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Vendredi 18 octobre 2013 // No 164 Horticulture Devis déviant P. 5 CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch Viande Chasse à court P. 6 Humanitaire Dons de cloche P. 7 Tir au lynx Nos meilleurs coins P. 17 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA 2 C ’ E S T P A S P OUR DIRE ! « On est les champions, on est les champions… » (air connu) Roger Jaunin C ette fois-ci c’est fait, l’équipe suisse est qualifiée pour la grand-messe du football, l’an prochain au Brésil. Résonnez clairons, sonnez trompettes, voici que la déferlante rouge s’apprête à envahir le temple même du ballon rond. Pour y faire quoi, c’est bien sûr une autre histoire… D’ici là, la machine à faire du fric va se mettre en route. On va nous vendre des figurines Panini, des voyages « de rêve » au pays des crève-la-faim, des maillots floqués de la croix blanche, des drapeaux, des écharpes et quantité de gadgets, saloperies de plastique fabriqués à Hongkong. Sous licence suisse bien sûr. Les journaux et les magazines vont en faire des tonnes, les « spécialistes » vont monopoliser les heures d’antenne, télés et radios confondues, et s’ébaubir devant le 4-2-3-1 ou le 4-4-2 astucieusement mis en place par Ottmar Hitzfeld ; « Gottmar », comme disent nos cousins alémaniques toujours prêts à déifier tout ce qui, en matière de sport du moins, vient d’Allemagne. Sûr qu’on va leur montrer de quels crampons on se chausse, à ces Brésiliens, ces Espingouins et autres Ritals ! Sûr qu’on va bomber le torse au moment de chanter « Sur nos monts, etc. » et que les mômes des favelas reprendront de concert « les beautés de la paaatriiiie ». Championne du monde qu’elle sera, la Suisse des Shaqiri, Djourou, Rodriguez, Gavranovic et von Bergen. D’ailleurs c’est simple, elle l’est déjà. Parce que, voyez-vous, parvenir à constituer une équipe, une vraie, avec des gars originaires des quatre coins de l’Europe, voire d’Afrique, dans un pays aussi hermétiquement fermé, ça, c’est champion. Vigousse vendredi 18 octobre 2013 Q UELLE S EMAINE ! 3 Ç A , C ' E S T F AI T ! 31 Loup y es-tu ? millions d’euros C’est la modique somme que monseigneur Franz-Peter Tebartzvan Elst, évêque de Limburg, a consacrée à la construction d’un nouvel évêché. Et ça fait grincer des dents, en Allemagne et au-delà. Il faut dire que les robinets en or, la baignoire à 15 000 euros ou la chapelle privée à 2,9 millions d’euros font un peu bling-bling. Et on ignore encore le prix de la crèche de Noël. A sa décharge, monseigneur Tebartz-van Elst ne pouvait pas savoir que Ratzinger allait céder son trône à un drôle de type qui s’est mis en tête de prôner l’humilité. Maurice Tornay, président du Gouvernement valaisan, est dans le viseur du Groupe Loup Suisse (GLS). Motif : à propos du prédateur, le conseiller d’Etat avait eu ces mots lors d’une visite à Fiesch : « Voir, tirer, enterrer, se taire. » Le GLS dépose donc plainte pénale pour incitation au braconnage. Mais à quoi va servir le congé accordé aux enseignants-chasseurs par Oskar Freysinger si on ne peut même plus canarder en paix ? Nettoyage chimique Avant de toquer à celle de la Syrie, les Etats-Unis devraient balayer devant leur porte. Selon El Pais Internacional, les troupes US auraient en effet « oublié », sur l’île panaméenne de San José, un joyeux arsenal de munitions et bombes farcies au gaz moutarde et au phosgène, hautement toxique. Sans oublier des bombes conventionnelles. Il faut dire que de 1903 à 1999 les Etats-Unis ont utilisé San José comme terrain d’expérimentation pour leurs joujoux militaires, dont des armes chimiques. Le Pentagone a tout de même accepté de débarrasser l’île en 2014 si les soucis budgétaires le permettent. Trop sympa ! Eurêka Dans la Sonntagszeitung (13.10.13), trois doux humanistes (le PDC Gerhard Pfister, l’UDC Christoph Blocher et le PLR Kurt Fluri) livrent leur solution géniale pour éviter de nouveaux naufrages tragiques au large de Lampedusa : il suffit de rassembler les migrants dans des camps en Afrique du Nord. C’est vrai, quoi, autant faire le tri sur place, c’est beaucoup plus humain. Et puis avec les gens qui dérangent, les camps, c’est toujours la solution. Déprime à bord Le 21 octobre a lieu la Journée mondiale de la dépression. L’occasion de rappeler que dans le monde 121 millions de personnes souffrent de cette maladie, que chaque année 850 000 d’entre elles mettent fin à leurs jours et qu’en 2020 la dépression sera la première cause mondiale d’invalidité. Une journée qui s’annonce radieuse. Vigousse vendredi 18 octobre 2013 4 F AI T S DI V ER S E T V ARI É S F AI T S DI V ER S E T V ARI É S Plus ça change, moins ça change Manne power Farce d’inertie Hôpital du Valais a repris ses bonnes vieilles habitudes : le personnel n’est pas à la fête, et les patients non plus. Au printemps 2012, les responsables d’Hôpital du Valais le juraient face aux médias : on allait mettre un terme aux copinages et faire table rase des incompétents placés à des postes clés. Avec pour slogan « Remettre l’humain au centre », le nouveau directeur général Eric Bonvin allait rétablir l’ordre. Dans les faits, Vincent Castagna, directeur du Centre hospitalier du Valais romand chargé de mener les « réformes », a surtout cultivé népotisme, favoritisme et déni de réalité. « On a assisté à une pseudorévolution où l’on a voulu changer des choses sans aucune consultation de la base », observe un témoin, évidemment anonyme. Exemple : un poste a été créé de toutes pièces pour une certaine Valérie Revaz, désormais « cheffe de la division Gestion médicoéconomique ». Cette trentenaire aux dents très longues supervise donc le budget, les départements et les secrétariats de tous les sites d’Hôpital du Valais. Et l’enfer se déchaîne. « Il y a un jeu effrayant de chaises musicales où les gens sont déplacés sans aucune concertation, comme des pions », poursuit un autre informateur, toujours sous couvert d’anonymat. Mauvaise foi, commentaires déplacés sur le physique, rétention d’informations : ces petites humiliations usent le personnel. Valérie Revaz possède d’ailleurs un alter ego, Muriel Del Bianco, dans l’Unité de gestion des flux. A son tableau de chasse, elle affiche sept burn-out connus, dont celui de la femme du chef du service des urgences. Une autre dame, Sarah Fournier, responsable de la physio et fort proche de Vincent Castagna, pratique les mêmes méthodes avec le menu fretin. Les employés à bout de nerfs ont eu la candeur de croire que les Ressources dites « humaines » allaient voler à leur secours. Las ! Vigousse vendredi 18 octobre 2013 Tous les organes de surveillance regardent passer les trains avec l’énergie de vaches sous Lexotanil. La trentaine de plaintes concernant Valérie Revaz ? On oublie. La page 27 de la Convention collective 2012, qui parle du harcèlement psychologique ? Lettre morte. Autres planches de salut théoriques, la médecine du travail, la commission du personnel et le service de médiation du personnel demeurent des pantins à qui la direction n’accorde aucun réel crédit. Dans les couloirs de l’hôpital de Sion, tous ces problèmes se traduisent par une notable surcharge de travail doublée d’une accumulation de séances inutiles. Sans compter la paranoïa : on n’ose plus prendre le café avec certaines brebis galeuses de peur d’être dans le collimateur de la direction. Et si l’on est éjecté d’Hôpital du Valais, on est grillé dans tout le secteur médical valaisan. Les Syndicats chrétiens du Valais négocient en ce moment la Convention collective de travail 2016 avec Hôpital du Valais. Secrétaire général desdits syndicats, Patrick Chabbey a placé au cœur des discussions « l’amélioration des compétences relationnelles pour les postes d’encadrement ». Bonne idée. Sauf qu’il n’est au courant de rien, aucune personne syndiquée ne lui ayant signalé les cas révélés par notre enquête. Il tombe des nues : « Si ce que vous me décrivez est avéré, nous sommes face à des situations de non-assistance à personne en danger. » En attendant, il est évident que tout ce marasme retombe sur les malades et leurs familles. Mais, ô joie, ceux-ci ont un Espace Ecoute Patients à leur service s’ils rencontrent des problèmes avec l’institution. Sauf que cet espace est relié directement au service juridique, détail qu’ils découvrent à leurs dépens : adieu la confidentialité et l’éthique ! Du reste, ce n’est sans doute pas un hasard si deux médiatrices d’Espace Ecoute Patients ont déjà donné leur démission. Au sein du personnel, les lettres RSV sont discrètement devenues les initiales de « Réseau Sans Valeurs ». Faut bien rigoler un peu. Joël Cerutti/Agence PJ Investigations « L’énergie nucléaire est rentable, elle produit un courant électrique bon marché ; abandonner le nucléaire au profit des énergies renouvelables augmentera le prix du kilowatt/heure, ce qui pénalisera nos entreprises, nuira à l’économie du pays et coûtera de nombreux emplois. » Tel est, en substance et en résumé, le refrain que serinent à qui mieux mieux le lobby de l’atome et ses valets politiques. Les adversaires des centrales réfutent cette argumentation en répétant, depuis des années, que le prix du courant d’origine nucléaire est grossièrement sous-évalué. Il ne tient pas compte en effet des coûts réels qu’engendrent le démantèlement des réacteurs en fin de vie et la gestion des déchets radioactifs. Des coûts pharaoniques que les malheureux pour-cent perçus sur les factures d’électricité ne suffiront jamais à couvrir et qui seront donc à la charge de l’Etat. Qui a raison ? La réponse a été donnée involon- tairement par la Commission européenne. Un document interne, dévoilé voici deux mois, mais bizarrement très peu commenté depuis lors, révèle que l’industrie nucléaire est massivement subventionnée par les Etats membres, à hauteur de 35 milliards d’euros par an ! C’est 5 milliards de plus que tout l’argent investi dans l’Union européenne pour le développement des énergies renouvelables. « L’industrie nucléaire n’est pas concurrentielle sans garanties d’Etat ou sans subventions », conclut l’ancien conseiller national Rudolf Rechsteiner (PS/BL), par ailleurs expert en production énergétique. La Grande-Bretagne, par exemple, casque 2,4 milliards de francs par an pour le stockage des déchets sur le site de Sellafield. Et c’est sans compter les risques d’accident, pour lesquels les exploitants ne sont pas assurés, et de loin, à hauteur des coûts réels. Ainsi est-ce le Japon, et non Tepco, qui paie pour les dommages de Fukushima. Conclusion : l’énergie nucléaire est très rentable et très avantageuse, sauf pour le contribuable. 5 Le prix du pin Litige en branches Depuis 2006, un conflit oppose un horticulteur et l’un de ses clients veveysans. Et les tribunaux ont du pin sur la planche. Le 18 juillet 2005, la grêle avait ravagé Vevey. Gros dégâts dans le jardin d’Antoine, qui mandate diverses entreprises pour la remise en état. Un peu plus tard, il constate que huit pins noirs d’Autriche sont attaqués par des champignons suite aux blessures causées par les grêlons. Il confie les soins à un spécialiste local, maître horticulteur au civil et lieutenant-colonel au militaire. En avril 2006, le paysagiste visite les lieux, puis envoie un devis ferme de 5612 francs, avec pour seule réserve un éventuel dépérissement des pins qui exigerait leur abattage. L’ECA (Etablissement cantonal d’assurance) accepte de couvrir le montant. Les travaux se terminent le 5 mai. les pleurs du jardin Le 16 mai, l’ECA demande à Antoine de signer la quittance d’acceptation pour la somme indiquée et pour solde de tout compte. Antoine, qui n’a pas encore reçu la facture, appelle alors le paysagiste, lequel lui dit que ladite facture est partie et qu’il peut signer tranquille la quittance ECA. Antoine signe. La facture, elle, n’arrive qu’à fin juillet. Et, surprise, elle est majorée de 74% ! Total : 9780 francs. Seule explication pour ce surcoût : « Y compris difficultés rencontrées lors de l’ascension et l’évolution dans les arbres, ainsi que lors du percement des puits catalytiques (trous). » Craignant que l’ECA ne couvre pas un dépassement de devis dont personne n’a été averti, Antoine téléphone au paysagiste, qui s’excuse et demande d’envoyer tout de même la douloureuse telle quelle à l’ECA. Lequel, comme il fallait s’y attendre, ne paie que le montant du devis. Antoine se retrouve donc avec 4168 francs de supplément, qu’il refuse de payer. Le 16 janvier 2007, l’horticulteur revient à la charge, arguant qu’en plus des difficultés d’ascension et de perçage du sol, « il a dû couper 4 mètres cubes supplémentaires de branches en plus des 5 devisés ». Antoine rétorque qu’il n’y est pour rien d’autant que ni lui ni l’ECA n’ont été prévenus du dépassement de devis. En avril 2009, l’horticulteur redemande le règlement du surplus. Antoine lui répond par téléphone qu’il n’en paiera pas un centime. En décembre 2009, le paysagiste met Antoine aux poursuites en prétextant soudain qu’un ouvrier lui aurait jadis annoncé que la facture serait plus élevée que prévu. Le litige arrive devant le juge de paix, qui mandate une expertise auprès d’un spécialiste tessinois. Par ailleurs, ne tolérant pas d’être traité de menteur et d’escroc, le paysagiste dépose le 16 janvier 2010 une plainte pénale pour atteinte à l’honneur. Il réclame 6000 francs de dommages et intérêts. Dans cette plainte, il accuse Antoine de lui avoir demandé d’effectuer des travaux hors dégâts de grêle, donc d’avoir voulu arnaquer l’ECA. Lors de son audition toutefois, il ne réitère pas ces accusations et parle uniquement des travaux liés au sinistre, ce qui devrait rendre la plainte caduque. Mais le procureur renvoie Antoine devant le tribunal de police pour avoir traité le lieutenant-colonel de menteur et d’escroc. Sur quoi l’expert tessinois rend son verdict : l’horticulteur a facturé une cinquantaine d’heures fictives. Qu’à cela ne tienne, le juge de paix, suivant la requête de l’horticulteur, veut lancer une deuxième expertise. La première a coûté 6290 francs. A combien la prochaine? Le feuilleton ne s’arrête pas là. Antoine, sur la base de l’expertise, dépose une plainte pénale pour tentative d’escroquerie. Quant au procureur, toujours le même, il dit vouloir rendre une ordonnance de classement. Pour Antoine, qui dénonce une magistrature incroyablement partisane, la grêle de 2005 s’est muée en un déluge d’emmerdements. Jean-Luc Wenger Le strip de Bénédicte Bonne nouvelle Vigousse (11.10.13) narrait le parcours imposé aux Burkinabés en quête d’un visa helvète : aller jusqu’à l’ambassade de Suisse à Abidjan (Côte d’Ivoire) au prix de trajets insensés. C’est désormais réglé : le sésame suisse est délivré au Burkina par l’ambassade de Belgique qui, elle, est équipée pour prendre les données numériques. Merci les Belges. Laurent Flutsch Vigousse vendredi 18 octobre 2013 6 C o n s o e t c o n s o r ts La saison du plus faux Loterie de billets Chassé-croisé Recette de saison : farandole de civet de cerf avec sa garniture de conneries. Pour rythmer avec bonheur l’année gourmande, saluons la saison de la salade de dents-de-lion, la saison des fraises, la saison des bolets, et bien sûr la saison de la chasse. L’automne venu, quand les fiers nemrods de nos contrées s’en vont par monts et par vaux traquer l’animal sauvage à plume et à