Mai 2011 (N°95) - Le Nouvel Observateur

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Mai 2011 (N°95) - Le Nouvel Observateur
Mai 2011 (N°95)
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Sommaire :
ÉDITORIAL : Diplomatie: "La France ne connaît plus le Maghreb"
VIE DU CLUB :
Avicenne Aujourd’hui
1 - ÉVÉNEMENTS
11 – Conférence : Redécouvrir les Mémoires de l’eau en Méditerranée
12 – Esclavage Tolérance Zéro
13 - Méditerranée - Colloque TiceMed à Barcelone
2 - ÉCONOMIE
21 – Méditerranée - Il faut créer des emplois pour la jeunesse du monde arabe !
22 - Les transferts d’argent des migrants atouts pour les pays d’origine
23 - Les principaux projets d’investissements français en Algérie en panne
24 - Petits ports de Méditerranée cherchent grands investisseurs
25 - Méditerranée - Création du FARO Liban et du Club FARO - 20 Mai 2011
26 - CMA CGM AIME MARSEILLE
27 - Méditerranée - Un plan économique pour soutenir la transition démocratique en Tunisie
28 - J.-C. Plana, Directeur Onudi France : “Notre mission : faciliter les partenariats nord-sud et sud-sud”
29 - B. de Saint-Laurent : « Les difficultés économiques des pays du Printemps arabe fragilisent les démocrates ! »
29/1 – Invest In Med
29/2 - La BEI accélère ses financements en Méditerranée pour renforcer son soutien à la transition démocratique
29/3 - La BEI accélère ses financements en Méditerranée en soutien à la transition démocratique
29/4 - Un plan Marshall pour le monde arabe !
29/5 – Algérie France Le temps du réalisme économique
3 - GÉOPOLITIQUE
31 - Méditerranée - La coopération Europe/Maghreb face aux mutations géostratégiques mondiales
32 - RÉGULATIONS RÉGIONALES DE LA MONDIALISATION :
33 - Méditerranée - "Printemps arabe" : réussir la révolution économique
34 - Youcef Yousfi demande de l’aide à l’Europe
35 - Méditerranée - Le pari arabe des Européens
36 - Méditerranée - "Il n'y a pas eu de révolution Facebook"
37 - La Tunisie entre chaos politique et spleen démocratique
38 - Quand Only Lyon vient chasser sur les terres de Marseille on the move
39 - Algérie-Union européenne : Des relations à revisiter
39/1 - Algérie, pays en crise mais presse en grande forme
39/2 - Un plan Marshall pour le monde arabe
39/3 - Rive Sud de la Méditerranée, une nouvelle opportunité ?
39/4 - La Révolution tunisienne est-elle en panne ?
4 - SOCIÉTÉ
41 – Vaucluse : un Villeneuvois patron de la chambre de commerce Paca
42 - AMENAGEMENT DU TERRITOIRE: Fer et routes, La région PACA encore coupée en deux ou T.P.L. Tout pour le Littoral!!!
43 - Associations de santé : IMAJE Santé Marseille
44 - Un plan pour le retour à la sécurité à Marseille
45 - Politique maritime intégrée pour la Méditerranée : activités du projet régional coordonnées depuis Tunis
46 - Mediterranée des Etats, mediterranée des peuples
47 - Le coût de la LGV Marseille-Nice fait à nouveau tousser
48 - Des Marocaines militent pour l'égalité homme/femme dans la Constitution
49 - Claude Guéant veut étendre les "cellules de citoyenneté"
49/1 - Les trafics de drogue décryptés par la justice marseillaise
49/2 - Les sparadraps marseillais de Claude Guéant
49/3 - Les Français n'ont jamais autant bu de vin rosé
49/4 - « Averroès Junior » ou l’essaimage d’une citoyenneté méditerranée
49/5 - Les touristes augmentent en Méditerranée mais pas assez selon Meta
49/6 - Un « kit » de développement durable pour les villes méditerranéennes
49/7 - LCM, la chaîne de télévison locale bientôt rachetée ?
5 – EUROMED
51 - ievp — migration iii euromed
52 - La coopération Europe/Maghreb le savoir-faire la politique de voisinage
53 - Pour une refondation des relations euromed, qui tienne compte des révolutions en cours
54 - Bâtir une communauté euro-méditerranéenne : ÉLISABETH GUIGOU
55 - Le temps est venu pour l’UPM, je crois, de libérer l’initiative du Secrétariat général de Barcelone »
56 - Pour Alexandre Adler, l'Union pour la Méditerranée est "une fausse bonne idée"
57 - Artisanat : une mission pour favoriser la coopération méditerranéenne dans l'apprentissage
58 – IPEMED RÉUNION PLÉNIÈRE DU 17 MARS 2011 : LES PROSPECTIVES SECTORIELLES
59 - P P. Beckouche : « Le bilan d’Euromed depuis 1995 ne révèle pas de réelle stratégie UE en Méditerranée »
59/1 - Réunion du Groupe Expert Eau de l'Union pour la Méditerranée
59/2 – Une réunion de l'Union pour la Méditéranée à Strasbourg les 7 et 8 novembre 2011
59/3 - Retour vers un pacte énergétique euro-méditerranéen
59/4 - Après les printemps arabes, sur quelles bases refonder le partenariat euro-méditerranéen ?
59/5 - UPM: un diplomate marocain candidat
59/6 - Deux protocoles pour la défense de l'environnement en Méditerranée
59/7 - La renaissance de la Méditerranée
59/8 - Quel avenir pour la méditerranée ?
59/9 - Méditerranée - Et si la Tunisie entrait dans l’Union Européenne ?
59/10 - La Méditerranée a-t-elle vocation à devenir un bassin d’emploi unique ?
59/11 - Un diplomate marocain nommé secrétaire général de l'UPM
59/12 - Méditerranée - L'UE lance une Politique européenne de voisinage « innovante et ambitieuse »
6 – CULTURE
61 - Tournages de films : une manne financière pour la région Paca
62 - « L'Homme révolté » de Camus éclaire les révolutions arabes
63 - Méditerranée - Exposition l’Orientalisme en Europe. De Delacroix à Matisse
64 - Marseille Provence 2013 à la pêche (au gros) mécènes
65 - Les collections des musées de Marseille bientôt visibles sur le Web
66 - Biennale des Jeunes Créateurs d'Europe et de la Méditerranée 15e édition
67 - Marseille-Provence 2013: la culture, à quoi ça sert?
68 - Marseille 2013 on the New York Times
69 - Quand l’Orient charme l’Occident
69/1 - Méditerranée - Exposition Visions d’un Orient méditerranéen
7 – HISTOIRE
71 - Le 8 Mai, pour ne jamais oublier que Pierre Mouren est mort à 19 ans, pour notre liberté
8 – SCIENCES, TECHNOLOGIES, FORMATION
81 - ITER & SECURITE : fusion, fission ? Quels dangers, quelles différences?
82 - Marseille : un Institut en maladie infectieuse et tropicale unique en Europe
1
83 - Colloque de l'Institut Méditerranéen des énergies renouvelables (IMEDER)
84 - UNE PREMIÈRE AU MAGHREB L’université du Colorado s’installe en Algérie
85 - Méditerranée - Maroc et Tunisie : plus de diplômés
86 - iLearning Forum annonce la création d'iLearning Forum Méditerranée 2011
87 - Michel Vauzelle va prendre les rênes du GIP Iter
88 - Méditerranée - Vers la mise en place d’un « Observatoire Maghrébin d’Alerte précoce à la Sécheresse »
9 – OPINIONS
91 - La chronique du blédard : Algérie : Nou pas bouger !
92 – J'ai plus envie" par Philippe CARRESE
93 – Lettre au Conseil national de transition de Libye
94 - REPONSE A BENAICHA, BEN BELLA ET …CONSORTS.
95 - Le printemps arabe : un pur fantasme occidental
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ÉDITORIAL : Diplomatie: "La France ne connaît plus le
Maghreb"
MARDI 24 MAI 2011
Guère étonnant que les révolutions arabes aient tant surpris ambassadeurs et politiques. Mal financée,
peu écoutée, la recherche dans le domaine des relations internationales fait, en France, figure de parent
pauvre.
Pourquoi la France n'a-t-elle pas vu venir le "printemps arabe"? Le conservatisme inhérent à la diplomatie
a sans doute pesé: "Les diplomates, reconnaît l'un d'eux, se méfient naturellement du mouvement." Mais
ce n'est pas tout. A Paris, les politiques peinent à prendre en compte des analyses ou des points de vue
qui ne "cadrent" pas avec leurs choix et leurs certitudes (voir l'interview d'Olivier Roy en encadré).
"Sans doute avons-nous sous-estimé le degré d'exaspération de l'opinion publique face à un régime
policier et dictatorial", reconnaissait il y a quelques semaines Alain Juppé, à propos de la Tunisie. Un
troisième facteur touche autant les diplomates que les politiques: leur désintérêt pour le travail de terrain
des chercheurs.
Khadija Mohsen-Finan et Pierre Vermeren, deux enseignants chercheurs, spécialistes du Maghreb,
dressaient au début de l'année un constat sévère dans une lettre ouverte publiée sur le site Web de
L'Express: "La France ne connaît plus le Maghreb ni ne se donne les moyens de le connaître",
déploraient-ils. Avant de dénoncer une inertie et un conformisme qui rendent "inaudible" par les plus
hautes autorités de l'Etat toute "voix hétérodoxe".
Fondateur et patron de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface partage
ce point de vue: "Il y a une méfiance traditionnelle des responsables gouvernementaux et des structures
ministérielles à l'égard des think tanks. Tout ce qui n'est pas strictement gouvernemental est considéré le
plus souvent comme une source de perturbation."
1000 chercheurs allemands en relations internationales, contre 200 en France...
Le peu d'impact de la recherche, en France, s'explique aussi par la faiblesse de ses moyens et par ses
modes de financement parfois discutables. D'une importance pourtant vitale dans un pays qui prétend
mener une politique étrangère digne de ce nom, le secteur fait figure de parent pauvre. Selon une étude
publiée en 2007 par Notre Europe, un laboratoire d'idées créé par Jacques Delors, le budget d'un centre
de recherche allemand serait en moyenne 4 fois supérieur à celui d'un centre français (8,9 millions
d'euros, pour 2,3 millions en France).
Il y aurait outre-Rhin plus de 1 000 chercheurs en relations internationales, alors qu'ils sont moins de 200
en France. Aux Etats-Unis, la seule Brookings Institution dispose d'un budget annuel de 60 millions
d'euros, soit 10 fois plus que l'Institut français des relations internationales (Ifri), le premier des think tanks
français !
Quatre unités s'intéressent en France à la planète et aux équilibres géostratégiques: le Centre d'études et
de recherches internationales (Ceri), issu de la Fondation nationale des sciences politiques ; la Fondation
pour la recherche stratégique (FRS), créée à l'initiative du ministère de la Défense ; enfin, déjà cités, l'Ifri
et l'Iris, des think tanks indépendants. S'y ajoutent quelques laboratoires universitaires plus spécialisés et,
à l'étranger, des centres de recherche dépendant du ministère des Affaires étrangères.
La voie royale: intégrer le CNRS
Des quatre "grands", seul le Ceri relève de la recherche universitaire stricto sensu. Il est placé sous la
double tutelle du CNRS et de Sciences po, qui prennent en charge chacun la moitié de son budget de
fonctionnement. Une partie de ses chercheurs (40 %) sont issus du CNRS et bénéficient à ce titre d'un
statut de fonctionnaire ; les autres sont recrutés directement par Sciences po.
Réussir le concours d'entrée au CNRS puis intégrer le Ceri représente, pour un chercheur, la voie royale.
C'est l'assurance de pouvoir mener des enquêtes de terrain en prenant le temps nécessaire, y compris sur
des sujets qui ne sont pas sous les feux de l'actualité, en bénéficiant des moyens d'un laboratoire
prestigieux qui entretient des relations étroites avec le monde de l'édition. Mais il y a peu d'élus.
"Les chercheurs de ma génération trouvaient du travail sans trop de problème, dit Olivier Roy, né en 1949,
l'un des meilleurs spécialistes de l'Asie musulmane. Aujourd'hui, c'est devenu très difficile. En sciences
politiques, le CNRS ne recrute, par concours, que 1 doctorant sur 10. Sur le monde musulman, il n'offre
qu'un seul poste tous les deux ans.
Résultat: des dizaines de chercheurs vivent toujours, à 35 ou 40 ans, dans la précarité. Il leur reste les
bourses réservées aux postdoctorants, qui permettent de continuer leurs recherches et de se faire
connaître, mais elles sont peu rémunérées. Les instituts français à l'étranger, eux, sont malheureusement
voués à disparaître, car le gouvernement trouve qu'ils coûtent trop cher. Restent les think tanks, avec le
risque d'avoir un fil à la patte."
Dans ces derniers, en effet, les chercheurs travaillent "à la commande" sur des sujets définis par des
"clients" extérieurs. Il peut s'agir d'appels d'offres lancés par la Délégation aux affaires stratégiques du
ministère de la Défense ou par la Direction de la prospective au Quai d'Orsay. D'autres contrats sont
négociés de gré à gré avec des institutions, françaises ou étrangères, ou encore de grandes entreprises,
telles que Total ou Areva. La FRS travaille essentiellement sur des projets commandités par le ministère
de la Défense, parfois par le ministère de l'Intérieur ou le Commissariat à l'énergie atomique. L'Iris vit
également pour partie des appels de l'Etat, tout en développant des activités de formation pour équilibrer
son budget. "Il faut aussi savoir ne pas tout accepter pour préserver sa crédibilité intellectuelle", souligne
Pascal Boniface. Il y a quelques mois, ce dernier opposait ainsi une fin de non-recevoir à la Libye, qui
souhaitait que l'Iris organise un colloque consacré à la Jamahiriya...
Les études doivent susciter l'intérêt de sponsors
Créé en 1979 par Thierry de Montbrial, avec le soutien de Raymond Barre, qui était alors Premier ministre,
l'Ifri est le plus gros des think tanks français sur les questions internationales et compte une soixantaine de
chercheurs. Un peu moins du tiers de ses ressources (28 %) provient d'une subvention accordée par
Matignon dans le cadre d'un contrat d'objectif. Le reste vient pour l'essentiel du secteur privé: une
soixantaine d'entreprises sont membres de l'Ifri et paient à ce titre une cotisation annuelle.
Parmi celles-ci, un peu plus de la moitié soutiennent des programmes de recherche. Il faut donc, pour
exister, qu'une étude suscite l'intérêt d'un ou de plusieurs sponsors. "L'honnêteté intellectuelle des
chercheurs n'est pas entamée, affirme le directeur du développement stratégique de l'Ifri, Thomas Gomart,
ni l'objectivité de la recherche, mais il est vrai que les sujets qui ne trouvent pas de financement sont
abandonnés."
Certains chercheurs, recrutés en CDD, savent qu'ils ne verront leur contrat renouvelé que si leur étude est
financée. Sur la Russie, le principal bâilleur de fonds est Total: la compagnie pétrolière fait vivre trois
chercheurs. La recherche sur la Turquie est, elle, soutenue par le laboratoire pharmaceutique Sanofi et
par la Tusiad, le syndicat patronal turc.
Calqué sur les pratiques en vigueur aux Etats-Unis, ce système peut parfois conduire à des dérapages.
Depuis quelques années, l'Office chérifien des phosphates (OCP), une grosse société marocaine, est très
présent au sein de l'Ifri. L'institut y trouve une source de financement non négligeable et le directeur de
l'OCP, Mostafa Terrab, peaufine ainsi sa stature internationale, notamment à l'égard du Palais. Mais le
programme de recherche de l'Ifri sur le Maghreb dépend désormais du financement de ce proche du roi du
Maroc, qui en est devenu le maître d'oeuvre.
L'Ifri et son réseau de chefs d'entreprise
"L'Ifri reste la chose de Montbrial, explique un ancien de l'institution. Il l'a fondé, c'est lui qui négocie avec
les chefs d'entreprise avec lesquels il entretient des rapports personnalisés. S'il n'était pas là, il n'y aurait
pas d'argent et pas de recherche. Mais il est aussi devenu un peu prisonnier de ce réseau, car il ne veut
pas prendre le risque d'un conflit avec un sponsor."
Est-il possible qu'il en soit autrement ? Même au Ceri, de plus en plus de programmes de recherche voient
le jour à la suite d'appels d'offres qui émanent du ministère de la Défense, du Quai d'Orsay ou de l'Union
européenne. "La différence avec les think tanks, assure Christian Lequesne, directeur du Ceri, c'est que
nos chercheurs ne sont pas tenus de postuler.
Dans le cas contraire, des pans entiers de la recherche risqueraient de disparaître." Les méthodes du Ceri
se rapprochent néanmoins parfois de celles des think tanks. Le centre a ainsi créé l'Observatoire mondial
des enjeux et des risques (Omer) dans les pays émergents, à destination des grandes entreprises.
Comme à l'Ifri, celles-ci paient un abonnement, en échange de quoi les chercheurs viennent plancher
devant leurs dirigeants...
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Olivier ROY, spécialiste de l'Islam - "Les politiques n'entendent rien"
Vous avez rédigé de nombreuses notes pour le Centre d'analyse et de prospective (CAP) du Quai
d'Orsay. Avez-vous le sentiment d'avoir été écouté?
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Cela dépend des sujets. Certains dossiers sont totalement ignorés des dirigeants politiques, et ils ne
savent pas quelle ligne adopter. Dans ce cas - Caucase ou Asie centrale, pour ce qui me concerne - le
chercheur a une chance d'être entendu. En revanche, sur les domaines qu'ils sont convaincus de
connaître, ils n'entendent rien, ne tiennent compte d'aucune analyse discordante.
C'est ce qui s'est passé avec votre note de février 2005, sur la démocratisation au Moyen-Orient et
au Maghreb?
Oui. Le directeur du CAP, Pierre Lévy, l'avait endossée. Mais nous n'avions aucune illusion. On s'est fait
plaisir en sachant que cela ne servirait à rien. Sur les dossiers que les politiques gèrent en direct, il suffit
que le président ait dîné avec le roi du Maroc, vu un copain qui connaît Kadhafi ou parlé à la femme d'un
ministre pour être persuadé qu'il sait.
Quid de l'Union pour la Méditerranée?
J'ai été de ceux qui ont mis en garde, prévenu que cela ne marcherait pas. J'ai participé à quelques-unes
des premières réunions préparatoires, puis j'ai arrêté. Les hauts fonctionnaires disaient que rien ne les
arrêterait, car Sarkozy était déterminé.
Sur le terrain, les ambassadeurs se donnent-il les moyens d'être informés?
Cela dépend. Dans la Tunisie de Ben Ali, ils avaient pour instruction de ne pas voir l'opposition. C'est
évidemment absurde, mais c'est ainsi. Certains ont adhéré à cette politique. D'autres, comme Yves Aubin
de La Messuzière, se sont efforcés de la contourner.
Propos recueillis par Dominique LAGARDE - Lexpress.fr publié le 17 mai 2011
Source
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/diplomatie-la-france-ne-connait-plus-lemaghreb_993294.html
VIE DU CLUB :
A – Notre partenaire Avicenne Aujourd’hui
Organise son 19
Marseille.
ème
colloque de formation permanente sur le bateau Tariq Ibn Ziad ancré dans le port de
4
1 - ÉVÉNEMENTS
11 – Conférence : Redécouvrir les Mémoires de l’eau en Méditerranée
Les 16 et 17 juin 2011 à l’hôtel de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, à Marseille, l’APARE organise
une conférence euro-méditerranéenne autour du patrimoine de l’eau
La conférence présentera la dynamique engagée dans le cadre du projet REMEE (http://remee.eu/) et les
résultats obtenus lors des deux années d’action.
Depuis 2009, l’APARE et six partenaires en Algérie, Corse, Grèce, Maroc, Tunisie et Turquie ont œuvré à
travers ce projet à la sauvegarde du patrimoine de l’eau et mis en place de nombreuses actions de terrain.
Elles ont mobilisé des jeunes, des acteurs de la société civile, des autorités locales et permis la réalisation
de chantiers de restauration, de deux écomusées, de trois parcours de découverte, d’activités
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pédagogiques, de diagnostics, d’inventaires, de vidéos…
La conférence s’adresse à toutes les personnes concernées ou intéressées par le sujet : acteurs de la
gestion de l’eau, de la conservation du patrimoine, agents de collectivités locales, étudiants, lycéens…
L’avant programme est disponible sur le site : rubrique REMEE http://www.apare-gec.org/img_medias/ConferenceREMEE_avantprogramme-229.pdf
Le programme définitif sera en ligne autour du 15 mai 2011.
Cette conférence bénéficie du soutien de l’Union Européenne dans le cadre du programme
EuromedHeritage IV et de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Elle est ouverte à tous sur inscription par email auprès de l’APARE [email protected]
Source http://www.apare-gec.org/FR/actus.php?id=32&lib=Conference_euro_mediterraneenne
http://www.ticemed.org/colloques/2011-barcelone-espagne.html
2 - ÉCONOMIE
21 – Méditerranée - Il faut créer des emplois pour la jeunesse du monde
arabe !
Le rythme de création d'emplois décents ne parvient pas à suivre celui de la croissance démographique.
Le taux de chômage des jeunes entre 15 et 24 ans dépasse 30% en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
12 – Esclavage Tolérance Zéro
ère
L’équipe d’Esclavage Tolérance Zéro a le plaisir de vous adresser en pièce jointe le programme de la 1
Rencontre Méditerranéenne sur la Traite des Êtres Humains le vendredi 17 juin de 9h à 18h à la Cité des
Associations de Marseille. Cette journée d’étude sera l’occasion de présenter les formes actuelles de
l’esclavage qui perdurent en France et dans le monde, de discuter des enjeux de ce phénomène ainsi que
des moyens existants et mis en œuvre pour lutter contre.
Cette rencontre sera suivie d’un Buffet « Slunch » équitable, l’occasion de poursuivre les échanges et de
célébrer les 10 ans de l’Association Esclavage Tolérance Zéro.
Nous comptons sur votre présence et vous remercions de diffuser largement cette information.
L'équipe d' Esclavage Tolérance Zéro
72 rue de la République 13002 MARSEILLE tel/fax : + 33 (0) 4 91 54 90 68 [email protected] www.esclavage-stop.org
13 - Méditerranée - Colloque TiceMed à Barcelone
DIMANCHE 29 MAI 2011
Colloque TiceMed à Barcelone, 8-10 juin 2011
Au rythme de ses colloques annuels (Toulon 2003, Nice 2004, Gênes 2006, Marseille 2007, Sfax 2008,
Milan 2009, Beyrouth 2010), l’association internationale TiceMed (www.ticemed.org) a suivi l’évolution des
paradigmes et des pratiques informationnelles et communicationnelles dans des contextes éducatifs et
dans leurs rapports avec les Tic pour l’Enseignement (Tice).
L'année 2011 va voir deux évolutions majeures : a) le réseau de la communauté Ticemed va s'associer à
plusieurs autres réseaux internationaux et méditerranéens qui sont complémentaires pour donner une plus
grande visibilité à l'ensemble de leurs chercheurs –le réseau de Didactique et Tice basé à l'université
Antonine de Beyrouth (Liban), le Réseau Méditerranéen des Centres de Formation Multimédia (Rmcfm)
basé à l'université du Sud (France) et le réseau des Applications Multimédia Ludiques et Pédagogiques
(Ludovia) basé à l'université de Toulouse (France), sans oublier les réseaux de notre hôte, l'université de
Catalogne (Espagne); b) pour faire face à l'afflux prévisible de nombreuses communications, toutes les
communications retenues feront l'objet d'une publication intégrale en ligne et dans des actes, et seront
présentées oralement selon un schéma multitâche centré sur les discussions pointues en complément des
échanges généraux.
Problématique
Les profonds changements du monde méditerranéen sont à l’image du rétrécissement de la planète et
conduisent des populations aux héritages culturels parfois très éloignés à cohabiter aussi bien dans la vie
quotidienne que sur les bancs de l’école ou de l’université. Un défi majeur de notre temps est non
seulement de vivre cette cohabitation multiculturelle mais encore d’en faire émerger tout le potentiel de
progrès qu’elle recèle, au lieu de se laisser aller à un communautarisme de facilité.
TICEMED 2011 va placer ses réflexions sous le thème général de :
« Tic et construction du lien social dans la multi culturalité »
Lire la suite :
New-York – De nombreux facteurs sont à l'origine des révoltes qui secouent le Moyen-Orient : des
décennies de corruption et de dictature, une jeunesse de plus en plus instruite qui utilise les techniques de
communication modernes, la flambée mondiale des prix de l'alimentation et l'énorme pression
démographique qui s'exerce au Moyen-Orient (ainsi qu'en Afrique sub-saharienne et dans la plus grande
partie de l'Asie du Sud).
A titre d'exemple, la population égyptienne a plus que doublé sous le régime de Moubarak, passant de 42
à 85 millions d'habitants entre 1980 et 2010. Cette croissance est d'autant plus remarquable que l'Egypte
est un pays essentiellement désertique dont la population se concentre le long du Nil. Comme elle ne peut
se disperser sur le reste du territoire, sa densité augmente jusqu'à atteindre le point de rupture. Ainsi 20
6
millions de personnes s'entassent au Caire qui est devenu une agglomération tentaculaire avec des
infrastructures inadéquates.
Du fait de cette poussée démographique, la population est très jeune (la moitié des Egyptiens ont moins
de 25 ans). Comme des dizaines d'autres pays, l'Egypte, est confrontée à un défi auquel elle ne peut
répondre : fournir un emploi productif et correctement rémunéré à sa jeunesse.
Le rythme de création d'emplois décents ne parvient pas à suivre celui de la croissance démographique.
Le taux de chômage des jeunes entre 15 et 24 ans dépasse 30% en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
La frustration de ceux qui restent sur le carreau s'exprime maintenant dans la rue.
Le problème du chômage des jeunes ne se limite pas aux pays en développement. Aux USA le taux de
chômage est de 9%, mais il culmine à 19% pour les 18-25 ans ! Or ce chiffre ne tient pas compte de ceux,
nombreux, à être découragés et marginalisés. Ni à l'école, ni au travail, ni en recherche d'emploi, ils ne
manifestent guère mais sont nombreux à finir en prison.
Les marchés du travail des différents pays sont désormais interdépendants. Les jeunes à la recherche
d'emploi dans des pays aussi différents que l'Egypte et les USA sont en concurrence avec leurs
homologues Chinois et Indiens. Les travailleurs sous-payés et néanmoins efficaces des usines chinoises
et des infrastructures de qualité (transport, énergie et communication) sont devenus la norme en terme de
concurrence sur le plan international. En conséquence, s'ils ne veulent pas se retrouver au chômage, les
travailleurs non qualifiés d'Egypte, des USA et d'ailleurs doivent soit augmenter leur productivité pour
rester compétitifs en conservant un salaire décent, soit accepter un salaire ridicule.
Aussi la création d'emplois décents est-elle un élément fondamental pour être compétitif au plan
international. Cela suppose un bon système d'éducation et de formation professionnelle, ainsi que les
infrastructures requises. Si la majorité des créations d'emplois relève du secteur privé, il revient au secteur
public de créer les conditions qui sous-tendent l'amélioration de la productivité. C'est là une véritable
gageure.
Dans les pays riches, seule une région a fait ce qu'il faut pour prépare sa jeunesse et son économie à une
concurrence mondiale exacerbée, c'est l'Europe du Nord avec l'Allemagne et la Scandinavie (le
Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède). Dans ces pays, le système d'éducation publique est
excellent et des dispositifs tels que les stages d'apprentissage si réputés de l'Allemagne facilitent
généralement le passage des études à l'emploi.
Les pays en développement qui ont réussi à percer sont ceux qui ont misé sur l'excellence dans
l'éducation, réalisé les investissements voulus dans les infrastructures et dans la formation
professionnelle. La Corée du Sud est sans doute le meilleur exemple, avec un excellent système éducatif
et un faible chômage parmi les jeunes, ce qui lui a permis de passer en une génération du statut de pays
en développement à celui de pays riche. Et elle a réussi cet exploit dans le voisinage d'un pays aussi
hautement compétitif que la Chine.
Les USA quant à eux constituent un contre-exemple, si ce n'est pour les jeunes issus de familles aisées.
Les enfants américains élevées dans l'abondance reçoivent une excellente éducation et de bonnes
perspectives d'emploi s'ouvrent à eux après la licence. Mais si les riches ont réussi à obtenir des baisses
d'impôt et une diminution des dépenses publiques, les enfants des milieux moins favorisés accèdent
beaucoup plus difficilement à une éducation de qualité et ils ne bénéficient pas de la formation voulue ou
des infrastructures publiques qui seraient nécessaires. D'où une crise due à un chômage croissant dans la
jeunesse issue des milieux pauvres ou défavorisés.
L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient devraient retenir les leçons de l'Asie de l'Est et de l'Europe du Nord
et éviter les erreurs des USA. Pour que la démocratie prenne racine en Egypte, en Tunisie et ailleurs dans
le monde arabe, il faut que les nouveaux gouvernements décidés à entreprendre des réformes donnent la
priorité des priorités à l'emploi des jeunes.
Les pays du Moyen-Orient doivent élaborer des stratégies destinées à améliorer la qualité de
l'enseignement et la durée de formation de la jeunesse, investir dans la formation professionnelle,
favoriser l'apprentissage dans le secteur privé et le développement des petites et moyennes entreprises.
Ils doivent aussi collaborer pour approfondir l'intégration du commerce régional, créant ainsi un marché
bien plus étendu.
Les despotes renversés – Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Egypte et bientôt Kadhafi en Libye –ont
dérobé des milliards de dollars du Trésor public. Il faut récupérer cet argent et le verser dans un fonds
consacré à l'emploi des jeunes.
D'autre part, avec un prix du baril de pétrole qui dépasse à nouveau 100 dollars, les Etats du Golfe
touchent le gros lot. Eux aussi devraient créer un fond pour l'emploi des jeunes dans la région par
l'intermédiaire de la Banque islamique de développement. Il n'y a pas de meilleur moyen d'utiliser les
richesses de la région que de les consacrer à l'éducation et à la formation de la jeunesse et à lui permettre
d'accéder à des emplois de qualité.
Par Jeffrey_D_Sachs - LesEchos
http://lecercle.lesechos.fr/economistes/jeffrey-sachs/221134303/faut-creer-emplois-jeunesse-monde-arabe
22 - Les transferts d’argent des migrants atouts pour les pays d’origine
MÉDITERRANÉE. Les 16 et 17 avril 2011 à Istanbul, une cinquantaine d’experts économiques
méditerranéens ont confronté leurs études sur les « Migrations dans la région arabe » à l’invitation du
Femise (Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques) et de l’ERF (Economic
Research Forum). L’occasion de faire un point notamment sur les transferts d’argent effectués par ces
migrants dans leur pays d’origine. Un point de vue privilégié pour apprécier les apports positifs des
migrations.
Comme l’indique Khalid Sekkat, membre du Femise et de l'ERF, « la perte est moins importante pour le
pays émetteur si l’on observe les transferts de fonds, l’entreprenariat qui se développe avec le retour de
ces migrants dans leur pays et tout ce qui concerne l’apprentissage de la démocratie. »
Ainsi, Bachir Hamdouch de l’Institut marocain de statistiques et de l’économie appliquée, note dans son
étude que 10 % des Marocains vivent à l’étranger dont 85% en Europe. Leurs transferts de fonds
représentent 9% du PIB du Maroc, un taux élevé que pourtant cet expert juge sous-estimé.
Selon Wael Mansour, de la Banque mondiale au Liban, « les transferts d’argents à destination des pays
Mena en 2010 ont représenté 35,4 milliards $ contre 13,1 milliards en 2000. Au Liban ils ont été de 8,2
milliards $ soit 20,9% du PIB, de 3,2 milliards en Jordanie (13,8% du PIB) et de 2,4 milliards en Syrie
(4,1% du PIB). » En hausse donc.
Risque de déclin des transferts d'argent
Mais avec un bémol apporté par El Mouhoub Mouhoud. Dans son enquête en cours, menée avec le
soutien du Femise, ce professeur de l’Université Paris Dauphine étudie notamment les migrations en
provenance de la province de Zagora au Maroc. Les premiers résultats révèlent un « risque de déclin des
transferts d’argent avec la seconde vague d’immigrés. »
Les émigrés vieillissent et les jeunes se montrent moins enclins à envoyer de l’argent au pays. El
Mouhoub Mouhoud s’en inquiète : « dans un modèle sans transferts que restera-t-il à ces foyers
marocains ? Les familles qui reçoivent des transferts d’argent sont moins impactées par la pauvreté. Les
inégalités sont réduites. »
Sans compter, comme le montrent Wael Mansour et Jad Chaaban (Université américaine de Beyrouth)
dans leur étude sur l’impact des envois de fonds en Jordanie, Syrie et au Liban, la possibilité que donne
cet argent d’améliorer notamment l’éducation des enfants restés sur place.
Concernant les revenus des transferts, « ils jouent un rôle important et ont un effet très significatif sur la
diminution de l’inégalité dans la région. En effet, une augmentation des transferts de fonds de l’étranger
entraîne une diminution de l’inégalité entre les ménages. De la même manière, en augmentant les
revenus des transferts de la migration interne, la diminution de l’inégalité parmi les ménages est encore
plus importante. Ces résultats démontrent d’une manière très claire le poids de ces revenus et surtout
l’importance de la migration, qu’elle soit interne ou internationale, dans cette zone du Maroc » souligne El
Mouhoub Mouhoud.
Lundi 9 Mai 2011 Frédéric Dubessy, à ISTANBUL ECONOSTRUM
23 - Les principaux projets d’investissements français en Algérie en
panne
Alors que la mission de Raffarin s'achève à la fin du mois
Samir Allam : /www.tsa-algerie.com
7
Plus de sept mois après avoir conclu un accord avec le gouvernement algérien pour s’implanter en
Algérie, l’assureur français Axa attend toujours son agrément. Selon nos informations, les autorités
algériennes n’ont toujours pas délivré ce document à Axa Algérie pour lui permettre de démarrer
officiellement son activité. AXA détient 49 % du capital de cette société d’assurance. Le reste du capital
est réparti entre deux organismes publics : le Fonds national d’investissements (FNI, 36 %) et la Banque
Extérieure d’Algérie (BEA, 15 %). Interrogé, Axa Algérie s’est contenté de commenter : «L’installation
d’Axa en Algérie avance comme prévu en concertation avec nos partenaires, et avec comme objectif la
finalisation des accords avant la visite de M. Raffarin ».
Axa fait en effet partie des douze dossiers en discussion entre l’Algérie et la France. Alors que la mission
de JeanPierre Raffarin s’achève à la fin de ce mois de mai, les résultats obtenus sont maigres,
contrairement à ce que laissent entendre les Algériens et les Français. « Rien n’est réglé. Les principaux
dossiers n’ont pas vraiment avancé », reconnaît une source diplomatique française. Ainsi, la perspective
d’un accord proche entre Total et Sonatrach pour la construction d’une usine de vapocraquage à Arzew
près d’Oran, s’éloigne. « Les négociations sont difficiles et complexes sur ce dossier. Nous sommes très
loin d’un accord », reconnaît la même source.
Autre dossier emblématique, celui d’une usine Renault. Les négociations avec le gouvernement algérien
se heurtent à un problème de taille : la nature de l’usine et le taux d’intégration qu’elle va assurer. Le
constructeur français veut d’abord voir émerger un tissu industriel local qui va assurer un taux d’intégration
raisonnable de la future usine de montage. « Mais les Algériens veulent aller vite. Ils veulent l’usine
d’abord. Ensuite, ils proposent de discuter des conditions d’intégration », explique à TSA une source
proche du dossier. Mais, selon notre source, « une usine se décide aussi en fonction de l’intégration qui
sera envisagée ». Le gouvernement algérien ne souhaite pas non plus que le privé local soit associé au
projet. Or, comment obtenir un taux d’intégration raisonnable sans associé des PME privées ?
Résultat, la future usine Renault pourrait être une simple usine de montage, avec un taux d’intégration très
faible, voire inexistant. Selon notre source, le groupe Renault étudie actuellement un renforcement des
capacités de production de son usine en Roumanie afin d’alimenter la future usine algérienne. « On se
dirige vers la solution suivante : les véhicules seront fabriqués en Roumanie avant d’être démontés et
envoyés en Algérie. Sur place, ils seront montés dans l’usine qui sera construite », précise notre source.
24 - Petits ports de Méditerranée cherchent grands investisseurs
Accords commerciaux entre ports, développement des plates-formes logistiques, lignes multimodales pour
accroître l’hinterland… Qu’ils soient grands ou petits, les ports de Méditerranée ont en commun cette soif
de faire grandir leurs trafics et d’y développer des services à valeur ajoutée. Civitavecchia, Port-Vendres et
Sète lèvent un coin de voile sur leur stratégie.
MÉDITERRANÉE. « Partant du constat que 95% du fret maritime transite par la Méditerranée, il existe un
grand potentiel de développement de nos ports et il faut une bonne stratégie pour parvenir à attirer ces
flux et convaincre les investisseurs de choisir notre port », a expliqué le 5 mai 2011 Arnaud Rieutord,
directeur du développement du port de Sète lors du salon de la filière fruits et légumes de
l’EuroMéditerranée (Medfel) qui s’est tenu à Perpignan.
L’opérateur italien GF Group, basé à Savone Vado, a misé sur le port du Languedoc-Roussillon en faisant
l’acquisition d‘un portique à conteneurs et en construisant un terminal fruitier dont l‘inauguration est prévue
pour juin 2011.
Sète croit aux trafics créateurs de valeur ajoutée tels que les fruits et légumes source d’emplois pour la
région. Afin d’élargir son hinterland, le port va bénéficier d’ici à la fin de l’année 2011 du lancement par
TAB d’une navette ferroviaire avec Paris (Valenton-Avignon et Sète) destinée au transport de caisses
mobiles. Un atout pour les quatorze parcs logistiques régionaux. Avec une pointe de réalisme, oserait-on
dire que ce port marche bien et attire les opérateurs en raison de l’incapacité du grand port voisin à gérer
ses conflits sociaux ?
Ainsi, la ligne Méditerranée-Caraïbes de Marfret et CMA CGM dessert depuis les grèves de fin 2010 Sète
au lieu de Marseille. Tout comme Agrexco, fidèle depuis quarante ans à la cité phocéenne qui lui a
définitivement tourné le dos en 2009. « Merci Marseille ! Grace aux grèves nous gagnons de nouveaux
clients qui voient les changements et veulent rester chez nous », lance Arnaud Rieutord qui dit être
complémentaire de Port-Vendres.
Port-Vendres, un port "artisanal" tourné vers l'Europe du Nord
Le deuxième port fruitier de la Méditerranée (Marseille conserve contre vents et marées sa place de
leader), Port-Vendres traite entre 300 000 et 350 000 tonnes de fret selon les années. « Nous sommes un
port artisanal dédié aux fruits et légumes », se plaît à souligner Bernard Fourcade, vice-président de la
CCI de Perpignan et des Pyrénées-Orientales et de la Commission du port de Port-Vendres.
Il n’empêche que des trains complets partent chaque jour depuis le marché Saint-Charles, près de
Perpignan, (par où transitent 1,5 million de tonnes par an de fruits et légumes) vers Rungis et que le
service de Lorry-Rail, malgré quelques difficultés de jeunesse, monte en puissance avec « quatre rotations
par semaine et cinquante camions chargés par rotation », relève M. Fourcade ajoutant au passage que
depuis Barcelone des trains complets de 1 500 mètres partent chaque semaine vers le Nord de l’Europe.
Civitavecchia mise sur les réseaux interportuaires
Franco Ronzi, gérant de Marinvest, représentait au Medfel le port de Civitavecchia aux côtés de son
secrétaire général Giuseppe Guacci. (Photo NBC)
Aussi efficaces et attirants soient-ils, ces ports sont limités de par leur géographie. Cerné par les
montagnes, Port-Vendres peut tout au plus traiter 600 000 tonnes. Retenue en 2009 dans le cadre de
Marco Polo, la ligne de CMA-CGM entre Agadir et Port-Vendres axée sur les trafics de fruits et légumes
tourne aujourd’hui à plein régime.
Pour Franco Ronzi, gérant de Marinvest, représentant le port de Civitavecchia aux côtés de son Secrétaire
général Giuseppe Guacci, nul doute que la croissance passe par la coopération inter-portuaire. Le réseau
des ports de Rome et du Lazio associe Civitavecchia à Fiumicino et Gaète. A l’international, les protocoles
d’accord signés fin 2010 avec l'Égypte et Israël n’ont pu trouver de concrétisation en raison de la situation
politique et économique dans ces pays. Idem avec Agadir et Tanger s’agissant de la filière agroalimentaire
où tous les projets sont gelés jusqu’à nouvel ordre (Iside Project).
Présent à Civitavecchia, Marinvest y exploite depuis sept ans des lignes à passagers sur un terminal
donné en concession. Affiliée à l’armement MSC, Marinvest ambitionne d’y développer son activité
croisières avec un nouveau terminal passagers en projet. « Pour gérer l’escale de 50 000 personnes par
jour, il faut être bien organisé ! », remarque Franco Ronzi.
Le port s’appuie également sur Roma Container Terminal d’une capacité de 400 000 Evp par an import/
export et de 700 000 Evp en transbordement. Un trafic essentiellement drainé par MSC qui a mis en place
un nouveau service entre l’Amérique Latine et l’Afrique du sud tourné vers les fruits et légumes.
Civitavecchia mise également sur le ro-ro et les autoroutes de la mer vers la France (même si celle-ci fut
un échec), la Tunisie, Malte, la Sicile et la Sardaigne.
Mercredi 11 Mai 2011 Nathalie Bureau du Colombier ECONOSTRUM
25 - Méditerranée - Création du FARO Liban et du Club FARO - 20 Mai
2011
DIMANCHE 15 MAI 2011
Le 20 mai 2011 aura lieu la cérémonie de signature pour créer le FARO Libanais et du "Club FARO" et
établir des relations entre le FARO Liban et le FARO France .
Le FARO Liban est porté par la Chambre de Commerce de Beyrouth et du Mont-Liban, Kafalat, Beritech,
et sera présidé par M. CHOUCAIR, Président de la Fédération libanaise des Chambres de commerce.
Le Fonds d'amorçage, de réalisation et d'orientation (Faro) a été lancé le 27 mai 2010 dans le cadre de
l’Union pour la Méditerranée pour contribuer au développement de l’innovation de part et d’autre de la
Méditerranée.
ANIMA IINVESTMENT NETWORK (http://www.animaweb.org/ ) est l’opérateur du FARO Français.
Pour en savoir plus, visiter le site internet du FARO : www.faro-um.org
26 - CMA CGM AIME MARSEILLE
8
CMA CGM lance sa nouvelle campagne publicitaire 100% marseillaise !
CMA CGM a le plaisir d’annoncer le lancement cette semaine
de sa nouvelle campagne publicitaire qui met en lumière son
attachement particulier à Marseille, berceau historique de la
compagnie. Alors que les 2 500 collaborateurs marseillais ont
terminé leur installation dans le nouveau siège social du
Groupe, cette nouvelle campagne publicitaire, réalisée en
interne par le Studio CMA CGM, rappelle à travers la
représentation des 3 différents sièges sociaux du Groupe, la
très forte croissance de CMA CGM au cours de ces 33
dernières années. Après avoir investi en 1978 l’immeuble
Mirabeau I, puis quelques années plus tard le Mirabeau II, le Groupe reste aujourd’hui fidèle à Marseille
où il a choisi d’y construire son nouveau siège social, la Tour CMA CGM.
