Epidémiologie et prévention Etude prospective sur les
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Epidémiologie et prévention Etude prospective sur les
Page 153 Epidémiologie et prévention Etude prospective sur les risques d’événement coronaire et d’insuffisance cardiaque associés au syndrome d’apnées obstructives du sommeil La Sleep Heart Health Study Daniel J. Gottlieb, MD, MPH ; Gayane Yenokyan, MD, PhD ; Anne B. Newman, MD, MPH ; George T. O’Connor, MD, MSc ; Naresh M. Punjabi, MD, PhD ; Stuart F. Quan, MD ; Susan Redline, MD, MPH ; Helaine E. Resnick, PhD, MPH ; Elisa K. Tong, MD, MA ; Marie Diener-West, PhD ; Eyal Shahar, MD, MPH Contexte—Des études cliniques observationnelles menées chez l’homme ont montré que l’existence d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil contribue à augmenter l’incidence des troubles coronaires. La présente étude a donc été entreprise en vue d’évaluer le lien unissant le syndrome d’apnées obstructives du sommeil à la survenue d’événements coronaires et d’une insuffisance cardiaque au sein d’une cohorte d’adultes des deux sexes issus de la population générale. Méthodes et résultats—Cette étude épidémiologique prospective longitudinale a porté sur 1 927 hommes et 2 495 femmes âgés de 40 ans ou plus, indemnes de coronaropathie et d’insuffisance cardiaque lors de l’enregistrement polysomnographique initial et qui ont été suivis pendant une durée moyenne de 8,7 ans. Après ajustement pour les différents facteurs de risque, l’existence d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil s’est uniquement révélée significativement prédictive de la survenue d’un événement coronaire (infarctus du myocarde, intervention de revascularisation ou décès de cause coronaire) chez les hommes dont l’âge n’excédait pas 70 ans (rapport de risques après ajustement : 1,10 [IC à 95 % : 1,00 à 1,21] pour chaque augmentation de 10 unités de l’indice d’apnées-hypopnées [IAH]), ce qui n’a pas été le cas chez les hommes plus âgés ni chez les femmes quel qu’ait été leur âge. Parmi les hommes âgés de 40 à 70 ans, ceux dont l’IAH atteignait 30 ou plus présentaient un risque d’événement coronaire de 68 % supérieur à celui encouru par les sujets dont l’IAH était inférieur à 5. L’existence d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil s’est montrée prédictive du développement d’une insuffisance cardiaque uniquement chez les hommes (rapport de risques comparativement aux femmes, après ajustement : 1,13 [IC à 95 % : 1,02 à 1,26] pour chaque augmentation de 10 unités de l’IAH). Le risque de survenue d’une insuffisance cardiaque est, en outre, apparu de 58 % plus élevé chez les hommes dont l’IAH atteignait 30 ou plus que chez ceux pour lesquels il était inférieur à 5. Conclusions— L’existence d’un syndrome d’apnées obstructives du sommeil contribue à augmenter le risque d’insuffisance cardiaque chez les hommes d’âge moyen et les séniors vivant en milieu communautaire ; le lien avec le risque d’événement coronaire n’a pu être établi avec certitude dans la présente cohorte. (Traduit de l’anglais. Prospective Study of Obstructive Sleep Apnea and Incident Coronary Heart Disease and Heart Failure, The Sleep Heart Health Study. Circulation. 2010;122:352–360.) Mots clés : épidémiologie 䊏 apnées du sommeil 䊏 maladie coronaire 䊏 insuffisance cardiaque e syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS), qui se caractérise par la survenue répétitive d’obstructions partielles ou complètes des voies aériennes supérieures au cours du sommeil, est un trouble chronique fréquent chez l’adulte, qui touche environ 9 % des femmes et 24 % des hommes.1 Plusieurs études transversales ont établi un lien entre l’existence d’un SAOS et la survenue d’événements coronaires,2–6 mais il s’agissait pour la plupart de petites L Reçu le 17 août 2009 ; accepté le 28 mai 2010. Centre de Santé de Boston du Département des Anciens Combattants (D.J.G.), Boston, Massachusetts, Etats-Unis ; Faculté de Médecine de l’Université de Boston (D.J.G., G.T.O.), Boston, Massachusetts, Etats-Unis ; Université Johns Hopkins (G.Y., N.M.P., M.D.- W.), Baltimore, Maryland, Etats-Unis ; Ecole de Santé Publique (A.B.N.), Université de Pittsburgh, Pittsburgh, Pennsylvanie, Etats-Unis ; Université d’Arizona (S.F.Q.), Tucson, Arizona, EtatsUnis ; Faculté de Médecine de Harvard (S.F.Q.), Boston, Massachusetts, Etats-Unis ; Case Western Reserve University (S.R.), Cleveland, Ohio, Etats-Unis ; American Association of Homes and Services for the Aging et Université de Georgetown (H.E.R.), Washington, DC, Etats-Unis ; Université de Californie (E.K.T.), Davis, Californie, Etats-Unis ; et Ecole de Santé Publique Mel & Enid Zuckerman (E.S.), Université de l’Arizona, Tucson, Arizona, Etats-Unis. Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles du Service de Santé indien. Le rédacteur invité pour cet article était Wendy S. Post, MD, MS Correspondance : Daniel J. Gottlieb, MD, MPH, Boston University School of Medicine, 715 Albany St, R304, Boston, MA 02118–2394, Etats-Unis. E-mail : [email protected] © 2011 Lippincott, Williams & Wilkins Circulation est disponible sur http://circ.ahajournals.org 153 11:41:15:03:11 Page 153 Page 154 154 Circulation Mai 2011 études cas-témoin menées dans des hôpitaux ou des centres de santé et dans lesquelles aucun ajustement n’avait été effectué pour tenir compte des facteurs de risque cardiovasculaire significatifs. De récentes études longitudinales ont, par ailleurs, mis en évidence une corrélation entre le SAOS non traité et la survenue d’événements cardiovasculaires nouveaux ou récidivants.7–10 Cependant, étant donné que le non-traitement d’un SAOS est généralement la conséquence du refus ou de l’arrêt volontaire par le patient de la ventilation en pression positive continue (PPC), l’effet dit « du patient en bonne santé » pourrait avoir constitué un important facteur de confusion dans ces études. De plus, les femmes y étaient absentes ou sous-représentées. Plusieurs études transversales font apparaître une forte prévalence du SAOS, variant de 11 à 37 %, chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque.11–13 