Velours. Un nouveau parcours pour la salle des tissus. Nous avons

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Velours. Un nouveau parcours pour la salle des tissus. Nous avons
Velours. Un nouveau parcours pour la salle des tissus.
Nous avons tous un pantalon, une veste ou un sac en velours, souvent d'une belle couleur
unie, parfois côtelé. Cependant, nous avons du mal à imaginer la variété de teintes et de motifs des
costumes du XVIIIe siècle (faits de velours unis ou en miniature, souvent brodés), ou des vestes du
XVIe siècle, époque où apparait une nette distinction entre les tissus d'habillement et
d'ameublement.
Si les vêtements d'aujourd'hui sont généralement fabriqués en coton, le velours naît d’abord
comme tissu de soie, le fil le plus précieux et raffiné, souvent enrichi de touches d'or et d'argent.
Originaire d' Orient, entre l'Asie Centrale, l'Iran et l'Iraq, le velours fut produit en Italie à partir du
XIVe siècle, dans les villes de Lucques, Venise, Gênes, Florence et Milan. On y élabore des motifs
et des techniques capables d'exalter les particularités tactiles et chromatiques du velours de soie, à
savoir la douceur et la souplesse données par l'épaisseur du poil coupé ainsi que l’intensité et la
profondeur des couleurs employées. Dans les Flandres et dans le Nord de la France, la laine fut
aussi utilisée très tôt pour tisser un velours robuste et résistant, avec un fond de chanvre, adapté
pour recouvrir les meubles, comme nous le faisons aujourd'hui sur les fauteuils de cinéma. Ainsi, le
modèle du XVIe siècle exposé arbore les symboles d'Henri II et de Diane de Poitiers.
On discerne les particularités de chaque type de velours avec les yeux, mais aussi avec les
mains. Il faut toucher le tissu pour en apprécier les qualités, en comprendre la valeur ainsi que
l'usage auquel il pouvait être destiné. Durant le parcours, quelques échantillons permettent de
réaliser soi-même l’expérience tactile de ces spécificités matérielles. De plus, une série d'images
composées de peintures et de photographies illustre l'usage du velours à travers le temps.
A Turin, la production du velours a commencé à la fin du XVIe siècle dans l'Albergo di
Virtù, institution fondée par Charles-Emmanuel I pour accueillir les jeunes nécessiteux et leur
enseigner un métier. Les maîtres veloutiers arrivent alors de Milan et Gênes ou bien acheminent des
tissus de velours solij, c'est-à-dire unis, soprarizzi, c'est-à-dire ciselés, mais aussi à fond bouclé, à
fond taffetas, ou encore à longs poils, dits felpe. Le Palazzo Madama expose à cette occasion le seul
velours conservé du XVIIe siècle de production turinoise, le velours ciselé avec motifs « à parterre »,
prêt du Musée des Tissus de Lyon. Les velours raffinés de la maison turinoise de Guglielmo
Ghidini sont en revanche une acquisition récente du Palazzo Madama. Certains reproduisent des
modèles anciens inspirés d'étoffes entrées dans la collection du musée à la fin du XIXe siècle et
témoignent du rôle joué par l'institution dans l’artisanat de la ville.