signe là son meilleur film, qui
est aussi la comédie la plus hilarante – ah, ces interventions
de Jean Dujardin! – et brillante
délires façon Desproges.
de l’année. Mécanique de préciSi vous n’avez pas les mains mesion camouflée en grand n’importe
nottées dans le dos, servez-vous-en
quoi, servi par une écriture, une
pour applaudir, car si Dupontel est
mise en scène et un numéro de
peut-être bon à enfermer, il est surduettistes (oui, Sandrine Kiberlain
tout bon tout court. De ce cinémaest l’actrice la plus drôle du cinéma
là, on veut bien en prendre pour
français!) que l’on ne croise pas à
Lesarmes
perpète ! Bertrand
tous les coins de rue, Neuf mois
PR ES SE
DO SS IER DE
ferme fait feu de tout bois. Le sens
mois ferme, d’Albert Dupontel,
du décalage, l’originalité débridée a AuNeuf
gs bo ur g
Gé
ns et les lie
etuxSandrine Kiberlain.
et l’humour ravageur transformentSa isi r avec
les gelui-même
vie r 201 4
1 12h jan
22.
En salles.
le film en tribunal des flagrantsDu 9 octDurée:
obr e 201 3 au
Une expo
Trait beau
Gare aux grilles par
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
2
3
4
5
6
Certains films, au vu de leur rareté,
gagnent une telle stature mythique
qu’on appréhende quasiment le
moment où on pourra, après tant
d’années, enfin les revoir. Fanny et
Alexandre, introuvable dans les pays
francophones depuis 20 ans, fait
certainement partie de ceux-ci.
Cette chronique familiale située dans la
Suède du début du XXe siècle, centrée
sur deux enfants qui connaîtront autant
la peine que la joie profonde, est une
merveille du début à la fin. Galerie de
personnages uniques, scénario d’une
subtilité rare et composition picturale
digne de certains grands peintres en
font l’une des œuvres qu’il faut avoir vu
une fois dans sa vie. L’édition restaurée
contient autant la version cinéma
que la version complète réalisée pour
la TV. Et c’est bien celle-ci qu’il faut
voir, l’autobiographie déguisée de
Bergman au sommet de son art, son
film-testament et celui avec lequel il
réussira à calmer, puis vaincre enfin
ses angoisses. Ainsi que les nôtres.
Michael Frei Karloff, films cultes,
rares et classiques, Lausanne
Touche-à-tout, vadrouilleur et bon
vivant, Géa Augsbourg (1902-1974)
est, et restera, l’une des personnalités aimées des Romands. Outre son
goût pour les bistrots et sa grande
convivialité, le journaliste est apprécié pour ses illustrations de presse.
Simples, efficaces et incroyablement poétiques, ses œuvres en noir
et blanc narrent en quelques traits
des instants pleins d’intensité. Des
esquisses pures qui perdurent.
1
13
Reprenant essentiellement son travail de portraits et de reportages
dessinés, la nouvelle exposition de
la Maison du dessin de presse reflète
un étonnant éventail du travail de
l’artiste. Des ensembles complets
et des dessins originaux, tel son
émotif et combatif reportage effectué en Amérique du Nord en 1949,
témoignent de son affection pour les
gens et les lieux. Un artiste qui croquait la vie. Alinda Dufey
égé
7
8
9
10
Fanny et
Alexandre,
d’Ingmar
Bergman, 1982,
Gaumont, Vf
et Vost, DVD et
Blu-Ray, 182 et
309 min.
1
Géa Augsbourg - Saisir les gens et les
lieux, Maison du dessin de presse,
Morges, jusqu’au 12 janvier 2014,
www.maisondudessindepresse.ch
!
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HORIZONTAL 1 Sa BB était goulue et poilue 2 Rustaudes 3 L’Ottoman
ment sur leur anéantissement 4 Magnétique en physique – Telle une bleue
5 Dit d’Audi – En l’honneur du sacrifice du fils 6 Précise surprise – A son
premier jour, Blocher est à la bourre – Nocif pour le juif 7 Mettre sens
dessus 8 Entrepreneur du trottoir – Essentiel de courriel 9 N’a ni dentition
ni accélération – Met le nez dans la cheminée 10 Antipharisien – Sa forme
le dénomme – But de toute lutte de Nadal.
VERTICAL 1 Big mec de La Mecque du tennis US (3 mots) 2 Serais à
la parade 3 Gare à ses taureaux en Gard ! – Lorsqu’un Provençal donne
son aval 4 Mut de bas en haut – Chez craché par Thatcher – Sa réalité
cache une triste mentalité 5 Le Minotaure séduisit cette auteure – Se
voudrait entière si altière 6 Cèlent à Bruxelles 7 Grivois si dit deux fois –
Raccourcissent même le synopsis 8 Gorge plus ou moins profonde – Avec
laquelle l’aurige dirige 9 Difficilement atteintes en labyrinthe – On y plagie
chez les Britchons 10 Quand rien ne va plus.