Culminant à 147 mètres dans le ciel phocéen, la Tour, véritable figure de proue du projet international
Euroméditerranée, symbolise la volonté de CMA CGM de contribuer au renouveau et au rayonnement du
quartier portuaire, et plus largement, de la cité phocéenne. « Avec cette campagne dédiée à Marseille,
CMA CGM réaffirme son attachement à sa ville d’origine où le Groupe s’est installé il y a plus de 30 ans, et
sa volonté de continuer à inscrire son développement au coeur d’Euroméditerranée», déclare Tanya
Saadé Zeenny, Directeur Communication du Groupe CMA CGM. Le Groupe CMA CGM est l’un des tous
premiers employeurs de la région avec près de 2 500 collaborateurs à Marseille. Il propose au départ du
port de Marseille/Fos 8 services maritimes à destination de la Méditerranée, de l’Afrique du Nord, de l’Asie
et de l’Amérique du Nord, soit au total plus de 14 escales de toutes origines chaque semaine, contribuant
ainsi au rayonnement international de la ville.
www.cma-cgm.com
27 - Méditerranée - Un plan économique pour soutenir la transition
démocratique en Tunisie
JEUDI 19 MAI 2011
Prenant de court tous les analystes et toutes les prédictions, le peuple tunisien a demandé et
obtenu la fin d'un régime autocratique. Avec sa révolution non violente, le peuple tunisien a lancé
un profond mouvement démocratique dans le monde arabe qui pourrait bien remodeler la zone
méditerranéenne et l'Union européenne. Il est essentiel que les pays membres du G8 saisissent toute
l'importance de cet événement et fassent le nécessaire pour que la Tunisie puisse être et demeurer
l'exemple en matière de changement social, économique et démocratique pour l'ensemble de la région et
au-delà.
Pour parachever sa révolution, le peuple tunisien s'est engagé avec détermination dans la construction
d'un Etat démocratique fondé sur des institutions pérennes. La transition démocratique est en marche. De
nombreux pays de la région ont toute leur attention focalisée sur la Tunisie et un échec de sa transition
démocratique serait une victoire pour toutes les dictatures de la région et une sévère défaite pour la
démocratie.
Nous avons la responsabilité collective de faire en sorte que cette transition réussisse et de prouver que la
coopération économique est la meilleure barrière contre les extrémismes. Le risque auquel nous avons à
faire face est celui d'une mauvaise coordination des actions ; le risque que le reste du monde attende que
la Tunisie ait achevé sa transition pour l'aider, alors que la Tunisie a besoin de cette aide pour réussir
cette transition.
Sur le plan économique, les transitions démocratiques engendrent souvent une courbe en "j" : une perte
de croissance, avant une reprise. La Tunisie a besoin d'assistance internationale afin d'éviter la phase de
décroissance initiale que son économie et sa société ne peuvent pas se permettre. La révolution n'a certes
pas de prix, mais elle a un coût.
La croissance économique pour 2011 devrait passer au-dessous de 1 % et les émeutes ont déjà coûté 2
milliards de dollars (1,4 milliard d'euros) à l'économie, ce qui équivaut à 4 % du PIB. Le tourisme est très
affecté et pourrait conduire à une augmentation du chômage. Le climat d'instabilité a poussé les agences
internationales de notation à dégrader la Tunisie.
Les besoins immédiats sont nombreux en termes d'assistance budgétaire, d'assistance technique, d'aide
humanitaire et sanitaire pour les réfugiés de Libye ainsi qu'en termes de soutien international pour le
maintien du subventionnement des denrées alimentaires et de l'énergie.
Dans le moyen et le long terme, le niveau d'éducation élevé de la population tunisienne est son principal
atout pour devenir l'une des démocraties les plus dynamiques de la région. L'instauration de la démocratie
devrait permettre une meilleure redistribution des richesses entre les régions et dans la société. Les
prochains mois seront sans nul doute semés d'embûches. Une transition réussie vers la démocratie après
de longues années d'un régime autocratique est une tâche lourde et difficile. Construire l'Etat de droit tout
en préservant les acquis nécessite concertation et doigté.
Mais, nous, économistes, savons que les investissements se jugent sur le long terme. Nous avons la
ferme conviction que la mise en place d'institutions démocratiques sera un facteur déterminant de
l'amélioration de l'attractivité et des performances économiques sur les moyen et long termes.
La révolution a suscité appui, sympathie et respect. Il nous faut désormais aller plus loin. Il est de la
responsabilité de la communauté internationale d'éviter que la Tunisie n'entre dans un cercle vicieux :
pauvreté et augmentation du chômage entraînant une augmentation du populisme et de l'extrémisme qui,
à leur tour, conduisent à l'isolationnisme et, de là, à l'accroissement de la pauvreté et du chômage. Au
niveau international, la conséquence en serait la propagation des extrémismes ainsi que la multiplication
des vagues de migrations fuyant ces extrémismes.
Les membres du G20 ont déclaré en février : "Nous nous tenons prêts à apporter notre soutien à l'Egypte
et à la Tunisie le moment venu par des réponses coordonnées avec les institutions internationales et les
banques régionales de développement, pour accompagner les réformes que ces pays adoptent au
bénéfice de la population tout entière et leurs efforts de stabilisation économique."
Il s'agissait là d'une première étape. Nous appelons les dirigeants du G8, qui se réuniront le 27 mai à
Deauville, à soutenir la transition en Tunisie et à soutenir une feuille de route qui serait élaborée et
conduite par la Tunisie ; feuille de route qui identifierait les acteurs impliqués et les montants à mobiliser.
Plus précisément, nous appelons à :
1. Une aide immédiate pour les subventions alimentaires et énergétiques ainsi que pour un plan de
recyclage à l'intention des diplômés chômeurs.
2. Un plan du G8 doté de 20 à 30 milliards de dollars sur cinq à dix ans afin d'investir dans le
désenclavement de l'intérieur du pays. Le développement des transports, des infrastructures
technologiques, des pôles technologiques et industriels sont, en effet, des priorités absolues afin d'être en
mesure de créer le tissu de PME dont les zones déshéritées ont tant besoin.
3. Rétablir, grâce à ce plan, la confiance indispensable au rebond : développer un cadre concurrentiel
pour les industries et les services, mettre l'accent sur les petites entreprises, optimiser l'intermédiation
financière notamment au travers d'une restructuration du système financier (capitalisation des banques,
traitement spécifique pour les prêts non performants, microfinance, fonds d'investissement, fonds
d'amorçage...).
4. Une déclaration claire sur les modalités de mobilisation et de coordination entre les différentes
institutions financières (Fonds monétaire international, Banque mondiale, Banque européenne de
reconstruction et de développement, Banque européenne d'investissement, etc.) afin qu'elles puissent
contribuer de manière optimale à la croissance et à la restructuration de l'économie tunisienne.
5. La création d'une institution financière spécifique à la région car la Tunisie et l'Egypte seront
probablement suivies par plusieurs autres pays. Ce serait là un symbole politique fort pour la région et une
garantie de coordination optimale des efforts de la communauté internationale.
6. Un engagement, à titre individuel, des pays européens participant au sommet d'appuyer l'obtention pour
la Tunisie du statut de partenaire associé de l'UE avec un plein accès aux fonds structurels européens.
7. La création de mécanismes garantissant un meilleur accès au savoir et favorisant les échanges entre
jeunes tout autour de la Méditerranée et au-delà.
La Tunisie est le leader de la transition démocratique arabe. Le statut, exceptionnel pour le monde arabe,
qu'y a acquis la femme est un grand facteur d'espoir. Sa petite taille en fait un parfait laboratoire de la
démocratie. Elle nous offre l'occasion unique de prouver que la démocratie peut suivre un développement
harmonieux dans la région. Le coût d'un tel laboratoire, le coût du plan que nous préconisons, n'est que de
2 % à 3 % du coût de la réunification allemande et inférieur au coût d'un à deux mois de la guerre en Irak.
9
Philippe Aghion, économiste, Harvard University ; Jacques Attali, économiste ; Christian de Boissieu,
université Paris-I-Panthéon-Sorbonne ; François Bourguignon, Paris School of Economics ; Daniel Cohen,
ENS ; Jean-Paul Fitoussi, Sciences Po ; Rainer Klump, Centre of European Integration and International
Economics, Francfort ; Wolfgang Koenig, Goethe Universtät, Francfort ; Jean-Hervé Lorenzi, université
Paris-Dauphine ; Stefano Micossi, College of Europe ; Olivier Pastré, IMBank et université Paris-VIII ;
Richard Portes, London School of Economics ; Jean-Louis Reiffers, université du Sud ; Hélène Rey,
London Business School ; Nouriel Roubini, New York University ; Joseph Stiglitz, Columbia University ;
Klaus F. Zimmermann, Bonn University.
Par Erasme - Regards-Citoyens
Source
http://www.regards-citoyens.com/article-un-plan-economique-pour-soutenir-la-transitiondemocratique-en-tunisie-le-monde-74070876.html
28 - J.-C. Plana, Directeur Onudi France : “Notre mission : faciliter les
partenariats nord-sud et sud-sud”
21 mai 2011 | src.LeJMED.fr
L’ONUDI, l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel, dispose de deux bureaux de
promotion des investissements et de la technologie en France, à Marseille et à Paris. Mais, si « tout le
monde » connaît la mission de l’ONUDI – contribuer au développement industriel et à la croissance
économique des pays en développement ou en transition – beaucoup méconnaissent son mode de
fonctionnement. Découverte, en forme de revue de détail, avec Jean-Claude Plana, qui depuis quelques
semaines dirige à la fois les bureaux de Paris et de Marseille…
Un entretien exclusif réalisé par Alfred Mignot pour LeJMED.fr
LeJMED.fr – Monsieur Plana, vous avez pris récemment la direction du bureau de Paris de l’ONUDI, en
plus de celle du bureau de Marseille. La France est avec la Chine le seul pays à avoir deux bureaux…
pour quelles raisons ?
Jean-Claude PLANA – En fait c’est l’Italie qui nous a donné l’idée de ces deux bureaux. Dans les années
2000-2005, l’Italie disposait de deux bureaux, l’un à Bologne et l’autre à Milan. Mais, depuis, ils ont tout
ramené à Rome… Le bureau de Marseille – ITPO, selon notre terminologie, pour “Investment and
Technology Promotion Office” – a été crée en 2004 pour travailler beaucoup plus sur la Méditerranée,
alors que le bureau de Paris a toujours coopéré principalement avec l’Afrique subsaharienne, l’Amérique
latine et l’Asie, et très peu avec la Méditerranée.
L’initiative de la création du bureau de Marseille revient… aux Marseillais, cela ne vous surprendra pas !
Nous étions en 2003, depuis quelques années on s’intéressait plus à la Méditerranée, dans la foulée du
lancement du processus de Barcelone, en 1995. D’où cette idée… Maintenant les deux bureaux ont une
direction unique, mais leur vocation ne change pas : l’action en Méditerranée, c’est Marseille ! Et la
coordination entre Paris est Marseille est évidemment facilitée. Notez aussi que ce n’est pas l’ONUDI qui
finance ces deux bureaux, mais la France. Bien sûr, l’ONUDI délivre un agrément, mais si demain nous
souhaitions ouvrir un bureau à Lyon, ou à Bordeaux, elle ne s’y opposerait certes pas…
LeJMED.fr – Mais le bureau de Marseille peut-il participer à des actions autres que ciblées sur la
Méditerranée ?
Jean-Claude PLANA – Oui, et c’est justement cela l’intérêt : que Marseille et les entreprises de la région
ne soient pas cantonnées sur le sud de la France, ou uniquement en Méditerranée. Les entreprises
marseillaises et de la région ont aussi envie d’autre chose, de participer éventuellement à des actions, à
des projets menés par le bureau de Paris sur l’Afrique subsaharienne, ou sur l’Amérique latine par
exemple.
Donc les responsabilités de chacun sont toujours les mêmes, mais la synergie entre les deux bureaux
nous permet à la fois soit de valoriser une contribution marseillaise – au sens large, c’est à dire incluant la
région Provence-Alpes Côte d’Azur, et même le Languedoc-Roussillon –, soit de proposer à Marseille
autre chose que la Méditerranée. C’est du gagnant-gagnant !
LeJMED.fr – Concernant votre action en Méditerranée : le « Printemps arabe » vous a-t il conduits à
réévaluer votre stratégie dans la région ?
Jean-Claude PLANA – Nous nous en tenons à un principe très simple : on n’intervient pas dans un pays
en guerre. Parce ce que l’on ne peut évidemment pas attirer des entreprises dans un pays en guerre…
Donc par exemple aujourd’hui la Libye est pour nous un pays en “stand by”. En revanche, nous nous
mobilisons beaucoup pour la Tunisie, parce qu’il faut reconstruire, parce qu’il faut relancer le pays, c’est le
moment, et que c’est suffisamment calme pour que l’on puisse travailler.
LeJMED.fr – Quand vous dites que vous vous mobilisez beaucoup pour la Tunisie, cela signifie quoi,
concrètement ?
Jean-Claude PLANA – D’abord il y a une décision politique de l’ONUDI de travailler plus sur la Tunisie.
Une décision qui n’a d’ailleurs même pas fait débat, car pour nous cela va de soi, cela coule de source. Et
d’autant plus que la BEI-FEMIP, la France ou encore l’Italie ont annoncé des lignes de crédit
importantes… Ainsi nous nous trouvons naturellement impliqués, puisque nous avons l’habitude de
travailler dans ce pays, en concertation au besoin avec nos bureaux italien et tunisien, et que par exemple
la dernière fois que l’Italie a ouvert des lignes de crédit pour le Maghreb, c’est l’ONUDI qui les a gérées.
Concrètement, cela signifie que sur ce type de financements, nous pouvons apporter l’assistance
technique, puisqu’il faut bien gérer au quotidien ces lignes de crédit et les programmes bénéficiaires.
LeJMED.fr – Revenons à Marseille, à la Villa Valmer où se trouve votre bureau, mais aussi le siège du
CMI, ou encore de l’OCEMO… Cette proximité physique a-t-elle généré des synergies entre les
différentes institutions ?
Jean-Claude PLANA – Notez que le CMI a été crée en octobre 2009, et l’OCEMO a été lancé
officiellement en avril dernier. Ces deux organismes sont donc assez récents. Nous sommes membres du
CMI, mais lorsqu’il s’est créé, nous avions en chantier un projet pour développer l’emploi des jeunes
diplômés en Méditerranée, projet que notre Directeur général, Kandeh K. Yumkella avait d’ailleurs promis
à Henri Guaino, dans le cadre de notre partenariat avec l’UPM. Mais ce projet n’était pas finalisé au
moment de la création du CMI, qui a donc démarré avec d’autres projets…
LeJMED.fr – Favoriser l’emploi des jeunes diplômés en Méditerranée, c’était un projet prémonitoire !…
Jean-Claude PLANA – Tout à fait ! Et c’est encore d’actualité !… En fait, c’est en faisant tout simplement
remonter les informations depuis nos bureaux au Maghreb que nous avons pu identifier ce besoin, et nous
avons ensuite proposé le projet à la coprésidence de l’UPM, qui l’a validé, en portant la priorité de l’action
sur deux secteurs : l’agriculture et l’agro-industrie, les industries propres. Quant à une coopération
prochaine avec le CMI et l’OCEMO, oui, nous y travaillons, mais le projet n’est pas encore mûr.
LeJMED.fr – Récemment, vendredi 13 (!) mai, vous avez organisé dans vos bureaux de Marseille une
réunion d’entreprises sur le thème du développement du commerce équitable, pour des professionnels
provençaux des filières parfums et cosmétiques…
Jean-Claude PLANA – Oui ! Nous avons accueilli cette rencontre dans nos locaux, mais nous n’en étions
pas à l’initiative. C’est d’ailleurs un cas de figure qui me plaît beaucoup, car cela montre notre disponibilité
pour soutenir les initiatives d’entreprises privées. Car ce sont bien elles qui créent l’activité et les emplois !
Dans ce cas du commerce équitable, notre mission est d’établir le lien avec les pays en voie de
développement, qui sont des gros fournisseurs de matières premières, comme la Colombie, ou
Madagascar, où l’on trouve des espèces végétales utilisées dans la parfumerie, uniques au monde, et
dont on essaye de contribuer à développer la production, et de manière propre, responsable et équitable.
LeJMED.fr – Vous êtes aussi très actifs, chaque année, lors de la Semaine économique de la
Méditerranée, qui se déroule à Marseille. L’an dernier, vous avez organisé une conférence sur l’avenir des
Eco-Cités en Méditerranée , et vous allez le refaire cette année…
Jean-Claude PLANA – En fait, la réunion de l’année dernière était un galop d’essai préparatoire, elle avait
essentiellement pour objet de définir les thèmes, et de sensibiliser les partenaires susceptibles de nous
accompagner pour le grand Forum Eco-Cités que nous co-organiserons cette année avec le Ministère de
e
l’Environnement du Royaume de Jordanie, du lundi 10 au mercredi 12 octobre, dans le cadre de la V
semaine économique de la Méditerranée, qui se déroulera du 10 au 15 octobre prochains.
Les Eco-Cités, ce sont les villes où l’urbanisme et la gestion de l’environnement sont conçus dans le but
de créer des synergies entre utilisation et préservation des ressources, productivité et respect de
l’environnement, développement économique et environnement sain. Notre grand Forum de cette année
est dédié à la gestion de l’eau et des déchets. Il réunira des représentants de municipalités et de territoires
de la Méditerranée, d’organisations intergouvernementales et d’ONG, ainsi que des leaders du secteur
privé, afin d’échanger sur les expertises, non seulement pour faire face aux défis environnementaux, mais
aussi pour promouvoir la croissance économique et de la responsabilité sociale. Il y aura des ateliers
thématiques, un salon d’exposition des savoir-faire, une conférence plénière… Je crois que ce sera un
10
grand événement !
LeJMED.fr – Tant mieux, cela contribuera aussi au rayonnement de Marseille et de sa Semaine
économique de la Méditerranée !… Revenons au tandem Paris-Marseille, justement. Voulez-vous nous
citer un exemple de synergie entre vos deux bureaux ?
Jean-Claude PLANA – Par exemple, en juin nous recevrons à Paris une délégation chinoise de haut
niveau, avec des Gouverneurs de provinces – notez qu’une province chinoise peut représenter 80 millions
d’habitants, autant que toute l’Allemagne, et parfois plus ! – qui connaissent déjà leurs besoins, qui savent
ce qu’ils veulent… mais auxquels je n’aurai aucune difficulté à proposer de passer une journée à la
découverte de Marseille, et cela à la seule condition de disposer d’un relais sur place, par exemple de la
CCIMP, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille-Provence. Et si cela posait problème, vu les
délais très courts, une autre hypothèse serait de demander à la CCIMP d’envoyer quelqu’un la représenter
à Paris auprès de nos visiteurs chinois…
Un autre exemple, plus « banal » pour les Marseillais, c’est la coopération avec des entreprises
algériennes… A partir de besoins identifiés d’entreprises algériennes, nous diffusons régulièrement sur
nos réseaux des fiches d’appels à partenariats, nous répondons aux demandes de compléments
d’information, et si l’intérêt réciproque se confirme, nous organisons les réunions de prise de contact entre
entrepreneurs, à Marseille ou à Paris, selon les cas.
LeJMED.fr – En fait, vous agissez comme facilitateur de partenariats…
Jean-Claude PLANA – Oui, mais en nous fondant toujours sur les besoins émis par les pays en voie de
développement, c’est notre mission, et aussi en tenant compte des trois priorités d’action que s’est donnée
l’ONUDI : la réduction de la pauvreté grâce à des activités productives ; le renforcement des capacités
commerciales ; l’environnement et l’énergie.
Mais, je précise que nous ne faisons jamais de commerce ! Notre vocation d’institution de coopération
technique est de favoriser des projets, des partenariats, des transferts de technologies et des
investissements. Et quand je dis « projet », je parle très concrètement, par exemple, d’une entreprise
algérienne qui recherche un partenaire marseillais, ou autre en France, puisque notre zone de
compétence est géographique.
LeJMED.fr – Mais, comment validez-vous les demandes de mise en relation, ou de recherche de
partenariat qui vous parviennent des pays en voie de développement ?
Jean-Claude PLANA – Nous sommes là au cœur de notre métier. Dans tous les pays en voie de
développement où nous disposons d’un bureau de représentation de l’ONUDI, l’une des missions du
responsable est de travailler en concertation étroite avec les ministères du pays, afin d’en évaluer les
besoins, les capacités, les manques, de négocier avec les gouvernements des programmes d’action, de
les faire analyser par nos experts, puis de déployer leur mise en œuvre avec les gouvernements
concernés.
LeJMED.fr – Comment sélectionnez-vous les programmes ?
Jean-Claude PLANA – Nous sommes essentiellement à l’écoute des besoins exprimés par les différents
pays. Mais il arrive aussi que nous identifiions certaines problématiques par nos propres études, et par les
remontées d’informations de nos bureaux sur place… C’est le cas, par exemple, des jeunes diplômés
chômeurs en Tunisie, pour lesquels nous avons conçu un programme de formations complémentaires, on
pourrait dire « qualifiantes », soit pour faciliter leur intégration sur le marché du travail, soit pour les
accompagner dans la création d’entreprises…
LeJMED.fr – Voulez-vous citer un exemple de vos actions de complément de formation ?
Jean-Claude PLANA – Nous avons par exemple créé le programme de formation EDIP, acronyme de
« Entreprise, Development, Investement and Promotion », qui s’adresse soit au créateur d’entreprise, soit
au patron d’une TPE ou petite PME pour lui faire franchir toutes les étapes lui permettant de développer
son entreprise.
Le programme comprend des modules de formation dans tous les secteurs : marketing, commerce,
gestion, finances… Ce qu’il faut bien percevoir, c’est que toutes ces TPE ne tiennent que sur la tête d’une
seule personne, l’entrepreneur. S’il réussit, l’entreprise réussit ; s’il échoue, l’entreprise échoue. Il se
trouve aussi que souvent l’entrepreneur est un technicien, avec une idée de produit ou de service de son
domaine de compétence, mais que par ailleurs il ne connaît rien à la finance, ni au marketing. Notre
objectif est donc de le renforcer sur ses points faibles, et immédiatement, c’est-à-dire que nous faisons
aussi notre travail de mise en relation avec un partenaire.
LeJMED.fr – Mais, qui s’occupe concrètement des formations ?
Jean-Claude PLANA – Nous recherchons en priorité sur place des partenaires qualifiés, qui ont déjà un
savoir-faire dans la formation, cela dépend des programmes et des pays. En Tunisie, par exemple, c’est la
Jeune chambre économique.
LeJMED.fr – Et votre contribution ?
Jean-Claude PLANA – Au besoin, nous formons des formateurs, et nous en prenons en charge le coût.
Nous amorçons donc le processus. Nous recherchons aussi l’organisme opérateur – par exemple la JCE
en Tunisie – avec l’objectif qu’ensuite les formateurs soient des professionnels du pays, et qu’ils n’aient
plus besoin de nous.
LeJMED.fr – Comment s’opère le processus d’identification des entreprises ?
Jean-Claude PLANA – Chaque pays a son agence de promotion des investissements, avec laquelle
travaille notre bureau installés dans le pays. Parfois, si besoin, nous formons une équipe ad hoc – par
exemple sur la promotion des investissements –, équipe qui ensuite identifiera elle-même les entreprises,
en les auditant. Et ils nous font remonter l’information.
LeJMED.fr – Une entreprise peut-elle vous solliciter en direct ?
Jean-Claude PLANA – Cela peut arriver, mais pratiquement toujours les entreprises vont passer par la
filière de leur agence de promotion nationale… En fait, une TPE-PME africaine qui veut travailler avec une
petite TPE-PME française, c’est un cas de figure qui pose problème en termes de suivi, comme nous
avons pu nous en rendre compte, car au bout de cinq ans, on peut se trouver avec quelque 30 000 euros
d’investissement et seulement deux emplois créés… C’est une réalité. Nous avons pris conscience qu’on
ne pouvait pas, ou plus, assumer ce genre d’accompagnement, mais nous ne voulions pas non plus
« laisser tomber » les TPE- PME…
LeJMED.fr – Quelle a été votre solution ?
Jean-Claude PLANA – En juin 2010, le siège de l’ONUDI a décidé que tous les petits projets seraient
désormais opérés en groupe. Avec les clusters, les pôles de compétitivité, les technopôles, les
technoparcs, les groupements d’entreprises, les bourses de la sous-traitance, les chambres de
commerce… autant de groupements susceptibles de prendre collectivement en charge dix, vingt, trente
projets, alors qu’avant un bureau s’épuisait à porter seul dix petits projets.
Donc, désormais, nous recherchons systématiquement des partenaires pour le faire, sur place comme en
France… Pour autant, il n’est pas non plus question pour nous – contrairement à ce que l’on a pu
observer dans certains pays – de se satisfaire de deux ou trois grands projets par an… C’est bien sûr une
dérive qui n’est pas souhaitable.
LeJMED.fr – Quels sont vos effectifs, sur vos deux bureaux de Paris et Marseille ?
Jean-Claude PLANA – Nous avons deux personnes à Marseille et dix à Paris. C’est suffisant, vu notre
nouvelle manière de travailler, en n’étant plus seul à accompagner une multitude de petits projets. En
revanche, nous pouvons désormais consacrer plus de temps à des projets importants, en termes
d’investissement et de création d’emplois. C’est aussi pour nous l’occasion de mettre en place de
nouveaux critères d’évaluation de notre activité, plus qualitatifs, alors que jusqu’ici on était beaucoup axés
sur le quantitatif.
LeJMED.fr – Comment réagissent les partenaires potentiels que vous sollicitez pour l’accompagnement
des petits projets ?
Jean-Claude PLANA – D’abord, il faut noter que jusqu’ici chaque bureau avait tendance à travailler en
autarcie : recherche des financements, embauche des experts, identification des projets dans les pays
cibles… on voulait tout faire par soi-même !
Maintenant, tous les projets sont partagés entre nos différents bureaux, en Italie, France, au Japon, etc.,
ou en tout cas entre plusieurs bureaux concernés par une même zone d’action géographique. Donc, en
amont, nous partageons déjà entre nous ce travail de l’identification des projets, et qui coûte cher, car il
faut missionner des experts sur place pour identifier les projets dans les pays en voie de développement,
ou encore former les agences de promotion locale l’évaluation des projets… Et puis, comme je vous
l’indiquais, nous recherchons systématiquement des partenaires, « sur le terrain ». Et oui, les réactions
des partenaires potentiels que nous sollicitons sont positives ! Les pôles de compétitivité, par exemple,
sont ravis de travailler avec nous, d’égal à égal.
LeJMED.fr – Etes-vous soutenu par la mission interministérielle française de l’Union pour la
Méditerranée, l’UPM ?
Jean-Claude PLANA – Oui, nous sommes en train de développer un projet, « Développer les PME,
Promouvoir la Création d’Emplois et la Croissance dans les Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée,
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que la mission UPM soutient.
LeJMED.fr – Concrètement, cela se traduit comment ?
Jean-Claude PLANA – Ils nous aident à ouvrir Les bonnes portes, ils nous accompagnent, nous allons en
tandem ONUDI-UPM « vendre » le projet à des financeurs. En l’occurrence, il s’agit d’investir 44 M €, sur
trois ans… ce qui finalement n’est pas énorme, si l’on considère le nombre de pays potentiellement
concernés, et les neuf pays cible.
LeJMED.fr – Combien de pays sont intéressés ?
Jean-Claude PLANA – Nous ne savons pas encore, c’est ouvert, puisque justement l’UPM est une union
de projets à géométrie variable, donc avec un nombre tout aussi variable de pays qui peuvent être
intéressés de participer à tel ou tel projet. Mais beaucoup peuvent être intéressés, puisque l’UPM compte
43 pays adhérents…
En revanche, il y a bien un principe intangible : ce sont les partenaires locaux qui réalisent les projets,
autant que possible, et pas l’ONUDI. En Tunisie, par exemple, nous essaierons de faire travailler au
maximum les Tunisiens. Bien sûr, il y aura des expertises qui viendront d’Europe, mais il n’est pas
question de faire du « copié-collé » ! Ce sont les partenaires locaux qui feront le travail. Et c’est conforme
à notre mandat : nous sommes une institution de coopération technique, au service de la promotion du
développement industriel des pays en développement.
Un entretien exclusif réalisé par Alfred Mignot pour LeJMED.fr
Contacts ONUDI-France Jean-Claude PLANA, Directeur Courriel : [email protected]
ONUDI – Marseille Villa Valmer 271, corniche Kennedy 13007 Marseille Tél. : +33 (0) 491 52 56 19 Fax :
+33 (0) 491 57 17 28 Courriel : [email protected]
ONUDI – Paris 98, Boulevard Malesherbes 75017 Paris Tél. : +33 1 44550505 Fax : +33 1 49269726
Courriel : [email protected] Site Internet de l’ONUDI en France Site Internet de l’ONUDI
29 - B. de Saint-Laurent : « Les difficultés économiques des pays du
Printemps arabe fragilisent les démocrates ! »
22 mai 2011 | src.LeJMED.fr
Conseiller scientifique d’ANIMA Investment Network (plateforme multi-pays réunissant plus de 80
organisations de développement du bassin méditerranéen) Bénédict de Saint-Laurent nous livre ici une
synthèse des travaux en cours d’ANIMA sur l’impact économique des révolutions arabes, et sur
l’incontournable question corollaire : comment peut – doit – se positionner l’Europe pour accompagner au
mieux ces changements ?
Un entretien exclusif réalisé par Alfred Mignot pour LeJMED.fr
LeMED.fr – Bénédict de Saint-Laurent, vous venez de réaliser une revue des conséquences économiques
des révolutions arabes. Quels en sont les points essentiels ?
Bénédict de Saint-Laurent – Le premier constat, d’ordre général, est que les révolutions arabes attirent
davantage de sympathie auprès des opinions publiques, en particulier européennes, qu’auprès des
investisseurs... Et même le public, aussi acquis soit-il à l’avancement de la démocratie, répugne parfois à
y séjourner en tant que touriste. Dans le même temps, les travailleurs migrants venant du sud, source
importante de financement extérieur, sont regardés avec méfiance par les gouvernements européens.
Nous sommes en pleine ambigüité…
LeMED.fr – Et sur le plan économique, quelles précisions nous apportent les indicateurs que vous avez
explorés, ? On imagine évidemment une situation relativement dégradée ?
Bénédict de Saint-Laurent – À court terme, l’impact des révolutions est en effet plutôt négatif pour
l’économie des pays MED-11 (1). Toutes les recettes extérieures baissent -tourisme, envois des migrants,
investissements étrangers. L’activité est souvent perturbée par un climat politique et syndical très
revendicatif. Beaucoup d’entreprises tournent au ralenti. Malgré les perspectives lointaines d’amélioration gouvernance, justice sociale, transparence - l’économie souffre et cela fragilise bien sûr ceux qui
soutiennent la démocratie.
Dans notre domaine, les IDE, et surtout les partenariats avec les entreprises étrangères, enregistrent une
baisse sensible depuis le début de 2011.
Plus précisément, d’après la note de conjoncture trimestrielle de Zoé Luçon, responsable au sein d’ANIMA
de l’Observatoire ANIMA-MIPO, le nombre d’annonces de projets d’IDE dans les pays MED a diminué de
er
13 % en rythme annuel, au 1 trimestre 2011, avec 184 projets contre 845 au total en 2010. Les montants
sont en revanche en hausse – 10 milliards d’euros annoncés contre 33,7 en 2010 –, mais cette hausse est
due pour l’essentiel à la Turquie et à Israël. Les pays arabes sont en nette baisse.
er
Les partenariats d’entreprises enregistrent aussi un net recul : 76 annonces pour le 1 trimestre 2011,
contre 511 au total pour l’année 2010 (-41 %). La chute est supérieure à 50 % dans les pays du Maghreb
et du Machreck (sauf le Maroc, à -35 %). Il s’agit du premier recul dans l’évolution des partenariats depuis
que nous les suivons, c’est à dire depuis 2003.
Enfin, les fonds mobilisés par le capital-investissement sont également en baisse depuis le pic observé en
2007 et malgré un redressement en 2010. Sur le premier trimestre 2011 et selon l’observatoire ANIMAMedFunds, les créations de fonds baissent de 50 % en rythme annuel.
LeMED.fr – En quelle manière les pays particulièrement concernés par le Printemps arabe sont-ils plus
affectés par ce recul général ?
Bénédict de Saint-Laurent – La Tunisie, l’Égypte et la Libye connaissent les baisses les plus sévères des
nombres de projets d’IDE : -25 % pour la Libye et -50 % pour la Tunisie et l’Égypte au premier trimestre
2011 par rapport au T1- 2010. En termes de montants, les annonces diminuent même davantage (environ
-70 % pour l’Égypte et la Libye), sauf en Tunisie qui continue d’accueillir des investissements (offshore,
donc peu concernés par la situation domestique) dans le secteur des hydrocarbures (OMV, ENI). En
Égypte, seules quatre annonces ont été enregistrées après la chute du pouvoir en février 2011 . En Libye,
aucun projet n’a été détecté depuis une prise de participation qatarie dans une banque en janvier 2011.
La Syrie, quant à elle, subit une baisse de deux tiers des intentions d’investissement en nombre de projets
au T1 2011 par rapport au T1 2010. La baisse est d’un tiers en Jordanie, où les troubles ont été davantage
contenus.
LeMED.fr – La relative stabilité du Maroc, dont le Roi a annoncé des réformes, permet-elle au Royaume
d’enregistrer de meilleures performances ?
Bénédict de Saint-Laurent – Oui, toujours d’après le bilan de ma collègue Zoé Luçon, le Maroc se
démarque des autres pays MED en enregistrant la seule hausse significative en nombre de projets d’IDE
avec 37 annonces au T1-2011, mais tout de même avec des montants en deçà des niveaux d’avant crise,
à moins de 500 millions d’euros.
Les autres pays qui semblent bénéficier d’une situation relativement protégée, ou en tout cas
apparemment stable jusqu’ici, comme la Turquie, Israël, le Liban et l’Algérie, continuent d’enregistrer de
bonnes performances.
La Turquie conserve pour sa part la tête du palmarès (52 projets et 4,3 milliards d’euros annoncés). En
Israël, après le record de 2010 (179 annonces de projets), le rythme se maintient (montants dépassant
déjà 3 milliards d’euros, contre 4,5 au total pour l’année 2010). A eux deux, Israël et la Turquie attirent les
trois quarts des montants annoncés dans la région MED, un record absolu depuis la création de
l’observatoire MIPO.
LeMED.fr – Outre la forte baisse des IDE, plusieurs pays du Printemps arabe sont aussi confrontés à la
dégradation des notations, des recettes externes et des valorisations boursières…
Bénédict de Saint-Laurent – Effectivement, les agences de notation ont immédiatement abaissé la note
de la Tunisie, de l’Égypte et de la Libye, rendant plus coûteux l’accès au financement des projets et des
entreprises.
Pour la Tunisie, elles estiment par exemple que l’impact économique se traduira par une baisse de 3 à
4 % du PIB en 2011. La plupart des grands opérateurs (Banque mondiale, etc.) estiment qu’au mieux le
PIB de 2011 sera légèrement positif, contre 4 à 5 % escomptés avant la révolution. Quant à la Libye,
selon une estimation Coface d’avril 2011, elle subira une très violente contraction de l’activité d’au moins
15 %, elle est donc quasiment classée en « spéculatif ». La note de la Syrie (C) est aussi « mise sous
surveillance négative, compte tenu de l’amplification de la contestation politique dans un environnement
des affaires déficient » écrit encore cette note Coface.
Même dans les pays moins touchés, un impact existe à travers le rapatriement de nombreux migrants, la
baisse des exportations, la hausse du prix de l’énergie, l’annulation ou le gel de projets. Tout cela est bien
sûr incomplètement compensé par l’aide internationale. En attendant ce que va décider éventuellement le
G8, saisi de suggestions pour un « paquet » en faveur des nouvelles démocraties.
LeMED.fr – Qu’en est-il des autres ressources externes, comme le tourisme ? Et quelles sont les
12
conséquences sur l’équilibre des comptes ?
Bénédict de Saint-Laurent – Selon les autorités, la baisse des recettes touristiques a été de 40 % en
er
Tunisie et de 25 % en Égypte au 1 trimestre 2011. Les transferts des migrants tunisiens ont accusé une
baisse de 12 % au T1-2011. En Égypte, les autorités craignent une baisse de 25 % en 2011 par rapport
aux transferts de 2010. Il faut dire que l’Égypte venait déjà de subir en 2009-2010 la crise du Golfe, avec
le rapatriement de nombreux travailleurs basés par exemple à Dubaï.
Dans le même temps, les gouvernements ont été quasiment contraints d’annoncer des plans sociaux, le
maintien de tarifs subventionnés pour certains produits de base, des augmentations de salaire (à l’instar
du privé), et certaines embauches, pour les jeunes en particulier. Au contraire de l’Algérie, qui peut se
permettre une « ardoise » alourdie de 25% pour acheter la paix sociale, la Tunisie ou l’Egypte disposent
de recettes d’hydrocarbures (ou de phosphates) qui n’ont rien à voir avec le pactole algérien. En outre, en
Tunisie, les hausses de salaire, bien que justifiées, mettent à mal un modèle industriel souvent basé sur la
sous-traitance à bas coût, dont d’ailleurs les responsables ne veulent plus vraiment.
Dans ce contexte, une aide du FMI – une douzaine de milliards de dollars – a été demandée cette
semaine par l’Égypte, et la Tunisie va probablement suivre. Les bourses de valeurs ont perdu, depuis
leurs plus hauts trimestriels, jusqu’à 20 % de la capitalisation. La bourse turque a perdu, elle, près de
16 %. Les bourses libanaise, jordanienne et syrienne – d’ouverture toute récente – ont perdu environ 10 %
au T1 2011. Seules les bourses marocaine et israélienne n’ont perdu qu’environ 5 %, tout ceci à une
période où les bourses mondiales se sont plutôt bien comportées, avec une hausse de l’ordre de10 % en
moyenne.
Bénédict de Saint-Laurent – On ne sait pas encore ce qu’il sortira du Sommet du G8, où l’Égypte et la
Tunisie ont été invités, mais les institutions européennes, la BEI-FEMIP, la France ou encore l’Italie ont
depuis quelques semaines déjà annoncé leur intention de soutenir fortement la « transition
démocratique » dans les pays arabes sud méditerranéens. Pensez-vous que la mobilisation soit à ce jour
à un niveau suffisant ?
Bénédict de Saint-Laurent – On peut en tout cas observer que les appels bien intentionnés à investir en
Tunisie ou en Égypte – pays devenus « fréquentables », donc à encourager – sont pour le moment assez
peu écoutés des investisseurs. La situation reste souvent confuse sur le plan politique et les entreprises
ne détestent rien autant que l’incertitude.
En revanche, jusqu’ici les mouvements populaires paraissent neutres sur la question du nationalisme
économique, et les entreprises étrangères ne sont pas du tout visées… L’opinion semble au contraire
plutôt favorable au modèle occidental, ou à une européanisation à la turque. Ce que les gens veulent
surtout, c’est des dirigeants qui sachent faire bien fonctionner l’économie, sans biais, en donnant leur
chance à ceux qui entreprennent ou qui travaillent sérieusement. Il n’en reste pas moins qu’à court terme,
l’impact économique des révolutions arabes n’est pas favorable. Les recettes diminuent, le chômage et les
prix augmentent, le système de décision est désorganisé. Ces difficultés fragilisent les démocrates !
LeMED.fr – Estimez-vous que l’Europe a adopté la posture adéquate face au Printemps arabe ?
Bénédict de Saint-Laurent – L’Europe devrait se réjouir du caractère citoyen et non théocratique de
révolutions où elle retrouve ses valeurs. Pour une fois, les difficultés arabes ne trouvent pas leur origine
dans l’existence d’Israël ou dans les méfaits de la colonisation... Il faut saluer cette adhésion au principe
de réalité, qui témoigne de la montée d’une nouvelle génération.
Or l’Europe est, en cette affaire, quelque peu schizophrène : l’Union européenne trouve à la fois
sympathique le mouvement des pays MED vers la démocratie et voudrait les aider... et en même temps,
elle rehausse ses barrières à l’entrée de migrants qui sont pour une large part de pures victimes des crises
en cours. Paradoxalement, l’Europe se raidit, a la frousse, ne voit pas l’opportunité – il faudrait même
paraphraser, « l’Europe ne ressent pas l’ardente obligation » ! – de concrétiser une vaste entité euroméditerranéenne souvent mise en chantier, mais jamais vraiment aboutie. On a eu le Processus de
Barcelone, puis le nouveau voisinage, puis l’Union pour la Méditerranée., que l’on essaie de relancer,
bravo. Mais tout ça n’a marché qu’à 50%...
LeMED.fr – Selon vous, est-ce que la responsabilité de ces demi-succès ou demi-échecs incombe à la
seule Europe ?
Bénédict de Saint-Laurent – Non bien sûr. Les pays MED, en particulier la plupart de leurs dirigeants,
ont une incapacité quasi-congénitale à s’entendre, à travailler ensemble. Chacun veut son petit dialogue
privé avec l’UE. Personne n’est vraiment intéressé par les programmes régionaux (c’est à dire
transnationaux), comme ceux sur lesquels nous travaillons. Ce faisant, les pays MED s’affaiblissent en
tant qu’ensemble et disposent d’une faible capacité de négociation avec l’UE, ou dans le concert mondial.
Il serait essentiel de créer d’abord une entité économique et politique représentant les intérêts des pays
MED – comme l’ont fait depuis des décennies l’ASEAN, le Comasur, la SADC ! Même le Maghreb n’y
arrive pas vraiment... Du coup, les échanges intra-MED sont très faibles (7 % des échanges internationaux
de MED), de même que les IDE intra-MED (3 %). On croit rêver, un village qui refuse d’échanger avec les
villages voisins, mais qui va commercer avec des puissances au-delà des mers...
La responsabilité MED est donc réelle. Mais, comme toujours, c’est au plus fort, à celui qui a le plus de
cartes en main, d’être le plus généreux et de prendre quelques risques. Sur toute la question des relations
avec son sud — les frontières de l’Europe, ses racines, le statut des pays MED, l’accueil des migrants, la
place de l’Islam dans la société... –, l’Europe hésite entre rejet et intégration : en termes politiques, comme
le montre le débat sur la Turquie ; en termes financiers aussi, car les moyens accordés au rattrapage de
ces économies restent très faibles par rapport aux fonds structurels accordés aux pays du centre et de
l’est européen (PECO) avant le dernier élargissement de 2004. En gros, par habitant, les « sudméditerranéens » reçoivent un trentième (!) seulement des crédits PECO, eux-mêmes représentant le tiers
de ce qui fut attribué en son temps à l’Irlande, à la Grèce et au Portugal… Pas de quoi financer un
quelconque rattrapage des pays MED... Ils pourront longtemps végéter...
LeMED.fr – Quel est votre sentiment sur la déclaration d’Alain Juppé, indiquant qu’il voulait « refonder
l’UPM », et que sa création avait été « une intuition prémonitoire » ?
Bénédict de Saint-Laurent – La Méditerranée est une grande chance pour l’Europe, qui n’a pas le choix
de ses voisins, mais qui n’est pas si mal lotie : ceux-ci ont le potentiel de pays émergents et ils disposent
de plusieurs mines d’or -leur jeunesse, leur civilisation, le soleil, le temps... et mille autres ressources
rares. Une vraie fraternité existe aussi, très souvent, entre les deux rives, qui partagent une longue histoire
commune. Encore faut-il saisir cette chance, en respectant un partenaire avec lequel existent
d’extraordinaires complémentarités, et en sortant de la crise « par le haut », c’est-à-dire en construisant
autour de la Méditerranée un espace politique et économique ambitieux.
Le scénario le plus probable, qui consiste à laisser les voisins du sud se débrouiller plus ou moins seuls
avec leurs problèmes -au prétexte qu’ils sont désorganisés et que ce serait leur faute-, ne revient qu’à
repousser les échéances, en attendant des crises autrement plus sérieuses que ce qui se passe
actuellement.
Le scénario souhaitable serait au contraire de faire de la Méditerranée un laboratoire concret
d’expérimentation de solutions de développement durable – dont a besoin la planète entière, d’où un
marché fantastique – mais qui sont absolument vitales dans l’espace clos et fragile qu’est le bassin
méditerranéen. Sans tomber dans l’angélisme, il s’agit, selon moi, et tout en intégrant les exigences de la
globalisation, de systématiser – comme ce qui a été engagé par des programmes quelque peu
prophétiques, comme le Plan Bleu Méditerranée ou Invest in Med – d’une part la notion de « Méditerranée
région pilote pour la préservation de l’environnement naturel et de la culture » ; d’autre part les filières
créatrices de valeur et d’emplois pour les deux rives, plutôt que de s’en tenir, par exemple, à la seule
sous-traitance et à l’export ; et systématiser enfin le déploiement de solutions technologiques
appropriées : faible coût, utilisation de ressources locales, priorité à la gestion de la demande (en eau ou
en transport par exemple) sur la recherche d’offres nouvelles, logique de long terme. La Méditerranée
sera très vite épuisée si notre modèle productiviste et gaspilleur s’y généralise dans les 100 villes
millionnaires prévues sur la rive sud à la fin de ce siècle.