Une étude a ainsi apporté la preuve échocardiographique de l’existence d’une dysfonction diastolique ventriculaire gauche chez 56 % des patients chez lesquels un SAOS avait été récemment découvert, alors qu’un tel trouble n’était présent que chez 20 % des sujets témoins ; le recours à la PPC a amélioré la dysfonction diastolique.14 De petits essais cliniques ont également montré que l’instauration d’une PPC avait entraîné une amélioration de la fraction d’éjection ventriculaire gauche chez des patients insuffisants cardiaques qui présentaient un SAOS.15,16 Ces études ont toutefois été menées principalement ou exclusivement chez des hommes. A notre connaissance, aucune étude prospective n’a été publiée quant au lien existant entre le SAOS et le risque de développement d’une insuffisance cardiaque. Afin d’examiner le rôle particulier joué par le SAOS dans la pathologie cardiovasculaire, la SHHS (Sleep Heart Health Study [Etude de l’influence du sommeil sur l’état de santé cardiaque]) a été entreprise en 1994 sous la forme d’une étude de cohorte prospective multicentrique axée sur les conséquences cardiovasculaires d’un tel syndrome.17 L’étude a porté sur une population vivant en milieu communautaire de manière à réduire le risque d’établissement d’un lien erroné entre SAOS et événements cardiovasculaires du fait d’un biais de sélection ; la cohorte était, par ailleurs, composée d’hommes et de femmes d’origines ethniques variées afin de permettre une meilleure généralisation des résultats. Les données transversales fournies par le bilan pratiqué à l’entrée dans la SHHS ont montré que l’existence d’un SAOS allait de pair avec une augmentation de la prévalence des événements cardiovasculaires déclarés par les participants, après ajustement pour tenir compte des caractéristiques démographiques et des divers facteurs de risque cardiovasculaire.18 Nous présentons ici les données relatives à l’incidence des coronaropathies et des insuffisances cardiaques chez les sujets de la SHHS, qui étaient indemnes de telles affections à leur entrée dans l’étude. Méthodes Plan d’organisation de l’étude La SHHS était une étude de cohorte communautaire et prospective sur les conséquences cardiovasculaires du SAOS.17 En bref, des sujets adultes âgés de 40 ans ou plus ont été recrutés parmi les participants à des études de populations existantes axées sur les affections 11:41:15:03:11 Page 154 cardiovasculaires et pulmonaires (les « cohortes mères »), à savoir l’Atherosclerosis Risk in Communities Study (étude sur le risque d’athérosclérose en milieu communautaire),19 la Cardiovascular Health Study (étude sur la santé cardiovasculaire),20 la Framingham Heart Study (étude cardiologique de Framingham),21 la Strong Heart Study (étude sur l’amélioration de la santé cardiaque),22 la Tucson Epidemiological Study of Obstructive Lung Disease (étude épidémiologique de Tucson sur les bronchopneumopathies obstructives),23 la Tucson Health and Environment Study (étude de Tucson sur la santé et l’environnement)24 et la New York UniversityCornell Worksite and Hypertension Study (étude de l’Université Cornell de New York sur l’environnement professionnel et l’hypertension artérielle). Lors de l’inclusion (1995–1998), les participants à la SHHS ont répondu à des questionnaires portant sur leur manière de dormir et sur leur état de santé général ; leur taille, leur poids corporel et leur pression artérielle ont été mesurés et un enregistrement polysomnographique a été pratiqué sur toute une nuit. Les renseignements supplémentaires retenus comme covariables ont été recueillis à partir des cohortes mères. Les participants ont fait l’objet d’un suivi continu des événements cardiovasculaires au sein de leur cohorte mère jusqu’en avril 2006. Le protocole a été approuvé par les comités d’éthique de chacun des centres participants et le consentement éclairé de tous les patients a été recueilli par écrit. Population de l’étude Sur les 10 737 sujets des cohortes mères qui avaient été invités à prendre part à la SHHS, 6 441 (60 %) sont entrés dans l’étude et ont donné lieu au recueil d’enregistrements polysomnographiques exploitables, 32 % ont refusé de participer, 4 % ont accepté de participer mais ont produit des enregistrements polysomnographiques inexploitables et 5 % n’ont pas voulu participer pour d’autres motifs, notamment parce que leur SAOS était déjà pris en charge au moyen d’un appareil de ventilation en pression positive continue ou d’une orthèse endobuccale (ce qui était le cas de 0,4 % des participants potentiels).25 Les taux de participation des patients ont varié de 44 à 89 % selon les cohortes mères. Ils ont été similaires dans les deux sexes.25 Sur les 6 441 sujets inclus dans la SHHS, 760 qui provenaient de l’étude de l’Université Cornell de New York ont été exclus de l’analyse longitudinale parce que la qualité des données semblait sujette à caution. Sur les 5 681 sujets restants, 783 ont été écartés, car ils étaient atteints de maladie coronaire ou d’insuffisance cardiaque à leur entrée dans l’étude. Ont également été exclus 21 autres sujets pour lesquels les données de suivi faisaient défaut, 43 sujets dont on avait omis de consigner l’indice de masse corporelle (IMC), la pression artérielle ou les renseignements relatifs au tabagisme à l’entrée dans l’étude ainsi que 412 sujets dont les constantes lipidiques étaient manquantes, de sorte que la présente analyse a porté sur 4 422 sujets (Figure 1). Polysomnographie Des enregistrements polysomnographiques ont été effectués au domicile des participants à la SHHS à l’aide d’un moniteur portable série P de Compumedics (Abbotsford, Victoria, Australie). L’appareil était conçu pour enregistrer les variables suivantes : électroencéphalogramme, électro-oculogramme, ECG, électromyogramme mentonnier, oxymétrie de pouls, mouvements thoraciques et abdominaux (par pléthysmographie d’inductance), flux naso-buccal (par sonde thermique) et position corporelle. Les enregistrements polysomnographiques ont été interprétés dans un laboratoire central selon des modalités précédemment décrites.26,27 