les bronzes - Toulouse.fr

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les bronzes - Toulouse.fr
-m e A n n é e .
15
— N° 111
NOVEMBRE
1898
(Bi-Mensuel)
centimes
REDACTION &ADMINISTRATION
TOULOUSE
6, Rue Deville, 6
M ardi et V e n d r e d i de 3 à 5 h1'03
ABO N N EM EN TS
i
Toulouse......................................
3
Départements limitrophes...
3 50
Les autres départements. . . .
4
Edition de luxe, F ra n c e .... 1 0 »
Etranger, frais de poste en plus.
Les abonnements partent
du J®1’ janvier et du / Cl* j u i l l e t .
fr.
Les manuscrits non insérés
et les dessm s non rep'roduits
ne seront pas rendus.
h
L IT T E R A T U R E
B E A U X -A R T S
D irecteur -F o n d a te u r
sera rendu compte de tout ouvrage
envoyé en double exemplaire.
Rédacteur en c h ef :
J ean
de
L’HERS
:
|
Alphonse
F ran cis
G
ésa
DA RSU Z Y
LES BRONZES
SOM M AIRE
Les Id y lle s................................................... ........................ M. .
L es B ro n zes..................................................
L ’Heure tr iste
............ ....................................................
A u Musée de M ontpellier.....................................................
Théâtres .................................................................................
Echos et N ouvelles.,...............................................................
Concours d ’A ffiches.............................................................
IM
IO U L I N I E R
Secrétaire de la Rédaction :
LEPAGE
J.-F. Louis MERLET
DUCOS
l'HERS
VILLESIX
G a briel
J ean
de
de
W ILLETTE
PASSIM.
Un AFFICHEUR
elle est jolie la petite
femme si joyeusement trous­
sée, avec sa casaque pompadour, à larges boutons,
le panier au bras garni de
fleurs, les cheveux ébourif­
fés follement sous le cha­
peau relevé à la mousque­
taire épinglé de roses, et
la gorge librement offerte
au sourire absolvant des bons
ciel clairs de la légende. A la
om m e
LES
IDYLLES
PASTORALE
main elle porte des journaux et l ’on peut lire « Le P ier­
rot » journal illustré, directeur fondateur, Adolphe W i l ­
La flûte de roseau que sa lèvre a pressée
Garde encor le parfum léger de ton haleine
O blanche Amaryllis, ô tisseuse de laine !
le tte .
Le sentier du bois sombre où tes pas ont passé _
A conservé toujours leur empreinte menue
Et l’herbe a crû plus douce où posa ton pied nu.
Certes, chaque fois que je revois ce dessin minuscule
presque, mais si délicieusement enlevé, j’ai un bon sou­
rire, en me souvenant de l’exquisité fragile de l’œuvre
La^bouche de Tityre, où s’est posée ta ,
c_.. .
[bouche,J|
Aux fruits, au miel, au lait, aux mets
[jadis vantés
Ne trouve plus ni joie, ni goût, ni volupté, 'fr- 1
Et l’univers entier, les monts, les boisjM-q/
[farouches, ' 1 jÿ| |
Et la fertilité des plaines, et la mer.
Tout,sans toj ,lui paraît un immense désert
Françis LEPAGE
I
du peintre de Pierrot.
C’est qu’il y a toute une légende sur le talent de l ’il­
lustrateur du Courrier Français. Pierrot épousera la rail­
leuse Colombine, soit, c ’est dans les.c h o se s possibles,
mais au lieu d’être goguenard et rosse, dans_ une époque
lointaine, le héros maquillé' de blanc subit l’influence
néfaste du scepticisme clandestin ou de la froide ironie
que le siècle présent se plaît a prodiguer — Pierrot sera
triste.
J\
'■
^
Sa face grimacera au lieu de sourires, des larmes, et
son geste sera celui des renoncements cruels et patients.
Il traînera parmi les foules son fantomatique habit de
légende endeuillé de m élancolie, noir, funèbre comme un
habit cérémonial et sa face bleuie, un peu grasse, sera
bonne et douce, et goûtera le calme triomphant des at­
tristés et des vraiment émus d ’amour ou d’art.
Pauvre Pierrot ! ! ! il connaîtra des moments de misère
et de gêne et la pantomime qui sera sa vie s’écroulera
dans l ’apothéose du veau d’or qu’il a châtié de satires et
dans la triste mort d’un pierrot tombé dans sa mansarde,
oublié de tous et abandonné de celle qu’il aima.
La voilà la jolie légende un peu désenchantée que
W illette a si exquisem ent retracée. Et c ’est un besoin
chez cet homme de quarante ans de la faire toujours re­
vivre aux heures moroses de notre époque, le pierrot lé­
gendaire, rosseur de gendarmes, énergumène quelquefois,
agressif ou résigné, glorieusement écœuré ou de la tristesse
du monde, ou du désespoir des hommes, ou de la bassesse
de l’amour moderne.
A vec un personnage de chimère raillé, connu, bafoué
par tous, le personnage a fait une originalité très per­
sonnelle, très vivante. Et où il faut louer son crayon,
c ’est dans la finesse des scènes, dans la poésie toute sin ­
cère, poignante ou sentimentale qui se dégage parfois
des planches que je citerai tout-à-l’heure. Pierrot semble
n ’avoir pas de règle, vivre comme un grand enfant indo­
cile qui fuse une pétarade bouffonne, un jeu de mots
ridicule, une suite quelconque et égrillarde, une rosserie
banale méchante, ou qui pleure, et c ’est le plus souvent.
*
*
*
Je ne sais rien dù maître. Je sais seulement qu’il fut
élève de Cabanel,. qu’il lâcha l ’école des Beaux-Arts pour
la Butte sacrée, qu’il élut domicile près du Moulin, et là
travailla consciencieusement selon son inspiration et sa
force. J’ai vu cette année au salon, le portrait de Jules
Roques, directeur du Courrier français, mais c ’est tout.
Je sais, en ayant vu l’exquisité, qu’il existe quelque part,
une bataille de Fontenoy et une Heureverte , œuvres jolies
du maître. Comme peintre, W illette n ’a que des couleurs
légères sur sa palette. Il broie des roses et des lys pour en
faire une chair de femme délicate et précieuse pour les
caresses, il connaît les fleurs pour les jeter à profusion
parmi ses personnages et n’allume jamais le feu des ocres
ou des laques violentes, afin de ne pas heurter la déli­
catesse de ses pages, toutes inspirées par un esprit extrê­
mement précis, poétique et charmant.