C’est un magnifique projet pour la Méditerranée, mère de toutes les régions du monde...
Un entretien exclusif réalisé par Alfred Mignot pour LeJMED.fr
29/1 – Invest In Med
Journal ANIMA :
http://campaign.r20.constantcontact.com/render?llr=twk6jxcab&v=001HMNYyGLsDvquFM8WX87myPc2D
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29/2 - La BEI accélère ses financements en Méditerranée pour renforcer
son soutien à la transition démocratique
26-05-2011 AfricanManager
La BEI, premier investisseur financier multilatéral en Méditerranée, renforce son soutien rapide, concertée
et efficace en faveur de la transition démocratique, économique et sociale en Méditerranée avec
l’attribution de moyens supplémentaires atteignant d’ici 2013, 6 milliards d’euros (soit 7,6 milliards de
dollars).
Une action que décrit en ces termes Philippe Maystadt, Président de la BEI : « Nous avons suivi avec
beaucoup d’attention les aspirations exprimées par les populations durant le Printemps arabe et nous
restons plus que jamais convaincus de la pertinence de notre mission : pour s’enraciner durablement dans
la société, la démocratie doit s’appuyer sur la croissance économique et sociale et sur une politique de
développement capable d’apporter à la jeune génération de nouvelles perspectives d’avenir. »
Au lendemain du Printemps arabe, la BEI a ainsi lancé en Tunisie, en accord avec les nouvelles autorités
de ce pays, une série de projets en faveur de l’emploi, des petites et moyennes entreprises et du
développement du microcrédit, de la modernisation des infrastructures et du transport, de l’extension de la
production et de la distribution d’énergie. C’est ainsi que 300 millions (soit 380 millions de dollars) des 600
millions d’euros (soit 760 millions de dollars) de nouveaux financements de la BEI annoncés pour 2011 ont
d’ores et déjà été approuvés à ce jour pour répondre aux besoins prioritaires des Tunisiens. Ils seront
opérationnels dès juillet 2011.
En Égypte, des projets prioritaires ont également été identifiés par la Banque avec les autorités
égyptiennes dans des domaines clefs tels que l’aide aux entreprises et aux auto-entrepreneurs, le
développement des infrastructures, le transport, l’énergie, l’eau.
Face aux perspectives et aux défis présents et futurs que soulève le Printemps arabe, la BEI a décidé de
concentrer son action d’ici 2013 sur trois axes prioritaires :
§ Soutenir des projets créateurs d’emplois, priorité numéro un de ces pays confrontés à un taux de
chômage élevé;
§ Développer la culture entrepreneuriale en soutenant les PME et en encourageant la recherchedéveloppement et l’innovation;
§ Soutenir l’intégration économique et sociale dans l’objectif d’un développement équilibré, plus
particulièrement ciblé sur les régions isolées, dépourvues d’infrastructures et de moyens de
communication.
Au cours des dernières années, la BEI n’a cessé d’accroître son action dans cette région tant en termes
de qualité que de diversité des actions menées en tenant un rôle de catalyseur, entraînant dans son
sillage d’autres investisseurs. Elle a mobilisé depuis 2002 plus de 12 milliards d’euros d’investissements
(soit 15,2 milliards de dollars) en faveur de ces pays. La Banque de l’Union européenne mettra toute son
expertise et compétence au service des réformes démocratiques et du développement économique de la
région méditerranéenne.
La BEI proposera aux ministres méditerranéens et européens réunis à Bruxelles le 12 juillet prochain pour
la réunion annuelle de la FEMIP de tenir a Tunis, d’ici la fin de l'année 2011, une conférence régionale sur
le financement des Petites et Moyennes Entreprises.
29/3 - La BEI accélère ses financements en Méditerranée en soutien à la
transition démocratique
VENDREDI 27 MAI 2011
La BEI, premier investisseur financier multilatéral en Méditerranée, renforce son soutien rapide, concertée
et efficace en faveur de la transition démocratique, économique et sociale en Méditerranée avec
l’attribution de moyens supplémentaires atteignant d’ici 2013, 6 milliards d’euros (soit 7,6 milliards de
dollars).
Une action que décrit en ces termes Philippe Maystadt, Président de la BEI : " Nous avons suivi avec
beaucoup d’attention les aspirations exprimées par les populations durant le Printemps arabe et nous
restons plus que jamais convaincus de la pertinence de notre mission : pour s’enraciner durablement dans
la société, la démocratie doit s’appuyer sur la croissance économique et sociale et sur une politique de
développement capable d’apporter à la jeune génération de nouvelles perspectives d’avenir."
Au lendemain du Printemps arabe, la BEI a ainsi lancé en Tunisie, en accord avec les nouvelles autorités
de ce pays, une série de projets en faveur de l’emploi, des petites et moyennes entreprises et du
développement du microcrédit, de la modernisation des infrastructures et du transport, de l’extension de la
production et de la distribution d’énergie. C’est ainsi que 300 millions (soit 380 millions de dollars) des 600
millions d’euros (soit 760 millions de dollars) de nouveaux financements de la BEI annoncés pour 2011 ont
d’ores et déjà été approuvés à ce jour pour répondre aux besoins prioritaires des Tunisiens. Ils seront
opérationnels dès juillet 2011.
En Égypte, des projets prioritaires ont également été identifiés par la Banque avec les autorités
égyptiennes dans des domaines clefs tels que l’aide aux entreprises et aux auto-entrepreneurs, le
développement des infrastructures, le transport, l’énergie, l’eau.
Face aux perspectives et aux défis présents et futurs que soulève le Printemps arabe, la BEI a décidé de
concentrer son action d’ici 2013 sur trois axes prioritaires :
- Soutenir des projets créateurs d’emplois, priorité numéro un de ces pays confrontés à un taux de
chômage élevé;
- Développer la culture entrepreneuriale en soutenant les PME et en encourageant la recherchedéveloppement et l’innovation;
- Soutenir l’intégration économique et sociale dans l’objectif d’un développement équilibré, plus
particulièrement ciblé sur les régions isolées, dépourvues d’infrastructures et de moyens de
communication.
Pour plus d'informations :
http://www.bei.org/
Par Fenetreeurope.com - 27 mai 2011
http://www.fenetreeurope.com/php/page.php?section=actu&id=21092
29/4 - Un plan Marshall pour le monde arabe !
VENDREDI 27 MAI 2011
Le grand discours d'Obama sur les conséquences du Printemps arabe est un défi pour l'Europe. Pour que
l'Occident contribue à la réalisation des espoirs soulevés par les révoltes dans le monde arabe, il est
indispensable que le partenariat transatlantique soit aussi efficace qu'il le fut au moment de la Guerre
froide ou de la chute du mur de Berlin.
La crise au sud de l'Europe résulte d'une lame de fond qui va avoir des conséquences à très long terme
non seulement dans la région, mais aussi en Europe et dans le reste du monde. La Méditerranée est une
région clé pour la paix, la stabilité et la croissance économique en Europe. Ses voisins méditerranéens la
considèrent comme un partenaire naturel. Les événements qui secouent le monde arabe, notamment le
processus de paix israélo-palestinien, ont un impact très large, ce qui exige l'implication forte des grands
acteurs mondiaux - à commencer par les USA.
La situation, pas seulement en Libye, mais aussi en Tunisie, en Egypte, au Yémen et à Bahreïn, reflète la
complexité politique de ces pays. Les révoltes ont des causes diverses ; on peut citer notamment la
hausse des prix des produits alimentaires, la corruption généralisée couplées avec la demande de
démocratisation, l'exigence de réduction des inégalités économiques et sociales et d'une baisse du
chômage.
La réaction européenne au Printemps arabe doit traduire la volonté d'une transition rapide et dans le
calme. Les propositions relatives à une sorte de "partenariat pour la transformation" basé sur des réformes
politiques et le respect des droits humains et des libertés fondamentales doivent tenir compte de la
volatilité de la situation et des tensions politiques qui vont sûrement persister au cours des prochains mois.
Il n'est pas étonnant que la stabilité politique de la région soit devenue une priorité pour les Européens. Le
chaos, une résurgence du terrorisme, la montée de l'islamisme et d'énormes vagues d'immigration vers
l'Europe ne sont que quelques-uns des dangers qui pourraient menacer l'UE. De ce fait, elle devrait faire
tout ce qui est en son pouvoir pour éviter une détérioration de la sécurité de la région.
14
Les pays du Printemps arabe ont besoin d'un soutien analogue à ce que fut le plan Marshall, le plan d'aide
financière qui a aidé à la reconstruction et au redémarrage de l'Europe occidentale après 1945, pour
favoriser une transformation démocratique et la stabilité politique. Nous devons encourager des pays
comme l'Egypte, la Tunisie et peut-être une Libye pacifiée à renforcer leur stabilité politique par la
démocratisation.
Le plan Marshall s'accompagnait de partenariats pour la reconstruction dans lesquels les USA et les pays
européens bénéficiaires traitaient d'égal à égal. Ils ont renforcé leur coopération pour parvenir à une paix
durable. Les pays du bassin méditerranéen en sont à un stade plus avancé, l'esquisse d'un partenariat est
déjà en place. Il faut donc renforcer l'intégration de l'Europe avec ses voisins du Sud.
C'est pourquoi l'Italie propose la création par l'UE d'un nouveau Plan pour la Méditerranée destiné à
soutenir le processus de transition et à renforcer les outils financiers et institutionnels existants pour
apporter à la région des ressources supplémentaires. Il faut relancer l'Union pour la Méditerranée créée à
l'initiative du président français Sarkozy en 2008 et la réorienter vers des projets de développement allant
de la construction d'autoroutes à l'aide aux petites et moyennes entreprises.
Mais il faut une initiative économique plus large pour réunir la masse financière critique d'aide européenne
et internationale pour parvenir à attirer vers la région les investissements voulus et pour moderniser ses
infrastructures et ses services. De concert avec les USA, supprimons les barrières économiques et
commerciales qui étouffent ces pays ! Accordons à quelques pays de la Méditerranée un statut
d'association qui leur permettra d'intégrer progressivement le marché intérieur européen et de participer
aux programmes européens !
Pour réaliser tout cela il faut des principes clairs. Nous Européens devons agir en faveur de la stabilité,
créer un véritable esprit de propriété commune et promouvoir la responsabilité politique. Dans ce nouveau
cadre, l'UE doit éviter de poser trop de conditions, notamment durant la période de transition.
Tout au long du processus de réforme des pays arabes, l'Europe doit continuer à donner la priorité à une
aide de grande ampleur au développement de la région. Il faudrait aussi créer pour cela une institution
financière dédiée. On pourrait envisager de renforcer et d'accroître l'importance de la FEMIP (la Facilité
euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat de la Banque européenne d'investissement) qui
deviendrait une institution autonome. Les pays de la région, ainsi que d'autres institutions qui le
souhaiteraient en détiendraient des parts ; quant à son siège, il pourrait être au Moyen-Orient ou en
Afrique du Nord.
La BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) pourrait participer à cet effort
en étendant son activité à la région et favoriser la création de services dédiés au soutien à la croissance
des entreprises créatrices d'emplois. Ayant largement contribué à la transition économique des pays
d'Europe de l'Est, elle est bien placée pour aider les pays du sud de la Méditerranée.
En même temps, pour établir la confiance dans la région, l'UE doit lancer un "dialogue entre égaux" sur les
questions de politique et de sécurité. Une Conférence sur la sécurité et la coopération en Méditerranée et
au Moyen-Orient (CSCM) pourrait devenir rapidement un instrument pour promouvoir cette approche
globale de la sécurité et du développement. Autrement dit, il faut faire des pays de la Méditerranée des
acteurs plutôt que des consommateurs de la stabilité régionale.
Nous Européens ne pouvons nous permettre de tourner le dos à nos amis arabes de l'autre coté de la
Méditerranée. Ils appartiennent à notre histoire collective et méritent un avenir prometteur que nous
pouvons les aider à construire.
Par Franco Frattini - LeCercle.lesEchos Source - http://lecercle.lesechos.fr/node/35444
29/5 – Algérie France Le temps du réalisme économique
le 31.05.11 http://www.elwatan.com
L’organisation du Forum de partenariat Algérie-France, qui rassemble depuis hier près de 500 PME à
Alger, devrait marquer le début d’une nouvelle étape de la coopération économique entre les deux pays.
Les discours des responsables présents à la séance d’ouverture et l’optimisme affiché semblent plaider en
faveur d’un développement de cette coopération. En plus des trois ateliers-débats, près de 4500 rendezvous bilatéraux étaient programmés. «Si 10% de ces rendez-vous réussissent, ce seront 450 projets»,
pour reprendre un calcul sommaire fait par l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. Du côté
français, le point de vue sur le plan stratégique est que l’Europe et l’Afrique ne peuvent plus s’ignorer, car
c’est une question de survie et pour reprendre les mots de Jean-Pierre Raffarin, «l’Europe a besoin de
l’Afrique et l’Afrique a besoin de l’Europe, c’est une vision partagée par les autorités des deux pays». De
ce point de vue, la relation ou l’alliance entre l’Algérie et la France représente une donnée stratégique
pour l’avenir, selon Jean-Pierre Raffarin qui intervenait à l’ouverture du Forum.
Selon les déclarations faites, on souhaite construire à long terme au lieu de développer des affaires à
court terme. La même analyse a été développée par Pierre Lellouche, le secrétaire d’Etat français au
Commerce extérieur, qui a relevé que la France avait perdu des parts de marché en indiquant : «La part
de marché de la France tourne autour de 15%, alors qu’elle était il y a 20 ans environ de 25%. On a subi
une érosion. Le mythe de la chasse gardée est terminé. La Chine nous talonne et j’ai vu plus de Chinois
que de Français.» Il a été aussi question de géopolitique dans le discours lorsque le secrétaire d’Etat
français a indiqué : «Dans un monde arabe en recomposition, l’Algérie est au cœur de l’échiquier du fait
de son poids démographique, de son statut de 3e pays producteur de pétrole en Afrique et de 6e
producteur mondial de gaz.» Et d’ajouter : «L’Algérie a un destin et une responsabilité de puissance
régionale» et que la France avait «tout à gagner d’une Algérie forte et pleinement intégrée dans la
communauté euroméditerranéenne». Reconnaissant l’instabilité qui a caractérisé les relations entre les
deux pays et prônant un regard tourné sur l’avenir, Pierre Lellouche a préconisé qu’il s’exprimait comme
«un ami de l’Algérie» et que «ceux qui regardent dans le rétroviseur se trompent» en évoquant la
jeunesse de la population algérienne qui cherche à regarder l’avenir.
Selon le membre du gouvernement français, «pour la France, l’Algérie est un partenaire respecté, que
nous sommes prêts à accompagner sur le chemin du développement dans un rapport équilibré et
mutuellement bénéfique». S’adressant aux dirigeants de PME présentes, M. Raffarin a estimé qu’ils
doivent savoir que «le choix est stratégique» et il y a «une logique d’intégration économique». «Il y a un
nouveau climat, on a vu des lignes bouger», a-t-il ajouté. De son côté, le ministre de l’Industrie, Mohamed
Benmeradi, s’est dit persuadé que «la réussite de ce forum sera de nature à impulser une nouvelle
dynamique à la promotion du partenariat économique algéro-français et dans ce cadre, les opportunités
d’affaires qui seront identifiées ainsi que les actions à mettre en œuvre pour leur concrétisation feront
l’objet d’un suivi particulier par les deux parties». Reconnaissant que «l’environnement nécessite encore
des améliorations», le ministre a précisé que «les décisions arrêtées en faveur des entreprises du secteur
privé lors de la réunion de la tripartite témoignent de la volonté des pouvoirs publics à approfondir le
processus de relance économique du pays fondé sur l’entreprise comme entité créatrice de richesses».
Liès Sahar
3 – GÉOPOLITIQUE
31 - Méditerranée - La coopération Europe/Maghreb face aux mutations
géostratégiques mondiales
L’Europe et le Maghreb face aux mutations mondiales : intégration ou coopération ?
Pièce maîtresse dans la région euroméditerranéenne, le Maghreb est sollicité par l'Union européenne, et
plus récemment par les États-Unis, dans le cadre d'une compétition entre ces deux pôles dans leur
recherche d'une hégémonie économique.
Si le Maghreb ne peut rester au milieu d'un gué, les problèmes centraux qui se posent aujourd‘hui sont les
suivants : plusieurs années après que l‘Accord d‘association avec l'Europe soit entré en vigueur, a-t-il
permis une coopération économique, financière et sociale orientée vers une véritable accumulation du
savoir-faire organisationnel et techno-logique ? D‘autre part, le Maghreb n‘a-t-il pas avant tout besoin de la
technologie, du management, et de capitaux étrangers dans le cadre d‘une libéralisation maîtrisée ?
C‘est que l‘Europe, surtout celle du Sud, et le Maghreb rêvent d‘intégration, de modernité, de
développement, que l‘histoire commune nous impose d‘entreprendre ensemble. Aussi, cette étude pose la
problématique de l‘urgence d‘une nouvelle politique écono-mique dans les relations entre l‘Europe et le
Maghreb au sein d‘une économie mondialisée, et suggère surtout de tenir compte des derniers
15
événements dans le monde arabe qui bouleversent toutes les données géostratégiques.
Les enjeux des nouvelles mutations mondiales
Régionalisation et intégration :
Lorsqu‘il s‘agit de l‘intégration économique maghrébine, l‘accent est mis aujourd‘hui sur la nécessité de
combiner la dimension Nord-Sud et la dimension Sud-Sud. Cela est même considéré comme une
nécessité, une condition préalable au déblocage du processus de Barcelone, qui depuis 1995 est loin de
produire les effets escomptés, que ce soit en matière d‘attraction des flux d‘Investissements Directs à
l‘Étranger (IDE), mais également concernant l‘impulsion que l‘ouverture doit provoquer sur les structures et
les institutions économiques des pays du Sud de la Méditerranée. Dans les années quatre-vingt-dix, un
consensus s‘était formé pour considérer que la dynamique de l‘intégration régionale allait dans le sens
Nord-Sud, et que les tentatives Sud-Sud étaient vouées à l‘échec et n‘étaient pas en mesure d‘impulser un
développement.
La théorie traditionnelle de l‘Union douanière, qui évalue les effets de l‘intégration en termes de créationdétournement des échanges, doit être dépassée. Par ailleurs, la situation actuelle, par suite du jeu de
l‘attractivité et de la compétitivité, montre que le processus de l‘intégration économique régionale ne peut
plus se concevoir indépendamment de la dynamique de la mondialisation-globalisation de l‘économie.
Aussi, les expériences d‘intégration économique réalisées dans le cadre de la nouvelle vague de
régionalisation montrent que les impacts économiques sont positifs : développement des IDE et des
échanges intrabranches, au détriment du commerce classique, alors que les expériences qui ont été
réalisées dans le cadre de l‘ancienne vague de régionalisation entre les PED ont dans leur quasi-totalité
buté sur des échecs. Ainsi, le débat s‘est déplacé : de protection contre libre-échange (ouverture), il s‘est
transformé en régionalisme/multilatéralisme, puis en intégration Nord-Sud/Sud-Sud...................
Lire la suite : http://www.ifri.org/downloads/ocpmebtoul.pdf
Par Abderrahmane MEBTOUL - © Ifri.org
32 - RÉGULATIONS RÉGIONALES DE LA MONDIALISATION :
QUELLES RECOMMANDATIONS POUR LA MÉDITERRANÉE ?
Le projet d’IPEMED repose sur une conviction forte : la régionalisation de la mondialisation. En effet, dans
un monde qui se régionalise, les pays méditerranéens doivent eux-aussi se construire une vision
régionale. Les Etats Unis, la Chine, le Japon ont élaboré une vision stratégique qui passe par des
alliances économiques et politiques avec leurs voisins respectifs (l’ALENA, L’ASEAN + three). Sur ce
modèle, l’Europe et son Sud doivent trouver des solutions dans la proximité, la complémentarité, la
solidarité et donc faire alliance pour s’imposer dans la mondialisation.
Si de nombreux travaux existent sur la mesure de l’intégration économique de la région euroméditerranéenne, il existe en revanche peu de choses sur les accords qui organisent les relations
économiques entre l’Europe et les Psem, définissent normes et objectifs, et fixent les règles du jeu – ce
qu’on appelle la régulation. La présente publication a précisément pour objet de pallier cette carence. Elle
est le fruit des réflexions d’un groupe de travail international, réuni par IPEMED, et composé d’experts
reconnus dans les principaux domaines du fait régional américain, asiatique et méditerranéen.
Rapport du groupe de travail composé de : Charles Abdallah, Hassan Benabderrazik, Christian de
Boissieu, Christian Deblock, Eric Diamantis, Hakim Elkaroui, Jean-Louis Guigou, Abdenour Keramane,
Bettina Laville, Henri Nallet, Françoise Nicolas, Henri Regnault, Jacques Sapir, Jean-Marc Sorel ;
coordonné par Pierre Beckouche.
33 - Méditerranée - "Printemps arabe" : réussir la révolution
économique
Syrie, Libye, Yémen... : suivant l'exemple de la Tunisie et de l'Egypte, les peuples du monde arabe se
battent jour après jour pour plus de liberté et de justice.
Des centaines de milliers de jeunes diplômés et des régions entières n'en peuvent plus d'être tenus à
l'écart du développement, et d'assister à la prospérité insolente des bénéficiaires des systèmes de rente
créés dans les activités de matières premières, d'importation ou de services, et de subir les conséquences
du positionnement low cost - à bas coûts - social comme fiscal de leurs pays dans l'économie mondiale.
"Les révolutions cassent le modèle économique dominant actuellement : libéralisation économique faciale,
avec déclin du rôle de l'Etat, mais fermeture sociale et politique, sans liberté d'expression et sans
redevabilité des gouvernants. Les pays arabes ont ainsi connu le pire des modèles économiques, qualifié
de "crony capitalism", le capitalisme des copains", explique Samir Aita, président du Cercle des
économistes arabes et rédacteur en chef de l'édition arabe du Monde diplomatique.
Les peuples arabes demandent d'accéder à un modèle économique équitable et viable, porteur de
perspectives.
Urgence sociale en Tunisie
Or, l'urgence sociale s'impose déjà, par exemple en Tunisie, où la chute de l'activité touristique se
conjugue aux tensions dans les entreprises autrefois détenues par les membres des clans déchus, aux
revendications d'un meilleur traitement maintenant que le couvercle de la dictature a sauté...
Etat de droit, dialogue social, investissements massifs, intégration régionale : les clefs du succès
économique du "printemps arabe" nécessiteront des actions résolues mais aussi un soutien de tous les
pays attachés au succès des révolutions démocratiques.
Bouleversées par la révolution, les économies tunisienne ou égyptienne font face à des urgences :
récupérer et gérer les avoirs de l'ancien régime, affronter des mouvements de grève et d'insatisfaction.
"Dès que les révolutions ont, d'un côté enlevé la chape du sommet du pouvoir et les privilèges de ses
hommes de main, et qu'elles ont libéré de l'autre côté l'expression sociale, tous les mécanismes de fond
du modèle dominant sont devenus caducs. On peut alors être surpris des évolutions et des mouvements
sociaux en cours ; mais ils ne représentent que la recherche d'un nouvel équilibre, d'un nouveau modèle
socio-économique. Et cela va prendre du temps", analyse M. Aita.
Pendant la transition, les finances publiques sont aussi soumises à de fortes contraintes, avec la baisse
des entrées de devises et des recettes fiscales.
M. Aita recommande aux gouvernements d'instaurer des formes de contrôle des changes, et de s'endetter
auprès du système bancaire - compte tenu de l'importance de l'épargne locale - plutôt que sur des
marchés de capitaux toujours méfiants pendant les périodes de changement politique.
Mais là aussi, les perturbations devraient déboucher sur un nouvel équilibre : "Le produit de l'impôt indirect
est supérieur à l'impôt direct : les entreprises et les hauts revenus échappent à la fiscalité parce qu'ils sont
liés aux pouvoirs politiques. Cela veut dire qu'il y a une base fiscale à exploiter pour des Etats de droit et
démocratiques", signale Lahcen Achy, économiste au Carnegie Middle East à Beyrouth.
Le nouvel environnement qui se dessine ainsi appelle une stratégie à plus long terme dans le but de
satisfaire les besoins économiques et sociaux laissés en friche : sortir d'une approche favorisant les zones
franches et le travail à bas coût - qui a notamment souffert de la concurrence chinoise -, développer le
marché intérieur, améliorer les infrastructures, aménager le territoire...
Faire sauter les barrières
"Le vrai problème des économies arabes est la transition vers une industrie - jusqu'ici dominée par les
activités exigeant une main-d'oeuvre importante -, vers des produits de haute technologie. Il y a bien eu
des tentatives de montée en gamme dans la "supply chain" (chaîne d'approvisionnement) occidentale :
usine Renault au Maroc, sous-traitants aéronautiques en Tunisie, centres d'appels... Mais elles n'ont pas
suffisamment pris le relais d'une industrie textile où dominent les bas salaires, ou d'un tourisme en
difficulté à cause de la crise mondiale", estime l'économiste Hakim Ben Hammouda.
Cent mille emplois par an ont été créés par les investissements directs étrangers depuis 2003, et 200 000
à 300 000 en comptant les emplois indirects, selon Anima, agence de promotion des investissements
dans la zone méditerranéenne. Mais ces chiffres restent plus de dix fois inférieurs aux besoins...
"La Corée du Sud était dans le textile dans les années 1960, mais elle a commencé la transition
technologique par des investissements massifs dès les années 1970, et il lui a fallu dix ans pour en arriver
là où elle en est. Il faudra plus de dix ans aux pays arabes pour mener cette montée en gamme", ajoute M.
Ben Hammouda.
Une stratégie d'investissements locaux massifs - notamment en infrastructures et en formation permettrait de développer à la fois l'offre de produits et de services, mais aussi le marché intérieur. Elle
semble donc indispensable pour réaliser le potentiel économique de ces pays.
Ces investissements pourraient être soutenus, dans une sorte de "plan Marshall" (lancé par les Etats-Unis
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après la seconde guerre mondiale, celui-ci avait financé la reconstruction de l'Europe de l'Ouest), par les
pays soucieux de conforter l'avènement de la démocratie.
Mais les économies arabes ont aussi un énorme gisement de croissance enfoui à développer. Les
évolutions et les révolutions démocratiques, si elles prospèrent dans la région, pourraient faire sauter les
barrières que les nationalismes ou les différences de régimes ont dressées jusqu'ici.
Ressources propices à une croissance forte
Le Golfe, le Maghreb et le pourtour méditerranéen sont dotés, globalement, des ressources humaines,
entrepreneuriales, financières et en matières premières propices à un régime de croissance très fort : "Les
pays du Maghreb, l'Egypte et la Turquie ont beaucoup à gagner s'ils s'ouvrent ensemble et s'intègrent
économiquement : beaucoup plus qu'à une intégration vers le Nord, laquelle ne peut d'ailleurs être
relancée efficacement qu'à cette condition d'une intégration préalable sud-sud et sud-est", souligne El
Mouhoub Mouhoud, professeur d'économie à Paris-Dauphine.
"Les accords de libre-échange avec l'Union européenne de 1995 - le processus de Barcelone - n'ont en
rien permis de développer les économies maghrébines. Déséquilibrés, ils étaient surtout une légitimation
politique des régimes en place, en échange d'une police de l'immigration. Et le projet d'Union pour la
Méditerranée (UPM) reste un mythe", ajoute-t-il.
Des investissements massifs, une stratégie de montée en gamme, une intégration régionale : le vent de la
liberté qui souffle aujourd'hui pourrait rendre ces pistes possibles.
Aujourd'hui, souligne Bénédict de Saint-Laurent, conseiller économique d'Anima, "Les grands groupes
privés locaux, quand ils existent (Egypte, Maroc, Tunisie), ont un actionnariat familial et une structure
verticale : ils sous-traitent à l'intérieur du groupe, ce qui étouffe l'innovation technologique ou de marché. "
Ces blocages peuvent sauter : "Les "révolutions" arabes libèrent des énergies économiques nouvelles",
souligne Samir Aita. Comme après les indépendances, rappelle-t-il, où la croissance a été très soutenue
pendant une à deux décennie : bien plus que ces dernières années.
Par Antoine Reverchon et Adrien de Tricornot - LeMonde.fr
http://www.lemonde.fr/
34 - Youcef Yousfi demande de l’aide à l’Europe
pour la prise en charge “des aspirations profondes et légitimes” des Algériens !
Poste par faycal mai 7th, 2011 http://www.algerie-focus.com
Lors de sa participation aux journées d’études sur le partenariat euro méditerranéen, consacrées au
thème du partenariat en matière d’Energie, organisées à Palerme en Italie, le ministre de l’Energie et des
mines, Youcef Yousfi a clairement demandé une aide de la part des pays européens pour assurer «la
prise en charge des aspirations sociales des pays du sud de la Méditerranée» dont fait partie l’Algérie.
Selon notre ministre, seule cette aide peut garantir la sécurité énergétique de l’Europe. Et pour cause, “De
fait, (avec) la présence de matières premières riches et diversifiées, d’infrastructures de qualité,
l’implantation d’industries pouvant offrir des emplois à cette jeunesse (des pays de la rive sud) est possible
et s’avère aujourd’hui, d’une nécessité impérieuse”, a-t-il souligné.
Youcef Yousfi a estimé, par ailleurs, qu’il était de l’intérêt des pays du sud que l’Europe pesait “de tout son
poids pour ce processus d’industrialisation et de diversification des économies”. “Les investissements
européens, en dehors des hydrocarbures, je parle essentiellement de l’Algérie, restent très limités. C’est
donc avec une vision à long terme qu’il conviendrait de développer un partenarait entre l’Algérie et
l’Europe, bien au-delà du secteur des hydrocarbures”, a indiqué M. Yousfi. Il a ajouté que c’était “un
partenariat global” qui pourrait “assurer, d’un côté un développement harmonieux, facteur essentiel de la
stabilité, et d’un autre côté, la sécurité des approvisionnements énergétiques pour le long terme”. Enfin,
Youcef Yousfi a mis en garde contre un nouvel échec similaire à celui du processus de Barcelone. Au
sujet de ce dernier, il a dit qu’il avait “déçu les immenses espoirs placé par les pays au sud de la
Méditerranée”.
RAF
35 - Méditerranée - Le pari arabe des Européens
VENDREDI 6 MAI 2011
On n'arrête pas la marche de l'Histoire. Nous en avons fait l'expérience, après la chute du Mur de Berlin,
avec la réunification allemande. Tous ceux qui n'en voulaient pas n'ont rien pu faire pour s'y opposer. Ils
ont finalement eu la sagesse de l'accompagner, ainsi que d'accueillir dans l'Europe des peuples qui en
avaient été coupés artificiellement.
La jeunesse européenne, aujourd'hui, circule et échange comme jamais. En dépit de sérieuses difficultés
économiques et politiques, l'Europe de demain se fait là.
De même, nous sommes devant un tournant dans le monde arabe et sans doute africain. Dans sa
Géopolitique des émotions (Flammarion 2008), Dominique Moïsi a montré que cette partie de la planète
était habitée par un sentiment d'humiliation, que Ben Laden tentait d'utiliser. Les révoltes actuelles sont
une tentative de surmonter cette humiliation. Les Tunisiens et les Égyptiens d'abord, les Libyens et les
Syriens aujourd'hui, ont affirmé qu'ils aspiraient aux valeurs démocratiques de liberté et de responsabilité.
Ils veulent tenter l'expérience de les incarner dans leurs cultures propres, notamment marquées par
l'islam.
Nous nous en sommes réjouis, dans un premier temps, accueillant ces révoltes comme un soulagement .
Mais la peur est là également. Les débats autour de l'islam et de l'immigration en sont marqués. Les
peuples européens se sentent menacés. Dans leur identité et dans leur sécurité matérielle. La
mondialisation a mis en question l'ancienne domination politique et économique occidentale. Et pourtant,
le mouvement qui anime le monde arabe est une chance pour nous.
Depuis des années, de part et d'autre de la Méditerranée, nous peinons à digérer l'histoire coloniale et la
décolonisation. Les ressentiments et la méfiance n'ont cessé de rendre les relations difficiles. Voilà que
nous pouvons nous découvrir des valeurs communes, autour de la démocratie et des libertés.
Qui plus est, il se trouve parmi les jeunes élites arabo-musulmanes, comme on l'a vu avec les nouveaux
ministres tunisiens venus à Paris ces jours derniers, des personnalités remarquables, ouvertes, disposées
à envisager l'avenir de manière dynamique et sans oeillères.
Nous sommes devant une occasion historique de réconcilier les deux rives de la Méditerranée. Nous
avons tout à y gagner : la jeunesse du monde arabe représente un potentiel formidable de progrès et de
développement, qui peut apporter un indispensable contrepoids à la puissance asiatique, en particulier
chinoise. Pourtant, c'est une image de fermeture et de mépris que nous renvoyons avec les interpellations
de migrants par centaines, comme cela s'est produit à Paris et à Marseille. Comme si nous craignions
d'être assaillis par des hordes incultes et misérables !
S'il faut avoir peur, c'est plutôt de décevoir les espoirs de ces peuples. Pensons à ce que signifierait pour
eux le sentiment d'être rejetés aujourd'hui. Craignons de confirmer chez eux, pour l'avenir, le ressentiment
et la méfiance du passé. Plutôt que de dresser des barrières, qui, en dépit de tous les contrôles policiers,
n'arrêteront pas les flots de migrants, il importe que nous tissions des liens de collaboration, et que nous
facilitions la circulation dans les deux sens...
Souvenons-nous que l'Europe est née de l'intelligence de ceux qui ont cru que les ennemis héréditaires ¯
la France et l'Allemagne ¯ pouvaient se réconcilier et travailler ensemble. C'est le pari auquel nous
sommes invités avec le monde arabe.
(*) Par Jean-François Bouthors - Éditeur et écrivain. Ouest-France.fr
Source
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Le-pari-arabe-des-Europeens-_36321786649_actu.Htm?xtor=RSS-4&utm_source=RSS_MVI_ouestfrance&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS
36 - Méditerranée - "Il n'y a pas eu de révolution Facebook"
SAMEDI 7 MAI 2011
Pour Evgeny Morozov, pourfendeur de la cyberutopie, Internet ne constitue pas en soi un outil
émancipateur et peut même devenir un instrument de contrôle aux mains des régimes dictatoriaux.
A propos des soulèvements en Tunisie et en Egypte, les médias ont insisté sur le rôle des réseaux
sociaux, parlant même de révolutions Twitter ou Facebook. Evgeny Morozov, spécialiste reconnu des
nouvelles technologies de l'information, explique en quoi c'est inexact. Il montre aussi que ces
technologies risquent de plus en plus d'être au service des ennemis de la liberté.
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Les révolutions arabes auraient été organisées grâce aux réseaux sociaux. On avait déjà parlé de
révolutions Twitter ou Facebook à propos de l'Iran, de la Moldavie ou de la Biélorussie. Avec le recul du
temps, que faut-il en penser ?
La première fois où l'on a associé les nouvelles technologies et des mobilisations populaires, ce fut aux
Philippines, en 2001, quand d'immenses manifestations provoquèrent la chute du président Joseph
Estrada, accusé de corruption massive. On avait parlé du triomphe de la révolution du téléphone portable.
Plus tard, la "révolution orange" de 2004, en Ukraine, fut également facilitée par le portable, et déjà par les
blogs. Ensuite, Facebook et Twitter ont fourni de nouveaux instruments pour organiser des mobilisations,
notamment en 2009, en Moldavie ou en Iran, lors de la "révolution verte" avortée.
Mais toutes ces "révolutions" sont différentes. Elles apparaissent dans des contextes particuliers. Ce serait
une erreur de les réduire à quelque chose qui aurait été provoqué ou même lancé par les nouvelles
technologies. Parfois, comme en Ukraine, en 2004, je crois qu'elles n'ont joué aucun rôle. En Moldavie, les
protestataires se sont servis de tous les moyens de communication dont ils pouvaient disposer, mais je ne
pense pas que les outils technologiques aient servi significativement à la mobilisation. Ils ont surtout été
utiles pour faire connaître les événements à l'étranger. Ils ont beaucoup intéressé aux Etats-Unis, où la
Moldavie est devenue, pendant ces manifestations, l'un des thèmes les plus recherchés sur Twitter.
Est-ce qu'en Occident on n'a pas tendance à prendre l'écho médiatique donné par les nouvelles
technologies pour un indice de leur rôle dans les mobilisations ?
En effet, et cette confusion est d'autant plus facile dans le cas de pays comme la Moldavie ou l'Iran : il
existe de grandes diasporas à l'étranger, très actives sur Internet. On a compris, après coup, que
beaucoup des messages, certes écrits en farsi pour l'Iran et en roumain pour la Moldavie, provenaient en
réalité de l'extérieur de ces pays. En Iran, à la veille de l'élection présidentielle de 2009, on avait
comptabilisé moins de 20 000 comptes Twitter (0,027 % de la population), et un responsable d'Al-Jazira a
déclaré qu'on n'avait répertorié que 6 comptes Twitter actifs pendant les manifestations. En revanche, plus
de 3 millions d'Iraniens vivent en exil. Il y a eu de grandes foules dans les rues, mais Internet n'y était pas
pour grand-chose. Et s'il n'y a plus de manifestations aujourd'hui, les technologies de l'information ne sont
pas suffisantes pour les relancer.
Il est pour le moins inexact d'affirmer, comme l'ont fait un grand magazine américain et beaucoup de
commentateurs, que désormais "la révolution sera twittée". La prétendue Twitter revolution iranienne a
surtout révélé, chez certains Occidentaux, le rêve d'un monde où les technologies de l'information seraient
un instrument de libération, où la technologie servirait à répandre la démocratie autour du globe. Mais ce
n'était qu'un rêve, les tweets n'ont pas renversé Mahmoud Ahmadinejad, et Al-Qaida sait parfaitement
utiliser Internet comme un bon outil de propagande.
Et pour la Tunisie et l'Egypte ?
Certes, en Egypte, de nombreux jeunes ont été révoltés par le meurtre de Khaled Said, en 2010, et l'ont
fait savoir via Internet, nourrissant les futurs mouvements de protestation contre les brutalités de la police.
Cela a contribué à constituer une espèce de sphère publique on line qui a influencé l'opinion. Mais, là
aussi, il est fort possible que beaucoup de ceux qui s'exprimaient à ce sujet sur Facebook aient vécu hors
d'Egypte.
C'est seulement après les événements de Tunisie, et quand les conditions sociales et politiques devinrent
favorables, que Facebook, au moins auprès d'une partie de la jeunesse, a contribué à donner de l'écho
aux manifestations. Mais, après que les foules se sont mobilisées, ces outils sont devenus moins
importants. En Tunisie, les jeunes activistes étaient très performants du fait de la censure qu'il leur avait
fallu contourner dans les années précédentes. Sans le vouloir, Ben Ali a formé une génération
d'utilisateurs d'Internet.
N'était-ce pas plutôt une révolution Al-Jazira ?
Bien sûr, l'influence des nouveaux médias ne peut pas être séparée de leur interaction avec les médias
traditionnels, en particulier la télévision, qui joue le rôle d'amplificateur. Surtout dans un pays comme
l'Egypte, où une grande majorité de la population n'a pas accès à Internet.
WikiLeaks a-t-il contribué aux révolutions arabes en révélant les critiques que les diplomates américains
formulaient contre les régimes ?
Croyez-vous que les Tunisiens, du moins ceux qui ont eu accès aux documents publiés par WikiLeaks, y
aient appris quelque chose qu'ils ignoraient ? Je suis persuadé que ce qui s'est passé aurait eu lieu tout
aussi bien sans cela. L'effet de telles "révélations" dépend encore une fois de la situation sociale et
politique locale. Dans ces télégrammes diplomatiques, des critiques étaient formulées contre d'autres
régimes, sans que cela ait rien changé. Au contraire, parfois. Comme au Zimbabwe, où ces révélations ont
surtout affaibli l'opposition, puisqu'il apparaissait qu'elle était aidée financièrement par le gouvernement
américain.
On ne sait pas trop ce que veut WikiLeaks. Ils ont changé plusieurs fois d'objectifs et de méthodes. Au
départ, ils avaient une position très utopique : on met en ligne tous les documents confidentiels qu'on nous
fournit, et les internautes feront le tri librement et collaboreront à l'édition de ces éléments, un peu comme
sur Wikipédia. Cela ne s'est évidemment pas produit. C'est pourquoi ils se sont retournés vers les médias
traditionnels pour exploiter ces données. La technologie dont ils se servent pour garantir l'anonymat est
très simple, et d'ailleurs elle est en train d'être utilisée par certains médias traditionnels. Que va donc
devenir WikiLeaks ? Pour être crédibles, ils auraient besoin d'une équipe assez importante de gens
compétents qui pourraient vérifier la qualité de leurs informations. Cela ne leur serait possible qu'en
devenant une ONG, pour trouver des financements, mais les fondateurs le refusent, ils veulent préserver
leur culture de hackers, leur côté marginal et clandestin.
Cela dit, au-delà de l'organisation WikiLeaks, je crois en effet que ce genre de technologie protégeant la
confidentialité des informateurs va se développer.
Dans votre livre, vous parlez des utopistes de la technologie. Peut-on dire que ces utopistes croient
possible de transformer les sociétés et les hommes seulement grâce aux progrès de la technologie, et
sans la politique ?
Je parlerais plutôt de cyberutopistes qui ne voient pas la face sombre du cybermonde et qui veulent
ignorer que ces technologies peuvent être très efficacement utilisées par des régimes dictatoriaux, ou
simplement par des ennemis de la liberté. Ils ne veulent voir Internet que comme le terrain d'initiatives des
dissidents et des forces démocratiques. En réalité, les ennemis de la liberté risquent d'utiliser ces
nouveaux moyens beaucoup plus efficacement qu'eux. On le voit déjà en Chine ou au Soudan. Là, le
gouvernement a créé des comptes blogs prétendument dissidents pour repérer les opposants et ensuite
les arrêter. Les cyberattaques pour paralyser des sites d'opposition, le raffinement de la censure,
l'extension d'une propagande insidieuse, etc., montrent que la technologie n'est pas nécessairement au
service de la liberté. Les dictateurs savent très bien s'en servir.
Le département d'Etat américain se fait des illusions quand il rêve d'encourager le militantisme "en ligne".
Les liens qui s'établissent sur Facebook sont très différents de ceux qui se tissent lorsque vous vous
réunissez physiquement avec d'autres personnes pour aller manifester. Ce n'est pas le même type
d'engagement. Le militantisme sur Facebook exige peu d'implication personnelle. On peut signer une
pétition contre le réchauffement climatique, ce qui donne bonne conscience et permet de se faire valoir
auprès de ses amis à peu de frais. C'est plus facile que de participer à des actions réelles, que de porter
des pancartes ou de donner de l'argent. Il est facile d'être un héros en ligne ! Bien sûr, il ne faut pas trop
opposer les attitudes : on peut participer à un mouvement social et avoir en même temps un compte sur
Facebook, ce qui est de plus en plus le cas.
Mais la diplomatie américaine nourrit à tort l'illusion qu'Internet serait un outil privilégié pour promouvoir la
démocratie dans le monde. Je dirai que le lobby technologique a trop d'influence sur la politique étrangère
américaine. Ce n'est pas aux "génies" de l'informatique de définir cette politique. Ce n'est pas à ces gens qui connaissent tout sur Internet et rien sur la réalité des pays - de démocratiser, cela devrait d'abord être
la responsabilité des vrais spécialistes, de ceux qui connaissent les pays, leur langue, leur histoire, leur
mentalité.
Et vous, que proposeriez-vous par exemple pour démocratiser votre pays, la Biélorussie ?
