NL Démission 24112015

Transcription

NL Démission 24112015
24 novembre 2015
Monsieur le Sénateur Maire Président,
Vous m’aviez conféré une délégation à la prévention de la délinquance. L’arrêté du 4 avril 2014
correspondant me mandatait expressément pour développer l’Education aux Médias au Mans,
conformément au deuxième engagement des actions de proximité de la liste « Le Mans pour Tous » :
« développer l’e-service et l’éducation aux médias ».
1 – Il était prévu que je développe le programme d’Education aux Médias élaboré en 2012 par un travail
collectif, inédit, de l’ensemble des élus et des services municipaux en relation directe avec les jeunes
manceaux (Culture, Enfance, Jeunesse, Sports, Education, Tranquillité Publique, notamment). Ces
personnels avaient tous partagé le constat que leurs messages éducatifs étaient de plus en plus souvent mis
en échec par d’autres messages reçus par les jeunes, notamment via les écrans et Internet.
Leur expérience de terrain corroborait mon analyse, menée de 2009 à 2011 avec des spécialistes nationaux
– indépendants- de ces questions. Je vous l’avais remise à l’époque. Cette étude détaillée et assise sur une
abondante littérature rapportait que des milliers d’études sérieuses et convergentes avaient été écrites sur
le sujet dans de nombreux pays. Elles montraient que les effets avérés d’une exposition aux écrans qui ne
serait pas adaptée (en fonction de l’âge du sujet, de son bagage culturel et social, de sa durée d’exposition,
de l’accompagnement (notamment familial) dont il bénéficie, etc…) sont :














une diminution du temps de sommeil (ados notamment) ;
l’altération du développement cognitif (capacités d’expression et d’adaptation, vocabulaire
disponible, etc...surtout chez les petits) ;
une diminution des capacités de concentration, voire d’imagination et d’innovation ;
des troubles liés à l’inactivité physique (obésité…) ;
la banalisation de la violence : représentation d’un monde violent dans lequel il faudrait se protéger
(phénomène des bandes) ou agir en conséquence (avec violence), avec abaissement sensible de l'âge
de commission de certaines infractions ;
une tendance au règlement direct des conflits sans médiateur ;
la réduction des échanges interpersonnels à des échanges utilitaires, comportements excessivement
«consuméristes» avec sentiments d’exclusion/frustration en cas d’accès limité à certains biens
(marques…)
la promotion de l’exclusion ou de la tromperie récompensées (Téléréalité…) ;
la dégradation de la relation garçon/fille – développement des stéréotypes ;
le voyeurisme et l’exhibitionnisme / troubles liés à la perte de la sphère intime (harcèlement via les
réseaux sociaux…) ;
la vulnérabilité aux fausses informations et aux rumeurs ;
la diminution des capacités de patience et de persévérance ;
la perte de repères : fictif/réel, communication primant sur les contenus, confusion
notoriété/talent...;
etc…
Je n’énumérais pas, à l’époque, les risques de radicalisation, qu’il est inimaginable aujourd’hui d’ignorer.
Un consensus existant entre les personnels de nos services concernés et leurs élus sur l’urgence de traiter
ces questions très concrètes, tous avaient travaillé aux réponses possibles avec les spécialistes précités et
moi-même, entre mai et décembre 2012. Le résultat de ce travail avait été intégré à la stratégie de
1
prévention de la délinquance 2012-2014 (« fiche-action » n°8) votée à l’unanimité le 3/12/2012. Il avait
ensuite fait l’objet d’un appel à projet en juin 2013, auquel avait répondu une fédération d’associations
d’éducations populaires en septembre 2013 (CEMEA – FRANCAS – FAL), avec leurs responsables nationaux
réputés sur la question, motivés par l’originalité et l’ambition du projet de notre Collectivité.
En effet, ce programme, conçu sur 3 ans, ambitionnait d’installer, pour la première fois en France et à titre
expérimental, l’Education aux Médias et à l’Information (EMI = acronyme retenu aujourd’hui au niveau
national) dans le parcours éducatif des jeunes manceaux. Il devait en couvrir toutes les problématiques
(précitées), de plus en plus prégnantes, au fur et à mesure du développement du numérique dans notre
Société. Augmenter le niveau d’esprit critique des jeunes, porter des messages de prévention, valoriser les
activités culturelles et artistiques alternatives : les 3 axes du programme étaient et sont plus que jamais
indispensables, après les événements dramatiques de ces derniers jours et ceux de janvier, pour enraciner
les jeunes consommateurs de médias dans une culture citoyenne, qui diminue leur vulnérabilité potentielle
à des influences médiatiques et numériques qui présenteraient des dangers. Le programme avait cependant
une dimension clairement offensive et positive : en renforçant la capacité à trier ses informations sur le Net
notamment, il augmentait les chances de cet extraordinaire outil de devenir ce qu’il doit être : l’accès à la
connaissance pour tous.
