D ossier
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COUV_210X297:Couv 7/04/08 11:38 Page 1 D o s s i e r d u C N H I M Revue d’évaluation sur le médicament Avril 2008, XXIX, 2 E v a l u a t i o n L e P o i n t Solutions de conservation d’organes Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN® Utilisation en gynéco-obstétrique s u r Centre National Hospitalier d’Information sur le Médicament ISSN 0223.5242 COUV_210X297:Couv 7/04/08 11:38 Page 2 CNHIM - Hôpital de Bicêtre 78, rue du Général Leclerc BP 11 94272 Le Kremlin Bicêtre cedex Tél. : +33 (0)1 46 58 07 16 Fax : +33 (0)1 46 72 94 56 Courriel : [email protected] Echos du CNHIM Marie-Caroline Husson 2 D Do ossssiieerr d du uC CN NH HIIM M 2008 Tome XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Caroline Loeuillet et la participation du comité de rédaction Le CNHIM est une association indépendante à but non lucratif (loi 1901) dont la vocation est de réaliser et diffuser une information rigoureuse et scientifique sur le médicament. Tous les articles publiés dans Dossier du CNHIM sont le fruit d'un travail collectif, sur le fond et sur la forme, entre les rédacteurs signataires, le comité de rédaction, et la rédaction du CNHIM d'une part, le comité de lecture et certains experts, spécialistes du sujet traité, d'autre part. Sur chaque sujet, Dossier du CNHIM ne publie donc pas les opinions de tel ou tel, mais réalise une analyse scientifique critique, la plus objective possible. Malgré tout le soin apporté à l’élaboration de Dossier du CNHIM, une erreur peut se glisser dans les informations diffusées. Les lecteurs doivent donc conserver la plus grande vigilance dans l’exploitation des données à leur disposition. Directrice de la Publication : Jacqueline Grassin Rédaction Rédactrice en chef : Marie Caroline Husson Comité de rédaction : Hélène Bourgoin-Hérard (Tours), Dominique Dardelle (Suresnes), Albert Darque (Marseille), Bérangère Gruwez (Berck), Isabelle Fusier (Kremlin Bicêtre), Isabelle Jolivet (Paris), Véronique Lecante (Paris), Nathalie Le Guyader (Paris), Bernard Sarrut (Paris), Corinne Tollier (Kremlin Bicêtre). Comité de lecture : P. Assayag (Paris), A. Baumelou (Paris), P. Beaufils (Paris), C. Buffet (Bicêtre), D. Brossard (Saint-Germain en Laye), D. Cabrol (Paris), J.M. Extra (Paris), P. Faure (Paris), M. Feuilhade de Chauvin (Paris), J.E. Fontan (Paris) C. Guérin (Paris), P.M. Girard (Paris), S. Limat (Besançon), C. Montagnier-Pétrissans (Paris), M. Ollagnier (St Etienne), G. Vedel (Paris), J.M. Vetel (Le Mans), T. Vial (Lyon). Rythme de parution : 6 numéros par an N° ISSN 0223.5242. N° de commission paritaire : G 82049 IMPRESSION : ESE - Zone industrielle, 2 rue Emile Zola, 77350 Montry. CENTRE NATIONAL HOSPITALIER D’INFORMATION SUR LE MEDICAMENT www.cnhim.org Hôpital de Bicêtre – 78, rue du Général Leclerc 94272 Le Kremlin Bicêtre cedex – B.P. 11 Tél. : 01 46 58 07 16 – Fax : 01 46 72 94 56 Courriel : [email protected] Présidente : Jacqueline Grassin Président fondateur : André Mangeot Secrétariat abonnement : Zohra El Hadaoui Conseil d’Administration : F. Ballereau (Nantes), J.E. Bazin (Clermont Ferrand), M. Bourin (Nantes), E. Boury (Lomme), B. Certain (Paris), F. Chast (Paris), M. Courbard-Nicolle (Paris), E. Dufay (Lunéville), P. Dugast (Paris), R. Farinotti (Paris), B. Fervers (Lyon), J.E. Fontan (Bondy), L. Geoffroy (Paris), A. Graftieaux (Châlons en Champagne), D. Goeury (Paris), C. Guérin (Paris), G. Le Pallec (Paris), P. Lechat (Paris), M. Leduff (Rennes), N. Le Guyader (Paris), P. Meunier (Rouen), E. Papy (Paris), J. Paresys (Paris), P. Paubel (Paris), J.L. Prugnaud (Paris), P. Queneau (St Etienne), S. Robert Piessard (Nantes), A. Vanneau (Paris), T. Vial (Lyon). Dossier du CNHIM participe à l’ISDB, réseau international de revues indépendantes de formation thérapeutique. Editorial En bref E v a l u a t i o n L e P o i n t s u r Redha Souilamas 1. 2. 3. 4. 5. 6. Introduction Statut réglementaire des solutions de conservation d’organes Epidémiologie de la greffe d’organes Organisation de la transplantation d’organes en France Principes de la transplantation Impact des solutions de conservation d’organes sur des lésions d’ischémie-reperfusion 6.1. Maintenir l’organe en hypothermie 6.2. Prévenir l’œdème cellulaire 6.3. Prévenir la surcharge calcique 6.4. Prévenir la perte énergétique 6.5. Prévenir l’acidose intracellulaire 6.6. Prévenir les lésions oxydatives 6.7. Prévenir les phénomènes inflammatoires 7. Présentation des solutions de conservation d’organes présentes sur le marché français 8. Présentation des principaux essais cliniques évaluant les solutions de conservation d’organes 8.1. Caractéristiques des études 8.2. Etudes des solutions de conservation d’organes 9. Avantages et inconvénients des différentes solutions de conservation d’organes 10. Recommandations pour le choix et l’utilisation des solutions de conservation d’organes 10.1. Concernant la composition des solutions 10.2. Concernant l’utilisation des solutions 11. Conclusion Références bibliographiques 5 6 7 7 8 8 10 12 12 12 14 15 16 16 16 16 21 21 21 37 38 38 38 39 39 Eptacog alpha, rFVIIa, NovoSeven Du concept de l’agent hémostatique aux diverses applications cliniques ; 3ème partie : Gynéco-obstétrique Valérie Chamouard, Henri Jacques Clément, Isabelle Jolivet et la participation du comité de rédaction Editorial En bref Anne-Sophie Ducloy-Bouthors 41 42 1. Introduction 2. Epidémiologie 3. Physiopathologie et spécificités de l’HPP 3.1. Principales causes de l’HPP 3.2. Evaluation des pertes sanguines 3.3. Survenue des troubles de l’hémostase 4. Traitement conventionnel de l’HPP 4.1. Prévention clinique en consultation anténatale et d’anesthésie 4.2. Prévention clinique et pharmacologique de l’HPP au moment de l’accouchement 4.3. Prise en charge initiale de l’HPP 4.4. Prise en charge de l’HPP qui s’aggrave 4.5. Stratégie de prise en charge par les méthodes invasives 5. Evaluation clinique du rFVIIa en obstétrique 5.1. Généralités 5.2. Synthèse des utilisations cliniques du rFVIIa en obstétrique : analyse de la littérature 6. Discussion 7. Conclusion 8. Abréviations Références bibliographiques 43 43 44 44 44 44 45 45 45 45 46 47 48 48 48 Résumés des derniers numéros parus Au sommaire de Dossier du CNHIM Bulletin d’abonnement 2008 57 58 59 Le CNHIM a la propriété des textes publiés dans ce numéro et se réserve tous les droits de reproduction (même partielle), d’adaptation, de traduction, pour tous les pays et par quelque procédé que ce soit (loi du 11 mars 1957, art. 40 et 41 du Code Pénal art. 425). Les articles de Dossier du CNHIM sont indexés dans bibliopch. 48 55 55 55 Echos du CNHIM Echos du CNHIM Marie-Caroline Husson Rédactrice en chef Certification des sites santé et des bases de données destinées à être intégrées dans les logiciels d’aide à la prescription Une base de données sur le médicament comme Thériaque®, accessible sur internet www.theriaque.org et intégrée dans les logiciels d’aide à la prescription (LAP) peut (devra ?) se soumettre à 2 principales procédures de certification par la Haute Autorité de Santé (HAS) : la certification HON pour les sites de santé (obtenue en février 2008 pour www.theriaque.org), et la signature d’un engagement sur le respect de la charte de qualité des LAP (en cours de finalisation). Voyons plus en détail ces 2 démarches volontaires. 4. Attribution : citer les sources des informations publiées et dater les pages de santé. 1- Certification des sites de santé par la HAS – HON 8. Honnêteté dans la publicité et la politique éditoriale : séparer la politique publicitaire de la politique éditoriale. La HAS a établi il y a quelques semaines, un partenariat avec la fondation HON Health On the Net (la santé sur internet) http://www.hon.ch pour accréditer les sites français de santé (loi n° 2004810 du 13 août 2004). HON est une ONG à but non lucratif, qui œuvre depuis 12 ans pour améliorer la qualité des informations médicales et de santé sur le net. Ainsi accréditée par la HAS elle devient la structure qui certifiera tous les sites français de santé selon les huit principes du code de conduite de HON (le HONcode) : http://www.hon.ch/HONcode/HAS/collaboration_f.html 1. Autorité : indiquer la qualification des rédacteurs. 2. Complémentarité : complémenter remplacer la relation patient-médecin. et non 3. Confidentialité : préserver la confidentialité des informations personnelles soumises par les visiteurs du site. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 5. Justification : justifier toute affirmation sur les bienfaits ou les inconvénients de produits ou traitements. 6. Professionnalisme : pendre l’information la plus accessible possible, identifier le webmestre, et fournir une adresse de contact. 7. Transparence du financement : présenter les sources de financements. En pratique, l’'équipe du HONcode visite et examine les sites Web qui en font la demande (démarche volontaire), vérifie si ces 8 principes sont respectés, et demande le cas échéant au responsable du site des corrections. Pour toute demande de http://www.hon.ch/index_f.html certification : Le site www.theriaque.org est depuis le 19 Février certifié HON - HAS. Le logo interactif et dynamique HONcode figure désormais sur toutes les pages du site. La certification est délivrée pour un an avec une réévaluation annuelle systématique du site. Pendant cette période le site fait l’objet d’une surveillance par HON. Un système de plainte en ligne permet à tout internaute de signaler à HON ce qu’il estimerait être une non-conformité. HON instruit les plaintes, demande au site de corriger le -2- Echos du CNHIM cas échéant, et peut être amené à suspendre, voire retirer, la certification si le site ne corrige pas rapidement les non conformités. donnée servant de support à des LAP candidats à la certification : - l’exhaustivité : médicamenteuses; Le CNHIM a estimé qu’il y avait beaucoup de bonnes raisons pour demander la certification. - La démarche étant volontaire, elle traduit donc bien la volonté du CNHIM de participer à la qualité de l’information médico-pharmaceutique qu’il diffuse. - La certification est gratuite pour le CNHIM. ® - Le site Thériaque maintenant certifié est intégré dans la base de données des sites certifiés de HON (HONcode Hunt) http://www.hon.ch/MedHunt. Une fiche descriptive a été inclue au moteur de recherche http://www.hon.ch/cgi-bin/update.pl?HON08464. - L’adresse www.theriaque.org devrait figurer très prochainement sur le site de la HAS. Environ 5700 sites sont actuellement certifiés HON dans 72 pays. 2- Charte de qualité des bases de données médicamenteuses destinées à être intégrées dans les LAP En application des articles L.161-38 et R.161-75 du code de la sécurité sociale, la HAS a été chargée d’établir les procédures de certification des LAP ayant respecté des règles de bonne pratique. La HAS doit notamment veiller à ce que ces logiciels permettent la prescription directement en Dénomination Commune Internationale (DCI). Par conséquent, les éditeurs de LAP doivent recourir à une base de données médicamenteuses qui permette une telle prescription, ce qui est le cas de Thériaque®. La charte a pour vocation de définir des spécificités jugées indispensables à la qualité d’une base de Nous remercions les laboratoires qui participent à l’impression de Dossier du CNHIM en 2008. intégralité des spécialités - la neutralité : les différences de présentation, de traitement ou de délai de diffusion de l’information ne peuvent avoir pour seules justifications que l’intérêt du malade, celui de la collectivité ou la facilitation du travail du prescripteur ; - l’exactitude : informations conformes aux données de la science, aux lois et aux règlements. La mise à disposition des références à l’origine de ces informations doit permettre à l’utilisateur d’apprécier la valeur et l’utilité de ces informations ; - la fraîcheur : mise à disposition des informations dans un délai raisonnable à partir de leur publication ; - la complétude : quantité d’informations se rapportant à une spécialité médicamenteuse ou à une DC précise, leur granularité, leur structure, leur codification ainsi que les fonctions qui permettent d’organiser, de sélectionner, de mettre en relation et de mettre à disposition d’un logiciel ou directement de l’utilisateur les informations contenues dans la base de données. En février 2008 le CNHIM a déclaré à l’HAS sa volonté de signer cette charte de qualité pour la base de données Thériaque®. Ainsi la certification HON / HAS obtenu pour le site www.theriaque.org est une véritable reconnaissance des principes de transparence d’information, d’honnêteté et de professionnalisme que le CNHIM défend depuis toujours. La demande d’engagement du CNHIM de respecter la charte de qualité des bases intégrées dans les LAP obéit aux mêmes principes. Bayer-Schering-Pharma, Bristol-Meyer-Squibb, GaxoSmithKline, Keocyt, Pfizer, Ratiopharm, Servier. -3- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Echos du CNHIM Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -4- Solutions de conservation d’organes Solutions de conservation d’organes Editorial Dr Redha Souilamas Chirurgien thoracique Coordonnateur du programme de transplantation pulmonaire Hôpital Européen Georges Pompidou, AP-HP Pour une conservation des organes prélevés optimale et prolongée La transplantation d’organes est devenue une thérapeutique de choix dans les stades avancés de certaines pathologies cardio-vasculaires, pulmonaires, hépatiques et rénales. Dans bien des cas, l’indication est retenue lorsque le pronostic vital est mis en jeu à court ou à moyen terme. L’augmentation du nombre de greffons et leur qualité sont les critères fondamentaux pour assurer de bons résultats, une survie optimale et la diminution du taux de décès sur la liste des malades en attente de greffe. Historiquement, la préservation des greffons pulmonaires a consisté en la perfusion de solutions universelles. En réalité, chaque organe possède des caractéristiques propres plus ou moins tolérantes en termes de flux ioniques intra et extracellulaire, de pression oncotique, de métabolismes aérobie et anaérobie, de structures et de fonctions tissulaires. Ces spécificités ont conduit les chercheurs à envisager de nouvelles solutions de conservation et les choix s’orientent de plus en plus vers des solutions spécifiques d’organes. De nouvelles solutions dites extracellulaires, à faible concentration en ions potassium, par opposition aux solutions dites intracellulaires, sont actuellement utilisées par exemple pour le poumon. -5- Ces solutions permettent une meilleure conservation sur des longues périodes d’ischémie froide compte tenu des longues distances entre les centres de prélèvement et les centres de greffe. De nouvelles perspectives s’ouvrent actuellement pour répondre à la pénurie chronique des greffons pulmonaires, responsable de décès sur la liste des malades en attente de greffe. Ces perspectives sont le prélèvement sur des donneurs à cœur non battant pour le rein, le foie et le poumon, et l’ex-vivo reconditionnement et évaluation des greffons pulmonaires marginaux ou non acceptés initialement comme greffons potentiels. La connaissance de la pharmacologie de ces solutions de conservation, est fondamentale pour les équipes de greffe et pour optimiser la qualité des greffons. Ce travail exhaustif et précis de l’article de ce Dossier du CNHIM sur les solutions de conservation d’organes est un outil de travail incontournable pour guider le choix des équipes de transplantation et leur servir de base bibliographique. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Solutions de conservation d’organes En bref Marie Caroline Husson Rédactrice en chef Lors d’une transplantation, les solutions de conservation de l’organe permettent de le refroidir avant prélèvement, de le conserver, puis de le rincer avant la transplantation. Dans le contexte de la pénurie d’organe, ces solutions doivent être de plus en plus performantes pour permettre une conservation de qualité. La loi du 1er juillet 1998 a donné un statut à part entière aux produits ayant un usage thérapeutique qui ne sont ni des médicaments ni des dispositifs médicaux. Les solutions de conservation d’organe sont des produits thérapeutiques annexes (PTA) définis par l’article L1261-1 du code de la santé publique. Les PTA nécessitent une AMM, des bonnes pratiques de fabrication, une traçabilité (partielle), une vigilance spécifique (biovigilance). Quatre catégories de PTA peuvent actuellement être identifiées selon qu’ils sont en contact avec les organes (c’est le cas des solutions de conservation), les tissus, les cellules, les gamètes et embryons. Les transplantations d’organes sont en hausse (+ 38 % depuis 2000) avec une augmentation de 5,1 % des prélèvements entre 2005 et 2006. Cependant, la pénurie de greffons demeure. L’âge des malades prélevés augmente (âge moyen de 49,7 ans en 2006). La loi de bioéthique du 6 août 2004 a défini le don d’organe comme étant basé sur le principe de consentement présumé. En cas de mort encéphalique, le prélèvement d’organe est donc possible si la personne n’a pas exprimé son refus. Alors interviennent le coordinateur hospitalier des greffes et le service de régulation et d’appui (SRA) pour organiser la logistique. L’agence de biomédecine (ex établissement français des greffes) est organisée en 7 zones interrégionales de prélèvement et de répartition des greffons (ZIPR) placées sous l’autorité de 4 SRA. La transplantation d’organes comprend 4 grandes étapes : prélèvement du greffon ; stockage et transport hypothermique de l’organe ; réimplantation ; reperfusion. La perfusion du greffon avec une solution réfrigérée permet de diminuer le métabolisme cellulaire et ainsi le risque de mort cellulaire. La conservation de l’organe pendant le transport peut se faire soit avec une machine à perfusion, soit par conservation statique dans une solution de conservation hypothermique d’organe. Lors d’une transplantation, la réfrigération est le principe de base de la conservation de l’organe. Le phénomène d’ischémie – reperfusion entraîne de nombreuses lésions que la solution de conservation doit tenter de limiter : œdème cellulaire, accumulation intracellulaire de calcium, perte de substrats énergétiques, acidose intracellulaire, lésions oxydatives, inflammation tissulaire. La première solution de conservation d’organe, EUROCOLLINS®, fut développée en 1969. En 1988, apparaît le VIASPAN® ou solution de Belzer, spécifique du foie et du pancréas. CUSTODIOL®, ou solution de Breitschneider, est une solution de cardiopléglie, son utilisation s’est étendue aux organes intraabdominaux et aux greffons pulmonaires. CELSIOR®, solution de cardioplégie et de protection myocardique, est la 1ère solution extracellulaire à faible teneur en potassium. L’IGL-1® et la solution SCOT®, contiennent un PEG. La dernière solution commercialisée, le PERFADEX®, contient un dextran comme agent osmotique. Les différentes solutions pour conservation d’organe présentent chacune des avantages et des inconvénients : solutions prêtes à l’emploi ou non, nécessité (ou non) d’un rinçage du greffon avant réimplantation en raison de la présence de K+. L’AFSSaPS a accordé des autorisations de mise sur le marché à certaines de ces solutions dans des utilisations bien définies par les études cliniques. Les recommandations pour le choix de ces solutions de conservation reposent sur leur composition (présence de colloïdes et d’imperméants) et leur utilisation (même solution pendant les différentes étapes de la greffe, nécessité ou non d’un filtre, nécessité ou non d’un rinçage). Abstract. Organ preservation solution The infusion graft with a cooled solution reduces the cellular metabolism and the risk of cell death. During a transplant, refrigeration is the main condition for the best conservation of the organ. In addition, the phenomenon of ischemia reperfusion leads to many injuries that the solution for organ preservation should try to limit: cellular oedema, intracellular accumulation of calcium, loss of substrates, intracellular acidosis, oxidative lesions, and tissue inflammation. The first solution, EUROCOLLINS®, was developed in 1969. In 1988, VIASPAN® or Belzer solution appears to be specific for the liver and the pancreas. CUSTODIOL®, or Breitschneider solution, is a solution for intra-abdominal organs and lung transplants. CELSIOR® is the 1st extracellular solution with low potassium. The IGL-1® and SCOT® solution contain a PEG. The last marketed solution PERFADEX® contains a dextran as osmotic agent. The recommendations for the choice of a solution are based on their composition (presence of colloids) and their use (ready to use or not, same solution during the different steps of the transplantation, necessity of using a filter, necessity of rinsing). During an organ transplant, solutions for organ preservation allow to cool the organ before removal, to keep it, to rinse it before transplantation. Due to the shortage of organs such solutions should be the most efficient to allow the best quality of conservation. The Act of July 1, 1998 has been given a fullfledged status to products with a therapeutic use but without being a drug or a medical device. The solutions for organ preservation are annex therapeutic products (PTA) as defined in Article L1261-1 of the Public Health Code. The PTA need a marketing authorisation from the AFSSAPS, good practices of fabrication, and a specific vigilance (biovigilance). Organ transplants are on the rise (+38% since 2000) with a 5.1 % increase in removals between 2005 and 2006. However, the shortage of grafts remains. The age of donors increases (mean age of 49.7 years in 2006). The bioethical law August 6, 2004 defined the donation of organ as being based on the principle of a presumed consent. In the event of brain death, the removal of an organ is also possible if the patient didn’t write his refusal when he was alive. Organ transplantation consists in 4 major steps: taking graft; hypothermic storage and transportation of the body; relocation; reperfusion. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -6- Mots clés : solution de conservation d'organe, produit thérapeutique annexe, transplantation. Key words: annex therapeutic product, organ preservation solution, transplantation. Solutions de conservation d’organes E v a l u a t i o n Solutions de conservation d’organes Caroline Loeuillet1 et la participation du comité de rédaction 1 Service pharmacie, CHU de Brest. Remerciements : Jean-Noel Fabiani (Paris), Benoît Gérard (Le Kremlin Bicêtre), Aurore Gouraud (Lyon), Pascal Leprince (Paris), Hélène Levert (Paris), Christophe Maria (Saint-Etienne), Redha Souilamas (Paris). 1. Introduction En bref Lors d’une transplantation d’organe, les solutions de conservation de l’organe permettent de le refroidir avant prélèvement, de le conserver puis de le rincer avant transplantation. Dans le contexte de la pénurie d’organe, ces solutions doivent être de plus en plus performantes pour permettre une conservation de qualité. caractéristiques essentielles que doivent présenter ces solutions pour pouvoir être utilisables dans notre pays, les études cliniques les évaluant seront analysées. Le deuxième objectif de ce Dossier du CNHIM est de donner des recommandations d’utilisation de ces solutions afin d’harmoniser les pratiques. 