J’ai toujours considéré W illette comme un tendre, un
sentimental ému facilement aux approches des rigueurs
et aimant à railler lui-même ou sa misère ou sa tristesse.
Et d’intimités qu’un autre ne saurait pas utiliser, Willette
tire des sensations étranges qui tiennent de la légende et
du rêve, mais surtout du rêve, et par celà .il est poète e x ­
quisement.
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Il sait aussi résumer dans une page toute une tranche
d ’humanité malheureuse ou attristée sans outrances, sans
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blasphèmes, sans plaies vives étalées aux yeux des
passants. Pierrot est toujours a moitié i\ re, sans doute,
ne montre que du-ridicule, essayant de rire pour ne pas
\\
pleurer.
E t cependant il pleure quelquefois. O h! combien dou-
^
cernent, combien charitablement, sur ses souffrances pro-
ij
près où celle des autres, selon que son caprice s’est tourné
vers ses souvenirs ou vers ses frères. On trouve aussi chez
\\
i> lui le sens panoramique, la synthèse d’une œuvre entière
résumée e n quelques traits, car W illette ne sait pas, ne
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veut pas pousser un dessin, en le chargeant d’ombre ou
■
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»
de traits violents — il s’en tient souvent à la ligne et
pour notre joie. — Sur un mur de ma chambre, à
la
bonne place, j’ai gardé, encadrée, une page de Willette
qui s’appelle la Chanson Française , je l’avais extraite
d’un vieux Courrier Français ) trouvé quai des Orfèvres,
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dans la boite de bouquinistes, on trouve tout chez les
marchands parisiens, depuis des Anatole France, Zola,
\\
Chéret ou Steinlein jusqu’à des pages de W illette — ce
ijl
qui m ’attriste, c ’est qu’il est des gens qui puissent se
défaire de pareilles œuvres. — Pour revenir à cette page,
\\
\\
la Chanson Française , je la regarde à cette minute et je
si
la trouve tout simplement exquise. — Dans le format
»
sj
d’un journal il a su sans encombrement placer la bizarrerie des personnages avec les costumes de l ’époque et le
|
milieu quelquefois évo q u é . par un visage, une maison-
U' nette, un objet. Ainsi on peut remarquer La Chanson de
la Nourrice, Jenny l ’ouvrière, Le Page, Les Amants
\ Directoire, Les Incroyables, Les Moines mendiants,
|| grands; pichotiers guêtant bon vin, M. et M me Denis, la
j
Mère Michel, Le père Lustucru, La chanson du Pavé, du
Forgeron, du Soldai, du Prisonnier, du Marin, delaB ers
gère; du Moissonneur, du Pendu, de chatnoiresque mé­
moire, du Passant et enfin une jolie petite femme, qui rit,
>
s
perverse et fine, en portant un agnelet sous son bras. « Et
M rentrons nos moutons bergère ! ! Et ça chante, et ça vit,
s
et c ’est reposant et sain .comme un bon livre..
Willette a troussé, parfois, la fantaisie gauloise un peu
^
\\
grassement avec ses jeux de mots d’une crudité peu faite
pour l ’éducation de jeunes filles, mais si Pierrot s’est
amusé, s’est égaré dans les chemins fleuris d’école
buissonnière, il avait, ce soir-là sans doute,
égaré son
esprit des bons jours, et savait se distraire en émoustilh
lant les passants. — Or, je ne le blâme pas, je trouve
^
qu’il fut simple et sincère en laissant flotter son caprice,
et pour le pardonner il n’y avait qu’à regarder le sourire
s>
p
s
éclatant et sain de la jolie fille qui vous fixait de ses
yeux canailles, Willette était excusé par e l l e . — Il est
des armes contre lesquelles rien ne prévaut. —
|
Mais où l ’œuvre du maître durera c ’est dans la poésie
qu il évoqua, dans la poésie qu’il illustre savamment, et
||
je veux feuilleter quelques pages de son œuvre pour me
/<
!■ convaincre et convaincre les autres, puisque tel est mon
paniers, ses bergères coquettes, un souvenir deFragonard.
L’œuvre est originale, elle est neuve et joyeusement ou
virilement jeune. Sans égoïsme, sans précocité. Le maître
sut être charitable en ses pages et pour terminer cette
étude, il faut se rappeler un grand hors texte publié par le
Rire il y a trois ans. Près d ’un mur, M adeleine à genoux
et nue console un Jésus étonné regardant des enfants ri­
ches qui lui jettent des jouets. Au tournant du mur, un
tout petit ramoneur qui grelotte. La légende est tout un
métier. — Et, si tâche me fut facile, c’est cette considé­
ration notée ici, sur l’œuvre d’un des plus exquis talents
dont la France s’honore.
Mon excellent ami, J. Raffaëlli a fait un portrait de
Willette, dans la Revue illustrée, il y a une dizaine d’an­
nées — la figure calme, devant le chevalet, le peintre
de Pierrot regarde au loin, pensif et, sur le coin de la
table, un chat attend une caresse.
Je m ’imagine facilement que c ’est dans le silence de
sa maison que W illette peut travailler ainsi, être divine­
ment poète, malgré la grande rumeur parisienne, sachant
. poème triste :
Chœur des enfants riches : conspuez Jésus, les joujoux
c ’est bon pour le peuple.
L’enfant du peuple : « Jésus du pain !!! »
s’isoler pour mieux vivre son rêve. —
Tournons les pages, dirait Zo d'Axa.
Dans la Dînette, une petite bergère pompadour chè­
rement décolletée, mange des cerises et on lit comme
J.-F.-Louis
M e r le t.
légende, menu : cerises, crèmes, fraises... On n’est pas
plus subtil en un sym bole simple et bien français.
La Marguerite effeuillée , sous des pommiers en fleurs,
détachant leurs frondaisons très légères dans la limpidité
d’un ciel roseetbleu, un couple d’amoureux. Colombineest
vêtue en Jenny l ’ouvrière, son ombrelle posée en travers,
et faisant un perchoir fragile à la chanson d’un moineau
qui s’y est posé. — Et agenouillé, jeune, adolescent,
presque e n f a n t , un Pierrot , court vêtu de mode
italienne, supplie divinement. — Légende : Je t’aim e...
—
Un jeune
abbé
passant dans un verger fleuri et
rencontrant l’amour tout nu, cachant son carquois et
ses flèches. — « Que fais-tu là mon petit ami, je ne t’ai
jamais vu au catéchisme. — Es-tu du pays?...
On ne peut pas citer toutes les perles de poésie capri­
cieuse ou raffinée, malicieuse, obstinément railleuse ou
»
gaie qui se note à chaque page.