L’objectif était d’intégrer l’EMI dans les messages que la chaine éducative délivre aux jeunes, tout au long
de leur développement,
1. en dotant cette chaine (dont évidemment les parents) de l’expertise pour le faire par l’intervention
ponctuelle, disponible pendant 3 ans, de professionnels spécialisés ;
2. en suivant de manière précise les effets de ces interventions pour plus d’efficacité mais aussi pour
les modéliser dans l’intérêt des autres territoires qui voudraient s’en inspirer;
3. en structurant en réseau les partenaires sur ce thème :
a) pour que le territoire devienne autonome sur ces questions à la fin du programme en 2018,
notamment en organisant les partages d’expériences et d’expertise et en coordonnant les
actions (y compris avec la communauté journalistique et culturelle),
b) pour atteindre le maximum d’enfants et de parents,
c) pour amplifier au maximum l’effet de levier de l’investissement public renouvelable sur 3 ans
après examen chaque année de la bonne utilisation des deniers publics.
Enfin, en ces temps où la population s’interroge sur la capacité de leurs élus à anticiper les changements de
notre société et à proposer des réformes adaptées , le programme voulait aussi répondre aux questions que
se posent aujourd’hui tous les parents sur l’utilisation, par leurs enfants, des écrans, tablettes, jeux vidéo,
vidéos en accès illimités sur Internet, réseaux sociaux, etc…Est-ce que j’autorise l’accès ou non ? Pour quels
contenus ? Pour quelle durée ? A partir de quel âge ? Avec quels risques ? Quel est le rapport de mon enfant
à l’information, souvent très anxiogène, et la manière de le protéger et de l’accompagner dans un monde
qu’il découvre principalement par les Médias ? Les exemples terribles de Charlie Hebdo, du Bataclan, voire
de décapitations diffusées sur le net en sont la terrible et frappante illustration. Mais des informations
apparemment plus anodines (images/sons/écrits/dessins) peuvent aussi impressionner négativement : que
dire à son enfant qui pourra avoir vu certaines de ces images, parfois sans le vouloir et sans y être préparé ?
Il était temps aussi de répondre au doute des parents sur l’impact de leur discours éducatif, souvent réduit
à quelques minutes par jour pour les adolescents, en concurrence avec les messages médiatiques issus des
consommations numériques et télévisuelles de leurs enfants (jeux vidéo, téléréalité, etc…). Aujourd’hui, un
enfant français passe en moyenne 4,5 h devant un écran (chiffres Médiamétrie 2014).
2 –Malgré le vote du Conseil Municipal du 3/12/2012 et la réponse à notre appel à projet par les
CEMEA/FRANCAS/FAL en septembre 2013, vous avez demandé que le programme ne soit pas entamé avant
2
les élections municipales de mars 2014. Nous avons alors souhaité en faire un des marqueurs de notre
campagne. Ainsi, dans notre programme électoral officiel « Le Mans pour tous », « Développer l’e-service et
l’éducation aux médias » figurait au deuxième rang des actions de proximité.
Une fois le scrutin remporté, M. Counil et moi-même, dument habilités par nos mandats respectifs, avons
entrepris de le lancer. 16 mois s’étaient déjà écoulés depuis le vote municipal du 3/12/2012, qui nous
donnait 2 ans pour développer les actions de prévention de la délinquance, dont le programme faisait partie.
Vous avez pourtant, à partir de là, fait obstacle au développement du programme. En étant le porteur
principal, j’ai dû faire face à de nombreuses tracasseries et à vos revirements répétés.
3 - Votre promesse de financer un début de programme sur les 4 derniers mois de 2014 pour 20 KE, date de
l’été 2014. Grâce à elle, Christophe Counil et moi-même avons engagé les élus, les services compétents et
nos prestataires sur de premiers travaux en septembre et octobre 2014.
La Préfecture de la Sarthe s’était engagée avec nous pour ces actions à hauteur de 3 000 E.
