Le Mans, le 12 janvier 2016 Monsieur le Sénateur

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Le Mans, le 12 janvier 2016 Monsieur le Sénateur
Le Mans, le 12 janvier 2016
Monsieur le Sénateur Maire Président,
Par mail et lettre recommandée AR du 24 novembre dernier (ci-dessous), je vous ai présenté ma
démission des mandats que vous m’avez confié pour nos deux Collectivités, Ville et à la Métropole.
Par courrier du 25/11 vous avez refusé ma démission. Nous avons alors tenté de trouver une
solution: vous mainteniez votre refus de toute inscription financière, pour le programme Education
aux Médias, au budget 2016 voté le 16 décembre dernier, mais vous écriviez une lettre au Directeur
Régional aux Affaires Culturelles et à la Préfète de la Sarthe, qui ont bien voulu en financer le début,
fin 2015.
Nous avions convenu que cette lettre montre clairement votre intérêt pour un engagement financier
de la Ville à hauteur de 20 KE en 2016 (23% du budget) si ces financeurs confirmaient par écrit leur
volonté (déjà plusieurs fois manifestée) de poursuivre leur soutien. Cette lettre devait être rédigée
de telle manière qu’elle maintienne la dynamique et notre crédibilité auprès de tous les partenaires
déjà engagés autour de ce programme en 2015, dont beaucoup de bénévoles, et qui attendaient
tous la ligne budgétaire refusée.
Vous m’avez demandé de vous préparer cette lettre, ce que j’ai fait le 17/12. Dans ces conditions, j’ai
accepté de poursuivre mes fonctions, que je n’avais d’ailleurs pas suspendues.
Copie des courriers finalement signés devait m’être communiquée pour le vendredi 18 décembre,
pour une rencontre organisée avec un des partenaires. Après plusieurs relances, leur communication
ne m’est arrivée que le 7 janvier.
Ni leurs termes, ni les destinataires, ne correspondent pas à ce que nous avions convenu. Ces lettres
maintiennent, voire renforcent, l’incertitude totale sur vos intentions.
Je n’ai donc d’autre issue que de réitérer ma démission, effective à compter de ce jour, mardi
12/01/2016. Naturellement je me rendrai autant disponible que nécessaire auprès de mon
successeur pour assurer une transition utile.
Je réunirai prochainement le Conseil d’Administration de Le Mans Développement, que je préside,
pour considérer avec lui cette nouvelle situation. J’ai bien pris note que, depuis ma lettre de
novembre et nos tête à tête de début décembre où je vous ai transmis mes dossiers, vous aviez
repris à votre compte le projet de « cité de l’innovation » en gare sud, que vous vous attribuez. Vous
parlez même maintenant d’urgence à la créer, alors que j’en ai conçu seul l’idée et en construis les
fondations depuis septembre, avec une grande majorité des acteurs du développement économique
manceau, sans votre soutien. Je ne doute pas que ce changement notable atténue considérablement
les éventuels inconvénients de mon retrait. Je m’en réjouis pour le monde économique manceau,
dont les acteurs méritent des projets à leur mesure.
Avec mes sentiments distingués,
Nicolas Landy
Conseiller Municipal
Conseiller Communautaire
24 novembre 2015
Monsieur le Sénateur Maire Président,
Vous m’aviez conféré une délégation à la prévention de la délinquance. L’arrêté du 4 avril
2014 correspondant me mandatait expressément pour développer l’Education aux Médias au
Mans, conformément au deuxième engagement des actions de proximité de la liste « Le Mans
pour Tous » : « développer l’e-service et l’éducation aux médias ».
1 – Il était prévu que je développe le programme d’Education aux Médias élaboré en 2012 par
un travail collectif, inédit, de l’ensemble des élus et des services municipaux en relation directe
avec les jeunes manceaux (Culture, Enfance, Jeunesse, Sports, Education, Tranquillité
Publique, notamment). Ces personnels avaient tous partagé le constat que leurs messages
éducatifs étaient de plus en plus souvent mis en échec par d’autres messages reçus par les
jeunes, notamment via les écrans et Internet.
Leur expérience de terrain corroborait mon analyse, menée de 2009 à 2011 avec des
spécialistes nationaux – indépendants- de ces questions. Je vous l’avais remise à l’époque.