C’est le déménagement de Willette, so n Anniversaire,
sa cavalcade de Pierrots, ses pages d ’Historiettes, ses
Révoltes aussi que le Pierrot publia jadis les Prison­
niers, Le sommeil de Crispi, La Vache enragée, Cédant
armatogæ, La Légende de Madeleine, Marianne et l Ours
du Nord, La Pièce est mauvaise, Muni Puison, Les F ai­
bles, Passez ô vertu, Thémis, Chanson du vin, La Berge­
rie, etc., etc., Manœuvres de Printemps, etc.
Les Souvenirs ensevelis
qui dormaient doucement en elles
les Souvenirs aux voix fidèles
et purs comme des li:
nous berçant de leurs chansons claires
nous effeuillons pour les Défunts
des fleurs aux mystiques parfums
et de saintes prières.
Aux heures tristes de Toussaint
— Heures des plaintives pensées —
les feuilles par le vent froissées
s’envolent en essaim.
Et maintenant il me reste à signaler de belles pages
que tous les vraiment épris d’art ont connues. D e belles
lithographies, tels que Le petit Chaperon rouge. De re­
marquables affiches, les grands dessins du Chat noir qui
faisaient le triomphe de la rue \ ictor-Massé, où 1H ô­
tel de Salis flamboyait sous la lanterne de Grasset, le
Veau d’or ce fameux vitrail, ét le Parce Domine qui
semble être un des meilleurs symboles de \ \ illette.
Certes l’œuvre est touffue, elle ne se r a t t a c h e à aucune
école. Peut-être pourrait-on, c h e z l e s gosses de Willette, y
retrouver une certaine parenté avec les amours de Bou­
c h e r, et chez ses exquisités pompadours, ses robes à
Sur la pierre des mausolées
q u ' e m b a u m e n t des gerbes de fleurs
nos Ames pleurent leurs douleurs
nos Ames désolées !
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I
!
Elles s’envolent, volent, volent;
et s’éparpillant sur le sol
elles effleurent dans leur vol
les choses qui consolent,
les vieilles croix au bras tremblant,
les croix des espérances saintes,
les petites croix en noir peintes,
les croix de marbre blanc !...
sèment cette M ireille que 1 É tat a donné, en 1897, au Musée de
Montpellier. Elle n’a pas eu le succès de la célèbre Escarpolette;
mais, elle appartient au même genre soigné, discret et gracieux.
Cot s’est inspiré des chefs-d’œuvre de Mistral et il a choisi
— Mais par les larges avenues
au sable fin, par les chemins,
portant des fleurs à pleines mains
les Foules sont venues.
Et lorsque vient l’heure du soir,
l’heure de solitude entière,
Elles ont fait du,cimetière
un vaste reposoir.
G a b r ie l DUCOS.
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lia Musée de Montpellier
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— SUI TE
LES D E R N IE R S DONS E F F E C T U E S
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tous les Musées de Province, celui de
Montpellier se distingue par des séries de
tableaux précieux et rares. Nombreux ont été
ses donateurs, et plusieurs l'ont enrichi sin­
gulièrement, depuis Fabre qui l’a créé au
commencement de ce siècle, en continuant
par Bruyds qui vivait sous Louis-Philippe et
durant le Second Empire, en finissant par
Alexandre Cabanel,une des gloires artistiques
de Montpellier, sous la troisième République.
L’E tat s’est aussi montré très libéral : il donne
principalement aux riches. Mais ses envois ne
sont pas toujours des plus heureux, surtout
pour un Musée qui contient tant d ’œuvres
remarquables. On peut d ’autant mieux en juger que les tableaux
nouvellement reçus, ne sont pas encore accrochés aux murs et
qu’on s’est contenté de les exposer, provisoirement, sur des cheva­
lets. Combien de temps durera ce provisoire? Nul ne saurait !e
dire, car, en France, rien ne dure davantage que ce qui n ’est
pas définitif.
^ccTxrrrxrrrrrrrr2
NTRE
L ’envoi le plus important de l’E tat en ces dernières années est,
assurément, la M ireille, de COT (Pierre-Auguste), originaire de
Bédarieux. Élevé à l’Ecole des Arts de Toulouse, en même temps
que Jean-Paul Laurens, ils concoururent tous deux, pour le
grand prix de peinture. Cot fut classé en première ligne, et, il le
méritait par son ■éducation technique, qui était plus complète.
Mais on constata chez M. Jean-Paul Laurens des promesses si
grandes qu’on créa pour lui une seconde bourse afin de l’envoyer
également à Paris. Tous deux sont arrivés à la notoriété, mais
par des voies différentes. Tandis que M. Jean-Paul Laurens
s’étudiait à peindre l’histoire et à se pénétrer de sa philosophie
et de sa portée morale, C o t se contentait du «j ol i », de
« l’agréable », « du pittoresque ». Aussi, devint-il bientôt un
peintre à la mode, surtout pour les portraits de femme. Mais, la
mort l’arrêta brusquement en pleine virilité, dans l’entier déve­
loppement de son talent. Une de ses dernières œuvres fut préci( 1) Voir le numéro du Ie1’ novembre.
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Ss
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l’épisode de Mireille sortant de l’Eglise, comme A ry Scheffer
s’était inspiré du Faust, de G œthe,pour représenter Marguerite.
Dans la même circonstance : les deux tableaux pourraient se
faire pendant. C’est le dimanche des rameaux; et Mireille, por­
tant d ’üne main une branche d ’olivier bénit, donne de l’autre
main son aumône à un jeune miséreux, au teint hâve, aux vête­
ments déguenillés, s'appuyant sur une béquille pour marcher, et
portant en sautoir un accordéon. Derrière Mireille, sur le seuil
de l’église, deux fillettes vendent des rameaux qu’une vieille
femme marchande. La scène est sentimentale à la façon d ’un
roman américain et le sujet est traité à la manière d'un Keepsake
pour jeunes filles anglaises. Mireille, en costume noir d ’Arlésienne cossue est représentée de face. Le linge blanc du corsage
fait valoir ses chairs mates. Ses cheveux noirs tombent en ban­
deaux sur son front et ses yëüx baissés ne laissent voir que les
longs cils de ses paupières. Les personnages sont de grandeur
naturelle. T out le tableau est étudié avec conscience — trop de
conscience même, car rien n’y est sacrifié dans l’ensemble comme
dans le détail.