Le 19 septembre 2014, une adolescente était tabassée par une de ses « camarades » en plein centre-ville du
Mans. 3 garçons présents se gardaient d’intervenir : ils ont filmé la scène et l’ont postée sur le Net,
produisant émoi et inquiétude légitime dans la population…comme s’il était encore besoin de démontrer
l’urgence d’agir sur ce terrain.
Pourtant, un mois après, vous reveniez sur votre engagement. Contrairement à ce que vous aviez dit, la ligne
budgétaire de 20 KE n’a jamais été inscrite à la Déclaration Modificative 3. Brusquement privés de
financement, M. Counil et moi-même avons dû nous résoudre à demander aux prestataires, le 25 novembre
2014, d’interrompre leur travail. Les sommes allouées par la Préfecture de la Sarthe, inutilisées, ont dû être
remboursées. On imagine l’effet désastreux de ce revirement subi dont nous n’avons jamais eu l’explication.
Il nous a placés dans un porte à faux préoccupant pour la crédibilité de la Ville. Sauf à vous critiquer, ce que
nous nous sommes toujours abstenus de faire, nous avons été discrédités personnellement.
Sans doute évoquer le dossier au sein de notre Majorité, à l’occasion d’une de ses réunions, aurait été
bénéfique à ce moment. Mais cela n’a pas été possible. Les échanges de courriels avec Patrick Delpech,
Président du Groupe Socialiste et à ce titre initiateur de ces réunions, l’attestent. Et forcer la discussion aurait
provoqué une rupture que nous n’avons jamais souhaitée. Le positionnement des élus avait été acquis le
3/12/2012, traduit à nouveau dans le programme de campagne (et par 3 nouveaux votes favorables en 2015
comme on le verra plus loin), et… c’est vous qui avez la signature et donc la possibilité de refuser
l’engagement des ressources humaines et financières de notre Collectivité malgré ces votes. C’était donc vous
qu’il fallait convaincre de ne pas entraver notre travail. Malgré le crédit perdu auprès de tous les partenaires,
et même si votre incompréhension des enjeux devenait manifeste, nous pensions encore devoir et pouvoir
le faire.
Après l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015, les enjeux de citoyenneté, de laïcité, mais aussi de
radicalisation liée aux consommations numériques sont devenus une priorité pour tous. Sauf pour vous.
Nous pensions pourtant que vous l’aviez compris lorsqu’un mois plus tard vous avez accepté expressément
la relance du programme Education aux Médias, présentée au vote et entérinée par le Conseil le 16/02/2015
dans la délibération portant les orientations de la stratégie de prévention de la délinquance 2015-2020
(proposition n°16 lue en séance par M. Counil). C’est pourquoi nous avons entrepris de fédérer un premier
groupe de structures éducatives, culturelles, sociales et sportives autour du projet. Toutes les structures
rencontrées ont exprimé un besoin très net de travailler dans le cadre proposé. Ce sont notamment:
L'Education Nationale (Rectorat et Direction Académique ont désigné un lycée, un collège et trois écoles
pour participer au programme en année 1), la Police Nationale, les services Politique de la Ville et Cohésion
Sociale à la Préfecture, la MJC Prévert (avec Radio Alpa et les Cinéastes), le Centre Social des Quartiers sud,
3
LMTV, la Sauvegarde (prévention spécialisée), la Jeune Chambre Economique, la Maison des Ados, la
Direction des circonscription de la solidarité du Département de la Sarthe, le Samouraï 2000, en plus des
services municipaux précités qui ont été remobilisés.
Parallèlement, et compte-tenu des contraintes budgétaires que nous n’avons jamais sous-estimées, nous
avons approché les partenaires institutionnels mais aussi des entreprises privées pour solliciter leur soutien
financier. Avec l’entremise spéciale du Ministre Stéphane Le Foll, le Ministère de l’Education Nationale et le
Ministère de la Culture ont pris connaissance du dossier et exprimé un fort intérêt, au point que la DRAC des
Pays de la Loire accorde en juillet 2015 une subvention de 10 KE à notre ville pour que notre projet commence
dès 2015. La Préfecture de la Sarthe, bien qu’échaudée par le revirement d’octobre de 2014, a libéré elle
aussi 2 KE pour 2015. Les Compagnies MAIF, MGEN et MAE se sont engagées à participer à hauteur de 3400E
dès 2015 également. Suite aux événements de janvier 2015, mais également au vu du développement
fulgurant des outils numériques qui bousculent les schémas éducatifs traditionnels, le Gouvernement a
clairement inscrit l’Education aux Médias et à l’Information dans ses priorités. Il s’agit, pour lui aussi,
d’amener au plus vite les éducateurs sur les territoires numériques où les enfants sont aujourd’hui trop seuls.