L’apnée a été définie par une interruption complète ou quasi complète de la respiration d’une durée d’au moins 10 secondes et l’hypopnée par une nette diminution du débit respiratoire ou de l’amplitude pléthysmographique des mouvements thoraciques et abdominaux d’une durée minimale de 10 secondes ; apnées et hypopnées devaient, en outre, s’accompagner d’une diminution de la saturation de l’oxyhémoglobine atteignant 4 % ou plus. L’indice d’apnées-hypopnées (IAH) a été défini comme étant le nombre moyen d’apnées et d’hypopnées par heure de sommeil. Page 155 Gottlieb et al Risque cardiovasculaire associé au syndrome d’apnées du sommeil 155 ignoraient les résultats des enregistrements polysomnographiques. Les procédures de caractérisation ont été les mêmes dans toutes les cohortes et ont précédemment fait l’objet d’une description détaillée.19,28–31 La survenue d’un infarctus du myocarde a été établie sur l’existence conjointe d’une douleur précordiale, d’anomalies électrocardiographiques et d’une élévation des enzymes cardiaques. Le diagnostic d’insuffisance cardiaque a été porté au vu de l’histoire médicale et, notamment, des symptômes cliniques et des traitements prescrits, ainsi que sur la base des données confirmatoires fournies par les radiographies thoraciques ou par l’imagerie fonctionnelle cardiaque. Bien que les modalités de caractérisation des événements aient différé selon les cohortes, une évaluation formelle réalisée au tout début de la SHHS a montré que les critères retenus pour caractériser les infarctus du myocarde avaient été similaires dans toutes les cohortes mères.17 Le centre d’étude de Tucson de la SHHS a, de plus, calqué sa procédure de caractérisation des événements sur celle de la Cardiovascular Health Study.30 Covariables Figure 1. Validation de la population de l’étude. Evénement coronaire et insuffisance cardiaque à caractère inaugural A été définie comme un événement coronaire inaugural la survenue chez un patient d’un premier infarctus du myocarde ou d’un décès de cause coronaire ou la réalisation d’une première intervention de revascularisation coronaire à un quelconque moment entre le recueil de l’enregistrement polysomnographique initial et la date de fin du suivi au 1er avril 2006. L’insuffisance cardiaque a été considérée comme inaugurale s’il s’agissait du premier épisode enregistré au cours de cette même période. Le suivi continu des nouveaux événements à type de coronaropathie ou d’insuffisance cardiaque a été effectué dans les cohortes mères suivant des protocoles propres à chacune d’elles. L’horaire et la périodicité des contacts de suivi ont différé selon les cohortes mères ; les responsables de chaque étude mère ont néanmoins complété leur procédure de suivi standard par l’envoi d’un courrier à tous les participants de la SHHS qui n’avaient pas été approchés dans les 12 mois ayant suivi la fin de la surveillance. Le temps écoulé entre l’évaluation initiale et l’ultime contact de suivi a été similaire dans toutes les cohortes mères, la durée médiane de suivi ayant été comprise entre 8,3 et 9,2 ans. Tous les événements éligibles recensés grâce à cette surveillance des cohortes ont fait l’objet d’une évaluation plus approfondie. Dans l’Atherosclerosis Risk in Communities Study, les cas d’insuffisance cardiaque ont été identifiés à partir des codes de la Classification Internationale des Maladies figurant sur les comptes rendus d’hospitalisation ou les certificats de décès.28 Pour les événements coronaires, de même que pour les cas d’insuffisance cardiaque enregistrés dans toutes les autres cohortes, des analystes expérimentés ont colligé les éléments figurant dans les dossiers des médecins hospitaliers et libéraux, notamment les tracés électrocardiographiques et les comptes rendus d’épreuves d’effort, de cathétérismes cardiaques, d’actes de chirurgie cardiaque, d’angioplasties, d’échocardiographies, d’imageries nucléaires, de radiographies thoraciques et d’analyses biologiques, la caractérisation définitive des événements ayant ensuite été effectuée par les comités d’évaluation des différentes études mères, dont les membres 11:41:15:03:11 Page 155 Au cours de la visite à domicile ayant précédé l’enregistrement polysomnographique de la SHHS, un technicien de l’étude a recueilli les antécédents médicaux des participants en utilisant un questionnaire standardisé. Un sujet a été considéré comme ayant un antécédent coronaire s’il avait répondu par l’affirmative à la question : « un médecin vous a-t-il déjà dit que vous aviez été ou que vous étiez victime d’une crise cardiaque (ou d’un infarctus du myocarde) ? » ou s’il avait déclaré avoir fait l’objet d’un pontage aorto-coronaire ou d’une coronaroplastie ou encore si, dans l’étude mère, il avait été reconnu avoir présenté un événement coronaire avant son inclusion dans la SHHS. Un participant a été considéré comme déjà atteint d’insuffisance cardiaque à son entrée dans l’étude s’il avait répondu par l’affirmative à la question : « un médecin vous a-t-il déjà dit que vous aviez été ou que vous étiez insuffisant cardiaque ? » ou si, dans l’étude mère, il avait été reconnu atteint d’une telle affection avant son inclusion dans la SHHS. Le statut des participants en matière de tabagisme a été défini en fonction des catégories « non-fumeur » (si le sujet avait déclaré avoir fumé moins de 20 paquets de cigarettes durant toute sa vie), « ancien fumeur » et « fumeur actuel ». Les médicaments consommés ont été recensés en utilisant les méthodes appliquées à la recherche épidémiologique.32 Un participant a été considéré comme diabétique s’il était traité par l’insuline ou par hypoglycémiant oral. La pression artérielle et le poids corporel ont été mesurés selon un protocole standardisé ; les mesures de pression artérielle ont notamment été pratiquées au moyen d’un sphygmomanomètre à mercure alors que le sujet était en position assise, après un repos de cinq minutes. Les covariables recueillies à partir des cohortes mères ont été l’origine ethnique, la taille et les taux de cholestérol total et de cholestérol lié aux lipoprotéines de haute densité (HDL). L’origine ethnique des participants a été établie d’après leurs déclarations et a été analysée sur la base des différences ethniques de prévalence du SAOS. Environ cinq ans après l’enregistrement polysomnographique initial, 3 794 participants (85,8 %) ont répondu à un questionnaire portant sur le diagnostic et le traitement du SAOS. Analyse statistique Les statistiques descriptives sont présentées par degrés de sévérité du SAOS exprimés en termes d’IAH, les seuils cliniques retenus ayant été de 5, 15 et 30 événements par heure. Pour les analyses principales, nous avons employé un modèle par régression des risques proportionnels de Cox afin d’examiner le lien unissant l’IAH observé à l’entrée dans l’étude à chacun des deux événements cibles principaux. Le délai de survie sans événement a été défini comme étant le temps écoulé entre l’enregistrement polysomnographique initial et la survenue du premier événement coronaire (ou épisode d’insuffisance cardiaque). La date de censure des données a été la dernière date connue à laquelle le sujet demeurait indemne d’affection, cela ne s’appliquant qu’aux seuls participants n’ayant présenté aucun événement au cours de l’étude. Pour rechercher d’éventuels effets de Page 156 156 Circulation Mai 2011 seuil dans la corrélation entre l’IAH et le risque d’événement, nous avons testé un modèle dont l’ajustement avait été amélioré (comparativement à l’analyse linéaire de l’IAH) en employant la fonction quadratique ou cubique de l’IAH ou les fonctions splines de régression linéaire en fixant les nœuds aux quartiles de distribution des IAH, aux seuils cliniques établis à 5, 15 et 30 événements par heure ou en fonction du résultat de l’analyse de la fonction effet-dose lissée selon l’approche LOWESS (locally weighted scatterplot smoothing [création de courbes lissées passant au travers de nuages de points]).33 N’ayant constaté aucune divergence notable par rapport à la linéarité, nous avons évalué la significativité globale du lien unissant l’IAH à chaque événement clinique en modélisant ce paramètre sous forme de variable continue, bien que les effets soient également présentés par classe d’IAH. Comme le prévoyait le protocole de l’étude, nous avons examiné l’effet exercé par le sexe sur la relation entre l’IAH et le risque d’événement ; cela ayant montré que le lien était influencé par le sexe, nous avons conçu des modèles distincts pour les hommes et pour les femmes. Les modèles présentés ont été ajustés en fonction des critères ci-après : (1) l’âge, l’origine ethnique, l’IMC et le tabagisme (en utilisant des variables indicatives des statuts de fumeur actuel et d’ancien fumeur) ; (2) ces mêmes variables auxquelles ont été ajoutés les taux de cholestérol total et d’HDL-cholestérol ainsi que le diabète, qui sont des facteurs de risque cardiovasculaire pour lesquels le lien de causalité avec le SAOS est incertain ; et (3) ces variables plus l’hypertension artérielle (pression artérielle systolique, pression artérielle diastolique et prescription d’un traitement antihypertenseur), dont on suppose qu’elle occupe une place dans le processus pathogénique reliant le SAOS aux événements cardiovasculaires. En raison de la corrélation étroite qui existait entre l’ethnie et la cohorte mère, ces variables n’ont pas été incluses dans les mêmes modèles. Pour déterminer si les différences entre les cohortes pouvaient expliquer les relations observées, les modèles ont été de nouveau testés en prenant en compte la cohorte mère en lieu et place de l’ethnie. Cela n’a eu aucun impact notable sur le lien unissant l’IAH au risque d’événement coronaire ou d’insuffisance cardiaque ; de plus, les tests effectués pour rechercher une éventuelle absence d’homogénéité de l’effet d’une cohorte à l’autre ont donné des résultats non significatifs. Tableau 1. 11:41:15:03:11 Nous avons également élaboré des modèles stratifiés en fonction de l’âge supérieur à 70 ans ou n’excédant pas cette limite, ce qui a montré que les taux d’événements coronaires avaient été pratiquement égaux dans les deux strates. Toutes les analyses statistiques ont été effectuées au moyen d’un progiciel SAS version 9.2 (SAS Institute, Cary, Caroline du Nord, Etats-Unis). Résultats Au total, 4 422 sujets (1 927 hommes et 2 495 femmes) indemnes de coronaropathie et d’insuffisance cardiaque à leur entrée dans l’étude ont été suivis pendant une durée moyenne de 8,7 ans (bornes interquartiles : 7,7 à 9,3 ans). Comme cela était prévisible, le sexe masculin, l’augmentation de l’IMC, l’élévation de la pression artérielle systolique, l’abaissement du taux d’HDL-cholestérol et la présence d’une hypertension artérielle ou d’un diabète ont été autant de facteurs corrélés avec la sévérité du SAOS (Tableaux 1 et 2). L’IAH médian a été de 2,7 (bornes interquartiles : 0,8 à 7,5) chez les femmes et de 6,2 (bornes interquartiles : 2,3 à 14,3) chez les hommes. Bien que les enregistrements polysomnographiques pratiqués à l’entrée dans l’étude aient révélé que 24 % des hommes et 11 % des femmes présentaient au minimum un SAOS de degré modéré, défini par un IAH égal ou supérieur à 15, seulement 208 (5,5 %) des 3 794 sujets ayant répondu au questionnaire ont indiqué qu’un SAOS avait été diagnostiqué par un médecin environ 5 ans après la polysomnographie, ce groupe comptant 18,6 % des individus dont l’IAH avait été estimé à 15 ou plus. Seulement 79 (2,1 %) des sujets ayant répondu au questionnaire, dont 52 (8,4 %) de ceux qui avaient présenté un IAH égal ou supérieur à 15, ont fait mention de la prise en charge de leur SAOS par PPC, orthèse endobuccale ou traitement chirurgical. Caractéristiques des participants de sexe masculin en fonction de la classe d’IAH* Page 156 Page 157 Gottlieb et al Tableau 2. Risque cardiovasculaire associé au syndrome d’apnées du sommeil Caractéristiques des participants de sexe féminin en fonction de la classe d’IAH* Pendant la période de suivi, 473 événements coronaires ont été recensés, dont 76 décès de cause coronaire, 185 infarctus du myocarde et 212 interventions de revascularisation coronaire. Les taux d’événements coronaires