Tel qu’il est placé, presque à niveau du sol, les personnages
semblent manquer de perspectiveet d'air ambiant. Pour en juger
définitivement , il faudrait qu’il trouvât une place convenable sur
la cimaise. Il n ’y a qu’un an qu’il est ainsi : nous devons
patienter davantage.
Encore un tableau « vieux jeu », — celui de la Vigne régéné­
rée, par M. E r n e s t M i c h e l . C’est, cependant, un tableau
allégorique et le symbolisme' a singulièrement perfectionné
l’allégorie tan t avec les « parallélistes » comme M. Puvis de Chavannes, qu’avec les mystagogues comme Gustave Moreau et les
paradoxant comme MM. Jean Carrière, Grasset, Mucha, et
autres. Mais M. Ernest Michel a charge d ’âmes; il est directeur
de l'Ecole des Arts de Montpellier; il s e doit à son enseigne­
ment académique. S'il admire les Delacroix et les Courbet qui
ornent le Musée, dont il est le conservateur, il en est resté au
bourgeoisisme raphaélique de 1830 et son idéal artistique pour­
rait .être celui de M. Boüguereau.
. Une femn-.e nue, sans âge distinct, sans caractère typique,
d apparence plutôt lymphatique que sainement vigoureuse, pour
ses seins d où s échappe une liqueur imperceptible, après laquelle
se précipitent trois enfants, bien dodus et bien roses, pour en
prendre leur part. I out autour, des ceps de vigne aux feuilles
aerdoyantes auxquelles pendent des raisins plantureux. A terre,
une tasse d argent, pour la dégustation, est renversée et le vin
qui s en est échappé, teinte de rose le sol où gisent quelques figues
dégustatrices. C est assez banal comme conception et bien poncif
comme mode de peinture. La femme est sans cou et ses formes uni­
formément arrondies de grâce et de distinction. Les trois enfants
sont également gras et potelés. Le feuillage des vignes, ressemble
à celui des passe-roses et les grains de raisins sans velouté et sans
transparence pourraient aussi bien être pris pour des prunes. La
couleur est sans variété ni consistance. L’ensemble est veule.
Boucher a peint la Fontaine d ’Am our où des enfants se préci­
pitent pour s’y désaltérer, et il y a dans son tableau resté célébré
un mouvement, une grâce, une saveur qui manquent au tableau
de M. Ernest Michel.
M. Bouguereau a peint, de son côté, des amours lutinant une
femme autour d e laquelle ils se pressent ; et, si son impeccabiacadem>que est exaspérante dans sa banalité imperturbable,
on y sent du moins une correction de dessin et un choix de
ormes que l’on ne retouve point chez M. Ernest Michel. Les
fem m es d e la Voie lactée é t a i e n t p e u t - ê t r e m o in s << r é g é n é r é e s »,
m a is elles é t a i e n t p lu s p o é tiq u e s , -et le P o rtra it d u p e i n t r e
m o n t p e ll ié r a i n p a r lu i-m ê m e , a n n o n ç a i t u n « n a t u r i s t e » q u e
n o u s c h e r c h e r io n s v a i n e m e n t
Vigne régénérée.
(A S uivre)
d a n s l’im a g e r ie c o lo riée d e la
J e a n de I 'H e r s
THÉÂTRES & CONCERTS
T H É Â T R E DU C A P IT O L E
A troupe de grand opéra fit ses débuts dans, la Ju ive. C’est
dans l’ordre normal des choses, mais ce qui l’est moins c’est
d ’entendre un tas de fausses notes et des cris à faire croire que
l’asile de Braqueville a ouvert ses portes. Mme Demédy ayant
résilié ce même soir, il n ’y a rien à en dire. Nous lui souhaitons
simplement de modérer les ardeurs d ’un organe qui, sagement
conduit, pourrait lui valoir des succès. M. Luca possède une
voix de bonne qualité, mais il manque d ’expérience, et nous
avons le droit d ’exiger pour notre première scène plus de savoir
e t plus de goût. Notre chanteuse légère de grand opéra manque
de cette grâce séductrice que l'on souhaiterait pour les rôles de
son emploi, mais elle chante avec art et sûreté, c’est beaucoup.
M. Lussiez nous a séduit p ar sa conscience et la profondeur de
ses notes graves qui valent le bourdon du petit, tout petit orgue
du théâtre. M. Zocchi a chanté la cavatine du premier acte
comme il a pu, et il n ’a pas pu beaucoup.
Dans le ballet deux étoiles brillent d ’un éclat modéré;
Mlle Frassi dont la nervosité va jusqu’aux tours de force, et
Mlle Régina qui rachète avec des mouvements gracieux ce que
ses pointes ont de trop timide. Les demoiselles deVestibule sont
gentilles ; mais elles sont suivies d'un essaim de beautés maigres,
parmi lesquelles des élèves sans doute, qui dansent comme des
sénateurs.
Les Dragons de V illars servirent de début à M. Jahn. Il y
obtint un succès assez mince. Pourquoi lorsqu il chante avec
Rose « que l’amitié nous unisse à jamais » laisse-t-il Mme Delorme grimper seule au si bémol de la fin? Maillart a justement
uni les voix comme les paroles le demandaient. Notre dugazon a
fort agréablement étonné plusieurs musiciens par son jeu et sa
façon de chanter le premier acte, mais quand elle force sa voix
la justesse en souffre. En somme ces Dragons sont peu amusants
et un peu vieux, malgré le talent de M. Y ialar.
Vraiment MM. Boyer ne sont pas heureux et je me demande
sans les débuts combien de gens viendraient pour entendre mas­
sacrer les H uguenots de cette façon.
Il ne suffit pas d ’avoir de la voix pour être digne d occuper les
premiers emplois sur une scène comme celle du Capitole, or
M. Luca et MUe Demédy n’ont que de la voix. J ’en dirais presque
au tant de M. Barthe qui fut un Nevers sans distinction. M. Lus­
siez fait preuve de qualités solides mais j aime à coire que passée
la période des débuts il sera plus artiste. Mme Luca chante avec
justesse et méthode mais n ’émeut personne.. Dans Samt-Bris,
M. Blancard ne s’impose pas avec l’autorité que savait mettre
dans ce rôle M. Desm et; je doute même qu il en saisisse le côté
grandiose et farouche mais il se fait écouter avec intérêt. Seule,
Mlle Delorme vit réellement ses rôles. C’est un page très élégant,
d ’allure noble,sachant ce qu’il do ità s a D a m e , bien qu'il se tourne
trop facilement vers le parterre. Qu'elle fasse erreur ou qu’elle
joue juste, Mlle Delorme reste toujours intéressante. Elle ne nous
L
apporte pas seulement le fruit des leçons de son professeur, elle
met de la personnalité dans ses rôles et c ’est d ’autant plus à noter
qu’elle est à peu près seule à ce faire.