poil, les rayons des supermarchés et les cartes des restaurants se garnissent de civets, de râbles, de selles, de noisettes et autres mets alléchants à base de gibiers variés. « C’est la saison de la chasse », clament les emballages de barquettes et les menus sur ardoise. Souvent sur fond de feuilles mortes, de sousbois ou d’adrets escarpés, les appellations évocatrices fleurissent : sauce grand veneur, assiette du braconnier, cuissot Saint-Hubert, galantine de Diane… On en a l’eau à la bouche. Hélas, un détail mesquin vient gâcher toute cette poésie. Malgré tous leurs efforts pour présenter leurs mets comme des spécialités bucoliques, purement saisonnières, en lien direct avec l’ouverture de la chasse dans nos cantons, les fabricants et les restaurateurs sont en effet contraints et forcés, à cause d’une réglementation affreusement tatillonne, d’indiquer la provenance de leurs viandes. Et dans l’écrasante majorité des cas ils doivent ainsi avouer, fût-ce en caractères microscopiques, que leur lièvre vient d’Argentine et leur cerf de Nouvelle-Zélande. Des régions où, faut-il le préciser, ce n’est pas forcément ces temps-ci « la saison de la chasse ». Comme de très nombreux restaurants, Migros et Coop vendent ainsi du civet de cerf « préparé en Suisse », avec sauce et spätzlis et tout ce qu’il faut, mais dont la viande provient des antipodes. C’est tout de suite moins idyllique. D’autant qu’en NouvelleZélande les cerfs ne sont pas à proprement parler du gibier. C’est qu’ils ne sont pas chassés dans les vastes étendues sauvages : ils sont parqués en masse dans des fermes d’élevage, engraissés comme du bétail et farcis de médicaments. Ajoutons que leur bidoche réfrigérée voyage sur près de 20 000 kilomètres pour finir en civet dans nos assiettes, ce qui ne va pas sans quelques gaspillages d’énergie et autres pollutions. Ça détonne un brin avec toute l’imagerie très « nature » dont abusent les marchands pour promouvoir ici « la saison de la chasse ». Une période de l’année où l’on prend volontiers le consommateur pour un perdreau. Laurent Flutsch Depuis décembre 2011, tout utilisateur des chemins de fer qui veut se rendre à l’étranger a intérêt à acheter son billet sur internet. En effet, toute commande passée directement au guichet ou par téléphone est taxée 10 francs alors que la commande en ligne, elle, n’engendre aucune taxe supplémentaire : c’est normal, car, expliquent les CFF, « vous faites vous-même le travail ! » Et tant pis pour les non-utilisateurs de la Toile, dont une grande majorité de personnes âgées, qui n’ont qu’à débourser plus. Deux ans plus tard, une enquête de Blick (article en ligne « Wer online bucht, zahlt drauf », 13.10.13) révèle un phénomène déroutant : les billets achetés sur la Toile coûtent plus cher que ceux pris directement au distributeur ! Par exemple, un billet deuxième classe de Baden (AG) à Aarau (AG) revient à 5 francs 70 à l’automate (tarif par zone) alors qu’il grimpe à 6 francs 30 sur le net. Une différence difficilement explicable vu que dans les deux cas l’utilisateur des transports publics « fait lui-même le travail ». Moralité : en 2013, pour obtenir le meilleur tarif avec les CFF, mieux vaut prendre la voiture. A.D. PUB Enfin un regard decale sur l’actu ! UNIGRAF.COM Abonnez-vous ou offrez Vigousse sur www.vigousse.ch Vigousse vendredi 18 octobre 2013 7 F AI T S DI V ER S E T V ARI É S 1 an (43 numéros + 2 spéciaux ) CHF 140.–, étudiants, chômeurs, rentiers CHF 100.– (TVA et port compris) OTRE AVEC V T VOUS M E N EN ABON Z EN BONUS » R RE V E C E EILLEU R DU «M IL E U C E LE RE OUSS DE VIG . 24 x 31 cm , format 92 pages r CHF 22.– eu al V Mourir plus pour gagner plus Appel aux cons Encore un scandale de l’aide humanitaire : tout le pognon va aux morts. Généreux et altruistes, bien des gens donnent régulièrement des sous aux associations humanitaires. Chaque catastrophe naturelle (tsunami, tremblement de terre, éboulement, éruption volcanique…) suscite des appels aux dons. Souvent, des millions de francs sont récoltés pour aider les victimes. C’est bien. Il y a toutefois un léger problème, que viennent d’identifier deux chercheurs de l’Université Erasmus de Rotterdam. Lequel ? Voici deux exemples qui devraient mettre la puce à l’oreille. En 2003 en Iran, un terrible séisme tuait 26 796 personnes et en laissait 267 628 dans le dénuement le PLUS VRAI QUE plus complet. Les dons de particuliers, provenant du monde entier, avaient totalisé 10,7 millions de dollars. En 2000, un cataclysme analogue frappait la province du Yunnan en Chine, tuant 7 personnes seulement, mais faisant 1,8 million de sinistrés. Les dons n’avaient pas dépassé 95 000 dollars. Autrement dit, tout se passe comme si les gens avaient donné de l’argent aux morts plutôt qu’aux survivants ! Ayant épluché les données pour 381 catastrophes naturelles entre 2000 et 2011, les chercheurs ont constaté que la tendance est générale : la probabilité de faire un don et la somme offerte dépendent toujours linéairement du nombre de morts, mais ne sont en rien influencées par celui des survivants. Pourtant, tout le monde comprend qu’un mort n’a plus besoin de nourriture ou d’un abri, contrairement à un survivant. Il y a donc un sérieux problème de communication et de répartition des ressources à l’échelle mondiale. Cet étrange phénomène est évidemment lié à des raisons psychologiques, certes fort intéressantes, mais dont les victimes de catas- trophes naturelles se foutent sans doute complètement. C’est vite résumé, d’ailleurs : l’être humain est fondamentalement généreux mais hélas un peu con. Sebastian Dieguez The Number of Fatalities Drives Disaster Aid: Increasing Sensitivity to People in Need, I. Evangelidis & B. Van den Bergh, Psychological Science, à paraître. Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques. V E C U « Laissez-moi parler ! » Les époux Wright sont accusés d’abus de confiance et de recel. Représentant en Suisse d’une société australienne, Monsieur a prélevé sur le compte de la boîte en 2011, sans l’accord de sa hiérarchie, 124 552 francs pour payer ses heures supplémentaires. Madame l’a encouragé et aidé. – Les plaignants, qui n’ont pas fait le voyage depuis l’Australie, sont représentés par leur avocate, annonce la magistrate. Et vous les accusés, pourquoi n’êtes vous pas assistés d’un défenseur ? Madame Wright, une furie blonde, répond avec fougue : – Vu nos connaissances, moi, je suis quand même docteur en sciences, et la malhonnêteté de cette plainte, pas besoin d’un avocat, car… Après 10 minutes de diatribe, la juge l’interrompt : – Vous pouvez répondre à ma question ? Nouvelle tirade. La magistrate parvient à placer un mot : – Pour résumer, vous estimez qu’un avocat n’est pas nécessaire ? – C’est surtout que nos finances ne le permettent pas, murmure le mari. – Vous avez le droit d’être défendu par un avocat commis d’office. – Avec les preuves qu’on a, pas besoin, rugit l’accusée. Les victimes, c’est nous et… (20 minutes de monologue). – Ce n’est jamais bon de se défendre soi-même, glisse la présidente. – Je connais tout du dossier, la société a fait des choses incroyables… (10 minutes, au moins). Profitant d’une respiration, la juge demande : – La conciliation, vous avez essayé ? – Jamais ! explose madame Wright. – Je vous rappelle que vous êtes les accusés, non les plaignants, donc ce serait dans votre intérêt. – Cette histoire nous a détruits, ils doivent payer ! s’emporte l’accusée. Depuis 24 mois mon mari et moi ne pouvons plus travailler. On est atteints les deux dans notre santé … (15 minutes de discours et dépôt d’un épais dossier contenant les certificats médicaux). – Laissez-moi parler ! s’écrie la