Cette étude détaillée et assise sur une abondante littérature rapportait que des milliers
d’études sérieuses et convergentes avaient été écrites sur le sujet dans de nombreux pays.
Elles montraient que les effets avérés d’une exposition aux écrans qui ne serait pas adaptée
(en fonction de l’âge du sujet, de son bagage culturel et social, de sa durée d’exposition, de
l’accompagnement (notamment familial) dont il bénéficie, etc…) sont :
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une diminution du temps de sommeil (ados notamment) ;
l’altération du développement cognitif (capacités d’expression et d’adaptation,
vocabulaire disponible, etc...surtout chez les petits) ;
une diminution des capacités de concentration, voire d’imagination et d’innovation ;
des troubles liés à l’inactivité physique (obésité…) ;
la banalisation de la violence : représentation d’un monde violent dans lequel il
faudrait se protéger (phénomène des bandes) ou agir en conséquence (avec violence),
avec abaissement sensible de l'âge de commission de certaines infractions ;
une tendance au règlement direct des conflits sans médiateur ;
la réduction des échanges interpersonnels à des échanges utilitaires, comportements
excessivement «consuméristes» avec sentiments d’exclusion/frustration en cas
d’accès limité à certains biens (marques…)
la promotion de l’exclusion ou de la tromperie récompensées (Téléréalité…) ;
la dégradation de la relation garçon/fille – développement des stéréotypes ;
le voyeurisme et l’exhibitionnisme / troubles liés à la perte de la sphère intime
(harcèlement via les réseaux sociaux…) ;
la vulnérabilité aux fausses informations et aux rumeurs ;
la diminution des capacités de patience et de persévérance ;
la perte de repères : fictif/réel, communication primant sur les contenus, confusion
notoriété/talent...;
etc…
Je n’énumérais pas, à l’époque, les risques de radicalisation, qu’il est inimaginable aujourd’hui
d’ignorer.
Un consensus existant entre les personnels de nos services concernés et leurs élus sur
l’urgence de traiter ces questions très concrètes, tous avaient travaillé aux réponses possibles
avec les spécialistes précités et moi-même, entre mai et décembre 2012. Le résultat de ce
travail avait été intégré à la stratégie de prévention de la délinquance 2012-2014 (« ficheaction » n°8) votée à l’unanimité le 3/12/2012. Il avait ensuite fait l’objet d’un appel à projet
en juin 2013, auquel avait répondu une fédération d’associations d’éducations populaires en
septembre 2013 (CEMEA – FRANCAS – FAL), avec leurs responsables nationaux réputés sur la
question, motivés par l’originalité et l’ambition du projet de notre Collectivité.
En effet, ce programme, conçu sur 3 ans, ambitionnait d’installer, pour la première fois en
France et à titre expérimental, l’Education aux Médias et à l’Information (EMI = acronyme
retenu aujourd’hui au niveau national) dans le parcours éducatif des jeunes manceaux. Il
devait en couvrir toutes les problématiques (précitées), de plus en plus prégnantes, au fur et
à mesure du développement du numérique dans notre Société. Augmenter le niveau d’esprit
critique des jeunes, porter des messages de prévention, valoriser les activités culturelles et
artistiques alternatives : les 3 axes du programme étaient et sont plus que jamais
indispensables, après les événements dramatiques de ces derniers jours et ceux de janvier,
pour enraciner les jeunes consommateurs de médias dans une culture citoyenne, qui diminue
leur vulnérabilité potentielle à des influences médiatiques et numériques qui présenteraient
des dangers. Le programme avait cependant une dimension clairement offensive et positive :
en renforçant la capacité à trier ses informations sur le Net notamment, il augmentait les
chances de cet extraordinaire outil de devenir ce qu’il doit être : l’accès à la connaissance pour
tous.