Nous nous plaisons à remarquer beaucoup de soin dans les
diverses mises en scène.
Le ballet, plus complet malgré l’innocenee des pas de ces
demoiselles et leur peu de beauté, intéresse le public, en sorte
que.nous n ’avons aucun remords d ’en avoir souvent demandé
l’augmentation. Nous regrettons simplement de ne pas trouver
dans les tours de force de MUe Frassi de quoi nous faire oublier
la légèreté et la grâce de Mlle Detul d'agréable mémoire.
Que c’est triste, un chef-d'œuvre mollement représenté !
M ireille et Le B arbier de S év ille ont eu l’agrément du public,
en sorte qu’il se répète partout que nous a v o n s définitivement une
excellente troupe d ’Opéra-Comique au Capitole. Tous ces sujets
ont été reçus sans opposition, comme nous 1 avionsprévu. Reçus
M. Gaiand, M. Y’ialar, Mlle Luca, Delorme et Korssoff qui étonne
le public en chantant Rosine.
Il
en va différemment pour le Grand Opéra. M. Luca fut sa­
crifié malgré quelques bons moments. Son sort ne pouvait faire
doute. Très bon pour une petitè ville, il était insuffisant pour
Toulouse. M. Lussiez est soumis à un quatrième début. Pourquoi
un quatrième début ? Il semble que M. Lussiez a suffisamment
prouvé qu’il avait de l’aigu, beaucoup de grave et assez de
médium pour tenir son emploi sur notre scène. Nous risquerions
de ne pas trouvfer mieux à ce moment surtout.
M. Barthe, baryton, reste très discuté. Notons pourtant un
bis pour Adafnastor. Il est vrai que tout le mande est apte à
jouer les sauvages. Pour Nevers, c’est différent.
d e VILLESIX.
Mlle Korssoff, a su se faire applaudir dans le rôle si sympa­
thique de M ireille. Elle a très bien dit l’air du deuxième acte ;
la voix manque de médium, mais l’artiste la conduit avec intelli­
gence!
M. Galand chantait le joli rôle de Vincent. Cet artiste a du
tempérament, et connaît son métier ; il aurait dû ne pas crier le
s i naturel qui termine le duo final, l’auteur ayant écrit le sol,
le s i naturel- n’étant qu’une note fantaisiste.
M.lle, Pérès a été très heureuse dans la chanson du berger.
Cette jeune artiste a une grande qualité pour le théâtre, c’est
d ’être bonne musicienne.
Très bien MUe Delorme, dans Taven, ainsi que M. Blancard
dans Ramon.
M. Vialar n’a été que suffisant dans Ourias. mais il a été bien
dans Barnabe'du M aître de Chapelle, ainsi que M. Bareille, trial,
qui a été très amusant dans le rôle de Benetto. Ces deux artistes
ont été admis après cette dernière épreuve.
J. M.
V A R IÉ T É S
O
N peut ne point comprendre T artufe comme M. Cadet,
mais, il est impossible de ne point reconnaître qu'il le joue
avec une personnalité, une finesse, un réalisme étonnants. Je ne
vois pas qui, plus que lui, a marqué la pateline astuce du rôle. Il
donne même au personnage une allure « p a s engageante» qui
ajoute un sel particulier à sa saisissante interprétation. Le seul
reproche que je me permettrai de lui adresser, c ’est d’avoir dans
son articulation, dans son rictus, je ne sais quoi qui nous rappelle
qu’il joue la comédie. Il fut médiocrement entouré, si nous en
exceptons Mm0 P a try , qui fit une Elvire très XYTIe siècle d ’allure
et de ton. Flipotte, Mm0 Basset, ne nous fera pas oublier les
charmantes insolences de Mme Kolb, dans ce rôle, mais sa voix
claironnante, sa façon nette de dire les vers, méritent des
compliments.
Malheureusement, ces dames firent des précieuses ridicules
très quelconques. Elles manquèrent de ce naturel emprunté,
guindé, que Molière a voulu ridiculiser. En revanche, M. Cadet y
fut supérieur, jamais nous ne vîmes mieux faire le valet qui joue
au marquis, parlant de ce qu’il ignore et se vantant de tout
savoir sans avoir jamais rien appris, comme il convient aux gens
de qualité. Si M. Cadet ne sait pas déjà qu’il est parfait dans ce
rôle, nous serons heureux de le lui apprendre. Des autres, nous ne
dirons rien, ils étaient insuffisants.
Où M. Coquelin prend-il ses Monologues ? Sauf le premier,
M oderne, qui, dit par le grand artiste est désopilant de verve, ils
étaient plus insignifiants les uns que les autres. Il ne faut pas s'y
trom per; malgré quelques bruyantes acclamations, le public n ’a
pas mordu à ces soties.
La Voyante a surpris et intéressé le public fort nombreux que
sa promptitude à deviner les airs demandés ou le millésime des
monnaies intrigua beaucoup. Elle vous dit le nom de votre
chien, le numéro du tirage au sort, quand vous êtes né, que vous
ne mourrez jamais et autres choses aussi divertissantes.
L e ballet russe est très applaudi, encore que la musique et
l’intrigue soient quelconques. Les costumes sont jolis et les dan­
seuses aussi, ce qui ne gâte rien. Les danses sont légères: evviva
il ballo.
Mme Lina Munte nous vint jouer Catherine, de. M. Lavedan,
pièce aimable, propre et vraie. Catherine, c ’était Mme Dickens
très, sincère de jeu. M. Voutier joua 1e-duc de Contras avec
aisance. Mm0 Lina nous montre des élégances curieuses dont la
moindre n ’était paslefinprofil de sajelie tête d e b ru n e q u ’elle sait
placer sous un jour favorable. On est coquette ou on ne l’est
pas ; au théâtre il faut l’être. A citer enfin M. Durand, un
amusant organiste.
DE VlL LESiX ,
Nos compliments à M. d ’Albert d'avoir monté, cette année,
A li-B aba d ’une manière luxueuse comme décors. L’interpréta­
tion est bien rendue par MM. Gérard, Royol, Saint-Léon et
M110 Bury qui s’attirent tous les jours les sympathies du public.
M110 Laya connaît son rôle mais fait trop souvent penser au
café-concert, et puis, elle tient sa mandoline comme un manche
à gigot. Q u’en doivent penser les espagnols ?