inauguraux ont été de 20,1 pour 1 000 années-patients de suivi chez les hommes et de 8,7 pour 1 000 années-patients chez les femmes. Le taux d’événements a augmenté proportionnellement à la sévérité du SAOS chez les hommes alors que la relation a été moins nette chez les femmes (Figure 2). Les modèles ajustés pour l’âge, l’ethnie, l’IMC et le statut en matière de tabagisme ont mis en évidence, chez les hommes, une corrélation significative entre l’IAH et la survenue d’événements coronaires qui n’a pas été observée chez les femmes (Tableau 3). Toutefois, le lien objectivé chez les hommes a perdu sa significativité statistique après ajustement en fonction de l’existence d’un diabète et du profil lipidique à l’entrée dans l’étude et s’est encore affaibli après ajustement prenant en compte les chiffres tensionnels systoliques et diastoliques ainsi que la prescription d’un traitement antihypertenseur. Bien que la recherche d’une interaction entre l’IAH et l’âge n’ait pas abouti à un résultat statistiquement significatif, la relation est apparue plus forte chez les 1 448 hommes dont l’âge n’excédait pas 70 ans, dont 180 avaient présenté un événement coronaire inaugural. Au sein de ce groupe, le rapport des risques d’événement coronaire inaugural, après ajustement pour la totalité des covariables, a été de 1,10 (intervalle de confiance [IC] à 95 % : 1,00 à 1,21) pour chaque augmentation de 10 unités de l’IAH ; le rapport de risques ajusté a, de plus, atteint 1,68 (IC à 95 % : 1,02 à 2,76) chez les sujets dont l’IAH était égal ou supérieur à 30 (n =116, dont 24 événements coronaires inauguraux), comparativement à ceux dont l’IAH se situait en 11:41:15:03:11 157 Page 157 dessous de 5. Lorsque les participants des deux sexes ont été inclus dans un seul et même modèle ajusté pour toutes les covariables afin d’évaluer l’interaction entre le sexe et l’IAH, le paramètre d’interaction a été à la limite de la significativité statistique (p = 0,05). L’exclusion des 79 sujets qui avaient déclaré être pris en charge pour leur SAOS n’a pas sensiblement modifié le lien estimé entre l’IAH et le risque d’événement coronaire. Au cours du suivi, il a été enregistré 308 nouveaux cas d’insuffisance cardiaque, dont 144 (46,7 %) chez des patients ayant également présenté un événement coronaire inaugural. Le taux de nouveaux cas d’insuffisances cardiaques a été de 9,2 pour 1 000 années-patients de suivi chez les hommes et de 8,1 pour 1 000 années-patients chez les femmes et a augmenté parallèlement à la sévérité du SAOS (Figure 2). Les modèles ajustés pour l’âge, l’ethnie, l’IMC et le statut en matière de tabagisme ont montré qu’il existait, chez les hommes, une étroite corrélation entre l’IAH et le développement d’une insuffisance cardiaque, laquelle n’a pas été notée chez les femmes (Tableau 4). La relation ne s’est que légèrement atténuée et est demeurée significative chez les hommes après ajustement pour la totalité des covariables, le rapport de risques ajusté ayant été de 1,13 (IC à 95 % : 1,02 à 1,26) pour chaque augmentation de 10 unités de l’IAH. Contrairement à ce qui avait été observé pour les événements coronaires, le lien unissant l’IAH au risque d’insuffisance cardiaque chez les hommes s’est révélé similaire que les sujets aient eu un âge supérieur ou inférieur à 70 ans, le rapport des risques de survenue d’une insuffisance cardiaque, après ajustement, ayant été estimé à 1,58 (IC à 95 % : 0,93 à 2,66) chez les sujets dont l’IAH atteignait 30 ou plus, comparativement à ceux Page 158 158 Circulation Mai 2011 Figure 2. Courbes de survie de Kaplan-Meier non ajustées établies pour chaque classe d’IAH en fonction du sexe et du type d’événement. EC : événement coronaire ; ICC : insuffisance cardiaque congestive. Tableau 3. Relation entre l’existence d’un SAOS et le risque d’événement coronaire* dont l’IAH se situait en dessous de 5. Comme pour les événements coronaires, bien qu’il n’ait pas été noté d’effet de seuil statistiquement significatif, la relation entre l’IAH et le risque d’insuffisance cardiaque a été principalement observée chez les sujets dont l’IAH était égal ou supérieur à 30. Lorsque les 11:41:15:03:11 Page 158 participants des deux sexes ont été inclus dans un seul et même modèle en vue d’évaluer l’interaction entre le sexe et l’IAH, celle-ci s’est révélée statistiquement significative (p = 0,03). L’exclusion des 79 sujets qui avaient déclaré être pris en charge pour leur SAOS n’a pas significativement Page 159 Gottlieb et al Tableau 4. Risque cardiovasculaire associé au syndrome d’apnées du sommeil Relation entre l’existence d’un SAOS et le risque d’insuffisance cardiaque* modifié le lien relevé entre l’IAH et le risque d’insuffisance cardiaque. Discussion Cette étude de cohorte prospective menée en milieu communautaire pour examiner la relation existant entre la présence d’un SAOS et le risque d’événement cardiovasculaire chez des sujets adultes âgés de 40 ans ou plus a mis en évidence, chez les hommes, un lien entre le SAOS et la survenue d’événements coronaires inauguraux qui s’est révélé beaucoup plus ténu que celui rapporté dans les études cliniques antérieurement réalisées. L’une de ces études avait abouti à la conclusion selon laquelle, au cours d’une période moyenne de suivi de 10,1 ans, l’existence d’un SAOS sévère non traité avait contribué à augmenter l’incidence des événements coronaires et vasculaires cérébraux fatals et non fatals dans une cohorte d’hommes dont l’âge moyen était de 49,9 ans, les rapports de risques ayant été respectivement estimés à 2,9 pour les événements cardiovasculaires fatals et à 3,2 pour ceux non fatals.9 La différence pourrait provenir du regroupement des événements coronaires et vasculaires cérébraux, car, dans deux autres études, la présence d’un SAOS a semblé augmenter le risque d’accident vasculaire cérébral plus fortement que celui d’événement coronaire.34,38 Trois études de taille plus réduite menées en milieu médical ont fourni des résultats en faveur d’un lien encore plus important entre le SAOS et le risque coronaire.7,8,10 Ces travaux ont également suggéré que le risque ne