L’objectif était d’intégrer l’EMI dans les messages que la chaine éducative délivre aux jeunes,
tout au long de leur développement,
1. en dotant cette chaine (dont évidemment les parents) de l’expertise pour le faire par
l’intervention ponctuelle, disponible pendant 3 ans, de professionnels spécialisés ;
2. en suivant de manière précise les effets de ces interventions pour plus d’efficacité
mais aussi pour les modéliser dans l’intérêt des autres territoires qui voudraient s’en
inspirer;
3. en structurant en réseau les partenaires sur ce thème :
a) pour que le territoire devienne autonome sur ces questions à la fin du
programme en 2018, notamment en organisant les partages d’expériences et
d’expertise et en coordonnant les actions (y compris avec la communauté
journalistique et culturelle),
b) pour atteindre le maximum d’enfants et de parents,
c) pour amplifier au maximum l’effet de levier de l’investissement public
renouvelable sur 3 ans après examen chaque année de la bonne utilisation des
deniers publics.
Enfin, en ces temps où la population s’interroge sur la capacité de leurs élus à anticiper les
changements de notre société et à proposer des réformes adaptées , le programme voulait
aussi répondre aux questions que se posent aujourd’hui tous les parents sur l’utilisation, par
leurs enfants, des écrans, tablettes, jeux vidéo, vidéos en accès illimités sur Internet, réseaux
sociaux, etc…Est-ce que j’autorise l’accès ou non ? Pour quels contenus ? Pour quelle durée ?
A partir de quel âge ? Avec quels risques ? Quel est le rapport de mon enfant à l’information,
souvent très anxiogène, et la manière de le protéger et de l’accompagner dans un monde qu’il
découvre principalement par les Médias ? Les exemples terribles de Charlie Hebdo, du
Bataclan, voire de décapitations diffusées sur le net en sont la terrible et frappante
illustration. Mais des informations apparemment plus anodines (images/sons/écrits/dessins)
peuvent aussi impressionner négativement : que dire à son enfant qui pourra avoir vu
certaines de ces images, parfois sans le vouloir et sans y être préparé ?
Il était temps aussi de répondre au doute des parents sur l’impact de leur discours éducatif,
souvent réduit à quelques minutes par jour pour les adolescents, en concurrence avec les
messages médiatiques issus des consommations numériques et télévisuelles de leurs enfants
(jeux vidéo, téléréalité, etc…). Aujourd’hui, un enfant français passe en moyenne 4,5 h devant
un écran (chiffres Médiamétrie 2014).
2 –Malgré le vote du Conseil Municipal du 3/12/2012 et la réponse à notre appel à projet par
les CEMEA/FRANCAS/FAL en septembre 2013, vous avez demandé que le programme ne soit
pas entamé avant les élections municipales de mars 2014. Nous avons alors souhaité en faire
un des marqueurs de notre campagne. Ainsi, dans notre programme électoral officiel « Le
Mans pour tous », « Développer l’e-service et l’éducation aux médias » figurait au deuxième
rang des actions de proximité.
Une fois le scrutin remporté, M. Counil et moi-même, dument habilités par nos mandats
respectifs, avons entrepris de le lancer. 16 mois s’étaient déjà écoulés depuis le vote municipal
du 3/12/2012, qui nous donnait 2 ans pour développer les actions de prévention de la
délinquance, dont le programme faisait partie.
Vous avez pourtant, à partir de là, fait obstacle au développement du programme. En étant le
porteur principal, j’ai dû faire face à de nombreuses tracasseries et à vos revirements répétés.
3 - Votre promesse de financer un début de programme sur les 4 derniers mois de 2014 pour
20 KE, date de l’été 2014. Grâce à elle, Christophe Counil et moi-même avons engagé les élus,
les services compétents et nos prestataires sur de premiers travaux en septembre et octobre
2014.
La Préfecture de la Sarthe s’était engagée avec nous pour ces actions à hauteur de 3 000 E.
Le 19 septembre 2014, une adolescente était tabassée par une de ses « camarades » en plein
centre-ville du Mans. 3 garçons présents se gardaient d’intervenir : ils ont filmé la scène et
l’ont postée sur le Net, produisant émoi et inquiétude légitime dans la population…comme s’il
était encore besoin de démontrer l’urgence d’agir sur ce terrain.
Pourtant, un mois après, vous reveniez sur votre engagement. Contrairement à ce que vous
aviez dit, la ligne budgétaire de 20 KE n’a jamais été inscrite à la Déclaration Modificative 3.