2. Statut réglementaire des solutions de conservation d’organes En bref Les solutions de conservation d’organes sont utilisées lors d’une transplantation d’organes durant le prélèvement, pour refroidir l’organe, lors du stockage de l’organe prélevé puis avant la réimplantation afin d’éliminer par le rinçage les métabolites toxiques accumulés pendant le transport. Dans le contexte actuel de pénurie d’organes, les greffons sont très précieux. Leur bonne conservation pendant le transport est donc primordiale. Par ailleurs les donneurs, de plus en plus âgés, cumulent des facteurs de risque. Les solutions de conservation d’organes doivent donc être de plus en plus performantes pour pouvoir assurer une conservation de qualité sur des périodes de plus en plus longues. Avec l’apparition sur le marché de nouvelles solutions de conservation d’organes et la création récente de leur nouveau statut réglementaire, le premier objectif de ce Dossier du CNHIM est d’évaluer les performances des différentes solutions de conservation d’organes disponibles en France. Après avoir défini les La loi du 1er juillet 1998 a donné un statut à part entière, aux produits ayant un usage thérapeutique et qui sont ni des médicaments ni des dispositifs médicaux. Les solutions de conservation d’organes sont donc des produits thérapeutiques annexes (PTA) définis par l’article L1261-1 du code de la santé publique. Les PTA nécessitent une AMM, des bonnes pratiques de fabrication, une traçabilité (partielle), une vigilance spécifique (biovigilance). Quatre catégories de PTA peuvent actuellement être identifiées : - PTA en contact avec les organes, - PTA en contact avec les tissus, - PTA en contact avec les cellules, - PTA en contact avec les gamètes et les embryons. Les solutions de conservation d’organes appartiennent à la 1ère catégorie. Les solutions de conservation d’organes sont des produits thérapeutiques annexes (PTA). Ils -7- sont définis par l’article L1261-1 du Code de la Santé Publique (CSP) : « On entend par produit thérapeutique annexe tout produit, à l’exception des dispositifs médicaux mentionnés à l’article L5211-1, entrant en contact avec des organes, tissus, cellules ou produits issus du corps humain ou d’origine animale au cours de leur conservation, de leur préparation, de leur transformation, de leur conditionnement ou de leur transport avant leur utilisation thérapeutique chez l’homme, ainsi que tout produit entrant en contact avec des embryons dans le cadre d’une activité d’assistance médicale à la procréation ». Les PTA peuvent être classés dans différents groupes : - les PTA en contact avec les organes : ce sont les solutions de conservation d’organes. - les PTA en contact avec les tissus : ce sont les solutions utilisées au cours du prélèvement, du transport, de la cryopréservation ou de la transformation des tissus avant la greffe. Exemple : produit de conservation de cornées (INOSOL®, EXOSOL®), DMSO (cryoprotecteur utilisé dans la congélation d’artères). - les PTA en contact avec les cellules : Exemple : milieux de culture cellulaire, DMSO utilisé dans la congélation des cellules. - les PTA en contact avec les gamètes et les embryons : Exemple : milieu de séparation des spermatozoïdes, milieu de maturation des ovocytes. Les PTA entrent dans le champ compétence de l’Agence française Sécurité Sanitaire des Produits Santé (AFSSaPS) depuis la loi de de de de Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes renforcement de la sécurité sanitaire n° 98-535 du 1er juillet 1998 (30). L’article L1261-2 du CSP précise que « tout produit thérapeutique annexe fait l’objet, préalablement à sa mise sur le marché, d’une autorisation délivrée par l’AFSSaPS ». Le décret n°2004-829 du 19 août 2004 (13) fixe les conditions d’autorisation de mise sur le marché des PTA. L’avis est donné en accord avec le directeur de l’agence de biomédecine (AGM, ex établissement français des greffes EFG), pour une durée de cinq ans. De plus, le fabricant, l’importateur ou le distributeur doivent assurer la traçabilité de ces produits depuis la fabrication jusqu’à leur cession. C’est l’arrêté du 19 août 2004 (2) qui précise le contenu du dossier prévu à l’article R1261-2 du CSP accompagnant la demande d’AMM des PTA. Les fabricants avaient 6 mois après la parution de cet arrêté pour se mettre en conformité. L’AFSSaPS a depuis mis en ligne sur son site Internet la liste des PTA (27) ayant une autorisation de mise sur le marché (cf. tableau 4). L’évaluation des dossiers s’est faite en fonction des bonnes pratiques de préparation, de l’innocuité du produit ainsi que de son efficacité démontrée in vitro. Enfin, l’article L1261-3 du CSP ajoute que « la préparation, la transformation, le conditionnement, la conservation ou la distribution des produits thérapeutiques annexes doivent être réalisés en conformité avec des règles de bonne pratique » dont les principes ont été définis par l’arrêté du 19 août 2004 (1). Ces bonnes pratiques concernent la maîtrise de la qualité, les différentes étapes de préparation incluant une traçabilité, la conservation et la distribution des PTA, ainsi que leur vigilance, décrite dans le décret n°2007-1110 du 17 juillet 2007 relatif à la biovigilance (15). Tout incident grave survenu lors de l’utilisation d’un PTA doit être déclaré sans délai à l’AFSSaPS. Ainsi, la loi du 1er juillet 1998 a permis de donner un statut à tous les produits ayant un usage thérapeutique et qui n’étaient ni des Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 médicaments ni des dispositifs médicaux : les produits thérapeutiques annexes. Ils ont une réglementation proche de celle des médicaments tout en ayant leur identité propre : ils sont sous la responsabilité de l’AFSSaPS, nécessitent une autorisation de mise sur le marché et répondent à des bonnes pratiques de fabrication. Les fabricants ont l’obligation de tracer les différentes étapes de leur conception jusqu’à leur cession. En revanche, ils ne nécessitent pas de traçabilité jusqu’à leur utilisation au malade. Enfin, ils ont une vigilance qui leur est propre : la biovigilance. 3. Epidémiologie de la greffe d’organes (41) En bref Les transplantations d’organes sont en hausse (+ 38 % depuis 2000) avec une augmentation de 5,1 % des prélèvements entre 2005 et 2006. Cependant, la pénurie de greffons demeure. L’âge des malades prélevés augmente (âge moyen de 49,7 ans en 2006). En 2006, l’activité de prélèvement et de greffe d’organes est en hausse : 1441 prélèvements ont été réalisés en 2006, ce qui représente 23 prélèvements par million d’habitants et une augmentation de 5,1 % par rapport à 2005. L’âge des malades prélevés ne cesse de croître avec une augmentation de la part des plus de 50 ans, voire de plus de 65 ans (en 2006, les plus de 60 ans représentent 28 % des donneurs prélevés). L’âge moyen des donneurs était de 49,7 ans en 2006. Parallèlement, 4426 greffes ont été réalisées en 2006, avec 188 greffes supplémentaires par rapport à 2005, soit une augmentation de 4 %. L’activité de greffe a augmenté de 38 % depuis l’année 2000. Cependant, la pénurie de greffons persiste puisqu’il restait en 2006 environ 12 400 personnes ayant besoin d’une greffe (tableau 1). 231 malades sont décédés alors qu’ils étaient en attente d’une greffe et le nombre de malades sur liste -8- d’attente est toujours plus élevé (augmentation de 4 % en 2006), tandis que l’écart reste important entre les nouveaux inscrits (5433 en 2006) par rapport au nombre de greffes réalisées (4426 en 2006). Par ailleurs, en 2006, le nombre de sujets recensés en état de mort encéphalique était de 3067 : seulement 47 % ont été prélevés. Dans 32 % des cas, le motif de non prélèvement était un refus exprimé par le défunt ou ses proches. Aussi l’un des enjeux de l’agence de biomédecine ou ABM (ex établissement français des greffes ou EFG) pour les années à venir est d’augmenter le taux de prélèvement chez les malades en état de mort encéphalique. Le grand public doit être encore plus sensibilisé par des campagnes de communication comme, par exemple, la journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe. 4. Organisation de la transplantation d’organes en France (41) En bref La loi de bioéthique du 6 août 2004 a défini le don d’organe comme étant basé sur le principe de consentement présumé. En cas de mort encéphalique, le prélèvement d’organe est donc possible. Si la personne n’a pas exprimé son refus, alors interviennent le coordinateur hospitalier des greffes et le service de régulation et d’appui (SRA) pour organiser la logistique. L’agence de biomédecine (ex établissement français des greffes ou EFG) est organisée en 7 zones interrégionales de prélèvement et de répartition des greffons (ZIPR) placées sous l’autorité de 4 SRA. Le don d’organes est basé sur le principe du consentement présumé : d’après la loi de bioéthique n°2004800 du 6 août 2004 (31), toute personne est considérée consentante au prélèvement de ses organes et tissus après sa mort si elle n’a pas manifesté de refus de son vivant en s’inscrivant sur le registre national des refus. C’est un don anonyme et gratuit. Solutions de conservation d’organes Tableau 1. Principaux chiffres relatifs à la transplantation d’organes en 2006 (41) Principaux organes greffés Nombre de malades en attente de greffe en 2006 Nombre de malades greffés en 2006 Nombre de malades décédés en attente de greffe en 2006* Cœur 708 358 71 Cœur-poumons 65 22 7 Poumons 348 182 30 Foie 1788 1037 122 Reins 9226 2731 - Pancréas 293 90 - Intestin 22 8 1 Tous organes 12450 4426 231 * en dehors des reins et du pancréas pour lesquels des traitements de suppléance existent. Les prélèvements ou greffes d’organes se font uniquement dans des établissements autorisés annuellement par l’état. Le prélèvement d’organes en vue de greffe est possible en cas de mort encéphalique (représente seulement 7 % des décès des services de réanimation médicale). Les âges limites de prélèvement des reins ou du foie sont de 80 ans, tandis qu’ils sont de 65 et 70 ans pour le cœur et les poumons respectivement. interrégionales de prélèvement et de répartition des greffons (ZIPR) placées sous l’autorité de 4 services de régulation et d’appui (SRA) (il y en avait 6 auparavant) (figure 1). Etant donné la pénurie de greffons et l’augmentation du nombre de malades sur liste d’attente, le prélèvement doit concerner le plus grand nombre d’organes possible. Les principales greffes réalisées aujourd’hui sont, à titre d’exemple : Le prélèvement multi-organe (PMO) est donc recommandé dans la mesure du possible. Lorsqu’un malade est en état de mort encéphalique, l’équipe médicale contacte le coordinateur hospitalier des greffes qui se charge alors d’accueillir la famille et de recueillir l’avis du donneur lors de son vivant, après avoir consulté le registre national des refus. Parallèlement il contacte le service de régulation et d’appui (SRA) de sa région qui va se charger de trouver les receveurs potentiels suivant la règle de répartition (malades prioritaires) puis d’organiser la logistique autour des différentes équipes chirurgicales préleveuses afin de réduire au minimum les durées de transport. - le rein chez des malades dialysés en insuffisance rénale terminale due à des néphropathies glomérulaires ou à d’autres causes (les néphropathies glomérulaires ne représentent que moins d’un tiers des causes au total) ; - le pancréas chez des malades diabétiques de type I ; - le foie chez des malades ayant une hépatite chronique au stade terminal, certains cancers du foie, une cirrhose, ou bien une atrésie biliaire chez l’enfant ; - le cœur chez des malades ayant une cardiomyopathie, un problème coronaire en stade terminal ; - les poumons chez des malades ayant une affection du parenchyme pulmonaire ou atteints de mucoviscidose. Suite au décret n°2005-420 du 4 mai 2005 (14), l’Etablissement Français des Greffes a fait place à l’agence de biomédecine. Depuis le 2 mai 2007, celle-ci est organisée en 7 zones Certains éléments du corps peuvent être donnés de son vivant. C’est le cas par exemple du rein, ou plus rarement d’une partie du foie ou du poumon. -9- La chronologie suivante : du PMO est la - exploration et préparation à l’étage abdominal ; - exploration et préparation à l’étage thoracique ; - clampage aortique entre thorax et abdomen et perfusion du liquide de conservation à 4°C in situ ; - prélèvement des organes thoraciques ; - prélèvement des organes abdominaux ; - prélèvement des tissus. Le clampage permet d’utiliser deux solutions différentes : une pour l’étage thoracique, une pour l’étage abdominal. L’ordre de prélèvement est le suivant : cœur, poumons, foie, pancréas, reins, intestin, artères. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Figure 1. Organisation territoriale de l’agence de biomédecine depuis le 2 mai 2007 (41) 5. Principes de la transplantation En bref La transplantation d’organes comprend 4 grandes étapes : - prélèvement du greffon ; - stockage et transport hypothermique de l’organe ; - réimplantation ; - reperfusion. La perfusion du greffon avec une solution réfrigérée permet de diminuer le métabolisme cellulaire et ainsi le risque de mort cellulaire. La conservation de l’organe pendant le transport peut se faire soit avec une machine à perfusion, soit par conservation statique dans une solution de conservation hypothermique d’organes. Les quatre grandes étapes (figure 2) de la transplantation d’organe sont : • le prélèvement du greffon, • le stockage et le transport hypothermique, • la réimplantation, • la reperfusion. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Le prélèvement du greffon entraîne une interruption de la vascularisation qui, à la température physiologique de 37°C, est extrêmement délétère pour l’organisme puisqu’elle est à l’origine de mort cellulaire. Pour y remédier, on va perfuser le greffon avec une solution réfrigérée, l’hypothermie permettant de diminuer le métabolisme cellulaire. rénaux mais reste encore peu utilisée en Europe. • soit par conservation statique dans une solution de conservation hypothermique d’organes. Le principe est de placer le greffon après perfusion hypothermique dans un conteneur stérile puis de rajouter la solution jusqu’à ce qu’elle recouvre complètement l’organe. La perfusion de l’organe permet : • de refroidir l’organe, • d’éliminer le sang du donneur, • d’apporter les composants nécessaires pour maintenir un métabolisme cellulaire « de base » et pour lutter contre les effets délétères dus à la privation de sang. Le conteneur est ensuite fermé aseptiquement, puis placé dans un autre conteneur bien isolé pour le transport. De la glace est placée autour du conteneur renfermant l’organe mais non à l’intérieur de ce conteneur, car elle pourrait entrer directement au contact du greffon. Elle est réalisée ex vivo ou in situ selon qu’il s’agit d’un prélèvement sur donneur vivant ou cadavérique. La conservation de l’organe pendant le transport peut se faire de deux manières : • soit par une machine à perfusion continue ou pulsative. Cette technique est très utilisée aux USA pour la conservation des greffons -10- En pratique, la utilisée à la l’organe lors du le conserver thermique. même solution sera fois pour perfuser prélèvement et pour de façon hypo- Le rinçage de l’organe avant la réimplantation est réalisé soit par la solution de conservation utilisée pour la conservation et le transport, soit par un mélange de sang du receveur Solutions de conservation d’organes et de solution physiologique, selon les habitudes du service, mais aussi selon la solution de conservation d’organe utilisée. Cette phase permet d’éliminer les métabolites toxiques et de recharger les tissus en éléments essentiels. Avant réimplantation, il est recommandé de mettre en culture les solutions de conservation d’organes afin de rechercher des microorganismes bactériens et fongiques. Un traitement antibiotique préventif adapté sera administré au receveur en cas de culture positive. Le temps compris entre la perfusion hypothermique du greffon et sa réimplantation chez le receveur est appelé durée d’ischémie froide. La pénurie de greffons amène les équipes à prélever des greffons de moins bonne qualité (donneurs limites : plus âgés, ayant une hypertension artérielle, un diabète ou une créatininémie élevée) et pour des receveurs de plus en plus éloignés du donneur, ce qui est à l’origine d’un allongement constant des durées d’ischémie froide. Plus l’ischémie est courte, meilleure et plus précoce est la reprise de fonction du greffon. Les différents maxima d’un organe à l’autre sont : - Rein : 24 heures (il est possible d’aller jusqu’à 36 heures), - Foie : 12 à 20 heures, - Pancréas : 12 à 20 heures, - Poumon : 6 à 12 heures, - Cœur : 4 heures. Prélèvement en ischémie froide Pour cela les solutions de conservation d’organes doivent être de plus en plus performantes. Des recherches doivent être menées dans ce sens. Prélèvement en ischémie chaude Donneur cadavérique Donneur vivant Préparation du donneur Prélèvement du greffon Temps d’ischémie chaude Perfusion in situ Perfusion sur table ex vivo Prélèvement du greffon Temps d’ischémie totale Conservation hypothermique et transport du greffon Temps d’ischémie froide Rinçage du greffon Réimplantation du greffon chez le receveur Reperfusion - revascularisation Figure 2. Différentes étapes du processus de transplantation (d’après 24) -11- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes 6. Impact des solutions de conservation d’organes sur des lésions d’ischémie - reperfusion En bref Lors d’une transplantation, la réfrigération est le principe de base de la conservation d’organe. Par ailleurs, le phénomène d’ischémie – reperfusion entraîne de nombreuses lésions que la solution de conservation d’organes doit tenter de limiter : - œdème cellulaire, - accumulation intracellulaire de calcium, - perte de substrats énergétiques, - acidose intracellulaire, - lésions oxydatives, - inflammation tissulaire. Les différentes lésions dues au phénomène d’ischémie-reperfusion lors de la transplantation d’organe sont résumées dans la figure 3. La solution de conservation d’organes, par ses propriétés physico-chimiques, doit intervenir contre chacun de ses mécanismes délétères afin de protéger les cellules de l’organe et ainsi permettre une bonne reprise de fonction de ce dernier après la réimplantation : • l’œdème cellulaire, • l’accumulation intracellulaire de calcium, Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 • • • • la perte en substrats gétiques, l’acidose intracellulaire, les lésions oxydatives, l’inflammation tissulaire. 6.1. Maintenir hypothermie l’organe éner- en La réfrigération est le principe de base de la conservation d’organe. Elle est obtenue en perfusant in situ l’organe par une solution réfrigérée puis en le conservant dans cette même solution mélangée à de la glace pilée. Cette technique est souvent associée à un refroidissement de l’organe en surface par du sérum physiologique et de la glace pilée avant le prélèvement. Cette hypothermie permet de diminuer l’activité enzymatique : l’organe diminue alors ses besoins énergétiques en les maintenant à un niveau suffisant pour une viabilité cellulaire minimale. Cependant l’hypothermie, en bloquant des enzymes clés du métabolisme, peut aussi entraîner des effets délétères tels que l’œdème cellulaire et l’acidose. Ce refroidissement permet d’augmenter le temps d’ischémie, mais à lui seul, il n’est pas suffisant pour diminuer le métabolisme cellulaire. Il est alors nécessaire d’ajouter -12- d’autres composants à la solution afin d’avoir une action efficace contre les phénomènes délétères de l’ischémie reperfusion. 6.2. Prévenir cellulaire l’œdème 6.2.1. Origines et répercussions L’ischémie entraîne un déficit de production d’ATP. Or le potentiel membranaire est maintenu par une enzyme ATP-dépendante : la Na+/K+ ATPase. Elle régule les concentrations de sodium et de potassium (figure 4) de part et d’autre de la membrane en transportant les ions dans le sens inverse de leur gradient électrochimique grâce à l’hydrolyse de l’ATP. Ainsi cette pompe permet un passage du sodium vers le milieu extracellulaire ainsi que d’un passage intracellulaire du potassium. L’inhibition de cette pompe entraîne une fuite passive du potassium vers le milieu extracellulaire à l’origine d’une modification du potentiel de membrane. De même, le blocage de cette pompe permet l’entrée passive du sodium, accompagné des ions chlorure, dans l’espace intracellulaire, provoquant un œdème du à l’entrée concomitante d’eau. Solutions de conservation d’organes ISCHEMIE ↓ apport en Glucose ↓ apport en O2 Déficit énergétique (ATP) Fuite K+ dans milieu extracellulaire perturbation du potentiel électrique Perturbation du glucose : glycolyse anaérobie Perturbation de l’homéostasie calcique ↓ élimination des déchets toxiques Contracture des structures contractiles et dégradation des membranes ↑ Na+ dans la cellule Oedèmes ↑ H+ dans la cellule conséquences mal évaluées, pas de pH optimal connu REPERFUSION Apport massif d’O2 Libération de médiateurs pro-inflammatoires Etat inflammatoire Production de radicaux libres Lésions tissulaires Figure 3. Physiopathologie du syndrome ischémie - reperfusion (d’après 24) [Na+] Electrolyte extracellulaire (142 mmol/L) Milieu extracellulaire K+ + Na +++ Membrane plasmique Milieu intracellulaire --Passage passif Na+ (du plus vers le moins concentré) + K ADP ATP Transport actif (du moins vers le plus concentré) [K+] Electrolyte intracellulaire (145 mmol/L) Figure 4. Pompe membranaire et homéostasie sodique et potassique (d’après 24). -13- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes 6.2.2. Principes de prévention Afin de limiter les flux transmembranaires, il convient de maintenir l’homéostasie Na+/K+ en augmentant la pression osmotique externe. Il existe des moyens biochimiques et physiques. 6.2.2.1. Moyens biochimiques - Solutions de composition type « intracellulaire » Ces solutions sont riches en potassium afin d’avoir des concentrations en potassium et sodium proches des concentrations physiologiques de la cellule ([K+] = 100-130 mM, [Na+] = 10-30 mM). Ainsi, en augmentant le potassium extracellulaire, le gradient transmembranaire du potassium est annulé. Du magnésium peut aussi être apporté dont la concentration intracellulaire est physiologiquement supérieure à la concentration extracellulaire : cette solution a pour avantage de limiter les apports trop élevés en potassium qui peuvent être toxiques. De plus, le maintien du magnésium intracellulaire permet de réduire l’influx calcique dans la cellule, les flux du calcium et du magnésium étant antagonistes. - Solutions de composition type « extracellulaire » Ces solutions sont riches en sodium, permettant ainsi de lutter contre l’œdème cellulaire en exerçant une pression osmotique qui contrecarre la pression osmotique intracellulaire physiologique. intracellulaire en molécules osmotiquement actives, soit 110-140 mmol/L. Les forces osmotiques étant équilibrées de chaque côté de la membrane, les mouvements d’eau sont neutralisés. Les plus utilisés sont le mannitol, le raffinose, le glucose et le lactobionate. Le choix de la molécule utilisée se fera en fonction de l’organe à conserver (il ne doit pas être métabolisé par ce dernier), de l’imperméabilité à la membrane et du temps de stockage (plus le temps d’ischémie est long et plus le poids moléculaire de l’imperméant doit être élevé) : par exemple, le mannitol et le glucose auront un faible pouvoir imperméant lors de la conservation hépatique puisqu’ils sont tous les deux métabolisés par les hépatocytes. En revanche, le raffinose et le lactobionate sont de bons imperméants, utilisables dans la conservation de l’ensemble des organes car ils ne sont pas métabolisés. L’ajout d’un imperméant peut jouer un rôle important pour les organes où l’œdème cellulaire est le plus probable (foie, pancréas, cœur, poumon) et d’autre part lorsque des durées de conservation longues sont envisagées. - Ajout d’un colloïde Les colloïdes sont des molécules qui exercent une pression oncotique (pression osmotique propre aux protéines). Les plus utilisés sont l’albumine, l’hydroxyéthylamidon (HEA), le polyéthylène glycol (PEG) et le dextran 40. 6.1.1.2. Moyens physiques Agir sur le sodium et le potassium n’est pas suffisant pour lutter contre les mouvements transmembranaires. Il faut ajouter à ces solutions des molécules osmotiquement actives permettant d’exercer une pression osmotique externe. - Ajout d’un imperméant Les imperméants sont des molécules de poids moléculaire élevé, ne passant pas à travers la membrane. La concentration en imperméant doit être proche de la concentration Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 L’ajout d’un colloïde dans la solution entraîne une augmentation de sa viscosité, impliquant une meilleure perfusion de l’organe mais avec une durée plus longue du fait de la diminution du débit. - Cas particulier des polyéthylène glycols En plus de leur effet protecteur vis-àvis de l’œdème, les polyéthylèneglycols ont montré dans les études expérimentales qu’ils permettaient une diminution du nombre de rejet aigu. Cet effet -14- immunoprotecteur serait dû à leur encombrement stérique important qui permettrait un immunocammouflage des molécules du CMH I et II (20). L’addition de polyéthylène glycols de haut poids moléculaire aux solutions de conservation d’organes a permis de diminuer les lésions d’ischémie-reperfusion dans le rein (22), le foie (25) et le pancréas (51). 6.3. Prévenir calcique la surcharge 6.3.1. Origines et répercussions Le déficit énergétique dû à l’ischémie est à l’origine d’un trouble de l’homéostasie calcique (figure 5). En effet, la pompe Ca2+-ATPase de la membrane plasmique maintient la concentration cytosolique en ions calcium à une valeur très faible en participant à la sortie active du calcium de la cellule. Elle est aussi présente sur la membrane du réticulum sarcoplasmique des cellules lisses, participant au stockage du calcium dans cet organite. Le déficit en ATP consécutif à l’ischémie est donc à l’origine d’une augmentation du calcium intracytoplasmique par diminution de son passage dans le milieu extracellulaire et de son stockage dans le réticulum sarcoplasmique. De même, l’échangeur Na+/Ca2+ localisé sur la membrane plasmique participe à la sortie du calcium de la cellule en échangeant un ion sodium contre un ion calcium. Or son activité est perturbée par l’augmentation intracellulaire de la concentration de sodium consécutive au ralentissement de la pompe Na+/K+-ATPase provoquée par le déficit énergétique. L’échangeur fonctionne alors à l’envers, c’est-à-dire dans le sens « sortie de Na+ et entrée de Ca2+ ». Enfin, on observe une augmentation de l’entrée des ions Ca2+ dans la cellule par les canaux voltagedépendants consécutivement à la modification du potentiel de membrane engendré par la perturbation de la pompe Na+/K+-ATPase. La conséquence est une accumulation du calcium dans le cytosol depuis le milieu extracellulaire et les sites intracellulaires. Solutions de conservation d’organes Or le calcium joue un rôle prépondérant dans l’activation d’enzymes catabolisantes, telles que les phospholipases et les protéases, pouvant être à l’origine de lésions membranaires empêchant une bonne reprise de fonction du greffon au moment de la reperfusion. De plus, l’augmentation du calcium entraîne une production accrue de radicaux libres s’attaquant aux structures membranaires. Enfin, dans le cas du cœur, cette augmentation de la concentration intracellulaire du calcium est à l’origine d’une contraction de la myofibrille gênant la reperfusion. 