Solution pour les nuls dans le prochain numéro
[email protected]
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
14
m a ss m e r d i a
15
zoom avant Sur l'info
Baloo, entre trottoir et caniveau
Il n’avait que 8 mois et avait mordu 3 fois, Baloo. Il fut euthanasié. Puis, par hasard, sa dépouille
fut récupérée par le Muséum
d’histoire naturelle de Neuchâtel, taxidermisée et exposée. Le
chiot méritait bien une veillée en
matinée. Samedi 12 octobre donc,
devant le musée, au plus fort de
la manifestation « en mémoire de
Baloo », on dénombre 24 femmes,
2 hommes, une enfant, 4 chiens et
6 journalistes. Curieusement, Le
Matin, qui avait cru lever le lièvre
(Vigousse, 30.08.13), n’a dépêché
aucun de ses limiers. La minute de
silence permet surtout d’apprécier
le bruit du trafic de l’avenue de la
Gare. Dans la toute petite foule,
on s’échange les pétitions de SOS
Chats pour éviter les euthanasies
hâtives ou stériliser les chats. Sur le
trottoir, personne ne connaît la vraie
histoire de Baloo, sauf celle rapportée par Le Matin, démentie par la
suite, qui a fait le tour des réseaux
sociaux et revint munie de 15 0000
signatures (dont celles de Morisod
et de Bardot). « Je signe tout ce qui
passe sur internet pour les animaux », confirme une charmante
dame. « J’accueillerais bien des Syriens chez moi, mais je ne sais pas
comment faire. » Un Zurichois, prof
de sciences en repérage pour une
future visite, lance : « C’est vraiment
débile, cette histoire. » Approbation de la dame. Le prof
corrige : « Ce qui est insensé,
c’est votre manifestation,
la société marche sur la
tête. » On parle ensuite
du cochon, plus intel-
Temps, on peut laisser s’exprimer
l’indigent M. Morrison, par ailleurs responsable de l’industrie
maritime à l’Institut international de management de Lausanne
(IMD). Il faudrait poser la question au président du conseil d’administration du Temps, Stéphane
Garelli, par ailleurs professeur à
l’IMD….
Une semaine plus tard sur la
RTS, Darius Rochebin a eu l’honneur de recevoir Alain Delon (Un
flic, Il était une fois un flic, Flic
Story, Paroles de flic, Pour la peau
d’un flic, sans oublier l’épatant Ne
réveillez pas un flic qui dort).
ligent et plus propre que le chien,
mais que l’on mange. « Oui, George
Clooney vivait avec un porc. » Les
amis des bêtes ne parlent pas tous la
même langue.
A l’intérieur du Musée d’histoire
naturelle, dans son cube blanc intitulé « Quand il faut cacher pour
exposer », Baloo n’a pas remué la
queue. Mais les défenseurs des
animaux auraient dû lire la revue
de presse que présente le musée.
Le 16 août, un article de L’Express,
qui n’a soulevé aucune polémique,
décrivait le métier de taxidermiste.
Le 22 août, Le Matin faisait mousser
la désinformation en une : « Un chien
tué pour une exposition. » Dans la
documentation, on lit aussi les deux
demandes de droit de réponse faites
par le Muséum au Matin, ainsi que
les deux refus du quotidien orange.
Depuis son inauguration, le
5 octobre, l’exposition « Donne
la patte ! Entre chien et loup »
(à voir jusqu’au 29 juin 2014) a
fait couler beaucoup d’encre. Elle
offre une remarquable démonstration du rapport de l’homme
à son meilleur ami. Accessoirement, en décortiquant le rôle de
la presse dans « l’affaire Baloo »,
elle montre la faible distance qui
sépare le boulevard du caniveau.
Jean-Luc Wenger
Le chat Fr édy nage !
Trois informations ont retenu
notre attention la semaine passée.
Dans le Financial Times… euh,
Le Temps (pardon, lapsus) du
4 octobre, une demi-page était
offerte à Allen Morrison, lequel en profitait pour parler du
shutdown aux Etats-Unis. Il nous
disait qu’il n’y a pas à s’en faire
pour les Etats-uniens, que c’est
une « non-crise ». Il n’y aura pas
d’impact, « sauf naturellement
pour les 800 000 personnes mises
à pied ». Tout va bien, donc. Ceci
dit, le principal problème de la
non-crise, c’est Obama, « pire
guérisseur en chef des temps
modernes ». Avec la poésie d’un
porte-avions, le chroniqueur
ajoutait que le président US « a
jeté de l’huile sur les flammes de
l’amertume et l’animosité ».