magistrate ; ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi vous êtes si mal, madame. C’est votre mari qui a perdu son travail. – Vous croyez que ça ne me fait rien de le voir comme ça ? coupe rageusement l’épouse. Tous les jours je le vois, je souffre et… (20 minutes, minimum). – Laissez-moi parler ! Si je tranche sur l’abus de confiance et le recel, vous devrez entamer un procès civil pour régler les comptes, car ce n’est pas mon rôle. Mais avec une conciliation tout pourrait se terminer aujourd’hui. Quelles sont les exigences du plaignant ? – Nous exigeons 610 000 francs pour moi et 1 610 000 francs pour mon mari, interrompt l’accusée. – Quoi ?!? s’étouffent simultanément la juge et l’avocate du plaignant. – Pour les torts qu’ils nous ont faits ! On est atteints dans notre santé… (10 minutes). – On va faire une courte suspension, essayez de vous entendre sur « le prix de la paix », mais soyez raisonnables avec les chiffres, fait la juge exténuée. Après discussion, les plaignants demandent 80 000 francs sur les 124 522 empochés, plus 75 000 francs de frais d’avocats. Les accusés refusent, ils exigent qu’on leur laisse les 124 522 francs et qu’on leur verse en plus 50 000 francs. – On est passé de plus de 2 millions à 50 000 francs, on peut donc encore essayer de s’entendre, soupire la magistrate. Deux longues heures de monologue plus tard, le mari intervient : – Ils nous laissent les 124 522 francs, chacun paie ses frais et basta. – Il faudrait, répond l’accusation, que vous versiez un petit dédommagement à mes clients. – JAMAIS !!! crie l’accusée. C’est eux… – LAISSEZ– LES PARLER ! explose la juge. – Je dois parler à mes clients, dit l’avocate. – Je suis d’accord pour la conciliation, déclare monsieur Wright. – Parfait, conclut la juge. Vous avez un mois pour me communiquer les clauses de l’arrangement et j’enregistrerai le retrait de plainte. Sinon, je trancherai ; et pour le litige financier, il faudra aller voir un juge civil. Je lui souhaite bonne chance ! Lily Vigousse vendredi 18 octobre 2013 8 Q UELLE S EMAINE ! Full Metal Basket Offensive rebelle Comme coach, c’est du lourd. Et pour l’équipe, recadrée façon musclée, c’est du tout bon. Femmes battantes Un site parodique aussi vengeur que bienvenu libère enfin la femme du joug abrutissant des magazines féminins. Pour avoir subi des centaines d’articles sur les régimes miracle, les astuces bidon pour jouir plus longtemps ou le pouvoir de la zumba, de jeunes Françaises ont eu l’excellente idée de tourner en dérision la presse féminine. Ainsi est né Aufemininpointconne.fr : un site qui, depuis début octobre, publie des articles aux titres évocateurs tels que « Comment se looker pour le premier rendez-vous ? » ou « Baisse de libido, comment éviter qu’elle ne brise votre couple ? (réponse : forcez-vous) ». Les pastiches décryptent l’image de la femme véhiculée par les magazines : « Dans la presse féminine, la femme travaille toujours dans un bureau en ville, juchée sur des boots un peu chics. Elle n’est jamais ou- vrière dans une usine de panneaux en plastique. » Le site épingle aussi une nouvelle tendance qui consiste à parler de femmes rondes tout en illustrant les articles avec une fille dotée d’un corps simplement normal. Autrement dit, si celle-ci est ronde, 80% des lectrices sont carrément obèses. A l’intention des éditeurs de presse féminine qui seraient tentés de faire taire Aufeminipointconne.fr, la page « A lire avant d’envoyer une mise en demeure » explique avec humour que les plus brillants des avocats ne pourront rien contre cette parodie non commerciale qui dérange. Et de rappeller opportunément que les mots « intelligence » et « dérision » sont féminins. Jonas Schneiter PUB LE CHANT LABOUREUR PRÉSENTE EN COLLABORATION AVEC LA MAISON DE QUARTIER SOUS GARE 2 ÈME ÉDITION LES ANGLOFOLIES 2 JOURS 100% CHANSON FRANCOPHONE ! LAUSANNE 2 ET 3 NOVEMBRE 2013 DÈS 14h00 Av. 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Doté d’une solide expérience, le nouveau Messie de la Riviera ne peut qu’inspirer le respect. Michael Brooks fut en effet meilleur joueur de « college » avec La Salle en 1980, il fit des débuts remarqués en NBA chez les San Diego Clippers, joua ensuite après une blessure chez les Indiana Pacers, puis les Denver Nuggets, et fut même double champion de France avec Limoges au début des années 1990. Ah oui, il faut préciser que l’équipe en question est celle des « Colibris » de Vevey Basket, c’est-àdire des mômes de 4 à 8 ans. Du haut de ses 2 mètres, leur nouvel entraîneur gueule des « Go ! Go ! Go ! Noooo pas comme ça !! » avec un charmant accent US, il hurle tel un sergent-chef sur ceux qui s’avisent de verser une larme, « On est pas des bébés ici ! On pleure pas ! Arrêêêêête ! Stop j’ai dit !!! », et s’il y a des récalcitrants, il inflige des punitions collectives avec séries de pompes à la clé. Les gosses lessivés et humiliés sont réunis en fin d’entraînement pour recevoir quelques encouragements : « Aujourd’hui, c’est nul ! J’ai perdu mon temps avec vous ! Et toi, arrête de pleurer, t’as quel âge ? Six ans ? On dirait un bébé ! Mon fils, il est plus jeune et il pleure pas comme toi ! Regardemoi ! Aujourd’hui, vous tous, c’est nul ! Pendant 1 h 15 le mercredi, c’est moi votre père et vous obéissez ! Et toi, smile ! » A ce compte, plus aucun gamin ne veut retourner au basket et les parents envisagent de se plaindre. Sauf que « coach Mike » n’est pas plus tendre avec eux : « Make your decision! » leur dit-il. Sousentendu : si t’es pas content, tu dégages. On verra dans quelques années si ces méthodes portent leurs fruits. A défaut d’un nouveau Thabo Sefolosha, notre région pourra toujours s’enorgueillir d’une belle génération de « marines ». Sebastian Dieguez PUB Rolle 021 825 15 06 St-Prex 021 806 12 72 Signy 022 362 13 62 Vigousse vendredi 18 octobre 2013 10 B IEN P RO F OND DAN S L ' AC T U Pitch Il est beau ! Il est beau, mon journal ! Journal frais ! Les boniments du professeur Junge Cette semaine : j’essaie de revendre Le Temps, média suisse de référence. Approchez, mesdames et messieurs ! Voici un article exceptionnel ! Je vous propose aujourd’hui ni plus ni moins que Le Temps ! Oui, vous avez bien entendu : un journal complet ! Et pas n’importe quel torchon de boulevard, non ! Le média suisse de référence, comme il se définit lui-même ! Un produit de qualité, inusable, indémodable, intellectuel ! Mais ne me croyez pas sur parole, je vais vous démontrer que c’est un produit formidable ! Regardez bien : par cet orifice, ici, on introduit l’information brute. Puis on tourne la moulinette et la matière est coupée en rondelles, émincée ou réduite en bouillie, à votre guise. Vous remarquez le bouton qui permet de régler la finesse désirée. Grâce à cet ustensile extraordinaire, mesdames et messieurs, vous pourrez servir à vos lecteurs des analyses politiques aux petits oignons, des critiques culturelles relevées, des billets d’humeur saignants, des chefs d’entreprises mis sur le gril, des brochettes de spécialistes et mille autres mets variés ! Pardon ? La dame au premier rang ne s’intéresse pas à l’information sérieuse ? Elle voudrait savoir si l’on peut faire autre chose avec Le Temps ? Mais évidemment, madame ! Le client est roi ! La politique vous ennuie ? Vous préférez publier un journal voué à l’économie, à l’agriculture, à l’operculophilie, à la musculation, aux Ukrainiennes à gros seins ? C’est possible ! Jadis, un journal était une structure complexe, comme un mécanisme d’horlogerie : déplacer un rouage pouvait gripper l’ensemble. Mais de nos jours, les rouages (en jargon, on appelle ça des « journalistes ») sont standardisés, polyvalents, interchangeables ! En un mot comme en cent, modernes ! On peut démonter et remonter la machine, ajuster des pièces de travers, fixer des bitoniaux à l’envers : elle continuera à produire de l’information, mais à votre convenance ! Car c’est vous qui payez, n’est-ce pas ? Alors, bien sûr, cette production de rouages en chaîne se fait au 11 B IEN P RO F OND DAN S L ' AC T U LE COURRIER DU CHIEUR Au Dr Théodosakis Fou du genou détriment de la solidité. Il peut y avoir de la casse, du burn-out, du nervous breakdown. Dans ce cas, rien de plus simple ! Vous voyez ce petit réservoir, là ? C’est ce qu’on nomme la « rédaction ». Eh bien, quand il est asséché, épuisé jusqu’à la dernière goutte, on le change ! Au passage, on peut en profiter pour décrasser le journal. Pour ça, il suffit de le passer sous l’eau du robinet, comme ça. Et pas besoin de frotter ! Grâce au revêtement en téflon dont sont munis les médias actuels, les journalistes carbonisés n’adhèrent plus au journal ! Si vous achetez tout de suite, la maison vous fait cadeau de non pas une, non pas deux, mais trois rédactions de rechange ! Et si vous payez en liquide, vous recevez en prime le site internet du journal ! Et ses suppléments ! On ne voit pas des affaires comme ça tous les jours ! Comment ? Ce monsieur aimerait savoir pourquoi, si c’est un si bon produit, le propriétaire veut s’en débarrasser ? Ah ! Ah ! Monsieur aime plaisanter ! Tonio ! Brutus ! Sortez-moi ce connard du stand, Professeur il gâche le business. Junge, phare du marketing contemporain Docteur, Sur un tout-ménage mêlant témoignages et bobines de prétendus confrères qu’on dirait sortis d’un film porno, vous clamez votre génie : « Enfin un remède contre l’arthrose ! Le cartilage se reconstitue ! » Alors que des millions de personnes souffrent de leurs articulations sans que la science ne puisse rien y faire, vous, un génial médecin du fin fond des Etats-Unis, avez découvert le remède pour guérir ce mal. Pour attester votre talent, vous compilez sur ces quelques feuilles les récits de guérisons miraculeuses. Après quelques jours de votre traitement révolutionnaire, un septuagénaire lance sa canne au loin, « se lève de son fauteuil et marche ». Une femme clouée sur son canapé se fait larguer, tombe en dépression, touche le fond… Mais, alléluia, elle renaît en découvrant votre remède! Et summum de ces merveilles, le Père Miles O’B. Reiley, de Californie, recouvre l’usage de son corps et déclare : « Je me sens moins raide lorsque je sors de mon lit. » Tout cela grâce à vous, docteur Théodosakis, le sauveur des articulations grippées ! Petit bémol : il se trouve évidemment que vous n’êtes rien ni personne et que votre traitement, qui ne consiste qu’en de sombres incantations et génuflexions, n’est qu’une énième escroquerie médicale. En conséquence, docteur, veuillez ne plus encombrer nos boîtes aux lettres avec votre imposture en blouse blanche. Et ce n’est pas une erreur d’articulation. Viol au vent Écarter les cuistres A l’occasion de la Slutwalk (Marche des Salopes), les femmes le martèlent : quand c’est non, c’est non ! Crise de tête La guerre contre les rides est comme toutes les guerres : elle ne va pas sans atrocités. Au pays de la beauté éternelle, la ride incarne l’ennemi public numéro un. En 1919, le docteur Bettman, trouvant les visages fripés parfaitement repoussants, inventa le sanglant lifting. Presque cent ans après, l’opération est détrônée par le Botox. A l’instar de la très figée Carla Bruni, de nombreux individus se font régulièrement injecter de la toxine botulique, qui empêche la transmission entre les nerfs et le muscle. Pour rappel, ce poison est à l’origine d’intoxications alimentaires. Mais il existe d’autres solutions innovantes pour obtenir un minois aussi dénué d’âme que celui de l’ex premièredame de France. On peut ainsi se faire inoculer, directement dans la face, des fibroblastes (cellules-souches de « jeunesse éternelle ») issus de la graisse pompée lors des liposuccions. Charmant. Même principe pour l’extraction et la réinjection de son propre plasma sanguin, riche en plaquettes. Une autre technique use de la radiofréquence : en réchauffant le corps à 42 degrés, elle engendre une production de collagène pour Dimanche dernier, à la Marche des Salopes, 200 personnes s’étaient donné rendez-vous à Genève pour dénoncer les violences sexuelles contre les femmes. Et, surtout, le lourd silence qui les entoure. Tenues sobres ou provocantes pour les femmes, rouge à lèvre pour certains hommes solidaires. Ces bricolages médicaux évoquant vaguement Frankenstein permettent de suivre l’idéal de beauté édicté par les magazines féminins, les stars et les grandes marques. D’où un nombre croissant de rombières et de beaufs (n’excluons pas les hommes) sans âge, au visage remodelé, aussi inexpressif que lisse, de vieilles Barbie effrayantes. Qui ne parviennent, en fin de compte, qu’à perdre la face. Noémie Matos raffermir la peau. On ignore si celle-ci risque de devenir croustillante et juteuse comme pour un poulet rôti… A l’inverse, la cryogénie est utilisée pour geler les nerfs du visage, ce qui empêche les rides de se former. On ne fige plus, on congèle : quel progrès ! Mais il est possible aussi de se faire cramer en profondeur par des ultrasons, qui vont contracter les tissus. Et le cerveau avec ? Le 8e conseiller fédéral Ah, je vois. Donc vous êtes en vacances, là ? Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique. Dites, Barack, ce sera fini quand votre machin, là… Pourquoi ça vous intéresse ? Quel rapport avec le shutdown ? Restez poli ! On dit shutdown. Comme je fous rien non plus, ça vous dirait un petit tournoi de pétanque ? Cool ! Enfin, personne ne travaille, ou bien ? J’entame la dernière bouteille de ketchup de ma réserve et j’aimerais savoir quand vous allez recommencer à en fabriquer. J’ai peur de manquer. Ce ne sont que les services fédéraux qui sont bloqués. Pas l’économie privée… C’est ça, shutdown. Ben… Votre pays n’est pas fermé ? comment on dit ? Shut up ? Les pancartes affichaient des slogans bien torchés : « Les gentilles filles vont au ciel, les autres vont où elles veulent », « Prends-moi fort, pas de force » ou « Macho, facho, vous nous cassez le clito ». Le message est clair : rien, ni tenue aguicheuse, ni maquillage, ni taux d’alcoolémie élevé n’excuse le viol. Au micro, les témoignages se succèdent, entre viols dans le tram et indifférence des autorités. Sur un registre plus léger, les activistes de Slutwalk ont remis une Palme, dans la catégorie « journalistes », à Patrick Morier-Genoud. Son blog sur le site de L’Hebdo « privilégie le fantasme masculin au détriment de la réalité du viol ». Les Salopes ont l’ardent désir de disposer librement de leur corps. Sacha Durant J’appelle Vladimir et François. Ils nous doivent une revanche. 