Brusquement privés de financement, M. Counil et moi-même avons dû nous résoudre à
demander aux prestataires, le 25 novembre 2014, d’interrompre leur travail. Les sommes
allouées par la Préfecture de la Sarthe, inutilisées, ont dû être remboursées. On imagine l’effet
désastreux de ce revirement subi dont nous n’avons jamais eu l’explication. Il nous a placés
dans un porte à faux préoccupant pour la crédibilité de la Ville. Sauf à vous critiquer, ce que
nous nous sommes toujours abstenus de faire, nous avons été discrédités personnellement.
Sans doute évoquer le dossier au sein de notre Majorité, à l’occasion d’une de ses réunions,
aurait été bénéfique à ce moment. Mais cela n’a pas été possible. Les échanges de courriels
avec Patrick Delpech, Président du Groupe Socialiste et à ce titre initiateur de ces réunions,
l’attestent. Et forcer la discussion aurait provoqué une rupture que nous n’avons jamais
souhaitée. Le positionnement des élus avait été acquis le 3/12/2012, traduit à nouveau dans
le programme de campagne (et par 3 nouveaux votes favorables en 2015 comme on le verra
plus loin), et… c’est vous qui avez la signature et donc la possibilité de refuser l’engagement
des ressources humaines et financières de notre Collectivité malgré ces votes. C’était donc vous
qu’il fallait convaincre de ne pas entraver notre travail. Malgré le crédit perdu auprès de tous
les partenaires, et même si votre incompréhension des enjeux devenait manifeste, nous
pensions encore devoir et pouvoir le faire.
Après l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015, les enjeux de citoyenneté, de laïcité, mais
aussi de radicalisation liée aux consommations numériques sont devenus une priorité pour
tous. Sauf pour vous.
Nous pensions pourtant que vous l’aviez compris lorsqu’un mois plus tard vous avez accepté
expressément la relance du programme Education aux Médias, présentée au vote et entérinée
par le Conseil le 16/02/2015 dans la délibération portant les orientations de la stratégie de
prévention de la délinquance 2015-2020 (proposition n°16 lue en séance par M. Counil). C’est
pourquoi nous avons entrepris de fédérer un premier groupe de structures éducatives,
culturelles, sociales et sportives autour du projet. Toutes les structures rencontrées ont
exprimé un besoin très net de travailler dans le cadre proposé. Ce sont notamment:
L'Education Nationale (Rectorat et Direction Académique ont désigné un lycée, un collège et
trois écoles pour participer au programme en année 1), la Police Nationale, les services
Politique de la Ville et Cohésion Sociale à la Préfecture, la MJC Prévert (avec Radio Alpa et les
Cinéastes), le Centre Social des Quartiers sud, LMTV, la Sauvegarde (prévention spécialisée),
la Jeune Chambre Economique, la Maison des Ados, la Direction des circonscription de la
solidarité du Département de la Sarthe, le Samouraï 2000, en plus des services municipaux
précités qui ont été remobilisés.
Parallèlement, et compte-tenu des contraintes budgétaires que nous n’avons jamais sousestimées, nous avons approché les partenaires institutionnels mais aussi des entreprises
privées pour solliciter leur soutien financier. Avec l’entremise spéciale du Ministre Stéphane
Le Foll, le Ministère de l’Education Nationale et le Ministère de la Culture ont pris connaissance
du dossier et exprimé un fort intérêt, au point que la DRAC des Pays de la Loire accorde en
juillet 2015 une subvention de 10 KE à notre ville pour que notre projet commence dès 2015.
La Préfecture de la Sarthe, bien qu’échaudée par le revirement d’octobre de 2014, a libéré
elle aussi 2 KE pour 2015. Les Compagnies MAIF, MGEN et MAE se sont engagées à participer
à hauteur de 3400E dès 2015 également. Suite aux événements de janvier 2015, mais
également au vu du développement fulgurant des outils numériques qui bousculent les
schémas éducatifs traditionnels, le Gouvernement a clairement inscrit l’Education aux Médias
et à l’Information dans ses priorités. Il s’agit, pour lui aussi, d’amener au plus vite les
éducateurs sur les territoires numériques où les enfants sont aujourd’hui trop seuls. Les
derniers événements de novembre le renforcent encore dans ce choix, qui est celui du Conseil
Municipal depuis 2012. Tous, nous voulons traiter ces questions sauf…vous.