6.3.2. Principes de prévention Afin de limiter l’influx calcique, des solutions pauvres en Ca2+ et riches en Na+ peuvent être utilisées pour limiter l’entrée de Ca2+ dans la cellule par l’intermédiaire de l’échangeur Na+/Ca2+. De même, une teneur minimale en K+ sera maintenue afin de limiter le passage du Ca2+ par les canaux voltage-dépendants du fait de la dépolarisation de la membrane. Une deuxième possibilité est de maintenir un apport énergétique pour maintenir l’homéostasie calcique. En apportant des acides aminés, une production anaérobie d’ATP est possible par la voie de la transamination des acides aminés. 6.4. Prévenir la perte énergétique 6.4.1. Origines et répercussions L’ischémie provoque une diminution de la production de l’ATP par la voie de la phosphorylation oxydative au niveau des mitochondries. Des voies de substitution se mettent alors en place, telles que la glycolyse et la glycogénolyse, à l’origine d’une production d’ATP en quantité beaucoup plus faible (2 molécules d’ATP au lieu de 36). De plus, ces voies de synthèse sont à l’origine de produits métabolites tels que l’acide lactique ou d’ions H+ responsables d’une acidification de la cellule entraînant une inhibition des enzymes de la glycolyse. Ces solutions sont donc insuffisantes pour maintenir un niveau énergétique de base à la cellule. 6.4.2. Principes de prévention Un apport de certains acides aminés, tels que le glutamate, l’aspartate, le succinate ou le malate, permet d’activer la voie de la transamination des acides aminés, à l’origine de la production d’ATP en milieu anaérobie. On peut également rajouter à la solution de conservation d’organes de l’adénosine. Elle joue alors le rôle de précurseur de production d’ATP au moment de la reperfusion. [Ca2+] Electrolyte extracellulaire (2,5 mmol) Ca2+ Na+ Na+ Ca2+ Milieu extracellulaire Milieu plasmatique Milieu intracelullaire ATP Ca2+ Passage passif Ca2+ Na+ Echangeur Na+/Ca2+ antiport ADP K+ Na+/K+ ATP-ase ATP Ca2+ Canaux lents Ca2+ voltage dépendant Ca2+ ATP-ase ADP Cytosol Membrane du réticulum (sarcoplasmique) Vésicule Ca2+ Ca2+ ATP-ase Figure 5. Pompes membranaires et homéostasie calcique (d’après 24) -15- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes 6.5. Prévenir l’acidose intracellulaire 6.7. Prévenir les phénomènes inflammatoires 6.5.1. Origines et répercussions 6.7.1. Origines et répercussions L’activation de la glycolyse et de la glycogénolyse anaérobie, du fait du déficit énergétique engendré par l’ischémie, est à l’origine d’une production accrue d’acide glutamique et d’ions H+. Il en résulte une acidification du milieu intracellulaire pouvant léser les cellules. 6.5.2. Principes de prévention Afin de maintenir le pH à des valeurs physiologiques, on ajoute dans la solution des substances tampons, telles que des bicarbonates, du tampon TRIS, de l’histidine et du tryptophane. Cependant, il a été démontré qu’un retour trop rapide à un pH physiologique lors de la reperfusion est délétère pour l’organe (12). C’est ce que l’on appelle le «paradoxe du pH». Il est donc difficile de définir un pH idéal pour les solutions de conservation d’organes. 6.6. Prévenir oxydatives les lésions 6.6.1. Origines et répercussions L’apport massif d’oxygène lors de la reperfusion est à l’origine d’une production importante de radicaux libres (ions superoxydes et hydroxyles) dépassant les systèmes enzymatiques physiologiques neutralisant ces substances délétères. Il y a alors destruction des phospholipides membranaires ainsi qu’une altération des mitochondries. Ces lésions sont à l’origine d’une production de médiateurs de l’inflammation. 6.6.2. Principes de prévention Pour lutter contre la production de radicaux libres lors de la reperfusion de l’organe, on ajoute à la solution de conservation des antioxydants tels que l’allopurinol, le glutathion ou le mannitol. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 La production de radicaux libres lors de l’étape de reperfusion est à l’origine de la production de nombreux médiateurs inflammatoires tels que les leucotriènes, le thromboxane A2, puis les cytokines qui vont entraîner la vasoconstriction du greffon, gênant le flux sanguin et pouvant parfois aboutir à un phénomène de « non-reflux ». Cet état inflammatoire peut aussi être à l’origine de l’augmentation de l’immunogénicité du greffon pouvant aller jusqu’à un rejet aigu post-greffe. 6.7.2. Principes de prévention On peut dans un premier temps limiter la production de radicaux libres, comme vu précédemment. On administre également une thérapie immunosuppressive au receveur. 7. Présentation des solutions de conservation d’organes présentes sur le marché français En bref La première solution de conservation d’organe, EUROCOLLINS®, fut développée en 1969. En 1988, apparaît le VIASPAN® ou solution de Belzer, spécifique pour le foie et le pancréas. CUSTODIOL®, ou solution de Breitschneider est une solution de cardiopléglie, son utilisation s’est étendue aux organes intra-abdominaux et aux greffons pulmonaires. CELSIOR®, solution de cardioplégie et de protection myocardique, est la 1ère solution extracellulaire à faible teneur en potassium. Il y a également l’IGL-1® et la solution SCOT®, contenant un PEG. La dernière solution commercialisée et PERFADEX®, contenant un dextran comme agent osmotique. En 1969, Collins développe l’EUROCOLLINS® (EC) pour la conservation des greffons rénaux. Sa composition s’avère perfectible dans la conservation hépatique et pancréatique, ce qui amène Belzer à -16- concevoir une solution spécifique pour le foie et le pancréas qui ne contient pas de glucose comme agent imperméant mais du lactobionate. C’est donc en 1988 qu’il crée le VIASPAN®, encore appelé solution de Belzer ou solution UW pour Université du Wisconsin. L’UW devient rapidement le gold standard puisqu’il démontre une supériorité à l’EC dans la conservation rénale, hépatique et pancréatique. En 1987 est commercialisée une solution de cardioplégie, utilisée en chirurgie cardiaque pour arrêter le cœur. Cette solution ayant une faible teneur en potassium est alors également utilisée dans la conservation cardiaque : c’est le CUSTODIOL®, aussi appelé solution de Breitschneider ou solution HTK pour Histidine – Tryptophane - Ketoglutarate. Son utilisation sera ensuite étendue à la conservation de l’ensemble des organes intra-abdominaux et à la conservation des greffons pulmonaires. Vient ensuite sur le marché le CELSIOR® (CS) : c’est à l’origine une solution de cardioplégie et de protection myocardique qui est un mélange des concepts de l’UW (apport d’un agent imperméant avec le lactobionate et d’un antioxydant avec le GSH) et de l’HTK (utilisation d’un tampon puissant avec l’apport de l’histidine). De plus c’est la première solution extracellulaire mise sur le marché, ce qui permet une faible teneur en potassium. Son utilisation, tout comme le CUSTODIOL® a également été étendue aux organes intra-abdominaux mais aussi à la conservation des greffons pulmonaires. Dans la fin des années 90, des études expérimentales montrent que les solutions riches en potassium présentent des inconvénients et qu’il y a un gain d’efficacité en inversant les concentrations de sodium et de potassium (5, 40). C’est également à cette période qu’il a été démontré un gain d’efficacité en remplaçant l’hydroxyéthylamidon (HEA) par des polyéthylènes glycols (cf. page 12). Sont alors commercialisées deux nouvelles solutions : - l’IGL-1® qui est une solution UW pour laquelle on a inversé les concentrations de sodium et de Solutions de conservation d’organes potassium et remplacé l’HEA par un PEG. On la retrouve d’ailleurs sous le nom de Na/K PEG UW dans de nombreuses publications, ® - la solution SCOT (Solution de Conservation d’Organes et de Tissus) qui est une solution de type extracellulaire contenant un PEG comme agent oncotique. - Enfin, la dernière solution commercialisée, le PERFADEX®, aussi appelé LPD pour Low Potassium Dextran comme son nom l’indique, c’est une solution à faible teneur potassique qui contient un dextran comme agent oncotique. Cette solution est actuellement utilisée dans la conservation des greffons pulmonaires, domaine où « gold un refroidissement rapide et à une perfusion homogène des greffons. Propriétés physico-chimiques requises pour une solution de conservation d’organes : Or la solution de conservation doit être suffisamment visqueuse pour permettre une répartition uniforme de cette dernière au sein de l’organe, permettant ainsi un bon rinçage, sans pour autant ralentir la vitesse d’écoulement lors de la perfusion du greffon avant la réimplantation. elle est devenue standard ». • le Osmolarité et osmolalité La 6ème édition de la pharmacopée européenne (37) recommande que les solutions de conservation d’organes aient une osmolalité comprise entre 250 et 380 mosmol/kg, c’est à dire qu’elles soient proches de l’osmolarité sanguine. • Il est à noter que les solutions contenant des agents oncotiques ont une viscosité plus élevée. Il n’y a donc pas de valeur de viscosité idéale pour une solution de conservation d’organes. C’est une valeur qui n’est pas souvent communiquée par les fabricants. Viscosité Certains fabricants revendiquent une viscosité plus faible de leur solution, ayant pour avantage un débit de perfusion élevé, contribuant ainsi à Tableau 2. Composition ionique des solutions de conservation d’organes (44, 52) PTA Laboratoire Distributeur français Type Na+ K+ Ca2+ Mg2+ 0,25 Cl- Sulfate 41,5 1,2 CELSIOR® (CS) Genzyme Sa extracellulaire 100 15 SCOT 30 REINS® Macopharma extracellulaire 143 6 1,23 1,18 131 13 IGL-1® Institut Georges Lopez Cair extracellulaire 120 25 5 PERFADEX® (LPD) Vitrolife Addmedica extracellulaire 138 6 0,8 142 0,8 CUSTODIOL® solution HTK solution de Breitschneider Dr F Köhler Chemie GmbH Opi intracellulaire 15 10 4 50 4 Fresenius hemocare intracellulaire 10 115 intracellulaire 29 125 EUROCOLLINS® (EC) VIASPAN® solution de Belzer solution UW Barr laboratories Bristol Myers Squibb -17- 0,015 5 15 5 5 Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 3. Composition et propriétés physico-chimiques des solutions de conservation d’organes (44, 52) Solutions Agent Imperméant oncotique (mmol/L) (g/L) Antioxydant (mmol/L) CELSIOR® Mannitol : 60 Lactobionate : Néant 80 Glutathion réduit : Glutamate : 20 Histidine : 30 7,3 à 20°C 3 SCOT 30 REINS® Glucose : 11 Métabolites (mmol/L) PEG 20000 : Néant 30 Néant Allopurinol : 1 Raffinose : 30 PEG 35000 : Glutathion réduit : Adénosine : 5 Lactobionate : 1 3 100 IGL-1® ® PERFADEX Glucose : 5 CUSTODIOL® solution HTK Mannitol : 30 solution de Breitschneider Dextran 40 : Néant 50 Néant EUROCOLLINS® Glucose : 194 Néant VIASPAN® solution de Belzer solution UW Lactobionate : HEA : 50 105 Raffinose : 30 Néant Tampon (mmol/L) Osmolarité (mOsm/kg) pH 320 Bicarbonate : 7,4 ± 0,2 à 320 T°C ambiante 25 Phosphate : 25 7,4 à T°C ambiante 290 Phosphate : 0,8 5,5 (stockage) 7,4 (utilisation) 295 Néant Histidine : Cétoglutarate : 198 7,02 à 7,2 Tryptophane : 1 2 310 Néant Bicarbonate : 10 Phosphate : 7,25 à 4°C 42,5 Diphosphate : 15 375 Néant Allopurinol : 1 Glutathion réduit : Adénosine : 5 3 Phosphate : 25 7,4 à T°C ambiante 320 Tableau 4. Indications, présentations et conservation des solutions de conservation d’organes (44, 52) Solutions Présentations Solution prête à l’emploi CELSIOR Kit de 4 poches de 1000 mL SCOT 30 REINS® Poche 1500 mL (perfusion in situ) Flacons à ouverture sécurisée de 500 oui ou 1000 mL (remplissage des récipients de conservation) ® oui Particularités Néant Néant AMM AFSSaPS Indications Conservation 18/06/2007 Rinçage et conservation hypothermique de reins, foie, cœur, pancréas, poumon. 24 mois entre 2 et 8°C à l’abri de la lumière Rinçage et conservation hypothermique pour greffons rénaux 15 à 25°C refroidissement 24 h avant utilisation. Elle peut être stockée directement entre 3 et 5°C. 11/04/2007 (suite page suivante) Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -18- Solutions de conservation d’organes Tableau 4. Indications, présentations et conservation des solutions de conservation d’organes (44, 52) (suite et fin) Solutions ® IGL-1 Solution Présentations prête à l’emploi Particularités poche 2000 mL poche 1000 mL oui Rinçage recommandé avec une solution physiologique avant 11/04/2007 reperfusion afin d’éviter des complications cardiovasculaires éventuelles non poche de 2,8 L poche de 1 L PERFADEX® CUSTODIOL® solution HTK solution de Breitschneider ® EUROCOLLINS Indications Conservation Rinçage et conservation hypothermique des organes abdominaux (reins, foie et pancréas) 12 mois entre 2 et 8°C - Ajout d’un tampon pour ajuster le pH. Tampon recommandé : THAM/TRIS, 06/08/2007 1 mmol/L de ® PERFADEX - Supplémentation extemporanée en calcium à raison de 0,03 mmol/L. Rinçage et conservation hypothermique de poumons isolés T° inférieure à 25°C. Après ajout du tampon TRIS : conservation 24 h entre 2 et 8°C. Si utilisation d’un tampon bicarbonate : utilisation extemporanée Conservation hypothermique et transport de greffons (cœur, rein, foie, pancréas, poumon, conservation multiorganes) 12 mois entre 2 et 8°C A l’abri de la lumière Solution retirée du marché Perfusion à froid, conservation et transport des greffons. Rein, poumon, foie. T° inférieure à 25°C 17/03/2008 Rinçage et conservation hypothermique des Entre 2 et 8°C organes abdominaux (reins, foie, pancréas) flacons de 100, 500 et 1000 mL poches de 2000 et 5000 mL oui Sans rinçage, sans filtration avant En attente utilisation set avec poche de 2000 mL et nécessaire (flacon de 40mL + tubulure + seringues + aiguilles) poches de 1000 et 3000 mL Poche contenant le glucose à reconstituer extemporaném ent avec un flacon contenant les électrolytes Rinçage nécessaire avant reperfusion : présence de potassium poche PVC de 1000 mL Ajouts : 16 mg de dexaméthasone; 40 UI d’insuline et 200 000 UI de pénicilline G (± glutathion réduit) et filtration (filtre à transfusion) Rinçage nécessaire avec solution physiologique (Ringer lactate) avant reperfusion : présence de potassium. ® VIASPAN solution de Belzer solution UW AMM AFSSaPS -19- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 5. Posologies des solutions de conservation d’organes (52) Solutions Modalités d’utilisation Cœur CELSIOR® Adulte Enfant Poumons Foie Rein Pancréas Multi-organes Rinçage 1-2 L 30 mL/kg 1-2 L 6-8 L 4-5 L 4L Selon les organes concernés Préservation hypothermique : l’organe prélevé doit être complètement immergé dans la solution CELSIOR®. SCOT 30 ® REINS 3 litres en moyenne sont nécessaires pour la perfusion in situ à l’étage abdominal d’un individu de corpulence moyenne. Rinçage aortique in situ : Perfusion ex vivo : - foie : IGL-1® - rein/pancréas : Adultes : 2 à 4 L Enfants : 50 mL/kg Adultes : 1200 mL Enfants : 50 mL/kg Adultes : 300 à 500 mL Enfants : 150 à 250 mL De la solution sera rajoutée dans le récipient de stockage afin que l’organe soit complètement immergé. PERFADEX® - perfusion : brancher les deux poches de PERFADEX® avec le « silicon tubing set », jeu de tubulures en Y. Suspendre les poches à 30 cm de hauteur pour avoir une pression correcte permettant de rincer le poumon jusqu’à ce que l’effluent soit clair (nécessite environ 50 à 75 ml/kg soit de 3 à 8 litres de PERFADEX®). - immerger le poumon dans un conteneur stérile préalablement rempli de solution PERFADEX® refroidi et compléter le niveau pour recouvrir complètement l’organe. CUSTODIOL® solution HTK Eurocollins® Coeur : 1 mL/min/g de poids estimé du cœur. Solution administrée pendant 6 à 8 minutes. Rein : 1,5 mL/min/g de poids estimé du rein Foie ou pancréas : 300 mL/kg de poids corporel. Perfusion de 10 minutes à l’aide d’une canule de perfusion de 5 mm de calibre interne. Ceci équivaut à 8 à 12 litres de solution pour un malade de 70 à 80 kg. Poumon : nécessité d’ajouter des prostaglandines. Pas de volume défini, à la convenance du centre. Protection multi-organe : pas de volume défini, durée de perfusion entre 6 et 8 minutes. ARRET DE COMMERCIALISATION DE CETTE SOLUTION Irrigation aortique in situ : VIASPAN® solution de Belzer solution UW Adultes : 2-4 L Nourrissons : 50 mL/kg Perfusion ex vivo : Foie (par l’intermédiaire de la veine porte et du réseau biliaire) Pancréas ou rein : Adultes : 1200 mL Nourrissons : 50 mL/kg Adultes : 300-500 mL Nourrissons : 150-250 mL De la solution sera ajoutée dans le conteneur autour de l’organe Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -20- Solutions de conservation d’organes 8. Etudes cliniques évaluant les solutions de conservation d’organes 8.1. Caractéristiques études Pour toutes ces raisons l’AFSSaPS a décidé d’attribuer ses autorisations de mise sur le marché en se basant sur des arguments précliniques pertinents. des La méthodologie idéale pour conclure à la supériorité ou à l’infériorité d’une solution de conservation par rapport à une autre serait de réaliser des études cliniques prospectives, randomisées, comparatives versus le standard actuel qu’est la solution UW, puisque c’est actuellement la seule à avoir démontré sa supériorité versus l’EC dans des études prospectives et randomisées. Cependant il existe, lors d’une greffe d’organes, de nombreux facteurs qui peuvent venir influencer le bon déroulement de la reprise de fonction de l’organe et cela, indépendamment de la qualité de la solution de conservation d’organes : les circonstances de décès du donneur, l’état de ce dernier, son âge lors du prélèvement, le protocole immunosuppresseur administré au receveur, l’état de ce dernier lors de la réimplantation mais aussi l’intervention de différentes équipes chirurgicales qui ont des méthodes de travail propres à chacune d’entre elles. Ces facteurs constituent des biais. Ils imposent une stratification et une inclusion d’un grand nombre de malades pour pouvoir observer des différences statistiquement significatives. Or ces études sont difficilement réalisables dans le contexte des greffes d’organes, c’est pour cela que de nombreuses études retrouvées dans la littérature sont rétrospectives, comparant l’utilisation d’une nouvelle solution de conservation d’organes aux résultats obtenus lors de l’utilisation d’une autre solution dans les années précédant l’étude. Différents modèles expérimentaux sont décrits dans la littérature. Il est opportun de réaliser ces études chez un animal assez proche de l’homme, par exemple le porc. Des études sont aussi réalisées chez la souris car elles ont l’avantage d’être rapides et peu coûteuses, mais les résultats obtenus devront obligatoirement être confirmées chez le gros animal. Trois types de modèles peuvent être utilisés, chacun donnant des informations différentes : • Les modèles d’allo-transplantation qui ont l’avantage d’être les plus proches de ce que l’on observe chez l’homme mais qui introduisent un biais lié aux protocoles d’immunosuppression ; • Les modèles d’autotransplantation qui sont très utiles pour étudier la qualité de conservation des solutions de conservation d’organes puisqu’ils ne font intervenir que des propriétés non immunologiques ; • L’organe isolé perfusé qui permet une étude ex-vivo mais qui ne prend pas en compte la réponse du donneur lors de la réimplantation. Si une solution est aussi efficace voire supérieure à la solution de référence dans un modèle animal, son utilisation pourra être envisagée chez l’homme dans des études cliniques de non-infériorité, permettant ainsi de valider son utilisation dans un organe donné. En partant du principe que les études expérimentales ont déjà été validées par l’AFSSaPS lors de -21- l’évaluation des solutions de conservation d’organes en vue de leur autorisation de mise sur le marché, la suite de cet article consiste à faire la revue des études comparatives de l’utilisation clinique de ces solutions, pour chaque organe. Etant donné qu’il existe un grand nombre d’études publiées, notre choix a été de sélectionner les publications comportant le plus grand nombre d’inclusions, de préférence randomisées, prospectives, multicentriques, et récentes. Le critère principal d’évaluation pour l’ensemble de ces études était la prévention des lésions d’ischémiereperfusion en évaluant la reprise de fonction de l’organe transplanté. 8.2. Etudes sur les solutions de conservation d’organes 8.2.1. En transplantation rénale Cf. Tableaux 6 à 10 8.2.2. En transplantation hépatique Cf. Tableaux 11 à 14 8.2.3. En transplantation pancréatique Cf. Tableaux 15 à 16 8.2.4. En transplantation pulmonaire Cf. Tableaux 17 à 19 Lors d’une transplantation pulmonaire, on injecte systématiquement de la prostacycline (PGI2) avant la perfusion de l’organe avec la solution de conservation. Son effet vasodilatateur est utilisé pour limiter le vasospasme provoqué par l’hypothermie et le potassium (29). 8.2.5. En transplantation cardiaque Cf. Tableaux 20 à 21 Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 6. Transplantation rénale : étude randomisée comparant l’efficacité de VIASPAN® (UW) versus EUROCOLLINS® (EC) Effect of preservation solution on results of cadaveric kidney transplantation - 1992 (38) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Comparer les effets de UW à ceux de EC sur le retard de reprise de fonction du greffon, la reprise de la fonction rénale et la survie du malade et du greffon. Inclusion : Donneurs : - cadavériques ; - âgés de 1 à 70 ans. DGF* : 23 % pour UW contre 33 % pour EC (p = 0,003) Type d’étude : Etude randomisée, multicentrique (44 centres européens appartenant au système euro transplant), ouverte (solutions de couleurs et de propriétés physiques totalement différentes) Schéma de l’étude : D’août 1988 à août 1989 : 695 greffons : - 352 conservés dans du VIASPAN® ; 343 conservés dans de l’EUROCOLLINS®. Durée d’ischémie moyenne : 25 heures. froide Receveurs : - âgés de 6 mois à 70 ans ; - hommes ou femmes non enceintes ; - Receveur exclusivement d’une greffe rénale (pas de foie ni de pancréas). Exclusion (pour les donneurs) : - Donneurs simultanés de foie et/ou de pancréas ; - Hypertension, diabète, problèmes rénaux ; - Créatinine supérieure à 2 fois la normale supérieure avant le prélèvement ; - Sepsis intra-abdominal. Evaluation : - DGF* - Fonction rénale : présence ou absence immédiate de la diurèse, dosage de la créatinine chaque jour pendant 14 jours et urines des 24 h chaque jour pendant 7 jours puis au 10ème et au 14ème jour, clairance de la créatinine au 3ème et 7ème jour après la transplantation. - Survie du greffon et du malade à 3 mois et 1 an. Fonction rénale : Pas de diurèse pendant l’opération : 28 % pour UW et 38 % pour EC (p = 0,02). - Corrélation entre absence de diurèse pendant l’opération et DGF* (p = 0,001). Concentration de créatinine diminue plus rapidement dans groupe UW. - Production urine des 24h est supérieure pour UW (NS). - Clairance de créatinine supérieure pour UW mais peu de centres calculent tous les jours ce paramètre. Survie du malade : - Survie à 3 mois : 98 % pour UW 96 % pour EC (log rank, p = 0,06). 