Trois jours en mer sur un caïque
Transcription
Trois jours en mer sur un caïque
Vo y a g e s Excursion inoubliable en Turquie Trois jours en mer sur un caïque Yves Ouellet [email protected] Au fil de notre circuit en Turquie, nous retiendrons deux moments forts qui resteront à jamais gravés dans nos souvenirs. L’envolée en montgolfière au-dessus de la Cappadoce puis les trois jours de navigation en mer à bord de caïques. Autrefois, dans les traditions grecque et turque, le caïque était un petit bateau en bois à faible tirant d’eau, propulsé à rames ou à voile et servant principalement à la pêche. Son fond plat lui permettait d’être halé sur la grève. Dans sa version contemporaine, le caïque est devenu un bateau motorisé aux dimensions plus importantes, qui sert principalement aux excursions côtières comme celle que nous avons réalisé en Méditerranée, dans le golfe de Fethiye. Coup de cœur immédiat en apercevant dans le port de Fethiye les deux superbes embarcations qui nous attendent. Elles ont fière allure avec leurs hautes mâtures qui, nous l’apprendrons plus tard, sont purement décoratives. Chaque caïque propose six chambres doubles faites d’acajou rutilant, avec salle de bain individuelle, dont les plus grandes se trouvent à l’avant et à l’arrière. Sur le pont sont aménagés deux espaces repas, un immense lit où s’affaler à l’arrière et des matelas pour lézarder sous le soleil sur la cabine. Sur chaque bateau, cinq membres d’équipage veillent au confort des passagers, au service et aux manœuvres, le capitaine, trois mousses à tout faire et un cuisinier. Comme notre groupe est composé de 23 personnes, notre agence, Traditours, a donc affrété de l’armateur Alesta Yachting deux caïques qui se suivront en mer et se retrouveront côte à côte pour la nuit. avant le service principal dont je retiens surtout une moussaka absolument savoureuse et d’excellent poissons entiers que le capitaine fait lui-même griller sur le BBQ installé sur le pont avant. Nos jeunes serveurs ne parlent pas anglais, mais ils sont tellement sympathiques et font tellement d’efforts pour nous être agréables que nous arrivons facilement à bien nous entendre. D’autant plus que les mots «bira», «wine» et «raki» (le pastis turc) sont assez universels. Une parenthèse Au beau milieu d’un circuit qui s’avère quand même exigeant physiquement avec ses déplacements, ses randonnées, ses longues journées et ses nombreuses visites, la croisière en caïque apparaît comme une parenthèse dans le temps, une pause salvatrice, qui nous permet de décrocher du rythme du voyage et d’approfondir la relation avec les autres membres de l’équipée. Mais n’allez pas croire qu’il s’agisse pour autant qu’il n’y ait pas d’action puisque plusieurs escales sont prévues et que chaque jour compte au moins une promenade à terre ainsi que quelques rencontres agréables. Montés à bord en fin d’aprèsmidi, nous levons immédiatement l’ancre vers une baie spectaculaire où nous passerons la nuit et où nous découvrirons avec ravissement que cette croisière sera également parsemée de grands plaisirs culinaires. Comme partout ailleurs en Turquie, les mezzés abondent À terre Notre premier débarquement s’effectue au matin, après une très calme nuit de sommeil, dans la crique d’Agalamani. Le sentier que nous empruntons pour grimper vers l’intérieur de l’île a sans doute été piétiné depuis des millénaires par les Lydiens de l’Antiquité, bien d’autres conquérants ainsi que les bergers qui occupent maintenant les lieux avec leurs moutons et leurs chèvres. En montant, on obtient une vue imprenable sur la baie et les quelques bateaux qui y reposent. Puis nous arrivons devant les ruines de l’ancienne cité lycienne de Lydae (5e et 6e siècle av J.-C.). Il ne semble pas y avoir âme qui vive aux alentours, mais les clochettes de chèvres au loin nous alertent. Voilà quelques moutons au loin. Et un couple qui transporte sur leurs ânes d’énormes ballots de laine. Nous descendons à la rencontre d’un paysan en train de puiser de l’eau dans son puits recouvert d’un dôme de pierre. Avenant au possible, l’homme nous arrête lorsqu’il nous voit dégainer nos appareils photo. Il tient d’abord à s’arranger comme il faut et à prendre la pause, bien assis devant l’entrée du puis, son bâton de berger à la main droite et son chapelet à la main gauche. Et quel sourire ! Plus loin, un apiculteur nous accueille chez lui et nous sert le thé avant de nous faire goûter son miel. Un pur élixir ! Je n’en ai jamais gouté de meilleur. Nous avons rapporté une bonne partie de sa production… Ravis par de Un paysan accueillant pose devant son puits. le PROGRÈS-dimanche, LE 14 OCTOBRE 2012 Le caïque est devenu un bateau motorisé qui sert aux excursions côtières. (Photos Yves Ouellet) si belles rencontres, nous revenons aux caïques sous la chaleur, anticipant la baignade dans les eaux fraîches de la mer, suivie d’un appétissant dîner de couscous, de légumes et de salades. Sieste, kayak, rebaignade, soleil et farniente combleront le reste de la journée. La soirée nous réserve une magnifique surprise alors que je propose au groupe un petit party rétro à partir d’une liste de lecture que j’ai montée pour l’occasion sur mon IPod. C’est le délire ! La gang s’enflamme et nous dansons comme des malades sur le pont. Jamais je n’aurais cru danser un jour sur La bitte à Tibi en Turquie ! Le lendemain, c’est l’équipage qui nous propose une sélection de musique turc et qui nous initie aux danses locales. Que du plaisir ! Nous nous sommes ancrés près de l’île de Yassicalar sur laquelle nous descendons le lendemain pour une autre courte randonnée sur ces terres où les Byzantins ont établi un chantier maritime il y a plus d’un millénaire. Puis sur les plages sablonneuses de l’île de Tersane où s’arrêtent tous les navigateurs. À notre demande, le capitaine trouve un petit coin tranquille pour notre dernière soirée et notre dernier party. Le retour s’effectue aux aurores le lendemain matin et c’est avec la tête pleine de beaux souvenirs que nous débarquons à Fethiye où l’équipage s’aligne pour nous saluer et pour une dernière photo. Inutile d’ajouter que cette excursion fait partie des incontournables lors de tout voyage en Turquie ! Note : Ce reportage porte sur un circuit de groupe en Turquie intitulé Mosaïque d’histoire sur deux continents et offert par l’agence Traditours. Informations : www.traditours.ca La plus grande chambre du caïque se trouve à l’arrière. 51