serait augmenté que chez les individus non traités, mais l’approche méthodologique utilisée a pu conduire à surestimer le risque lié au SAOS dans la mesure où les patients qui ne suivaient pas de traitement s’étaient le plus souvent auto-sélectionnés du fait de leur refus ou de leur non-observance de la PPC. Ces individus pourraient constituer un groupe se caractérisant par 11:41:15:03:11 159 Page 159 une tendance générale à moins se conformer aux traitements médicaux et aux recommandations de santé. Il a ainsi été publié que la non-observance de la PPC allait de pair avec le non-respect des prescriptions de statines,36 médicaments connus pour réduire le risque d’infarctus du myocarde ainsi que le recours à la revascularisation coronaire. La SHHS diffère également des études antérieures menées dans des centres cliniques, car les sujets qui y ont pris part étaient plus âgés et ont été recrutés en milieu communautaire. La stratégie de sélection hors du cadre hospitalier a permis de dépister de nombreux sujets atteints d’un SAOS et qui étaient cependant asymptomatiques.37 Il est possible que, chez de tels individus, la présence d’un SAOS induise un risque cardiovasculaire plus faible que chez les sujets explorés dans une clinique du sommeil. Une ré-analyse des données de Marin et al9 a montré que le risque de décès de cause cardiovasculaire était essentiellement majoré chez les individus âgés de 30 à 50 ans.38 S’il est vrai que le risque cardiovasculaire associé au SAOS diminue avec l’âge, cela signifierait que ce risque a pu être sous-estimé dans la cohorte de la SHHS, dont l’âge médian était de 62 ans. De fait, dans notre étude, le risque coronaire induit par l’existence d’un SAOS s’est révélé d’un degré à la fois plus élevé et statistiquement significatif chez les hommes âgés de moins de 70 ans, bien que l’influence exercée par l’âge sur l’effet du SAOS n’ait pas été statistiquement significative et que cette observation puisse être la conséquence d’une erreur statistique de type 1. Il se pourrait que le risque cardiovasculaire diminue avec l’âge du fait des différences biologiques sous-tendant la physiopathologie du SAOS selon que le sujet est jeune ou âgé ; néanmoins, l’effet « du patient en bonne santé » constitue une cause probable de biais ayant conduit à un résultat nul dans la présente étude, étant donné que, lorsque notre cohorte a été constituée, les individus atteints d’un SAOS et qui étaient davantage exposés aux Page 160 160 Circulation Mai 2011 conséquences cardiovasculaires de ce syndrome présentaient une plus faible probabilité d’être encore en vie et indemnes de pathologie cardiovasculaire que ceux qui avaient mieux résisté aux complications cardiovasculaires du syndrome. Ce même phénomène pourrait expliquer l’apparente diminution du risque cardiovasculaire avec l’avancée en âge qui a été rapportée dans les études menées en milieu médical. Les causes concurrentes d’événements cardiovasculaires pourraient également avoir pour effet de réduire le rapport de risques observé, en supposant que les risques soient additifs, car le taux d’événements cardiovasculaires est d’emblée plus élevé chez le sujet âgé, que celui soit ou non atteint d’un SAOS. Plusieurs études ont mis en évidence une forte prévalence du SAOS parmi les patients atteints d’insuffisance cardiaque systolique11–13 ou diastolique.14 L’insuffisance cardiaque induit une instabilité du contrôle ventilatoire et, en diminuant périodiquement les influx nerveux en direction du diaphragme et des muscles dilatateurs pharyngés, peut provoquer un syndrome d’apnées du sommeil d’origine centrale ou un SAOS. A l’inverse, plusieurs petits essais cliniques tendent à attribuer au SAOS un rôle dans la survenue ou la progression de l’insuffisance cardiaque, dans la mesure où ils ont montré que l’instauration d’un traitement de ce syndrome par PPC avait amélioré la fonction cardiaque chez des patients insuffisants cardiaques14–16 ; toutefois, seulement 6 des 106 participants à ces essais étaient des femmes. Notre étude démontre que le risque ajusté de développement d’une insuffisance cardiaque est de 58 % plus élevé chez les hommes atteints d’un SAOS sévère que chez ceux indemnes d’une telle affection. Le risque estimé n’a quasiment pas varié après ajustement tenant compte de la pression artérielle ou de la prescription d’un traitement antihypertenseur, ce qui porte à penser que la relation observée n’est pas médiée par l’élévation de la pression artérielle diurne. Cela pourrait refléter l’importance physiopathologique des fortes modifications de la pression intrathoracique liées aux efforts respiratoires qu’impose l’obstruction des voies aériennes supérieures, avec pour corollaire une augmentation de la pression transmurale ventriculaire gauche. Autre éventualité, l’élévation de la pression artérielle nocturne, dont on sait qu’elle est une conséquence du SAOS, pourrait favoriser l’insuffisance cardiaque sans que cela ait une incidence sur les chiffres tensionnels présents au réveil. Les mécanismes par lesquels le SAOS est susceptible d’induire des événements coronaires ont récemment fait l’objet d’un article de synthèse et comprennent l’activation du système nerveux sympathique secondairement aux phases d’hypoxémie et d’hypercapnie qui entrecoupent le sommeil ainsi que les phénomènes de stress hypoxique et oxydatif découlant des épisodes répétés d’hypoxémie et de réoxygénation.39 Il semblerait que ces processus provoquent tout à la fois une inflammation systémique, une dysfonction endothéliale, une production accrue de substances vasoactives et une insulinorésistance, ces troubles favorisant à leur tour le développement d’une hypertension artérielle, d’une hyperlipidémie et d’un diabète, troubles eux-mêmes à l’origine des conséquences cardiovasculaires du SAOS. Cette théorie trouve son fondement le plus solide dans le cas de l’hypertension artérielle, dont le septième rapport du Joint National 11:41:15:03:11 Page 160 Committee on Prevention, Detection, Evaluation, and Treatment of High Blood Pressure (comité paritaire américain sur la prévention, le dépistage et