J. M.
cinq centimètres. Très remarquées les toilettes élégantes
d e M m0 B e r t h a l l , qui jouait Mariette. Très sensationnel ce cha­
peau à grandes plumes noires, accompagnant un costume de ville
en
v e lo u rs
noir. A il R ig t •
DE V lL L E SiX .
CONCOURS D ’AFFICHES
affiches ont pris part au Concours organisé par la
Société Passicos; nous parlerons de chacune d ’elles dans
l’ordre du classement qui en a été fait par le jury. Hors concours
celle à laquelle le jury aurait donné le premier prix si son auteur
avait été Toulousain; il est Espagnol. Incontestablement, elle est
bien sous plus d ’un rapport, mais elle a le grave tort de ne pas
être une affiche ; cela ferait un joli chromo dans les dimensions
de 0,70, sur 0,25, pour servir au besoin de calendrier, mais, une
fois collée sur un mur, à la hauteur normale, et au milieu de cent
autres a f f i c h e s elle disparaîtra. — Celle de M. Peltier qui a eu
le premier prix présente, comme la précédente, le défaut, d ’avoir
trop de détails, et de plus, le sujet qu'elle représente, n’a aucun
rapport avec la corrida qu’elle doit annoncer. — M. Diffre a eu
le second prix; au point de vue lithographique, son affiche a. le
mérite d ’être d ’une exécution facile, mais je doute que sur un mur
elle attire suffisamment l’attention; du reste, les formes de
l’espagnol qui boit ne gagneraient pas à ce qu’on les regarde de
trop près. — Je comprends qu’on ait voulu donner un prix à
M. Andrieu, car son travail dénote un sentiment décoratif incon­
testable, mais, si cela fait un joli panneau décoratif, cela ne fera
jamais une affiche... son cheval a des jarrets que l’on ne retrouve
heureusement que che2 peu de ses semblables. — Que dire de
M. Saint-Germ ier? ! ! ! Q u ’il a fait ce qu’il a pu ?... Si vous
voulez...— K. N issest par trop impressionniste, disait le Mes­
sager en parlant de ce concours !... Pourquoi donc, cher confrère,
et en quoi? Pour moi, son envoi était celui àprendre, parce que
son affiche épatera le regard au milieu de cent autres, soit par la
tâche, soit par son sujet ; l’idée s’adapte parfaitement aux
courses de taureaux, l’exécution est simple, l’ensemble séduisant...
H
u it
T H É Â T R E FR A N Ç A IS
e F ils de Coralie n ’est pas une de ces pièces que l'on éprouve
le besoin de réentendre ; mais étant données les situations
poignantes qui s’y trouvent employées c’est un plaisir de raffiné
d ’y suivre le jeu simple, naturel etv ra id e M . Charny (le capitaine
Daniel) et de sa fiancée, Mlle, Diska. J ’ai plaisir à le dire, puisque
certains me trouvent difficile, ces deux artistes ont fait preuve
des qualités les plus grandesdans la pièce d ’Albert D elpitettous
les be.aux yeux qui se sont mouillés aux péripéties dé ces amours
contrariées, me féliciteront de ledire hautement. Voilà qui est du
grand art. N'oublions pas cependant de reconnaître le mérite in­
contestable dont ont fait preuve leurs partners. Mais rendons à
chacun la part qui lui est due. Elle fut très grande pour MllcDiska
et pour M. Charny.
E t il faut ces talents pour faire passer sur les trivialités et les
invraisemblances de langage dont est salée cette comédie. Une
fois c’est M. de Montjoie qui dit plaisamment : « elle m ’a mangé
un peu-de mon cœur et beaucoup de mon argent » ! Au troisième
acte c ’est la mère de Daniel qui implore, de son fils, s. v. p., la
grâce d ’être par lui reniée et renvoyée. N ’insistons pas.
Salle comble, pour la reprise de La Boule, de Meilhac et
Halévy. On a ri fortement. L'interprétation fut honnête et rien
de plus. La mise en scène fut comme toujours fort soignée, à part
les rideaux blancs de la fenêtre, dont l'un dépassait l’autre de
U
n
A
f f ic h e u r .
L
BIBLIOGRAPHIE
j ^ T o t r e - D a m e d e l ’I n s t i t u t ,
fantaisie-vaudeville en 4
l N tableaux, par Rom ain C a s a l o t . — Un vol., 2 fr.,
à Paris, chez Pierret, éditeur; à Bordeaux, chezFeret
et fils, éditeurs et chez les libraires.
Le Français, né malin, créa le vaudeville.
Romain Casalot n a eu garde de manquer à la tradition de
malice et d esprit du Français en cette matière : le sien est une
trèn spirituelle critique des intrigues qui s'agitent autour d ’une
élection à l’Académie : intrigues des belles dames qui désirent
de^ places et ne reculent devant rien pour en obtenir : intrigues
du candidat pour obtenir des voix, discussions oiseuses des
membres appelés à voter. Nous n'avons pas eu 1-honneur d'assister
à ces discussions, puisqu il faut être Immortel pour cela, mais
nous nous imaginons que c’est ainsi que .doivent se passer les
choses, et qu on doit y parler de tout, sauf des t i t r e s du can­
didat.
Répertoire de la S tatuaire grecque et
romaine (Tome ï 0t, Clarac de poche), un volume à 5 francs,
chez Ernest Leroux, 28, rue Bonaparte.
En attendant que soit édifié, s’il peut jamais l’être, un Corpus
Statu'.vruni complet, M. Salomon Reinach, l’éminent conserva­
teur du Musée archéologique de Saint-Germain-en-Laye, a
essayé, selon son expression, « d ’en pourvoir à l’avance, une
sorte d ’index ». Mais, laissons-lui la parole : « Pour la première
fois, depuis qu’on a fait de l’archéologie, j ’offre, au voyageur
archéologue, à l’étudiant le plus humble, à l’instituteur, au curé
de campagne, le moyen de reconnaître si une sculpture est connue
e t quelles sont celles dont les motifs sont similaires. Il est inutile
d ’insister sur l'importance que présente une pareille réunion de
types'pour celui qui veut restituer par la pensée un fragment
antique, ou poursuivre l’histoire d ’un motif plastique dans la
statuaire... Au cours d ’une vie passionnément consacrée aux
travaux utiles, je n ’aurai rien fait de plus utile que cela. » Ces
figures, au nombre de 6.000, sont dans une collection des types —
dieux, héros, déesses, — précédemment réunis par Clarac, et
réduits dans leur format par M. S. Reinach, de manière à pou­
voir rentrer dans un livre portatif et maniable. Une très intéres­
sante notice historique sur le comte de Clarac, précède l’ouvrage.