20 DC après 3 mois : 6 pour UW et 14 pour EC (NS). - Survie à 1 an : 95 % pour UW et 94 % pour EC log rank, (p = 0,53). Survie du greffon : - Survie à 3 mois 92 % pour UW et 88 % pour EC (log rank, p = 0,09) - Survie à 1 an : 88 % pour UW et 82 % pour EC (log rank, p = 0,04) Conclusion des auteurs La DGF* est 10 % moins importante pour UW. Moins de DGF* signifie une amélioration de l’état du greffon et donc une augmentation de la survie. UW est donc supérieure à EC dans la reprise de fonction après greffe rénale. Conclusion du CNHIM Il s’agit d’une étude randomisée, multicentrique qui a permis de démontrer la supériorité de l’UW par rapport à l’EC dans la greffe rénale (moins de DGF* pour UW, amélioration de la survie du greffon à un an) et qui a contribué à faire de l’UW le standard des solutions de conservation d’organes abdominaux. Il faut quand même noter qu’il n’y a pas de gain en terme de survie du malade, que ce soit à 3 mois ou à un an. Cependant, les résultats de la transplantation rénale s’évaluent peu en termes de survie du malade car si le greffon ne fonctionne pas, le patient est remis en dialyse. * DGF (Delayed Graft Function) : retard à la reprise de la fonction rénale nécessitant une dialyse à deux reprises ou plus dans la première semaine suivant la transplantation Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -22- Solutions de conservation d’organes Tableau 7. Transplantation rénale (suite) : étude randomisée prospective évaluant l’efficacité de CUSTODIOL® (HTK) versus VIASPAN® (UW) versus EUROCOLLINS® (EC) Eurotransplant randomized multicenter kidney graft preservation study comparing HTK with UW and EuroCollins - 1999 (16) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Evaluer l’efficacité de l’HTK comparé à EC et UW sur la fonction initiale du greffon et sur sa survie à long terme Inclusion : Donneurs cadavériques à cœur battant ; Donneurs de rein seul ou donneurs de rein + cœur. INF* dans 33 % des cas pour HTK et UW (p=NS) INF* dans 29 % des cas pour HTK et 43 % pour EC (p = 0,001) Type d’étude : 2 études prospectives, randomisées, multicentriques : UW/HTK et EC/HTK Receveurs : uniquement pour le rein. Schéma de l’étude : De juillet 1990 à septembre 1992 : Evaluation : - INF*, - Survie à 3 ans du greffon. Survie du greffon à 3 ans de 73 % pour HTK et de 68 % POUR UW (p = NS) Survie du greffon à 3 ans de 70 % pour HTK et de 67 % POUR EC (p = NS) Etude HTK/UW : 342 donneurs et 611 transplantations : UW : 168 donneurs et 297 transplantations ; HTK : 174 donneurs et 314 transplantations ; Etude EC/HTK : 317 donneurs et 569 transplantations : EC : 155 donneurs et 277 transplantations ; HTK : 162 donneurs et 292 transplantations. Utilisation de 5 à 6 L pour HTK ; 1 à 2 L pour UW ; 4 L pour EC. Durée d’ischémie froide moyenne : entre 18 et 35 h. Conclusion des auteurs UW est équivalent à HTK tandis que HTK est supérieur à EC en termes d’incidence d’INF. En revanche, il n’y a pas de différence significative en terme de survie à trois ans dans les 2 études. Conclusion du CNHIM Il s’agit d’une étude prospective, randomisée, multicentrique. La non-infériorité de HTK vs UW permet de valider l’utilisation d’HTK dans la greffe rénale. * INF (Initial Non Function): non reprise initiale de la fonction rénale, nécessitant deux séances de dialyse minimum lors de la première semaine suivant la transplantation -23- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 8. Transplantation rénale (suite) : étude randomisée comparant l’efficacité de CELSIOR® (CS) versus VIASPAN® (UW) Kidney preservation with University of Wisconsin and Celsior solution : a prospective multicenter randomized study - 2001 (21) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Prouver l’effet du CS, comparé à UW, dans la reprise de fonction immédiate et la survie à 2 ans des reins transplantés. Inclusion : - 1ère transplantation, - donneurs et receveurs > 15 ans, - perfusion aortique : 60 mL/kg pour CS et 30 mL/kg pour UW. DGF* : 31,3 % CS 33,9 % UW ; p = NS Type d’étude : étude multicentrique, randomisée, prospective. Schéma de l’étude : données collectées en septembre 2000 : 100 donneurs, 187 trans-plants rénaux : 99 conservés dans du CS, 88 conservés dans de l’ UW. Durée d’ischémie moyenne : 16,5 h Evaluation : - DGF*, - Urines des 24 h, - Créatinine à 1, 3, 5, 15 jours, - Taux de dialyse après transplantation. froide Créatinine moyenne et excrétion urinaire comparables Survie du greffon à 2 ans 84 % CS et 75 % UW (p = NS) Taux de dialyse après transplantation : 1,9 % pour UW et 1,0 % pour CS (p = NS) Analyse de sous groupes (durée d’ischémie froide > 17 h) : pas de différence non plus pour l’ensemble des critères. Conclusion des auteurs Le CS est équivalent au UW. Conclusion du CNHIM Le temps d’ischémie est court (environ 16,5 h) ; cette étude permet de valider l’utilisation du CELSIOR® dans la greffe rénale. * DGF (Delayed Graft Function) : retard à la reprise de la fonction rénale nécessitant une dialyse à deux reprises ou plus dans la première semaine suivant la transplantation Tableau 9. Transplantation rénale (suite) : étude sur l’utilisation de SCOT® versus VIASPAN® (UW) versus Eurocollins® (EC) Use of the SCOT solution in kidney transplantation : Preliminary report - 2006 (6) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Analyser les premiers résultats de l’utilisation de la solution SCOT dans la transplantation rénale (comparée à EC et UW). Evaluation : - Non fonction primaire de l’organe, - DGF*, - Créatinine. Aucune non fonction primaire DGF* 10 % SCOT 14 % UW 23 % EC Type d’étude : Etude comparative. De décembre 2004 à novembre 2005 : comparaison SCOT et UW avec des malades appariés pour l’âge ; comparaison à des données historiques de l’EC. Créatinine similaire pour SCOT ET UW Aucun rejet au bout de 3 mois Schéma de l’étude : 29 transplantations : 25 donneurs cadavériques et 4 vivants ; utilisation de la solution SCOT à la fois pour un flush in situ intra-artériel de 3 L puis comme liquide de préservation de l’organe. Durée d’ischémie froide moyenne : 16 h Conclusion des auteurs Une tendance à moins de DGF* pour SCOT mais pas d’analyse statistique. On peut juste conclure à une utilisation « sûre » de SCOT en transplantation rénale. Conclusion du CNHIM Il y a un appariement des malades pour l’âge mais de nombreux autres paramètres sont des biais dans la conservation d’organes. Il s’agit d’une étude rétrospective, sans tests statistiques et peu d’inclusions. Les résultats semblent similaires en terme de DGF* pour SCOT et UW : on peut valider l’utilisation de SCOT dans la greffe rénale. * DGF (Delayed Graft Function) : retard à la reprise de la fonction rénale nécessitant une dialyse à deux reprises ou plus dans la première semaine suivant la transplantation Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -24- Solutions de conservation d’organes Tableau 10. Transplantation rénale (fin) : étude comparant l’utilisation d’IGL-1® versus VIASPAN® (UW) Kidney preservation with IGL-1 : A Preliminary Report - 2005 (4) Méthodologie Inclusion/évaluation Objectif : Valider l’utilisation de l’IGL-1 dans la greffe rénale en le comparant à l’UW. Inclusion : > 15 ans Organes pris en charge par la même équipe. Type d’étude : Etude monocentrique, comparaison à des résultats obtenus avec UW (rétrospectif). Non inclusion : transplantation foie / rein ou double transplantation rénale. Schéma de l’étude : De juin 2003 à juin 2004, 119 reins cadavériques conservés dans l’IGL-1. 37 d’entre eux ont été transplantés sur site, les autres ont été donnés à d’autres sites. Comparaison à 33 greffons conservés dans UW. Les donneurs et les receveurs avaient les mêmes caractéristiques dans les 2 groupes. Evaluation : - DGF*, - créatinine sérique, - urines des 24 h, - clairance de créatinine pendant 15 jours puis à 1, 3, 6 et 12 mois, - biopsies pour détecter une apoptose. Résultats DGF* : 5,71% IGL-1 13,79% UW Créatinine < pour IGL-1 de 2 à 14 jours post-opératoire et à 1 mois. Pas de différence significative à 3, 6 et 12 mois. p = NS pour l’urine des 24 heures Clairance créatinine IGL-1 > pour 15 jours post-opératoire. IGL-1 : moins d’apoptose (p = 0,06) Durée d’ischémie froide : 16-17 h. Conclusion des auteurs Cette étude montre que l’IGL-1 est supérieur à l’UW dans le devenir immédiat du greffon. Conclusion du CNHIM Il n’y a pas de résultats statistiques, pas de différence significative à long terme. Il s’agit d’une étude rétrospective. La durée d’ischémie froide est relativement courte : nécessité d’évaluer un temps d’ischémie plus long et de réaliser une étude multicentrique randomisée. Cette étude permet de valider l’utilisation de IGL-1 dans la préservation du greffon rénal. * DGF (Delayed Graft Function) : retard à la reprise de la fonction rénale nécessitant une dialyse à deux reprises ou plus dans la première semaine suivant la transplantation -25- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 11. Transplantation hépatique : étude rétrospective comparant VIASPAN® (UW) versus EUROCOLLINS® (EC) Extended preservation of human liver grafts with UW solution - 1989 (46) Résultats Méthodologie Inclusion/évaluation Objectif : Faire une comparaison de UW versus EC dans la greffe hépatique. Inclusion : - Parmi les 164 malades du groupe UW, il s’agissait d’une primo-transplantation pour 151 d’entre eux. - Parmi les 152 malades du groupe EC, il s’agissait d’une primo-transplantation pour 144 d’entre eux. Type d’étude : Etude rétrospective, comparative, non randomisée, monocentrique. Schéma de l’étude : D’octobre 1987 à mars 1988 : - 185 foies préservés dans UW et greffés à 164 malades (21 ont du être retransplantés). Sur ces 164 patients, 13 avaient une retransplantation suite à une 1ère transplantation avant la période de l’étude. Evaluation : - Durée d’ischémie froide, - Tests de la fonction hépatique, - Survie du receveur, - Survenue de complications majeures, - Incidence de la non fonction primaire du greffon, - Fréquence de thrombose de l’artère hépatique. - 180 foies conservés dans EC et greffés à 152 malades (28 ont du être retansplantés). Pour 144 de ces patients, c’était une primotransplantation, les autres ayant déjà été greffé avant la période de l’étude. Durée d’ischémie froide : 3 à 9,5 h pour l’ensemble du groupe EC tandis que 81 des greffons préservés dans l’UW ont été conservés plus de 9,5 h. La durée moyenne d’ischémie froide était de 5,9 h pour EC comparé aux 10,1 h pour UW (p < 0,001). Fonction du greffon : Les taux les plus élevés de l’ALAT et de l’ASAT et le temps de prothrombine n’étaient pas plus importants dans le groupe UW que dans le groupe EC pendant la première semaine suivant la greffe. Les taux sériques de la bilirubine étaient identiques dans les deux groupes les quatre premières heures. L’allongement du temps de préservation n’a eu aucun impact sur les greffons préservés dans l’UW alors que ceux conservés dans l’EC pendant plus de 5 heures ont eu des taux significativement plus élevés d’ALAT et d’ASAT ainsi qu’un plus grand allongement du temps de prothrombine. Survie du malade : Après la 1ère transplantation, les taux de survie étaient identiques dans les deux groupes : taux de survie à 3 mois : 83 % pour UW et 81 % pour EC ; taux de survie à 6 mois : 81 % pour UW et 77 % pour EC. Les malades ayant eu une retransplantation ont eu un taux de survie légèrement supérieur dans le groupe UW. Survie du greffon : - Taux de survie à 3 mois : 76 % pour UW versus 68 % pour EC ; - Taux de survie à 6 mois : 73 % pour UW versus 65 % pour EC. Besoins de retransplantation : 11,3 % de retransplantation dans le groupe UW versus 20 % dans le groupe EC (p < 0,1) Thrombose de l’artère hépatique : réduction significative du nombre de thrombose dans le groupe UW (p < 0,05) Non fonction primaire et rejet : ils ont été moins importants dans le groupe UW, mais de manière non significative. Durée d’hospitalisation : la durée d’hospitalisation était en moyenne de 37,7 jours pour UW et de 40,9 jours pour EC, tandis que la durée de séjour en soins intensifs était de 8,7 jours pour UW versus 8,8 jours pour EC (p = NS). Conclusion des auteurs L’augmentation du temps de préservation du greffon en utilisant de l’UW permet de greffer des malades beaucoup plus éloignés du donneur. Conclusion du CNHIM La durée d’ischémie froide est courte. La diminution du nombre de retransplantation et de thromboses artérielles hépatiques dans le groupe UW est significative, il y a une augmentation possible des durées d’ischémie froide dans le groupe UW sans conséquence pour le greffon : UW est plus efficace que EC dans la greffe hépatique. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -26- Solutions de conservation d’organes Tableau 12. Transplantation hépatique (suite) : étude randomisée sur l’équivalence d’efficacité de CUSTODIOL® (HTK) versus VIASPAN® (UW) Comparison of Histidine-Tryptophan-Ketoglutarate (HTK) solution versus University of Wisconsin (UW) solution for organ preservation in human liver transplantation - 1994 (19) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Démontrer l’équivalence d’efficacité entre HTK et UW dans la greffe de foie sur la non-reprise de fonction primaire et sur la survie du greffon à un an. Inclusion : - 18-65 ans, - 1ère transplantation, - même équipe pour toutes les greffes, - insuffisance hépatique terminale ou cancer primitif hépatique. Il n’y a aucune différence significative entre les deux groupes concernant l’ensemble des paramètres étudiés : Evaluation : - Besoin de plasma frais congelé pendant l’opération, - Durée d’hospitalisation en soins intensifs, - Données biologiques pour les 3 jours post-opératoire : ALAT*, ASAT**, LDH***, fibrinogène, lactate, - Episodes de rejet pendant le 1er mois, - Infections sévères pendant le 1er mois, - Complication, en particulier l’anastomose biliaire, - Temps de survie et/ou cause de la mort. - Survie à 3 mois du greffon : 87 % pour HTK 80 % pour UW p = 0,2 Type d’étude : Etude randomisée, monocentrique. prospective, Schéma de l’étude : Durée de l’étude : 30 mois. 60 malades : 30 UW et 30 HTK. HTK : 300 mL/kg (20 L pour un malade de 70 kg). Solution refroidie et perfusée de façon égale dans l’aorte et la veine porte. UW : 4 L perfusé : 2 L dans l’aorte et 2 L dans la veine porte. Durée moyenne froide : 9,5 h d’ischémie - Non reprise de fonction primaire : 1 pour HTK 2 pour UW - Survie du malade à 30 mois : 77 % pour HTK 74 % pour UW p = 0,3 Conclusion des auteurs Il n’y a aucune différence de résultats entre les deux produits. HTK a l’avantage d’avoir une faible viscosité ce qui lui permet de bien diffuser dans l’espace extracellulaire et une teneur faible en potassium donc il peut être utilisé pour le rinçage final avant réimplantation. Son prix est moins élevé que celui de l’UW mais on en utilise plus lors de la transplantation ce qui fait que le prix à la transplantation est équivalent. Nécessité d’effectuer une étude multicentrique pour confirmer ces résultats (nombre de malades nécessaires estimé à 350 pour avoir une différence de 5 %). Conclusion du CNHIM Les résultats ont été confirmés par 2 études plus récentes, incluant un plus grand nombre de malades, mais rétrospectives (10, 32). La durée d’ischémie froide est un peu courte. Cette étude permet de valider l’utilisation de HTK dans la greffe hépatique. * ALAT : alanine aminotransférase. ** ASAT : aspartate aminotransférase. *** LDH : lacticodéshydrogénase. -27- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 13. Transplantation hépatique (suite) : étude randomisée de l’efficacité de CELSIOR® (CS) versus VIASPAN® (UW) A multicenter pilot prospective study comparing Celsior and University of Wisconsin preserving solutions for use in liver transplantation - 2003 (11) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Démontrer l’efficacité du CS dans la greffe hépatique en le comparant à la référence actuelle : l’UW. Inclusion : - 14 à 70 ans - 1ère transplantation Un cas de PNF dans le groupe UW versus aucun dans le groupe CS (p = NS). Exclusion : transplantation multiorganes Pas de différence significative entre les deux groupes concernant le greffon et les fonctions hépatiques entre le 7ème et le 90ème jour postopératoire. Type d’étude : Etude multicentrique, randomisée, prospective, ouverte. Schéma de l’étude : 215 foies potentiellement greffables. Dans 42 cas, les greffons n’étaient pas transplantables (stéatoses, hémodynamiquement instables). Donc 173 greffons transplantés : - 83 conservés dans CS, - 90 conservés dans UW. CS : 30 ml/kg par la veine porte et 60 ml/kg par l’aorte UW : 30 ml/kg par la veine porte et 30 ml/kg par l’aorte Durée moyenne froide : 7,5 h. d’ischémie Evaluation : - Suivi sur un an : . Survie du malade, . Survie du greffon, . Résultats des tests hépatiques, . Résultats de biopsie prouvant un rejet du greffon, . Temps d’hospitalisation en soins intensifs. PDF (primary dysfunction) = PNF + IPF - PNF (primary non function) = non reprise de fonction amenant à la mort ou à la retransplantation dans les 7 jours. Elle est documentée par une cytolyse hépatique et une augmentation rapide des transaminases, une non production de bile, un déficit sévère de la coagulation, un taux élevé des lactates, une hypoglycémie, un besoin d’une ventilation respiratoire mécanisée et de catécholamines et enfin d’une défaillance rénale, voire multiviscérale. Pas de différence du nombre de retransplantation entre les deux groupes dans l’année suivant la transplantation. (différence à la limite de la significativité au 30ème jour en faveur du CS). Pas de différence significative non plus en termes de survie du receveur ou de survie du greffon. Nombre de décès et délai de leur survenue identiques dans les deux groupes. Pas de différence significative dans l’apparition de complications neurologiques, vasculaires ou biliaires. PDF : 7,8 % pour UW versus 2,4 % pour CS (p = NS). - IPF (initial poor function) = ASAT* < 2000 UI/L, TP** < 16 s pendant les jours 2 à 7 postopératoire. Conclusion des auteurs CS est similaire à UW pour la préservation de greffon hépatique Pour démontrer une efficacité supérieure du CS, il est nécessaire de faire des études incluant un nombre plus important de malades. Conclusion du CNHIM Cette étude permet la validation de l’utilisation du CS dans la greffe hépatique. * ASAT : aspartate aminotransférase. ** TP : taux de prothrombine. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -28- Solutions de conservation d’organes Tableau 14. Transplantation hépatique (fin) : étude rétrospective comparative de l’IGL-1® versus VIASPAN® (UW) Liver preservation with IGL-1 solution reduces preservation injury compared to grafts preserved with UW solution - 2006 (9) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Démontrer l’efficacité de IGL-1 dans la greffe hépatique en le comparant à la solution de référence actuelle : l’UW. Inclusion : Les malades avaient des caractéristiques similaires dans les 2 groupes, exceptés une stéatose 30 % plus importante dans le groupe IGL-1 (15 % versus 7,6 %, p = 0,004). Nombre de séquelles du foie préservé (moyenne /modérée / sévère) : - IGL-1 : 52/28/8 p = 0,004 - UW : 34/35/22 Type d’étude : Etude rétrospective, monocentrique. Schéma de l’étude : De juillet 2003 à octobre 2005, 93 foies provenant de donneurs cadavériques prélevés et conservés dans du IGL-1 ont été comparés à 92 greffons hépatiques préservés dans la solution UW durant les 2 années précédentes (de janvier 2001 à juin 2003). Evaluation : - Taux de « séquelles » du foie préservé selon la gravité (moyenne/modérée/sévère). - PNF (primary non function, taux de non-reprise primaire de la fonction). - Taux de retransplantation. - Survie à un an du malade. Aucune non-reprise primaire ni retransplantation dans les deux groupes. Survie à un an des malades : 92 % (IGL-1) versus 91 % (UW) (p = NS). Durée d’ischémie froide moyenne : 10 h. Conclusion des auteurs La solution IGL-1 est efficace dans la transplantation hépatique. Elle est capable de réduire significativement les séquelles dues à la préservation, en particulier chez les foies stéatosiques, comparée à la solution UW. Conclusion du CNHIM Il n’y a pas de différence en termes de survie du greffon, pas de prolongation du temps d’ischémie, pas de diminution du taux de rejet aigu. En revanche, on ne définit pas les différents types de séquelles (moyenne, modérée, sévère) et on ne sait pas à quoi correspond le p= 0,004 ??? De plus, c’est un simple poster, ne nous indiquant pas la méthodologie de l’essai. Il permet donc juste de valider la faisabilité de l’utilisation de l’IGL-1 dans la greffe hépatique. -29- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 15. Transplantation pancréatique : étude rétrospective comparant la sécurité et l’efficacité de CELSIOR® (CS) versus VIASPAN® (UW) University of Wisconsin solution versus Celsior solution in clinical transplantation - 2005 (8) Méthodologie Objectif : Comparaison de la sécurité et de l’efficacité de l’UW et du CS dans la greffe pancréatique. Type d’étude : Non randomisée, rétrospective, sur 2 centres ; durée de l’étude : 61 mois. Schéma de l’étude : 154 pancréas : - 77 conservés dans UW, - 77 conservés dans CS. - 60 ml/kg pour UW, - 90 ml/kg pour CS. Résultats Inclusion/évaluation Inclusion : < 55 ans ; pas d’antécédent pancréatite, ni de diabète. de Evaluation : Taux de glucose, amylase et lipase à J1, 3, 5, 7, 10 et 14. Non fonction primaire du pancréas endocrine = absence de reprise du métabolisme, nécessitant de l’insuline constamment. Reprise retardée de la fonction endocrine du pancréas = insuline>30 UI en post-op entre J5 et J10 et/ou insuline > 15 UI entre J11 et J15. Pancréatite clinique du greffon = élévation de l’amylase sérique à 2N + mise en évidence d’une atteinte pancréatique par échographie. Durée d’ischémie froide : 10 h Pas de non fonction primaire. Retard à la reprise de fonction pour 2 greffons UW (2,6 %) versus aucun cas pour CS. Pas de pancréatite dans aucun des groupes. Taux moyens de glucose, amylase et lipase comparables. Survie à un an du receveur : 93,5 % pour UW et 98,7 % pour CS et survie à 5 ans de 86,8 % pour UW versus 98,7 % pour CS (p = 0,04). Les survies du greffon (en l’absence d’insuline) sont de 88,3 % pour UW et 90,4 %pour CS à un an et de 75 % et 90,4 % respectivement à 5 ans (p = NS). Conclusion des auteurs CS et UW sont comparables dans la greffe pancréatique. Conclusion du CNHIM La durée d’ischémie froide est courte. C’est une étude non randomisée, rétrospective. Elle permet de valider l’utilisation de Celsior dans la préservation du greffon pancréatique. L’auteur a par ailleurs publié une étude en 2004 qui elle était randomisée, prospective et monocentrique et dont les résultats étaient équivalents (7). Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -30- Solutions de conservation d’organes Tableau 16. Transplantation pancréatique (suite et fin) : étude rétrospective comparant l’efficacité de CUSTODIOL® (HTK) versus VIASPAN® (UW) Early pancreas transplant outcomes with Histidine-Trytophan-Ketoglutarate preservation : A multicenter study - 2006 (18) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Démontrer l’efficacité équivalente de UW et HTK dans la conservation du pancréas. Inclusion : Transplantation de pancréas, de reinpancréas, ou de pancréas après reins. Pas de différence significative des taux de retransplantation, réhospitalisation, de complications infectieuses et de durée d’hospitalisation. Type d’étude : Etude multicentrique, rétrospective, comparative à une cohorte antérieure utilisant UW pour la préservation du pancréas. Evaluation : - Incidence de thrombose du greffon (perte technique du greffon), - Abcès abdominal, - Retransplantation, - Durée d’hospitalisation et réhospitalisation, - Taux de créatinine, - Survie du greffon. Durée de l’étude : de janvier 2002 à janvier 2003, conservation des greffons dans UW puis de janvier 2003 à novembre 2004, conservation des greffons dans HTK. Il n’y a pas non plus de différence significative dans les taux sériques d’amylase, de lipase et de créatinine dans les 2 groupes. 4 pertes de greffon dans groupe HTK versus 3 dans le groupe UW. Taux de rejet significativement plus élevé dans le groupe HTK. Schéma de l’étude : 77 pancréas consécutifs : - 41 préservés dans UW (5 L), - 36 préservés dans HTK (3 L). Durée d’ischémie froide : 9,5 h (HTK) versus 7,7 h (UW). Conclusion des auteurs UW et HTK semblent comparables. Cependant, on retrouve dans cette étude un taux de rejet dans les 180 premiers jours plus élevés dans le groupe HTK. Il est à noter que les temps d’ischémie froide sont plus longs dans ce groupe et que les procédures de biopsie actuelles sont plus agressives. Il est donc nécessaire de faire une étude prospective, randomisée. Pour cela, il faudrait inclure au minimum 157 malades. Conclusion du CNHIM La durée d’ischémie froide est courte. Le fait d’inclure dans l’étude des transplantations rénales couplées à des transplantations pancréatiques peut représenter un biais. Cette étude permet la validation de l’utilisation de l’HTK dans la préservation du greffon pancréatique. -31- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 17. Transplantation cardiaque : étude prospective randomisée comparant CELSIOR® (CS) versus CUSTODIOL® (HTK) Improved graft function using a new myocardial preservation solution: Celsior. Preliminary data from a randomized prospective study - 1999 (50) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Hypothèse : CS diminue les séquelles dues à la préservation et permet une meilleure reprise de la fonction du greffon après la perfusion et la conservation hypothermique comparativement à l’HTK. Inclusion : Age moyen du donneur : 55 ± 10 ans Age moyen du receveur : 38 ± 10 ans 2 défaillances aigues nécessitant une retransplantation ont été observées dans le groupe HTK. Type d’étude : Etude prospective, ouverte. randomisée, Schéma de l’étude : 50 receveurs consécutifs de greffons cardiaques ont été randomisés en deux groupes, stratifiés en fonction de l’âge du receveur, de la résistance vasculaire et pulmonaire et le temps attendu d’ischémie totale. Résultats des 48 premiers malades : - 24 cœurs conservés dans HTK, - 24 cœurs conservés dans CS. Utilisation de 2 L de CS et de 2 L de HTK pour la perfusion et la conservation des greffons. Evaluation : - Reprise d’un rythme sinusal spontané et stable après ouverture du clampage de la crosse aortique. - Nécessité d’utiliser des produits inotropes pour sevrer de la circulation extracorporelle et la prévention de la dysfonction nonimmune périopératoire du cœur du donneur (recours à une perfusion d’adrénaline > 0,15 µg/kg par min ou d’une drogue inotrope afin de maintenir la saturation en oxygène supérieure à 60% ou bien une altération de plus de 50% de la fonction ventriculaire droite ou gauche estimée par une échocardiographie). - Biopsies transmyocardiques du ventricule gauche effectuées après perfusion et explantation du greffon puis après 30 minutes de reperfusion. Un malade du groupe CS a développé une insuffisance du ventricule gauche, tandis que le ventricule droit battait à un rythme sinusal. Il a pu être stabilisé avant d’être retransplanté. Reprise d’un rythme spontané : HTK : 9/24 CS : 19/24 sinusal Dysfonction du cœur du donneur : HTK : 7/24 CS : 2/24 Recours à l’adrénaline (en équivalent d’adrénaline soit des µg/litre de plasma) lors du sevrage de la circulation extracorporelle : HTK : 0,085 CS : 0,054 durée d’ischémie froide : un peu plus de 3 heures. Conclusion des auteurs Les premiers résultats montrent que CELSIOR® est susceptible d’améliorer la préservation du greffon cardiaque comparé à l’utilisation de CUSTODIOL®. Conclusion du CNHIM Cette étude a été réalisée avec peu de malades. On ne nous dit pas si les différences sont significatives ou non. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -32- Solutions de conservation d’organes Tableau 18. Transplantation cardiaque (suite) : étude randomisée évaluant l’efficacité et la sécurité de CELSIOR® (CS) versus d’autres solutions de conservation A multicenter, randomized, controlled trial of Celsior for flush and hypothermic storage of cardiac allografts - 2001 (48) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Evaluer la sécurité et l’efficacité du CS quand il est utilisé pour le rinçage et la préservation hypothermique des cœurs des donneurs avant transplantation. Inclusion : - 1ère transplantation, - 18 - 65 ans, - Fonction rénale normale. Survie du malade et du greffon : Pas de différence significative des taux de survie du malade et du greffon à 7 et 30 jours après la transplantation. Type d’étude : Etude multicentrique, randomisée, contrôlée, ouverte. Schéma de l’étude : De mai 1997 à mai 1998 : 131 receveurs de greffons cardiaques : - 64 conservés dans CS, - 67 conservés dans une solution contrôle (UW, Plegisol, solutions non conservées formulées localement …). Durée d’ischémie froide : 3,2 h. Exclusion : Donneur : angiogramme coronaire anormal, ratio entre taille du donneur et du receveur inférieur à 0,6. résistance vasculaire Receveur : pulmonaire supérieure à 4, dépendance respiratoire avant la transplantation, pose d’un dispositif d’assistance ventriculaire moins de 30 jours avant la transplantation, maladie cardiaque congénitale, recours à des doses élevées ou de façon prolongée à l’amiodarone, transplantation simultanée d’un autre organe. Evaluation : Critère principal : survie du malade à 7 jours Critères secondaires de sécurité : - Survie du greffon à 7 jours, survie du malade à 30 jours et incidence des effets néfastes cardiaques. - Perte du greffon = mort du malade, retransplantation, recours à une machine d’assistance du ventricule. Les critères d’efficacité étaient secondaires dans cette étude : temps de sevrage par un pontage cardiopulmonaire, recours à des produits inotropes, durée de fonction cardiaque indépendante, résultats de l’ECG et de la fraction d’éjection ventriculaire à J7, durée de reprise d’un rythme sinusal, durée de ventilation assistée ainsi que la durée d’hospitalisation et la durée de séjour en soins intensifs. Effets indésirables : Pas de différence significative des taux d’effets secondaires dans les deux groupes. Il n’y a pas non plus de différence significative si l’on regarde individuellement chacun des effets secondaires rencontrés. Il n’y a pas de différence de taux de mortalité dans les 2 groupes. En revanche, il y a eu statistiquement moins d’effets secondaires cardiaques graves dans le groupe CS que dans le groupe contrôle. Rejet aigu du greffon et infection : Pas de différence significative de nombre de rejets aigus observés après biopsie cardiaque. De même, pas de différence significative du taux d’infection dans les 2 groupes. Efficacité : Aucune différence significative. (recours à un pontage cardiopulmonaire, à des drogues inotropes, résultats de l’ECG et de la fraction d’éjection ventriculaire à J7, temps de recours à une ventilation mécanique, temps de retour à un rythme sinusal normal, durée de séjour en soins intensifs) Conclusion des auteurs Le nombre de malades inclus était calculé pour conclure à une équivalence entre CS et les solutions contrôle. Pour conclure à une supériorité de CS, il faudrait inclure un nombre plus important de malades. Les traitements immunosuppresseurs ne sont pas contrôlés dans cette étude : biais dans étude du rejet et des effets secondaires. Le suivi des malades sur 30 jours ne donne pas de données sur les effets de CS à long terme. Conclusion du CNHIM On utilise UW dans la transplantation cardiaque alors qu’il n’a pas l’indication. L’étude permet de valider l’utilisation du CS dans la conservation du greffon cardiaque. -33- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 19. Transplantation cardiaque (suite et fin) : étude de l’efficacité de CELSIOR® (CS) Myocardial using Celsior solution in cardiac transplantation: early results and 5-year follow-up of a multicenter prospective study of 70 cardiac transplantations - 2002 (42) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Confirmer l’efficacité de CS dans la transplantation cardiaque et augmenter les données de sécurité. Inclusion : 50 % des greffons ont défibrillé de façon spontanée. Type d’étude : Etude multicentrique (6 centres de transplantation cardiaque français), prospective. Schéma de l’étude : 70 cœurs arrêtés et préservés par CELSIOR®. Plusieurs sous-groupes de donneurs à risque créés : - > 50 ans, - femmes, - sous-groupes de receveurs à risque : PAR (résistance artérielle pulmonaire) > 5. 2 L pour arrêter le cœur ; 1 L pour la préservation ; CS non utilisé pendant la procédure de transplantation : 64 % ont eu une hypothermie locale et modérée, 13 malades ont reçu une solution de cardioplégie mélangée à du sang refroidi combiné à une reperfusion au sang et un malade une reperfusion avec du sang à température ambiante uniquement. Durée d’ischémie moyenne : 3 heures. froide Receveurs : - entre 28 et 66 ans (moyenne à 49 ans) ; - primo-transplantation ; - 80 % hommes ; - 64 % cas de cardiomyopathies non-obstructives ; - la plupart des malades avaient une PAR élevée (> 3) ; Donneurs : entre 14 et 56 ans (moyenne de 33 ans). Evaluation : - Mesures cliniques et hémodynamiques. Synthèse d’enzymes (CK*, CKMB**, LDH***). - Histologie des échantillons de biopsie. - Apparition d’effets secondaires. 90 % des malades avaient des conditions hémodynamiques stables au 2ème jour. La mortalité opératoire (moins de 30 jours après la transplantation) était de 8,6 %. Les enzymes cardiaques étaient à des taux normaux à 0, 24 et 48 h. Une analyse univariée a montré que des malades âgés de plus de 60 ans (p < 0,02), avec une PAR > 5 (p < 0,001) et une ischémie supérieure à 4 heures (p < 0,01), avaient des taux plus élevés de mortalité. La survie du patient à 5 ans est de 75 %. En fonction des paramètres mesurés, le greffon est classé selon les items suivants : fonction du greffon hémodynamiquement satisfaisante, insuffisance ventriculaire droite avec ou sans hypertension pulmonaire, insuffisance cardiaque globale. La consommation de inotropes était relevée. drogues Conclusion des auteurs L’utilisation de CELSIOR® dans la transplantation cardiaque est très efficace, y compris pour les groupes à risque. Conclusion du CNHIM Cette étude présente de bons résultats mais non comparables : il est nécessaire de faire des études randomisées comparatives. Cette étude a permis de généraliser l’utilisation de CELSIOR® dans la transplantation cardiaque dans la plupart des équipes françaises. * CK : créatinine kinase. ** CKMB : créatinine kinase isoenzyme MB (utilisée dans le diagnostic de l’infarctus du myocarde). *** LDH : lacticodéshydrogénase. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -34- Solutions de conservation d’organes Tableau 20. Transplantation pulmonaire : étude rétrospective comparant des solutions intracellulaires (EUROCOLLINS® modifié (EC) et VIASPAN® (UW)) versus des solutions extracellulaires (CELSIOR® (CS) et Cambridge) Influence of preservation solution on early graft failure in clinical lung transplantation - 2001(45) Méthodologie Inclusion/évaluation Résultats Objectif : Etudier l’influence de la composition intra ou extracellulaire des solutions de préservation sur l’apparition d’une dysfonction précoce du greffon après transplantation pulmonaire. Inclusion : 234 malades sélectionnés pour cet essai 170 malades ayant bénéficié d’une transplantation pulmonaire ont été inclus. Exclusion : 64 malades ont été exclus dans les cas suivants : - hypertension pulmonaire sévère (n = 11) : les complications peropératoires sont semblables à celles de l’ischémie-reperfusion. - n = 11 malades ont reçu du NO ou de la pentoxifylline pour prévenir les lésions d’ischémiereperfusion. - 42 malades exclus car : préservation par une solution réfrigérante locale pour 36 d’entre-eux et pour 6 d’entre-eux qui étaient préservés dans l’UW (nombre trop faible). Temps d’ischémie : non comparable : significativement plus élevé dans le groupe CS. De même, le temps d’ischémie est significativement plus faible dans le groupe « intracellulaires » que dans le groupe « extracellulaires ». Type d’étude : Etude rétrospective, centres français. 2 Schéma de l’étude : 170 malades ayant subi une simple ou une double transplantation pulmonaire. 2 solutions intracellulaires : EC modifié (n = 61) et UW (n = 24) et 2 solutions extracellulaires : Cambridge* (n = 64) et CS (n = 21). Perfusion de 50 mL/kg de la solution de conservation dans l’artère pulmonaire pendant 4 minutes puis le greffon est déposé dans une solution saline à 4°C. Dans 90 % des cas, injection de prostaglandines dans la veine cave supérieure avant de clamper l’aorte. Evaluation : Incidence des œdèmes de reperfusion (voir la définition), la durée de ventilation mécanique, le rapport PaO2/FiO2** mesurés pendant les 3 premiers jours après la transplantation. Type de transplantation : le nombre de transplantation bilatérale est plus important dans le groupe « extracellulaires ». Œdème de réimplantation : dans 48% des cas. Pas de différence significative dans les 4 groupes concernant l’œdème de réimplantation même s’il y a une tendance à une plus faible incidence dans le groupe « extracellulaires ». Plus mauvais rapport PaO2/FiO2 dans les 3 jours suivant la transplantation : plus faible dans le groupe EC que dans le groupe CS et était significativement plus élevé dans le groupe « extracellulaires » que dans le groupe « intracellulaires ». En faisant une analyse univariée, seul le temps d’ischémie froide est associé à une formation d’œdème et à la survie à 1 mois. Dans un modèle multivarié comparé à EC, l’utilisation de la solution Cambridge et des solutions extracellulaires ont été associées à une incidence plus faible de l’œdème de réimplantation (OD = 0,44 ; p = 0,04 et OR = 0,43 ; p = 0,02 respectivement), tandis que le temps d’ischémie long était associé à une augmentation de l’incidence des œdèmes (OR = 1,3 ; p = 0,02). La comparaison CS et Cambridge n’a pas montré de différence significative. Concernant la mortalité à 1 mois, seul le temps d’ischémie était associé significativement à une mortalité plus élevée (OR = 1,3 ; p = 0,02). Conclusion des auteurs La perfusion du greffon avec une solution extracellulaire est associée à une diminution de l’incidence de l’œdème pulmonaire de réimplantation sans aucun effet sur la mortalité à un mois. Une différence significative est observée avec la solution de Cambridge concernant l’œdème mais pas avec CS : on ne peut conclure qu’il est inférieur à Cambridge car moins de malades dans le groupe CS. On ne retrouve pas d’effet sur la mortalité : on peut l’expliquer par le fait que la mortalité est moins fréquente que l’œdème de réimplantation. Il faudrait augmenter le nombre de malades pour trouver une différence. Cette étude a permis de démontrer l’effet du temps d’ischémie sur le phénomène d’œdème de réimplantation et la mortalité à un mois. Des études plus importantes doivent être réalisées pour démontrer un effet des solutions extracellulaires sur la mortalité à un mois et pour définir quelle solution extracellulaire est la plus efficace. Conclusion du CNHIM Les solutions extracellulaires sont plus efficaces que les solutions intracellulaires dans la conservation des greffons pulmonaires. UW est utilisé dans cet essai alors qu’il n’a pas l’indication dans la transplantation pulmonaire. De plus, sa composition hyperpotassique est extrêmement délétère pour le poumon qui est un organe très sensible aux œdèmes. Il est donc normal que les solutions extracellulaires soient plus efficaces que l’UW. * Solution de Cambridge : sang du donneur : 400 mL ; citrate/phosphate/dextrose : 56 mL ; albumine 20 % : 180 mL ; mannitol 20 % : 90 mL ; ringer lactate : 600 mL ; héparine : 9000 UI. ** Rapport PaO2/FiO2 : c’est le rapport entre la pression partielle en oxygène artérielle (PaO2) et la fraction inspirée en oxygène (FiO2 qui est égale à 0,21 dans l’air). La valeur normale est de 95/0,21=453. Une valeur inférieure à 300 traduit une altération sévère des échanges gazeux au sein des poumons. -35- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 21. Transplantation pulmonaire (suite et fin) : PERFADEX® (LPD) versus EUROCOLLINS® (EC) Impact of lung preservation solutions, Eurocollins vs Low-potassium dextran, on early graft function: a review of five clinical studies. - 2006 (35) C’est une revue de la littérature de cinq études comparant LPD à l’EC. Dans les deux premières études, la durée d’ischémie froide était significativement plus longue dans le groupe LPD que dans le groupe EC. Pour les autres études, elle était comparable dans les deux groupes. Elle était toujours située aux alentours de 5 heures. Type d’étude et nombre d’inclusions Critères d’évaluation Résultats Conclusion Müller et al (34) - D(A-a)O2* à J0, J1 et J3. Rétrospective : cohortes successives d’août 1991 à décembre 1998. - Score de reperfusion. D(A-a)O2 significativement diminué dans le groupe LPD (p = 0,009) à J0. LPD supérieur à EC dans la conservation du greffon pulmonaire lésions de - Mortalité à 30 jours. - Tendance à diminution de la mortalité à 30 jours (6 % versus 12 %) dans le groupe LPD. - PaO2/FiO2 à l’arrivée en soins intensifs. - PaO2/FiO2 significativement plus important dans le groupe LPD. - Score APACHE**. - Score APACHE diminué dans le groupe LPD mais non significatif. - Mortalité à 30 jours. - Pas de différence significative de la mortalité à 30 jours. - PaO2/FiO2 2 heures après la transplantation. - PaO2/FiO2 comparable dans les deux groupes. - Compliance pulmonaire*** 2 heures après la transplantation. Compliance pulmonaire significativement plus importante dans le groupe LPD (p = 0,04). Durée mécanique. - Durée de ventilation mécanique significativement diminuée dans le groupe LPD (p = 0,006). EC = 48 LPD = 32 Fischer et al (23) Prospective randomisée. non EC = 48 LPD = 46 Strüber et al (43) Rétrospective : cohortes successives d’avril 1996 à octobre 1999. EC = 55 LPD = 51 Aziz et al (3) Rétrospective : cohortes successives de janvier 2000 à avril 2001. EC = 37 de ventilation LPD supérieur à EC dans la conservation du greffon pulmonaire LPD supérieur à EC dans la conservation du greffon pulmonaire - Mortalité à 30 jours. - Tendance à une diminution de la mortalité à 30 jours dans le groupe LPD (8 % versus 14,2 %). - PaO2/FiO2 12h et 24h après la transplantation. - PaO2/FiO2, durée de ventilation mécanique et mortalité à 30 jours : pas de différence significative. LPD comparable à EC dans la conservation du greffon pulmonaire - PaO2/FiO2 significativement plus important dans le groupe LPD à l’arrivée aux soins intensifs, 12 h et 24 h (p < 0,05). LPD supérieur à EC dans la conservation du greffon pulmonaire Durée mécanique. de ventilation - Mortalité à 30 jours. LPD = 32 Rabanal et al (39) Rétrospective : cohortes successives d’octobre 1997 à octobre 2002. EC = 25 LPD = 21 - PaO2/FiO2 à l’arrivée aux soins intensifs, 12h et 24h après la transplantation. Durée mécanique. de ventilation - Mortalité à 30 jours. - Durée de ventilation mécanique significativement moins importante dans le groupe LPD (p < 0,05). - Survie à 30 jours de 100 % pour LPD versus 88 % pour EC. * bD(A-a)O2 : gradient alvéolo-artériel en oxygène : il permet d’évaluer le gradient de pression artérielle entre les gaz contenus dans les alvéoles pulmonaires et le sang artériel. Les valeurs normales se situent entre 10 et 15 mmHg. Une élévation de ce gradient est signe d’une mauvaise oxygénation artérielle. ** Score APACHE : score destiné à mesurer l’état respiratoire d’un malade lors de son arrivé en soins intensifs. Plus ce score est élevé, plus le malade est dans un état sévère. *** Compliance pulmonaire : capacité du poumon à s’expendre en réponse à une augmentation de pression. Elle est généralement exprimée en mL/cm H2O. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -36- Solutions de conservation d’organes En conclusion, 4 études sur 5 ont conclu à une supériorité de LPD comparé à EC dans la préservation du greffon pulmonaire. On peut cependant noter que ces études étaient non randomisées. Cependant, les études expérimentales ayant démontré une supériorité des solutions extracellulaires dans la greffe pulmonaire, une étude prospective randomisée versus EC ne serait pas éthique. On peut également regretter de ne pas avoir de résultats de l’efficacité à long terme du LPD. qui est déjà une opération compliquée en termes de logistique. 9. Avantages et inconvénients des différentes solutions de conservation d’organes La documentation fournie par le laboratoire Bristol Myers Squibb fait état de plusieurs effets indésirables rencontrés lors de l’utilisation du VIASPAN® : des complications cardiovasculaires telles qu’une bradyarythmie ont été rapportées dans des cas où le greffon a été reperfusé avec de la solution peu de temps (1 à 3 heures) avant le déclampage de l’anastomose vasculaire chez le receveur ou lorsque le greffon n’a pas été suffisamment rincé de façon à éliminer toute trace de solution. De plus, quelques rares observations recueillies dans des cas où Viaspan® a été utilisé pour la conservation de greffons hépatiques, mentionnent divers problèmes cliniques, notamment des anomalies des tests fonctionnels hépatiques, une évolution défavorable parfois mortelle et des lésions d’ischémie hépatique à la biopsie, avec ou sans signe de rejet. En bref Les différentes solutions pour conservation d’organe présentent chacune des avantages et des inconvénients : - solutions prêtes à l’emploi ou non ; - nécessité ou non d’un rinçage du greffon avant réimplantation en raison de la composition en K+. L’AFSSaPS a accordé des autorisations de mise sur le marché à certaines de ces solutions dans des utilisations bien définies par les études cliniques disponibles. Des précipitations de cristaux dans la solution lorsqu’elle est conservée au réfrigérateur ont été rapportées dans la littérature (47) ; il est donc indispensable de filtrer la solution lors de son administration. D’autre part, l’hydroxyéthylamidon contenu dans le VIASPAN® agrège les globules rouges, ce qui est susceptible d’entraîner une diminution du débit de perfusion et donc une moins bonne préservation de l’organe (36). CUSTODIOL® (HTK) EUROCOLLINS® (EC) L’ensemble des autres solutions a démontré leur supériorité par rapport à cette solution. Suite aux recommandations de l’EFG en novembre 2004 (26), cette solution n’est plus commercialisée. VIASPAN® (UW) Grâce à une évaluation d’excellente qualité méthodologique, l’UW est devenu la référence des solutions de conservation d’organes intraabdominaux. En revanche, sa composition hyperpotassique ne lui permet pas une utilisation dans la greffe cardiaque et implique un rinçage obligatoire du greffon avant réimplantation. De plus, c’est un produit qui n’est pas prêt à l’emploi, ce qui complique nettement son utilisation au bloc opératoire dans un contexte de prélèvement d’organes Son utilisation est possible en prélèvement multi-organes (abdominaux et intra-thoraciques). De plus, sa manipulation est aisée : il est prêt à l’emploi et il a une faible teneur en potassium donc il ne nécessite pas de rinçage avant la réimplantation. Il est à noter que le CUSTODIOL® n’est pas, à ce jour, autorisé par l’AFSSaPS. CELSIOR® (CS) C’est actuellement le standard dans la transplantation cardiaque puisqu’il est utilisé par la plupart des équipes françaises. Il a également démontré son utilité dans les préservations d’organes abdominaux, ce qui lui permet d’être utilisé pour les prélèvements multi-organes (abdominaux et thoraciques), comme c’est le cas dans la région ouest suite à la publication de Karam (28). -37- SOLUTION IGL-1® L’AFSSaPS lui a accordé une autorisation de mise sur le marché pour son utilisation dans la préservation des greffons rénaux, hépatiques et pancréatiques. Cependant les études cliniques sont la plupart du temps rétrospectives, monocentriques, et incluent peu de malades. De plus, il n’y a actuellement aucune étude publiée de l’utilisation de l’IGL-1 dans la conservation du greffon pancréatique chez l’homme. Une publication de Mosbah (33) montre que le remplacement de l’hydroxyéthylamidon (contenu dans le VIASPAN®) par du polyéthylène glycol (contenu dans l’IGL-1®) permet d’éviter l’agrégation des globules rouges comme cela a été démontré lors de l’utilisation du VIASPAN®. L’IGL-1 semble avoir des propriétés très intéressantes qui doivent être confirmées dans des études cliniques de meilleure qualité méthodologique. SOLUTION SCOT 30 REINS® Il n’y a actuellement qu’une seule étude validant son utilisation dans la préservation des greffons rénaux, incluant peu de malades, rétrospectives et ne donnant aucune donnée statistique. Peut-être qu’une évaluation un peu plus méthodique de son utilisation chez l’homme est nécessaire. Il est à noter que cette solution est aussi commercialisée sous le nom SCOT 30 GREFFONS ® VASCULAIRES et c’est actuellement la seule solution à être utilisée pour le transport des greffons vasculaires à 4°C et à leur cryopréservation à basse température (à -80°C ou 150°C). Cette solution a la même composition que la SCOT 30 REINS® à laquelle on a ajouté du 2,3butanedione mono-xime qui induit la cardioplégie en bloquant directement l’interaction actine-myosine. PERFADEX® (LPD) Cette solution n’est utilisée que dans la conservation du greffon pulmonaire. De nombreuses publications montrent sa supériorité par rapport à EC, ce qui a fait de cette solution la référence dans la transplantation pulmonaire. On peut cependant regretter qu’il n’y ait pas d’études cliniques versus CELSIOR®. Elle a aussi été autorisée par l’AFSSaPS dans la préservation des greffons vasculaires autologues avant pontage coronarien (préservation des tissus). Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Solutions de conservation d’organes Tableau 22. Récapitulatif des indications des solutions de conservation par type d’organes (52) Solutions Cœur Poumon Rein Foie Pancréas VIASPAN® - - + + + CUSTODIOL® + + + + + CELSIOR® + + + + + IGL-1® - - + + + SCOT® - - + - - PERFADEX® - + - - - Remarque : Il est à noter que la notion de solution « multi-organes » dans les documents laboratoire est parfois trompeuse : elle concerne souvent des solutions utilisées pour les organes intra-abdominaux ou intra-thoraciques mais pas les deux. 10. Recommandations pour le choix et l’utilisation des solutions de conservation d’organes En bref Les recommandations pour le choix des solutions pour conservation d’organe reposent sur : - leur composition : présence de colloïdes et d’imperméants ; leur utilisation : même solution pendant les différentes étapes de la greffe, utilisation d’un filtre parfois nécessaire, nécessité dans certains cas d’un rinçage. 10.1. Concernant composition des liquides la Il a été démontré que des solutions ne contenant ni colloïdes, ni imperméants étaient beaucoup moins efficaces lors de leur utilisation pour le rein, le foie et le pancréas. C’est pour cette raison que l’établissement français des greffes (maintenant agence de biomédecine) suggérait en novembre 2004 dans ses recommandations d’utilisation des liquides de préservation d’organes éditées, de ne plus utiliser d’EUROCOLLINS® dans le prélèvement multi-organes. Suite à ces recommandations, le laboratoire FRESENIUS ® HEMOCARE a décidé d’arrêter sa commercialisation en 2006. Les études cliniques n’étant pas d’une grande qualité méthodo- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 logique, et de nombreux biais étant susceptibles de venir fausser les résultats, nous manquons d’éléments pour recommander l’utilisation d’une solution par rapport à une autre. d’accompagner le greffon d’un litre de la solution utilisée lors du transport. Toutefois, deux points peuvent être retenus : • Les solutions extracellulaires contenant des imperméants sont aussi efficaces voire plus efficaces que les solutions intracellulaires. • Parmi les colloïdes, les polyéthylèneglycols de haut PM (8, 20, 35 kD) donnent de meilleurs résultats. Il y a un phénomène de précipitation des colloïdes lorsque la solution est conservée au froid : l’Etablissement Français des Greffes recommande donc de systématiquement poser un filtre terminal avant administration ou bien de vérifier l’absence de floculation. Avec la solution VIASPAN®, il est recommandé d’utiliser un filtre à transfusion spécifique, non fournie par le laboratoire. 