le traitement de l’hypertension artérielle) a identifié le SAOS comme étant l’une des causes sur lesquelles il est possible d’agir.40 Bien que les données soient moins probantes que pour l’hypertension artérielle, il existe une présomption de plus en plus forte quant au rôle joué par le SAOS dans la survenue d’un diabète.41,42 C’est pourquoi nous avons tour à tour testé des modèles incluant et excluant ces variables, car l’influence exercée par ces dernières sur le risque estimé imputable à l’existence d’un SAOS pouvait aussi bien correspondre à un effet véritable qu’à un facteur de confusion ; le niveau réel du risque associé au SAOS se situe vraisemblablement entre les estimations respectivement recueillies avec et sans prise en compte de ces variables. L’observation la plus frappante tient au fait qu’un lien ait été mis en évidence entre le SAOS et les risques d’événement coronaire et d’insuffisance cardiaque chez les hommes mais pas chez les femmes. Les différences tenant au sexe n’ont pas été recherchées dans les précédentes études, lesquelles ne comptaient que peu de femmes, voire aucune. Il peut y avoir plusieurs explications aux différences que nous avons relevées entre les deux sexes. La puissance qu’offrait l’étude pour objectiver une corrélation significative était plus faible pour les femmes que pour les hommes en raison de la faible prévalence des SAOS sévères chez les premières. Une autre explication possible est que le SAOS survient à un âge plus avancé chez la femme que chez l’homme, la prévalence féminine du trouble augmentant après la ménopause. Il se pourrait donc que, à leur entrée dans l’étude, les femmes aient présenté une plus faible exposition cumulée au SAOS que les hommes dont l’IAH était similaire. Cela étant, il est également possible qu’il existe entre les deux sexes des différences tenant à la réponse physiologique au SAOS. C’est ainsi que, comparativement aux femmes, les hommes présentent une plus forte réponse ventilatoire lors de l’éveil induit par un signal acoustique,43 de même qu’à l’exposition au dioxyde de carbone, circonstance dans laquelle la réponse est davantage majorée par l’hypoxémie.44 La réponse cardiovasculaire semble également plus importante chez l’homme : l’éveil par signal acoustique donne lieu à une vasoconstriction périphérique plus marquée,43 alors que l’hypercapnie hypoxique induit une plus forte augmentation du tonus sympathovagal45 que chez la femme. Les différences de prévalence des affections cardiovasculaires selon le sexe sont parfaitement documentées et pourraient témoigner d’un effet protecteur du sexe féminin vis-à-vis du risque cardiovasculaire, y compris celui lié à la présence d’un SAOS. On sait, par exemple, que, chez l’homme, la masse ventriculaire gauche augmente plus fortement pour un même accroissement de l’IMC ou de la pression artérielle.46 On ne peut exclure que les différences pouvant exister entre les deux sexes quant aux habitudes de vie non évaluées, notamment en matière de régime alimentaire ou d’activité physique, ou encore la survenue, au cours du temps, de modifications plus marquées des facteurs de risque tels que l’obésité contribuent à l’écart constaté entre les hommes et les femmes en termes de risque cardiovasculaire lié au SAOS. Nos observations ne peuvent toutefois être imputées aux différences de taux de prise en charge de ce Page 161 Gottlieb et al Risque cardiovasculaire associé au syndrome d’apnées du sommeil syndrome et de prescription de médicaments cardioprotecteurs, car, d’une part, parmi les participants dont l’IAH atteignait 15 ou plus, le pourcentage d’hommes traités pour leur SAOS a été légèrement plus élevé que celui de femmes et, d’autre part, les taux de prescriptions relevés ont été similaires dans les deux sexes pour l’aspirine (34,0 % contre 28,3 %), les β-bloquants (8,8 % contre 9,4 %), les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (11,7 % contre 10,4 %) et les thérapeutiques hypolipémiantes (9,0 % contre 9,5 %). Ce travail présente plusieurs points forts comparativement aux études prospectives précédemment menées sur les conséquences cardiovasculaires du SAOS. Ces points forts tiennent au recueil prospectif de renseignements détaillés sur les covariables constituant des facteurs de risque cardiovasculaire, à la qualification précise des événements cardiovasculaires survenus pendant le suivi selon des protocoles bien codifiés dans des centres rompus à l’épidémiologie cardiovasculaire et à l’exclusion des patients ayant des antécédents d’événements coronaires ou d’insuffisance cardiaque de manière à sélectionner une cohorte permettant une analyse optimale des événements nouvellement survenus. Etant donné que les participants étaient issus du milieu communautaire et non recrutés dans des établissements médicaux, notre étude était moins susceptible d’être entachée d’un biais de sélection, lequel aurait pu conduire à établir un lien erroné entre l’existence d’un SAOS et le risque d’événement cardiovasculaire ; de plus, le faible nombre de patients qui étaient pris en charge pour leur SAOS rend possible une meilleure évaluation de l’histoire naturelle de ce syndrome en l’absence de traitement. Enfin, la SHHS a porté sur des sujets des deux sexes qui appartenaient à des groupes ethniques très divers. Plusieurs limites doivent également être mentionnées. L’âge avancé de notre cohorte a augmenté la probabilité de survenue d’un effet « du patient en bonne santé » de nature à biaiser nos observations dans le sens d’un résultat nul ; il nous a, en outre, empêché d’évaluer le risque coronaire encouru par les adultes plus jeunes, chez lesquels l’influence défavorable du SAOS semble la plus marquée. Bien que l’insuffisance cardiaque ait été documentée en fonction des critères définis dans les études épidémiologiques cardiovasculaires participantes, celles-ci n’ont pas toutes donné lieu à la réalisation d’évaluations échocardiographiques de routine ; de plus, aucune tentative n’a été faite pour différencier les formes systolique et diastolique d’insuffisance cardiaque et la cotation de l’affection selon la classification