Tel était le blabla de M. Morrison : analyse superficielle et à bas
Obama.
La tension politique entre les
démocrates et les républicains
n’étant pas facile à comprendre,
on se demande comment, dans le
Wall Street Journal… pardon, Le
C’est un événement, Alain
Delon revient au théâtre. Et le
dégoulinant Darius de lui demander, dans le désordre, avec
combien de femmes il a couché,
comment c’était, s’est-il pris un
râteau, son fils lui envoie-t-il des
sms et enfin vote-t-il Le Pen ? Il
y avait la fille d’Alain Delon sur
le plateau, comédienne elle aussi, mais Darius ne l’a pas vue.
Enfin, dans Le Boyard (bulletin
de la commune d’Ollon) de septembre 2013, un reportage photographique a montré, dans un
lac, « le chat Frédy nageant avec
son ami le chien Whisky, sous
la surveillance de leur maître
Rémy ».
Des trois informations, ce fut la
plus substantiellement traitée.
LE CAHIER
DES SPORTS
Du pain (sec) et des jeux
Où l’on reparle de la Coupe du monde
de football 2022 et des joyeusetés
qu’engendre, au Qatar, la construction
des stades. Curieux de voir de plus près
quelles étaient les conditions de travail
des milliers d’ouvriers engagés sur ces
chantiers, notre confrère L’Humanité a
dépêché un journaliste du côté de Doha.
Résultat des courses : c’est bien pire
que ce qu’ont décrit jusqu’ici les autres
journaux. Pierre Barbancey, qui s’est
rendu dans un camp de travailleurs,
parle de « conditions (de travail)
épouvantables ».
Il a pu vérifier que plus d’un million
d’ouvriers pour la plupart venus d’Asie
du Sud sont « logés misérablement »,
qu’ils sont « interdits de protestation
sous peine d’expulsion » et qu’encore ils
se retrouvent privés de leur passeport ;
des fois que certains d’entre eux
chercheraient à fuir cet enfer…Pour
avoir voulu le constater par lui-même,
et ainsi témoigner, le reporter s’est
retrouvé en cabane, accusé qu’il était
de « pratique illégale du journalisme »,
avant d’être relâché. Selon Pierre
Barbancey, les morts se compteraient
déjà par centaines, ce que dément
formellement le gouvernement qatari.
Tandis que la FIFA fait la sourde oreille
et que quelques multinationales
du béton, de l’énergie (nécessaire
pour réfrigérer les stades) et des
télécommunications s’apprêtent à s’en
mettre plein les fouilles, des hommes
crèvent, victimes de la chaleur, des
cadences infernales et du silence
assourdissant des grandes puissances.
« Plus de gens mourront en construisant
l’infrastructure du Mondial 2022 qu’il y
aura de joueurs en compétition », note
le site www.rerunthevote.org qui comme
son nom l’indique milite pour que la FIFA
annule le vote au terme duquel le Qatar
s’est vu attribuer l’organisation de cette
Coupe du monde.
Le football tient là une occasion sans
doute unique de faire un exemple. Il ne
la saisira pas.
Mais il faudra savoir s’en souvenir quand
roulera le premier ballon.
Et ce sera tout pour cette semaine.
Roger jaunin
Stéphane Bovon
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Gars central
« Rencontre gourmande » avec Christophe Darbellay
dans Al Dente, supplément culinaire de L’Illustré
(02.10.13) : le président du PDC, tout sourire et
posant si naturellement dans sa cuisine, rappelle
qu’il est « un chasseur passionné », qu’il aime la
viande et le vin rouge ainsi que la montagne et la
forêt, que « celui qui porte un chamois [mort,
ndlr] durant trois heures sur ses épaules ne
peut que respecter l’animal ». Même si, comme
il le fit jadis pour les besoins d’une glorieuse photo
en costume de chasseur, il porte sur ses épaules un
animal surgelé ? Darbellay révèle encore qu’il passe
Noël chez sa belle-mère, que le civet de son oncle,
« c’était de la bombe », qu’enfant il n’aimait pas les
clous de girofle, qu’il ne mangera jamais de tomates
crues « même si on [lui] offrait 1000 francs » et
qu’en bon centriste, il « aime les adresses milieu de
gamme, de 12 à 15 points au GaultMillau ». A se
demander si ce gars-là ne bouffe pas un peu à tous
les râteliers.