Encore une fois, il ne faut pas croire que cela résultera du développement de nouveaux moyens
technologiques. Il est plus important de faire évoluer les mentalités des habitants de mon pays, ce qui ne
se fera pas avec Twitter ou Facebook. Plutôt que de chercher à multiplier les blogs, il serait plus utile de
faciliter l'obtention de visas pour l'Europe et l'Amérique. Pour que les Biélorusses se rendent compte de ce
qui se passe ailleurs. Pour qu'ils voient autre chose. Par ailleurs, les Européens devraient être plus
exigeants à l'égard de la Russie de Poutine, car, en définitive, l'avenir de mon pays est largement
conditionné par son attitude.
Propos recueillis par Bernard Poulet - Lespansion.lexpress.fr
http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/il-n-y-a-pas-eu-de-revolution-facebook_254921.html
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37 - La Tunisie entre chaos politique et spleen démocratique
Régis Soubrouillard - Marianne | Mardi 10 Mai 2011
A deux mois des premières élections libres de son histoire, la Tunisie vit au rythme quotidien des
manifestations, pillages et couvre-feux réprimés de manière musclée. La tension est montée d'un cran
après les déclarations de l'ex Ministre de l'Intérieur, évoquant un coup d'état militaire en cas de victoires
des islamistes. Alors que les manifestants en appellent à une nouvelle révolution, certains évoquent déjà
l'éventualité d'un report des élections, prévues le 24 juillet.
La tension est remontée d'un cran en Tunisie après les propos tenus jeudi par l'ancien ministre de
l'Intérieur Farhat Rajhi sur un possible coup d'Etat de fidèles de l'ancien régime en cas de victoire
électorale des islamistes d'Ennahda. « Si le mouvement islamiste Ennahda (Renaissance) gagne les
prochaines élections, le régime sera militaire », a-t-il mis en garde dans une vidéo postée sur
Facebook dont il a confirmé la teneur jeudi sur la radio tunisienne Express FM. Sans jamais préciser si ses
déclarations s'appuyaient sur des preuves précises.
Le premier ministre tunisien par intérim Béji Caïd Essebsi a immédiatement condamné ces propos qu'il a
qualifiés d'« irresponsables ».
Face au tollé général et aux risques de dérapages sécuritaires, l’ex-ministre Farhat Rajhi est curieusement
revenu vendredi sur ses propos en appelant «au calme» juste avant la tenue d’une manifestation de
soutien à Tunis relayée par Facebook. «J’ai appelé au calme sur des radios tunisiennes. Mes propos ne
sont que des hypothèses dans l’absolu qui ne visaient à porter atteinte à personne et je ne suis pas
responsable des interprétations de mes propos. J’ai été piégé par les deux journalistes (qui ont posté
l’interview sur Facebook) qui m’ont enregistré sans m’avertir et en ne respectant pas ainsi l’éthique du leur
métier », a-t-il affirmé à l'AFP.
Depuis, les médias –considérés comme l’un des maillons faibles de la nouvelle démocratie tunisienne au
point que le CSA français a proposé son aide pour assurer la couverture médiatique de ces élections tunisiens s’interrogent : info ou intox ? provocation, piège, dérapage contrôlé ? Et surtout à qui profite la
sortie de l’ancien Ministre de l’Intérieur ? On évoque aussi bien les fidèles de Ben Ali que des partis
d’extrême gauche.
Pour le Premier ministre, il n’y a aucun doute qu’il s’agit des partis qui veulent empêcher que les élections
aient lieu à la date prévue, c’est-à-dire le 24 juillet, afin de rétablir la légitimité le plus rapidement possible.
DES MANIFESTATIONS QUOTIDIENNES
LE SOCIALISME, UNE IDÉE QUI PEUT (ENCORE) FAIRE SON CHEMIN?
MITTERRAND: UN OUVRAGE POUR EMBRASSER TOUTE UNE VIE
PRÉSIDENTIELLE 2012 : TOUS CANDIDATS !
Selon les informations du journal Kapitalis, Farhat Rajhi aurait « été influencé par Hamma Hammami, le
porte-parole du Parti ouvrier communiste tunisien (Poct, extrême gauche), dont il est proche, et qui
demande depuis plusieurs semaines le report des élections du 24 juillet, afin, dit-il, de laisser le temps aux
partis de s’organiser. Ce dernier a-t-il fait miroiter à M. Rajhi, qui s’y voit déjà, la possibilité d’un soutien de
ses troupes en prévision de la prochaine élection présidentielle? Ce n’est pas impossible. C’est même très
probable » conclut le journal.
Quoi qu’il en soit, ces événements en disent long sur le climat qui règne en Tunisie. Les manifestations
sont quotidiennes et tout ce qui incarne le pouvoir semble délégitimé. De quoi expliquer le pessimisme de
l’écrivaine tunisienne Héli Béjé, interrogée par le journal Le Temps : « Au romantisme révolutionnaire a
succédé la mélancolie démocratique. Après l’euphorie d’avoir accompli le prodige de renverser le
pouvoir, s’est détériorée aussi la légitimité de tout pouvoir, avec une méfiance à l’égard de tous ceux
susceptibles de briguer le pouvoir. L’ancienne paranoïa du pouvoir à l’égard de la liberté s’est inversée en
paranoïa de la liberté à l’égard de tout pouvoir, de toute institution, perçus comme des structures de
domination ».
DES RUMEURS DE REPORT DU SCRUTIN
Des manifestations anti-gouvernementales se sont déroulées chaque jour depuis jeudi à Tunis et ont été
parfois durement réprimées par les forces de l'ordre. Les manifestants qui réclament plus de réformes en
Tunisie malgré la chute du régime autoritaire du président Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier dernier,
ont scandé « gouvernement dégage », « flics, bande de lâches »
Au point qu'Iyadh Ben Achour, président de l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la
révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, suggère, dans un entretien accordé au
quotidien La Presse, un possible report du scrutin.
« Je ne sais pas s’il faut donner tant d’importance à tout ça. Les gens font ce qu’ils ne pouvaient pas faire
avant. Evidemment, quand il y a une manifestation, il y a toujours un risque de débordement mais je
regarde cela avec beaucoup de prudence tous les discours sur les manipulations autour du discours de
l’ancien Ministre de l’Intérieur dont on ne sait d’ailleurs pas s’il s’est fait piéger ou non. C’est quelqu’un qui
a été Ministre pendant un mois et demi. Ce n’est pas un politique, c’est un magistrat de formation »
pondère un observateur qui ajoute : « C’est vrai qu’il en faut peu pour mettre le feu aux poudres, mais il ne
faut pas oublier qu’il y a trois mois ces excès étaient tout simplement interdits. C’est révélateur du climat,
extrêmement tendu, d’un mal être social qui a été une des causes de la révolution. Et cela ne va pas se
résoudre en deux mois. C’est une phase de transition stressante. D’où la nécessité de tenir les élections à
la date du 24 juillet, comme prévu, pour mettre un terme au débat sur la légitimité du pouvoir. La
contestation aura beaucoup moins de chances de prospérer face à des élus du peuple élus de manière
régulière. Quant à la possibilité d’un coup d’état militaire, l’armée a prouvé au moment de la révolte qu’elle
était la gardienne de la constitution et qu’elle ne prendrait pas les armes contre le peuple. Elle a plutôt
limité les possibilités d’action de Ben Ali ».
A deux mois des premières élections libres de son histoire, la Tunisie est au milieu du gué politique.
38 - Quand Only Lyon vient chasser sur les terres de Marseille on the
move
Par Esther GRIFFE le 13 mai 2011 MARSACTU
Après les grecs, ce sont les gones qui débarquent sur les rives du Lacydon. A partir d’aujourd’hui et pour
tout ce week-end, la métropole du Grand Lyon est venue décliner sa marque « Onlylyon » sur le VieuxPort.
Après avoir été la première métropole française a avoir crée une véritable « marque » afin de mieux
vendre son territoire, aux touristes, aux étudiants, ou aux entreprises et autres investisseurs, sur le modèle
d’Amsterdam avec « I amsterdam« , et l’avoir déclinée sous forme de campagne pub traditionnelle, nos
voisins rhône-alpins innovent encore en organisant cette fois un véritable road-show, » Only Lyon On
Tour« dans plusieurs grandes villes européennes. Paris, Lille et Marseille pour la France, mais aussi
Londres, Barcelone, Milan, Bruxelles et Berlin. L’idée c’est de passer 3 jours au coeur de ces grandes
villes, et de faire le maximum de contacts. Jeux concours via internet, distribution de luxueuses plaquettes,
podium avec le groupe de break dance « pockemon crew« , champions du monde et d’europe de hip hop,
c’est mieux que l’équipe dont ils portent les maillots ( eh,eh). On ne sait pas si c’est de l’embush
marketing, en tout cas c’est une belle opération de com, pour faire la promotion d’une métropole et avec
des budgets peu élevés ( 350 000 euros pour l’ensemble de la tournée), même si l’animation est un peu
légére. On espérait que Bocuse allait nous faire gouter quelques quenelles, mais en revanche il y a quand
même des coups de beaujolais à boire, avec modération bien entendu. Un exemple de marketing
territorial plutôt réussit, à un moment où les grandes villes sont de plus en plus en compétition entre elles
pour attirer touristes et investisseurs, et sans forcément se faire de cadeaux.
De son côté, avec sa marque On the Move, Marseille essaie de rester dans la course. Même si,
contrairement aux lyonnais, ce qui fait bien évidemment leur force, on n’a pas réussit à mettre les
différentes institutions ( ville, MPM, office du tourisme, conseil général, provence promotion,
Euroméditerranée…) derrière une même marque ombrelle, et une même signature. Du coup, quand Lyon
s’adresse à tout le monde : investisseurs, touristes, étudiants, chefs d’entreprise, jeune actif en quête de
nouveaux horizons, On the move se cantonne aux touristes. Et forcément, il y a aussi le problème du
budget, on en a toujours plus à 12 que seul, ce qui permet de voir les choses en plus grand. Autre bonne
idée de communication, Lyon a lancé sous la marque Onlylyon un réseau d’ambassadeurs, plus de 5000
aujourd’hui pour que tous les lyonnais, où qu’ils soient dans le monde, puisse porter la bonne parole à leur
échelle. Ce réseau social fédéré par le site permet à la fois de garder le contact avec les lyonnais
expatriés, mais aussi à l’agence de développement d’être mis au courant de toutes les opportunités que
peuvent dénicher 5000 personnes. Une communication parfois un brin prétentieuse » Lyon the ideal
french city », mais plutôt efficace. Un bon benchmark en tout cas pour la métropole marseillaise.
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39 - Algérie-Union européenne : Des relations à revisiter
Les relations algéro-européennes seront au centre d’entretiens avec la visite à Alger d’une délégation de
l’UE conduite par le Commissaire à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage, M. Stefan
Fül
PUBLIE LE : 15-05-2011 El Moujahid
Les relations algéro-européennes seront au centre d’entretiens avec la visite à Alger d’une délégation de
l’UE conduite par le Commissaire à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage, M. Stefan
Fül
Le chef de la délégation de l’Union européenne sera accompagné par de hauts responsables en charge
des dossiers portant sur les relations avec le Maghreb. Cette visite est une visite d’évaluation du
partenariat entre l’Algérie et l’UE. Ce qu’il faut faire remarquer c’est que notre pays, après avoir marqué
des réticences sur la politique de voisinage initiée par l’UE, estimant qu’elle concernait beaucoup plus les
anciens pays de l’Est que ceux du Sud de la Méditerranée, a fini par se joindre au reste des pays. La
politique de voisinage est, selon la vision qu’en donne l’UE une politique d’accompagnement pour
permettre à certains pays (de l’Est notamment), d’aller vers leur objectif d’adhésion. Pour les pays de la
Rive Sud, de passage à un partenariat stratégique renforcé dont il s’agit.L’Union européenne est un
partenaire de notre pays avec lequel l’Algérie réalise près des deux tiers de ses échanges commerciaux, à
l’importation comme à l’exportation, une telle situation crée forcément des obligations de part et d’autre.
Rééquilibrer les relations entre dans les préoccupations algériennes depuis ces dernières années. Le peu
d’effort consenti par l’UE dans le domaine de l’ouverture agricole restreint déjà de façon sérieuse la portée
de ce partenariat. Dans le domaine industriel, l’Europe propose une politique de réciprocité pour les
produits industriels. Le marché algérien comme celui des partenaires de l’Europe sont ouverts aux
produits européens. Cela crée des déséquilibres, au point que les chefs d’entreprises algériens pour ce
qui concerne notre pays considèrent qu’elles étouffent sous le pole de l’ouverture commerciale s’estimant
désarmés face à cette concurrence impitoyable. Les acteurs économiques estiment qu’il y a des modalités
techniques qui doivent faire l’objet de discussions avec le partenaire européen pour un rééquilibre des
relations. Les retombées économiques qu’offre ou supposé offrir le partenariat algéro-européen, va à un
libre échange. On sait que l’Algérie a déjà formulé beaucoup de réserves sur cet aspect et sur un volant
d’aide avec les fonds MEDA, dont l’efficacité n’a pas toujours été évidente (voir l’opération de mise à
niveau des entreprises). A ces fonds, on peut ajouter l’accès aux crédits de la Banque européenne
d’investissement pour le financement des investissements. Parallèlement, il y a une objectif considéré
comme essentiel visé par ce partenariat qui concerne le soutien et le renforcement des politiques de
réformes intérieures. Le partenariat a aussi une dimension politique puisqu’il intègre les question de la
paix et de la sécurité, collective, la lutte anti-terroriste. Au total, l’accord de partenariat contient huit titres
(dialogue politique, libre circulation des marchandises, droit d’établissement et prestations de services,
circulation des capitaux, coopération économique, sociale, culturelle et éducative, coopération financière
et autres dispositions institutionnelles). Le titre 2 relatif à la libre circulation des marchandises paraît
important puisqu’il concerne le démantèlement tarifaire et l’instauration dans un délai de 12 ans d’une
zone de libre échange entre l’Algérie et l’Union européenne. Notre pays a obtenu que ces délais soient
repoussées. L’Algérie pense qu’on peut contribuer à discuter de nouvelles bases. Le secteur économique
a eu le plus à souffrir de cette politique d’ouverture presque unilatérale. Pour amortir les chocs, il aurait
fallu comme le suggèrent les acteurs économiques nationaux, qu’une politique d’accompagnement suive à
travers des investissements directs, un soutien financier conséquent, une réelle contribution aux efforts de
développement économique. Certains y voient pourtant à plus ou moins longue échéance quelques
avantages à ce partenariat qui permettrait de préparer l’insertion de l’économie nationale dans l’économie
mondiale, une ouverture du marché européen qui profitera à l’économie nationale et sera une source de
croissance et un facteur de développement. S’exprimant sur l’application de l’accord, le Chef de la
diplomatie algérienne notait il n’y a pas longtemps que la mise en œuvre de cet accord a été franchie,
avant de noter que les relations algéro-européennes s’étaient approfondies et avaient gagné en
intensité. La partie européenne reconnaît pour sa part, que l’Algérie est un acteur majeur pour l’UE et qu’il
était nécessaire de renforcer les relations entre les deux parties. L’accord , il faut le rappeler n’est pas de
nature économique seulement, mais il s’agit d’un accord global, reprenant les relations commerciales
comme politiques, qui pour ces dernières se sont renforcées selon le ministre des Affaires étrangères. Il y
a aussi le volet humain qui est également important, les accords en matière de visa, ceux concernent le
volet commercial où beaucoup reste à faire. L’Algérie fera des propositions pour réajuster le calendrier du
démantèlement tarifaire afin de corriger les déséquilibres existants. La délégation qui arrive aujourd’hui à
Alger, rencontrera de hauts dirigeants du pays. On parlera économie, coopération et politique aussi. Tahar
Mohamed Al Anouar
39/1 - Algérie, pays en crise mais presse en grande forme
Certains journaux quotidiens n'hésitent pas à critiquer le pouvoir, et leur audience est en hausse.
La presse quotidienne est bien vivante en Algérie et sa diffusion est importante. Contrairement aux idées
reçues, il y a plusieurs journaux de qualité qui ne ménagent pas le gouvernement, et parlent, en termes
clairs, des problèmes du pays et de la vie quotidienne des Algériens.
Exemple avec la Une du quotidien francophone El Watan (fondé en 1990) datée du samedi 14 mai (cidessous) citant un rapport d'Amnesty International qui critique l'Algérie en matière "de liberté religieuse, de
violence contre les femmes, de liberté de la presse, et de disparitions forcées".
El Watan 14 mai 2011
Autre exemple de critique directe et non voilée : une tribune d'une page entière parue le 2 mars 2011 (cidessous), signée par un avocat qui considère que la loi punissant les jeunes algériens qui tentent
d'émigrer clandestinement est inconstitutionnelle : "Afin de «combattre l’émigration clandestine», le
gouvernement algérien a modifié et complété l’ordonnance n° 66-156 du 8 juin 1966 portant code pénal en
instituant un article 175 bis 1 qui criminalise la sortie du territoire national (...) Cette manière d’agir de l’Etat
en sanctionnant l’émigration «illégale» de ses citoyens dans le seul but de participer à une politique
restrictive d’immigration prônée par l’Union européenne est totalement contraire aux principes de droit qui
régissent la société algérienne, notamment la Constitution de la République."
Gilles KLEUN http://www.atlantico.fr
39/2 - Un plan Marshall pour le monde arabe
JEUDI 19 MAI 2011
Le président américain Barack Obama va dévoiler jeudi un plan d'aide économique de plusieurs milliards
de dollars pour encourager la démocratisation du monde arabe. C'est ce qu'ont annoncé mercredi des
responsables américains cités par la presse.
Ce plan, initialement destiné à l'Egypte et à la Tunisie, voudra inciter d'autres pays du Moyen-Orient et de
l'Afrique du Nord à entreprendre des réformes démocratiques. Barack Obama présentera cette nouvelle
initiative à partir de 16h40 heure française lors d'un discours. Selon un des responsables cités, l'idée est
de s'inspirer "de certaines des mesures couronnées de succès en Europe de l'Est" dans la foulée de la
chute du Rideau de fer, "et de les appliquer à des pays en transition vers la démocratie au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord".
Le plan appellera à étendre l'action de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement
(Berd). cette institution a soutenu les anciennes démocraties populaires ces 20 dernières années. La
soixantaine de pays actionnaires de la Berd se réunissent justement vendredi et samedi pour examiner un
projet d'extension de ses activités à l'Afrique du Nord. Enfin, la Banque mondiale, le Fonds monétaire
international et la Banque africaine de développement (BAD) devraient également prendre part au
mouvement.
Par Ana Lutzky - UsineNouvelle.com
http://www.usinenouvelle.com/article/un-plan-marshall-pour-le-monde-arabe.N152237?xtor=RSS-215
39/3 - Rive Sud de la Méditerranée, une nouvelle opportunité ?
VENDREDI 20 MAI 2011
20
Quels lendemains pour la Révolution arabe ? Ces Etats en pleine transition démocratique vont avoir
besoin de soutien. L’occasion pour l’Union Européenne de s’affirmer en tant que puissance bienveillante
dans une région en plein essor économique. Philippe Jurgensen nous expose tous les bénéfices qu’aurait
à gagner l’Europe en intervenant.
Les évolutions et révolutions démocratiques qui bouleversent la plupart des pays de la façade sud de la
Méditerranée, du Maroc à l’Egypte, lancent à l’Europe un nouveau défi. Pour les craintifs, elles accroissent
l’incertitude et les risques – instabilité politique, désorganisation économique, voire dérives islamistes.
Pour les optimistes, elles offrent un monde de nouvelles opportunités politiques, économiques et sociales,
sans parler de leurs immenses conséquences géopolitiques.
Pour nous en tenir au champ économique qui est celui de ces chroniques, on constatera facilement que
l’ouverture démocratique et le regain d’intérêt dont bénéficient ces pays ont largement accru le champ des
possibles. Encore faut-il savoir saisir rapidement ces opportunités, ne pas décevoir les attentes et réussir
là où nous avons, dans la période précédente, trop souvent échoué à saisir les nouvelles tendances.
***
Que représentent ces cinq pays de la rive Sud ?
D’abord un potentiel démographique important : 170 millions d’habitants - près de trois fois la France -,
dont la moitié en Egypte. Contrairement à ce que certains continuent à croire, cette population a cessé de
s’accroître à un rythme débridé : la fécondité est devenue proche des niveaux européens, à peine
supérieure à 2 enfants par femme [1] ; en Tunisie, elle est même inférieure au seuil nécessaire pour le
simple renouvellement des générations.
La transition démographique est donc déjà bien avancée. Mais cette population r
este en moyenne bien plus jeune que la nôtre - la moitié de la population a moins de trente ans -, car les
classes d’âge les plus nombreuses y sont récentes. Les pays de la rive Sud Méditerranéenne sont dans
cette phase favorable, bien décrite par les économistes, où la population active est à son maximum de
dynamisme : sa part dans le total atteint un pic, le nombre d’enfants diminuant d’un côté [2] tandis que
celui des seniors n’a pas encore eu le temps d’augmenter.
Ce potentiel démographique est bien une force ; il ne faut pas le ressentir comme une menace – ce que
font ceux qui craignent des vagues incontrôlées d’immigration - alors que les riverains du Sud de la
Méditerranée n’aspirent, comme tout un chacun, qu’à rester sur place s’ils peuvent y trouver un emploi et
une vie décente.
Ensuite, les cinq pays dont nous parlons offrent un marché et un centre de production proche
géographiquement, habitué à nos produits et à nos techniques - ingénieurs, chefs d’entreprises et
ministres sont souvent formés dans nos meilleurs écoles. En termes de commerce extérieur, la France est
le premier partenaire des trois pays du Maghreb, avec des parts de marché dépassant 15% chez chacun
d’eux [3]. En revanche, la France n’est que le 6ème fournisseur et 3ème client de la Libye - avec laquelle
notre solde commercial est très déficitaire, du fait du pétrole -, et le 6ème fournisseur et 7ème client de
l’Egypte (part de marché de 4,2% en 2009). On sent le poids important de la proximité géographique, de
l’histoire et de la langue, et elle y dégage de larges excédents [4].
Nos exportation
s totales vers les pays de la rive Sud de la Méditerranée ont atteint 15 milliards et demi d’euros l’an
dernier, soit un peu moins d’1% de notre produit national total, ou l’équivalent de deux cent mille emplois.
Cet enjeu économique est perçu, mais sans doute à trop petite échelle, par nos entreprises : le montant
cumulé des investissements directs d’origine française (c’est à dire les implantations durables sous forme
de filiales et de succursales ou, plus concrètement d’usines, de centres d’appels et de réseaux de
distribution) y dépassent 24 milliards d’euros, avec une forte prépondérance de l’Egypte (10 milliards) et
du Maroc (8 milliards) [5]. On compte dans ces pays des centaines de filiales d’entreprises françaises ;
elles sont même près de mille au Maroc [6].
Troisième atout, les pays du Sud méditerranéen sont en plein décollage économique. De pays pauvres
qu’ils étaient il y a quelques décennies, ils sont devenus aujourd’hui des pays émergents en plein boom.
Cela se reflète dans leur taux de croissance [7], bien supérieur à ceux d’environ 2%, 3% les très bonnes
années, que connaît la « vieille Europe ». Grâce à cette forte croissance, ils ont réussi à élever leur niveau
de vie : celui-ci reste encore, sauf en Libye - où il atteint, avec 10 000 $ par tête, le quart du niveau moyen
de l’Union européenne - loin de nos standards : entre 1 600 $ courants par tête en Egypte (le plus bas) et
4 500 $ par tête en Algérie (le plus élevé après la Libye) [8]. Mais cet enrichissement relatif a permis, au
prix d’inégalités parfois criantes, d’atteindre un stade où le recul de la malnutrition, les progrès de
l’éducation et la naissance d’une classe moyenne désireuse de nouveaux modes de consommation offrent
de grandes opportunités. Les cinq pays dont nous parlons disposent, au surplus, de revenus
complémentaires substantiels pour leur balance des paiements, grâce tant au tourisme, qui joue un rôle
fort important dans l’économie de certains [9], qu’aux transferts des migrants [10].
Enfin, les besoins d’investissements pour la modernisation de ces économies
émergentes sont considérables. Les pays européens sont certes déjà présents sur de nombreux grands
chantiers, comme le métro du Caire, les autoroutes libyennes, le réseau ferré algérien ou les ports
marocains. Que l’on pense par exemple au développement nécessaire de la production et du transport
d’électricité, aux réseaux de communication où à l’indispensable programme d’épuration des eaux (60%
des villes du pourtour Sud de la Méditerranée rejettent encore en mer des eaux non-traitées). Certains de
ces programmes ont d’ailleurs été esquissés dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée, mais avec des
suites concrètes limitées jusqu’à présent. Il faut non seulement accélérer ces projets, mais véritablement
changer d’échelle.
Comment financer ces investissements indispensables ? Un effort d’aide publique, auquel la France et
l’Union Européenne se déclarent prêtes, est certainement nécessaire. Mais on peut aller beaucoup plus
loin si l’on parvient à mobiliser les financements privés nécessaires. Je vais y revenir. Au demeurant, ces
pays ont une dette extérieure faible, bien plus basse que la nôtre même en proportion de leur produit
national [11], et disposent pour certains de réserves de change considérables [12]. Ils ont donc les
moyens de faire face au remboursement d’investissements, si ceux-ci sont productifs. On pourrait ajouter
que la remise au service de l’économie nationale des sommes considérables détournées - et
généralement placées à l’étranger – par une corruption hélas trop répandue devrait désormais offrir des
possibilités supplémentaires.
***
Voyons maintenant ce qui pourrait être fait concrètement pour mobiliser les moyens d’une vraie relance
économique. Le sujet est d’importance, car les attentes des populations, considérablement accrues à la
suite du succès des mouvements démocratiques, risquent d’être cruellement déçues en cas d’échec. Le
risque est d’autant plus grand que ces attentes sont sans doute souvent irréalistes ; elles ne pourront pas
être totalement satisfaites ; mais un échec complet, avec absence de redémarrage économique et montée
en flèche d’un chômage déjà très élevé, surtout chez les jeunes, aurait des conséquences morales et
géopolitiques redoutables, chacun le sent…
Du point de vue de nos entreprises pourtant, le potentiel de la façade Sud de la Méditerranée devrait
appeler une stratégie beaucoup plus active d’investissement dans ces pays. L’objectif devrait être de
réussir à faire de cette région l’Hinterland de nos entreprises, comme les Allemands l’ont si bien réussi
avec l’Europe centrale et orientale. Cela ne veut pas dire délocaliser d’un coup tout un pan de la
production et de l’activité, comme l’ont fait parfois brutalement nos grandes entreprises. Au contraire,
l’exemple de nos voisins d’Outre-Rhin montre les atouts d’une politique de sous-traitance intelligente,
basée sur un partage équilibré des activités et une coopération à long terme : elle permet d’abaisser ses
coûts de revient tout en gardant dans le pays d’origine les parties technologiquement les plus avancées et
à haute valeur ajoutée du cycle de production. C’est le moyen de regagner en compétitivité et de soutenir
l’emploi au Nord comme au Sud. En somme, une stratégie « gagnant-gagnant », selon l’expression
maintenant trop galvaudée.
Les investisseurs financiers et le capital-risque auraient aussi tout intérêt à s’intéresser à cette région. Les
filiales secteur privé de la Banque Mondiale (la SFI) de la Banque Européenne d’Investissement et de
l’Agence Française de développement (Proparco), le font avec succès depuis longtemps. _
Par ailleurs, beaucoup d’opérations de construction de grands équipements peuvent se monter sur le
modèle de la concession « BOT » (« build, operate, transfer »), qui a donné de si bons résultats en
Turquie par exemple. L’investisseur privé se charge de la construction de l’ouvrage – un pont, une route,
une centrale électrique, un réseau d’eau, un marché…-, l’exploite pendant une certaine durée en
concession, bénéficiant des revenus, et le rétrocède en fin de parcours à l’Etat d’accueil ou à un
investisseur local. C’est le moyen de faire franchir rapidement à ces pays un pas supplémentaire important
vers la modernité.
Quant aux pouvoirs publics, leur rôle doit être non pas de se substituer à ces activités privées, mais de les
inciter et accompagner, tout en prenant en charge une partie des investissements hors marché, tels que
l’amélioration de la santé et de l’éducation. Je me bornerai ici à tracer quelques pistes qui ne demandent
21
qu’à être parcourues.
D’abord, offrir un cadre politique adapté en relançant l’Union pour la Méditerranée, aujourd’hui enlisée
notamment du fait de débats politiques, sur la base initiale « 5+5 » qu’elle n’aurait jamais dû abandonner.
Vouloir embarquer les 27 pays de l’Union Européenne dans cette aventure, qui n’intéresse guère, pour
d’évidentes raisons, les pays riverains de la Baltique, c’était courir à l’échec ; de même, y inclure tous les
pays du Machreck (l’Est méditerranéen), c’était ouvrir la porte à un débat politique paralysant autour du
conflit israélo-palestinien. Il paraît possible et souhaitable de contourner ce blocage en utilisant les
dispositions des Traités européens qui permettent à un groupe de pays d’agir ensemble (sous forme de «
coopération renforcée ») sans embarquer tous leurs partenaires, au moins au départ.
Ensuite, conseiller les pays du Sud méditerranéen pour l’établissement d’un véritable État de droit, non
seulement sur le plan constitutionnel (ce qui est en cours), mais aussi sur celui du droit commercial, de la
protection des investisseurs et du fonctionnement des tribunaux, ce qui reste largement à faire.
Une troisième série d’actions souhaitables concerne le cadre institutionnel de l’aide publique. Il paraîtrait
notamment très opportun de créer une Banque de Développement régionale pour l‘Afrique du Nord,
exactement comme après la chute du Mur de Berlin a été lancée une Banque de développement ad hoc
pour l’Europe centrale et orientale, la BERD. Les opposants à un tel projet font valoir que le terrain est
déjà couvert par la Banque Mondiale, la BEI et la Banque africaine de développement, et que les délais de
mise en place d’une nouvelle institution ne feraient que retarder les projets ; mais les mêmes arguments
pouvaient être opposés lors de la création de la BERD ; ils n’ont pas empêché cette dernière de jouer un
rôle fort utile, désormais reconnu par tous, dans le soutien à l’investissement et à la modernisation rapide
de ces pays. Et comment ne pas voir la profonde portée psychologique et politique qu’aurait une telle
décision, contribuant ainsi au sursaut économique nécessaire ? Cette initiative devrait être complétée par
la constitution d’un Fonds de garantie des investissements méditerranéen, plus spécialement dédié à la
couverture partielle des risques des projets privés afin d’encourager leur multiplication ; de tels systèmes
de caution publique partielle, du type de celles apportées par OSEO en France, se montent très efficaces.
Enfin, en ce qui concerne l’aide concessionnelle proprement dite, c’est-à-dire l’apport de subventions ou
de prêts bonifiés aux projets dans les domaines qui ne dégagent pas de rentabilité économique directe,
comme l’éducation, la santé, le renforcement des institutions et, comme on dit, de la « gouvernance », la
solidarité doit jouer pour lancer le mouvement. Certes, nos situations budgétaires tendues se prêtent mal à
de grands efforts de générosité. Mais les sommes en cause ne sont pas gigantesques à l’échelle de
plusieurs pays européens ; et peut-on se borner à dire à ces nouvelles démocraties que le moment tombe
mal ? Nos pays, malgré tout riches, doivent réagir à la mesure du défi et lancer ce qu’on a joliment appelé
un « Plan Marshall au parfum de jasmin » [13]. Une enveloppe de cent milliards d’euros étalée sur sept
ans (d’ici à 2018) ne représenterait que trois millièmes du PIB des pays donateurs, mais permettrait déjà
un triplement de l’aide publique actuelle pour ces pays [14]. Elle devrait être mise en place avec des
modalités d’octroi assouplies et de décaissement rapide. L’effort des cinq pays européens principalement
concernés serait d’ailleurs certainement appuyé par le budget d’aide de l’U.E. : le Commissaire européen
chargé du développement et de l’aide humanitaire, M.Piebagls, a déjà proposé un programme de ce type.
***
Que ce dernier appel ne conduise pas nos auditeurs à se méprendre. Il ne s’agit pas, au total, de répondre
à la nouvelle situation créée par la démocratisation du Sud méditerranéen par des discours généreux ni
même principalement par des aides, si bienvenue et nécessaire que soit leur annonce.
Comme pour l’Europe dans les années 50, c’est avant tout par des réalités concrètes et par la coopération
économique que se construira la nouvelle solidarité, si nécessaire, entre les deux rives de la « Mère
Méditerranée », pour reprendre le mot fameux de Dominique Fernandez. Cette mer, amicale et non
hostile, porteuse de multiples échanges, redeviendra ainsi pleinement, comme dans l’Antiquité, « mare
Nostrum ».
Par Ph.Jurgensen
Source http://www.canalacademie.com/ida7058-Rive-Sud-de-la-Mediterranee-une.html
En savoir plus :
Philippe Jurgensen est professeur d’économie à l’IEP de Paris et inspecteur des finances au Ministère de
l’économie de l’industrie et de l’emploi. Il est notamment l’ateur de :
Écu, naissance d’une monnaie, éditions Jean-Claude Lattès, 1991 – Ouvrage lauréat du Prix de
l’Académie des Sciences Morales et Politiques
L’Euro pour tous, éditions Odile Jacob, Paris, février 1998
Le Guide de l’euro pour tous, éditions Odile Jacob, Paris, 2001
L’Erreur de l’Occident face à la mondialisation, éditions Odile Jacob, Paris, 2004
L’Économie verte, éditions Odile Jacob, 2009
Retrouvez toutes les chroniques de Philippe Jurgensen :
http://http//www.canalacademie.com/-Les-chroniques-de-Philippe-.html
*********
[1] Les taux de fécondité ont spectaculairement chuté depuis une quarantaine d’années dans tous les
pays du Maghreb : ils sont tombés de 7 enfants par femme autour de 1970 à 2,35 actuellement au Maroc
comme en Algérie (la chute est un peu plus récente dans ce dernier pays, où la fécondité s’est maintenue
au-dessus de 7 enfants par femme jusqu’en 1975, mais elle a été encore plus rapide). En Tunisie, la
fécondité est tombée de 6,4 enfants en 1970 à juste 2 en 2008, soit un niveau légèrement inférieur à celui
assurant une population constante à long terme, qui est de 2,1 enfants par femme.Elle reste en revanche
un peu plus élevée (autour de 2,8) en Egypte, où le niveau de vie est plus bas.
[2] La baisse est spectaculaire aussi sur ce plan : par exemple, la part des moins de quinze ans dans la
population totale de la Tunisie est passée de 47% en 1970 à 24% en 2008 ; parallèlement, la part des 1564 ans, population potentiellement active, passait de 50% en 1968 à 70% en 2008. Voici les chiffres
correspondants pour d’autres pays : la part des moins de quinze ans est tombée de 48% en 1974 à 29%
en 2008 au Maroc, de 48% à 28% en 2008 en Algérie, de 48% en 1985 à 30% en 2008 en Libye. Celle
des 15-64 ans atteint 66% au Maroc contre 48% à son point le plus bas, 68% en Algérie au lieu de 47%
en 1970, 66% en Libye au lieu de 50% en 1983
[3] En 2010, les parts de marché de la France se sont élevées à 15,3% au Maroc (dont la France est le
1er partenaire à l’export comme à l’import), à 15,1% en Algérie (France 1er fournisseur et 4ème client), à
18,8% en Tunisie (France 1er client et 1er fournisseur)
[4] Avec 2,9 Mds d’€, l’Algérie a été en 2010 le troisième plus important excédent extérieur de la France
dans le monde.
[5] Voici les IDE d’origine française dans ces 5 pays, en stock et en flux : Maroc, 8 milliards d’euros en
stock (soit la moitié du total des IDE reçus par le pays) et 900 milliards d’euros en flux 2009 ; Algérie, 4
milliards en place (2ème rang après les USA) et 308 milliards en flux 2009 ; Tunisie, 1 milliard d’euros en
stock (3ème rang seulement) et 101 milliards en flux 2010 ; Libye, 1,5 milliard en stock, 515 milliards
d’euros en flux 2009 ; Egypte, 10 milliards d’euros en stock, 286 milliards en flux 2009. Quant au montant
total des IDE de toutes origines annoncés pour 2010, voici les chiffres : Maroc 2,3 milliards d’euros ;
Algérie 805 milliards d’euros ; Tunisie 2,3 milliards d’euros ; Libye 600 milliards d’euro ; Egypte 4,9
milliards d’euros.
[6] Plus de mille entreprises marocaines ont un lien avec la France, dont 750 filiales et 300 entreprises
détenues par des français résidents (plus de cent mille emplois induits). L’Algérie compte cent filiales de
grandes entreprises françaises, ce chiffre passant à 450 avec les PME et entreprises individuelles. La
Tunisie compte 1 250 entreprises à participation française, dont un tiers de filiales (110 000 emplois
induits). La Libye ne compte que 44 filiales d’entreprises françaises, mais l’Egypte en recense 120 pour
les seules grandes entreprises, avec 50 000 emplois induits.
[7] Taux de croissance pour les années 2008, 2009 et 2010 : Maroc 5,6 puis 4,9 puis 3,3% ; Algérie 2,4
puis 2,5 puis 4% ; Tunisie 4,5%, puis 3,1, puis 3,7% ; Libye 3,8 (après +7% par an en moyenne de 2003 à
2007), puis -1,6 puis +10,3 ; Egypte 5,6 puis 4,2 (après +7% par an entre 2006 et 2008)
[8] Le PNB algérien est estimé à 158 milliards de dollars en 2010, soit 4 500 $ par tête ; le revenu par tête
approche 2 000 $ au Maroc et dépasse 3 700$ en Tunisie. Il s’agit là des richesses nationales aux taux de
change officiels ; après correction des parités de pouvoir d’achat, le produit par tête est nettement plus
élevé, atteignant parfois le double des chiffres précités.
[9] 7,5% du PNB marocain proviennent du tourisme (9,3 millions de visiteurs en 2010) ; en Tunisie, la
proportion est de 6,5%, mais près de 40% des emplois seraient liés directement ou indirectement à ce
secteur ; en Egypte elle est de 5,4% (14 millions de touristes en 2009/10)
[10] Les économies que les travailleurs immigrés renvoient dans leur pays d’origine représentent non
moins de 7% du PIB au Maroc (6,4 milliards de dollars) et 5% en Egypte. A l’échelle de l’ensemble des
pays méditerranéens, (Machreck, Israël et Turquie inclus), le volume des transferts des migrants égale,
avec 22 milliards d’euros en 2009, celui des investissements directs étrangers)
[11] La dette extérieure marocaine ne représente que 20% du PIB (contre 80% en France !) ; celle de
l’Algérie, 3% seulement ; celle de la Libye est pratiquement nulle ; celle de l’Egypte se limite à 14% du
22
PIB. Seule la Tunisie a une dette extérieure lourde : 58% du PIB (43% pour la seule dette publique)
[12] Montant des réserves de change en 2010 : Maroc 23 milliards d’euros ; Algérie 155 milliards ! Tunisie
6 milliards seulement (ce pays a un déficit substantiel des paiements courants, atteignant 4,8% du PIB en
2010) ; Libye 102 milliards de dollars, plus 50 milliards de dollars d’autres placements ; Egypte 30 milliards
de dollars.
13] Voir Chronique d’Emmanuelle Auriol, de l’Ecole d’Economie de Toulouse, « Un plan Marshall au
parfum de jasmin », Le Monde du 19 /4/2011.
[14] L’aide publique au développement reçue par l’ensemble des pays du Sud de la Méditerranée en 2009
s’est élevée à 7,7 milliards d’euros, dont environ les deux tiers pour les cinq pays visés dans la présente
chronique ; sur sept ans, ils recevraient donc, toutes choses égales par ailleurs environ 35 milliards
d’euros d’APD, soit le tiers de l’enveloppe de cent milliards d’euros proposée ici ; l’addition des PIB des
cinq pays européens concernés par l’approche « 5+5 » représente 5 000 milliards d’euros par an, soit 35
000 milliards d’euros en 7 ans, 100 milliards d’euros = 0,3% de cette somme.
39/4 - La Révolution tunisienne est-elle en panne ?
25/05/11 Nouvel Obs
"L'armée ne cherche pas le pouvoir", assure le chef du gouvernement tunisien, Béji Caïd Essebsi, en visite
à Paris. Interview par Christophe Boltanski
Béji Caïd Essebsi, 84 ans, nommé Premier ministre par intérim le 27 février AFP
La croissance de la Tunisie devrait passer au dessous de 1% en 2011. Est-ce préoccupant ?
- C’est vrai. Notre économie n’est pas florissante, mais petit à petit, elle se redresse. Les Tunisiens se
remettent au travail. J’espère que la saison touristique sera moins mauvaise que prévu. L’amélioration de
la sécurité dans le pays devrait encourager les visiteurs étrangers à revenir.
La Tunisie sera présente au G8 le 27 mai à Deauville. Qu’attendez-vous de cette réunion ?
- Avec l’appui du président du G8, M. Nicolas Sarkozy, nous espérons que la Tunisie sera entendue. Nous
avons établi un plan de développement de 125 milliards de dollars. La plus grande part sera financée par
les Tunisiens eux-mêmes. Nous demandons à la communauté internationale de ne couvrir qu’une petite
partie de cette somme : 25 milliards sur cinq ans. Mais nous traversons actuellement une conjoncture
difficile. Pour la première tranche, un décaissement immédiat serait souhaitable.
La France est-elle toujours critiquée en Tunisie pour son soutien à Ben Ali ?
- Cette mauvaise image est effacée. Mon gouvernement regarde, lui, vers l’avenir, beaucoup moins vers le
passé.
On parle d’un report des élections en octobre. Y êtes-vous favorable ?
- Pour des raisons de crédibilité, je souhaite que les élections pour l’assemblée constituante aient lieu à la
date prévue du 24 juillet. Mais cette décision ne relève pas de la compétence du gouvernement. Elle
appartient à la commission indépendante qui sera chargée d’organiser et de contrôler le scrutin. A l’avenir,
nous nous bornerons à lui apporter un appui logistique.
L’ex-ministre de l’Intérieur, Farhat Rajhi, a évoqué la menace d’un putsch militaire si les islamistes
d’Ennahda remportaient le scrutin.
- Il ne savait pas ce qu’il disait. D’ailleurs, il a déclaré que les propos qui lui avaient été attribués ne
correspondaient pas véritablement à sa pensée. Nous avons la chance d’avoir une armée républicaine qui
ne cherche pas le pouvoir. Autrement, elle l’aurait pris le jour du départ de Ben Ali.
Farhat Rajhi doit être traduit devant un tribunal militaire pour ses propos. Cela ne risque-t-il pas d’envoyer
un signal négatif ?
- Une action a été engagée pour outrage à l’armée. Elle suit son cours. On ne peut pas porter sur la place
publique des accusations pareilles contre une institution respectable.
Le couvre-feu a été réinstauré à Tunis. Des manifestations ont été réprimées. La transition démocratique
est-elle en panne ?
- Le couvre feu vient d’être levé. Dans toutes les manifestations, il y a des casseurs, y compris chez-vous.
Mais il y a aussi une jeunesse qui s’inquiète. L’avantage en Tunisie, c’est que tout le monde s’exprime
dans un cadre légal. Et ceux qui s’en écartent, tombent sous le coup de la loi.
Des groupes liés à l’ancien régime cherchent-ils à saper le processus démocratique ?
- De qui parle-t-on ? S’il s’agit du parti lui-même, le RCD, il est dissout. Quand aux individus, ils ont leurs
droits et leurs devoirs, comme tout le monde. Ceux qui ont occupé des responsabilités sous l’ancien
régime ne pourront pas participer aux élections. Les choses sont en train de s’estomper. Aujourd’hui, tout
le monde s’inscrit dans le cadre du processus électoral.
Et la menace terroriste ? Deux militants d’al Qaïda auraient été tués récemment par vos forces de
sécurité.
- Les forces de sécurité et l’armée sont particulièrement vigilantes, surtout le long de nos frontières. Des
personnes infiltrées de Libye viennent d’être interceptées. Il y a eu cet échange de feu. Nous avons eu à
déplorer nous aussi des morts.
Craignez- vous des tentatives de déstabilisation de la part de Kadhafi ?
- Par le passé, il a cherché à nous déstabiliser. Aujourd’hui, dans la situation, qui est la sienne, je ne crois
pas qu’il en soit capable, à moins qu’il veuille détourner l’attention sur ce qui se passe chez-lui. Mais c’est
peu probable.
