Paroles de femmes - Groupe Caisse des Dépôts
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Paroles de femmes - Groupe Caisse des Dépôts
Parcours de Femmes dirigeantes du groupe Caisse des Dépôts : Paroles de femmes Présenté par Bénédicte Champenois-Rousseau, Sociologue [email protected] 21/02/2014 Etude sur les parcours de femmes au sein du Groupe Caisse des Dépôts Dans le cadre de la préparation de la 2ème rencontre du réseau Alter Egales CDC (13 février 2014), la réalisation d’une étude qualitative sur les « parcours de réussite » de femmes du Groupe a été confiée en décembre 2013 à Bénédicte Champenois Rousseau, sociologue et présidente d’HEC au féminin. L’objectif de cette étude : recueillir les expériences de femmes occupant des postes à responsabilité dans des entités du Groupe afin d’identifier les facteurs clés de succès de leur parcours. Le contexte La Caisse des Dépôts a mis en place une politique de mixité depuis le début des années 2000. Le groupe Caisse des Dépôts a signé le premier accord sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes en 2004, et a entrepris un certain nombre d’actions significatives pour la promotion de l’égalité. La création d’une mission « promotion des femmes et parité », la création d’un observatoire de la parité, le lancement du réseau de femmes cadres Alter Egales CDC en novembre 2011, et les objectifs fixés de 20% de mandats sociaux détenus par des femmes en 2013 et 40% en 2016, ont ensuite marqué une volonté affirmée au plus haut niveau hiérarchique de peser sur la réduction des inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes. Les objectifs L’interrogation de départ partait de la très classique question portée par les travaux sociologiques sur l’égalité professionnelle : après une décennie de mesures destinées à stimuler la participation des femmes aux instances dirigeantes des entreprises, le premier accord signé par le Groupe Caisse des Dépôts sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes date de 2004, pouvait-on conclure à un dépassement ou une recomposition du plafond de verre ? Les données produites par l’observatoire de la promotion des femmes en décembre 2013 peignent un tableau mitigé des progrès effectués dans les dernières années. Toutes les entités du Groupe ne se sont pas saisies de l’enjeu de la promotion des femmes avec le même enthousiasme. Et pour certaines, l’objectif fixé de 40% en termes de participation des femmes aux conseils d’administrations sera atteint en 2016 à condition d’une réelle implication des hiérarchies. Le recueil des parcours devait aider à comprendre quels facteurs avaient favorisé l’accession des femmes interrogées à leurs postes actuels, ou à l’inverse quels facteurs avaient pu entraver leur trajectoire professionnelle pour en tirer des enseignements et proposer des pistes de réflexion à la mission pour la promotion des femmes et de la parité. La méthode Seize femmes ont été interrogées, entre début janvier et début février 2014 au sein de l’Etablissement Public (5 femmes) et dans les principales filiales (11 femmes) : CNP, SNI, BPI, ICADE, EGIS, et Transdev. La moitié des femmes a passé plus de 20 ans dans le groupe, six d’entre elles ont travaillé dans plusieurs entités. Les entretiens ont duré entre 30 minutes et deux heures. Les entretiens portaient sur le parcours des femmes, les moments déterminants, les facteurs ayant favorisé leur réussite, les facteurs qui auraient pu les freiner, puis dans une seconde partie sur l’évaluation de la situation des femmes au sein du groupe Caisse des Dépôts et les conseils qu’elles pouvaient prodiguer aux autres femmes. 1 Principaux résultats Des parcours très variés et très individuels L’étude a permis de recueillir un panel d’expériences globalement positives, de femmes qui ont su faire leurs preuves et évoluer au sein du Groupe. Il n’y a pas de parcours-types. Les seize femmes ont eu des trajectoires professionnelles très différentes qui se sont construites sans autre fil directeur que leur intérêt pour les postes qu’on leur proposait et leur ouverture aux propositions qui pouvaient se présenter. Les tendances se dégageant des descriptions des parcours sont un mélange d’opportunités, de rencontres, et de volontarisme. La caractéristique commune à une bonne partie des évolutions décrites par les femmes est l’absence d’une vision stratégique affichée du parcours, avec un objectif à long terme qui serait décliné à courte et moyenne échéance. En cela elles diffèrent de la vision qu’elles ont de leurs collègues masculins : « Les hommes, même s’ils sont bien, ils sont plus conscients de l’étape d’après. Pour les femmes, avoir le poste est un objectif en soi. C’est pas ça l’objectif, ce n’est pas d’avoir un poste » (filiale). Les hommes seraient plus stratégiques, plus focalisés sur une trajectoire ascendante. Un volontarisme affiché Le point déterminant de leur trajectoire semble être une attitude volontaire de leur part, plutôt que le résultat d’une politique RH incitant les titulaires d’un poste à évoluer. Les mots « proactive », « se bouger », « demander » reviennent fréquemment. Lorsqu’elles sont interrogées sur la façon dont se sont effectués leurs changements de postes, la majorité des femmes de l’échantillon avoue avoir eu un rôle décisif. « Je suis tout le temps en veille active. Si je vois un projet qui m’intéresse » (EP). Des choix très clairs en termes d’équilibre vie professionnelle/vie personnelle Les problèmes de conciliation des temps de vie, vie professionnelle, vie personnelle, et l’éventuelle pénalisation des congé(s) maternité n’ont pas été spontanément évoqués par la majorité des répondantes. Elles ne se sont pas appesanties sur l’équilibre vie professionnelle/ vie personnelle parce qu’elles ont toutes une approche assez déterminée sur le sujet, et n’ont pas tergiversé. « Il faut savoir prioriser ses sujets de bataille. Il faut avoir un conjoint qui soit en phase avec vos objectifs, que vos objectifs soient partagés. Si sur le plan familial ce n’est pas clair au départ, cela peut devenir compliqué. Surtout quand les enfants sont là » (filiale). Il n’y a pas eu de « rupture » de trajectoire professionnelle au moment du congé maternité. Elles ont choisi de mener carrière professionnelle et vie de famille de front en mobilisant les ressources disponibles autour d’elles et en assumant les conséquences parfois en termes de renoncement. Le groupe Caisse des Dépôts : un environnement favorable pour les carrières de femmes Les femmes reconnaissent la chance qu’elles ont à y travailler, parce qu’elles sont sensibles à l’articulation du Groupe entre le secteur public et le secteur privé, parce qu’elles se reconnaissent dans ses valeurs et notamment son attention à la notion d’intérêt général, parce que ses évolutions dans les vingt dernières années leur ont offert des possibilités de changements de postes intéressants et parce qu’elles le reconnaissent aussi, on y est plus protégé qu’ailleurs. Les femmes de l’échantillon admettent volontiers que la politique de fixation d’objectifs ambitieux en termes de participation des femmes aux Conseils d’Administrations, Comités Exécutifs et Comités de Direction du Groupe a eu pour effet bénéfique d’augmenter significativement le nombre de femmes aux postes de haute responsabilité. 2 Certaines expriment toutefois des réticences. Les réserves émises sont de plusieurs ordres. Certaines sont clairement hostiles aux quotas, d’autres mettent en garde sur l’excès de communication sur les nominations de femmes et le risque de fragilisation de la légitimité des femmes en poste, d’autres craignent enfin que l’aspect encourageant des premiers résultats ne cache une incapacité à faire diffuser dans des strates moins visibles une meilleure présence des femmes. Le plafond de verre L’un des premiers objets de l’étude était de s’interroger sur la persistance du « plafond de verre » au sein du groupe Caisse des Dépôts, persistance documentée dans les données collectées par l’Observatoire de la promotion des femmes : Bénédicte Champenois Rousseau a été surprise de l’entendre évoquer d’emblée par très peu de femmes de l’échantillon. On peut émettre l’hypothèse que l’engagement renouvelé des directions générales depuis les années 2000 pour promouvoir des femmes a généré quelques scrupules à l’évoquer directement. On peut aussi penser que, compte-tenu des postes relativement élevés qu’elles occupent dans leurs organisations, elles ne se sentent pas autorisées à y faire allusion. Une troisième interprétation possible est que, pour celle qui n’envisage pas de plan de carrière forcément ascensionnel, cette notion de « plafond de verre » reste abstraite ou non pertinente. Savoir oser Finalement, les recommandations émises par les femmes à l’intention de leurs homologues dans l’organisation sont à l’image des atouts qu’elles ont déployés dans leurs parcours. Le premier et le plus important des messages transmis par ces femmes est d’oser. Il faut être volontaire, proactive, prendre des risques, demander des changements de poste. A rebours d’une certaine image des femmes peu mobiles et allergiques au risque, elles l’ont toutes exprimé. «Mon conseil aux femmes est de sortir de leur seul boulot quotidien, de prendre du champ, de la distance, de se projeter plus haut… Réfléchir à ce qu’on a envie de faire, ce n’est pas toujours facile.» (filiale). Il faut «ne pas avoir peur de s’exposer, ne jamais dire non» (filiale) lorsqu’on propose un poste, «faire le choix de quitter son confort et d’accepter de se mettre en situation d’inconfort. C’est comme ça que j’ai progressé. J’ai accepté cette dose d’inconnu, mais je l’ai fait de manière prudente» (filiale). «Changer souvent de job, multiplier les expériences, prendre des postes dans lesquels on a des choses à apprendre, être décomplexée, avoir beaucoup d’aplomb» (filiale). Cultiver son réseau Le second atout à développer est le (ou les) réseau(x). La plupart des femmes de l’échantillon « reseautent » comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Il est naturel de garder le contact avec les gens avec lesquels on a travaillé, et en vingt ans de Groupe, cela peut faire du monde. « Il n’y a pas un seul de mes patrons ou adjoints avec lesquels j’ai travaillé avec lequel je ne sois plus en relation, alors qu’on n’a pas fait la fête ensemble » (filiale). Le réseau permet de savoir ce qui se passe, d’obtenir des informations sur les autres activités du groupe, demander conseil parfois. « Moi à la CDC, quand j’ai une question délicate, j’ai deux ou trois personnes auxquelles je peux la poser. Mes « anges-gardiens », des gens en qui j’ai vraiment confiance, ça m’a beaucoup aidée. Une fois, j’ai travaillé sur une mobilité et j’ai pris l’avis de quelqu’un qui a autant d’ancienneté que moi. On a pris des chemins différents et très régulièrement on déjeune ensemble »(EP). Cela donne de la visibilité, on peut communiquer sur ce qu’on fait, et trouver son futur poste. 3