Dans ces conditions, le programme manceau est apparu d’autant plus crédible qu’il avait été
travaillé bien avant ces orientations, sur des bases scientifiques solides (et pour lesquels nous
n’avons eu recours à aucun expert rémunéré) et au vu d’expériences de terrain.
Après un nouvel entretien dans votre bureau avec M. Counil en octobre 2015, vous avez
accepté que l’argent des financeurs (15 400 E en tout) soit effectivement affecté à des actions
d’éducation aux médias dès la fin 2015. Le Conseil Municipal a validé le mouvement
budgétaire correspondant (en DM 3 ; 3ème délibération en faveur du programme). L’Etat et les
3 compagnies d’assurance devraient donc, entre autres actions, payer la formation des 18
premiers animateurs de notre ville sans que nous y mettions un sou.
Le 12 novembre, une réunion rassemblant tous les acteurs entrepris à ce jour sur le sujet s’est
tenue à la Maison des Associations. Traduisant concrètement le travail accompli, elle a
rassemblé 38 personnes dont 6 Maire-adjoints manceaux, des services de la Ville représentés
par leurs responsables dont Madame Blanc Directrice Générale Adjointe, les hauts
représentants de la Préfecture et de la Police Nationale, la DRAC, le Rectorat, la Direction
Académique, un chargé de mission de la Région des Pays de la Loire, l’Université du Maine, le
Club de la Presse du Maine et les dirigeants des autres structures éducatives citées plus haut 1.
Tous ont exprimé le souhait que le programme commence enfin. Les financeurs ont redit
vouloir s’engager pour 2016 et le représentant de la Région a indiqué qu’elle allait
sérieusement considérer le dossier. M. Daniel Penaud, Directeur du nouveau service
Prévention/Sécurité, s’est présenté comme le coordinateur du programme et le point
d’entrée aux Services compétents avec M. Romain Lafoux en soutien pour les services
Jeunesse, Enfance, Petite Enfance, Culture, Sports.
Lors de cette réunion, nos partenaires nous ont demandé de les solliciter dans les prochaines
semaines pour obtenir leurs contributions au budget total 2016 de 73 400 E. Nous les avons
prévenus que notre Municipalité ne pourrait vraisemblablement pas participer au-delà de
20KE, soit 27% contre 73% de co-financement. C’est sur cette base que nous devions les
solliciter. Nous avons en conséquence demandé aux Services d’agir dans ce sens, pour une
inscription budgétaire 2016 de 20 KE.
Le soir même, le programme Education aux Médias était à nouveau présenté au Conseil
Municipal, comme partie de la stratégie de prévention de la délinquance 2016-2020. Il faisait
l’objet d’une de ses « fiches-action » et de deux mentions dans le document de synthèse.
L’ensemble a reçu le vote favorable du Conseil Municipal (4ème délibération !).
Le 13 novembre, la France connaissait la nuit tragique que l’on sait.
Une note récapitulative du programme vous a été remise la semaine dernière ainsi qu’à
Patrick Delpech, Maire-Adjoint aux Finances et à Philippe Dilasser, Directeur Général Adjoint
des Services et Directeur Financier, pour instruire (s’il en était besoin à nouveau ?) notre
demande d’inscription budgétaire 2016.
Vendredi, on m’a informé par écrit de votre décision de n’affecter aucune ressource ni
humaine ni financière, à ce programme en 2016.
1
Mesdames Besnard et Sévère (représentant aussi Mme Debost) (Culture, Enfance et Jeunesse), Messieurs
Edom, Jean, Counil (Sports, Education et Tranquillité publique) et le Conseiller délégué que je suis. En étaient
aussi le Directeur de Cabinet de Madame la Préfète de la Sarthe M. Flament, le Commandant Huser
représentant le Directeur Départemental, le représentant des mutuelles financeuses M. Paulin, etc…
4 - Cette décision,
- qui fait fi d’un engagement pris publiquement envers la population mancelle, que la
triste actualité révèle comme indispensable;
- qui s’assoit sur 4 votes du Conseil Municipal du Mans, ignorant les constats et
l’expérience des élus et des services compétents, mais aussi aujourd’hui de l’Etat, sur
l’indispensable accompagnement des jeunes sur les territoires numériques,
- qui porte clairement le message que l’esprit critique, indispensable pour une jeunesse
citoyenne qui doit pouvoir tirer la quintessence des outils numériques, ne serait pas une
priorité politique de notre Collectivité ;
- qui prend à nouveau le contre-pied d’une dynamique constructive des acteurs de
terrain, relancée malgré vos volte-face précédents
- qui contribuera encore à discréditer l’action politique à laquelle je veux toujours
croire,
est votre seule responsabilité.
