artistes et managers
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MaMA - Artistes et managers, une collaboration évolutive à (ré)inventer MaMA Event, 15 octobre, FGO (Centre Barbara), Paris Rappel pour ceux qui auraient vécu sur Mars durant ces 15 dernières années : le monde de la musique a traversé une crise de la vente de disques. Et n’en est pas encore sorti d’ailleurs. Parmi les conséquences, explique Delphine Lefaucheux, avocate associée chez Selarl Kohn et Associés, les contrats proposés par les labels aux artistes sont de plus en plus encadrants pendant qu’en parallèle les moyens mis en oeuvre se réduisent. « Le streaming ne compensera jamais la perte des revenus des supports physiques d’il y a plusieurs années, c’est une donnée, il faut faire avec, » assène-t-elle. Mais tout n’est pas noir, car parallèlement, les artistes ont de nouvelles opportunités, essentiellement grâce au digital. Dans ce contexte, nombreuses sont les interrogations sur le rôle du manager, ce partenaire clé de l’artiste qui est amené à voir considérablement évoluer son champ d’intervention. Si la période est à la crise, l'optimise reste de mise pour Alain Artaud, ex directeur de labels variés (Labels, V2, Polydor) et aujourd’hui directeur de la société Manassas (management, édition et production) : « Le digital et la crise favorisent des solutions alternatives. Avant, les budgets marketing étaient pléthoriques, donc le ticket d’entrée sur le marché était élevé. Aujourd’hui, il existe de nombreuses solutions au niveau de la promotion avec des boîtes indé qui fonctionnent de mieux en mieux sans avoir 25 projets en même temps sur leur bureau, avec également beaucoup de nouveaux entrants très compétitifs concernant la promotion digitale, avec bien sûr également la distribution digitale. Avec en plus des solutions de financement pour une production : subventions Adami, Sacem, SCPP, et le crédit d’impôt qui n’existait pas auparavant. » Bref, une période de retour aux sources, la passion chevillée au corps et les outils pour lui laisser libre cours. Mais du coup, le métier de manager a également évolué : « Il faut trouver les bons partenaires pour tout, » souligne Marc-Antoine Moreau, gérant de All other (production, édition, management) et notamment manager de Amadou et Mariam. « Le manager devient le chef de chantier - ou le DG - et assure la mise en collaboration de plein de gens. » Lambert Boudier, manager, entre autres, de Jean-Louis Aubert, confirme : « Il y a 10 ans, le manager était presque un agent. Aujourd’hui, un jeune manager prend toutes les casquettes : production de spectacle, d’enregistrement, etc. » Grâce notamment à des moyens techniques devenus abordables - comme ceux de l’enregistrement - le manager est aujourd’hui en mesure d’offrir à son artiste de multiplies leviers pour développer sa carrière. Mais ce cumul de casquettes peut poser problème, voire créer des conflits d’intérêt pour le manager. « Cumuler le rôle de producteur et de manager peut être un problème dans la relation à l’artiste, mais parfois on n’a pas le choix, » souligne Alain Artaud, qui explique que sa société produit le dernier album de Baptiste Hamont afin de le faire connaître du public, avant l’implication éventuelle d’une maison de disques. Cela n’empêche pas Alain Artaud de s’être solidement entouré pour sortir cet album, avec une coédition avec BMG et une distribution physique et digitale chez Sony. Au passage, un conseil de Marc-Antoine Moreau largement partagé autour de la table : si vous (co)produisez le spectacle ou l’album de l’artiste que vous managez, renoncez à toucher en sus votre pourcentage sur ses cachets spectacle ou ses royautés. Et puisqu’on parle d’argent, on peut vivre du métier de manager ? De l’avis général, manager des jeunes talents représente un investissement en argent, mais surtout en temps, qu’il sera difficile de rentabiliser à court terme. Mais personne n’est à l’abri d’un succès ! Dans ce contexte, les managers n’auraient-ils par intérêt à mutualiste leurs moyens? « C’est la tendance en Suède, un marché dont la mutation digitale est bien plus avancée que chez nous, » explique Philippe Daniel, Creative manager des éditions Melmax. « J’ai rencontré trois éditeurs indépendants qui réfléchissent à un nouveau modèle éditeur / manager, cela va se faire de plus en plus je pense. » Pour les projets en développement peut-être, mais sans doute pas pour les artistes développés, en tous cas en France, selon Lambert Boudier : « Il y a toujours des questions de jalousie, plus les difficultés à harmoniser des timing de projets. » Dernière remarque de la conférence : l’évolution de l’activité de manager peut également aller vers le service aux artistes, comme Alain Artaud l’a montré en mettant sur pieds une équipe commando éphémère de cinq personnes pour gérer la commercialisation et la promotion du dernier disque de Lenny Kravitz en France. « On en a vendu deux fois plus que album précédent, qui était sorti dans une grosse maison de disques ! » Les labels services se sont largement développés depuis 15 ans, analyse Artaud, voici venir l’ère des artists services?