Des bars, des vendeurs d’alcool, des maisons closes ont été attaqués. Y a-t-il un danger islamiste en
Tunisie ?
- Il existe une minorité extrémiste. Mais elle est très marginale. Aucun pays au monde n’est épargné par
ce phénomène. Il y a par contre les partis islamiques qui ont une existence légale et qui veulent participer
aux élections, comme tout le monde.
Ennahda est-t-il, selon vous, devenu un parti légitime ?
- En tout cas, il a l’autorisation d’exercer. Il est un parti légal. Légitime, c’est un mot très différent. Mais il
s’active, tient des réunions, publie ses programmes, il s’affiche comme un mouvement légaliste. Il dit
clairement qu’il va respecter le code personnel. Donc pour l’instant, ça va.
Ses engagements démocratiques sont-ils sincères ?
- Est-ce qu’en politique, on peut parler de sincérité ? Mais nous n’avons aucune raison de mettre sa parole
en doute.
Interview du chef du gouvernement tunisien, Béji Caïd Essebsi, par Christophe Boltanski
Article publié dans le Nouvel Observateur du 25 mai 2011
4 - SOCIÉTÉ
41 – Vaucluse : un Villeneuvois patron de la chambre de commerce
Paca
Publié le mardi 26 avril 2011 La Provence
Xavier Belleville est chargé de rationaliser et normaliser les 7 chambres de la région
"Nous sommes un peu le laboratoire de ce qui va se passer au niveau des collectivités locales", affirme
Xavier Belleville, qui va tester en direct le nouvelles compétences de la chambre de commerce et
d'industrie régionale Provence-Alpes-Côte d'Azur.
C'est effectif depuis le 1er avril et ce n'est pas une blague : Xavier Belleville, 44 ans (il est né aussi un 1 er
avril), adjoint au maire de Villeneuve - lez - Avignon, vice-président du Grand Avignon, est le directeur
général de la toute nouvelle et puissante Chambre de commerce et d'industrie de région Paca. Il a donc
quitté ses fonctions de directeur de la CCI territoriale de Vaucluse, où il épaulait le président François
Mariani depuis ... le 1er avril 2002 (et où il est remplacé par Michel Maridet), pour bosser au côté de
Dominique Estève, l'ancien président de la CCI Nice - Côte d'Azur, qui a pris en janvier les rênes de la
CCIR Paca, nouvelle version.
"L'échelon régional est le plus approprié"
Tout en accompagnant discrètement le président Mariani jusqu'à la fin de l'année "pour qu'il prépare son
projet de mandature", Xavier Belleville va s'atteler à quelques gros dossiers qui découlent directement de
la fameuse RGPP, réforme générale des politiques publiques, dont la philosophie est simple : faire des
économies en rationalisant les moyens. C'est dans cet ordre d'idées que la CCIR est devenue un échelon
d'administration et d'organisation de l'ensemble des chambres territoriales de la région Provence - AlpesCôte d'Azur (sept au total) alors que la CRCI n'était qu'un échelon d'animation.
23
"L'argent public se faisant de plus en plus rare, il a bien fallu que les chambres de commerce fassent un
effort de projection organisationnelle, souligne Xavier Belleville. Avec cette loi, nous sommes arrivés à un
compromis qui reconnaît donc l'échelon régional comme étant le plus approprié à la gestion et la
mutualisation des moyens. La taxe prélevée sur la TP alimentait chaque chambre départementale qui
reversait une petite partie à la région. Aujourd'hui, on inverse le processus".
C'est donc la chambre de commerce de région qui collectera pour l'ensemble des CCIR, l'objectif étant de
redistribuer en fonction de programmes d'actions pour les entreprises construits au niveau régional. "Pour
que l'on fasse tous de la même façon de la création d'entreprises ou de l'international, que ce soit à Digne,
Gap, Nice, Marseille, Arles, Toulon ou Avignon. Il faut normaliser nos produits pour être plus efficaces
avec l'argent que nous collectons : 103 M € cette année".
Tous les personnels salariés de la région
Un autre point important de la réforme : au 1er janvier 2013, tous les personnels statutaires des chambres
de commerce (plus de 2 000 aujourd'hui en Paca) deviennent salariés de la région. Ce sont les chambres
locales qui continueront à administrer les contrats de travail mais, pour tout recrutement par exemple, il
faudra avoir la validation de la chambre régionale.
"L'idée, c'est que les CCIT se concentrent sur leur coeur de métier et qu'on les débarrasse de leur back office. On n'a pas besoin d'avoir 8 services de comptabilité, 8 services de RH, 8 services de
communication. En mutualisant, on pourra faire mieux, d'autant que l'État nous oblige à réduire notre
ressource fiscale de 15 % sur les trois ans à venir. Soit quelque 15 M € en moins. Et ça, c'est mon boulot".
Il faudra donc faire des choix. Car ces 20 dernières années, on a assisté à une explosion des organismes
en tous genres : agence de développement, plateforme d'initiatives ... "Aujourd'hui, insiste Xavier
Belleville, il faut se demander où l'aide des chambres de commerce peut être la plus efficace pour que
notre région, la 3e de France mais la 104 e au niveau européen, soit boostée sur le plan économique. Ce
qui passe par quatre axesqui constituent aujourd'hui ma feuille de route : l'innovation, l'intelligence
économique, le développement international et l'attractivité du territoire ".
Jean CALABRESE
42 - AMENAGEMENT DU TERRITOIRE: Fer et routes, La région PACA
encore coupée en deux ou T.P.L. Tout pour le Littoral!!!
01.04.2011.pacainfoeco.com – R.F.F. ( Réseau Ferré de France ) vient de publier son "Plan d'actions
2011 régional Paca» . Une feuille de route qui détaille les investissements et les actions pour un futur
proche Lgv Paca. On s'aperçoit à la lecture de ce document que, mis à part la fin des travaux de l'axe
Marseille- Aix en Provence et un peu plus au no Nord, vers Gap, tout le "Réseau ferroviaire de demain "
est construit pour le littoral selon un axe Est - Ouest ( Ouest - Est ) en ignorant pratiquement la desserte
vers l'intérieur du territoire de Paca. Il faut savoir que la ligne sur Briançon est toujours à une seule voie
après Gap, tout comme au début du Chemin de Fer même si des travaux importants ont été engagés ces
dernières années pour la modernisation de cette ligne vers les Alpes.... Il est évidement un peu normal
que la Sncf ou plus exactement R.F.F. construise en priorité sur le territoire où la population reste la plus
importante et la plus concentrée.
Néanmoins, le réseau des T.E.R. dépend tout de même du Conseil Régional qui se doit d'établir - (avec
l’État) - un réel équilibre pour les transports départementaux en évitant de créer un "désert " au nord. Car,
coté route, on assiste au même phénomène en évoquant le mauvais feuilleton de l'autoroute Aix Grenoble ( A 51 ) définitivement enterré. De plu sn en aménagement du territoire, beaucoup d'élus,
reflétant une large partie de la population alpine se tournent vers Lyon et la Région Rhône - Alpes-- ......
Déjà au niveau de l’Éducation Nationale, nombre d'étudiants de notre région sont de se rendre avec
régularité à Aix ou Marseille voire Grenoble. Il y a là, danger pour la cohésion future de la Région
Provence Alpes Côte d'Azur, surtout si l’État pense à un nouveau découpage des régions avec la réforme
des institutions. Et, croyez-moi, il y pense fort .....
Les grands projets de R.f.f. dont LA LGV SUD-EST … 20 MILLIARDS D EUROS
pour la LGV-SUD EST ... il faudra faire des miracles (et beaucoup d'expropriations) pour composer avec
les voeux de certains élus et les besoins réels des populations locales, le tout entre, routes, autoroutes et
surpopulation et promotions immobilières galopantes - photo Michel HUGUES
Le gros du morceau est bien entendu le projet Lgv Paca. Malgré l'énormité du coût de cette affaire (
….bien trop coûteux et trop compliqué avait dit le Préfet Michel Sappin avant de quitter Marseille... ).
Malgré ce handicap sérieux , R.F.F. a reçu pour mission d'engager les études pour cette ligne à grande
vitesse Paris - Marseille - Toulon - Nice en oubliant aussi les oppositions politiques des niçois .... ! Et Rff
dans sa philosophie écrit dans son rapport : " ...avec une seule ligne Marseille - Vintimille déjà largement
utilisée, il serait très difficile de répondre aux nouveaux besoins des usagers du Ter ...". Certes, n'aurait il
pas fallu précisément consacrer la moitié des crédits prévus (des 20 milliards d'Euros actuel, sans compter
les inévitables dépassements budgétaires-parfois jusqu'au double) pour des projets aussi lourds) afin
d'améliorer suffisament la ligne Marseille - Nice qui représente - c'est vrai - un sacré problème pour le futur
avec, en plus une démographie galopante.
Nous n'entrerons pas dans le détail du calendrier, sachons simplement que que les études du projet Lgv
Paca vont s'échelonner jusqu'en 2014. Après approbation des partenaires, on arrivera à l'Eup '(enquête
d'utilité publique ) en vue du lancement des travaux. Si tout va bien et les financements trouvés (publics
et/ou privés ?) on pourrait voir l'ouverture de cette nouvelle ligne vers 2025/2030.
Des projets secondaires, mais tout de même importants, sont en chantiers comme la 3 ème voie (ligne )
Marseille-Aubagne et la 3 ème voie ferrée Antibes - Cagnes-sur–Mer. A noter également sur cette feuille
de route, de nombreux aménagements pour le fret au départ et à l'arrivée des Ports de Marseille et de
Fos.
Bref, malgré bien des difficultés diverses et variés sur le trafic, Rff et Sncf sont tout de même des affaires
qui roulent et qui se positionnent face à la future concurrence qui ne manquera pas d'arriver en Paca...
Philipe REAL grand reporter
43 - Associations de santé : IMAJE Santé Marseille
Produits ou services proposés :
IMAJE Santé met en place des actions vers un public très varié : - les jeunes de 12 à 25 ans, - les
familles et l'entourage des jeunes, - les professionnels de la santé et du secteur médico-socio-éducatif.
Basée à Marseille, cette association concerne tous les jeunes de la ville ou de la région des Bouches-duRhône. On y trouve en permanence: - des psychologues cliniciens, - un psycho-sociologue, - un
médecin généraliste, - un travailleur social, - une éducatrice spécialisée de l'ADDAP 13. Tous sont là
pour mener et aider les jeunes dans toute action concernant leur santé, leurs problèmes familiaux ou
relationnels. L'association se trouve en plein centre de Marseille, à deux pas du Cours Julien et de la rue
Saint Férréol, ouverte à tous et surtout à ceux qui ont besoin de "confidentialité".
Complémentaire santé Comparez les complémentaires santé. Devis gratuit et immédiat.
www.assurzone.com
Points forts et atouts :
L'association IMAJE Santé accueille gratuitement et de manière confidentielle les jeunes de 12 à 25 ans,
pour dialoguer avec des médecins, des psychologues et des travailleurs sociaux, de tout ce qui a trait à la
santé en général. IMAJE Santé est un lieu ressource pour les professionnels qui accompagnent les
jeunes, et qui sont régulièrement confrontés à la souffrance psychologique de ces derniers, faisant parfois
naître le sentiment de ne pas pouvoir les aider correctement. Si vous cherchez une aide, un soutien, un
regard tiers, une analyse, ou simplement une information sur la nature de l'aide que l'Espace Santé
Jeunes peut vous apporter, n'hésitez pas à prendre contact.
Compléments d'information :
Tous les jeunes, toutes les familles, tous les professionnels de santé de Marseille et de la région des
bouches-du-rhône peuvent être aidés, pris en charge et profiter de l'expérience acquise depuis des
années par l'association.
Le site www.imajesante.fr est classé dans Associations de santé. Nous vous conseillons de consulter
également nos rubriques Complémentaire santé, Devis de mutuelle, Offres d'emploi santé, médical,
Entreprises Marseille et Logiciel santé.
44 - Un plan pour le retour à la sécurité à Marseille
24
Par Jean-Marc Leclerc, Anne Rovan
05/05/2011 Le Figaro
Face à la dégradation du climat, la police va se réorganiser et augmenter ses
effectifs. La vidéosurveillance devrait se développer.
À Marseille
Un plan «1000 caméras» de surveillance pour Marseille, comme à Paris, mais pour 2015.
Avec déjà une première tranche de 340 caméras à l'horizon 2012. Et puis des effectifs
supplémentaires, un plan d'action, des moyens. Après un long entretien à huis clos et un
bain de foule, parfois au son des youyous, de la gare Saint-Charles au boulevard
Dugommier, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, et le maire de Marseille, Jean-Claude
Gaudin, affichaient jeudi leur volonté de sortir par le haut de la mauvaise passe sécuritaire
que traverse la Cité phocéenne.
Car la deuxième ville de France va mal. Lundi dernier, un homme y est mort, poignardé en
pleine rue par un automobiliste. Quelques heures plus tard, un cambrioleur de 15 ans était
tué par balle par un maçon au chômage. «On ne peut se faire justice soi-même», a rappelé
le premier flic de France, venu répondre, selon lui, à une lente «dégradation» du climat. Avec
déjà une mission prioritaire pour le nouveau préfet de police local, Gilles Leclair, «grand flic»
issu de la PJ: «remobiliser» les forces de l'ordre et déployer de «nouveaux modes
d'organisation et d'action» calqués en partie sur ce que le préfet Lambert met en œuvre
en Seine-Saint-Denis.
Il faut dire que le truculent Jean-Claude Gaudin, poids lourd de la majorité, n'y est pas allé
de main morte en critiquant le dégraissage des effectifs de la police marseillaise. Même les
deux unités de forces mobiles promises en renfort permanent par Brice Hortefeux après la
mort, en novembre, d'un adolescent de 16 ans, tué à la kalachnikov dans sa cité, se
seraient, dit-il, éclipsées.
Mais, au dire des policiers, le maire de Marseille élude habilement le fait que sa ville n'a
guère promu la vidéosurveillance, ces dernières années, avec seulement 19 caméras de voie
publique implantées à ce jour, sa police municipale ne comptant que 240 agents (moitié
moins qu'à Nice) - mais guère plus de 60 dans la rue, selon FO - qui font relâche la nuit et
les week-ends…
Site pilote
Claude Guéant ne s'aventurera pas sur ce terrain. Il annonce, outre une aide financière pour
le plan caméras chiffré à 9 millions d'euros sur cinq ans, dont la moitié serait financée par
l'État, des renforts en chair et en os: 39 limiers de la PJ en plus et «100 agents en tenue
supplémentaires dès cet été», promet-il, dans le cadre d'une «police d'agglomération» qui,
comme à Paris, permettra des échanges plus rapides de patrouilles entre les secteurs de la
ville. Marseille devient d'ailleurs site pilote pour «les patrouilleurs» de Guéant. Les CRS vont
aussi s'installer de façon plus pérenne, avec des gendarmes mobiles. Sans oublier des
réservistes de la police nationale et des adjoints de sécurité pour colmater les brèches. «Les
effectifs, plus il y en a, mieux ça vaut!», s'est exclamé jeudi Jean-Claude Gaudin. Sa ville, il
est vrai, a perdu 400 policiers en tenue depuis 2005. Alors que le bilan sécuritaire s'est
obscurci.
Les quatre premiers mois de l'année se sont ainsi soldés par 6800 actes de violence, dont la
moitié commis pour voler. Les agressions de rue sont à 50% le fait de mineurs. Quant aux
vols à main armée, ceux des criminels plus endurcis, on en déplore dans le même temps à
Marseille 195 contre 115 durant les quatre premiers mois de 2010.
La ville doit faire avec ses particularismes: 56 patrouilles mobilisables à l'instant T pour
couvrir un territoire 2,5 fois plus grand que Paris. Et un taux de congé-maladie chez ses
fonctionnaires de police de 2 points supérieur à la moyenne nationale. Autour de la
Canebière, tout n'est pas qu'une question d'effectifs…
45 - Politique maritime intégrée pour la Méditerranée : activités du
projet régional coordonnées depuis Tunis
MARDI 10 MAI 2011
Le bureau régional du nouveau projet « Politique maritime intégrée pour la Méditerranée » (IMP-MED),
financé par l’UE dans le cadre du programme EuroMed Transport, a ouvert ses portes à Tunis. Tunis
servira de point de coordination à toutes les activités.
Un communiqué de presse indique que le projet, financé à hauteur de 1,5 million d’euros, cherche à
promouvoir une approche intégrée des questions maritimes dans la Méditerranée. Sa tâche principale est
d’apporter un soutien aux États désireux de développer une politique maritime intégrée nationale et
d’identifier des actions coordonnées dans le domaine maritime à l’échelle régionale. Ces pays pourraient
bénéficier ensuite du soutien de l’UE dans le cadre notamment des actions menées au sein de la Politique
européenne de voisinage (PEV).
Lancé en novembre 2010, le projet IMP-MED vise ainsi à améliorer la gouvernance des affaires maritimes
dans le bassin méditerranéen et a pour objectif d’établir un cadre consensuel en la matière en collaborant
avec les pays partenaires du Sud, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le
Territoire palestinien, Israël et la Syrie.
La Tunisie participe activement au processus et était présente lors de la première réunion régionale IMPMED qui a eu lieu à Athènes, Grèce, au mois d’avril. Au cours de cette réunion, l’UE et les 9 pays
méditerranéens s’étaient donnés pour objectifs d’identifier les besoins spécifiques à chaque pays relatif à
la nouvelle politique maritime intégrée en Méditerranée et d’esquisser ensemble les prochaines étapes
pour la mise en oeuvre du projet.
Le projet EuroMed Transport vise à soutenir la mise en œuvre du Plan d’action régional du Transport
(PART) pour le bassin méditerranéen (2007-2013), en contribuant à la mise en place d’un système de
transport intégré, efficace et sûr dans la région, reconnu comme un facteur clé de développement, de
stabilité et d’intensification du commerce intra-régional. Il tente en particulier d’encourager la
modernisation et le renforcement des capacités administratives, d’améliorer les réseaux d’infrastructures,
d’assurer l’interopérabilité technique et administrative, de mobiliser des sources nationales, régionales et
internationales de financement et d’améliorer la sécurité et la sûreté, surtout dans les secteurs routier et
maritime.
Par ENPI Info Centre
Entretien avec Dalila Achour-Limam, directrice adjointe de EuroMed Transport
http://enpi-info.eu/files/features/Euromed%20Transport%20feature.pdf
EuroMed Transport – http://www.euromedtransport.org/
46 - Mediterranée des Etats, mediterranée des peuples
par Jacques Huntzinger MARDI 10 MAI 2011
Pour une fois, pas de management, de web (encore que...), de technologie... Juste quelques notes prises
à l'occasion de la conférence du lundi organisée par l'IHEDN avec Jacques Huntzinger qui est intervenu
sur le thème Mediterranée des Etats, Mediterranée des peuples. Pour ceux qui souhaiteraient approfondir
le sujet, vous pouvez lire "Il était une fois la Méditerranée"
(http://www.cnrseditions.fr/Sociologie--Ethnologie--Anthropologie/6308-il-etait-une-fois-la-mediterraneejacques-huntzinger.html)
Comme je le disais, ce ne sont que des prises de notes, donc forcément, le style littéraire en prend un
coup. A la relecture, il m'est apparu que l'élément important ( c'est du reste, ce qui m'avait le plus étonné
sur le moment) était la pratique de la non violence dont on se rend compte qu'elle échoue en Lybie, tandis
qu'elle serait en train d'offrir de nouvelles perspectives et moyens de (non)actions aux Palestiniens, non
sans inquiéter quelques services d'Israël qui anticipe déjà quelques difficultés à gérer un engagement
pacifique... Nous verrons bien. La préparation a été longue et remonte à 10/15 ans pour les aspects
sociétaux les plus lourds (démographie, éducation...) et à 4/5 ans pour les aspects plus pratiques, faciilités
en cela par Internet. A ce sujet, les services occidentaux ont reconnu récemment ne pas avoir vu venir le
25
coup, ce qui paraît toujours aussi incroyable quand on commence à comprendre que les activistes ont
développé leurs échanges au travers d'Internet. Confirmation que les services étatiques ont décidément
loupé ce sujet (peut-être concentrés qu'ils étaient dans la lutte contre le téléchargement...).
Bon, je vous laisse prendre connaissance des points évoqués ce soir.
Révolution arabe : révolte des peuples contre leurs Etats
Le périmètre de l’exposé s’est limité, volontairement, à la dimension sociologique.
1/ Méditerranée des Etats
La méditerranée des Etats apparaît au 20ème siècle et succède à la Méditerranée des Empires. Certains
Etats sont anciens (Egypte, Maroc), d’autres sont neufs, voire créés de toutes pièces : Jordanie, Lybie...
Les Etats se construisent sur un nationalisme, autant des dirigeants que des peuples, en osmose. L’Etat
est par nature despotique, qui finira par étouffer les peuples. Il se produit une véritable cassure entre la
conception de l’Etat sur les rives Nord (droit et libertés des peuples) et Sud (despotisme).
A la fin du 20ème siècle, le discours dominant accorde une spécificité au monde arabo-musulman vis à vis
de la démocratie. « Dawla » : dynastie, généalogie… du Prince. Cette notion du Sud s’oppose à celle du
Nord où le Prince exerce le Pouvoir, mais n’est pas le Pouvoir.
Le nationalisme autoritaire emprunte :
- A la constitution sunnite qu’il laïcise ;
- Aux institutions modernes européennes, mais en apparence uniquement pour les structures ;
- A la conception marxiste-léniniste du pouvoir : parti unique, populisme, contrôle des medias.
Le débat sur l’esprit démocratique a toutefois existé, même si ces moments libéraux ont échoué. La
Démocratie est toujours présentée et perçue comme une intrusion étrangère.
Dans les années 1950/ 1960, il n’y a pas d’offre, pas de demande démocratique. Le marxisme léninisme
européen « fait fureur », qui va être à la source (Parti Etat) du socialisme arabe.
Dans les années 1970, se développe une nouvelle légitimation du despotisme :
Instrumentalisation du religieux par le politique ;
rejet de la démocratisation, dangereuse pour la stabilité ;
le risque islamiste fragilise la démocratie.
La pratique du pouvoir s’organise sous la forme de l’Assabia, soit l’exercice du pouvoir par un groupe qui
opère une prédation de l’Etat, accapare le partage des richesses publiques. L’Etat moderne est une
Assabia qui a réussi.
Les appareils de sécurité se distinguent des armées dont les dirigeants se méfient. Le système est
perfectionné, voire sophistiqué.
2/ Méditerranée des Peuples
Nous assistons actuellement, peut-être, à une révolution politique…
La « Délégitimation » des régimes est le premier et principal acquis du « printemps arabe ». On ne
reviendra pas aux formes précédentes de régime.
La modernisation sociale des peuples est le catalyseur oublié des analyses. Aucun analyste n’a pris en
compte l’évolution des sociétés. Les sociétés arabes ont démarré leur modernisation il y a 20 ans, tandis
que les Etats sont restés sur le même mode. C’est cette distorsion, à son paroxysme, qui est devenue
intolérable (Tocqueville).
L’Etat despotique des Etats de la méditerranée présentaient 3 formes différentes de légitimité :
Restitution de la dignité (Nasser en Egypte) ;
Référence historico-religieuse (Roi Maroc) ;
Rétribution par la rente (monarchie pétrolière)
La nouvelle forme de légitimité demandée par la Société repose sur l’universalité, et s’appuie sur :
De nouveaux processus, nouveaux acteurs sociaux
• révolution démographique
• révolution technologique (cela fait au moins 5 ans que les différents meneurs échangent et ont préparé le
mode opératoire des événements du printemps, grâce aux blogs, aux réseaux sociaux...)
• révolution générationnelle : mondialisée, laicisée…etc.
L’échec de l’islamisme radical
• absence de revendications religieuses dans les révoltes
• évolution politique des mouvements islamistes
• les débats internes (participer ou pas)
L’explosion du contrat social
• L’ancien contrat proposait le pouvoir au despote contre le pain au peuple
• L’augmentation des prix, la répartition de plus en plus inégale, le clanisme… ont créé un décalage, et
finalement une rupture.
3 révolutions sont acquises :
- délégitimation des pouvoirs établis
- mouvements lacicisés et mondialisés
- non violence (un des facteurs les plus importants)
Pour conclure, les transitions possibles :
- Tunisie : seule situation où délégitimiation et révolte aboutissent sur une révolution constitutionnelle
(élection assemblée constituante), politique (disparition de l’ancien parti, parité homme / femme…Etc.), et
sociale (force du débat).
- Egypte : le fait marquant est l’alliance entre le mouvement du 06 avril et l’Armée. Mais l’Egypte est
directement passée aux élections législatives et présidentielles. Situation à analyser en septembre.
- Maroc : ce pays présente un processus contradictoire qui réaffirme une létimitié historique (réaffirmation
de la monarchie) tout en introduisant une nouvelle légitimité populaire (introduction du référendum)
- Syrie, Lybie, Algérie (pays qui a le plus de révolte depuis 15 ans, mais traumatisme de guerre civile)
- Complexité sociale et politique
• Dualité Anciens (clans) / Modernes (mondialisé)
• Evolution de l’islamisme politique
• Rôle des armées
• Quel modèle ? Certains avancent le modèle Turc, mais il n’est pas certain que ce soit le modèle qui se
dégagera
- Economie
- Géostratégie (Barhein, Syrie)
Source http://www.conseil-ebusiness.com/2011/05/mediterran%C3%A9e-des-etats-mediterran%C3%A9edes-peuples-par-jacques-huntzinger.html
47 - Le coût de la LGV Marseille-Nice fait à nouveau tousser
Par Pierre BOUCAUD le 10 mai 2011 MARSACTU
Une fois que l’avalanche de Unes consacrées à Mitterrand et au 10 mai 1981 sera oubliée, c’est un autre
anniversaire dont on risque de reparler, et que la SNCF fête déjà à grand renfort de communication :
l’inauguration il y a 30 ans de la première ligne TGV. Libération d’hier y consacre un article ” TGV, des
lignes lancées trop vite”, qui revient sur “son réseau de 1900 km et ses 1,7 milliard de passagers”.
“Délire absolu”
Mais la journaliste Catherine Masson angle son papier sur les 30 ans qui viennent et les 4500 km de
futures LGV (lignes à grande vitesse) prévues par le Schéma national des infrastructures de transports
(Snit, dont l’avant-projet est ici). Et surtout leur financement. Et là, on apprend que pour Hervé Mariton, le
député UMP et rapporteur du budget des transports pour la commission des finances ce financement est
“totalement virtuel“, et que pour Yves Crozet un expert des transports, “Marseille-Nice envisagé par le
Snit relève même d’un délire absolu”.
Un avis qui semble partagé par Hervé Mariton : “les recettes ne vont couvrir que 10% du coût de
l’infrastructure ! Ce n’est pas raisonnable“. Et que le député de la Drôme a répété a France Bleu Provence
ce matin. Voilà qui risque de jeter comme un froid pour les partisans de la LGV des métropoles , et
apporter de l’eau au moulin de ceux qui ne veulent pas en entendre parler comme l’ex-préfet de Paca
Michel Sappin.
Alors, entre les lignes de Libé, on retrouve bien les postures des uns et des autres : coup de frein sur les
dépenses de l’Etat pour Hervé Mariton, pour le patron de la SNCF Guillaume Pépy halte à l’augmentation
des péages, prélevés par Réseau ferré de France pour le développement des lignes et que la compagnie
doit répercuter sur ses billets. Mais au-delà, c’est bien le TGV, dont on célèbre encore à Marseille l’arrivée
comme un booster du “renouveau”, qui patine parfois. Dans le Sud Ouest, la ligne Bordeaux-Bayonne qui
vise à sortir les camions qui surchargent les routes de la frontière fait face à une vive contestation.
La fin du modèle TGV ?
26
Et si les associations peuvent sembler motivées par des intérêts de type propriétaires spoliés, les
arguments avancés sont parfois autres, comme dans cette interview dans Sud Ouest, où Victor Pachon
clame que “nous sommes à la fin du modèle TGV”, affirmant qu’“en termes d’aménagement du territoire,
la grande vitesse est une aberration”, et que “le défaut majeur du modèle TGV est qu’il assèche le
territoire autour des métropoles”. On expliquera ça à Ryanair…
Ces arguments, comme d’autres, sont contestés par le président de la Fédération nationale des usagers
de transport, Jean Sivardière : “Si [les LGV] ont des effets pervers pour l’aménagement du territoire, c’est
parce que la SNCF favorise les relations par TGV et abandonne la desserte des villes moyennes ou les
maintient dans un état médiocre, voire déplorable, et parce que de nombreuses gares nouvelles ont été
implantées stupidement à la campagne, sans connexion avec le réseau existant. Ces effets pervers ne
sont pas intrinsèques aux LGV, ils sont correctibles”, écrit-il au site Reporterre.
Le débat a au moins le mérite de souligner une question : si la LGV Paca doit, pour ses partisans, libérer
de la place pour le trafic TER, pas sûr que dépenser 15 milliards d’euros pour mettre Nice à un peu plus
d’une heure de Marseille ne facilite le déblocage de crédits pour améliorer le réseau de proximité (train
mais aussi urbain). Histoire que Luminy-Saint Antoine se fasse en moins de temps que St Charles-Nice
TGV…
48 - Des Marocaines militent pour l'égalité homme/femme dans la
Constitution
De Caroline TAIX (AFP)
RABAT — Des associations de femmes au Maroc militent pour que l'égalité des sexes soit inscrite dans la
Constitution, profitant en plein printemps arabe de l'annonce de réformes constitutionnelles par le roi
Mohammed VI.
"La démocratie implique l'égalité entre tous les citoyens, donc sans égalité entre les sexes, il n'y a pas de
démocratie", lance, décidée, Tahani Madmad, étudiante de 20 ans qui milite dans le Mouvement de
contestation du 20 février.
"L'égalité homme/femme est très présente dans les revendications du 20 février", se félicite-t-elle. "C'est
l'occasion ou jamais de changer les choses", dit la jeune femme.
Le Mouvement de jeunes du 20 février revendique des réformes politiques et sociales profondes au Maroc
et appelle notamment à une limitation des pouvoirs du roi.
"Il ne faut pas rater ce moment historique où la Constitution va être modifiée", renchérit Amina Tafnout,
militante féministe.
Dans un contexte de révolutions et de troubles secouant différents pays arabes et après des
manifestations dans plusieurs villes du pays, le roi Mohammed VI a annoncé le 9 mars des réformes
constitutionnelles visant notamment à renforcer le rôle du Premier ministre.
Dans ce discours, il a également appelé à encourager "l'égal accès des hommes et des femmes aux
fonctions électives".
Une semaine après, une vingtaine d'associations se regroupaient pour créer une "coalition" baptisée
"Printemps féministe pour l'égalité et la démocratie". Elles ont rédigé un mémorandum commun dans
lequel elles demandent d'inscrire l'égalité homme/femme dans la Constitution et exigent la primauté des
conventions internationales sur les règles nationales.
Le droit de vote des femmes a été inscrit dans la première Constitution du Maroc indépendant en 1962.
Dans la réalité et malgré l'évolution des mentalités, les femmes restent marginalisées aussi bien par les
électeurs, notamment dans les régions rurales, que par certains partis politiques qui se "méfient" des
"femmes candidates", soulignent les observateurs.
"On peut dire qu'il y a une méfiance initiale à l'égard des femmes au sein de beaucoup de partis politiques
marocains qui préfèrent présenter des +candidats hommes+, notamment dans le milieu rural", reconnaît le
politologue Nadir Moumni, de l'université Mohammed V de Rabat.
"Mais les enquêtes ont également montré que lorsqu'une femme s'impose dans un parti ou dans une
région, elle devient une valeur sûre", ajoute M. Moumni. "La Constitution, c'est la loi suprême, la source de
toutes les autres lois et donc si l'égalité y est inscrite, ça ouvre la voie pour l'égalité dans les droits
économiques, sociaux, civils, culturels...", dit Fouzia Assouli, de la Ligue démocratique pour les droits des
femmes (LDDF).
"Les femmes sont encore des citoyens de second ordre", déplore-t-elle, avant de citer l'accès à l'emploi, à
la propriété, et la polygamie qui n'est pas abrogée.
Malgré un nouveau Code de la famille entré en vigueur en 2004, et beaucoup plus avancé que le
précédent, les femmes marocaines n'ont pas le même statut que les hommes.
"Pour les femmes, la procédure pour divorcer est plus compliquée", déplore Amina Tafnout. "C'est toujours
le père qui est le tuteur, même s'il quitte les enfants. Par exemple, la mère ne peut pas voyager seule à
l'étranger avec ses enfants sans l'accord du père", dit-elle encore.
"Les filles héritent de la moitié de la part de leurs frères", dénonce Amina Lemrini, fondatrice en 1985 de
l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM). "Les poursuites pénales à l'encontre d'un
violeur cessent automatiquement s'il accepte d'épouser sa victime mineure et nubile", explique-t-elle
encore.
"La réforme de la moudawana (Code de la famille), c'était une première étape", dit Amina Tafnout, qui
s'était battue avec les autres militantes pour cette réforme. "Dans les tribunaux, on a laissé une grande
marge d'interprétation aux juges", déplore-t-elle.
"La réforme n'a pas suffisamment été accompagnée de sensibilisation", poursuit-elle, même si elle
reconnaît qu'elle a "permis de casser les tabous".
Des représentantes d'associations féministes ont été entendues le 11 avril par la Commission chargée de
la réforme de la Constitution, formée par le roi au lendemain du discours du 9 mars et présidée par le
juriste Abdeltif Menouni.
"La commission était très à l'écoute, nous avons pu bien parler. Ca a été très positif à mes yeux", se
réjouit Rhizlaine Benachir, présidente de l'association Jossour forum des femmes marocaines.
Les militantes devraient être fixées en juin. Amina Lemrini y croit: "Quand on se bat au quotidien, il faut
être optimiste", dit-elle. En attendant, elle milite aussi auprès des partis politiques.
49 - Claude Guéant veut étendre les "cellules de citoyenneté"
13/05/11 à 15:05
Mis en place dans les Bouches-du-Rhône, ce dispositif consiste à rencontrer les auteurs de petites
infractions toutes les six semaines.
Le ministre de l'Intérieur s'est félicité une baisse de 40% de la criminalité à Châteaurenard en six ou sept
ans, alors que la cellule n'est effective que depuis six mois. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant s'est prononcé, vendredi 13 mai, pour l'extension des dispositifs
de "cellules de citoyenneté et de tranquillité publique" (CCTP), lors d'une visite d'une telle structure dans
les Bouches-du-Rhône.
Le ministre était en déplacement dans la commune de Châteaurenard, située à quelques kilomètres
d'Avignon et affichant un taux de chômage de 15,64% (contre 10,49% pour la moyenne nationale). Cette
ville dispose d'une CCTP qui mobilise le maire, le procureur, un policier, un gendarme, une assistante
sociale et le proviseur.
Mise en place par le député-maire UMP Bernard Reynès, cette cellule, effective depuis six mois, découle
de l'application de la loi sur la prévention de la délinquance votée en 2006. Un dispositif adopté selon l'élu
par une soixantaine de maires des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse, et en cours d'adoption
dans une trentaine d'autres communes.
De "grandes théories américaines"
Principe du dispositif : la police municipale constate une infraction (tag, poubelles déversées, incivilité,
dégradation du domaine public) et fait un rapport d'information au maire. Lequel convoque alors toutes
les six semaines devant la cellule les auteurs des faits, avec leurs parents s'il s'agit de mineurs.
Sont alors prononcés des rappels à la loi pouvant être couplés d'amendes, dont le montant maximal est de
1.330 euros ou d'un maximum de 30 heures de travaux publics non rémunérés.
Pour l'heure, deux réunions de la cellule ont eu lieu à Châteaurenard et huit cas ont été traités, rapporte
Bernard Reynès.
"On peut diviser Marseille"
Cette disposition constitue " la traduction à Châteaurenard des grandes théories américaines sur la vitre
27
brisée, à savoir qu'il faut tout de suite une réponse à un dysfonctionnement qui se manifeste", a estimé
Claude Guéant. Et d'indiquer que la délinquance a "baissé de 40% en six ou sept ans" dans la
commune.
"Cet exemple doit être étendu à d'autres points du territoire", a encore avancé le ministre. "C'est
transposable : on peut diviser Marseille, d'abord il y a des arrondissements, on peut multiplier les petits
groupes de travail comme ça".
"Nous ne sommes pas des shérifs et nous ne voulons pas l'être", a pour sa part fait valoir le maire de
Châteaurenard.
Le Nouvel Observateur - AFP
49/1 - Les trafics de drogue décryptés par la justice marseillaise
De Maureen COFFLARD (AFP)
MARSEILLE — Derrière les réglements de comptes qui ensanglantent Marseille, on retrouve d'abord les
trafics de stupéfiants, que magistrats et avocats spécialisés décrivent comme l'oeuvre de réseaux
systématiquement armés, violents, ne redoutant plus la prison, "simple étape de parcours".
Pour ce magistrat familier de la 7e chambre correctionnelle de Marseille, considérée comme la juridiction
la plus sévère de France en matière de stupéfiants, deux types de réseaux affectent la cité phocéenne.
Les "trafics Jirs", du nom de la juridiction chargée de la criminalité organisée de Perpignan à Menton sans
oublier la Corse. La France n'étant pas ou peu productrice de drogues, les ramifications internationales
sont inévitables, notamment avec l'Espagne, le Maroc, l'Italie ou les Pays-Bas.
Le second type de réseaux est marseillo-marseillais et concerne le "trafic de cités", très structuré : au bas
de l'échelle, les "choufs" ou guetteurs, souvent mineurs, alertent de l'arrivée de la police et peuvent gagner
"100 euros par jour plus un panier-repas de dix euros".
Au-dessus, les vendeurs, avec peu de produit et d'argent sur eux, fournissent les clients. L'un d'eux,
mineur de 16 ans, a été abattu en novembre dans la cité du Clos La Rose d'une rafale de Kalachnikov.
Ces vendeurs sont alimentés en drogue et se délestent de l'argent du deal auprès de "gérants" qui
stockent les marchandises dans l'appartement de "nourrices", souvent des personnes vulnérables
psychologiquement et notamment des mères célibataires, faiblement rémunérées ou "dédommagées" en
nourriture ou cadeaux divers. Lieux servant à se réfugier en cas de descente de police, ces appartements
dont ils détiennent les clés, servent aussi "tous les deux-trois jours" aux "gérants" pour découper les
barrettes de cannabis.
Ils stockent également dans des caves de grosses quantités de drogue achetées par "sacs de 50 kg" à
des fournisseurs qui s'approvisionnent au Maroc et font remonter la marchandise par "go-fast" maritime
puis terrestre, d'Espagne jusqu'en France.
"J'ai vu au fil des années ces réseaux s'armer", glisse l'un de ces magistrats, qui relate la découverte
récente dans la cité Font Vert de deux bazookas dans un appartement avec trois enfants en bas âge.
Dans ces trafics, on trouve également des femmes "mules" chargées de ramener de l'étranger cannabis,
cocaïne et ecstasy. Les compagnes de trafiquants tombent, elles, pour non-justification de ressources.
L'un des magistrats cite cette femme sans emploi, qui "ignorait tout des activités de son mari" au RMI,
chez qui dix malles Hermès ont été découvertes.
Dans ce "business énorme", chaque vendeur peut traiter "200 à 300 clients par jour" à raison d'une
barrette (2g) valant de 10 à 20 euros, d'une "savonnette" de cannabis de 250 g à 250 euros, ou encore de
cocaïne, "dont le gramme coûte entre 40 et 60 euros", en nette baisse depuis une décennie.
A cela se greffent les trafics marginaux des "consommateurs-cultivateurs d'herbe" et de médicaments
(Subutex et Rivotril, 5 euros par cachet), à proximité de la Canebière.
Pour démanteler les réseaux, les écoutes téléphoniques constituent l'arme maîtresse, associée à un
travail minutieux de surveillance policière afin de saisir le maximum de drogues, armes et argent lors des
perquisitions.
Pour avocats et magistrats, l'action de la justice la plus douloureuse est la saisie matérielle et surtout
immobilière des trafiquants et de leurs proches. Selon Jean-Jacques Campana, avocat spécialisé, ces
trafiquants, "attirés par l'argent facile", "n'ont aujourd'hui peur de rien, que ce soit de prendre une balle ou
d'aller en prison", qu'ils voient comme un "passage obligé" et où les quartiers sont reconstitués,
notamment aux Baumettes.
49/2 - Les sparadraps marseillais de Claude Guéant
Fondation Jean-Jaures 17.05.11 Le Monde Idée
Les statistiques nationales des violences aux personnes sont en baisse. Pourtant, à Marseille, on recense
en deux ans plus de quarante assassinats et vingt dans les premiers mois de 2010.
Depuis 2002, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, a institué un schéma de communication
imparable : réaction médiatique systématique et immédiate, puis annonce de séries de mesures aussi
retentissantes que sans effet. Brice Hortefeux puis Claude Guéant ont reproduit la mécanique bien huilée
de leur prédécesseur, avec un peu moins de talent. Tous ont œuvré à nous persuader qu'il était possible
de mettre un terme à un mal profond et qui ne fait que s'étendre à coups de mesurettes.
Pour Brice Hortefeux ou pour Claude Guéant, le 21 novembre 2010 ou le 5 mai 2011, chaque tuerie a été
prétexte à dévider les "rouleaux de sparadrap" : renflouement des effectifs, recentrage de l'action des
forces mobiles, renforcement des services de renseignement, etc.
Ces annonces masquent la réalité : la purge continue des effectifs des policiers et des gendarmes dans le
département des Bouches-du-Rhône et la détérioration de la sécurité publique dans l'agglomération de
Marseille.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : en 2002, 4 507 policiers dans les Bouches-du-Rhône ; en mai 2011, ils
ne sont plus que 4 149. En 2007, 680 gendarmes ; aujourd'hui, 638. A Marseille, on compte 376 policiers
de moins aujourd'hui qu'en 2007, alors même que la population a augmenté de 40 000 habitants. Et là où
les effectifs n'ont pas baissé, les équipes ont été réorientées vers des taches supplémentaires ou leurs
zones d'action élargies. Entre baisse globale et réorientation du personnel, les effectifs dédiés à la sécurité
publique se sont dégradés bien davantage encore que le simple solde ne le laisse penser.
En conséquence, en 2010, les Bouches-du-Rhône et Marseille enregistrent une forte augmentation de la
délinquance dans différents indicateurs (vols avec violence, trafic de stupéfiants, augmentation du nombre
de plaintes, etc.). Et personne ne doute que les 195 vols à main armée perpétrés en 2010 soient
dépassés en 2011, puisque 115 sont d'ores et déjà enregistrés.
Dans un tel contexte, que pèsent les annonces des différents ministres ? Disproportionnées (cinq
spécialistes du renseignement en renfort pour une plaque urbaine d'un million d'habitants), rebattues
(renforcement des équipes annoncé mais déjà prévu), éphémères ("fidélisation" de compagnies CRS
durant quelques semaines seulement), lacunaires (39 adjoints de sécurité manquent encore aux 117
annoncés par Brice Hortefeux en novembre 2010), faussées (le renforcement des effectifs évoqué par
Claude Guéant n'est en réalité que la conséquence de l'élargissement de la compétence territoriale de la
police autour de Marseille), ces annonces successives sont peu suivies d'effets.
Les forces de sécurité des Bouches-du-Rhône appliquent au quotidien une politique aux objectifs
aléatoires qu'elles n'ont pas les moyens de satisfaire. Les effectifs fondent et leur moral est atteint. Une
illustration de la dynamique à l'œuvre dans le reste du pays ?
49/3 - Les Français n'ont jamais autant bu de vin rosé
17.05.2011 http://www.leparisien.fr/
Le vin rosé est désormais totalement rentré dans les habitudes de consommation des Français. Selon une
récente étude du Comité interprofessionnel des vins de Provence, la consommation de rosé représente
plus de 25% du volume total des vins, quand en 1990 cette proportion se situait seulement à 10,8%.
En l'espace de 20 ans, la consommation de rosé a plus que doublé, pour représenter plus de 25% du
volume total de vins.