10.2. Concernant l’utilisation des liquides Peut-on mélanger les solutions de conservation ? L’idéal est d’utiliser la même solution durant les différentes étapes de la greffe : lors de la perfusion avant le prélèvement, pendant le transport, puis pour le rinçage qui précède la réimplantation. Cependant lorsque l’équipe chirurgicale qui prélève utilise une solution différente de l’équipe qui greffe, la règle est de donner le choix de la solution à l’établissement préleveur. En revanche, si la solution utilisée pour la conservation est de type intracellulaire, c'est-à-dire riche en potassium, il est impératif de rincer l’organe avec une solution de type extracellulaire pour enlever les ions potassium qui peuvent être à l’origine d’une vasoconstriction lors de la réimplantation. D’un point de vue pratique, il est demandé au centre préleveur -38- Utilisation d’un filtre Quantités à utiliser Pour connaître les quantités à utiliser, il faut se référer aux notices fournies par les laboratoires. Cependant, il est parfois observé dans la pratique une utilisation de quantités plus importantes que celles qui sont recommandées par le fournisseur (pour l’UW par exemple). Pour la perfusion de l’organe avant prélèvement, on arrête de passer le liquide de conservation lorsque l’on obtient un liquide de rinçage clair en sortie d’organe, lequel doit avoir été décoloré de manière homogène et rapide. Rinçage Le rinçage est obligatoire si la solution utilisée pour la conservation est hyperpotassique ou si le lit vasculaire de l’organe est important (pour le foie par exemple). En effet il permet de débarrasser l’organe du potassium et des métabolites toxiques. Solutions de conservation d’organes Comme on l’a vu précédemment, il est recommandé de le réaliser avec la même solution que celle utilisée pour la préservation, sauf si cette dernière était hyperpotassique : dans ce cas, on utilisera une solution de type intracellulaire pour éliminer le potassium. En revanche, il est déconseillé d’utiliser du sérum physiologique car il risque de provoquer des oedèmes. transplantation à modifier leurs techniques avec l’apparition des prélèvements sur donneurs à cœur arrêté et avec l’utilisation des machines de perfusion pour la conservation des organes. Prix 1. Arrêté du 19 août 2004 relatif aux bonnes pratiques de préparation, de transformation, de conditionnement, de conservation, d’importation, de transport et de distribution des produits thérapeutiques annexes. Journal officiel de la république française du 21 août 2004. L’établissement français des greffes recommande de comparer les prix des différentes solutions de conservation d’organes en utilisant le prix rapporté à la greffe et non le prix au litre. En effet, certaines solutions sont moins chères que d’autres si on considère leur prix au litre, mais, les volumes utilisés lors d’une greffe sont plus importants. Cela engendre, au final, un prix de revient plus élevé (17). De même, il faut tenir compte lors des comparaisons de prix, des coûts relatifs à la non reprise immédiate des fonctions (ex : dialyse dans le rein, immunosuppresseurs en cas de rejet) (49). 11. Conclusion Avec la pénurie d’organes que l’on observe actuellement, la qualité de leur conservation avant une transplantation est devenue une priorité majeure. Cependant, l’évaluation clinique des différentes solutions de conservation d’organes reste difficile du fait des nombreux biais qui viennent interférer lors d’une transplantation. L’AFSSaPS s’est basée sur les résultats des études précliniques pour donner ses autorisations de mise sur le marché. Les essais réalisés chez l’homme ne nous permettent pas de comparer les différentes solutions mais uniquement de valider leur utilisation pour la conservation d’un organe donné. L’objectif des recommandations de l’établissement français des greffes est avant tout d’uniformiser sur l’ensemble de l’hexagone les pratiques d’utilisation des solutions de conservation d’organes qui restent encore à l’heure actuelle très hétérogènes. Le manque de donneurs d’organes amène aujourd’hui les équipes de Références bibliographiques 2. Arrêté du 19 août 2004 fixant le contenu du dossier accompagnant la demande d’autorisation de mise sur le marché des produits thérapeutiques annexes. Journal officiel de la république française du 21 août 2004. 3. Aziz T, Pillay T, Corris P, Forty J, Hilton CJ, Hasan A, et al. Perfadex for clinical lung procurement: is it an advance? Ann. Thorac. Surg. 2003 ; 75 : 990-995. 4. Badet L, Petruzzo P, Lefrançois N, McGregor B, Espa M, Berthillot C, et al. Kidney preservation with IGL-1 solution: a preliminary report. Tranplant Proc 2005 ; 37 : 308-311. 5. Ben Abdennebi H, Ramella-Virieux S, Boillot O, Margonari J, Barbieux A, Steghens JP. 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En France, un plan d’action et de formation a été initié par la conférence des experts. Il a analysé les cas de mortalité maternelle, aboutissant aux recommandations de pratique clinique qui guident les médecins et les équipes. La prise en charge standardisée et chronométrée de l’atonie utérine par les ocytociques et les prostaglandines permet d’obtenir dans la majorité des cas un arrêt de l’hémorragie. Le recours à l’interruption du flux vasculaire par l’embolisation ou les ligatures artérielles, ou encore par l’hystérectomie d’hémostase permet d’éviter la mort maternelle au prix parfois d’une morbidité importante. Souvent la persistance de l’hémorragie sous traitement utérotonique s’accompagne d’anomalies de la coagulation qui l’aggravent. Caractériser ces troubles de l’hémostase et définir les moyens et les modalités thérapeutiques représente une étape supplémentaire dans la mobilisation des pouvoirs publics et des équipes médicales pour sauver des femmes. Une baisse du taux plasmatique du fibrinogène peut être observée précocement et elle est prédictive de la sévérité de l’hémorragie. La coagulopathie peut être attribuée à une dilution lorsque la patiente a bénéficié d’un remplissage vasculaire intense ou à la perte des facteurs de coagulation et des plaquettes dans le flux hémorragique ou à une coagulation intravasculaire disséminée ou à une stabilisation du caillot inefficace ou encore à une fibrinolyse excessive. -41- La place thérapeutique et chronologique du facteur VII activé recombinant et les conditions de son succès dans cette indication de l’hémorragie du post-partum persistante mérite d’être sériée et évaluée. La génération drastique de thrombine et l’activation franche de la coagulation plasmatique induite par l’administration de facteur VII activé recombinant ont pu sauver des patientes pour lesquelles les ressources thérapeutiques étaient épuisées. Le tableau d’analyse des cas cliniques publiés dans la littérature et les registres décrits dans l’article de ce Dossier du CNHIM le montrent. On peut espérer une efficacité dans près de trois quarts des cas, sous réserve d’avoir réuni les conditions de son succès qui sont une température centrale et une numération plaquettaire normales, un pH normal, une calcémie normale et un taux de fibrinogène optimal. Pourtant les registres et des cas cliniques publiés ne permettent pas de conclure sur l’efficacité de ce médicament ni sur la meilleure manière (dose et délai) de l’administrer. Un travail multicentrique prospectif randomisé est en cours en France et permettra de donner les premières recommandations sur des bases plus scientifiques. En attendant le facteur VII activé recombinant fait partie de l’arsenal thérapeutique à la disposition des cliniciens pour répondre à l’urgence vitale que représente l’hémorragie obstétricale. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN® Du concept de l’agent hémostatique aux diverses applications cliniques 3ème partie : Gynéco-obstétrique En bref Marie Caroline Husson Rédactrice en chef L’hémorragie du post-partum (HPP) est une complication grave de l’accouchement définie par une perte sanguine supérieure à 500 ml dans les 24 heures qui suivent la naissance. L’HPP grave correspond à un saignement supérieur à 1000 ml. Les HPP constituent la première cause de mortalité maternelle en France (21 % des cas). Les complications sévères de l’hypertension artérielle constituent la 2ème cause de mortalité (12 %) et les embolies amniotiques, la 3ème cause (7 %). Les causes les plus fréquentes d’HPP sont l’atonie utérine, la rétention placentaire et les plaies cervicovaginales. Moins fréquemment des anomalies d’insertion placentaire peuvent également être responsables d’HPP (placenta prævia, placenta accreta). Les troubles de la coagulation sont rarement à l’origine des HPP, mais peuvent venir les compliquer. Des recommandations ont été publiées l’initiative du Collège National de Obstétrique Français et sous l’égide concernant la prévention et le traitement matière de : - prévention clinique anténatale, en 2004 à Gynécologie de la HAS de l’HPP en - prévention clinique au moment de l’accouchement avec utilisation d’ocytocine, - prise en charge initiale et multidisciplinaire de l’HPP, - administration de sulprostone en cas d’aggravation, - prise en charge par des méthodes invasives. L’HPP peut être fatale. Les recommandations de 2004 ont mentionné l’utilisation avec succès du rFVIIa. Mais il ne s’agit que de cas isolés. Une seule étude rétrospective multicentrique a été publiée. Le rFVIIa a été utilisé dans le traitement des hémorragies très importantes avec coagulations intravasculaires disséminées, rebelles aux autres traitements. La question qui demeure est de faire le choix entre deux stratégies : utiliser une faible dose avec un risque thrombotique moindre, ou une dose plus élevée afin d’obtenir une action hémostatique efficace. A ce problème de la dose s’ajoute celui des intervalles entre les doses. En pratique actuellement le FVIIa est utilisé en dernière ligne, du fait de son insuffisance d’évaluation clinique et du fait de son coût. Mots clés : eptacog alpha, grossesse, hémorragie du post-partum. Abstract. Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN – 3rd part: gynaecology and obstetrics The haemorrhage of post-partum (HPP) is a serious complication of childbirth. It is defined by a blood loss exceeding 500 ml within 24 hours after birth. In the severe HPP the blood loss is greater than 1000 ml. The HPP is the leading cause of maternal mortality in France (21% of cases). The severe complications of hypertension are the 2nd cause of death (12%) and amniotic embolism, the 3rd cause (7%). The most frequent causes of HPP are sluggish uterus, retained placenta and cervico-vaginal wounds. Less frequent insertion placental abnormalities may also be responsible for HPP (placenta previa, placenta accreta). Coagulation disorders are rarely the cause of HPP, but could complicate them. In 2004 recommendations were issued at the initiative of the French National College of Gynaecology and Obstetrics under the aegis of the Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -42- HAS on the prevention and treatment of PPH in the field of: - clinical antenatal prevention, - clinical prevention at birth with the use of oxytocin, - initial and multidisciplinary management of HPP, - administration of sulprostone in case of aggravation, - management with invasive methods. The HPP could be fatal. The recommendations of 2004 mentioned an efficient use of rFVIIa. But these clinical successful cases are isolated cases. Only one multicenter retrospective study was published. The dose to be used and the interval between two doses is still a problem. Presently the rFVIIa is used when all others treatments have been tried without success. Its high price is also a problem for its utilisation. Key words: eptacog alpha, haemorrhage of postpartum, pregnancy. Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN® L e Du concept de l’agent hémostatique aux diverses applications cliniques P o i n t s u r 3ème partie : Gynéco-obstétrique Valérie Chamouard1, Henri Jacques Clément2, Isabelle Jolivet3 et le comité de rédaction 1 2 3 Service de pharmacie, Hôpital Edouard Herriot, Hospices Civils de Lyon, Lyon. Service de réanimation, Hôpital Croix-Rousse, Hospices Civils de Lyon, Lyon. Service de pharmacie, Hôpital Pitié Salpêtrière, APHP, Paris. Remerciements : Bruno Carbonne (Paris), Ludovic Drouet (Paris), Anne-Sophie Ducloy-Bouthors (Lille), Cécile Houdard (Lyon). Cet article fait suite à deux autres articles publiés dans Dossier du CNHIM en 2007 : - n°4-5 : 1ère partie - généralités ; - n°6 : 2ème partie - utilisation en traumatologie. 1. Introduction En bref L’hémorragie du post-partum est une complication grave de l’accouchement définie par une perte sanguine supérieure à 500 ml dans les 24 heures qui suivent la naissance. L’hémorragie grave du post-partum correspond à un saignement supérieur à 1000 mL. L’hémorragie du post-partum (HPP) est une complication grave de l’accouchement. Elle est définie par une hémorragie supérieure à 500 ml dans les 24 heures qui suivent la naissance. D’autres critères ont été utilisés par de nombreux auteurs mais c’est actuellement le volume des pertes sanguines qui est retenu comme le critère de définition au plan national et international. Parmi les autres critères, on peut citer des critères biologiques (chute de l’hémoglobinémie de plus de 10 g/l), des critères hémodynamiques (collapsus persistant), ou la nécessité recourir à une transfusion. de Il faudra tenir compte de l’ensemble de ces critères pour poser rapidement le diagnostic. En effet, l’HPP complique environ 5 % des accouchements, et constitue la première cause de mortalité maternelle en France. 2. Epidémiologie (11,14, 22) En bref Les hémorragies du post-partum constituent la première cause de mortalité maternelle en France (21 % des cas). Les complications sévères de l’hypertension artérielle constituent la 2ème cause de mortalité (12 %) et les embolies amniotiques, la 3ème cause (7 %). L’OMS définit Le taux de mortalité maternelle comme le rapport des décès maternels observés durant une année sur le nombre des naissances vivantes de la même année. Il est généralement exprimé pour 100 000. La mort maternelle se définit elle, comme le décès d’une femme pendant sa grossesse, lors de l’accouchement ou dans les semaines qui suivent celui-ci (11). rapports (2001 et 2006) qui ont démontré qu’en France, la première cause de mortalité maternelle est l’HPP. Depuis 10 ans en France, ce taux est compris entre 9 et 13 décès pour 100 000 naissances vivantes, ce qui représente le décès d’une soixantaine de femmes par an. L’événement peut être considéré comme rare, mais : - la France est le seul pays européen où les hémorragies constituent la première cause d’hémorragies maternelles (21 %) ; - les experts ont jugé ces morts évitables dans 73 % des cas ; - la morbidité liée à l’HPP n’est pas chiffrée dans le rapport; or elle est très fréquente et parfois très grave, pouvant laisser des séquelles physiques et psychologiques profondes. Afin de diminuer la fréquence et la gravité des HPP et d’améliorer la qualité de leur prise en charge, des recommandations pour la pratique clinique ont été publiées en 2004 par le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, sous l’égide de la HAS, et largement diffusées depuis (19). Le « Comité national d’experts sur la mortalité maternelle » a été créé par arrêté du 2 mai 1995. Il a publié 2 Il existe cependant des situations où malgré une prise en charge adaptée, le syndrome hémorragique demeure incoercible. -43- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique 3. Physiopathologie spécificités de l’HPP et En bref Les causes les plus fréquentes d'hémorragie du post-partum sont l’atonie utérine, la rétention placentaire et les plaies cervico-vaginales. Moins fréquemment des anomalies d’insertion placentaire peuvent également être responsables d’HPP (placenta praevia, placenta accreta). Les troubles de la coagulation sont rarement à l’origine des HPP, mais peuvent venir les compliquer. 3.1. Principales causes de l’HPP Après le décollement placentaire, l’hémostase est obtenue normalement par la contraction de l’utérus. L’HPP peut être due à : - une plaie de l’utérus au niveau du corps ou du col, une plaie du vagin et de la filière génitale voire une rupture utérine, - une rétention du placenta, des membranes ou la présence de caillots gênant la rétraction utérine, - une inertie utérine dont la cause est mal connue mais qui est responsable le plus fréquemment des HPP, - des troubles de la coagulation. Des anomalies d’insertion du placenta (figure 1) peuvent également être responsables d’HPP (placenta prævia, placenta accreta). 3.2. Evaluation des pertes sanguines 3.3. Survenue des troubles de l’hémostase (9) Le volume moyen de l’hémorragie lors d’un accouchement est inférieur à 300 ml ; 5 % des hémorragies sont supérieures à 500 ml. Ce seuil est un repère qu’il faut connaître pour déclencher une prise en charge active permettant de stopper l’hémorragie avant l’apparition de complications maternelles sévères. La plupart des hémorragies se situant entre 500 ml et 1 litre sont bien tolérées par l’organisme maternel. Elles peuvent cependant engendrer une morbidité liée à la baisse de l’hémoglobine, source d’asthénie, d’infections et d’une majoration du risque thromboembolique. Les hémorragies supérieures à 1 litre, compliquent environ 1,3 % des accouchements. Si on considère les hémorragies menaçant la vie, leur fréquence peut être estimée à 1 pour 1000 naissances. C’est dans cette dernière population que se discutera la place du rFVIIa. Un trouble de coagulation est rarement à l’origine des HPP, mais il vient par contre fréquemment les compliquer. Cette coagulopathie est la conséquence soit de l’hémorragie qui persiste, soit de la dilution liée au remplissage vasculaire. L’intégration du débit de perte sanguine est également une notion pertinente à prendre en compte (24). Ainsi, une perte d’au moins 150 ml/min ou la diminution d’au moins 50% de la masse sanguine en 3 heures peuvent être qualifiée d’hémorragie massive. L’évolution défavorable de la situation peut être très rapide et l’anticipation de ces pertes est absolument indispensable. A ce titre, le volume de 500 ml doit rester le seuil à partir duquel une prise en charge active doit être déclenchée comme le préconisent les recommandations françaises (19). Placenta normal Placenta praevia partiel Figure 1. Exemple d’anomalies d’insertion du placenta Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -44- L’activation excessive de la coagulation provoque une CIVD définie biologiquement par une augmentation des D-dimères associée à une thrombopénie, à une baisse du taux de prothrombine (TP) et/ou à une baisse du fibrinogène, et cliniquement par l’association de manifestations hémorragiques et thrombotiques. Dans les CIVD obstétricales, le syndrome hémorragique domine largement. Le traitement de la CIVD passe avant tout par le traitement de sa cause ; les autres moyens thérapeutiques conseillés en obstétrique sont substitutifs : du PFC afin d'obtenir un TP > 40% ; des CP en cas de thrombopénie associée à une hémorragie persistante ; le fibrinogène dont l’intérêt reste controversé. Les traitements spécifiques ont une place moins précisée ; les concentrés d’antithrombine ne sont pas conseillés ; l’efficacité des fibrinolytiques n’est pas prouvée ; enfin l’efficacité de l’eptacog alfa est l’objet de cet article. Placenta praevia complet Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique 4. Traitement conventionnel de l’HPP En bref Des recommandations ont été publiées en 2004 à l’initiative du Collège National de Gynécologie Obstétrique Français et sous l’égide de la HAS concernant la prévention et le traitement de l’HPP en matière de : - prévention clinique anténatale, - prévention clinique au moment de l’accouchement avec utilisation d’ocytocine, - prise en charge initiale et multidisciplinaire de l’HPP, - administration de sulprostone en cas d’aggravation, - prise en charge par des méthodes invasives. La prévention et le traitement des HPP a fait l’objet en France de recommandations pour la pratique clinique à l’initiative du Collège National de Gynécologie Obstétrique Français et sous l’égide de la HAS publiées en 2004 par le journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction (19). 4.1. Prévention clinique en consultation anténatale et d’anesthésie (19) Les consultations anténatales et d’anesthésie permettent d’identifier le plus précocement possible les parturientes à risque d’HPP et de planifier leur prise en charge. Les facteurs de risque d’HPP identifiés pendant la grossesse sont l’âge maternel, la grossesse multiple, les cicatrices utérines, les anomalies d’insertion placentaire et la césarienne. Cependant, il n’existe aucun facteur de risque dans plus de la moitié des cas d’HPP, et toute maternité doit sur 24 dans des conditions optimales. 4.2. Prévention clinique et pharmacologique de l’HPP au moment de l’accouchement Pour prévenir et\ou pour diagnostiquer précocement une HPP, il est recommandé de réaliser si possible (et surtout chez les femmes à risque) une prise en charge active de la délivrance en injectant 5 UI d’ocytocine au dégagement de l’épaule antérieure. Le décollement placentaire doit être aidé par une traction douce du cordon associée à contre pression sus pubienne ; un examen du placenta, une injection prophylactique d’ocytocine (5 à 10 UI en IV) et un massage utérin après la délivrance. Ces gestes sont des moyens préventifs recommandés. Si le placenta n’est pas expulsé dans les trente minutes, il faut alors, pratiquer une délivrance artificielle sous anesthésie. Au moindre doute sur la vacuité utérine, il faut pratiquer une révision utérine. Après l’accouchement, la surveillance en salle de naissance doit durer au moins deux heures. Pendant ces deux heures, il recommandé de noter régulièrement sur le dossier le volume précis des pertes (sac gradué, pesée des compresses), la présence de caillots, la fermeté du globe utérin, la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la température. Il faut pratiquer utérins répétés. des massages Il est également recommandé d’administrer des ocytociques après l’accouchement de façon systématique. -45- 4.3. Prise en charge initiale de l’HPP (16, 19) Cf. figure 2. La prise en charge de l’HPP est multidisciplinaire : elle doit être réalisée de manière conjointe et simultanée par les obstétriciens, les sages-femmes, les anesthésistes réanimateurs et les infirmières. L’ensemble des acteurs doit être informé de l’évolution de la situation clinique. Le facteur temps étant primordial, il doit être pris en compte impérativement. La cause du saignement doit être recherchée sans délai. La mise en condition minimale de la malade doit comporter la mise en place d’une voie veineuse fonctionnelle, d’une surveillance (scope, pression artérielle) et la réalisation d’une expansion volémique initialement débutée avec des cristalloïdes. Si la délivrance n’a pas eu lieu, une délivrance artificielle doit être impérativement effectuée, sous anesthésie générale ou sous anesthésie péridurale si celle ci était en place pour l’accouchement. Si cette dernière a eu lieu, la révision utérine s’impose même si la délivrance semble complète. La vessie doit être vide et l’utérus doit être massé si il est hypotonique. Un examen de la filière génitale sous valves est recommandé pour dépister une éventuelle lésion cervicovaginale. Parallèlement, il est recommandé d’administrer les utérotoniques de façon systématique. L’ocytocine est préconisée en première intention à la posologie de 5 à 10 UI par injection intraveineuse directe lente. Les prostaglandines ne sont pas recommandées en première intention. Les principes actifs disponibles en thérapeutique sont présentés dans le tableau 1. La réalisation de ces gestes endoutérins est associée à une antibioprophylaxie à large spectre. Si l’hémorragie persiste au-delà de 15 à 30 minutes, il nécessaire de recourir aux phases suivantes de traitement. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Prévenir tous les intervenants potentiels sans délai (annuaire téléphonique spécifique disponible) Diagnostic de l’hémorragie Prise en charge conjointe et simultanée Délivrance effectuée Révision utérine sous anesthésie Délivrance non effectuée Délivrance artificielle sous anesthésie Mise en place du monitorage (pouls, PA, SpO2) Bonne voie d’abord veineuse Remplissage (cristalloïdes) Vérifier carte de groupe (et RAI < 3 jours) Ocytocine 5 à 10 UI IV lente puis 20 UI en perfusion pendant 2 heures Sondage vésical, massage utérin Examen col et vagin si doute Antibioprophylaxie Figure 2. Prise en charge initiale d’une hémorragie du post-partum immédiat (19) Tableau 1. Utérotoniques utilisés en thérapeutique Classe pharmacologique DCI Nom de spécialité Présentation Posologie 4.4. Prise en charge de l’HPP qui s’aggrave Cf. figure 3. Il est recommandé d’administrer dans les 15 à 30 minutes après le début de l’hémorragie, un traitement par sulprostone administré au pousse seringue électrique à la vitesse initiale de 1,7 µg/min correspondant à environ 100 µg/h. La posologie est adaptée à la réponse clinique jugée Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Ocytocique Prostaglandine Ocytocine Sulprostone SYNTOCINON® NALADOR® Amp inj 5 UI/1 ml Amp inj 500 µg/2 ml 1 à 20 mUI/min 1,7 µg/min en fonction de la persistance ou non de l’hémorragie et de la tonicité utérine. La posologie maximale préconisée est égale à 8,3 µg/min correspondant à environ 500 µg /h. au moyen d’un appareil de type HEMOCUE® la surveillance de la coagulation au lit de la patiente n’est pas routinière. Le remplissage vasculaire doit être poursuivi. La mise en place d’une deuxième voie veineuse est recommandée permettant de prélever un bilan biologique standard (NFS plaquettes, taux de prothrombine, temps de céphaline activé, fibrinogène, Ddimères) ; une détermination rapide de l’hémoglobine peut être réalisée La malade doit être réchauffée, l’hypothermie étant à l’origine de perturbations de la coagulation. L’équipement de la patiente doit être complété par une sonde à demeure urinaire, et éventuellement par un cathéter artériel permettant une surveillance fine et continue de la -46- Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique pression artérielle, et des prélèvements biologiques facilité et fiables. Si l’hémorragie persiste, une transfusion de concentré de globules rouges (CGR) doit être envisagée pour maintenir le taux d’hémoglobine entre 7 et 10 g/dl. En cas de troubles de l’hémostase associés, le plasma frais congelé (PFC) peut être utilisé en première intention (10 à 15 ml/kg). Une transfusion de concentré plaquettaire est à envisager en cas de thrombopénie inférieure à 50 G/L au cours d’une césarienne ou inférieure à 30 G/L au cours d’un accouchement par voie basse si l’hémorragie persiste malgré la transfusion de PFC. En présence de troubles de la conscience ou d’un état hémodynamique instable une intubation puis une ventilation mécanique peuvent s’avérer nécessaires. Si après 30 minutes de perfusion de sulprostone, l’hémorragie persiste ou si la situation clinique s’aggrave d’autres stratégies thérapeutiques telle que l’embolisation ou la chirurgie doivent être envisagées. Si la stratégie retenue n’est pas envisageable sur place, le transfert de la malade doit alors être organisé pour réaliser l’hémostase en urgence. 4.5. Stratégie de prise en charge par les méthodes invasives 4.5.1. Embolisation artérielle L’indication d’embolisation artérielle doit être posée de façon multidisciplinaire avec l’avis conjoint des équipes de gynécologues obstétriciens, d’anesthésistes réanimateurs et des radiologues interventionnels. Si les conditions optimales sont requises (état hémodynamique stable…), l’embolisation artérielle est recommandée en cas de : - atonie utérine résistante aux utérotoniques, - hémorragie d’origine cervicoutérine, - thrombus vaginal, - déchirure cervico-vaginale déjà suturée ou non accessible. Prévenir tous les intervenants sans délai Prise en charge conjointe et simultanée Pose d’une 2ème voie veineuse Prélèvement sanguin : NSF, plaquettes, TP, TCA, fibrinogène Surveillance : scope : TA régulière, oxymétrie du pouls sondage vésical à demeure Prise en charge conjointe et simultanée Examens col/vagin si voie basse et si non réalisée auparavant Sulprostone : 100 à 500 µg par voie IV en seringue électrique Relais par ocytocine 10 à 20 UI en perfusion pendant 2 heures Persistance de l’hémorragie plus de 30 minutes sous sulprostone Radiologie interventionnelle accessible Etat dynamique stable Transport médicalisé rapidement possible EMBOLISATION ARTERIELLE Indications préférentielles : - accouchement par voie basse - lésion cervico-vaginale Non CHIRURGIE Ligatures vasculaires Indication préférentielle : HPP au cours d’une césarienne Si échec, ou parfois d’emblée, hystérectomie Echec Figure 3. Prise en charge d’une hémorragie du post-partum immédiat qui persiste au-delà de 15 à 30 minutes (19) -47- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique L’embolisation n’est pas contre indiquée en cas d’existence d’une coagulopathie. Elle peut être envisagée en cas d’hémorragie persistante après des ligatures artérielles ou une hystérectomie. 4.5.2. Chirurgie L’anesthésie générale est recommandée pour le recours à la chirurgie. Le geste chirurgical de première intention est la ligature vasculaire des artères hypogastriques ou des artères utérines associée ou non à un capitonnage des parois utérines. L’hystérectomie d’hémostase est envisagée après échec de l’embolisation ou des ligatures vasculaires, elle peut être néanmoins réalisée d’emblée si la situation clinique l’impose. 5. Evaluation clinique du rFVIIa en obstétrique En bref L’HPP peut être fatale. Les recommandations de 2004 ont mentionné l’utilisation avec succès du rFVIIa. Mais il ne s’agit que de cas isolés. Une seule étude rétrospective multicentrique a été publiée. Le rFVIIa a été utilisé dans le traitement des hémorragies très importantes avec coagulations intravasculaires disséminées, rebelles aux autres traitements. Le FVIIa est utilisé en dernière ligne, sans doute du fait de son coût. s’agit que d’observations isolées de cas cliniques. Du fait de la rareté de la survenue de ces complications hémorragiques dans le contexte obstétrical, la réalisation d’études cliniques randomisées est difficile à mettre en œuvre. Il peut cependant être licite dans ce contexte d’urgence vitale, que les cliniciens aient recours à un médicament dont les vertus hémostatiques ont été observées dans d’autres situations hémorragiques aiguës. 5.2. Synthèse des utilisations cliniques du rFVIIa en obstétrique : analyse de la littérature Les seules données cliniques disponibles sont donc des cas rapportés. En 2006, 44 cas traités ont été publiés (13). Ce nombre augmente régulièrement. 25 cas ont été analysés sur la totalité des cas publiés du fait du manque de données informatives sur l’ensemble des items considérés par l’auteur comme pertinents (21). Plutôt que de procéder à la description linéaire de ces cas, nous avons choisi de les analyser à l’aide d’une grille de lecture comportant des questions clés représentatives d’une prise en charge optimale de ce type de situation clinique. Enfin, en décembre 2007 une importante série européenne de 113 cas d’HPP dans 9 pays pour lesquels l’eptacog alfa a été utilisé, a été publiée (3). 5.2.1. Méthode employée 5.1. Généralités L’HPP est un phénomène qui peut être fatal pour la parturiente. L’utilisation avec succès du rFVIIa était déjà mentionnée dans des recommandations publiées en 2004 (19). Depuis, l’emploi de l’eptacog alfa dans le traitement des ces hémorragies incoercibles a fait l’objet de nouvelles publications, mais il ne Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Nous avons effectué une recherche bibliographique exhaustive sur Medline avec les mots clés rFVIIa et HPP. Nous avons alors obtenu deux types d’articles, des articles présentant des cas cliniques rapportés originaux et des articles effectuant une synthèse de ces derniers (13, 15). Nous avons choisi de nous intéresser aux cas cliniques en ne -48- retenant que ceux traitant des hémorragies obstétricales dans un contexte d’accouchement. Nous avons donc éliminé les cas survenant dans un contexte d’hémorragies sous capsulaire du foie. De plus, nous n’avons pris en compte que les articles en langue française et anglaise ; nous avons donc exclu quelques articles des pays d’Europe de l’Est. Les cas rapportés ont été ensuite analysés à l’aide d’une grille de lecture comportant huit questions clés présentées ci-dessous : - le contexte clinique initial est-il connu ? - le bilan des produits sanguins labiles (PSL) transfusés avant l’administration de rFVIIa est-il connu? - les traitements conventionnels ontils été utilisés ? - si le rFVIIa a été utilisé : à quelle dose, quel nombre de doses et quel intervalle entre les doses ? - quel a été le critère de succès (arrêt des pertes sanguines) ? - où le rFVIIa a-t-il été positionné dans l’algorithme de traitement de l’HPP ? - y a t-il eu des effets indésirables rapportés ? 5.2.2. Résultats de l’analyse de la littérature Parmi les 44 cas publiés, seuls 37 cas ont été analysés ; les principaux résultats sont présentés dans le tableau 2. Ceux de la série européenne (3) sont présentés dans le tableau 3. 6. Discussion Dans tous les cas, à l’exception des 4 malades (23) et jusqu’à la série publiée fin 2007 (3), le rFVIIa a été employé dans le traitement d’hémorragies très importantes, avec des CIVD, rebelles à tous les traitements médicaux et chirurgicaux. Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Tableau 2. Synthèse des cas cliniques publiés Référence du cas Age (Ans) Contexte clinique initial Bilan des PSL transfusés pré rFVIIa Modalité initiale de prise en charge Posologie du rFVIIa Efficacité clinique Positionnement du rFVIIa dans l’algorithme Effets indésirables Brice 2004 (10) 27 Atonie utérine post Césarienne 18 CGR 4750 mL de PFC 6 CP 3 g de fibrinogène Ligature des artères hypogastriques ligature étagée de l’utérus 60 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Per opératoire avant hystérectomie après ligature H5 post opératoire Thrombose des veines ovariennes à J30 Brice 2004 (10) 40 Atonie utérine post Césarienne 16 CGR 2400 ml de PFC 4 CP 2 g de fibrinogène Ligature des artères hypogastriques et hémostase chirurgicale des vaisseaux vésico- et cervicovaginaux 60 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post chirurgie avant hystérectomie Pas d’embolisation Pas d’effets indésirables malgré recherche systématique Price 2004 (18) 32 Césarienne HELLP post partum CIVD 22 CGR 18 PFC 40 CP 20 UI de cryoprécipité Laparotomie (ligature ?) 90 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post chirurgie Pas d’embolisation Aucun effet indésirable Haynes 2006 (13) 29 Placenta accreta Césarienne 35 CGR 12 PFC 5 CP 10 UI de cryoprécipité Hystérectomie 70 µg/kg (4,8 mg) 1 dose Arrêt de l’hémorragie Per opératoire Aucun effet indésirable Haynes 2006 (13) 27 Accouchement par voie basse 35 CGR 14 PFC 1 CP 10 UI de cryoprécipité Hystérectomie Ligature de l’artère iliaque gauche 75 µg/kg (7,2 mg) 1 dose Arrêt de l’hémorragie Per opératoire Aucun effet indésirable Haynes 2006 (13) 36 Accouchement par voie basse 42 CGR 16 PFC 3 CP 16 UI de cryoprécipité Hystérectomie Laparotomie Embolisation des 2 artères iliaques post rFVIIa 75 µg/kg (7,2 mg) 1 dose Arrêt de l’hémorragie stabilisation hémodynamique Post opératoire Aucun effet indésirable Haynes 2006 (13) 29 Césarienne pour placenta prævia 21 CGR 6 PFC 4 CP 15 UI de cryoprécipité Tamponnade de l’utérus Embolisation des 2 artères iliaques internes 85 µg/kg (7,2 mg) 1 dose Arrêt de l’hémorragie stabilisation hémodynamique Post embolisation des 2 artères iliaques internes Aucun effet indésirable Ahonen, 2005 (1) 32 Placenta accreta Accouchement par voie basse 54 CGR 34 PFC 56 CP Hystérectomie 44 µg/kg 1 dose Arrêt partiel de l’hémorragie Post hystérectomie Pas d’embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 37 Placenta recouvrant Césarienne 39 CGR 14 PFC 24 CP Hystérectomie 95 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post hystérectomie Pas d’embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 34 Atonie utérine Accouchement par voie basse 19 CGR 8 PFC 16 CP Chirurgie utérine (lacération) Utétoroniques 78 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Pas d’embolisation Hystérectomie évitée NR -49- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Tableau 2. Synthèse des cas cliniques publiés (suite 1) Référence du cas Age (Ans) Contexte clinique initial Bilan des PSL transfusés pré rFVIIa Modalité initiale de prise en charge Posologie du rFVIIa Efficacité clinique Positionnement du rFVIIa dans l’algorithme Effets indésirables Ahonen, 2005 (1) 32 Lacérations utérines Accouchement par voie basse 28 CGR 16 PFC 32 CP Chirurgie utérine (lacération) Embolisation artérielle 103 µg/kg 1 dose Arrêt partiel de l’hémorragie Post chirurgie et embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 34 Lacérations utérines Césarienne 32 CGR 20 PFC 40 CP Hystérectomie 90 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post hystérectomie Pas d’embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 24 Atonie utérine Césarienne 13 CGR 10 PFC 24 CP Chirurgie utérine (lacération) Utérotoniques Embolisation artérielle 116 µg/kg 1 dose Arrêt partiel de l’hémorragie Post chirurgie et embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 23 Placenta accreta Accouchement par voie basse 21 CGR 16 PFC 16 CP Hystérectomie 42 µg/kg 1 dose Arrêt partiel de l’hémorragie Post hystérectomie Pas d’embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 32 Lacérations utérines Césarienne 20 CGR 14 PFC 16 CP Chirurgie utérine (lacération) 120 µg/kg 1 dose Pas d’arrêt de l’hémorragie Post chirurgie Pas d’embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 36 Placenta percreta Césarienne 31 CGR 16 PFC 24 CP Hystérectomie 77 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post hystérectomie Pas d’embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 25 Lacérations utérines Accouchement par voie basse 12 CGR 10 PFC 32 CP Chirurgie utérine (lacération) Embolisation artérielle 74 µg/kg 1 dose Arrêt partiel de l’hémorragie Post hystérectomie NR Ahonen, 2005 (1) 29 Lacérations utérines Accouchement par voie basse 13 CGR 8 PFC 24 CP Chirurgie utérine (lacération) 86 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post chirurgie Pas d’embolisation NR Ahonen, 2005 (1) 24 Lacérations utérines Accouchement par voie basse 10 CGR 8 PFC 16 CP Chirurgie utérine (lacération) Embolisation artérielle 96 µg/kg 1 dose Arrêt partiel de l’hémorragie Post chirurgie et embolisation NR Boehlen, 2004 (6) 31 Rupture utérine 55 CGR 27 PFC 32 CP Hystérectomie 3 laparotomies utérotoniques Acide tranéxamique Pas d’embolisation Ligature d’artérioles 120 µg/kg 19 doses pendant 4 jours Arrêt partiel de l’hémorragie le 1er jour Bonne efficacité le 2ème jour Survie à J21 Post hystérectomie et post 1ère laparotomie Injection préopératoire 2ème laparotomie Pas de survenue d’effets indésirables Segal, 2003 (20) NR Placenta accreta Césarienne 50 CGR 30 PFC 60 CP 54 UI de cryoprécipité Hystérectomie Ligature des artères iliaques internes 90 µg/kg 2 doses Arrêt de l’hémorragie Post hystérectomie et post ligature NR Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -50- Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Tableau 2. Synthèse des cas cliniques publiés (suite 2) Référence du cas Age (Ans) Contexte clinique initial Bilan des PSL transfusés pré rFVIIa Modalité initiale de prise en charge Posologie du rFVIIa Efficacité clinique Positionnement du rFVIIa dans l’algorithme Effets indésirables Segal, 2003 (20) NR Rupture utérine Accouchement par voie basse 22 CGR 20 PFC 60 CP 64 UI de cryoprécipité Hystérectomie Ligature des artères iliaques internes bilatérales 100 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post hystérectomie et post ligature NR Segal, 2003 (20) NR Pré éclampsie HELLP syndrome 22 CGR 16 PFC 10 CP 13 UI de cryoprécipité Compression de type packing 90 µg/kg 1 dose Arrêt partiel de l’hémorragie Post chirurgie NR Bouwmeeste r, 2003 (7) 30 Atonie utérine Lacérations vaginales 42 CGR 34 PFC 6 CP Hystérectomie Ligature des artères iliaques internes Utérotoniques Acide tranéxamique 1ère dose : 60 µg/kg 2ème dose : 120 µg/kg deux heures après la 1ère dose Arrêt de l’hémorragie Post hystérectomie et post ligature Pas de survenue d’effets indésirables liés au rFVIIa Breborowicz, 2002 (8) 29 Atonie utérine Césarienne 3900 mL CGR 1800 mL PFC Hystérectomie Laparotomie 20 µg/kg 1 dose Arrêt partiel de l’hémorragie Post hystérectomie NR Breborowicz, 2002 (8) 28 Atonie utérine Césarienne 2100 mL CGR 1000 mL PFC Hystérectomie Utérotoniques 17,5 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Per opératoire hystérectomie NR Breborowicz, 2002 (8) 44 Atonie utérine Césarienne 2100 mL CGR 400 ml PFC Utérotoniques 20 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Après administration des utérotoniques NR Breborowicz, 2002 (8) 36 Placenta prævia CIVD 5100 mL CGR 3000 mL PFC Pas de traitement 30 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie 1ère intention NR Breborowicz, 2002 (8) 29 Traumatologie génitale CIVD 4800 mL CGR 2200 mL PFC Hystérectomie Laparotomie 26 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post hystérectomie NR Breborowicz, 2002 (8) 40 Atonie utérine Césarienne 2700 mL CGR 1000 mL PFC Utérotoniques 48 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie NR NR Breborowicz, 2002 (8) 26 Césarienne 3600 mL CGR 2800 mL PFC Hystérectomie Laparotomie 16,7 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post hystérectomie NR -51- Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Tableau 2. Synthèse des cas cliniques publiés (fin) Référence du cas Age (Ans) Contexte clinique initial Bilan des PSL transfusés pré rFVIIa Modalité initiale de prise en charge Posologie du rFVIIa Efficacité clinique Positionnement du rFVIIa dans l’algorithme Effets indésirables Zupancic Salek, 2002 (26) 31 HELLP syndrome Césarienne 12 CGR 10 PFC 8 CP 950 UI de cryoprécipité NR 90 µg/kg 1 dose Arrêt de l’hémorragie Post Césarienne NR Courtois, 2007 (12) 33 MFIU 25SA, Accouchement par voie basse, placenta increta, hémorragie, choc, CIVD 24 CGR 12 PFC 1 CP Embolisation, ligatures vasculaires, hystérectomie 1ère dose : 60 µg/kg 2ème dose : 120 µg/kg deux heures après la 1ère dose Arrêt de l’hémorragie en 30 min Après hystérectomie et embolisation Infarctus splénique Tanchev, 2005 (23) NR Forceps, inertie utérine, hémorragie 1600ml NR RU, Utérotoniques, PFC, tamponnement 82 µg/kg Arrêt de l’hémorragie en 15 min Avant traitement chirurgical ou embolisation Aucun effet indésirable Tanchev, 2005 (23) NR Accouchement par voie basse inertie utérine, hémorragie 2400ml NR RU, Utérotoniques, PFC, tamponnement 73 µg/kg Arrêt de l’hémorragie en 25 min Avant traitement chirurgical ou embolisation Aucun effet indésirable Tanchev, 2005 (23) NR Accouchement par voie basse inertie utérine, hémorragie 1100 ml NR RU, Utérotoniques, PFC, tamponnement 61 µg/kg Arrêt de l’hémorragie en 35 min Avant traitement chirurgical ou embolisation Aucun effet indésirable Tanchev, 2005 (23) NR Accouchement par voie basse inertie utérine, hémorragie 2500 mL NR RU, Utérotoniques, PFC, tamponnement 72 µg/kg Arrêt de l’hémorragie en 40 min Avant traitement chirurgical ou embolisation Aucun effet indésirable - CGR : concentré de globules rouges CIVD : coagulation intravasculaire disséminée CP : concentré de plaquettes HELLP : Haemolysis Elevated Liver enzyme Low Platelet count NR : non renseigné PFC : plasma frais congelé PSL : produits sanguins labiles RU : révision utérine NB : Le cryoprécipité employé aux USA peut être comparé au fibrinogène employé en France. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -52- Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Tableau 3. Etude sur une série européenne de 113 cas d’HPP dans 9 pays. Use of recombinant activated factor VII in primary postpartum haemorrhage - 2007 (??) Méthodologie Inclusion/d’exclusion Inclusion Objectif de questionnaires Collection et analyse d’une Envoi standardisés dans différentes série de cas. maternités européennes (9 pays) comprenant : Type d’étude caractères démoEtude rétrospective multi- - les centrique européenne, graphiques des patients, réalisée à l’aide d’une grille - les antécédents médicaux et obstétricaux, d’analyse commune. - la description du travail et des causes hémorragiques et Schéma posologique de leur prise en charge L’utilisation du rFVIIa est - l’emploi du rFVIIa, sa dose, décrite comme curative le schéma posologique, le lorsque le médicament est délai inter dose, l’efficacité employé à l’issu d’une prise sur le saignement et les en charge conventionnelle. éventuels effets indésirables. Les auteurs définissent l’emploi prophylactique du Exclusion rFVIIa lorsqu’il est employé Tous dossiers incomplets. conjointement avec des traitements chirurgicaux ou Critères d’évaluation Réduction ou persistance du radiologiques. saignement dans les deux groupes. Durée de l’étude 4 ans entre 2000 et 2004 Effets secondaires Evaluation clinique et déclaration systématique. Résultats 113 cas d’HPP (108 dossiers exploitables) traités avec du rFVIIa selon deux groupes : - 92/108 en traitement curatif, - 16/108 en traitement prophylactique traités majoritairement en 2004. 92% des grossesses sont non compliquées et sans antécédents médicaux. La césarienne a été le mode de délivrance le plus fréquemment employé dans les 2 groupes. L’atonie utérine a été la principale cause d’HPP. Prise en charge conventionnelle de l’HPP : - traitement médicamenteux dans 95% des cas avec de l’ocytocine ou des prostaglandines et dans 22 % avec du misoprostol ; - dans 87 % cas, réalisation d’une prise charge hémostatique. Niveau médian des pertes hémorragiques avant le recours au rFVIIa : - 5,8 litres pour le groupe rFVIIa curatif, - 2,5 litres pour le groupe rFVIIa prophylactique. Présence d’une CIVD authentifiée dans : - 70 % des cas pour le groupe rFVIIa curatif, - 23 % des cas pour le groupe rFVIIa prophylactique. Modalités d’utilisation du rFVIIa : - 1 seule dose dans 81 % des cas (88/108), - 90 µg/kg ou moins dans 91 % des cas. Conclusion des auteurs Cette revue montre l’importance du rFVIIa dans la prise en charge de l’HPP, avec une efficacité clinique importante et comparativement peu d’effets indésirables ; il est néanmoins nécessaire de poursuivre une évaluation clinique rigoureuse. Conclusion CNHIM Efficacité du rFVIIa : - Diminution des pertes hémorragiques après une seule dose dans 80 % des cas dans le groupe curatif (74/92) et 75 % dans le groupe prophylactique (12/16). - Diminution des pertes hémorragiques quelque soit le nombre de doses employé dans 83 % des cas dans le groupe curatif (77/92) et 81 % dans le groupe prophylactique (13/16). Il s’agit de la plus importante série publiée à ce jour avec une analyse rétrospective homogène des cas ; cependant on ne peut pas être exclure de la redondance de certains d’entre eux par rapport aux séries déjà publiées. Inefficacité clinique du rFVIIa dans 13,8 % des cas (15/108) avec 3/108 données manquantes quelque soit le nombre de doses employé. L’introduction de la notion de l’emploi prophylactique du rFVIIa doit être définie avec précision de manière prospective. Cette utilisation récemment introduite dans les pratiques des auteurs s’effectue de façon plus précoce dans l’algorithme de la prise en charge des patientes. Les auteurs signalent une inefficacité clinique dans quelques cas et notent la survenue d’effets indésirables importants de nature thrombotique. -53- Effets indésirables et tolérance Survenue de 4 accidents thromboemboliques : - 2 embolies pulmonaires dans la 1ère semaine, - 1 thrombose ovarienne bilatérale 4 semaines post HPP, - 1 thrombus dans la veine jugulaire et sous claviaire, - 1 accident allergique suspect. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique Les causes de l’HPP dans ces études de cas publiés étaient multiples : inertie, plaie, placenta accreta, Haemolysis Elevated Liver enzyme Low Platelet count (HELLP) syndrome. Le recours au rFVIIa s’est effectué après plusieurs heures d’hémorragie, sur des coagulations intravasculaires disséminées (CIVD) persistantes malgré des traitements substitutifs en produits sanguins labiles (PSL) importants. Les malades de l’étude (23) ont été traitées médicalement, et le rFVIIa a été une alternative au traitement chirurgical. Pour cet auteur, en cas d’inertie utérine, le rFVIIa est suffisamment fiable et efficace pour être utilisé à seule fin d’éviter les complications de la chirurgie et de limiter les transfusions. Par ailleurs, les auteurs de la série de cas européens (3) décrivent une utilisation prophylactique dans la dernière année de recueil de leurs données (2004) laissant présager une évolution des pratiques pour le recours à ce médicament de façon concomitante à un geste radiologique ou chirurgical et avant l’hystérectomie d’hémostase. Ces approches sont originales car, dans tous les autres cas publiés antérieurement, la stratégie conventionnelle a été respectée jusqu’au bout y compris jusqu’à l’hystérectomie d’hémostase. En effet, le recours à l’hystérectomie sera fait dans la moitié des cas rapportés, associée ou non à la ligature des artères hypogastriques (18 %) ou à une embolisation des artères iliaques (18 %). Une telle stratégie peut différer d’un pays à l’autre. Majoritairement, le rFVIIa a été employé comme traitement de dernière ligne. Les pertes hémorragiques sont toujours bien quantifiées au moment de l’emploi du rFVIIa. Ces dernières sont dans tous les cas, majeures et nécessitent une transfusion massive en produits sanguins labiles (PSL) (23 concentrés de globules rouges en moyenne ; 14 plasmas frais congelés en moyenne). Le bilan biologique n’est pas toujours bien documenté dans les cas rapportés à l’exception du bilan de coagulation toujours présent. Dans toutes les situations, une CIVD est avérée. A l’opposé la température corporelle et le pH sont toujours absents. La littérature est peu informative sur la chronologie de Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 ces bilans biologiques sans pouvoir définir s’il s’agit de bilans effectués en pré ou post injection de rFVIIa. Quel que soit le contexte biologique initial le rFVIIa semble être le plus souvent hémostatique. Les notions relatives au contexte physiopathologique (température corporelle, pH) ne semblent pas s’appliquer au contexte gynécologique comme cela est le cas en traumatologie. Les doses et les intervalles entre deux doses sont très variables. Deux stratégies sont mentionnées, celle utilisant de faibles doses aux alentours de 60 µg/kg et celle utilisant des doses aux environ de 120 µg/kg (tableau 2 ; dose moyenne employée : 72 ± 32 µg/kg ; doses extrêmes employées : 16,7 à 120 µg/kg). Les posologies inférieures à 50 µg/kg paraissent moins efficaces Par ailleurs, une seule dose suffit dans la majorité des cas à l’exception de deux cas, utilisant deux doses (20), l’autre 19 doses au total sur quatre jours (6). Dans la série européenne (3), l’utilisation d’une seule dose à 90 µg/kg a également été majoritaire. La question qui demeure est de faire le choix entre les deux stratégies : employer une faible dose exposant à un risque thrombotique moindre, ou bien une dose plus élevée afin d’assurer une dose hémostatique efficace. En cas d’inefficacité, il était d’usage de réinjecter une nouvelle dose deux heures après la première en se basant sur la demi-vie de l’eptacog alpha et des données pharmacocinétiques obtenues dans le cadre des essais cliniques réalisés dans l’hémophilie. Cependant, des auteurs recommandent de réinjecter 30 minutes à 1 heure après la 1ère injection, indépendamment de la pharmacocinétique afin de maintenir une dose efficace en plateau et d’atteindre la dose efficace rapidement (25). Le critère de succès de l’emploi du rFVIIa demeure un critère exclusivement clinique relatif à l’arrêt de l’hémorragie. Dans la synthèse des cas présentée dans le tableau 2, cet effet est partiel dans 22 % des cas (8/37) et total dans 76 % des cas (28/37) avec un cas d’inefficacité clinique (1). -54- Dans la série européenne (3), l’efficacité clinique est de 80 % dans le groupe curatif et de 75 % dans le groupe prophylactique. Les auteurs relèvent une inefficacité clinique dans 13,8 % des cas quel que soit le nombre de doses employé. Peu d’informations précises sont fournies sur le délai entre l’administration du rFVIIa et l’arrêt effectif du saignement ; le délai le plus souvent rapporté est de 10 à 15 minutes. Trois effets indésirables ont été rapportés sur les 37 cas préalablement analysés. Une thrombose des veines ovariennes a été décrite (10) quatre semaines après le traitement sans suspicion dans l’intervalle malgré la réalisation d’un suivi par doppler. La survenue d’une thrombose a aussi été décrite dans deux études (12, 18). Par ailleurs, quatre effets indésirables de nature thromboemboliques (2 embolies pulmonaires, 1 thrombose ovarienne bilatérale et 1 thrombus dans la veine jugulaire et sous claviaire) sur les 108 cas traités avec l’eptacog alfa ont été décrits (3). Tous ces effets devraient faire l’objet d’une déclaration systématique à la pharmacovigilance institutionnelle afin de déterminer objectivement l’imputabilité potentielle du rFVIIa. Il est regrettable de constater une sous déclaration notoire. Le positionnement du rFVIIa dans l’algorithme de prise en charge est un point clé de la discussion. La majorité des auteurs utilise ce médicament en dernière ligne, sans doute du fait de son coût (une dose de 90 µg/kg pour un poids de 70 kg coûte environ 3 800 euros). A ce titre, les recommandations européennes 2006 en cas d’HPP du post partum menaçant le pronostic vital précisent que le rFVIIa peut être utilisé, mais ne doit pas se substituer ni retarder les thérapeutiques efficaces comme l’embolisation ou la chirurgie ni le transfert vers un centre de référence (grade E). Il peut être envisagé de l’utiliser avant l’hystérectomie d’hémostase dans le cas d’une femme jeune ou dans le but de faciliter l’accès aux structures de radiologie ou de chirurgie lorsque ces dernières sont éloignées (24). Les recommandations australiennes (23) recommandent de l’utiliser avant l’hystérectomie même chez la femme plus âgée. Récemment des Eptacog alpha – rFVIIa – Gynéco-obstétrique auteurs préconisent également un emploi plus précoce dans l’arbre décisionnel (3). Il ne faut cependant pas galvauder son emploi et participer activement à son évaluation clinique ne serait ce que par le biais des observatoires nationaux qui devraient permettre de colliger l’ensemble des cas traités sur le territoire national. Des essais cliniques multicentriques randomisés contre placebo ne seraient plus contre indiqués sur le plan éthique et augmenteraient le niveau de preuve scientifique de l’efficacité clinique de l’eptacog alfa (2). A ce titre, une étude multicentrique française est en cours de réalisation dans le cadre d’un projet hospitalier de recherche clinique se proposant d’évaluer de manière prospective l’intérêt de l’injection d’une dose précoce de 60 µg/kg de rFVIIa sur la réduction du recours à l’embolisation, à la chirurgie voire à l’hystérectomie (http://clinicaltrials.gov /ct /show /NCT00370877). La comparaison de différents résultats devrait permettre d’établir des recommandations d’utilisation optimales. 