Les derniers événements de novembre le renforcent encore dans ce choix, qui est celui du Conseil Municipal
depuis 2012. Tous, nous voulons traiter ces questions sauf…vous.
Dans ces conditions, le programme manceau est apparu d’autant plus crédible qu’il avait été travaillé bien
avant ces orientations, sur des bases scientifiques solides (et pour lesquels nous n’avons eu recours à aucun
expert rémunéré) et au vu d’expériences de terrain.
Après un nouvel entretien dans votre bureau avec M. Counil en octobre 2015, vous avez accepté que l’argent
des financeurs (15 400 E en tout) soit effectivement affecté à des actions d’éducation aux médias dès la fin
2015. Le Conseil Municipal a validé le mouvement budgétaire correspondant (en DM 3 ; 3ème délibération en
faveur du programme). L’Etat et les 3 compagnies d’assurance devraient donc, entre autres actions, payer
la formation des 18 premiers animateurs de notre ville sans que nous y mettions un sou.
Le 12 novembre, une réunion rassemblant tous les acteurs entrepris à ce jour sur le sujet s’est tenue à la
Maison des Associations. Traduisant concrètement le travail accompli, elle a rassemblé 38 personnes dont 6
Maire-adjoints manceaux, des services de la Ville représentés par leurs responsables dont Madame Blanc
Directrice Générale Adjointe, les hauts représentants de la Préfecture et de la Police Nationale, la DRAC, le
Rectorat, la Direction Académique, un chargé de mission de la Région des Pays de la Loire, l’Université du
Maine, le Club de la Presse du Maine et les dirigeants des autres structures éducatives citées plus haut 1. Tous
ont exprimé le souhait que le programme commence enfin. Les financeurs ont redit vouloir s’engager pour
2016 et le représentant de la Région a indiqué qu’elle allait sérieusement considérer le dossier. M. Daniel
Penaud, Directeur du nouveau service Prévention/Sécurité, s’est présenté comme le coordinateur du
programme et le point d’entrée aux Services compétents avec M. Romain Lafoux en soutien pour les services
Jeunesse, Enfance, Petite Enfance, Culture, Sports.
Lors de cette réunion, nos partenaires nous ont demandé de les solliciter dans les prochaines semaines pour
obtenir leurs contributions au budget total 2016 de 73 400 E. Nous les avons prévenus que notre
Municipalité ne pourrait vraisemblablement pas participer au-delà de 20KE, soit 27% contre 73% de cofinancement. C’est sur cette base que nous devions les solliciter. Nous avons en conséquence demandé aux
Services d’agir dans ce sens, pour une inscription budgétaire 2016 de 20 KE.
Le soir même, le programme Education aux Médias était à nouveau présenté au Conseil Municipal, comme
partie de la stratégie de prévention de la délinquance 2016-2020. Il faisait l’objet d’une de ses « fiches-
1
Mesdames Besnard et Sévère (représentant aussi Mme Debost) (Culture, Enfance et Jeunesse), Messieurs Edom, Jean, Counil
(Sports, Education et Tranquillité publique) et le Conseiller délégué que je suis. En étaient aussi le Directeur de Cabinet de
Madame la Préfète de la Sarthe M. Flament, le Commandant Huser représentant le Directeur Départemental, le représentant
des mutuelles financeuses M. Paulin, etc…
4
action » et de deux mentions dans le document de synthèse. L’ensemble a reçu le vote favorable du Conseil
Municipal (4ème délibération !).
Le 13 novembre, la France connaissait la nuit tragique que l’on sait.
Une note récapitulative du programme vous a été remise la semaine dernière ainsi qu’à Patrick Delpech,
Maire-Adjoint aux Finances et à Philippe Dilasser, Directeur Général Adjoint des Services et Directeur
Financier, pour instruire (s’il en était besoin à nouveau ?) notre demande d’inscription budgétaire 2016.
Vendredi, on m’a informé par écrit de votre décision de n’affecter aucune ressource ni humaine ni financière,
à ce programme en 2016.