098 Alinda Dufey Descente de peau lisse Vigousse vendredi 18 octobre 2013 Vigousse vendredi 18 octobre 2013 12 CUL T URE CUL T URE Un bouquin Des védés Un film Paris pas stupide BROUILLON DE CULTURE Pajak sort le deuxième volume du Manifeste incertain, il y en aura sept et on s’en réjouit. Ouvrir un livre de Frédéric Pajak, c’est éprouver le même bonheur que lorsqu’on entre dans un musée ou un autre lieu de culture. Découvrir, apprendre, en ressortir plus vivant. Pajak transporte le lecteur dans le Paris du XIXe siècle avec pour guide Walter Benjamin, un homme épris de la Ville lumière, laquelle ne le lui rend pas. On approche avec lui les grands esprits de l’époque. Parisien, Pajak raconte sa ville avec tendresse, entre ironie et désespoir. Il y a de la nostalgie, celle d’un amour déçu par une architecture mercantile et éphémère. Les dessins de Frédéric sont sobres et beaux. Si vous aimez Paris, vous n’échapperez pas à ce manifeste. Un cédé Les copains d'abord Pop ma non troppo Plutôt treize que douze! Nénuphar is what we are est un groupe fribourgeois. Ils disent faire des « tragibordelic pop songs », et on les croit sur parole. Un auditeur naïf, en revanche, entendra surtout un chanteur chuchotant des textes invraisemblables sur des mélodies imparables dotées de titres assez marrants, à moins que ce ne soit l’inverse. Prenez, par exemple, Ever had sex with an accent circonflexe et Pizzaiolo on the run : des titres indéniablement ironiques et décalés. Si controverse il devait y avoir, ce serait au niveau de la musique. Les arrangements de guitares sont certes minutieux et intriqués, mais il reste à discuter de la présence effusive des mélodica, flûte, sifflements et Dieu sait quoi d’autre. Sans compter la trompette. On aime ou on n’aime pas, la trompette. Une chose est sûre, ils sont drôles, mélodiques et décalés, c’est très second degré, mais avec du boulot derrière. C’est vraiment bien, mais bon, faut aimer la trompette. Sebastian Dieguez Nénuphar is what we are, Big in Japan huge in Liechtenstein records, 2013. Vigousse vendredi 18 octobre 2013 Manifeste incertain 2, de Frédéric Pajak, Les Editions Noir sur Blanc, 221 pages. GRINCER L’aigre règlement de comptes d’un couple paranoïaque, xénophobe et ridicule qui révèle le pire d’une société. Les clichés claquent. Occident, de Rémi de Vos, Compagnie Frédéric Dusenne, Au Théâtre Alambic, Martigny, jusqu’au 20 octobre, www.theatre-alambic.ch PLANER Les mélancoliques destins croisés de personnes qui ne parviennent pas à se trouver ni à se réaliser. Un envol tourmenté. La mouette, d’Anton Tchekhov, mise en scène de Jean-Michel Potiron, Théâtre du Passage, Neuchâtel, du 18 octobre au 3 novembre, www.theatredupassage.ch S’ÉGARER Deux comédiennes, un musicien, le bruit des glaçons et les méandres du langage… Un chemin tumultueux. Labyrinthe(s), texte et mise en scène de Karelle Ménine, Théâtre de l’Usine, Genève, du 24 octobre au 3 novembre, www.theatredelusine.ch ÉMIGRER Sandra qui ? est une pièce chorale pour cinq voix, un autoportrait d’autrui mis en scène par Sandra Amodio et écrit par le dramaturge Sébastien Grosset. Montée à La Bâtie en août, cette création traite de la migration et de la maladie d’Alzheimer. Neuchâtel, Théâtre du Concert, jeudi 24 et vendredi 25 octobre à 20 h, samedi 26 à 20 h 30. Saviez-vous qu’en 2014 le mardi 7 janvier sera le jour de l’épilation de saint Cosmetic ? Que le dimanche 2 mai on fêtera la Saint-Dwich ? Qu’enfin la Fête nationale des apatrides tombe le samedi 7 mai ? Heureusement, il y a « le » Plonk. Treize pages – une par mois de l’année – couverture non comprise, pour remettre les jours à leur place et les conseils de jardinage en pied de chacune de ces pages. Ainsi le dépucelage des églantines se fera en mars, le défrisage des scaroles en mai et la stérilisation des bigorneaux on ne sait pas trop quand, mais de toute manière on s’en fout. Ça s’appelle un calendrier, ça s’accroche au mur avec un clou, histoire de se bidonner chaque matin qu’Il nous fera, et ça nous rappelle que l’an prochain encore on fêtera les dernières contractions de la Vierge en décembre. Le 25, exactement. C’est dire si cet objet est indispensable. Roger Jaunin 2014 Tu es mon gros lapin, Le calendrier de Plonk & Replonk (treizième mois gratuit à l’essai). En librairie ou sur le site www. plonkreplonk.ch ENGRANGER (S’) Ceux qui ne connaissent pas (encore) la Grange de Culliairy, sur les hauteurs de Sainte-Croix, feraient bien de s’y précipiter. L’endroit est magique, l’accueil y est chaleureux et les artistes qui s’y produisent toujours de grande qualité. L’apéro y est offert, on y passe le chapeau à la fin des spectacles et on ne se quitte jamais sur un adieu mais toujours sur un au revoir. Ce vendredi (20 h 30), la Grange accueille Guillaume Barraband, coup de cœur de l’Académie Charles Cros 2013 et plus de 500 concerts à son actif : au menu, chansons d’humeur, d’humour, d’amer et d’amour. Réservations au 024 454 18 46 ou à l’adresse [email protected] Flagrants délires Bergman of the Year ! La crème du crime Rendons justice à Albert Dupontel : dans Neuf mois ferme, il prend toutes les libertés et place la barre haut. Verdict: un film qui en vaut la peine ! Il y a assez de comédies condamnables, aux effets de manche pitoyables, pour ne pas saluer Neuf mois ferme, qui est tout sauf une punition et mériterait comme sanction suprême de faire salles, de cinéma, pas d’audience, combles. Dernier bébé d’un cinéaste dont le seul crime est de tout oser, Neuf mois ferme, c’est la rencontre improbable entre un monte-enl’air et une juge très collet monté, entre Bob le charmeur de serrures et Ariane, une femme dont le cœur est verrouillé à double tour. Une histoire d’épris de justice qui vont devoir faire cause commune à la suite d’une soirée très alcoolisée dont Ariane a perdu le fil… Albert Dupontel, Zébulon iconoclaste qui bouscule les codes – ce qui n’est pas pénal! –, signe là son meilleur film, qui est aussi la comédie la plus hilarante – ah, ces interventions de Jean Dujardin! – et brillante délires façon Desproges. de l’année. Mécanique de préciSi vous n’avez pas les mains mesion camouflée en grand n’importe nottées dans le dos, servez-vous-en quoi, servi par une écriture, une pour applaudir, car si Dupontel est mise en scène et un numéro de peut-être bon à enfermer, il est surduettistes (oui, Sandrine Kiberlain tout bon tout court. De ce cinémaest l’actrice la plus drôle du cinéma là, on veut bien en prendre pour français!) que l’on ne croise pas à Lesarmes perpète ! Bertrand tous les coins de rue, Neuf mois PR ES SE DO SS IER DE ferme fait feu de tout bois. Le sens mois ferme, d’Albert Dupontel, du décalage, l’originalité débridée a AuNeuf gs bo ur g Gé ns et les lie etuxSandrine Kiberlain. et l’humour ravageur transformentSa isi r avec les gelui-même vie r 201 4 1 12h jan 22. En salles. le film en tribunal des flagrantsDu 9 octDurée: obr e 201 3 au Une expo Trait beau Gare aux grilles par 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 2 3 4 5 6 Certains films, au vu de leur rareté, gagnent une telle stature mythique qu’on appréhende quasiment le moment où on pourra, après tant d’années, enfin les revoir. Fanny et Alexandre, introuvable dans les pays francophones depuis 20 ans, fait certainement partie de ceux-ci. Cette chronique familiale située dans la Suède du début du XXe siècle, centrée sur deux enfants qui connaîtront autant la peine que la joie profonde, est une merveille du début à la fin. Galerie de personnages uniques, scénario d’une subtilité rare et composition picturale digne de certains grands peintres en font l’une des œuvres qu’il faut avoir vu une fois dans sa vie. L’édition restaurée contient autant la version cinéma que la version complète réalisée pour la TV. Et c’est bien celle-ci qu’il faut voir, l’autobiographie déguisée de Bergman au sommet de son art, son film-testament et celui avec lequel il réussira à calmer, puis vaincre enfin ses angoisses. Ainsi que les nôtres. Michael Frei Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne Touche-à-tout, vadrouilleur et bon vivant, Géa Augsbourg (1902-1974) est, et restera, l’une des personnalités aimées des Romands. Outre son goût pour les bistrots et sa grande convivialité, le journaliste est apprécié pour ses illustrations de presse. Simples, efficaces et incroyablement poétiques, ses œuvres en noir et blanc narrent en quelques traits des instants pleins d’intensité. Des esquisses pures qui perdurent. 