Sam 6 février Dim 7 février ABD AL MALIK
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Sam 6 février Dim 7 février ABD AL MALIK
Sam 6 février Dim 7 février ABD AL MALIK rencontre ALBERT CAMUS L’ART ET LA REVOLTE D’un poète l’autre… L’essence de son art, le rappeur l’a puisée dès la pré-adolescence dans « L’Envers et l’endroit », et en particulier dans sa préface écrite vingt ans après la première édition. Ces quelques pages où Camus s’interroge sur lui-même, sur ses origines et sur son rôle d’écrivain sont aussitôt devenues sa profession de foi. Comment aurait-il pu en être autrement ? Tant de passerelles relient les deux hommes : élevés seuls par leur mère dans une cité, ils ont connu la même misère avant de s’arracher à leur condition et de se révéler au monde par la culture. « J’ai décidé d’écrire et d’y aller à fond » : depuis cette lecture initiatique, Abd Al Malik a suivi son programme à la lettre, ce qui nous permet d’admirer aujourd’hui un spectacle où fusionnent le chant, la poésie, le théâtre, la danse et la vidéo. Ce chemin vers l’autre est scandé en trois actes : comme l’artiste l’a confié à RFI Musique, « le premier symbolise la pauvreté, extérieure, matérielle, voire intérieure aussi. C’est du rap brut, dans une forme académique, avec Matteo Falkone. Pour le deuxième acte, je suis avec mes musiciens. C’est la rencontre de l’autre, la notion d’altérité et l’engagement politique concret. Le troisième acte est lié à la lumière et je le lie à la grande musique, soit symphonique, soit piano-voix. » Le tout émaillé de références aux nouvelles de « L’Envers et l’endroit », et de manière plus générale à l’œuvre entière d’Albert Camus. Abd Al Malik a développé ses propres textes à partir de citations, montrant que les artistes se nourrissent les uns les autres et forment par leurs ressemblances une véritable famille. Il existe des frères d’armes : le rappeur et l’écrivain sont des frères d’espoir. Telle est du reste l’une des grandes qualités d’Abd Al Malik : à mille lieux des postures stérilement agressives, ce militant pour la paix et le « vivre ensemble » a compris qu’on n’est rien sans les autres. Aussi son rap n’hésite-t-il pas à payer ses dettes envers ses glorieux aînés, adaptant par exemple la chanson « Ces gens-là » de Jacques Brel ou le « Paris Mai » de Claude Nougaro. Le voici main dans la main avec Albert Camus, réunis par la même idée : l’art sert à élever les êtres.