L’ancien conservateur des Antiques au Louvre, y est dépeint
avec son amour du travail, ses faciles « emballements », son
désintéressement, à tort contesté, sa lutte, aidé du graveur
Texier, son ami, pour mener.à bonne fin la lourde tâche de la
publication des livraisons du Musée de Sculpture. Des notices
sur les planches de ce premier volume, et une table alphabétique'
des sujets reproduits complètent ce tome de 700 pages, ouvrage
repris de seconde main, mais d ’une main magistrale.
ALOMON R e i n a c h ,
S
N
quelques-uns de nos lauréats parmi lesquels M. Guillamat,
pour, lequel nous avons trouvé le jury injuste aux derniers
concours. A citer encore MUe Lassara, Julian et W eyrich.
Andrée Sauvaget a fait son apparition sur la
scène de l’Opéra, dans la W alkyrie. Grande distribution
de fleurs.
a d e m o ise lle
M
. Benoist, ancien professeur à la Faculté des Lettres de
Toulouse, recteur de l’Académie de Grenoble,' est nommé,
recteur de l’Académie de Montpellier.
M
N
E dernier bouleversement ministériel nous a valu le retour au
Ministère de l ’instruction publique et des Beaux-Arts, de
notre compatriote, M. Georges Leygues. T ou t notre Midi se
souvient de l’heureuse faconde de ce .cadet de Gascogne, le plus
heureux (spirituellement parlant) des cadets dont la parole ne
fourcha jamais, les innombrables fois où il eut à parler et à
improviser durant la mémorable excursion d ’Août dernier.
M. Georges Leygues est né en 1858, à Villeneuve-sur-Lot ;
c ’est un méridional convaincu, bien qu’il ne prenne aucun plai­
sir aux Corridas de toros ; mais on le dit ouvert à toutes les cho­
ses de l’esprit, c’est pourquoi l'A rt M éridional se félicite de son
retour au Ministère où il ne sera nullement dépaysé, tan t par sa
valeur personnelle que pour l’habitude qu’il en a, l’ayan t déjà
occupé deux fois.
L
presse Montpelliéraine ne tarit pas d ’éloges pour MUe Baréty « Il serait difficile de mieux chanter et jouer le rôle de
Rachel » dit le P e tit M éridional. Nous sommes heureux de répé­
ter ces éloges qui ne font que confirmer ceux dont nous avons
cru devoir être prodigue l’an passé pour cette excellente
artiste.
A
ÉCHOS ET NOUVELLES
L
L
é Poulou déMatabiôou m ’arrange singulièrenment bien dans
le dernier numéro du G ril. Voici du reste le portrait :
DEL
OUS ne nous trompions pas quand nous attribuions à une
comtessina le dessin de la couverture du Concert S p ir itu e l.
Il est en effet dû au crayon habile et fin de Mlle Maria Rossi
Scotti dont à YUnion A rtistiq u e Jean del^Hers a remarqué main­
tes œuvrettes charmantes.,
M arc L e g r a n d .
POURTRËTS
OUS apprenons l ’admission au Conservatoire de Paris de
—"'G5—
MIÈTJOUN
EUX étonnantes questions posées par notre confrère L a Vie
D
Joyeuse :
« Est-il vrai que M. T. Gravière, directeur du G rand-Théâtre,
n ’ait obtenu le renouvellement de son privilège que sur la pro­
messe formelle à divers conseillers municipaux de monter un
opéra intitulé les M arins — et est-il vrai que, ne tenant pas
compte de ses engagements, il refuse aujourd'hui de faire repré­
senter cette œuvre ?
« Est-il vrai que M. T. Gravière, sur l ’injonction de M. Ch.
Haring, chef d'orchestre, ait rayé du contrôle du Grand-Théâtre,
des journaux indépendants inscrits depuis plusieur annnées, sous
le prétexte que les dits journaux avaient critiqué l’exploitation
des Concerts-Promenade des Quinconces?
« Nous attendons un démenti formel à ces deux questions. »
P. D.
ALFOUNSO MOULINIER
Dins la bilo capitoulino
Qu’es nostro agradaplo citad,
Cadun lé counéïs è 1’ calino
Aquel Mécèno tant citad ;
Es un fcoumpousitou dé talho,
Troubèt maï dun aïré noubèl,
Coumo sculptur souben nous balho
Dé finos probos del çisèl...
Amie des arts è des artistos
Es plé dé sapies estimads.
Sap agruméla’s journalistos,
E’s pouètos les maïs aïmads ;
A nostré rénoum countribuo
Per aquel érudit journal,
Qu’ès l’intéressanto rèbuo,
Qu’apèlan : « YA r t M éridional ».
Lé P o u l o u
coI
dé
M
N
a ta biô o u .
Je n’ai qu'un mot àdire : les vrais Mécènes de YA r t M éridional
sont ses vaillants collaborateurs dont est M. Paul de Matabiau,
ca r c ’est bien à eux que l ’A r t M éridional doit tout son succès.
A.-M.
I
OUS saluons avec empressement la nomination comme pré­
sident honoraire de M. Bauby, ancien juge aux ordres, qui
vient d ’être mis à la retraite.
Sa modestie s’accommodait facilement de l’ombre d ’un cabinet
de juge aux ordres mais on a droit de s’étonner que ses hautes
qualités de jurisconsulte ne l’aient pas désigné aux puisssants du
jour pour un poste plus élevé.
N
A Alger M110 MÉZY, la gracieuse dugazon, vient d'effectuer
avec beaucoup de succès ses trois débuts.
M. S i m o n e s t à N a n te s tr è s a p p r é c ié .
OUS apprenons le mariage de M. Edmond Dumas de Virgile,
lieutenant au 1 Ie Régiment d'infanterie, avec Mlle Marie
Anne Andrau. La bénédiction nuptiale aura lieu en la chapelle
Sainte-Anne, le Samedi 19 Novembre.
~
C
L ’a g e n c e R o b e r v a l v ie n t de f o rm e r la tr o u p e d u t h é â t r e m uni­
c ip a l de N ic e ; nous y r e m a r q u o n s MM. COSSIRA, D u p e y r o n et
f f-
IBOS, forts té n o rs , P . CESTE e t LAYOLLE, b a r y to n s .