Selon le Comité interprofessionnel des vins de Provence, "plus d'une bouteille de vin acheté sur quatre est
une bouteille de vin rosé", soit plus de 9 consommateurs sur 10 se déclarant consommateur de ce vin
estival. Dans le monde, les Français sont les plus grands consommateurs de vin rosé.
Dans ce rayon, la Provence dispose d'un atout majeur, puisque 46% des consommateurs associent cette
région au rosé. Une association logique. Le Comité interprofessionnel des vins de Provence précise que
28
150 millions de bouteilles y sont produites chaque année, assurant 38% de la production nationale et 8%
de la production mondiale.
"Le rosé correspond à l'évolution de nouvelles tendances de consommation et accompagne l'émergence
de nouveaux styles de vie : des repas moins structurés, le développement de la cuisine du monde, la
simplicité, la découverte et la convivialité", analyse l'organisme.
49/4 - « Averroès Junior » ou l’essaimage d’une citoyenneté
méditerranée
21 mai 2011 | src.LeJMED.fr
« Aider les jeunes générations à s’inscrire dans un environnement méditerranéen d’un point de vue
politique, culturel, artistique et historique » afin qu’émerge la conscience partagée d’une « citoyenneté
méditerranéenne », c’est l’immense ambition à laquelle contribue « Averroès Junior ». Une ambition
titanesque, et depuis cinq ans un travail quotidien de fourmi, dont Jean-Jacques Gilliard nous rapporte ici
les moments essentiels.
Tribune Libre - Titre original :
Averroès Junior, un essaimage nécessaire
par Jean-Jacques Gilliard Directeur d’Espaceculture_Marseille qui organise et produit les Rencontres
d’Averroès, conçues par Thierry Fabre
Depuis dix-sept ans, les Rencontres d’Averroès se proposent à l’automne, à Marseille et en région
PACA, de « penser la Méditerranée des deux rives ». Conçues comme un moment de partage de la
connaissance entre des spécialistes du pourtour méditerranéen et ceux qui ne le sont pas, les tables
rondes ont rencontré dès la première édition un public nombreux, curieux et attentif. Elles bénéficient par
ailleurs d’une large diffusion, puisque France Culture retransmet les débats sur son antenne et sur sa
webradio. Après avoir initié en 2000 un programme culturel en amont des tables rondes, apportant une
approche artistique, sensible des problématiques soulevées, c’est tout naturellement que nous nous
sommes tournés vers le jeune public, dès 2005. C’est précisément sur la base des propositions culturelles
« sous le signe d’Averroès » qu’Averroès Junior a pu se mettre en place.
Des propositions en constante évolution
Initié sous la forme d’une séance test, le premier Averroès Junior a concerné trois classes de lycéens
invités à découvrir un film avant de participer à un débat. Ce sont donc « Quando sei nato… » de Marco
Tullio Giordana et un responsable de l’association « Jeunes errants » qui ont ouvert la route au cinéma
Les Variétés, à l’automne 2005. Par le biais de cette fiction, des lycéens ont ainsi pu découvrir la question
des sans-papiers qui traversent la Méditerranée sur des bateaux de fortune et tentent d’entrer en Europe
par l’île de Lampedusa.
Depuis, le projet ne cesse de se développer, freiné uniquement par les contraintes humaines et
financières. Le programme s’est diversifié, dure plus de six mois et concerne à présent tous les niveaux à
partir de l’école primaire. Ainsi près de 2 000 élèves ont participé cette année au programme Junior.
Projections de films de fictions, de films courts, de documentaires, ateliers d’écriture, ateliers
photographiques, promenades cartographiques, visites d’expositions, participation à des journées
« découvertes » à Arles, Apt ou Avignon. Autant d’opportunités pour les élèves et les enseignants
d’approcher la question méditerranéenne dans son ensemble, la problématique de l’année ou encore les
questions philosophiques.
Un réseau de partenaires culturels et d’artistes
Si le programme Junior a pu se développer et être pérennisé, c’est grâce à la mobilisation et à l’implication
de structures, d’artistes, d’enseignants et d’institutions. En bref, grâce au concours de personnes de
« bonne volonté ». On pourra citer Jeanne Baumberger qui choisit les films longs et réalise les dossiers
pédagogiques, l’association TILT dédiée à la promotion des films courts, le Centre international de Poésie
Marseille, les Ateliers de l’Image, le musée Arlaten, le Musée arlésien du patrimoine antique et la
Médiathèque d’Arles, les artistes Jihane El Meddeb, Mathias Poisson, Nicolas Tardy, Elisabeth Leuvrey,
Marie-Jo Long…
En effet, il est nécessaire de choisir des œuvres adaptées, d’en fournir les clés par la réalisation de
dossiers pédagogiques, de penser et mettre en œuvre des ateliers en relation avec la thématique, de
concevoir des visites de sites ou d’expositions qui éveillent la curiosité, de valoriser les expériences et les
travaux d’élèves, de motiver des intervenants à rencontrer les jeunes. Bref, de créer les conditions d’une
ouverture, de susciter chez les juniors ce même appétit de découverte et de débat, ce plaisir à
comprendre, que l’on trouve dans les Rencontres proprement dites.
Des allers-retours incessants d’un projet à l’autre !
Encore aujourd’hui il est fréquent que des films proposés « Sous le signe d’Averroès » se retrouvent
ensuite dans le programme junior. Cette année, par exemple, les documentaires présentés à la Maison de
la Région ont ensuite été projetés à la demande, à Espaceculture, pour les établissements scolaires. En
2006, le documentaire d’Elisabeth Leuvrey, « La Traversée », a d’abord été programmé au cours des
Rencontres qui se sont déroulées à Alger ; le film fut ensuite inclus dans le programme « Sous le Signe »,
puis dans le dispositif junior, toujours avec des interventions de la réalisatrice. Avec le plasticien Mathias
Poisson, nous avons travaillé dans l’autre sens : nous l’avons d’abord sollicité pour animer des ateliers
juniors et nous lui avons ensuite confié le projet de l’exposition 2010, « Paysages sensibles », au Mucem.
Idem avec les Ateliers de l’image qui avaient coproduit en 2009 l’exposition Bourdieu, avant d’animer en
2011 des ateliers photographiques.
Recueillir les traces…
Au final, des expériences multiples et variées que nous avons décidé de partager par la création d’un blog
Averroès Junior.
En effet, au fil des années, nous avons réalisé que ce projet répondait à un besoin de certains
enseignants alors que parallèlement nous accumulions des ressources pédagogiques. Difficile cependant
de relater et d’expliquer de manière statique sur un site Internet la dynamique du programme. Le blog
nous a semblé être l’outil le plus adapté. Chaque protagoniste du projet Junior – enseignant, élève,
artiste, intervenant, organisateur – peut s’en emparer, montrer les réalisations des élèves, raconter,
illustrer et commenter les séances. Ce blog peut également inspirer des enseignants ou formateurs
désireux de mener des projets sur les questions méditerranéennes, selon le bon vieux principe de
l’essaimage !
Après cinq années de programme Junior on peut se permettre de dresser un premier bilan, mais aussi de
sonner l’alarme ! L’étendue de ce qui peut être fait – voire doit être fait – est énorme. Car finalement, nous
sommes face à des enfants curieux, des ados parfois déboussolés, des enseignants à la recherche de
vecteurs pour aborder des thèmes sensibles, désireux de mobiliser leurs élèves sur des projets originaux
sans nécessairement obtenir des budgets pour leur mise œuvre. Les propositions peuvent parfois nous
sembler dérisoires face à la demande ou à l’ampleur du chemin à parcourir. Mais, nous vivons également
de beaux moments et récoltons, auprès des enseignants et des élèves, des témoignages émouvants voire
déroutants. C’est aussi ce qui nous pousse à poursuivre, à développer, à initier de nouveaux projets.
Nos partenaires étrangers, à Rabat et Cordoue, constituent, dans ce champ une véritable source de
stimulation et d’inspiration. Les ateliers philosophiques ou le concours de Jeunes penseurs organisés par
l’association « Sous le signe d’Ibn Rochd » à Rabat sont, à ce titre, exemplaires. L’internationalisation ellemême nous incite à rêver à des croisements d’élèves dans le sillage d’Averroès. Enfin, les compétences
et les réseaux de certains de nos partenaires, comme Zinc/ECM, pourront faciliter la mise en place
d’échanges via Internet entre des élèves d’Egypte et de la Région autour des problématiques des
Rencontres, ou tout simplement autour de leur propre expérience.
« Nous sommes tous des citoyens méditerranéens »
Cette paraphrase résume notre ambition. Aider les jeunes générations à s’inscrire dans un environnement
méditerranéen d’un point de vue politique, culturel, artistique et historique. Bien entendu, ce travail de
prise de conscience est réalisé par petites touches en empruntant bien souvent des chemins de traverse.
Nous misons sur l’imprégnation, sur l’idée de semer des graines qui dans certains cas parviendront à
pousser. Un travail de fourmi donc, mais extrêmement passionnant et stimulant.
Jean-Jacques Gilliard, Directeur d’Espaceculture_Marseille, qui organise et produit les Rencontres
d’Averroès, conçues par Thierry Fabre
49/5 - Les touristes augmentent en Méditerranée mais pas assez selon
Meta
29
Le tourisme méditerranéen représente 31.5% du tourisme mondial
MÉDITERRANÉE. Les arrivées touristiques internationales sur les trente marchés méditerranéens ont
progressé de 4,37% entre 2010 et 2011 révèle l'association Meta (Mediterranean Travel Association) avec
12,4 millions de personnes supplémentaires accueillies en 2010.
L'augmentation est moindre que celle des arrivées touristiques mondiales de 59,5 millions de touristes
supplémentaires (+ 6,77%).
Selon le rapport, la croissance méditerranéenne est fébrile "probablement due à un manque de diversité
des offres méditerranéennes qui disposent pourtant d’un patrimoine bâti et immatériel parmi les plus
importants au monde". Toujours selon la même source, la part de marché mondiale de la Méditerranée
tend à croître "que lorsque le marché global est en crise (devenant alors une destination refuge) et n’arrive
plus à faire jeu égal avec les destinations concurrentes (Asie Pacifique, Océan Indien Caraïbes,
Amériques), lorsque le marché mondial progresse fortement".
Le pourtour méditerranéen est néanmoins à la tête des parts de marchés mondiales, 31.5% des touristes
mondiaux viennent en Méditerranée.
Les chiffres présentés se basent sur les études de Meta mais aussi du World Travel & Tourism Council,
des organisations et agences internationales et du baromètre 2010 de l’Organisation Mondiale du
Tourisme publié en mai 2011.
Vendredi 20 Mai 2011 Astrid Jousset, ECONOSTRUM
49/6 - Un « kit » de développement durable pour les villes
méditerranéennes
Marseille participe avec dix autres grandes villes d’Europe du Sud au projet Catmed. Objectif ? Lutter
contre les changements climatiques et leurs effets en tenant compte des spécificités méditerranéennes
communes. Signée récemment, la Charte de Malaga permet d’amorcer la constitution d’une plateforme qui
pourra un jour servir de modèle à d’autres villes méditerranéennes.
Lancé en mai 2009 à Malaga, le projet Catmed (Change mediterranean metropolises around time) a pour
ambition de proposer des solutions concrètes afin de réduire l’impact de l’urbanisation sur l’environnement
en limitant l’émission des fameux gaz à effets de serre.
Co-financé par l’UE, animé par la Ville de Malaga avec l’appui de l’Institut de la Méditerranée et l’agence
d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (AGAM) et de l'établissement public Euroméditerranée
(EPAEM) , ce programme institue une coopération concrète entre dix villes (Athènes, Barcelone,
Communauté du Pays d’Aix, Gênes, Malaga, Marseille, Rome, Séville, Valence, Tunis).
Explications de Bernard Susini, adjoint au maire de Marseille, délégué au développement urbain durable
et au plan climat territorial. « Il s’agit de mutualiser nos efforts pour penser et concevoir des villes
méditerranéennes comme des modèles urbains durables. Nous travaillons sur quatre axes : définir les
priorités de ce que doivent être des quartiers et des villes sur ce nouveau modèle, établir et partager des
indicateurs urbains de durabilité en mettant en place des moyens permettant de corriger les erreurs,
promouvoir cette expérimentation et constituer une plate-forme d’expériences de métropoles
méditerranéennes qui pourra être utilisée par d’autres villes du Sud ».
Formalisé dans la Charte de Malaga signée le 7 février, ce programme se veut opérationnel en 2020. Les
pays du Maghreb et la Jordanie seraient déjà très intéressés par la future plateforme Catmed
Euroméditerranée, quartier durable pilote du projet Catmed
Dans ce cadre, le territoire d’Euroméditerranée retenu récemment par l’Etat parmi les treize « EcoCités »
françaises est un terrain idéal d’application de cette expérimentation d’autant qu’il répond à tous les
critères d’un quartier méditerranéen. « L’urbanisme est désormais pensé en amont de façon globale ce qui
n’était pas le cas autrefois.
Preuve en est, la prise en compte de la hiérarchisation des voies d’accès et de la multimodalité des
transports, bus, tramway, vélos et voitures, ou l’objectif de mixer activité professionnelle et habitat mais
aussi services, commerces, équipement, lieux de distraction, petites places, espaces verts, etc. », poursuit
Bernard Susini.
Ainsi, sur la zone Euroméditerranée 2, est prévu le parc des Aygalades, extension du parc François
Billoux qui apportera plus de verdure au nord de la ville tout en servant de bassin de rétention en cas de
crue. Autre projet dans le domaine de l’énergie, cette « boucle à eau de mer » qui consistera à pomper de
l’eau de mer à 13 ou 14°, permettant de chauffer et rafraîchir les futurs immeubles de façon économique
et écologique… Deux exemples parmi d’autres de ce qui pourrait devenir à terme un modèle
d’aménagement durable méditerranéen.
Charte de Malaga.pdf (3.2 Mo)
49/7 - LCM, la chaîne de télévison locale bientôt rachetée ?
Par Pierre BOUCAUD le 26 mai 2011 MARSACTU
Deux ans après avoir été reprise par deux investisseurs marseillais, Patrick Siri – un entrepreneur de
l’immobilier – et Bertrand Bigay – ex-patron fondateur de Cityvox – la chaîne de télévision locale LCM
serait de nouveau à vendre. Si les deux managers ont réussi à diminuer fortement les pertes de la chaîne
(notamment en réduisant les effectifs…), la télé marseillaise a encore perdu de l’argent en 2010, bien
qu’ils indiquent qu’elle pourrait être à l’équilibre en 2011.
Si les conditions de vente de LCM de son ancien actionnaire majoritaire, la Caisse d’Epargne ont plutôt
été très favorables au duo Siri-Bigay, le cash laissé dans les caisses par l’écureuil à son départ a
néanmoins petit à petit été grignoté. Une pelote qui s’est vidée plus rapidement que prévu, les recettes
publicitaires de la télé se prenant de plein fouet la crise économique de ces deux dernières années. Pas
de bol pour les repreneurs, qui doivent maintenant financer seuls la chaîne. Du coup ils viennent de mettre
LCM sur le marché, et le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne se bouscule pas au portillon du Pôle
média de la Belle de Mai, siège de la télé.
Kenavo Vincent
Pendant longtemps ils ont espéré vendre au tycoon breton Vincent Bolloré. Le propriétaire entre autres de
la chaîne Direct 8 et des gratuits Direct Matin a récupéré il y a déjà plusieurs mois des autorisations
auprès du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) pour lancer des télés locales à Nice et à Toulon, suite
au désistement du groupe Hersant – l’actionnaire de La Provence et de Nice Matin – initialement
détenteur des fréquences. Si, à l’époque, Bollo semblait avoir quelques réelles vélléités pour se lancer
cette aventure audiovisuelle, beaucoup d’observateurs pensaient néanmoins qu’il faisait cet
investissement surtout pour faire plaisir à son ami Estrosi, le maire de Nice, qui avait dans le nez Nice
Matin et rêvait de leur balancer un solide concurrent.
Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé dans le Paillon. Estro n’est plus ministre et Bolloré s’est associé à
Aix-en-Provence avec Hersant pour lancer un gratuit afin de contrer les assauts du Dauphiné Libéré et de
son Aix City Local News. La télé locale de Nice attendra, celle de Toulon aussi. Aux dernières nouvelles
Direct Azur, le nom de la future chaîne, pourrait être lancée avant la fin d’année, avec au moins deux ans
de retard. Pourtant l’idée de faire un grand réseau de télévisons locales méditerranéennes qui irait de
Menton à Marseille avait du sens. Et donc LCM, le maillon marseillais de la valeur. Mais comme
aujourd’hui Bolloré a autant envie d’investir dans la télé locale que de réinviter un jour Sarkozy sur le
Paloma, Bigay et Siri vont devoir se trouver un autre acquéreur.
A l’est rien de nouveau, alors cap à l’ouest
Le candidat le plus sérieux aujourd’hui est le groupe nimois Médias du Sud. Un groupe à l’origine présent
dans la presse gratuite, qui a notamment crée le Journal des Plages, et s’est diversifié dans la télé locale
en rachetant d’abord Télé Miroir à Nimes à Hersant Médias, il y a 3 ans, puis la télévision locale de
Montpellier 7L TV à NRJ l’an dernier. La très mauvaise nouvelle pour nos deux marseillais, c’est que le
patron et co-fondateur de Médias du Sud, Christophe Musset, n’a pas la réputation d’être un grand poète
en affaires. Il a reprit ses deux premières télés pour l’euro symbolique, et il vient d’ailleurs de les fusionner
en une seule, TV Sud.
La partie n’est donc pas gagnée pour Bigay et Siri qui aimeraient faire une petite plus value dans
l’opération. Ils essaient donc d’entrainer dans le futur tour de table le groupe bordelais de PQR Sud-Ouest,
qui possède aussi le Midi Libre, le quotidien montpelliérain, et qui opère aussi TV7, la télévision locale de
Bordeaux, première en France en terme d’audience et à un projet à Perpignan.
Comme Bolloré snobe ce petit monde, l’idée serait de se tourner vers l’ouest et de construire un arc
méditerranéen qui irait de Marseille à Perpignan. Pas de chance non plus pour nos marseillais, le groupe
Sud-Ouest qui vient de passer deux années très, très difficiles, cherche plutôt à se désengager de ses
30
télés locales. C’est donc plus vraisemblablement le groupe des Médias du Sud seul qui devrait avaler
LCM, sans doute pour la fusionner avec les antennes de Nïmes et de Montpellier. Une opération qui
pourrait se conclure le mois prochain, si les septimaniens et les marseillais arrivent à se mettre d’accord
sur le montant du chéque.
Déclaration d’intérêt : LCM est un média que je connais bien puisque j’en suis un des co-fondateurs et son
ancien directeur général. Je l’ai quitté en avril 2008, avant que Bigay et Siri ne la rachètent.
5 – EUROMED
51 - ievp — migration iii euromed
http://www.welcomeurope.com/appels-des-marches-ievp-—-migration-iii-euromed-9607.html
Un marché de service pour Euromed Migration III à hauteur de 5 millions d’euros
12-05-2011
La Commission européenne a publié l'avis de marché de service de 5 millions d'euros pour le projet
Euromed Migration III. Cet appel porte le numéro de référence EuropeAid/131092/C/SER/Multi.
Ce projet a pour objectif global de promouvoir la coopération sur les questions migratoires entre les pays
européens et les pays partenaires de l’IEVP-Sud et, entre les pays de l’IEVP-Sud eux-mêmes. Le projet
entend également contribuer au développement d’une zone euro méditerranéenne de coopération dans le
domaine de la migration.
Le projet s’emploiera à promouvoir les voies d’immigration légales, la mobilité des travailleurs, ainsi que
les synergies entre migration et développement. Il soutiendra également la lutte contre l’immigration
clandestine (en coopération avec les pays d’origine, de transit et de destination) et le renforcement de la
capacité de la gestion frontalière.
Le budget maximum pour ce marché s'élève à 5 millions d’euros et la date limite pour la réception des
dossiers a été fixée au 06 juin 2011 à 16 h 00, heure de l’Europe centrale.Le programme sera d’une
durée de 36 mois.
Le projets’inscrit dans le prolongement d’Euromed Migration II, mis en œuvre sur la période 2008-2011,
et qui visait à renforcer la coopération en matière de gestion desflux migratoires afin de permettre aux
partenaires méditerranéens de trouver des solutions plus efficaces, ciblées et globales aux diverses
formes de ces migrations. (ENPI Info Centre)
En savoir plus
Avis de marché de service et informations complémentaires
Euromed Migration II – fiche et actualités
Euromed Migration II - Site Internet
52 - La coopération Europe/Maghreb le savoir-faire la politique de
voisinage
euroméditerranéenne, le Maghreb est sollicité par l'Union européenne, et plus récemment par les EtatsUnis, dans le cadre d'une coopération entre ces deux pôles dans leur recherche d'une économie ,d'un
leadership ,du savoir-faire de chacun.
La politique de voisinage n’a pas l’intention de se superposer au cadre existant, ni de chapeauter le
processus de Barcelone, mais d’induire un approfondissement naturel :Plusieurs années après que
l'Accord d'Association avec l'Europe est entré en vigueur, cela à permis une coopération économique,
financière et sociale orientée vers une véritable accumulation du savoir-faire .
http://www.lepost.fr
53 - Pour une refondation des relations euromed, qui tienne compte des
révolutions en cours
2 mai 2011 | src.LeJMED.fr
Toulon Dans cette Tribune Libre, Jean-François Coustillière, consultant spécialiste de l’Euroméditerranée,
propose de refonder les processus de partenariat en considérant la situation nouvelle créée par le
« Printemps arabe ». Selon lui, il convient que les décideurs européens projettent leur vision au-delà du
simple maintien du cadre existant, et jusqu’à envisager un « Accord de solidarité » qui placerait les pays
du sud-Med au même niveau de partenariat que la Norvège ou la Suisse…
Pour une refondation des relations euro-méditarranéennes, qui tienne compte des révolutions en cours
dans la région
par Jean-François Coustillière Consultant indépendant
La région méditerranéenne est parcourue de soulèvements, généralement motivés par la dégradation des
conditions de vie des populations, et plus particulièrement un déficit considérable d’offres d’emplois. Ces
événements connaissent des développements très différents allant de la guerre civile, comme en Libye, à
un raidissement politico-social conservateur, comme en Syrie, ou à l’amorce d’une véritable transition
démocratique, comme en Tunisie voire en Égypte...
Face à cette situation, les décideurs européens adoptent des positions qui visent, le plus souvent, à
conserver les instruments existants se contentant de promettre, sans modifier le cadre global, des efforts
plus importants en fonction de l’appréciation portée sur les progrès effectués.
Il est légitime de s’interroger sur la recevabilité de ces propositions de la part des responsables et des
sociétés de pays ayant conduit de véritables révolutions, manifestant ainsi leur volonté de refonder la
gouvernance à venir, mais tout autant leurs relations extérieures. Il convient, sans doute, d’imaginer des
voies et moyens qui montrent que cette volonté de révolution a été réellement perçue par les pays de
l’Union européenne qui souhaitent en accompagner les progrès. Dans cette perspective, il importe de
différencier plus nettement les politiques et les instruments relationnels avec les pays, en fonction des
situations observées.
Élargir l’offre de coopération
Il semble ainsi souhaitable d’adapter les outils existants tels le Partenariat Euromed, la PEV, l’UpM ou
autres, pour élargir l’offre de coopération et proposer, aux pays ayant conduit une véritable révolution
démocratique, des perspectives nouvelles plus ambitieuses qui constituent une véritable « prime » à la
modernisation.
Cette proposition doit s’appuyer sur la définition, par le pays lui-même, des objectifs qu’il se fixe en matière
de révisions des constitutions, des institutions, des règles électorales, etc… et sur un processus
d’évaluation conjointe de l’avancement des progrès accomplis. Les critères tels que l’État de droit, l’égalité
hommes/femmes, la protection des minorités, la liberté de l’exercice des cultes, le respect des
engagements internationaux seront certainement centraux dans l’évaluation envisagée.
Afin d’accompagner les pays ayant choisi cette démarche dans leurs efforts pour atteindre leurs objectifs,
il convient d’imaginer de nouveaux instruments et de nouveaux horizons qui constituent à la fois un
soutien solide et crédible aux ambitions des populations concernées, mais aussi un véritable projet
partagé. Ce dernier doit être suffisamment attrayant pour nourrir une coopération fondée sur un
partenariat respectueux et équilibré.
Ce soutien européen doit donc privilégier la création d’emplois, la sécurité alimentaire et la suffisance
de la ressource en eau, puis l’accès aux autres biens essentiels (la santé, l’assainissement, l’éducation, le
logement, l’énergie,etc...), selon un échelonnement qui réponde aux urgences définies par les nouveaux
pouvoirs élus et aux exigences imposées par la dégradation des situations économiques dans des pays
fragilisés par la crise mondiale.
Il passera sans doute prioritairement par l’appui à l’éducation et à la formation professionnelle et, plus
généralement, par la définition de nouveaux moteurs de croissance, plus équilibrés socialement et plus
innovants. Cet appui nécessitera la mise en place sans délai d’une aide d’urgence, puis de crédits
remboursables importants.
Mais, un tel soutien ne suffira pas à motiver les efforts et les sacrifices indispensables au succès de la
31
révolution. Il faudra imaginer un aboutissement, un objectif ou un horizon réellement séduisant qui puisse
mobiliser non seulement les décideurs mais aussi les populations.
Cet enjeu proposé aux pays en marche vers la démocratie reste à définir. Il pourrait cependant reposer sur
un « Accord de solidarité » qui s’inspirerait du statut d’associé tel qu’il est accordé par l’Union
Européenne à la Norvège ou à la Suisse. Ce statut prévoirait, la mise en place d’outils de convergence
économique et sociale aboutissant, graduellement, à la libre circulation des marchandises, des services,
des capitaux et des personnes et l’association par voie de consultation à la préparation des directives
européennes sur les domaines industriel, agricole et douanier.
Jean-François Coustillière Consultant indépendant
54 - Bâtir une communauté euro-méditerranéenne : ÉLISABETH GUIGOU
Publié le jeudi 05 mai 2011 NORD ECLAIR
«Pourquoi ne pas étendre Erasmus aux pays du sud de la Méditerranée?»
Europe de la justice, union avec la Méditerranée... Élisabeth Guigou fait une série de
propositions concrètes qu'elle développera aujourd'hui à Lille.
Vous parlez beaucoup de justice dans votre livre. Quels sont les grands chantiers qui
restent à faire avancer au niveau européen ? >> On devrait avoir un objectif, c'est de faire
aboutir dans le plus grand nombre de domaines possibles le principe de reconnaissance
mutuelle. Les divorces de couples bi-nationaux, par exemple entre Français et Allemands, ont
provoqué des drames affreux : en général, les tribunaux français accordaient la garde au
parent français et les tribunaux allemands au parent allemand. On s'est alors retrouvé dans
des situations inextricables où l'un des parents allait jusqu'à enlever les enfants. Nous avons
pris l'initiative, au sommet de Tempere en 1999, de dire qu'il fallait que le jugement rendu par
un tribunal français soit reconnu par le tribunal allemand et inversement. Et dans le cas des
divorces, est compétent le tribunal du pays où le couple résidait avant de se séparer. C'est
aussi sur ce principe de reconnaissance mutuelle qu'on a fondé le mandat d'arrêt européen.
Avec le principe de reconnaissance mutuelle, nous n'avons pas besoin d'avoir un tribunal
européen qui va traiter de tous les litiges. Nous gardons un système décentralisé et nous
faisons en sorte que l'harmonisation du droit au niveau européen aille aussi loin qu'on peut.
Mais quand le droit est différent, par la reconnaissance mutuelle des jugements, il faut qu'un
jugement rendu à Paris soit aussi bien appliqué à Berlin qu'il l'est à Avignon ou à Lille. Et ce
qui vaut pour les couples qui se séparent vaut aussi en matière commerciale. Dans votre
livre, vous regrettez que les jeunes d'Afrique du Nord qui veulent faire des études en
Europe aient du mal à obtenir des visas. Plus globalement, quels seraient les avantages
à vos yeux de créer une Union pour la Méditerranée ? >> L'Union pour la Méditerranée en
tant qu'initiative politique est vraiment en panne. Elle a souffert d'un lancement raté qui voulait
exclure les pays du Nord de l'Europe. Ce qui est absurde parce que pour moi l'Afrique cela
doit intéresser toute l'Union européenne. Ensuite, elle butte sur le conflit majeur du ProcheOrient qui empêche les dirigeants du Sud de se retrouver tous autour d'une table. Et elle butte
également sur le conflit au Sahara occidental entre le Maroc et l'Algérie. Donc, il faut mettre
entre parenthèses cette initiative politique-là tout en gardant l'idée qui est, à mes yeux,
excellente. J'avais d'ailleurs proposé dès 2004 une communauté euro-méditerranéenne. Il ne
s'agit bien évidemment pas d'intégrer ces pays dans l'Union européenne. Mais d'encourager le
rapprochement en développant des projets concrets dans des domaines bien identifiés :
l'énergie, les ressources en eau, la sécurité alimentaire, les grandes infrastructures de
communication, les énergies renouvelables et les migrations de population. J'ai la conviction
qu'on ne maîtrisera pas ces migrations de population si on ne coopère pas activement avec
les pays du Sud pour créer des emplois là-bas. Vous pensez qu'il y a une chance à saisir,
particulièrement en ce moment ? >> On se trouve dans une période historique. Et il y a des
complémentarités évidentes : les ressources énergétiques sont au sud, en particulier pour
l'énergie solaire mais aussi pour le gaz et le savoir-faire, et les technologies sont au nord. Au
sud, on a une population jeune qui a besoin de débouchés alors qu'au nord on a une
population vieillissante. On a au nord une agriculture qui a besoin de se renouveler et au sud
des besoins alimentaires qui font qu'ils importent... Depuis plusieurs années déjà, je voyais
bien avec mes contacts, avec mes amis dans ces pays, qu'il y avait une aspiration à avoir une
vie plus normale, à avoir accès à la même éducation et aux mêmes droits que nous. C'est cela
qui a éclaté lors de la révolution tunisienne et qui s'est poursuivi. Je trouve que l'UE a été très
muette, malheureusement, même si elle essaie de se rattraper maintenant en mettant sur la
table des propositions qui restent, hélas, un peu réduites et qui ne répondent pas, par
exemple, à l'effondrement du tourisme. On ne peut pas se contenter de dire à ces pays que
nous allons faire des échanges économiques avec eux. Il faut leur dire : « Nous voulons
vraiment bâtir une communauté avec vous » et faire en sorte qu'il puisse y avoir une mobilité
des populations. Une mobilité organisée, parce qu'il est vrai que l'immigration clandestine crée
une foule de problèmes et de tragédies. Mais il n'y a pas de solution dans une Europe
forteresse. D'ailleurs, la forteresse ne tient pas. Je crois que nous avons trop tardé à avoir
cette vision dynamique des choses. Je suis navrée lorsque je vois des étudiants marocains,
algériens ou tunisiens aller faire leurs études en Inde, en Chine ou aux États-Unis parce qu'on
ne leur accorde pas de visas en Europe. Et pour nous, c'est une perte extraordinaire de
richesses potentielles. Développer les relations au sud de la Méditerranée, ce serait aussi
un facteur d'intégration de ces jeunes en Europe ? >> Ce serait un facteur d'intégration, de
fierté et d'utilisation très positive de cette culture dont ils ont hérité, de la langue qu'ils parlent...
Et je pense qu'à tous égards nos sociétés en bénéficieraient. Tout ceci demande à être
construit de façon prudente, habile, progressive, bien entendu. Mais je crois vraiment
qu'Erasmus et la communauté de l'énergie, on pourrait très bien imaginer de les étendre aux
pays du sud de la Méditerranée. Ce projet s'inscrit aussi dans votre histoire
personnelle... >> Je suis française née au Maroc et c'est vrai que cela m'a marquée. Quand
j'étais enfant au Maroc, on utilisait le mot Européens pour tous ceux qui n'étaient pas
Marocains. Je me sens marocaine de coeur si ce n'est de nationalité, française bien
évidemment de coeur et de nationalité, et européenne. J'ai toujours considéré que les
appartenances pouvaient s'additionner et n'avaient pas à s'exclure. Je suis particulièrement
attachée à mon pays de naissance. Dans l'Histoire, les deux rives de la Méditerranée ont été
très proches, notamment par la culture. Nous avons maintenant l'occasion tout à fait historique
que cela redevienne le cas.w « Pour une Europe juste », Élisabeth Guigou, Cherche midi, 185
pages, 14 E
55 - Le temps est venu pour l’UPM, je crois, de libérer l’initiative du
Secrétariat général de Barcelone »
5 mai 2011 | src.LeJMED.fr
Nommé par Henri Guaino, chef de la Mission interministérielle de l’Union pour la Méditerranée (UPM) de
er
l’Élysée, Patrick Barraquand en est depuis le 1 février 2011 le nouveau Secrétaire général. Trois mois
après son installation, il nous accorde ici en exclusivité une longue entrevue, mettant en exergue à la fois
le bilan d’étape et les perspectives d’avenir de l’UPM.
Un entretien exclusif pour LeJMED.fr réalisé par Alfred Mignot
Le SG Patrick Barraquand dans son bureau, devant une table décorée par la carte de la Méditerranée… ©
LeJMED.fr - avril 2011
32
LeJMED.fr – Monsieur le Secrétaire général, avant de s’engager dans la revue de détail de l’UPM, voulezvous nous dire ce qui, selon vous, fonde l’esprit de cette Union pour la Méditerranée ?
Patrick Barraquand – C’est une ambition forte et une méthode simple : Il s’agit de partager un avenir et
un dialogue politique entre pays riverains de la Méditerranée – et en particulier de contribuer à l’objectif
géostratégique de règlement des conflits internationaux – en s’appuyant sur la coopération économique,
industrielle, financière, mais aussi culturelle et scientifique. L’un des constats fondateurs de l’UPM est que
si l’on considère les régions contigües dans le monde, les deux rives de la Méditerranée présentent le
différentiel de développement le plus élevé, de l’ordre de 1 à 6, voire 1 à 8, selon les économistes. On
comprend bien qu’on ne peut laisser perdurer une situation aussi insupportablement contrastée…
LeJMED.fr – Oui, on comprend bien… Mais pourquoi, selon vous, l’UPM a-t-elle donc une si « mauvaise
presse », au-delà des difficultés politiques connues de tous, et tout à fait compréhensibles ?
Patrick Barraquand – De nombreux observateurs « tirent » en effet sur cette initiative que son ambition et
son ampleur rendent nécessairement difficile, et de long terme. C’est pourquoi on ne devrait pas l’évaluer
avec la même mesure que des entreprises plus ordinaires. J’ajouterai qu’au lancement de cette initiative
en 2008 au Sommet de Paris, cette ampleur et cette difficulté étaient connues et assumées, même si bien
sûr certains blocages politiques ne pouvaient être totalement anticipés…
Alors oui, tout n’a pas été accompli, mais les réalisations concrètes sont bien là : la coprésidence francoégyptienne et l’ensemble des pays ont réussi, par exemple, à définir une politique de l’eau – et nous
espérons bien arriver à l’officialiser sous peu à Barcelone – en réunissant les Directeurs généraux des
administrations centrales. De même, et malgré les blocages politiques, on peut se féliciter des importantes
avancées du projet du Plan solaire méditerranéen – en fait, plus largement, un plan d’énergies
renouvelables pour l’ensemble de la Méditerranée. Et nous sommes en train de faire aboutir quelque
chose qui me paraît essentiel, c’est l’OMJ, l’Office Méditerranéen de la Jeunesse.
Cet OMJ, que certains appellent déjà « l’Erasmus méditerranéen » est à la fois un instrument
véritablement essentiel pour la mobilité et les échanges de la jeunesse universitaire, et plus que cela
encore car il inclut un parcours de premières années d’expérience professionnelle, aussi important en fait
qu’une bonne formation… Un jeune ingénieur du sud, issu de Centrale, et qui retournerait aussitôt dans
son pays où l’environnement industriel est encore insuffisant, et où le niveau technique n’est pas encore
aligné sur les standards internationaux, ne pourrait apporter vraiment de solutions… L’OMJ offrira, pour
plusieurs types de formations, la possibilité de restituer au pays d’origine des jeunes dont la formation
académique sera consolidée par une vraie expérience professionnelle
LeJMED.fr – Aussitôt nommé, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a rendu hommage à
l’intuition fondatrice de l’UPM, et a confirmé sa volonté de la refonder… Comment la Mission est-elle
impliquée dans cette perspective ?
Patrick Barraquand – Auprès de notre Mission, l’Ambassadeur Serge Telle, en charge de l’UPM, dépend
directement du Quai d’Orsay. Il fait une partie considérable de ce travail de liaison, et nous avons par
ailleurs de nombreuses occasions de coordonner entre elles les institutions françaises, notre Mission étant
par définition interministérielle. Ce rôle de coordination est souvent essentiel.
Sur ce projet de l’OMJ, par exemple, j’y reviens car il est exemplaire, le ministère leader est le MAEE,
mais d’autres ministères sont aussi directement concernés : le ministère de l’Intérieur, pour les visas et
l’aspect de circulation des personnes – et l’on peut noter que c’est le ministre Éric Besson, alors
notamment en charge du Développement solidaire, et son équipe, aujourd’hui au ministère de l’Intérieur,
qui ont fortement porté en 2010 ce projet de l’OMJ. Mentionnons aussi le rôle clé du ministère de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, et celui du ministère de l’Industrie, qui mobilise les
entreprises. Nous espérons élargir bientôt les formations éligibles, actuellement seulement universitaires,
aux formations techniques qualifiantes.
LeJMED.fr – C’est en effet Éric Besson qui a endossé et porté la création de l’OMJ dès 2010, mais cette
me
idée est bien née chez vous, à la mission UPM, et plus précisément dans l’équipe de M le Recteur
Michèle Gendreau-Massaloux ?
Patrick Barraquand – Oui, en effet ! Et l’ensemble des acteurs que j’ai cité travaillent maintenant très
énergiquement à la mise en œuvre de cet OMJ, car nous voulons un premier succès dès cette année !
Nous voulons attribuer des bourses pour la prochaine rentrée !
LeJMED.fr – Éric Besson avait en effet annoncé il y a quelques mois que l’OMJ serait opérationnel dès
septembre 2011…
Patrick Barraquand – Et c’est vrai ! Nous avons demandé à Campus France – qui est à la fois l’organe
français de l’OMJ, et l’organe de préfiguration de l’Office, (il en assume donc la mission pour quelques
temps) – de lancer les premiers recrutements sur les formations qui ont été avalisées. Et les financements
sont là, donc la possibilité d’être opérationnels en septembre.
LeJMED.fr – Mais, certains croient savoir que l’enveloppe annoncée par Éric Besson – 1 million d’euros –
n’aurait pas été mise à disposition ?
Patrick Barraquand – Non, les financements seront bien mis à disposition, à la fois pour les bourses et
les enseignements, et seront majoritairement d’origine française en cette première année « test ».
LeJMED.fr – Parmi les actions prioritaires déployées par la Mission, et conformément d’ailleurs à celles
énoncées dans la Déclaration commune du Sommet de Paris de juillet 2008, il apparaît que la coopération
me
universitaire a beaucoup avancé : en septembre dernier, M le Recteur Michèle Gendreau-Massaloux
évoquait la signature de déjà 130 accords de coopération…
Patrick Barraquand – Oui, et en particulier nous avons bien avancé dans la perspective de création de ce
que l’on espère être le futur CMRST, le Centre méditerranéen de la recherche scientifique et technique. Là
encore, nous regrettons beaucoup qu’il y ait eu un blocage purement politique entre le Liban et Israël… A
ce jour, il est admis que le siège du CMRST ne sera pas au Liban, mais il est acquis qu’un Centre de
recherche y sera implanté. Et il me semble par ailleurs que les programmes de recherche sont bien plus
importants que la localisation du siège.
Parmi ces programmes, je voudrais évoquer un projet qui avance et me paraît capable d’attirer à la fois
l’intérêt des scientifiques les plus en pointe – mais aussi du public – et des financeurs : c’est le programme
Mistral, sur l’état biologique de la Méditerranée. Ce programme comporte des volets traitant aussi bien de
la qualité de l’eau que des variations de température, de la diversité des espèces, des réserves
halieutiques, des conditions biologiques de vie, etc. C’est un programme de recherche scientifique
complet, et profondément méditerranéen, impliquant de nombreux centres de recherche – pour un
programme de cette nature, on a besoin de beaucoup de données – et donc un programme où la notion
de coopération n’a rien d’artificiel, elle est au contraire absolument centrale. Et je pense qu’aujourd’hui, il
est relativement facile de financer des recherches de cette nature, car tout le monde en comprend
l’urgence – les scientifiques bien sûr, mais aussi les responsables politiques et le public. Finalement, ce
projet Mistral avance très bien, et nous en sommes particulièrement fiers.
LeJMED.fr – Apportez-vous votre soutien à des initiatives de la société civile, par exemple à l’IEMSR,
l’Institut euro-méditerranéen en Science du risque, créé à la rentrée 2010 à Sophia Antipolis ?
Patrick Barraquand – Oui, tout à fait ! C’est une initiative particulièrement innovante ! Et l’on perçoit bien
l’intérêt qu’il y a dans le monde contemporain à mieux traiter ces questions des risques – naturels
géophysiques, mais aussi les risques systémiques dans la finance, alimentaires, énergétiques et bien
d’autres…
LeJMED.fr – Mais, quand vous dites que vous soutenez telle ou telle initiative, cela se traduit comment,
concrètement ?
Patrick Barraquand – Nous sommes une mission interministérielle donc, pour nous, la plupart du temps,
« soutenir » signifie rapprocher des intervenants qu’il ne serait pas facile de rassembler autrement. Nous
sommes un facilitateur, et quelquefois un peu plus : en exprimant clairement la priorité, l’intérêt d’une
action, nous passons du rôle de facilitateur à celui d’incitateur. Cela dit, notre mission qui est de servir la
coprésidence française de l’UPM, inclut aussi celle d’aider le Secrétariat général de Barcelone. Nous nous
efforçons donc d’apporter au Secrétariat général de l’UPM à Barcelone des « choses qui marchent », en
contribuant à débloquer les situations, en soutenant des projets prioritaires, – comme l’IEMSR, que nous
avons évoqué –, en organisant des réunions – par exemple ici à l’Hôtel Marigny, siège de notre Mission –
ou encore faisant le lien entre des acteurs pour permettre à certaines initiatives d’aboutir, par exemple
celles d’EDF Énergies nouvelles.
LeJMED.fr – Lors d’une récente rencontre avec l’Association de la presse diplomatique, Alain Juppé a
annoncé que tout était fait pour mettre en place un nouveau Secrétaire général de l’UPM dès ce mois de
mai. On s’en réjouit, mais on sait aussi que le SG de Barcelone reste une toute petite équipe, tandis qu’à
ce jour, on peut considérer que depuis près de trois ans, l’équipe de la Mission interministérielle UPM a
acquis une expertise unique. En quelle manière pensez-vous pouvoir en faire profiter le SG de
Barcelone ?
Patrick Barraquand – L’une de nos missions que je considère prioritaire, avec le fait de bien servir la
coprésidence française, c’est en effet de bien transférer l’expérience, apporter notre aide et soutien au
Secrétariat général de Barcelone.
33
Concrètement, cela se fait de trois façons. D’abord, des experts français sont présents à Barcelone, avec
d’autres bien sûr, et le budget du SG ayant été voté, il existe encore des postes budgétaires à pourvoir, ce
qui renforcera sa capacité d’action. Notez d’ailleurs qu’après un démarrage balbutiant, le SG est
désormais financé correctement : par l’Union européenne qui en assume une grande part, mais aussi par
les contributions des États, qui ont commencé d’être versées, comme c’est le cas pour l’Espagne, la
France, l’Allemagne, Israël, etc. Les contributions budgétaires rentrent, et le Secrétariat général peut
désormais rémunérer les expertises indispensables à son fonctionnement,.