1 13 Reprenant essentiellement son travail de portraits et de reportages dessinés, la nouvelle exposition de la Maison du dessin de presse reflète un étonnant éventail du travail de l’artiste. Des ensembles complets et des dessins originaux, tel son émotif et combatif reportage effectué en Amérique du Nord en 1949, témoignent de son affection pour les gens et les lieux. Un artiste qui croquait la vie. Alinda Dufey égé 7 8 9 10 Fanny et Alexandre, d’Ingmar Bergman, 1982, Gaumont, Vf et Vost, DVD et Blu-Ray, 182 et 309 min. 1 Géa Augsbourg - Saisir les gens et les lieux, Maison du dessin de presse, Morges, jusqu’au 12 janvier 2014, www.maisondudessindepresse.ch ! PUB HORIZONTAL 1 Sa BB était goulue et poilue 2 Rustaudes 3 L’Ottoman ment sur leur anéantissement 4 Magnétique en physique – Telle une bleue 5 Dit d’Audi – En l’honneur du sacrifice du fils 6 Précise surprise – A son premier jour, Blocher est à la bourre – Nocif pour le juif 7 Mettre sens dessus 8 Entrepreneur du trottoir – Essentiel de courriel 9 N’a ni dentition ni accélération – Met le nez dans la cheminée 10 Antipharisien – Sa forme le dénomme – But de toute lutte de Nadal. VERTICAL 1 Big mec de La Mecque du tennis US (3 mots) 2 Serais à la parade 3 Gare à ses taureaux en Gard ! – Lorsqu’un Provençal donne son aval 4 Mut de bas en haut – Chez craché par Thatcher – Sa réalité cache une triste mentalité 5 Le Minotaure séduisit cette auteure – Se voudrait entière si altière 6 Cèlent à Bruxelles 7 Grivois si dit deux fois – Raccourcissent même le synopsis 8 Gorge plus ou moins profonde – Avec laquelle l’aurige dirige 9 Difficilement atteintes en labyrinthe – On y plagie chez les Britchons 10 Quand rien ne va plus. Solution pour les nuls dans le prochain numéro [email protected] Vigousse vendredi 18 octobre 2013 14 m a ss m e r d i a 15 zoom avant Sur l'info Baloo, entre trottoir et caniveau Il n’avait que 8 mois et avait mordu 3 fois, Baloo. Il fut euthanasié. Puis, par hasard, sa dépouille fut récupérée par le Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, taxidermisée et exposée. Le chiot méritait bien une veillée en matinée. Samedi 12 octobre donc, devant le musée, au plus fort de la manifestation « en mémoire de Baloo », on dénombre 24 femmes, 2 hommes, une enfant, 4 chiens et 6 journalistes. Curieusement, Le Matin, qui avait cru lever le lièvre (Vigousse, 30.08.13), n’a dépêché aucun de ses limiers. La minute de silence permet surtout d’apprécier le bruit du trafic de l’avenue de la Gare. Dans la toute petite foule, on s’échange les pétitions de SOS Chats pour éviter les euthanasies hâtives ou stériliser les chats. Sur le trottoir, personne ne connaît la vraie histoire de Baloo, sauf celle rapportée par Le Matin, démentie par la suite, qui a fait le tour des réseaux sociaux et revint munie de 15 0000 signatures (dont celles de Morisod et de Bardot). « Je signe tout ce qui passe sur internet pour les animaux », confirme une charmante dame. « J’accueillerais bien des Syriens chez moi, mais je ne sais pas comment faire. » Un Zurichois, prof de sciences en repérage pour une future visite, lance : « C’est vraiment débile, cette histoire. » Approbation de la dame. Le prof corrige : « Ce qui est insensé, c’est votre manifestation, la société marche sur la tête. » On parle ensuite du cochon, plus intel- Temps, on peut laisser s’exprimer l’indigent M. Morrison, par ailleurs responsable de l’industrie maritime à l’Institut international de management de Lausanne (IMD). Il faudrait poser la question au président du conseil d’administration du Temps, Stéphane Garelli, par ailleurs professeur à l’IMD…. Une semaine plus tard sur la RTS, Darius Rochebin a eu l’honneur de recevoir Alain Delon (Un flic, Il était une fois un flic, Flic Story, Paroles de flic, Pour la peau d’un flic, sans oublier l’épatant Ne réveillez pas un flic qui dort). ligent et plus propre que le chien, mais que l’on mange. « Oui, George Clooney vivait avec un porc. » Les amis des bêtes ne parlent pas tous la même langue. A l’intérieur du Musée d’histoire naturelle, dans son cube blanc intitulé « Quand il faut cacher pour exposer », Baloo n’a pas remué la queue. Mais les défenseurs des animaux auraient dû lire la revue de presse que présente le musée. Le 16 août, un article de L’Express, qui n’a soulevé aucune polémique, décrivait le métier de taxidermiste. Le 22 août, Le Matin faisait mousser la désinformation en une : « Un chien tué pour une exposition. » Dans la documentation, on lit aussi les deux demandes de droit de réponse faites par le Muséum au Matin, ainsi que les deux refus du quotidien orange. Depuis son inauguration, le 5 octobre, l’exposition « Donne la patte ! Entre chien et loup » (à voir jusqu’au 29 juin 2014) a fait couler beaucoup d’encre. Elle offre une remarquable démonstration du rapport de l’homme à son meilleur ami. Accessoirement, en décortiquant le rôle de la presse dans « l’affaire Baloo », elle montre la faible distance qui sépare le boulevard du caniveau. Jean-Luc Wenger Le chat Fr édy nage ! Trois informations ont retenu notre attention la semaine passée. Dans le Financial Times… euh, Le Temps (pardon, lapsus) du 4 octobre, une demi-page était offerte à Allen Morrison, lequel en profitait pour parler du shutdown aux Etats-Unis. Il nous disait qu’il n’y a pas à s’en faire pour les Etats-uniens, que c’est une « non-crise ». Il n’y aura pas d’impact, « sauf naturellement pour les 800 000 personnes mises à pied ». Tout va bien, donc. Ceci dit, le principal problème de la non-crise, c’est Obama, « pire guérisseur en chef des temps modernes ». Avec la poésie d’un porte-avions, le chroniqueur ajoutait que le président US « a jeté de l’huile sur les flammes de l’amertume et l’animosité ». Tel était le blabla de M. Morrison : analyse superficielle et à bas Obama. La tension politique entre les démocrates et les républicains n’étant pas facile à comprendre, on se demande comment, dans le Wall Street Journal… pardon, Le C’est un événement, Alain Delon revient au théâtre. Et le dégoulinant Darius de lui demander, dans le désordre, avec combien de femmes il a couché, comment c’était, s’est-il pris un râteau, son fils lui envoie-t-il des sms et enfin vote-t-il Le Pen ? Il y avait la fille d’Alain Delon sur le plateau, comédienne elle aussi, mais Darius ne l’a pas vue. Enfin, dans Le Boyard (bulletin de la commune d’Ollon) de septembre 2013, un reportage photographique a montré, dans un lac, « le chat Frédy nageant avec son ami le chien Whisky, sous la surveillance de leur maître Rémy ». Des trois informations, ce fut la plus substantiellement traitée. LE CAHIER DES SPORTS Du pain (sec) et des jeux Où l’on reparle de la Coupe du monde de football 2022 et des joyeusetés qu’engendre, au Qatar, la construction des stades. Curieux de voir de plus près quelles étaient les conditions de travail des milliers d’ouvriers engagés sur ces chantiers, notre confrère L’Humanité a dépêché un journaliste du côté de Doha. Résultat des courses : c’est bien pire que ce qu’ont décrit jusqu’ici les autres journaux. Pierre Barbancey, qui s’est rendu dans un camp de travailleurs, parle de « conditions (de travail) épouvantables ». Il a pu vérifier que plus d’un million d’ouvriers pour la plupart venus d’Asie du Sud sont « logés misérablement », qu’ils sont « interdits de protestation sous peine d’expulsion » et qu’encore ils se retrouvent privés de leur passeport ; des fois que certains d’entre eux chercheraient à fuir cet enfer…Pour avoir voulu le constater par lui-même, et ainsi témoigner, le reporter s’est retrouvé en cabane, accusé qu’il était de « pratique illégale du journalisme », avant d’être relâché. Selon Pierre Barbancey, les