4 - Cette décision,
- qui fait fi d’un engagement pris publiquement envers la population mancelle, que la triste actualité
révèle comme indispensable;
- qui s’assoit sur 4 votes du Conseil Municipal du Mans, ignorant les constats et l’expérience des élus
et des services compétents, mais aussi aujourd’hui de l’Etat, sur l’indispensable accompagnement des jeunes
sur les territoires numériques,
- qui porte clairement le message que l’esprit critique, indispensable pour une jeunesse citoyenne
qui doit pouvoir tirer la quintessence des outils numériques, ne serait pas une priorité politique de notre
Collectivité ;
- qui prend à nouveau le contre-pied d’une dynamique constructive des acteurs de terrain, relancée
malgré vos volte-face précédents
- qui contribuera encore à discréditer l’action politique à laquelle je veux toujours croire,
est votre seule responsabilité.
Je ne peux évidemment assumer une telle décision tant vis-à-vis des acteurs de ce programme, qui nous ont
fait confiance alors que nous ne pouvions expliquer son développement chaotique, sauf à vous disqualifier
et nous avec. Je ne peux non plus l’assumer devant nos concitoyens qui nous ont élus pour le mener à bien.
Je ne peux non plus continuer à passer mon temps à surmonter vos atermoiements au détriment des actions
concrètes.
5 – En parallèle de ce programme, je porte depuis septembre, à mon initiative et avec les développeurs
économiques et les entrepreneurs engagés de la Métropole, le projet structurant d’une « cité de
l’innovation » en gare Sud. Combiné avec le très récent projet French Tech Le Mans, et les intéressants
développements de l’Université du Maine sur les « humanités numériques », il est le complément
indissociable du programme Education aux Médias. Notre Société mancelle ne peut en effet se permettre
une révolution numérique, indispensable pour son économie, qui ne serait pas en même temps citoyenne.
Cette vision politique de notre territoire n’est à l’évidence pas la vôtre.
6 - Enfin, le développement rapide d’un projet tel que cette « cité de l’innovation » suppose un franc soutien
de votre part et votre partage d’une vision de l’économie locale, innovante et solidaire. Votre décision
incompréhensible de vendredi, qui s’ajoute à vos récentes tergiversations sur ce dossier économique
essentiel, me confirment que je n’aurai ni l’un, ni l’autre.
5
Même la construction, hors tout mandant et complètement bénévolement, de Solidéa, qualifié de
structurant et de stratégique par un pôle de compétitivité national, même le projet de grand réseau de
chaleur que j’ai initié il y a 6 ans et qui pourrait enfin voir le jour dans quelques mois, diminuant les émissions
de GES d’un volume équivalent à celles de 10.000 voitures par an, même mon travail et mon engagement
permanents avec tous les élus de notre majorité, même ma loyauté dans toutes nos actions communes
depuis 7 ans, poussée dans ses derniers retranchements, n’auront pas permis la confiance indispensable à
la conduite de tels projets.
Je dois en conclure que vous ne souhaitez pas que je les conduise.
Vous voudrez donc bien prendre acte de ma démission de tous mes mandats à la Ville et à la Métropole à
partir du mercredi 25 novembre. Je ne serai plus désormais que simple conseiller municipal.
Je remercie Christophe Counil, qui a assumé jusqu’au bout son engagement pour le programme Education
aux Médias, et Stéphane Le Foll, qui a permis le contact avec des Ministères à l’écoute et conscients des
enjeux, qui nous ont soutenus depuis. Je souligne que la Préfecture de la Sarthe a cette position depuis
qu’elle a eu connaissance de ce dossier.
Enfin, par précaution, je ne divulguerai ma démission qu’à l’issue du second tour de la campagne électorale,
le 14/12. Elle ne saurait en effet en troubler le cours, même à la marge. En conséquence, je ne signerai plus
d’engagement pour nos Collectivités à partir du 25/11 mais ferai parvenir à votre Cabinet les documents
correspondants pour ne pas entraver le fonctionnement des Collectivités. En ce qui concerne ma Présidence
de Le Mans Développement, j’informerai le Conseil d’administration de ma démission le 14/12.
Je me bornerai, compte-tenu de leurs engagements et de leurs fonctions, à n’informer de cette lettre que
MM Le Foll, Clergeau et Counil, et Madame la Préfète de la Sarthe, dont nous savons qu’ils n’en diront rien
avant le 14/12. Je ne doute pas que vous fassiez de même.
Avec mes sentiments désolés,
Nicolas LANDY
6