Concerts classiques de « la Cœcilia »
ous sommes heureux d ’annoncer que la Cœcilia continuera,
cette année, la série de ses concerts. Depuis quatre ans,
cette Société, dans un but purement artistique et plus que désin­
téressé a fait entendre plusieurs grands chefs-d’œuvre de la
musique classique et religieuse : La Passion et l ’Oratorio de
N oël, de J.-S. Bach ; le Messie, de 1Iaëndel;£7 z'<?, de Mendelssohn;
les Saisons, de Haydn, etc., et elle est fière des éloges que lui a
décernés toute la presse. Définitivement fondée, la Cœcilia va
inaugurer cette année une organisation nouvellequi lui permettra
de donner ses concerts à époques fixes.
Le conseil de la Cœcilia a décidé de faire quatre grandes exécu­
tion par an. Il crée, à cet effet, des abonnements personnels au
prix de 10 francs, donnant droit à une première numérotée pour
quatre concerts et des abonnements pour deux personnes donnant
droit à huit premières numérotées (soit deux à chaque concert),
au prix de 15 francs,
M. le Premier-Président, Mgr l’Archevêque,M. le Préfet, M. le
Procureur général et M. le Recteur ont bien voulu accepter de
former un comité d ’honneur auquel se sont joints des dames patronesses et de nombreux représentants des Facultés, des Socié­
tés'savantes et du haut commerce toulousain.
Nous espérons que ces nouvelles dispositions détermineront
tous les vrais amis de la musique classique à favoriser efficacement
l’œuvre entreprise p ar la Cœcilia.
De Lyon
N
'S3
T A presse est fort sévère pour les pensionnaires de M. T o u r n i é ,
L et dans Carmen ils ne trouvent a louer grandement que
la charmante Mme T o u r n i e .
Le M oniteur des Théâtres pense qu’il n'y a pas en France, à
l'heure actuelle, de Théâtre qui donne de plus mauvaises repré­
sentations.
Le Tout Lyon déclare au-dessus de ses forces de donner un
compte rendu des deux nouveautés de la semaine : Mignon et
L e s H uguenotsve nantaprès G uillaum e, Zæ Ju ive, et La Favorite.
Bien durs Jes confrères, pour notre ancien directeur !
— t y -
M.
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I
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1
Concours de Photographie
E j u r y d u co n c o u rs d e p h o t o g r a p h i e a r e n d u son j u g e m e n t
r e la tif a u x é p r e u v e s e x p o s ée s p a r d iv e rs p h o t o g r a p h e s a m a ­
te u rs.
L
*
Etaient présents : M. Feuga, conseiller municipal, délégué de
M. le Maire; MM. Regnault, commissaire général du concours ;
Bert, Fabre, Jullian, Laporte, Henri Gérard et T ru ta t, membres
du jury.
Voici la liste des récompenses accordées :
CHRONIQUE FINANCIÈRE
L
1s<
Le concours et l’exposition seront ouverts gratuitement au
public, du samedi 12 novembre, au dimanche 20 novembre in­
clus, de 9 heures du matin à 4 heures du soir, au Capitole, salle
annexe du conseil municipal.
M
s<
s<
X
s<
s<
s<
s(
s •
' ■? '-
Nos A rtistes
Marseille Mm0 T o r o n chante Samson et D alila et sait s’y
faire applaudir en compagnie de M. B u c o g n a n i . Caen
possède M. PATRIS qui obtient un joli succès dans P a trie. M.
DE B a c k e r , dont nous n ’avons pas oublié la splendide interpré­
tation d 'Hamlet, est très apprécié à La Haye.
Le théâtre royal de Liège compte parmi ses artistes M. D u fFAUT, fort ténor, qui triomphe dans S ig u rd ,
Q 0/ ne-'tient pas le cours
anémique, le O
/O
de 102.
La Banque de l ’A lg érie vient de faire un bond à 700 fr. Il y a
loin de ce cours à celui de sa prospérité du temps jadis. Ce
temps a-t-il fui pour jamais? A en croire les rapports qui seront
lus à 1 Assemblée du 24 novembre, la situation s'améliorerait,
sensiblement. Ce qui ne s'améliore pas, c’est le dividende qui ne
sera que des trois quarts d'une pistole, soit 1 franc pour roo francs.
C’est maigre.
E marché est
Médaille de vermeil (réservée).
1e1' prix ex-æquo, médaille d ’argent : MM. Laffite, de Toulouse
et Cayla, de Paris.
2° prix ex-æ.quo, médaille de bronze : MM. Bertrand, de T o u ­
louse; Raphaël Gaubert, de Toulouse, et Fabre, de Carcassonne.
3e prix ex-æquo, médaille de bronze : MM. Fages, de Grenade,
et Deffès, de Toulouse
A
président des Aficionados Tou­
lousains et de la Fédération des Cités du M id i pour la
région Pyrénéenne, adresse une lettre de démission, datée du
château de Clairfont, octobre 1898, à MM. les Membres de la
Société tauromachique les Aficionados Toulousains. En félici­
tan t ceux qui « ont su résister aux tentatives de pression... et
qui ont su se maintenir libres, et fiers de leur liberté », il ne.perd
pas l’occasion de blâmer avec force « un groupe d ’ambitieux
qui, pour escalader les honneurs, en passant par dessus toutes les
règles de la hiérarchie consacrée de l’âge, n ’ont pas hésité à nous
décrier, etc., etc. »
Nous consignons ces choses dans l’intérêt de l’histoire tauro­
machique de Toulouse, mais sans plus nous étonner, car, de tout
temps, les ambitieux se sont fait un jeu, pour escalader les hon­
neurs, de franchir les règles de la hiérarchie et nombreux sont
encore ceux qui n ’escaladent rien parce qu’ils ne peuvent pas
franchir. O tempora, 0 mores.
LE VICOMTE DE CAUMON,
L a Banque Française d ’Ém ission lance avec un chic suprême
une Société nouvelle de Force d'Eau et de Lumière pour umpetit
coin de la région. C’est ce que les émetteurs appellent « une
bonne fortune pour notre région »... et pour eux peut-être.
N o to n s la h a u s s e in c e s s a n te des c h e m in s d e fer E s p a g n o ls . A
force d e m o n t e r .on s ’essouffle.
>
>>s
>s
>s
;s
Les nouvelles obligations M étallurgiques de T A rièg e valent
dans les 150 francs; Carmaux varie peu; Graissessac, moins
encore, le pauvre ! Que vaut-il???
Le T ondu.
L ’Adm inistrateur-G érant : P. GRILLON.
TOUL OU SE, IMP RI ME RI E DU CE NT RE , AL LÉES LA FAY ET TE , 1 0
bis

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