morts se compteraient déjà par centaines, ce que dément formellement le gouvernement qatari. Tandis que la FIFA fait la sourde oreille et que quelques multinationales du béton, de l’énergie (nécessaire pour réfrigérer les stades) et des télécommunications s’apprêtent à s’en mettre plein les fouilles, des hommes crèvent, victimes de la chaleur, des cadences infernales et du silence assourdissant des grandes puissances. « Plus de gens mourront en construisant l’infrastructure du Mondial 2022 qu’il y aura de joueurs en compétition », note le site www.rerunthevote.org qui comme son nom l’indique milite pour que la FIFA annule le vote au terme duquel le Qatar s’est vu attribuer l’organisation de cette Coupe du monde. Le football tient là une occasion sans doute unique de faire un exemple. Il ne la saisira pas. Mais il faudra savoir s’en souvenir quand roulera le premier ballon. Et ce sera tout pour cette semaine. Roger jaunin Stéphane Bovon PUB Gars central « Rencontre gourmande » avec Christophe Darbellay dans Al Dente, supplément culinaire de L’Illustré (02.10.13) : le président du PDC, tout sourire et posant si naturellement dans sa cuisine, rappelle qu’il est « un chasseur passionné », qu’il aime la viande et le vin rouge ainsi que la montagne et la forêt, que « celui qui porte un chamois [mort, ndlr] durant trois heures sur ses épaules ne peut que respecter l’animal ». Même si, comme il le fit jadis pour les besoins d’une glorieuse photo en costume de chasseur, il porte sur ses épaules un animal surgelé ? Darbellay révèle encore qu’il passe Noël chez sa belle-mère, que le civet de son oncle, « c’était de la bombe », qu’enfant il n’aimait pas les clous de girofle, qu’il ne mangera jamais de tomates crues « même si on [lui] offrait 1000 francs » et qu’en bon centriste, il « aime les adresses milieu de gamme, de 12 à 15 points au GaultMillau ». A se demander si ce gars-là ne bouffe pas un peu à tous les râteliers. Vigousse vendredi 18 octobre 2013 Sans idée suisse La grande opération « Les Suisses » de la SSR a déjà atteint l’un de ses buts, bien avant son lancement le 3 novembre : unifier les gens de part et d’autre de la Sarine. En l’occurrence, il s’agit des mécontents unanimes, à commencer par les femmes. C’est que dans ses quatre docu-fictions la SSR présente six héros historiques helvètes : Werner Stauffacher à Morgarten, l’ermite Nicolas de Flüe, le général et cofondateur de la Croix-Rouge GuillaumeHenri Dufour, le pionnier des chemins de fer Alfred Escher, Hans Waldmann, qui écrasa les troupes de Charles le Téméraire à Morat, enfin Stefano Franscini, cofondateur de l’EPFZ. De Coire à Genève, la SSR a cherché des figures féminines qui se seraient illustrées entre le XIVe et le XIXe siècle. Ayant écarté les pacifiques Johanna Spyri, auteure de Heidi, et madame de Staël, écrivaine aux origines genevoises, la SSR n’a pas trouvé de Suissesses dignes d’intéret. Qu’à cela ne tienne, le ciment confédéral est assuré par les deux principaux sponsors du machin : l’importateur de bagnoles Amag et le Groupe Mutuel. Coup fourré L’édition d’octobre d’Edelweiss opère un grand retour vers les tendances qui faisaient fureur au Paléolithique. En une, un mannequin vêtu en tout et pour tout de peaux de bêtes, en l’occurrence une veste en fourrure Fendi. Même constat pour le « photoshooting » correspondant : des fourrures à chaque page. Le magazine féminin helvétique fait donc la promotion d’un déplorable caprice de mode. Et ne nous dit pas que les renards, visons et autres chinchillas, après une minable vie dans une cage microscopique qui les rend fous au point de s’automutiler, se font gazer, empoisonner, assommer ou électrocuter par une pince placée dans le rectum. Parfois, ça échoue et ils se font scalper vivants. Les crétins de la mode et la presse complice mériteraient qu’on leur fasse la peau. Encore un privilège éhonté pour nos abonnés 15.– (au lieu de 20.– + port 2.–) L’actu au passé recomposé ! Les 73 chroniques « Le fin mot de l'Histoire » parues dans Vigousse depuis fin 2011, enfin réunies dans un volume compact et maniable en papier véritable. Entre autres personnages plus ou moins recommandables, on y croise des hominidés velus traquant la limace, un homme-cheval doublé d’un sagouin, une reine folle d’un taureau, des Grecs farfelus et des Romains débauchés, sans oublier Dieu-le-Père avec toute sa smala. Tous les faits historiques relatés sont certifiés rigoureusement authentiques, sauf certains. Commande : [email protected] Merci de préciser votre numéro d'abonné Vigousse vendredi 18 octobre 2013 16 { B é B E RT D E PLONK & REPLONK } LA S UI T E AU P ROC H AIN NUM É RO La Vallette de la peur On aurait pu penser que la Suisse se porterait à merveille depuis l’interdiction des minarets. Hélas, c’était sans compter le danger omniprésent d’une poignée de terroristes faisant leur shopping en niqab. Heureusement, on a chez nous de grands penseurs qui veillent, comme Mireille Vallette. Bon, personne ne sait qui est ni ce que fait exactement cette femme, mais depuis quelques années cette « pasionaria de l’antiislam », autoproclamée experte du sujet, lutte héroïquement contre l’islamisation des Helvètes. Elle se présente diversement comme journaliste, écrivaine, essayiste, ou blogueuse, avec parfois la mention qu’elle serait féministe et de gauche, mais son unique accomplissement est d’avoir écrit deux livres (et encore, à peu de choses près c’est deux fois le même) sur les dangers du radicalisme musulman et sa crainte « que les islamistes ne prennent le pouvoir ». Vigousse vendredi 18 octobre 2013 Expédions donc le cas de cette fâcheuse en quelques lignes. Ses élucubrations sont destinées à la défense des femmes ? Très bien, qu’elle rejoigne une association et qu’elle lutte contre toutes les atteintes religieuses, culturelles et politiques à l’image, aux droits et à l’égalité des femmes dans le monde. Elle n’aime pas la religion en particulier ? Parfait, qu’elle dénonce dans ce cas l’intrusion du surnaturel et des sornettes irrationnelles dans les affaires humaines, venant de toutes les sectes et religions. Elle pointe du doigt spécifiquement le double langage des imams et le silence des musulmans modérés ? Excellent, qu’elle renonce alors à se présenter comme femme de gauche et qu’elle rejoigne explicitement ses copains identitaires et d’extrême droite, tout en dénonçant leurs excès, ce sera également plus clair. Elle revendique un statut d’experte ? Génial, qu’elle fasse alors un peu de recherche plutôt que d’accumuler les anecdotes sur internet et les articles sensationnalistes de la presse populiste. Comme elle ne fera jamais rien de ce genre, on peut sans autre la fondre dans cette masse qui aime à (se) foutre la trouille à moindres frais, pour le plus grand bénéfice des éternels fabricants de boucs Sebastian émissaires. Banal. Dieguez C'EST ARRIVÉ LA SEMAINE PROCHAINE (ou du moins ça se pourrait bien) Eau lourde Fukushima complètement typhonnée Hiver indien Le mois de mai est de retour Soleil d’Aarberg La betterave 2013 sera bonne Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. +41 21 612 02 50 Directeur rédacteur en chef : Barrigue Rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch Chef d’édition : Roger Jaunin Journalistes : Alinda Dufey, Jean-Luc Wenger Correction : Victor Gagnaux Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 612 02 56 Publicité : REGIPUB SA, av. de Longemalle 9, CP 137, 1020 Renens 1, tél. 021 317 51 51, [email protected] – MEDIALIVE SA, 101 Ruchligweg, CP 52 4125, Riehen-Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production : www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex.