Correction de la grande dictée 2015 (pdf - 39,52 ko) - Asnières

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Grande Dictée ludique d’Asnières-sur-Seine
Samedi 30 mai 2015
Le plus grand des astres
La Seine noyée de brume semblait ce jour-là exhaler un brouillard blanchâtre et tremblotant
que, seulement par moments, un zéphyr capricieux venait effilocher au-dessus d’Asnières…
Sur les péniches amarrées, ornées de banderoles jaune paille, comme sur des chalands
glissant lourdement sur l’eau, des mariniers aux silhouettes quasi fantomatiques
brandissaient des oriflammes multicolores délavées.
Cette atmosphère, inattendue pour la Saint-Jean, gâchait les festivités organisées autour du
petit monde de la batellerie, de la navigation fluviale. Sur les quais, les Asniérois, rendus
apparemment tous hâves et hagards par l’opalescence de la brume, souhaitaient un temps
d’été stable qui ne fasse pas disparaître le plus grand des astres. La plupart s’étaient plu à
revêtir des oripeaux très colorés dont on eût dit qu’ils venaient tout droit d’un costumier du
cinéma.
Sur les quais, quelques m’as-tu-vu, ne reculant pas devant l’hyperbole, l’emphase, la
bouffissure du langage, comparaient cette surprenante purée de pois au smog londonien.
Des parents lançaient soudainement et éperdument des appels alors que leurs enfants
étaient à deux pas d’eux. Gagnés par cette ambiance particulière, même de hardis roquets à
la huppe émettaient des jappements intrigués qu’imitaient à l’envi, sur un automoteur, des
perroquets à demi déplumés et transis, car l’ara caille quand il brouillasse. Par ailleurs, on ne
distinguait même plus les mouettes volant dans l’éther au-dessus des barges.
Par acquit de conscience, et pour se rassurer quant à l’avenir, on questionna sur-le-champ
un marchand devin, un quincaillier peu accommodant féru d’astrologie, dont le verre
solitaire, le monocle, était connu dans toute la ville. Le prétendu visionnaire, connu pour
établir les thèmes généthliaques des nouveau-nés, délivra à grand peine des réponses
sibyllines qui plongèrent les interrogateurs dans la plus grande des perplexités, et plus d’un
devait en rester coi quelque temps.
Renonçant à se mettre la rate au court-bouillon même si un sale temps conduit le bal,
mariniers, bateliers qui naguère furent parfois haleurs, et Altoséquanais (ou : AltoSéquanais) trinquèrent, levant un verre solidaire !
© Jean-Pierre Colignon, mai 2015.