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
Sans idée suisse
La grande opération « Les Suisses » de la SSR a déjà atteint l’un de ses buts, bien avant son lancement le
3 novembre : unifier les gens de part et d’autre de la Sarine. En l’occurrence, il s’agit des mécontents unanimes, à
commencer par les femmes. C’est que dans ses quatre docu-fictions la SSR présente six héros historiques helvètes :
Werner Stauffacher à Morgarten, l’ermite Nicolas de Flüe, le général et cofondateur de la Croix-Rouge GuillaumeHenri Dufour, le pionnier des chemins de fer Alfred Escher, Hans Waldmann, qui écrasa les troupes de Charles le
Téméraire à Morat, enfin Stefano Franscini, cofondateur de l’EPFZ. De Coire à Genève, la SSR a cherché des figures
féminines qui se seraient illustrées entre le XIVe et le XIXe siècle.
Ayant écarté les pacifiques Johanna Spyri, auteure de Heidi, et madame de Staël, écrivaine aux origines genevoises,
la SSR n’a pas trouvé de Suissesses dignes d’intéret. Qu’à cela ne tienne, le ciment confédéral est assuré par les
deux principaux sponsors du machin : l’importateur de bagnoles Amag et le Groupe Mutuel.
Coup fourré
L’édition d’octobre d’Edelweiss opère un grand retour vers les tendances qui faisaient fureur au Paléolithique. En
une, un mannequin vêtu en tout et pour tout de peaux de bêtes, en l’occurrence une veste en fourrure Fendi. Même
constat pour le « photoshooting » correspondant : des fourrures à chaque page.
Le magazine féminin helvétique fait donc la promotion d’un déplorable caprice de mode. Et ne nous dit pas que
les renards, visons et autres chinchillas, après une minable vie dans une cage microscopique qui les rend fous au
point de s’automutiler, se font gazer, empoisonner, assommer ou électrocuter par une pince placée dans le rectum.
Parfois, ça échoue et ils se font scalper vivants.
Les crétins de la mode et la presse complice mériteraient qu’on leur fasse la peau.
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Vigousse vendredi 18 octobre 2013
16
{
B é B E RT D E
PLONK & REPLONK
}
LA S UI T E AU P ROC H AIN NUM É RO
La Vallette de la peur
On aurait pu penser que la Suisse se
porterait à merveille depuis l’interdiction des minarets. Hélas, c’était
sans compter le danger omniprésent
d’une poignée de terroristes faisant
leur shopping en niqab. Heureusement, on a chez nous de grands
penseurs qui veillent, comme
Mireille Vallette. Bon, personne ne
sait qui est ni ce que fait exactement
cette femme, mais depuis quelques
années cette « pasionaria de l’antiislam », autoproclamée experte du
sujet, lutte héroïquement contre
l’islamisation des Helvètes.
Elle se présente diversement
comme journaliste, écrivaine, essayiste, ou blogueuse, avec parfois
la mention qu’elle serait féministe
et de gauche, mais son unique
accomplissement est d’avoir
écrit deux livres (et encore, à peu
de choses près c’est deux fois
le même) sur les dangers du
radicalisme musulman et sa
crainte « que les islamistes ne
prennent le pouvoir ».
Vigousse vendredi 18 octobre 2013
Expédions donc le cas de cette
fâcheuse en quelques lignes. Ses
élucubrations sont destinées à la défense des femmes ? Très bien, qu’elle
rejoigne une association et qu’elle
lutte contre toutes les atteintes religieuses, culturelles et politiques à
l’image, aux droits et à l’égalité des
femmes dans le monde. Elle n’aime
pas la religion en particulier ? Parfait,
qu’elle dénonce dans ce cas l’intrusion du surnaturel et des sornettes
irrationnelles dans les affaires humaines, venant de toutes les sectes
et religions. Elle pointe du doigt spécifiquement le double langage des
imams et le silence des musulmans
modérés ? Excellent, qu’elle renonce
alors à se présenter comme femme
de gauche et qu’elle rejoigne explicitement ses copains identitaires et
d’extrême droite, tout en dénonçant
leurs excès, ce sera également plus
clair. Elle revendique un statut d’experte ? Génial, qu’elle fasse alors un
peu de recherche plutôt que d’accumuler les anecdotes sur internet et
les articles sensationnalistes de la
presse populiste.
Comme elle ne fera jamais rien
de ce genre, on peut sans autre la
fondre dans cette masse qui aime
à (se) foutre la trouille à moindres
frais, pour le plus grand bénéfice
des éternels fabricants de boucs
Sebastian
émissaires. Banal.
Dieguez
C'EST ARRIVÉ
LA SEMAINE
PROCHAINE
(ou du moins ça se pourrait bien)
Eau lourde
Fukushima complètement
typhonnée
Hiver indien
Le mois de mai est de retour
Soleil d’Aarberg
La betterave 2013 sera bonne
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