La deuxième façon de faire en sorte que le SG de Barcelone prenne pleinement le relais , et c’est déjà
largement commencé, c’est qu’il bénéficie des échanges entre les experts, et c’est ce que nous faisons
quotidiennement. Tristan Mocilnikar pour l’énergie, Julien Aubert pour les finances, Nathalie Pilhes pour
les aspects sociaux et le projet de Fondation des femmes de la Méditerranée, Bernard Ribiollet pour les
autoroutes maritimes, Michèle Gendreau-Massaloux et Yannick Prost pour la coopération universitaire
et la formation… tous les conseillers de la Mission rencontrent régulièrement leurs homologues de
Barcelone.
La troisième façon de soutenir le SG de Barcelone, c’est de l’aider à prendre de l’autonomie. Au début, et
pendant assez longtemps, il fallait bien en effet que cette initiative fût très cadrée, et toute action très
clairement validée par les différentes instances – coprésidence, réunions des ministres des Affaires
étrangères, (réunion dite des hauts fonctionnaires, en fait les ambassadeurs) puis des ministres
techniques…
Tout cela était évidemment nécessaire comme instance de validation, mais maintenant que l’UPM est
relativement bien comprise par les pays riverains et les pays européens, il faut que le Secrétariat général
lui-même puisse travailler, disons « interpréter » le mandat qui lui a été donné, afin de répondre aux
exigences de l’heure, par exemple en ajoutant à ses thèmes d’intervention des priorités désormais
évidentes – comme la sécurité alimentaire et l’agriculture, ou encore la santé – qui ne font pas
explicitement partie du mandat originel, et s’imposent dans la situation nouvelle créée par le Printemps
arabe.
Le temps est venu pour l’UPM, je crois, de libérer l’initiative du Secrétariat général de Barcelone. La
nomination d’un nouveau SG va y aider. Ce sera une personnalité du sud, et forte, capable de discuter
vraiment avec des chefs d’État, c’est très important.
LeJMED.fr – Avez-vous le sentiment que l’émergence du « Printemps arabe » a fait progresser nos
partenaires européens dans la compréhension – et l’acceptation ! – de la nécessité d’un partenariat
renforcé avec les pays sud-méditerranéens ? C’était loin d’être évident, en 2007-2008…
Patrick Barraquand – Ah, ça oui ! Je pense que c’est devenu clair ! Il existe encore des débats au sein de
l’UE sur la manière dont il faut conduire l’UPM, mais plus personne, à la lumière des changements
politiques intervenus – et qui n’ont pas fini ! –, ne conteste la pertinence de l’idée ! On peut toujours être
critiqué pour la lenteur, ou sur tel ou tel aspect de la gouvernance, mais je pense que le principe lui-même
n’est vraiment plus mis en cause, et que tout le monde, a posteriori, est bien contraint d’en reconnaître la
pertinence et l’intérêt. Cela va – et c’est très important – jusqu’au point de reconnaître qu’un organe qui
n’est pas exclusivement européen – puisque par définition il associe directement les pays du sud à sa
gouvernance – est aujourd’hui indispensable, car il correspond aux besoins de l’évolution politique
actuelle.
LeJMED.fr – Et le « mécano financier » de l’UPM ? Où en sommes nous avec l’hypothèse de la création
d’une Banque de la Méditerranée, après que votre équipe a contribué à faciliter la création d’Inframed, ou
encore du fonds expérimental du FARO ?
Patrick Barraquand – Il y a une nécessité, en Méditerranée, d’avoir un cadre où l’on puisse parler,
travailler ensemble sur des projets géopolitiques, mais aussi économiques, sociaux, éducatifs etc., et il est
tout aussi nécessaire d’être capables de financer ces projets !
Pour mobiliser les financements, il faut à la fois augmenter l’attractivité et la force de proposition. Sur le
premier point, pour nous et pour le moment, c’est principalement l’établissement d’une Charte de garantie
des investissements qui nous paraît la priorité. Pour réduire cette inégalité considérable de
développement entre pays contigus, que nous évoquions tout à l’heure, les pays de la rive sud ont
évidemment besoin d’investissements – non seulement industriels, mais aussi directement au bénéfice
des populations, comme l’éducation – et des investissements toujours orientés vers le développement
durable. Ce n’est pas une question de mode, c’est l’exigence d’une vision à long terme. La Méditerranée
est en réalité un espace particulièrement menacé par le réchauffement climatique, et soumis aussi à la
pression des besoins d’une forte démographie, donc elle a très profondément besoin d’un développement
durable. Par ailleurs, elle présente un potentiel énorme en matière d’énergies renouvelables, et en ce
domaine une association intelligente entre le nord et le sud serait aussi profitable à l’Europe.
L’établissement d’une Charte visant à augmenter l’attractivité est aussi un travail de long terme. Il existe
quelquefois des chartes bilatérales, souvent peu satisfaisantes, qu’il faut renforcer et faire entrer dans un
cadre multilatéral. Ce n’est pas simple, mais nous y travaillons. Concrètement, il existe déjà un projet de
charte, évidemment un texte martyr qui ne ressemble peut-être pas encore beaucoup à ce qu’il sera in
fine, et dans ce domaine il est important de souligner que nous sommes soutenus par nos partenaires
allemands, qui y tiennent aussi beaucoup.
Deuxièmement, il faut aussi augmenter la force de proposition de financements, mieux la cadrer, mieux la
canaliser et pour cela nous continuons de penser qu’il est très important de créer une Banque de la
Méditerranée. Je fais ici référence au Rapport déjà remis par la commission Milhaud, mais qui perdure et
continue de travailler pour fournir un certain nombre de précisions pour décrire complètement la façon
dont on pourrait mettre en œuvre les processus qu’elle recommande.
Quand je dis « nous », c’est qu’il y a de plus en plus de voix qui se rejoignent pour estimer qu’il
conviendrait de filialiser le fonds FEMIP de la BEI pour créer une Banque de la Méditerranée, et
totalement sans exclusive. C’est un point important que je tiens à souligner, car « totalement sans
exclusive » signifie inviter au capital tout pays ou institution qui voudraient y participer – par exemple la
BERD, ou des fonds arabes, ou encore des entités américaines. Cela n’empêcherait pas ces institutions
financières de travailler en Méditerranée de façon indépendante, seules ou en syndication, quand elles
sont en capacité de contribuer aux très grands financements nécessités par le Plan solaire méditerranéen,
ou encore la politique de l’eau, ou les autoroutes de la mer…
Il existe dans le cadre de l’UPM un très grand nombre de projets structurants et « banquables », soit par
des banques s’adressant aux entreprises, soit par des banques s’adressant aux États, pour les
équipements structurels d’un pays. Pour tout cela, il y aura des tours de table larges à constituer dans les
années à venir.
LeJMED.fr – Justement, actuellement la Commission Milhaud travaille sur les avantages comparés entre
les options BERD et FEMIP, pour la création de la Banque de la Méditerranée. Mais, quand vous évoquez
fortement l’option FEMIP, est-ce à dire que le débat est tranché ?
Patrick Barraquand – Non, je dis que je suis en faveur d’une filialisation de la FEMIP. Je pense en
revanche que personne n’est exclu, et je suis très content que d’autres institutions financières aient envie
de travailler en Méditerranée ! Il n’empêche que la Mission considère qu’il est nécessaire qu’il existe une
Banque de la Méditerranée, qui structure l’approche, qui recrute des spécialistes compétents, qui ait
l’expertise car les projets sont complexes. Et du fait de cette expertise, la Banque de la Méditerranée a
vocation à devenir un chef de file.
LeJMED.fr – Les grands projets structurants sont nombreux en Méditerranée… mais la Mission a
désormais aussi le souci de promouvoir des projets plus modestes, mais plus proches, comme le fonds
expérimental du FARO, à Marseille…
Patrick Barraquand – Le projet FARO, initié par Julien Aubert au sein de la Mission, est effectivement
très intéressant. Nous sommes là en effet aux antipodes des grands projets structurants. Il s’agit de
donner accès à des fonds d’amorçage pour les porteurs de projets innovants méditerranéens, de susciter
la création d’incubateurs, de pépinières, pour que les idées innovantes, quelles qu’elles soient, trouvent
une aide. C’est pour l’instant une récente initiative française, mais qui intéresse déjà d’autres pays : un
FARO sera prochainement créé au Liban, le Maroc y travaille, d’autres pays y réfléchissent… Nous
espérons bien essaimer avec cette idée.
LeJMED.fr – Avez-vous le sentiment que les représentants des pays du sud s’expriment désormais avec
une plus grande liberté de parole, et affirment une attitude plus proactive au regard des possibilités
offertes par l’UPM ?
Patrick Barraquand – Qu’ils aient une plus grande liberté de parole, c’est flagrant ! Mais au-delà des
généralités sur le Printemps arabe, et une fois reconnue et saluée l’espérance de libération démocratique
qu’il porte en lui, je crois qu’il convient de concentrer notre attention sur les cas particuliers de chacun des
pays, car les différences sont aussi importantes.
Deuxième point à relever : il y a une grande demande d’Occident et de France, dans chacun de ces cas,
mais il y a aussi un grand souci de rester maître du processus. C’est pourquoi je ne suis pas sûr que ce
soit à des instances officielles de prendre une part majeure dans l’accompagnement, pourtant nécessaire,
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de la conduite du processus de transition. Je pense qu’il faut être respectueux, écouter et répondre à la
demande quand elle est formulée. Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, a rappelé que nous
écoutons, sans a priori sur les contenus politiques qui peuvent émerger, et que notre seule exigence, en
tant qu’observateur et participant éventuel au processus, est de nature démocratique. Ce que nous
voulons, c’est qu’il y ait véritablement un débat, la liberté de l’expression des volontés, mais sans idées
préconçues sur les contenus eux-mêmes. C’était très important de le dire très clairement. Pour ma part, il
me semble que pour le moment les contacts entre représentants des sociétés civiles des pays ayant
l’UPM en commun sont probablement sinon les seuls éligibles, du moins prépondérants et essentiels.
LeJMED.fr – À propos de la représentation active de la société civile dans le processus d’édification de
l’UPM, pourquoi ne s’inspire-t-on pas de notre Conseil économique et social, ou d’institutions équivalentes
d’autres pays ? Y avez-vous pensé ?
Patrick Barraquand – C’est une bonne idée, oui ! Le Conseil économique et social, justement, a fait des
propositions, sur lesquelles nous travaillons !
LeJMED.fr – Une dernière question, sur votre agenda… A très court terme, dès ce mois de mai, on
attend donc la nomination d’un nouveau Secrétaire général pour l’UPM. Et concernant la Mission que vous
dirigez ?
Patrick Barraquand – D’abord, il faut relever que par nature la mission interministérielle est transitoire,
non pérenne. Elle a vocation à s’arrêter quand la mission est terminée. Formellement, elle aurait pu
s’arrêter dès la création du Secrétariat général de Barcelone. En fait, nous avons eu une approche plus
pragmatique, considérant que si en effet le Secrétariat de Barcelone était installé, il lui faudrait un certain
temps avant d’être pleinement opérationnel, et donc la Mission a été prorogée. Pour autant, nous n’avons
pas à ce jour de date de fin de mission connue. Sans doute quelques mois, une année… ? À la fin, ce qu’il
nous restera faire, ce sera de transférer la totalité des dossiers au Secrétariat de Barcelone, sur une
période qui durerait sans doute deux à trois mois.
LeJMED.fr – Mais, permettez que je vous livre mon sentiment : quel dommage de dissoudre une équipe
qui aura capitalisé alors quelque quatre années d’expertise sur l’espace UPM ! J’ai du mal à comprendre
que le MAEE dispose d’un Secrétariat d’État aux Affaires européennes, qui concerne donc 27 pays, et que
l’on ne songe pas à la pertinence d’un Secrétariat d’État pour l’UPM, qui concerne 43 pays, et avec
d’immenses enjeux stratégique… Cela dit, pour en revenir à votre agenda, c’était plutôt une question
d’ordre pragmatique : quelles sont, en fait, vos échéances prioritaires dans les prochaines semaines ?
Patrick Barraquand – Nous avons un agenda avec énormément de lignes et de dates, puisque nous
suivons une cinquantaine d’affaires considérées prioritaires, qui vont de l’OMJ aux autoroutes de la mer,
en passant par la recherche scientifique, le Conseil économique et social, la convention de l’urbain, la
politique de l’eau, etc. Et sur chacune des ces cinquante lignes – certes pas toutes au même niveau de
priorité, mais toutes importantes – nous avons à chaque fois une dizaine d’échéances sur un an et demi.
Et des échéances parfois très précises : par exemple pour l’OMJ, dont les premiers candidats sont
actuellement en cours de sélection par Campus France, ce que nous voulons, c’est payer des bourses
dès septembre, et donc avoir préalablement obtenu les visas. Et à très court terme, nous nous sommes
fixé comme objectif de faire aboutir les premiers accords sur une politique de l’eau en Méditerranée. C’est
un grand défi, il se jouera à Barcelone, dès les 17 et 18 mai prochains !
Un entretien exclusif pour LeJMED.fr réalisé par Alfred Mignot
◊◊◊
La bio express de Patrick Barraquand Normalien, agrégé d’Économie et Sciences sociales, Patrick
Barraquand a eu une carrière professionnelle très orientée vers l’international. Depuis 1992, il a assumé
divers postes de responsabilité dans l’industrie aéronautique, d’abord chez Eurocopter (EADS), puis chez
Safran, à Moscou (6 ans). Auparavant, il avait rempli différentes fonctions dans le domaine de l’aide au
développement, pour l’ONU, puis dans plusieurs sociétés de conseil, en Afrique et en Europe de l’Est. Il a
été nommé par Henri Guaino au poste de Secrétaire général de la mission interministérielle de
er
l’UPM. Entré en fonctions le 1 février 2011, Patrick Barraquand a aussitôt entrepris de prendre des cours
intensifs d’arabe…
Les accords de coopération entre l'Europe et les pays arabes rebaptisés Union pour la Méditerranée
(UpM) semblent marquer le pas. Comment peut-on expliquer ce manque soudain d'ambition ?
L'UpM est une fausse bonne idée. Car, comme le dit le proverbe, "Qui trop embrasse mal étreint". On a
voulu regrouper trop vite trop de pays. Il faut d'abord se concentrer sur le Maghreb qui représente, ne
l'oublions pas, la partie biculturelle et occidentale du monde arabe.
Pensez-vous que le renforcement des échanges entre les deux rives de la Méditerranée puisse contribuer
à atténuer les tensions au Proche et Moyen Orient ?
Le règlement des conflits ne passera pas par une intervention européenne. Mais par une intervention des
Etats-Unis et de l'ONU. Ce que le Printemps arabe est en train de révéler c'est que cette révolte ne produit
pas les mêmes effets d'un pays à l'autre.
Vous le remarquerez, c'est la Tunisie qui débuta la première et c'est la société la plus européenne. En
Libye, c'est déjà plus compliqué. Et en Syrie ce sera probablement la guerre civile.
On le voit aujourd'hui au Medfel, l'actualité dicte une ouverture au sud avec des échanges qui permettront
de dynamiser l'économie en Méditerranée. Dans le sud de la France beaucoup de producteurs craignent
une compétition déloyale. Quels dispositifs peut-on envisager pour préserver nos productions
traditionnelles ?
Il faut repenser le terme du libre-échange et mettre en place des périodes transitoires. L'Espagne, l'Italie,
le sud de la France sont en prise directe avec ce phénomène. Mais ce sont les pays du Nord de l'Europe
qui doivent être sensibilisés et doivent accepter le principe d'un redéploiement des aides PAC vers vos
productions pour vous permettre de passer le cap. Ensuite, les paysans d'ici devront se démarquer et
convaincre avec des produits de grande qualité, de la traçabilité, des AOC. Concernant les pays du sud de
la Méditerranée, il faut fixer les populations et garantir une autosuffisance alimentaire. Et, même si le sujet
dérange, évoquer l'alternative des OGM pour limiter le stress hydrique sur certaines cultures.
Propos recueillis par Jean-Paul Pelras - Lindependant.fr
Source : http://www.lindependant.fr/2011/05/06/pour-alexandre-adler-l-union-pour-la-mediterranee-estune-fausse-bonne-idee,14503.php
56 - Pour Alexandre Adler, l'Union pour la Méditerranée est "une fausse
bonne idée"
58 – IPEMED RÉUNION PLÉNIÈRE DU 17 MARS 2011 : LES
PROSPECTIVES SECTORIELLES
57 - Artisanat : une mission pour favoriser la coopération
méditerranéenne dans l'apprentissage
Artisanat : une mission pour favoriser la coopération méditerranéenne dans l'apprentissage
Nadine Morano et Frédéric Lefebvre souhaitent renforcer les possibilités de transmission internationale
des compétences artisanales pour contribuer au développement économique des pays du Maghreb.
Nadine Morano, ministre chargée de l’apprentissage et de la formation professionnelle et Frédéric
Lefebvre, secrétaire d’État chargé de l’Artisanat, veulent renforcer les possibilités de transmission
internationale des compétences artisanales. Leur but ? Contribuer au développement économique des
pays du Maghreb mais aussi, et c'est l'un des cheval de bataille des deux ministres, à l’attractivité des
métiers de l’artisanat auprès des jeunes.
Patrick Toulmet, président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de Seine-Saint-Denis conduira
donc une mission qui recensera et analysera les bonnes pratiques et les perspectives d’échanges de
savoir-faire entre la France et le Maghreb.
La mission devra faire des propositions d’actions permettant de faciliter l’accès aux métiers de l’artisanat à
la fois sur le territoire français et dans les pays du Maghreb. Monsieur Toulmet devrait rendre son rapport
le 1er juillet 2011, pour permettre la mise en place d'actions pilotes de formation aux métiers de l'artisanat,
et notamment dans le cadre de l'apprentissage, dès le rentrée 2011.
Par Claire POISSON - Chefdentreprise.com
Source : http://www.chefdentreprise.com/Breves/Artisanat-une-mission-pour-favoriser-la-cooperationmediterraneenne-dans-l-apprentissage-38979.htm?xtor=RSS-
35
Le 17 mars 2011, une réunion plénière du projet « Méditerranée 2030 » a été organisée au centre des
congrès Marriott à Paris. Au cours de cette réunion, les instituts d’études euro-méditerranéens partenaires
(FEMISE, CIHEAM, OME) du projet Méditerranée 2030 ont présenté les résultats de leurs travaux et de
leurs scénarios sectoriels : croissance économique, énergie, migrations, sécurité alimentaire et agriculture,
perspective d’emploi.
L’ordre du jour de cette réunion s’articulait autour de deux objectifs :
• interroger la nature des transitions politiques en marche dans le monde arabe, leur ampleur, et
leur devenir et tracer les contours d’une nouvelle économie politique.
• présenter et relire les travaux de perspectives menés depuis deux ans à la lumière de ces
événements, trouver le moyen de les amender en fonction de ces nouvelles interrogations tout
en gardant à l’esprit la force des invariants (migrations, environnement, énergie, agriculture,
sous-bassement structurels).
Des tables rondes ont été organisées autour des thématiques suivantes : la transition politique dans les
pays arabes et son impact dans les scénarios de croissance, comment réconcilier l’économie et la
politique et élaborer des scénarios d’avenir, comment intégrer la transition politique dans les scénarios du
projet « Méditerranée 2030 ».
La publication finale des travaux de prospectives du Consortium Méditerranée 2030 est prévue pour le
mois de juillet.
Une conférence publique sera organisée en Automne 2011 afin de présenter cette production finale.
r
59 - P P. Beckouche : « Le bilan d’Euromed depuis 1995 ne révèle pas
de réelle stratégie UE en Méditerranée »
9 mai 2011 | src.LeJMED.fr
Depuis 1995, l’Union européenne a-t-elle financé à un niveau suffisant le partenariat économique
Euromed, et en particulier le Voisinage oriental n’a-t-il pas bénéficié de ces financements davantage que
r
le partenariat méditerranéen ? Les réponses à ces questions ont fait l’objet d’un rapport que le P Pierre
Beckouche a réalisé pour l’IPEMED, et dont il a présenté la synthèse vendredi 6 mai, lors du petitdéjeuner de l’IPEMED consacré à une question très actuelle : « Après les printemps arabes, sur quelles
bases refonder le partenariat économique euro-méditerranéen ? »
r
Voici la synthèse du Rapport du P Pierre Beckouche, dont la version intégrale a fait aussi l’objet d’une
publication papier, dans l’édition n°3 des Palimpsestes de l’IPEMED, ainsi que d’une version
électronique, téléchargeable prochainement ici.
L’étude a conduit à cinq idées principales :
1. Les subventions européennes pour le Voisinage oriental rattrapent effectivement celles qui sont
dévolues aux Psem
Le Professeur Pierre Beckouche, Conseiller scientifique de l’IPEMED, lors de son intervention
au « Petit déjeuner de l’IPEMED », vendredi 6 mai 2011, à Paris. © LeJMED.fr - mai 2011
En matière de subventions, le temps de la Méditerranée a passé : elle était un des hauts lieux de l’aide
publique internationale dans les années 1950, 1960 et 1970, mais depuis les années 1990 ce sont plutôt
l’Afrique, les Peco puis les pays de l’ex-Yougoslavie qui bénéficient de l’APD. Cela dit, entre Voisinage
oriental et Voisinage méditerranéen on ne s’éloigne pas beaucoup du compromis de 2006 qui avait établi
la répartition des subventions européennes à respectivement un tiers et deux tiers.
2. Il n’y a pas de « consensus géographique » sur le Voisinage
D’une part l’aide croissante de l’UE au Voisinage méditerranéen ne compense pas le recul de l’aide
bilatérale des Etats membres ; autrement dit, dans les faits, ces Etats membres ne poursuivent pas de
politique de Voisinage. Et même au sein des différentes DG de la Commission, le Voisinage n’apparaît
pas comme une géographie évidente ; le tout nouveau Service d’Acton Extérieure lui-même classe les
pays selon la bonne vieille géographie continentale (le Liban ou la Syrie en « Asie », le Maroc ou l’Egypte
en « Afrique »).
3. En termes de financements de l’UE pour les pays tiers, le Voisinage sud apparaît “squeezé”…
… entre une priorité qui est très clairement accordée aus pays de l’adhésion (actuelle ou potentielle) et le
souci de l’Europe d’intervenir sur tous les continents du monde.
On le voit dans la répartition des prêts concessionnels de la Berd et de la BEI : en 2009 les Peco ont
perçu 154 € par habitant, les pays de l’ex-Yougoslavie 115, la Turquie 37 ; c’est beaucoup plus que les
pays du Voisinage, oriental (21), et encore plus méditerranéen (7, un montant qui stagne) ; même la
Russie (18) et l’Asie centrale (9) reçoivent davantage de ces prêts, qui sont pourtant parfaitement adaptés
aux besoins des Psem.
Lorsqu’on consolide les subventions de la Commission et les prêts de la BEI et de la Berd, la gradation est
tout aussi limpide : les pays du Voisinage Sud perçoivent 11 €/habitant, tandis que les pays de l’adhésion
perçoivent 145 (ex-Yougoslavie) et même 260 (Peco, solde budgétaire opérationnel de l’UE).
Est-ce grave ? Non, parce que les Etats-Unis comme le Japon, mettant en pratique le slogan « trade not
aid », n’aident pas plus leur périphérie ; chaque habitant du voisinage méditerranéen perçoit autant
d’argent que son homologue d’Asie orientale ou d’Amérique latine en développement. Mais oui, c’est
grave si l’on considère que les Etats-Unis et surtout le Japon mènent dans leur région une véritable
stratégie d’intégration productive, alors que ce n’est pas ce que l’on constate en Méditerranée.
4. Contenu sectoriel de l’aide : dispersion et faiblesse du soutien au secteur productif
Les objectifs de Barcelone, de Meda II (2000-2006) comme de la PEV (2007-2013) concernent tous les
domaines du développement : commerce, environnement, changement climatique, santé, éducation,
formation professionnelle, migrations, sécurité, fiscalité, gouvernance etc. – sans oublier le droits de
l’enfant, l’équilibre homme-femme ou la défense des peuples autochtones.
D’où qu’entre 2000-2006 le secteur privé n’ait bénéficié que de 10% des subventions Euromed, les
« réformes économiques » se traduisant essentiellement par de l’appui budgétaire aux ministères des
Psem afin de favoriser l’« appropriation » par les pays bénéficiaires de l’aide. Le passage à l’EIVP depuis
2007 n’a pas beaucoup changé les choses : les « infrastructures sociales » reçoivent 59% des fonds, le
privé 30% en Tunisie, en Algérie et au Liban mais 10% dans les autres pays ; l’agriculture reste tout aussi
absente que durant la période précédente.
5. Des résultats très moyens
Les résultats d’Euromed présentent quatre points positifs : l’habitude qu’ont prise les Administrations du
Nord et du Sud de travailler ensemble ; la stabilisation macroéconomique des Psem (inflation et
endettement en particulier) ; la sortie d’une quasi autarcie commerciale et leur ouverture aux flux de
capitaux internationaux ; un commencement d’intégration profondeur avec l’Europe, notamment dans les
transports, l’énergie ou encore dans l’architecture des diplômes universitaires (LMD).
La Commission reconnaît deux principaux points négatifs : les problèmes de démocratie et de droits de
l’homme, et la faible participation de la société civile au développement.
Mais en réalité, les résultats économiques comportent eux aussi plusieurs points noirs : les balances
commerciales de Psem se dégradent gravement surtout depuis 2000 ; la part de l’Europe dans leurs
échanges (commerce ou IDE) recule ; le crédit aux PME reste très insuffisant ; la coopération financière et
monétaire transméditerranéenne également. Enfin l’agriculture et les mobilités professionnelles sont les
grandes oubliées de Barcelone.
Au total, la Méditerranée en reste à une intégration plus commerciale que productive. Quant à eux, les
financements européens sont devenus négligeables dans les ressources externes des Psem. Pour ces
derniers, l’enjeu fondamental se joue sur le positionnement international de leur système productif (voir la
redoutable dégradation de leur balance commerciale). Enfin, en termes de convergence régionale
(rattrapage du niveau de développement entre Nord et Sud), on reste loin des performances de l’Asie
orientale, dont la convergence a été apportée par cette intégration productive.
Les orientations proposées par IPEMED
D’où ces orientations, qu’IPEMED soumettra à quelques grands témoins du Nord et du Sud de la
Méditerranée afin de compléter le rapport :
la nécessité de maintenir les subventions européennes sur un certain nombre de programmes
d’infrastructures de base, et pour soutenir les pays en transition dans la très délicate période qu’ils
traversent. Mais cette politique d’aide ne suffit pas, il faut également :
augmenter considérablement le montant des prêts concessionnels
affirmer l’objectif d’une intégration régionale « en profondeur »
coordonner les politiques européennes ayant une dimension extérieure dans le Voisinage (PAC, TEN,
directive climat-énergie, etc.), par exemple çà travers un « Schéma de Développement de l’Espace du
Voisinage »
36
concentrer les moyens sur quelques politiques stratégiques (à commencer par la politique commune de
l’énergie)
favoriser les projets tournés vers le système productif, notamment dans les quelques politiques prioritaires
(énergie, eau, agriculture…)
mettre sur pied une institution financière régionale mettant ces priorités en œuvre.
r
P Pierre Beckouche
Notes de synthèse du rapport pour l’IPEMED « Bilan d’Euromed : un état des lieux du financement par
l’UE du développement en Méditerranée » Palimpsestes IPEMED n° 3, mai 2011
59/1 - Réunion du Groupe Expert Eau de l'Union pour la Méditerranée
JEUDI 12 MAI 2011
Le Secrétariat de l'Union pour la Méditerranée est maintenant en place et a reçu un budget de
fonctionnement pour l'identification, le développement futur et la promotion des projets de l'UpM. Dans ce
contexte, le Groupe Expert Eau (WEG) se réunira pour un atelier technique au Palau de Pedralbes, siège
du Secrétariat de l'Union pour la Méditerranée, à Barcelone les 17 et 18 mai 2011.
La réunion portera sur deux questions principales. Tout d'abord, elle sera une étape importante vers la
mise en œuvre des futurs projets dans le domaine de l'eau en Méditerranée. Un formulaire de proposition
de projet mis à jour a été publié pour permettre aux pays de présenter des initiatives
(http://www.ufm-water.net/projects/Project_Proposal_format_Wat-EN.doc/).
En outre, reconnaissant que la stratégie de l'eau pour la Méditerranée n'a pas encore été approuvée par
les 43 Etats de l'UpM, principalement pour des raisons politiques plutôt que des raisons techniques, la
réunion discutera également de l'avenir de l'organisation technique pour l'élaboration du projet de plan
d'action décidé par la conférence ministérielle sur l'eau tenue à la mer Morte (Jordanie) en décembre
2008, de sorte que la stratégie et son plan d'action puissent être présentés en même temps pour
approbation.
Le 19 mai, une réunion restreinte aura lieu pour aborder un autre aspect du mandat de l'UpM dans le
domaine de l'eau: celui du renforcement de la coordination des initiatives et des réseaux existants traitant
de l'information et des données. Visitez le site web du SEMIDE pour en savoir plus, ou consultez le site
web de l'UPM (La Coopération dans le secteur de l'Eau http://www.ufm-water.net/meetings/weg4)
Source SEMIDE http://www.semide.net/thematicdirs/events/2011/05/water-expert-group-weg-technical-meeting
59/2 – Une réunion de l'Union pour la Méditéranée à Strasbourg les 7 et
8 novembre 2011
VENDREDI 13 MAI 2011
Les pays de l'Union pour la Méditerranée (UPM) se réuniront les 7 et 8 novembre 2011 à Strasbourg sur le
thème du développement urbain et du développement durable, a annoncé vendredi le président du conseil
régional d'Alsace, Philippe Richert.
"C'est une nouvelle occasion de montrer que Strasbourg est aux avant-postes du dialogue avec la
Méditerranée", a noté M. Richert, soulignant l'aide technique apportée aux autorités tunisiennes par le
Conseil de l'Europe dans la rédaction d'une nouvelle constitution après la chute du régime Ben Ali.
La Commission du Venise, organe de l'instance paneuropéenne dont le siège est à Strasbourg, a joué un
rôle essentiel dans l'adoption de constitutions conformes aux standards européens pour les Etats de l'exbloc soviétique.
La tenue en novembre de la réunion dans la capitale alsacienne a été confirmée à M. Richert par Henri
Gaino, le conseiller spécial du président Nicolas Sarkozy pour l'UPM, a précisé le président du conseil
régional, également ministre des Collectivités territoriales.
Le chef de la diplomatie, Alain Juppé, avait appelé en mars à "relancer" l'UPM, "plus nécessaire que
jamais" selon lui pour permettre aux citoyens de sa rive Sud de vivre chez eux en connaissant démocratie
et prospérité.
L'UPM, créée le 13 juillet 2008 sur une idée du président Sarkozy, compte une quarantaine de membres,
dont les pays de l'UE, la Turquie, Israël et les pays arabes riverains de la Méditerranée.
Coprésidée par M. Sarkozy et Hosni Moubarak, aujourd'hui écarté du pouvoir en Egypte, elle a récemment
perdu son secrétaire général, démissionnaire. Moribonde, elle ambitionnait, en développant des projets
concrets dans divers domaines (environnement, transports, énergie, culture, éducation), de relancer la
coopération euro-méditerranéenne lancée en 1995 à Barcelone.
Source LeParisien.fr - vendredi 13 mai 2011
59/3 - Retour vers un pacte énergétique euro-méditerranéen
VENDREDI 13 MAI 2011
L'énergie verte va-t-elle relancer l'Union pour la Méditerranée (UPM), impulsée par Nicolas Sarkozy en
2008 ?
Alors que l'UPM patine, l'idée d'une alliance euro-méditerranéenne refait surface avec Eric Besson. Le
ministre de l'Industrie a lancé un appel pour l'impulsion d'un pacte énergétique dans le cadre de l'UPM
autour des énergies renouvelables et des réseaux électriques d'interconnexion (supergrid), hier à Monaco,
lors du Forum euro-méditerranéen de l’efficacité énergétique.
Eric Besson présentera son projet le 20 mai prochain à Barcelone au Secrétariat général de l'UPM. Alors
que les passerelles de coopération se multiplient des deux côtés de la Méditerranée - Plan solaire
méditerranéen, consortium Dii (Desertec), Imeder, Transgreen - ce pacte énergétique fait déjà sens.
Un pacte à 15 milliards d'euros
Le pacte doit se faire autour des trois piliers suivants :
- Le premier volet concerne le Plan solaire méditerranéen, aujourd'hui très en retard. Il s'agirait de mettre
de l'huile dans les rouages de son programme de financement, qui vise à déployer 20 gigawatts de
capacités électriques nouvelles dans les prochaines décennies. C'est à dire accélérer les financements
publics (institutions multilatérales) et privés, tout en favorisant la vente d'électricité du sud vers le nord.
=> Dans ce cadre, "la France et le Maroc lanceront dès l’automne 2011 la première expérimentation
d’électricité solaire du sud vers le nord de la Méditerranée", indique le gouvernement. De même, la France
souhaite la création en 2011 d’un centre financier international des énergies renouvelables. Une
plateforme publique-privée serait chargée d’identifier les projets, de les analyser puis de les proposer aux
banques et aux fonds d’investissement.
=> Au total, "7,5 milliards d’euros de prêts concessionnels vont être mis en oeuvre dans le cadre de fonds
régionaux de la Banque Mondiale, de la Banque Européenne d’Investissement, de l’Agence Française de
Développement, des caisses des dépôts française, italienne et marocaine, ou encore de l’agence
allemande KFW", a détaillé Eric Besson. Un niveau équivalent de "subventions" pourrait également venir
de l’importation d'électricité des pays de l’Union Européenne.
- Le deuxième volet du pacte concerne la boucle électrique méditerranéenne, selon l'expression d'Eric
Besson. C'est à dire l'accélération de la mise en place d'un réseau électrique interconnecté nord-sud et
sud-sud.
=> Au programme : approfondissement de la société Medgrid, créée en décembre 2010 (ex-consortium
Transgreen) pour un réseau électrique transméditerranéen. Ce dernier réunit plus de 20 industriels et
autorités de régulation des deux rives méditerranéennes. Dans les prochaines semaines, Medgrid
conclura un accord de coopération avec Desertec.
- Le dernier axe du pacte vise les coopérations technologiques. C'est à dire la création d'un véritable tissu
industriel euro-méditerranéen des énergies renouvelables et des réseaux électriques.
=> Un institut euro-méditerranéen de technologie (EMITEC), basé à Tunis, va être créé. Un accord sera
signé à Malte aujourd'hui dans le cadre de la conférence des ministres de l’industrie de l’Union pour la
Méditerranée.
Publié par ASimonnet - Greenunivers.com http://www.greenunivers.com/2011/05/retour-vers-un-pacte-energetique-euro-mediterraneen-56581/
37
59/4 - Après les printemps arabes, sur quelles bases refonder le
partenariat euro-méditerranéen ?
DIMANCHE 15 MAI 2011
Compte rendu petit déjeuner de la Méditerranée du 6 mai 2011.
Intitulé : Après les printemps arabes, sur quelles bases refonder le partenariat euro-méditerranéen ?
Autour de Pierre Beckouche, Conseiller scientifique d’IPEMED
Ali Bouabid, Délégué général de la Fondation Abderrahim Bouabid
Jacques ould Aoudia, chercheur en économie politique du développement
IPEMED, dans le cadre de ses petits déjeuners de la Méditerranée, organisés tous les mois à Paris, s’est
interrogé, le vendredi 6 mai, sur le bilan et les perspectives d’une refonte du partenariat euroméditerranéen, compte tenu notamment des révolutions que connaissent les pays du Sud et de l’Est de la
Méditerranée.
Une étude , réalisée par Pierre Beckouche, conseiller scientifique d’IPEMED, et consacrée au bilan du
financement par l’Union européenne du développement en Méditerranée a servi de base à cette
rencontre.
Pierre Beckouche résume ici les principaux enseignements de ses travaux :
Le rapport commandé par IPEMED répondait à la question suivante : depuis 1995, l’UE a-t-elle financé à
un niveau suffisant le partenariat économique Euromed, et en particulier le Voisinage oriental n’a-t-il pas
bénéficié de ces financements davantage que le partenariat méditerranéen ? L’étude a conduit à cinq
idées principales :
1. Les subventions européennes pour le Voisinage oriental rattrapent effectivement celles qui sont
dévolues aux Psem. En matière de subventions, le temps de la Méditerranée a passé : elle était un des
hauts lieux de l’aide publique internationale dans les années 1950, 1960 et 1970, mais depuis les années
1990 ce sont plutôt l’Afrique, les Peco puis les pays de l’ex-Yougoslavie qui bénéficient de l’APD. Cela dit,
entre Voisinage oriental et Voisinage méditerranéen on ne s’éloigne pas beaucoup du compromis de 2006
qui avait établi la répartition des subventions européennes à respectivement un tiers et deux tiers.
2. Il n’y a pas de « consensus géographique » sur le Voisinage. D’une part l’aide croissante de l’UE au
Voisinage méditerranéen ne compense pas le recul de l’aide bilatérale des Etats membres ; autrement dit,
dans les faits, ces Etats membres ne poursuivent pas de politique de Voisinage. Et même au sein des
différentes DG de la Commission, le Voisinage n’apparaît pas comme une géographie évidente ; le tout
nouveau Service d’Acton Extérieure lui-même classe les pays selon la bonne vieille géographie
continentale (le Liban ou la Syrie en « Asie », le Maroc ou l’Egypte en « Afrique »).
3. En termes de financements de l’UE pour les pays tiers, le Voisinage sud apparaît squeezé entre une
priorité qui est très clairement accordée aux pays candidats à l’adhésion (actuelle ou potentielle) et le
souci de l’Europe d’intervenir sur tous les continents du monde. On le voit dans la répartition des prêts
concessionnels de la Berd et de la BEI : les Peco ont perçu en 2009 154 € par habitant, les pays de l’exYougoslavie 115, la Turquie 37 ; c’est beaucoup plus que les pays du Voisinage, oriental (21), et encore
plus méditerranéen (7, un montant qui stagne) ; même la Russie (18) et l’Asie centrale (9) reçoivent
davantage de ces prêts, qui sont pourtant parfaitement adaptés aux besoins des Psem. Lorsqu’on
consolide les subventions de la Commission et les prêts de la BEI et de la Berd, la gradation est tout aussi
limpide : les pays du Voisinage Sud perçoivent 11 €/habitant, tandis que les pays de l’adhésion perçoivent
145 (ex-Yougoslavie) et même 260 (Peco, solde budgétaire opérationnel de l’UE).
Cette situation est-elle problématique ? Non si l’on en croit l’expérience des Etats-Unis comme du Japon,
qui mettent en pratique le slogan « trade not aid », et n’aident pas davantage leur périphérie ; chaque
habitant du voisinage méditerranéen perçoit autant d’argent que son homologue d’Asie orientale ou
d’Amérique latine en développement. Mais oui, parce que les Etats-Unis et surtout le Japon mènent dans
leur région une véritable stratégie d’intégration productive, alors que ce n’est pas ce qu’on constate en
Méditerranée.
4. Contenu sectoriel de l’aide : dispersion et faiblesse du soutien au secteur productif
Les objectifs de Barcelone, de Meda II (2000-2006) comme de la PEV (2007-2013) concernent tous les
domaines du développement : commerce, environnement, changement climatique, santé, éducation,
formation professionnelle, migrations, sécurité, fiscalité, gouvernance etc. – sans oublier les droits de
l’enfant, l’équilibre homme-femme ou la défense des peuples autochtones. En conséquence, entre 20002006, le secteur privé n’a bénéficié que de 10% des subventions Euromed, les « réformes économiques »
se traduisant essentiellement par de l’appui budgétaire aux ministères des Psem, afin de favoriser l’«
appropriation » par les pays bénéficiaires de l’aide. Le passage à l’EIVP depuis 2007 n’a pas beaucoup
changé les choses : les « infrastructures sociales » reçoivent 59% des fonds, le privé 30% en Tunisie, en
Algérie et au Liban mais 10% dans les autres pays ; l’agriculture reste tout aussi absente que durant la
période précédente.
5. Des résultats très moyens
Les résultats d’Euromed présentent quatre points positifs : l’habitude qu’ont prise les Administrations du
Nord et du Sud de travailler ensemble ; la stabilisation macroéconomique des Psem (inflation et
endettement en particulier) ; la sortie d’une quasi autarcie commerciale et leur ouverture aux flux de
capitaux internationaux ; un commencement d’intégration en profondeur avec l’Europe, notamment dans
les transports, l’énergie ou encore dans l’architecture des diplômes universitaires (LMD).
La Commission reconnaît deux principaux points négatifs : les problèmes de démocratie et de droits de
l’homme, et la faible participation de la société civile au développement. Mais en réalité, les résultats
économiques comportent eux aussi plusieurs points noirs : les balances commerciales de Psem se
dégradent gravement surtout depuis 2000 ; la part de l’Europe dans leurs échanges (commerce ou IDE)
recule ; le crédit aux PME reste très insuffisant ; la coopération financière et monétaire
transméditerranéenne également. Enfin l’agriculture et les mobilités professionnelles sont les grandes
oubliées de Barcelone. Au total, la Méditerranée en reste à une intégration plus commerciale que
productive. Quant à eux, les financements européens sont devenus négligeables dans les ressources
externes des Psem. Pour ces derniers, l’enjeu fondamental se joue sur le positionnement international de
leur système productif (voir la redoutable dégradation de leur balance commerciale). Enfin, en termes de
convergence régionale (rattrapage du niveau de développement entre Nord et Sud), on reste loin des
performances de l’Asie orientale, dont la convergence a été apportée par cette intégration productive.
Quelles perspectives en matière de partenariat euro-méditerranéen ?
Tous ces éléments conduisent IPEMED à préconiser quelques pistes de réflexion, qui seront soumises à
quelques grands témoins du Nord et du Sud de la Méditerranée afin de compléter le présent rapport :
• la nécessité de maintenir les subventions européennes sur un certain nombre de programmes
d’infrastructures de base, et pour soutenir les pays en transition dans la très délicate période qu’ils
traversent.
Mais cette politique d’aide ne suffit pas, il faut également :
• augmenter considérablement le montant des prêts concessionnels
• affirmer l’objectif d’une intégration régionale « en profondeur »
• coordonner les politiques européennes ayant une dimension extérieure dans le Voisinage (PAC, TEN,
directive climat-énergie, etc.), par exemple à travers un « Schéma de Développement de l’Espace du
Voisinage »
• concentrer les moyens sur quelques politiques stratégiques (à commencer par la politique commune de
l’énergie)
• favoriser les projets tournés vers le système productif, notamment dans les quelques politiques
prioritaires (énergie, eau, agriculture…)
• mettre sur pied une institution financière régionale mettant ces priorités en œuvre.
Source
http://www.ipemed.coop/spip.php?article841
59/5 - UPM: un diplomate marocain candidat
AFP 17/05/2011 Le FIGARO
La France accueille "avec bienveillance" la candidature proposée par le Maroc de l'un de ses diplomates,
Youssef Amrani, pour le poste de secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, vacant depuis
janvier, a indiqué aujourd'hui le ministère français des Affaires étrangères. "Nous avons pris connaissance
avec bienveillance" de cette candidature, a déclaré lors d'un point-presse le porte-parole du ministère,
Bernard Valero. Interrogé pour savoir s'il y avait d'autres candidatures, il a répondu par la négative. Une
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réunion de "hauts fonctionnaires" des pays membres de l'UPM est prévue le 25 mai à Barcelone
(Espagne) où siège l'organisation, et le choix d'un nouveau secrétaire général pourrait être décidé à cette
occasion, a ajouté le porte-parole. Il a précisé que Youssef Amrani avait actuellement une fonction
équivalente à celle de secrétaire général du ministère marocain des Affaires étrangères. L'UPM est sans
secrétaire général depuis la démission en janvier du Jordanien Ahmed Massa'deh qui avait expliqué que
"les conditions dans lesquelles il avait accepté (ce poste) avaient changé". Cette organisation a été créée
le 13 juillet 2008 sur une idée du président français Nicolas Sarkozy. Elle compte 43 membres dont, outre
les pays de l'Union européenne, la Turquie, Israël et les pays arabes riverains de la Méditerranée.
59/6 - Deux protocoles pour la défense de l'environnement en
Méditerranée
MARDI 17 MAI 2011
Deux protocoles pour la défense de la Méditerranée présentés par la Convention de Barcelone et
approuvés par tous les pays riverains de la «Mare Nostrum» sont récemment entrés en vigueur.