de la New York Heart Association n’a pas été effectuée de façon systématique. L’IMC est un marqueur imparfait de l’adiposité et, notamment, de sa composante viscérale qui contribue peut-être plus fortement que l’adiposité totale au risque cardiovasculaire ; il est donc possible que l’adiposité ait joué un rôle confondant résiduel malgré l’ajustement opéré en fonction de l’IMC. Les facteurs de risque cardiovasculaires non mesurés tels que ceux liés aux habitudes en matière d’alimentation et d’activité physique n’ont pas été évalués de la même façon dans toutes les cohortes, de sorte qu’un effet confondant de ces variables ne peut être exclu. Malgré ces limites, notre étude fournit des données prospectives montrant que la présence d’un SAOS contribue à augmenter le risque de survenue d’une insuffisance cardiaque chez les hommes d’âge moyen et les 11:41:15:03:11 Page 161 161 séniors vivant en milieu communautaire, de même qu’elle accroît légèrement le risque coronaire chez le quinquagénaire. Ce travail suggère également que le risque cardiovasculaire associé au SAOS différerait selon le sexe. Remerciements Nous souhaitons remercier les investigateurs de l’Atherosclerosis Risk in Communities Study, de la Cardiovascular Health Study, de la Framingham Heart Study, des études sur l’hypertension artérielle menées par la Cornell University et par le Mt. Sinai Hospital, de la Tucson Epidemiological Study of Airways Obstructive Diseases et de la Tucson Health and Environment Study pour avoir autorisé les membres de leurs cohortes à participer à la SHHS et pour avoir permis l’exploitation, dans cette étude, des données qu’ils avaient recueillies. Nous exprimons notre profonde gratitude aux membres de ces cohortes qui ont accepté de prendre également part à la SHHS. Nous adressons aussi nos remerciements à l’ensemble des investigateurs et collaborateurs qui ont contribué au succès de l’étude. La liste des investigateurs, des personnes et des centres ayant participé à la SHHS peut être consultée sur le site Internet de la SHHS (http://www.jhucct.com/shhs). Sources de financement Ce travail a été financé par le National Heart, Lung, and Blood Institute des Etats-Unis dans le cadre des accords de coopération U01HL53940 (Université de Washington), U01HL53941 (Université de Boston), U01HL53938 (Université de l’Arizona), U01HL53916 (Université de Californie, Davis), U01HL53934 (Université du Minnesota), U01HL53931 (Université de New York), U01HL53937 et U01HL64360 (Université Johns Hopkins), U01HL63463 (Case Western Reserve University) et U01HL63429 (Missouri Breaks Research). Déclarations Le Dr Punjabi a bénéficié d’une dotation de recherche émanant de ResMed, Inc, pour sa participation à des essais cliniques multicentriques sur la PPC chez le diabétique de type 2 présentant un syndrome d’apnées du sommeil ; il a également bénéficié d’une rétribution et d’une prise en charge de ses frais de voyage pour avoir pris la parole à des réunions de formation médicale continue et des symposiums organisés par Respironics et par ResMed Inc. Le Dr Redline a été doté par Philips-Respironics en appareils de PPC destinés à être utilisés dans le cadre d’essais cliniques financés par les National Institutes of Health et par leur fondation ; il a également été désigné en qualité de premier titulaire d’une chaire professorale rémunérée accordée à la faculté de Médecine de Harvard par le Dr Peter Farrell, fondateur et Président-Directeur Général de ResMed Inc, par l’intermédiaire d’une donation de fonds de recherche. Les autres auteurs n’ont aucun conflit d’intérêts à signaler. Références 1. Young T, Palta M, Dempsey J, Skatrud J, Weber S, Badr S. The occurrence of sleep-disordered breathing among middle-aged adults. N Engl J Med. 1993;328:1230–1235. 2. Hung J, Whitford EG, Parsons RW, Hillman DR. Association of sleep apnoea with myocardial infarction in men. Lancet. 1990;336:261–264. 3. Saito T, Yoshikawa T, Sakamoto Y, Tanaka K, Inoue T, Ogawa R. Sleep apnea in patients with acute myocardial infarction. Crit Care Med. 1991;19:938–941. 4. Mooe T, Rabben T, Wiklund U, Franklin KA, Eriksson P. Sleepdisordered breathing in men with coronary artery disease. Chest. 1996;109:659–663. 5. Mooe T, Rabben T, Wiklund U, Franklin KA, Eriksson P. Sleepdisordered breathing in women: occurrence and association with coronary artery disease. Am J Med. 1996;101:251–256. 6. Schafer H, Koehler U, Ewig S, Hasper E, Tasci S, Luderitz B. Obstructive sleep apnea as a risk marker in coronary artery disease. 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Dans cette étude prospective menée chez 1 927 hommes et 2 495 femmes âgés de 40 ans ou plus et indemnes de coronaropathie et d’insuffisance cardiaque à leur entrée dans l’étude, nous avons observé que, sur une période moyenne de suivi de 8,7 ans, la présence d’un SAOS avait été un facteur indépendant significativement prédictif de survenue d’une insuffisance cardiaque chez les hommes mais pas chez les femmes (rapport de risques après ajustement : 1,58 pour les hommes dont l’indice d’apnées-hypopnées atteignait 30 ou plus, comparativement à ceux chez lesquels cet indice était inférieur à 5). La présence d’un SAOS s’est uniquement révélée prédictive de la survenue d’un événement coronaire chez les hommes âgés de moins de 70 ans (rapport de risques après ajustement : 1,68 pour les sujets dont l’indice d’apnées-hypopnées était égal ou supérieur à 30, comparativement à ceux chez lesquels cet indice était inférieur à 5). Notre constat selon lequel l’incidence de l’insuffisance cardiaque est plus élevée chez les individus atteint d’un SAOS sévère constitue une découverte ; d’autres études seront nécessaires pour déterminer si, pour un même degré de sévérité de leur SAOS, les femmes encourent réellement un plus faible risque d’insuffisance cardiaque que les hommes. La relation établie dans cette étude entre le SAOS et le risque d’événement coronaire est beaucoup plus ténue que celle rapportée dans de précédentes études menées en milieu médical, ce qui pourrait tenir à l’âge supérieur de notre cohorte. 11:41:15:03:11 Page 163