7. Conclusion Si les résultats analysés semblent pertinents bien que ne répondant pas aux critères d’évaluation clinique standards, on peut faire les constats suivants : les échecs au traitement ne sont probablement pas tous publiés et les complications du traitement ne sont pas toujours recherchées. A partir de ces observations, il apparaît que le rFVIIa est un traitement envisageable pour traiter les HPP quand tous les traitements connus et validés ont échoué. Il est d’usage d’employer dans la littérature une dose comprise entre 60 et 90 µg/kg en préconisant d’arrondir la dose au flacon. Si une deuxième dose s’avère nécessaire, il semble opportun de l’administrer 30 minutes après la première (23). La stratégie de recours au rFVIIa est à discuter parfois avant hystérectomie d’hémostase, ou pour permettre le transport d’une malade vers une structure de soin appropriée si cette dernière n’est pas aisément accessible. Un tel traitement ne doit cependant pas être galvaudé car de nombreuses inconnues persistent telles que l’innocuité et le schéma posologique optimal. De plus, l’utilisation de cette molécule onéreuse doit répondre aux critères du « bon usage du médicament » associé à la réforme hospitalière de la tarification à l’activité (T2A) pour obtenir son remboursement en sus. Dans ce contexte, et du fait de la rareté de ces situations, la collection standardisée de tous les cas devrait être systématique notamment par le biais d’observatoires tant au plan national que local. A terme, des essais cliniques devraient préciser l’utilisation de ce médicament dans l’arsenal thérapeutique de l’HPP. Une telle démarche doit permettre d’accéder aux innovations thérapeutiques en garantissant un rapport bénéfice risque optimal pour les malades. 8. Abréviations CGR : Concentré de Globules Rouges CP : Concentré de Plaquettes CIVD : Coagulation Intra Vasculaire Disséminée DGS : Direction Générale de la Santé HAS : Haute Autorité de santé HELLP: Haemolysis Elevated Liver enzyme Low Platelet count HPP : Hémorragie du Post partum INVS : Institut de Veille Sanitaire IV : Intraveineuse NFS : Numération Formule Sanguine OMS : Organisation Mondiale de la Santé PFC : Plasma Frais Congelé PSL : Produits Sanguins Labiles rFVIIa : Facteur VII activé recombinant RU : Révision Utérine TCA : Temps de Céphaline Activé TP : Temps de prothrombine Références bibliographiques 1. Ahonen J, Jokela R. Recombinant factor VIIa for life-threatening post-partum haemorrhage. Br J Anaesth 2005 ; 94 : 592-5. 2. Ahonen J, Jokela R, Korttila K. An open non-randomized study of recombinant -55- activated factor VII in major postpartum haemorrhage. Acta Anaesthesiol Scand, 2007; 51 : 929-936. 3. 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Segal S, Shemesh IY, Blumenthal R, Yoffe B, Laufer N, Erza Y, et al. Treatment of obstetric hemorrhage with recombinant factor VII (rFVIIa). Arch Gynecol Obstet 2003 ; 268 : 266-7. 21. Sobieszczyk S, Breborowicz GH, Platicanov V, Tanchen S, Kessler CM. Recombinant factor VIIa in the management of post partum bleeds: an audit of clinical use. Acta Obstet Gynecol 2006 ; 85 : 1239-47. 22. Subtil D, Sommé A, Ardiet E, DepretMosser S. Hémorragies du post partum : fréquence, conséquences en termes de santé et facteurs de risque avant l’accouchement. J Gynecol Obstet Biol Reprod 2004 ; 33 Sup n°8 :4S9-4S16. 23. Tanchev S, Platikanov V, Karadimov D. Administration of recombinant factor VIIa for the management of massive bleeding due to uterine atonia in the post placental period. Acta Obstet Gynecol Scand 2005 ; 84 : 402-403. -56- 24. Vincent JL, Rossaint R, Riou B, Ozier Y, Zideman D, Spahn DR. Recommandations on the use of recombinant activated factor VII as an adjunctive treatment for massive bleeding – a European perspective. Critical Care 2006; 10 : R120. 25. Welsh A, McLintock C, Gatt S, Somerset D, Popham P, Ogle R. Guidelines for the use of recombinant activated factor VII in massive obstetric haemorrhage. Australian & New Zealand J Obstet & Gynaecol 2008 ; 48 : 12–16. 26. Zupansic Salek S, Sokolic V, Viskosic T, Sanjug J, Simic M, Kastelan M. Successful use of recombinant factor VIIa for massive bleeding after caesarean section due to HELLP syndrome. Acta Haematol 2002 ; 108 : 162-3. 27. Documentations des laboratoires. Résumés des derniers numéros Résumés des derniers numéros parus Dossier du CNHIM N°1, 2008 : Immunoglobulines humaines normales sous-cutanées : traitement substitutif Le système immunitaire est un système complexe indispensable à l’organisme dans sa lutte contre les agents extérieurs. On distingue 2 types de déficits immunitaires : primaires, d’origine génétique, secondaires, provoqués par un facteur externe. Le traitement préconisé dans les déficits immunitaires humoraux (défaut quantitatif ou qualitatif des immunoglobulines) est l’administration d’immunoglobulines humaines normales par voie intraveineuse ou par voie souscutanée. L’avantage principal de la voie sous-cutanée est de permettre aux malades de s’auto administrer les immunoglobulines et donc d’améliorer leur condition de vie. De nombreux facteurs participent à la réponse immunitaire : les phagocytes, les lymphocytes T et les lymphocytes B qui produisent des anticorps ou immunoglobulines. Les immunoglobulines sont des protéines sériques très spécialisées et spécifiques d’un antigène particulier. Le déficit immunitaire primaire se traduit par des infections à répétition plus ou moins sévères. Parmi les différents traitements, il y a : l’administration d’antibiotiques pendant une longue période ; l’administration d’immunoglobulines en cas d’hypogammaglobulinémie ; la greffe de moelle dans les formes sévères. Il existe une multitude de déficits immunitaires primaires. Les déficits immunitaires secondaires sont acquis à la suite d’une pathologie qui affecte la lignée immunitaire. C’est le cas notamment des leucémies et des myélomes mais également du SIDA. Trois immunoglobulines humaines normales sous-cutanées ont obtenu l’AMM en France en 2005 : SUBCUVIA®, GAMMANORM® et VIVAGLOBIN®. Ces spécialités sont utilisées dans le cadre d’un traitement préventif visant à ramener à une valeur normale les taux d’immunoglobulines afin d’augmenter la résistance aux infections et de diminuer leur sévérité et leur récurrence. Les immunoglobulines sont issues de dons de sang humain bénévoles et non rémunérés. Elles sont obtenues par différents procédés permettant d’assurer une qualité optimale et le risque infectieux le plus faible possible. Les immunoglobulines humaines normales par voie SC sont indiquées dans le traitement substitutif : des déficits immunitaires primitifs ; du myélome ou de la leucémie lymphoïde chronique avec hypogammaglobulinémie secondaire sévère et infections récurrentes. Le traitement par immunoglobulines humaines normales diminue la fréquence des épisodes infectieux, la consommation d’antibiotiques, l’absentéisme scolaire et professionnel et prévient les infections chroniques sinusiennes et bronchiques. Il doit assurer en 3 à 6 mois un taux d’immunoglobulines résiduel d’au moins 5 g/l chez l’adulte et 8 g/l chez l’enfant. L’administration par voie sous cutanée permet également un traitement plus aisé pour les malades en ambulatoire. Les immunoglobulines sont indiquées dans : le traitement substitutif des déficits immunitaires primitifs chez l’adulte et l’enfant ; le traitement de substitution du myélome ou de la leucémie lymphoïde chronique avec hypogammaglobulinémie secondaire sévère et infections récurrentes. Fluoroquinolones : place de la lévofloxacine et de la moxifloxacine La classe des fluoroquinolones comprend différentes substances actives parmi lesquelles la norfloxacine, la péfloxacine, l’ofloxacine et la ciprofloxacine, longtemps les plus utilisées en Europe. 2 nouvelles substances actives sont arrivés ensuite en France, en 1998 puis 2002: la lévofloxacine, isomère de l’ofloxacine, et la moxifloxacine, du groupe des 8-méthoxyquinolones. Les fluoroquinolones sont des antibiotiques bactéricides. Elles inhibent la synthèse de l’ADN bactérien en interagissant avec l’ADN gyrase et l’ADN topoisomérase IV. L’effet bactéricide responsable de l’activité antibactérienne résulterait des dommages irréversibles causés à l’ADN par l’interruption du fonctionnement des ADN topoisomérases. L’adjonction d’un atome de fluor en position 6 et la substitution du sommet 7 sur la structure des quinolones de 1ère génération a permis une augmentation de l’activité intrinsèque des fluoroquinolones. On peut classer les fluoroquinolones soit en fonction de critères pharmacocliniques (fluoroquinolones urinaires, systémiques et respiratoires) soit en fonction de leur structure chimique qui conditionne leur spectre antibactérien (quinolones de 2ème, 3ème voire 4ème génération). Les résistances acquises aux fluoroquinolones ont pour mécanisme : des mutations chromosomiques ; une diminution d’accumulation intra-cellulaire par défaut de pénétration passive ; une exacerbation de l’excrétion active de l’antibiotique par une « pompe d’efflux ». La lévofloxacine comme la moxifloxacine sont essentiellement utilisées en alternative des traitements classiques pour leur activité dans les infections respiratoires ; ce sont des fluoroquinolones antipneumococciques. Les indications de la lévofloxacine sont plus étendues, et elle dispose d’une forme injectable. Deux revues d’essais cliniques randomisés résument leur efficacité dans le traitement des infections des voies respiratoire : pneumonies aiguës communautaires ; exacerbations aiguës de bronchite chronique ; sinusites bactériennes aiguës. Bien que n’ayant pas d’AMM dans ces pathologies, la moxifloxacine possède une activité intéressante sur les mycobactéries tuberculeuses ou atypiques. Aucun essai clinique comparatif n’a permis de montrer une supériorité de l’une sur l’autre. Ces 2 quinolones sont en général bien tolérées avec peu d’effets indésirables. Un problème majeur posé par leur utilisation est l’augmentation de la fréquence des résistances dans tous les groupes bactériens y compris ceux considérés initialement comme très sensibles. L’usage de ces 2 quinolones doit donc être réservé aux cas où elles présentent un avantage par rapport aux traitements de référence : sujets âgés ou présentant une comorbidité, échec du traitement de première intention, pneumocoque multirésistant ou allergie aux bétalactamines ou aux macrolides. En mars 2006, la conférence de consensus pour la prise en charge des infections des voies respiratoires a commencé à définir la place en thérapeutique des fluoroquinolones anti-pneumocciques. N°6, 2007 : Migraine : stratégie thérapeutique Deux types de céphalées peuvent être distinguées : les céphalées primaires sans cause connue et les céphalées secondaires. La migraine, affection neurovasculaire invalidante, est la céphalée primaire la plus fréquente. Les signes cliniques comprennent des céphalées pulsatiles paroxystiques, souvent unilatérales, accompagnées de nausées et/ou vomissements, de phonophobie et/ou photophobie. Le déclenchement de la crise pourrait être dû à deux types de causes principales : une hyperexcitabilité du cortex cérébral, un dysfonctionnement du tronc cérébral. La migraine, affection fréquente et évolutive, touche en moyenne 12 % de la population française, 12 à 20 % des adultes et 5 à 10 % des enfants. La durée des crises est de 2 à 6 heures chez 50 % des migraineux ; dans 75 % des cas la fréquence varie entre 1 fois par semaine à 1 fois par mois. Les facteurs de risques et les facteurs déclenchants sont multiples : facteurs de risques : sexe, facteurs hormonaux ; facteurs déclenchants : facteurs psychologiques, alimentaires, rythme de vie, environnement climatique. De nombreuses études ont montré des relations entre la migraine et d’autres pathologies (pathologies psychiatriques, dépression, anxiété…). La migraine se caractérise par la survenue de crises de céphalées précédées dans 10 à 15 % des cas de manifestations neurologiques appelées aura. Chez l’enfant les crises sont généralement plus courtes et leur localisation est bilatérale. Le traitement de la crise vise à l’interrompre, à réduire son intensité et sa durée. Il consiste en : traitements non spécifiques : paracétamol, AINS, antalgiques opiacés ; traitements spécifiques : dérivés de l’ergot de seigle (agonistes sérotoninergiques, dopaminergiques et alpha-adrénergiques) ou triptans (agonistes spécifiques des récepteurs 5HT1B et 5HT1D de la sérotonine). Le principal objectif du traitement de fond est de réduire la fréquence des crises. Différentes classes pharmacothérapeutiques peuvent être utilisées : des bêtabloquants comme le propranolol, le métoprolol, le timolol, l’aténolol, le nadolol, ou d’autres substances actives comme l’oxétorone, l’amitriptyline, le pizotifène, le valproate de sodium, le méthysergide, la flunarizine, la gabapentine, le topiramate, l’indoramine. Le traitement de la crise migraineuse constitue la base du traitement de la migraine. L’ANAES a diffusé des recommandations associant notamment un AINS en 1ère intention et un triptan en traitement de secours. Les traitements non médicamenteux peuvent être utilisés seuls ou associés à des médicaments. On recense notamment la relaxation, la thérapie du rétrocontrôle ou biofeedback, le management du stress, l’hypnose, l’acupuncture, l’homéopathie, les manipulations cervicales. Eptacog alpha, rFVIIa, NosoSeven : Traumatologie Le traumatisme est la principale cause de mortalité du sujet jeune. Après un traumatisme crânien, le saignement incoercible représente la 2ème cause de mortalité post traumatique avec 40 % de décès. Ce saignement peut s’accompagner d’une coagulopathie, chez 25 à 36 % des malades. L’objectif du traitement est le contrôle du saignement par l’association de techniques chirurgicales et radiologiques au traitement de la coagulopathie. Chez le traumatisé, il est observé un choc hémorragique, responsable d’une réduction du volume sanguin circulant. Le syndrome de défaillances multiviscérales et le syndrome de détresse respiratoire sont responsables de la mortalité tardive du traumatisé grave. Chez le polytraumatisé, le mécanisme de la coagulopathie est complexe. On peut distinguer 3 phénomènes : déperdition, en relation avec le syndrome hémorragique ; consommation, résultant du contact et/ou de la libération du facteur tissulaire avec les facteurs de coagulation ; dilution, dépendant de la quantité et du type de remplissage vasculaire. La prise en charge initiale du polytraumatisé va être de déterminer une stratégie diagnostique afin d’entreprendre tous les traitements nécessaires : maintien d’une pression -57- artérielle correcte : remplissage et utilisation d’amines vasopressives ; correction et contrôle des troubles de l’hémostase : utilisation de plasma frais congelé, de plaquettes et de fibrinogène ; lutte contre l’hypothermie. Des données concernant l’utilisation de l’eptacog alpha, rFVIIa, en traumatologie ont été publiées. Ce médicament n’y est jamais donné en première intention. Trois consensus -américain, israélien et européend’utilisation ont été publiés dans cette indication, les deux derniers précisant des recommandations quant à la mise en œuvre du traitement par le rFVIIa. Un seuil transfusionnel au-delà duquel il est opportun de poser l’indication du rFVIIa est nécessaire. Le schéma posologique actuellement préconisé est de débuter par une dose de 200 µg/kg suivie en cas de poursuite du saignement par une dose de 100 µg/kg 1 à 3 heures plus tard. Il n’y a pas à ce jour de marqueur d’efficacité du traitement. Des malades répondeurs et des non répondeurs ont été identifiés. Aujourd’hui il est indispensable de poursuivre la démarche évaluative afin de préciser le schéma posologique et les conditions d’utilisation du rFVIIa. Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 Au sommaire Au sommaire de Dossier du CNHIM depuis 1999 Année 1999-Tome XX N°3 N°1 N°2 N°3 N°4-5 N°6 N°4 N°5-6 Traitement de la sclérose en plaques Vaccin combiné contre l’hépatite A et l’hépatite B Corticothérapie anténatale prévention de la maladie des membranes hyalines et des complications de la prématurité Nutrition parentérale 2) Pancréatite aiguë Les sartans L’aérosolthérapie par nébulisation Année 2005-Tome XXVI N°1 N°2 Année 2000-Tome XXI N°1 N°2 N°3 N°4 N°5-6 Béthanéchol Nutrition parentérale : maladies inflammatoires chroniques de l’intestin Approche pharmaco-économique généralités Cytochromes P450 et interactions médicamenteuses Antibactériens et épisodes de neutropénie fébrile Fomépizole Nouveaux traitements dans l’angor instable Les vaccins contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) Traitement actuel de l’hépatite C : place de la ribavirine Les vaccins contre la grippe Traitements de la douleur, 2ème édition. N°3 N°4-5 N°1 N°2 N°3 N°4 N°4 N°5 N°6 Médicaments utilisés en cancérologie (4ème éd.) Traitements de la bronchiolite à VRS : place du palivizumab Perchlorate de potassium et pathologies thyroïdiennes Traitement du diabète de type 2 : place des nouveaux antidiabétiques oraux Traitements d’éradication de Helicobacter pylori Traitement de la maladie de Crohn N°5-6 N°2 N°3 N°4 N°5-6 Olanzapine dans le traitement de la schizophrénie Hémine humaine dans le traitement des crises aiguës de porphyries hépatiques Prévention des accidents ischémiques cérébraux par les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants Tocolytiques et menace d’accouchement prématuré Milnacipran, venlafaxine, mirtazapine dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs Principales associations d’antirétroviraux dans le traitement des infections à VIH N°1 N°2 N°3 N°4-5 Année 2003-Tome XXIV N°1 N°2 N°3-4 N°5 N°6 Algasidases (alfa, bêta) dans le traitement de la maladie de Fabry Valganciclovir Fludrocortisone Coxibs : inhibiteurs sélectifs de la COX-2 Facteurs antihémophiliques : traitement substitutif de l’hémophilie A et B Polyarthrite rhumatoïde : stratégie thérapeutique Escarre, ulcère, pied diabétique : pansements et biomatériaux. Aide à la cicatrisation. Année 2004-Tome XXV N°1 N°2 Prévention du rejet aigu de greffes rénales place des anticorps monoclonaux Ostéoporose : place des bisphosphonates et du SERM Dossier du CNHIM, 2008, XXIX, 2 -58- Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité : prise en charge thérapeutique Syndrome de lyse tumorale : prise en charge Mucopolysaccharidose de type I : traitement actuel Interactions : anticoagulants oraux ; antalgiques morphiniques Insulines : utilisation pratique Interactions : macrolides sauf spiramycine Cystinose et cystéamine Interactions : apparentés macrolides et spiramycine ; antirétroviraux ; immunosuppresseurs Maladie thromboembolique : stratégies thérapeutiques préventives et curatives Interactions : anticancéreux ; hypolipémiants ; cyclines ; fluoroquinolones ; sulfamides antibactériens Année 2007-Tome XXVIII Année 2002-Tome XXIII N°1 Statines et prévention des risques cardiovasculaires Hypertension artérielle pulmonaire : stratégies de prise en charge Ibuprofène injectable dans le traitement de la persistance du canal artériel Maladie d’Alzheimer : traitements médicamenteux Médicaments radiopharmaceutiques : évaluation pratique – 2ème édition Année 2006-Tome XXVII Année 2001-Tome XXII N°1-2 N°3 Sepsis sévère et choc septique : données actuelles Place de la protéine C Anticancéreux : utilisation pratique (5ème éd.) Candidoses et aspergilloses invasives : stratégie thérapeutique N°6 Produits de contraste pour imagerie par résonance magnétique Interactions : bêtalactamines ; aminosides ; antituberculeux. Maladie de Gaucher : traitements actuels Interactions : antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II, bêtabloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion Mucoviscidose : place de l’antibiothérapie inhalée Interactions : antidépresseurs imipraminiques, inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ; antifongiques azolés. Thérapie photodynamique Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN : 1ère partie Interactions : Anticonvulsivants, antiparkinsoniens, Anti Alzheimer Migraine : stratégies thérapeutiques Eptacog alpha, rFVIIa, NOVOSEVEN : 2ème partie : Traumatologie Année 2008-Tome XXVIII N°1 Immunoglobulines humaines normales souscutanées : traitement substitutif Fluoroquinolones : place de la lévofloxacine et de la moxifloxacine Interactions : Antisécrétoires antihistaminiques H2 et inhibiteurs de la pompe à protons Je suis : Pharmacien Médecin Autre :___________________________ ABONNEMENT 2008 Je souhaite m'abonner pour un an à la revue Dossier du CNHIM 6 numéros par an Etablissements de soins, facultés et particuliers : France (tva 2.10%) HT : 195.89 € - TTC : 200 € Etranger 220 € Laboratoires pharmaceutiques, organismes : France (tva 2.10%) HT : 391.78 € - TTC : 400 € Etranger 420 € VENTE AU NUMERO 2008* Je souhaite acquérir un (des) exemplaire(s) de la revue Dossier du CNHIM (le prix du numéro spécial est multiplié par deux) Etablissements de soins, facultés et particuliers : France (tva 2.10%) HT : 39.18 € - TTC : 40 € Etranger 60 € Laboratoires pharmaceutiques, organismes : France (tva 2.10%) HT : 58.77 € - TTC : 80 € Etranger 100 € * Pour les numéros parus avant 2006, veuillez nous contacter. Tarifs dégressifs selon nombre d’exemplaires, veuillez nous contacter. Veuillez noter..........exemplaire(s) du N°.........................soit...............€ Veuillez noter..........exemplaire(s) du N°.........................soit...............€ Adresse de facturation : Nom : Adresse : Tél : Fax : A retourner accompagné d’un chèque du montant correspondant à l’ordre du CNHIM. Adresse de livraison si différente (envoi par courrier courant selon La Poste) : Nom : Adresse : CNHIM - Hôpital de Bicêtre – 78, rue du Général Leclerc BP 11 - 94272 Le Kremlin Bicêtre cedex – Association loi 1901 Tél. : +33 (0)1 46 58 07 16 - Fax : +33 (0)1 46 72 94 56 - Courriel : [email protected] N° SIRET 318 762 051 00023 – APE 913 E – C.C. BANQUE POPULAIRE DU NORD 00-47302-190-4 COUV_210X297:Couv 9/04/08 9:25 Page 2 CNHIM - Hôpital de Bicêtre 78, rue du Général Leclerc BP 11 94272 Le Kremlin Bicêtre cedex Tél. : +33 (0)1 46 58 07 16 Fax : +33 (0)1 46 72 94 56 Courriel : [email protected]