Je ne peux évidemment assumer une telle décision tant vis-à-vis des acteurs de ce programme,
qui nous ont fait confiance alors que nous ne pouvions expliquer son développement
chaotique, sauf à vous disqualifier et nous avec. Je ne peux non plus l’assumer devant nos
concitoyens qui nous ont élus pour le mener à bien.
Je ne peux non plus continuer à passer mon temps à surmonter vos atermoiements au
détriment des actions concrètes.
5 – En parallèle de ce programme, je porte depuis septembre, à mon initiative et avec les
développeurs économiques et les entrepreneurs engagés de la Métropole, le projet
structurant d’une « cité de l’innovation » en gare Sud. Combiné avec le très récent projet
French Tech Le Mans, et les intéressants développements de l’Université du Maine sur les
« humanités numériques », il est le complément indissociable du programme Education aux
Médias. Notre Société mancelle ne peut en effet se permettre une révolution numérique,
indispensable pour son économie, qui ne serait pas en même temps citoyenne.
Cette vision politique de notre territoire n’est à l’évidence pas la vôtre.
6 - Enfin, le développement rapide d’un projet tel que cette « cité de l’innovation » suppose
un franc soutien de votre part et votre partage d’une vision de l’économie locale, innovante
et solidaire. Votre décision incompréhensible de vendredi, qui s’ajoute à vos récentes
tergiversations sur ce dossier économique essentiel, me confirment que je n’aurai ni l’un, ni
l’autre.
Même la construction, hors tout mandant et complètement bénévolement, de Solidéa,
qualifié de structurant et de stratégique par un pôle de compétitivité national, même le projet
de grand réseau de chaleur que j’ai initié il y a 6 ans et qui pourrait enfin voir le jour dans
quelques mois, diminuant les émissions de GES d’un volume équivalent à celles de 10.000
voitures par an, même mon travail et mon engagement permanents avec tous les élus de
notre majorité, même ma loyauté dans toutes nos actions communes depuis 7 ans, poussée
dans ses derniers retranchements, n’auront pas permis la confiance indispensable à la
conduite de tels projets.
Je dois en conclure que vous ne souhaitez pas que je les conduise.
Vous voudrez donc bien prendre acte de ma démission de tous mes mandats à la Ville et à la
Métropole à partir du mercredi 25 novembre. Je ne serai plus désormais que simple conseiller
municipal.
Je remercie Christophe Counil, qui a assumé jusqu’au bout son engagement pour le
programme Education aux Médias, et Stéphane Le Foll, qui a permis le contact avec des
Ministères à l’écoute et conscients des enjeux, qui nous ont soutenus depuis. Je souligne que
la Préfecture de la Sarthe a cette position depuis qu’elle a eu connaissance de ce dossier.
Enfin, par précaution, je ne divulguerai ma démission qu’à l’issue du second tour de la
campagne électorale, le 14/12. Elle ne saurait en effet en troubler le cours, même à la marge.
En conséquence, je ne signerai plus d’engagement pour nos Collectivités à partir du 25/11
mais ferai parvenir à votre Cabinet les documents correspondants pour ne pas entraver le
fonctionnement des Collectivités. En ce qui concerne ma Présidence de Le Mans
Développement, j’informerai le Conseil d’administration de ma démission le 14/12.
Je me bornerai, compte-tenu de leurs engagements et de leurs fonctions, à n’informer de
cette lettre que MM Le Foll, Clergeau et Counil, et Madame la Préfète de la Sarthe, dont nous
savons qu’ils n’en diront rien avant le 14/12. Je ne doute pas que vous fassiez de même.
Avec mes sentiments désolés,
Nicolas LANDY