Ces protocoles sont liés à la gestion intégrée des zones côtières et hauturières. L'entrée en vigueur de ces
deux instruments juridiques permet à la région de la Méditerranée de prévenir et de mieux répondre aux
menaces pour l'environnement liées aux plates-formes offshore et à la dégradation des zones côtières.
Les deux protocoles apportent une réponse commune en cas d'incidents comme celui qui s'est produit
dans le golfe du Mexique et permettront une meilleure préparation pour la protection côtière contre le
changement climatique, grâce à un système de surveillance conjoint. Le document contient également un
certain nombre de mesures de protection pour les côtes, comme l'interdiction de la construction à moins
de 100 mètres de la mer et l'obligation de mener des évaluations d'impact.
Visitez le site web du SEMIDE pour en savoir plus:
http://www.emwis.net/thematicdirs/news/2011/04/mediterranean-countries-sign-two-agreementsprotection-environment
59/7 - La renaissance de la Méditerranée
18/05/2011 | Javier Solana et Angel Saz
Dans un monde tourné vers les pays d’Asie, les principaux axes d’échanges sont désormais le Pacifique,
l’océan Indien, et la mer Méditerranée. En Europe, une redistribution du trafic portuaire vers les ports du
sud est possible, mais à certaines conditions.
MADRID – La région Méditerranée est en train de vivre une transformation politique monumentale. Les
manifestations populaires dans les pays de la rive sud ont entamé le processus d’instauration de la
démocratie. De manière sans doute moins visible, la Méditerranée connaît une autre renaissance, tout
aussi importante du point de vue géopolitique.
La redistribution de l’équilibre des pouvoirs mondiaux, de l’Ouest à l’Est, de l’Atlantique au Pacifique, est
source d’inquiétude tant pour l’Europe que pour les Etats-Unis. Leur perte de pouvoir économique et
géopolitique est évidente. Bien que l’attitude géopolitique future des puissances émergentes – le Brésil, la
Chine et l’Inde – soit encore incertaine, ce déplacement du pouvoir n’en constitue pas moins une occasion
pour la Méditerranée.
Avec la prédominance des pays occidentaux, la région Atlantique était au centre des échanges de ces
trois derniers siècles. Mais dans un monde tourné vers les pays d’Asie, les principaux axes d’échanges
sont le Pacifique et l’océan Indien, et compte tenu des liens étroits actuels entre l’Asie et l’Europe, la mer
Méditerranée.
En effet, le trafic de conteneurs entre l’Extrême-Orient et l’Europe s’élève aujourd’hui à 18 millions d’EVP
par an (équivalent vingt pieds – unité de mesure des conteneurs en pieds), que l’on peut comparer aux 20
millions d’EVP du trafic annuel trans-Pacifique et aux 4,4 millions d’EVP seulement entre l’Europe et les
Etats-Unis. Le flux de conteneurs entre l’Asie orientale et l’Europe passe par la Méditerranée en
empruntant le canal de Suez – une route plus rapide que celle passant par le canal de Panama, ou celle
contournant l’Afrique et même que l’éventuelle route de l’Arctique, une fois libre de glace.
Malgré la suprématie de la route Méditerranée pour le trafic de conteneurs entre l’Europe et l’Asie
orientale, 72 pour cent des biens à destination de l’UE sont déchargés dans les ports du nord de l’Europe
(Le Havre, Anvers, Rotterdam, Brême et Hambourg), et 28 pour cent seulement dans les ports du sud de
l’UE, tels Barcelone, Marseille, Valence et Gênes. Plus de la moitié des conteneurs en provenance de
l’Asie orientale et à destination de Milan, par exemple, est déchargée dans un port nord-européen.
Le trafic de conteneurs devrait augmenter de 164 pour cent avant 2020
En d’autres termes, la plupart des porte-conteneurs venant d’Asie passent par le canal de Suez,
traversent la Méditerranée en ignorant Gênes, Marseille, Barcelone et Valence, ajoutant ainsi trois jours au
temps de transport, pour atteindre Rotterdam ou Hambourg. Le déchargement des marchandises dans un
port atlantique ou nord-européen au lieu d’un port du sud de l’Europe entraîne un surcoût financier et
environnemental important qui nuit à la compétitivité de l’Europe.
En fait, selon une étude réalisée par le port de Barcelone, la distribution optimale des flux de conteneurs
en termes économiques et environnementaux serait de 37 pour cent pour les ports du nord de l’Europe et
de 63 pour cent pour les ports du sud, selon l’origine et la destination finale des biens importés et
exportés. Basée en partie sur la méthodologie de l’Agence européenne pour l’environnement, cette étude
conclut qu’une redistribution du trafic portuaire vers les ports du sud de l’Europe permettrait une réduction
de près de 50 pour cent des émissions de carbone.
Une telle redistribution est bien sûr impensable aujourd’hui, tant pour des raisons politiques
qu’économiques. Le déséquilibre actuel du trafic de conteneurs reflète le dynamisme économique du nord
de l’Europe, l’efficacité de ses installations portuaires et les excellentes infrastructures routières et
ferroviaires qui lui permettent de connecter ces ports à pratiquement toute l’Europe, en sus des économies
d’échelle réalisées grâce au volume des biens qui transitent par ces ports. Mais étant donné que le trafic
de conteneurs devrait augmenter de 164 pour cent avant 2020, les ports du sud de l’Europe devraient
pouvoir porter leur part à 40-50 pour cent des flux de conteneurs entre l’Asie orientale et l’Europe.
Pour parvenir à ce rééquilibrage, les ports sud-européens devront améliorer leurs infrastructures,
notamment les connections ferroviaires au réseau européen. La politique du réseau transeuropéen de
transport (RTE-T), que l’UE réexamine aujourd’hui en profondeur, est un élément essentiel en ce sens
parce qu’elle constitue le plan directeur du développement des infrastructures de base européennes.
Bien que ces infrastructures soient principalement financées par les États membres individuels de l’UE sur
leurs propres fonds, le RTE-T est contraignant et fixe des projets prioritaires pour chacun d’entre eux. Il est
donc absolument indispensable que le RTE-T tienne compte de l’importance des connections ferroviaires
avec les ports du sud de l’Europe.
Il est nécessaire pour ce faire que les décideurs donnent la priorité aux critères d’efficacité et qu’ils
tiennent compte des coûts environnementaux, à la fois du transport maritime et terrestre. Si l’Europe et
ses entreprises veulent rester compétitives et atteindre l’objectif stratégique « Europe 2020 » - une Europe
qui utilise ses ressources de manière efficace – l’infrastructure ferroviaire des pays européens riverains de
la Méditerranée est vitale.
Il existe, à l’évidence, un autre facteur géopolitique indispensable à ce rééquilibrage : le canal de Suez doit
rester une route maritime sûre et fiable. Toute menace sur le fonctionnement normal du canal ferait passer
le trafic de conteneurs par la pointe sud de l’Afrique, marginalisant la Méditerranée (et provoquant une
flambée des coûts).
La Méditerranée a joué un rôle crucial dans les premières civilisations égyptienne et mésopotamienne,
était la mer des Phéniciens, des Grecs et des Romains et le centre du monde, d’abord pour les Arabes et
les barbares, et plus tard pour les Ottomans et les Espagnols. Aujourd’hui, après avoir perdu de son
importance à la suite d’ouvertures de nouvelles liaisons maritimes pour le commerce européen vers les
Amériques et l’Extrême-Orient, la Méditerranée voit s’offrir à elle une occasion de retrouver son prestige
passé.
Javier Solana et Angel Saz http://lecercle.lesechos.fr
59/8 - Quel avenir pour la méditerranée ?
JEUDI 19 MAI 2011
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Jean-François Stephane, professeur des sciences de la terre et Etienne Ruellan, checheur en sciences de
l'univers sont nos invités pour tenter de répondre à la question « Quel avenir pour la méditerranée ? »
La méditerranée a été dans l’Histoire, d’une importance capitale pour l’homme. Mais quelle méditerranée
voulons-nous pour demain ? Entre enjeux sociétaux (flux de populations et évolutions des villes
méditerranéennes) et préservation de l’écosystème, la tâche est immense. Comment gérer les ressource
(agriculture, pêche, eau…) ? Quelles sont les évolutions biogéochimiques qui s’opéreront en son sein ?
Quel sera leur influence sur les écosystèmes marins et leur biodiversité ? Quels sont les risques liés aux
pressions climatiques et anthropiques sur cette biodiversité méditerranéenne ?
Quel avenir pour la méditerranée ?
Pour tenter de répondre à ces questions, nous recevons Jean-François Stephan, directeur de l’INSUCNRS et Étienne Ruellan, co-directeur MISTRALS, INSU-CNRS.
Par Caroline Lachowsky - RFI - emmission Autour de la question
Source http://www.rfi.fr/emission/20110524-1-quel-avenir-mediterranee
59/9 - Méditerranée - Et si la Tunisie entrait dans l’Union Européenne ?
DIMANCHE 22 MAI 2011
L’une des plumes de l’hebdomadaire allemand Die Zeit estime que les Tunisiens ont autant leur place au
sein de la communauté que les Chypriotes ou les Portugais.
La Tunisie dans l’Union européenne ? Cela semble fou. Mais en période révolutionnaire, ce qui est fou
devient raisonnable, comme il devient déraisonnable de se cantonner à ses habitudes. Sur la rive sud de
la Méditerranée, la réalité se fissure. Comme autrefois dans l’est de l’Europe, quand le Mur est tombé. La
Tunisie a donné le coup d’envoi et elle pourrait devenir la vitrine, voire la tête de pont des démocrates
dans la région, du Maroc à l’Iran en passant par le monde arabe, si elle devenait membre de l’Union
européenne. Essayons de l’imaginer. La Tunisie, État de droit sous la protection européenne, disposant
des mêmes droits, et des mêmes devoirs à Bruxelles, y compris devant la Cour européenne de justice. De
quoi aiguiser les appétits des voisins. Serait-ce une mauvaise chose ?
C’est de France que cette idée audacieuse nous est venue tout récemment. On lui a objecté que la
Tunisie ne faisait pas partie de l’Europe mais de l’Afrique. Certes. Pourtant, Chypre est membre de l’UE, et
l’île se trouve en Asie. Il ne faut pas se contenter de regarder les cartes, encore faut-il savoir les lire.
Montagnes et déserts isolent le Maghreb de l’Afrique noire. Des villes comme Marseille sont plus proches
de Tunis que de Varsovie ou d’Helsinki.
De fait, les voisins de la Tunisie, l’Algérie et la Libye, sont aussi des nôtres, dès à présent, même sans une
intégration de la Tunisie à l’UE. Tout au moins, ceux qui défendent l’entrée de la Turquie dans l’Union ne
devraient pas évoquer des arguments géographiques pour s’opposer à l’entrée de la Tunisie. La Turquie a
d’ailleurs une frontière commune avec l’Irak, qui est tout sauf un voisin de l’Europe. L’intégration de la
Turquie représenterait une étape nettement plus radicale que celle de la Tunisie.
Il est effectivement gênant que la Tunisie, au sud, englobe un coin de Sahara, et par conséquent une
région où Al-Qaida peut jouer les fauteurs de troubles. Mais si l’on part du principe que l’intégration ferait
de la Tunisie un État plus prospère, cela profiterait-il au réseau terroriste ou lui porterait-il tort ? Il est vrai,
pour l’heure, que le pays ne satisfait pas encore aux critères d’entrée dans l’UE. Mais cela était également
le cas de la Roumanie, quand elle a entamé son processus d’intégration.
Et gardons à l’esprit que, bientôt, la Tunisie sera plus démocratique que la Turquie ou la Hongrie, bien que
la Constitution tunisienne stipule que l’État doit être musulman. Du reste, ce paragraphe, au nom de la
paix sociale, finira par être repris dans la nouvelle Constitution : et alors ? Notre Loi fondamentale en
appelle à Dieu ; du reste, l’Angleterre est dotée d’une Église d’État, et personne ne s’en soucie. La
tolérance prévaut en Tunisie. Pas dans chaque village, pas dans chaque famille, mais c’était comme ça
aussi autrefois en Irlande. Ou en Bavière.
Une seule question se pose, celle de savoir si l’Union peut supporter un nouvel élargissement. Aujourd’hui
déjà, son processus de décision vire au mini drame. Peut-être parce que les objectifs unificateurs se sont
évaporés ? Une Europe qui parlerait également arabe, qui compenserait dans la pratique le choc des
civilisations, serait en tout cas un projet d’une réelle portée stratégique. Et l’UE pourrait le faire passer
avant toutes ces vétilles dans lesquelles elle se débat aujourd’hui. Quant au risque économique, il serait
modeste, à vrai dire.
C’est en Tunisie que l’on rencontre la classe moyenne la plus qualifiée et la plus ouverte du monde
arabophone. Ce n’est pas le tiers-monde. Certes, on trouve des zones sous-développées dans l’arrièrepays. Mais elles ne sont pas sans rappeler les régions pauvres du Portugal d’antan ; elles n’ont pas
empêché ce pays d’entrer dans l’Union. Quant aux produits tunisiens, presque tous agricoles, ils
renfloueraient la part toujours plus réduite de l’agriculture dans l’UE. Et nous préférerions accueillir les
Tunisiens comme des immigrés prêts à travailler, plutôt que de voir le président de la Commission
européenne, José Manuel Barroso, exiger des révolutionnaires qu’ils ferment leurs frontières d’urgence.
Quelle honte !
Et si les Tunisiens n’y tenaient pas du tout ? Il se peut fort bien qu’eux, dont le pays a été un protectorat
français jusqu’en 1956, refusent fièrement une offre d’intégration. Tout ne serait donc pas joué pour
autant. Cette offre mettrait un point final à la politique méditerranéenne adoptée jusqu’à présent par
l’Union, si tant est qu’une telle politique n’ait jamais existé. Les Tunisiens ont su faire preuve de courage.
Pourrons-nous en faire autant ?
Source: Courrier International n.1071
59/10 - La Méditerranée a-t-elle vocation à devenir un bassin d’emploi
unique ?
LUNDI 23 MAI 2011
L'Union européenne doit impérativement accroître ses échanges avec ses voisins du Sud. Il faut
encourager les mobilités professionnelles.
Cap au Sud. La Berd, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, a décidé ce
week-end d’étendre son mandat à l’Afrique du Nord et au Proche-Orient, sans préciser la géographie
exacte de cet élargissement. En pratique, la carte correspond aux onze « pays du sud et de l’est de la
Méditerranée », les Psem, comme on les désigne dans le jargon géopolitique. Du Maroc à la Turquie, en
passant par l’Égypte et Israël, ils sont 265 millions d’habitants. Le titre de gloire de la Berd, fondée en
1991 pour permettre aux ex-États communistes de se convertir à la démocratie et à l’économie de
marché, aura été l’intégration, depuis le 1er mai 2004, des pays de l’Est dans l’Union européenne. Faut-il
envisager un remake, avec cette fois les grandes retrouvailles des riverains de la Méditerranée ?
Sur le papier, ce rassemblement existe déjà. C’est l’Union pour la Méditerranée (UPM), créée à Paris le 13
juillet 2008 et qui regroupe les 27 pays de l’UE, les onze Psem, et les États des Balkans. Mais l’UPM n’a
guère brillé par ses résultats concrets, même si le « printemps arabe » lui confère une nouvelle urgence.
Zone de libre-échange, projets d’infrastructures énergétiques et environnementales, qui sont la cible
première de l’UPM… L’union peut se décliner dans de nombreux registres, mais en dernier ressort ce sont
aux populations d’apprendre à vivre ensemble.
« Il ne saurait être question de dire aux gens de la région : »Nous voulons une union, mais que chacun
reste chez soi* », écrit le géographe Pierre Beckouche en préface du nouveau cahier de l’Ipemed (Institut
de prospective économique du monde méditerranéen) publié la semaine dernière. Méditerranée : passer
des migrations aux mobilités, le titre a le mérite d’affronter le sujet qui fâche. Le « migrant de Lampedusa »
de ce printemps 2011 est en effet la réplique en plus dramatique du « plombier polonais » du printemps
2005, qui avait contribué à la victoire du non au référendum français sur la Constitution européenne. Tout
le monde admet que l’Europe doit s’ouvrir à ses voisins du Sud, mais on en redoute les désagréments
immédiats. Le temps court est occupé par les milliers de Tunisiens qui accostent sur les rivages de l’Italie,
alors que le temps long, celui de la Berd et de l’UPM, s’efforce de dessiner un avenir d’autant plus
incertain que les réticences prédominent.
La question démographique est centrale dès que l’on aborde la coopération méditerranéenne Nord-Sud.
Dans le cahier de l’Ipemed, le démographe Hervé Le Bras désamorce trois préjugés omniprésents («
Population et migrations autour de la Méditerranée, 1950-2050 »).
Le premier concerne la dépopulation au Nord opposée à l’exubérance au Sud. Certes la démographie de
l’Union européenne est amenée à décliner, de 500 millions aujourd’hui à 470 millions en 2050, alors que
les Psem passeraient de 265 à 405 millions dans quarante ans. Ces tendances pourraient toutefois
s’infléchir. D’un côté, la fécondité est en forte diminution dans le Maghreb et, de l’autre, l’Union
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européenne n’a cessé de s’élargir (180 millions d’habitants en 1955) par l’adjonction de nouveaux États. «
L’entrée de la Turquie modifierait considérablement les termes de comparaison Nord-Sud ! », avance le
démographe de façon quelque peu polémique.
Le deuxième préjugé tient à la réduction inéluctable de la population active en Europe, conséquence de la
dénatalité ; le seul remède serait alors de recourir à l’immigration. Faux, réplique Hervé Le Bras : il existe
des solutions alternatives. Il suffirait que les Européens reportent l’âge effectif de retraite (58 ans en
France et 63,5 ans en Suède) et que les femmes travaillent en plus grand nombre (48 % en Italie et 72,9
% en Suède) : si tous les États adoptent la norme suédoise, le problème de population active serait résolu,
sans besoin de main-d’oeuvre étrangère.
Autre idée reçue, l’immigration. On l’assimile à « la misère du monde », à « la surpopulation du Sud » qui
se déverse dans les pays riches, etc. « Les migrants venus des Psem jouent et joueront un rôle important
au Nord, pour des raisons non démographiques mais économiques, car ils facilitent les ajustements sur
des marchés du travail fragmentés », avertit Hervé Le Bras. Ainsi, à Flamanville, sur le chantier du
réacteur EPR, un travailleur sur trois vient des pays de l’Est. Par ailleurs, les migrants sont de plus en plus
diplômés, y compris les clandestins du centre de Sangatte qui hébergeait les étrangers cherchant à
gagner l’Angleterre (75 % avaient le niveau secondaire ou universitaire, selon une enquête de 2002
auprès de 284 personnes). En Europe, les « migrants économiques » suivent la conjoncture du marché du
travail : l’emblématique plombier polonais était venu en masse au Royaume-Uni (690 000 en 2008) et en
Irlande (200 000), plus qu’en France (55 000). Il s’est rapatrié avec la crise ; un tiers des Polonais ont
quitté l’Irlande.
Encourager la mobilité professionnelle peut contribuer paradoxalement à réduire l’immigration. Hervé Le
Bras cite l’exemple d’une étudiante algérienne à Paris qui a attendu d’avoir la nationalité française pour
aller travailler en Algérie, son passeport tricolore lui garantissant de circuler à son gré. La Méditerranée, la
Mare Nostrum des Romains, « notre bassin d’emploi » du XXIe siècle.
L’emblématique plombier polonais était venu en masse au Royaume-Uni (690 000 établis en 2008) et en
Irlande (200 000), plus qu’en France (55 000). Il s’est rapatrié avec la crise ; un tiers des Polonais ont
quitté l’Irlande
Jean-Pierre Robin - Le Figaro no. 20778, lundi 23 mai 2011, p. 30
http://acturca.wordpress.com/2011/05/23/la-mediterranee-a-t-elle-vocation-a-devenir-un-bassin-demploiunique/
59/11 - Un diplomate marocain nommé secrétaire général de l'UPM
LEMONDE.FR avec AFP | 25.05.11
M. Amrani, secrétaire général du ministère des affaires étrangères marocain AFP/ABDELHAK SENNA
Le diplomate marocain Youssef Amrani a été nommé, mercredi 25 mai, secrétaire général de l'Union pour
la Méditerranée (UPM) lors d'une réunion des hauts responsables de cette organisation, à Barcelone, a
annoncé le ministère des affaires étrangères français dans un communiqué.
"Je salue très chaleureusement la nomination, par les hauts fonctionnaires de l'Union pour la
Méditerranée, réunis à Barcelone, de Youssef Amrani au poste de secrétaire général", a déclaré le
ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, qui l'a qualifiée d'"excellente nouvelle".
La candidature de M. Amrani, secrétaire général du ministère des affaires étrangères marocain, était
soutenue par la France et l'ensemble des pays du Sud membres de l'UPM. L'UPM est sans secrétaire
général depuis la démission, en janvier, du Jordanien Ahmed Massa'deh, qui avait expliqué, elliptique, que
"les conditions dans lesquelles il avait accepté [ce poste] avaient changé".
LE CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN COMME FREIN AU DÉVELOPPEMENT DE L'UPM
"Nous comptons sur M. Amrani pour mettre en œuvre des projets de coopération à même d'accompagner
les réformes et les mouvements à l'œuvre au sud de la Méditerranée. Plusieurs secteurs doivent faire
l'objet d'une attention particulière: la jeunesse, à travers notamment le projet d'office méditerranéen de la
jeunesse, la société civile, le développement économique, les énergies renouvelables ou encore la
protection civile", a souligné M. Juppé.
L'UPM, créée le 13 juillet 2008, compte quarante-trois membres dont, outre les pays de l'Union
européenne, la Turquie, Israël et les pays arabes riverains de la Méditerranée. Au plan politique, le conflit
israélo-palestinien a obéré tout progrès dans son action. L'organisation ambitionne, en développant des
projets concrets dans divers domaines (environnement, transports, énergie, culture, éducation...), de
donner un nouveau souffle à la coopération euro-méditerranéenne lancée en 1995 à Barcelone et restée
lettre morte.
59/12 - Méditerranée - L'UE lance une Politique européenne de
voisinage « innovante et ambitieuse »
JEUDI 26 MAI 2011
Catherine Ashton, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, et Štefan Füle, commissaire
européen chargé de l’élargissement et de la politique de voisinage, ont lancé aujourd’hui une Politique
européenne de voisinage (PEV) « innovante et ambitieuse », bénéficiant d’un nouveau financement de
plus de 1,2 milliard d’euros. Cette nouvelle enveloppe porte le total à 7 milliards d’euros et renforce
l’engagement déterminé de l’UE en faveur de ses voisins.
La proposition faite aujourd'hui par le Service européen pour l'action extérieure et la Commission
européenne aux États membres et au Parlement européen présente les principales priorités et les grands
axes de la nouvelle stratégie PEV. Celle-ci cherche à renforcer les relations individuelles et régionales
entre l'UE et les pays de son voisinage par le biais d’une approche « plus de financement pour plus de
réformes » – c’est-à-dire que plus de fonds sont libérés, mais avec une responsabilité mutuelle accrue.
Outre les 5,7 milliards d’euros déjà alloués pour la période 2011-2013, un financement supplémentaire de
1,24 milliard d’euros a été libéré à partir d’autres ressources existantes. Il sera désormais affecté au
soutien de la PEV, a déclaré Mme Ashton.
De plus, elle a affirmé que le Conseil européen avait accepté sa proposition qui vise à augmenter de 1
milliard d’euros le mandat de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour la région du sud de la
Méditerranée, pour la même période. Pour sa part, la Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD) a également soutenu la demande de Mme Ashton visant à élargir ses opérations
dans les pays du sud de la Méditerranée, en commençant par l’Égypte. Toutes deux s'attendent à ce que
les volumes annuels des mandats atteignent environ 2,5 milliards d'euros d'ici 2013.
À l’annonce de la révision de la politique, la haute représentante Catherine Ashton a indiqué combien la
région du voisinage était importante pour l’Union européenne, en citant les premières lignes du document :
« À l'est et au sud de l'Union européenne (UE) se trouvent seize pays dont les espoirs et les perspectives
d'avenir ont des retentissements directs et significatifs pour l'UE. »
« Étant donné le nombre de nos voisins engagés dans un processus de changement démocratique », a-telle continué, « cette révision est plus importante que jamais. Il est crucial que l’UE offre une réponse
globale à ses voisins et construise avec eux des partenariats durables. »
La haute représentante a décrit la nouvelle approche comme « un partenariat entre des populations qui
vise à promouvoir et à soutenir le développement d’une démocratie solide et de la prospérité économique
chez nos voisins ». Elle a souligné que la politique ne proposait pas une réponse unique mais bien des
solutions sur mesure. Elle a précisé par la même occasion que l'UE libèrerait des fonds pour ses
partenaires des pays voisins « afin de soutenir, à leur rythme, les réformes politiques et économiques
qu’ils souhaitent entreprendre.»
Le commissaire Štefan Füle a mis l’accent sur le fait que beaucoup de voisins européens s’étaient
engagés dans un processus de transformation qui devrait les aider à devenir des sociétés plus
démocratiques et prospères. « L’UE doit offrir une réponse déterminée et ambitieuse, au travers d’une
nouvelle approche de la PEV. Elle doit tirer les enseignements de ses expériences passées et s’attaquer
aux défis d’un voisinage en pleine mutation. »
Il a, lui aussi, insisté sur le degré de différenciation très élevé, qui permet à chaque partenaire de
développer des liens avec l'UE « dans la mesure des ses aspirations, de ses besoins et de ses capacités
personnelles ».
« Pour bénéficier d’un soutien accru de l’UE, les pays voisins doivent répondre à certaines conditions », a
expliqué M. Füle. « Tout dépend des progrès réalisés dans la construction et la consolidation de la
démocratie et du respect de l’État de droit. Plus un pays entreprend des réformes internes et avance vite
dans cette voie, plus il bénéficie du soutien de l’UE. »
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La nouvelle PEV est basée sur les réalisations de la Politique européenne de voisinage depuis son
lancement initial en 2004. Elle offre de nouveaux types de soutien à davantage de sections de la société
et introduit des mesures supplémentaires incitant à poursuivre les réformes.
La communication d’aujourd’hui est le couronnement d’une révision approfondie et de consultations avec
des gouvernements et organisations de la société civile, tant au sein de l'UE que dans les 16 pays
partenaires de la PEV, à l'Est et au Sud. Elle participe au développement du « partenariat pour la
démocratie et une prospérité partagée avec le Sud de la Méditerranée », conclu en mars 2011, en
réponse directe au soulèvement et aux aspirations démocratiques de l'Afrique du Nord. Enfin, elle se
fonde également sur le Partenariat oriental lancé en 2009.
Par ENPI Info Centre - le 25 mai 2011
communiqué de presse :
http://europa.eu/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/11/643&format=HTML&aged=0&language=E
N&guiLanguage=en
6 – CULTURE
61 - Tournages de films : une manne financière pour la région Paca
Publié le dimanche 01 mai 2011 La Provence
Les fictions télé remportent la palme des retombées économiques en Paca
"Un balcon sur le mer", le dernier film de Nicole Garcia avec Jean Dujardin, a principalement été tourné en
Provence, notamment dans la région d'Avignon.
On savait que la région était appréciée par les producteurs dans le domaine des tournages. Sans
connaître l'impact réel généré sur le plan économique. Car ils ne sont pas les seuls à apprécier
apparemment.
Une étude commandée par la Région, Atout France, la Chambre de commerce Marseille-Provence et la
ville de Nice à un cabinet spécialisé, permet de mieux comprendre le phénomène. Parmi les
enseignements à en tirer, il ressort que les fictions télé tirent le mieux leur épingle du jeu pour l'audiovisuel
et le cinéma, avec le plus grand nombre de jours de tournage, 40 en moyenne, ainsi que la plus forte
dépense globale en région, autour de 1,5 million d'euros, notamment grâce aux séries.
"Notre démarche a pour principale ambition de justifier les dépenses engagées par la collectivité publique
pour une industrie qui emploie beaucoup et qui fait vivre tout un pan de notre économie," explique Patrick
Mennucci, vice président PS de la Région Paca, délégué à la culture, au patrimoine culturel et au
développement.
Pour un euro investi, l'enquête démontre qu'on peut attendre en retour 2,13 euros pour un court-métrage,
3,77 euros pour un documentaire, 4,99 euros pour un long métrage, 17,47 euros pour une fiction TV. La
Région a consacré 2,5 millions d'euros en 2009 au secteur de l'audiovisuel et du cinéma, avec un retour
sur investissement de 21,3 millions.
A cela, il faut ajouter un impact non négligeable en terme d'image. Georges Antoun, pour la Chambre de
commerce et d'industrie Marseille-Provence, y voit un moyen "de promouvoir une destination". "Notre
façon de vivre peut être ressentie à travers l'atmosphère qui se dégage d'un film", analyse-t-il.
Appelant de ses voeux l'organisation d'un véritable salon des lieux de tournage, comme il a eu l'occasion
d'en apprécier les mérites en 2007 lors d'un déplacement à Los Angeles. "Nous avons parfaitement
conscience de la puissance de l'image pour attirer le public dans une région" affirme de son côté
Emmanuel Duval, chef du service activités et filières d'Atout France.
À l'appui de son argumentation, il cite le succès remporté par le film "Bienvenue chez les ch'tis" qui a
largement contribué au changement d'image du nord de la France. À la Région, on envisage maintenant
d'engager une étude pour connaître les retombées économiques des festivals. Des festivals qui
attireraient plus de monde. Ce dont personne ne se plaindra.
Philippe FANER ([email protected])
62 - « L'Homme révolté » de Camus éclaire les révolutions arabes
Par Robert Zaretsky | Professeur d'histoire à l'université RUE89
En Tunisie, en Egypte et en Libye, des révoltés, hommes et femmes, « parient, face à la douleur des
hommes, pour le bonheur ».
Si l'auteur de « L'Homme révolté », publié il y a soixante ans, était toujours vivant, il dirait que les
événements qui se déroulent aujourd'hui dans son Afrique du Nord natale nous rappellent que la
Méditerranée a une rive sud dont la jeunesse incarne les principes de son essai : « La plus orgueilleuse
des races, nous autres Méditerranéens », déclarait-il, « vivons toujours de la même lumière ».
Alors que le monde plongeait dans les profondeurs glaciales de la guerre froide au début des années 50,
Albert Camus ne pouvait trouver de chaleur intellectuelle ni à l'Est, ni même à l'Ouest. Son regard était
fixé sur la Méditerranée, où « la jeunesse du monde se trouve toujours autour des mêmes rivages ».
De nos jours, on se souvient principalement de « L'Homme révolté » pour la querelle spectaculaire entre
Camus et Jean-Paul Sartre, qui avait violemment critiqué l'essai de son vieil ami en le qualifiant de
« pastiche philosophique sans rigueur qui servait d'apologie du conservatisme politique ».
C'est tout sauf cela. Dans « L'Homme révolté », Camus nous donne les mots pour comprendre les
événements qui bousculent notre monde.
Ils ne sont pas prêts pour la démocratie ? Et alors ?
Le monde, pour Camus, était le théâtre de deux formes d'absurdité :
l'absurdité métaphysique, basée sur le refus du monde à donner du sens à une race humaine qui
pourtant en réclame ;
l'absurdité politique, ou l'obstination d'un Etat à vouloir donner du sens, en certains endroits et à certains
moments, à la souffrance injustifiable qu'il inflige à ses citoyens.
Camus se révoltait contre ces deux genres d'absurdité, nous avertissant depuis toujours que l'absurde ne
libère jamais mais ne fait qu'enchaîner. Tout comme la conception stoïcienne de la liberté, la notion de
révolte de Camus est liée à une compréhension austère des devoirs de l'homme envers l'univers et envers
ses semblables.
Camus écrivait évidemment en opposition aux sophismes meurtriers du communisme. Mais il aurait aussi
écrit de la même manière contre les crimes politiques en Afrique du Nord, également sujets à des formes
de justification cohérente qui sont le plus souvent présentées sous l'étiquette du « réalisme politique ».
Les défenseurs de ces Etats autocratiques ont mis l'accent sur la nécessité de faire passer l'ordre avant la
démocratie, le statu quo avant les incertitudes liées au changement, faisant écho au refrain des dirigeants
égyptiens même lorsqu'ils étaient mis à la porte : les gens ne sont pas prêts pour la démocratie.
Tandis que nous ne savons toujours pas s'ils sont vraiment prêts pour la démocratie, Camus dirait aussi
que cette question est hors de propos. Les révoltés nord-africains réagissent de la même façon que son
homme révolté face au « spectacle de la déraison, devant une condition injuste et incompréhensible ».
Facebook, Twitter… je me révolte, donc nous sommes
Pour les jeunes Egyptiens dirigés par un raïs octogénaire soutenu par une police meurtrière et par des
milliards de dollars d'aide militaire américaine, pour les jeunes Tunisiens sous l'emprise d'un dirigeant
corrompu dont la famille considère la nation comme un entrepôt à piller ; et pour les jeunes Libyens
opprimés par un meurtrier fou dont la domination rivalisait avec celle de Caligula sur l'empire romain, le
temps est enfin venu, comme Camus l'écrit, que « le scandale cesse ».
Bien avant l'ère de Facebook et de Twitter, Camus avait reconnu que la révolte passe inévitablement de
l'individu à une réponse collective. Dans l'épreuve quotidienne, écrit-il :
« La révolte joue le même rôle que le cogito dans l'ordre de la pensée. »
En bref, je me révolte, donc nous sommes.
Refuser de transformer ses anciens maîtres en esclaves
Bien que la rigueur logique de Descartes manque à l'affirmation de Camus, celle-ci nous montre une
vérité que l'expérience démontre : lorsqu'un individu sait que quelque chose en lui est nié, il comprend
aussi que cela « ne lui appartient pas seulement, mais est un lieu commun où tous les hommes, même
celui qui l'insulte et l'opprime, ont une communauté prête ».
La conséquence éthique est que l'homme révolté ne nie pas le fait que son maître soit un de ses
semblables ; mais nie seulement son statut de maître. Dans le but d'exister, l'homme doit se révolter
contre ceux qui nient son humanité, mais l'acte de révolte doit en même temps reconnaître une limite et
42
respecter l'humanité de l'oppresseur.
En un mot, l'homme révolté refuse à la fois de demeurer esclave et de transformer ses anciens maîtres en
esclaves. Les méthodes pacifistes des manifestants égyptiens reflètent la revendication éthique de
Camus : faire face à nos anciens oppresseurs comme n'étant rien de moins que des êtres humains qui
ébranlent la légitimité morale de la cause que nous défendons.
Révolte ou révolution ?
Ci-dessus réside le drame actuel de l'Afrique du Nord. Réussiront-ils ? Ces hommes et femmes révoltés
trouveront-ils un juste milieu entre l'étreinte d'idéaux scintillants et la dure réalité du pouvoir ? La réponse,
pour Camus, réside dans la différence entre révolte et révolution. La première est limitée et sa portée est
modeste ; la dernière est abstraite et sans limites.
Bien que Camus eût Paris en tête en 1794 [la Grande Terreur, ndlr] et Moscou dans les années 30 [les
purges staliniennes, ndlr], il n'aurait pas été étonné de l'évolution de la révolution iranienne de 1979 ;
après tout, n'a-t-il pas écrit que « la révolution triomphante » se révèle « par ses polices, ses procès et ses
excommunications » ?
Pour cette même raison, Camus aurait préféré l'expression « mouvement vert » à « révolution verte » pour
décrire les récentes manifestations en Iran. Ces jeunes hommes et femmes sont révoltés et non
révolutionnaires, car ils comprennent que « la liberté la plus extrême, celle de tuer, n'est pas compatible
avec les raisons de la révolte ».
Au contraire, le premier essai organisé par de vrais révoltés met la notion de liberté absolue sur la sellette.
L'homme révolté reconnaît que « la liberté a ses limites partout où se trouve un être humain, la limite étant
précisément le pouvoir de révolte de cet être ». L'absence de telles limites permet au régime iranien, tout
comme elle l'a permis aux régimes nord-africains, de terroriser, humilier et tuer leurs citoyens.
Camus conclut que la logique de l'homme révolté est :
« De vouloir servir la justice pour ne pas ajouter à l'injustice de la condition, de s'efforcer au langage clair
pour ne pas épaissir le mensonge universel et de parier, face à la douleur des hommes, pour le
bonheur. »
A la première publication du livre, cette phrase a été critiquée, considérée comme pure grandiloquence.
Pourtant, nous nous trouvons aujourd'hui face à cette vérité qui dit que rien n'est simple, vérité beaucoup
moins creuse que l'affirmation de Camus.
La modération « au contraire, est une pure tension »
Elle reconnaît plutôt la difficulté et les doutes liés à tout effort fourni lors d'une vraie révolte. Elle exige que
nous vivions de résultats provisoires et de revendications relatives, restant depuis le début consciente
d'une vérité absolue : ne jamais laisser notre révolte se transformer en révolution.
Cet axiome nous apporte les fondements de la « philosophie des limites » de Camus. La révolte « ne vise
qu'au relatif et ne peut promettre qu'une dignité certaine assortie d'une justice relative ».
Compte tenu des grandes attentes mais aussi des grandes inquiétudes suscitées par les évènements
gigantesques en Afrique du Nord, il nous aide à nous souvenir qu'il existe finalement un aspect tragique à
la philosophie de la révolte de Camus.
L'esprit de modération est bien plus difficile à mettre en œuvre et à maintenir que celui de la révolution.
Alors que l'on tombe facilement dans l'excès, la modération « au contraire, est une pure tension ».
Pour Camus, ceux qui souhaitent conserver le parti de l'humanité n'ont pas d'autre choix que d'étreindre
cette tension. En d'autres termes, tandis que le révolutionnaire croit que la fin justifie les moyens, l'homme
révolté répond toujours que seuls les moyens justifient la fin.
Traduit de l'américain par Agathe Raymond Carlo.
63 - Méditerranée - Exposition l’Orientalisme en Europe. De Delacroix à
Matisse
L’orientalisme en Europe. De Delacroix à Matisse
Centre de la Vieille Charité, Marseille du 28 mai 2011 au 28 août 2011
L’exposition est organisée par la Rmn-Grand Palais et la ville de Marseille en collaboration avec les
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles et la Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung, à Munich.
Elle est présentée aux Musées royaux des Beaux-Arts du 15 octobre 2010 au 9 janvier 2011 puis à la
Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung, à Munich du 28 janvier au 1er mai 2011.
La fascination pour l’Orient qui traverse l’histoire de l’art occidental connait un essor tout particulier au
XIXe siècle.
Entre la campagne d’Egypte de Bonaparte (1798-1801) et le séjour de Matisse en Afrique du nord (1906),
l’Orientalisme va connaître son véritable âge d’or. Les vues d’Egypte rapportées par les artistes qui
accompagnèrent Bonaparte constituent, avec l’illustration des premiers actes de la légende
napoléonienne, les premiers jalons d’une nouvelle découverte du monde oriental par le public européen.
En suscitant un engouement dans toute l’Europe pour le passé pharaonique, elles initient un mouvement
d’intérêt général et durable pour tout ce qui touche à l’Orient : Au siècle de Louis XIV on était helléniste,
maintenant on est orientaliste pourra dire Victor Hugo.
L’Orientalisme est indissociable de l’expansion coloniale européenne. Le déclin de l’empire ottoman,
l’implantation des puissances européennes au Moyen-Orient, en Afrique du Nord vont ouvrir aux artistes
les portes d’un monde qui restait jusque-là difficilement accessible. Le choc de cette rencontre leur ouvre
de nouvelles perspectives. Au cours de son voyage au Maroc en 1832, Delacroix pensera trouver dans le
dépaysement oriental des réponses à son profond désir de renouvellement. L’Orient lui apparaît comme le
lieu de l’exaltation des sens, et l’Antiquité, qui est la référence commune de tous ces peintres de culture
classique, semble ressusciter sous ses yeux avec les couleurs de la vie.
La première génération de ces artistes fixe ainsi les traits fondamentaux d’un imaginaire que tant d’autres
reprendront tout au long du siècle : ainsi d’Ingres à Gérôme, le succès continu de la représentation
particulièrement fantasmée du Harem conforte l’idée de la troublante sensualité orientale. Loin des
brumes de l’Europe, la puissance de la couleur et de la lumière s’exprime dans la splendeur des costumes
ou l’exaltation des paysages grandioses et tout particulièrement du désert.
Bientôt les peintres seront nombreux à faire le voyage vers l’autre bord de la Méditerranée, certains
d’entre eux y faisant même de longs séjours. Ils se confronteront alors à la réalité des paysages, de la vie
quotidienne des populations conquises. Très vite, parallèlement aux fictions exotiques et colorées qui
connaissent un succès sans cesse grandissant auprès du public européen, un autre regard se développe,
plus réaliste, déjà ethnographique, attentif à l’autre, et à sa fascinante différence.
Les grandes figures de la Modernité, elles non plus, ne resteront pas insensibles à la tentation orientale.
Renoir, Matisse, Kandinsky et Klee, feront comme tant d’autres le voyage en Orient. Mais si dans leurs
oeuvres les leitmotive les plus éprouvés de l’Orientalisme sont bien présents, Odalisques, paysages
lumineux, villes blanches écrasées sous le soleil, leur approche toute personnelle n’est visiblement plus la
même. En renouvelant si radicalement le genre par leurs recherches plastiques, d’une certaine manière ils
y mettront fin en lui donnant une toute autre signification.
Avec plus de 120 oeuvres, peintures et sculptures, venant des plus grandes institutions internationales et
de collections particulières, l’exposition L’Orientalisme en Europe, de Delacroix à Matisse, offrira un vaste
panorama de l’orientalisme, non seulement en France mais aussi dans toute l’Europe : aux côtés des
chefs-d’oeuvre d’Ingres, Delacroix, Fromentin, Gérôme, figureront des oeuvres d’artistes anglais, comme
Lewis ou Alma-Tadema, allemands, (Bauernfeind, Müller), belges, (Portaels, Evenpoel),
espagnols,(Villegas, Sorolla) italiens, (Fabbi, Simoni), et même un orientaliste turc, formé à Paris, Osman
Hamdi Bey. Renoir, Matisse, Kandinsky, Klee, Macke, illustreront le dernier chapitre de l’exposition
consacrée à l’Orientalisme moderniste.
Cette exposition a été réalisée grâce au soutien financier de BNP Paribas et avec le concours de la Macif.
Cette exposition est présentée par la Ville de Marseille et la Rmn-Grand Palais. Un avant-goût des grands
événements qui se dérouleront en 2013, à l’occasion de Marseille Provence, Capitale Européenne de la
Culture !
Renseignements et informations supplémentaires : www.marseille.fr
ou par téléphone : Allô Mairie 0810 813 813
Commissariat
Marie-Paule Vial, directrice du musée national de l’Orangerie des Tuileries Luc Georget, conservateur au
musée des Beaux-Arts de Marseille
Adresse
Centre de la Vieille Charité 2 rue de la charité 13 002 Marseille
Ouverture
Tous les jours de 10h à 18h sauf lundi et jours fériés, nocturne le vendredi jusqu’à 22h
Tarifs
43
Plein tarif : 10 €, tarif réduit 6 € Audioguides : 4 €
Publication
catalogue de l’exposition broché, 28 x 24 cm, 320 pages, 264 illustrations, 39 € coédition éditions de la
Rmn et du Grand Palais, Paris (2011) / ville de Marseille
64 - Marseille Provence 2013 à la pêche (au gros) mécènes
Par Pierre BOUCAUD le 12 mai 2011 MARSACTU
Les « Assises internationales du mécénat » viennent de se tenir à Marseille en ce début de semaine,
au palais du Pharo. Une grande messe où se sont réunis les représentants des plus grosses entreprises
françaises, qui venaient échanger sur leur politique de mécénat. Quelques grands patrons, beaucoup de
dir’ com’, et aussi pas mal de responsables culturels et d’ONG sociales en prospection. Cash is king.
-2Mds€
Surtout en ce moment. D’ailleurs, les chiffres ne sont pas bons. 2 milliards de baisse entre 2008 et 2010
pour le budget global du mécénat en France selon l’Admical, l’association qui gère ce sujet et qui
organisait ces assises à Marseille. On a même eu droit à la visite d’une membre du gouvernement,
Jeanette Bougrab, secrétaire d’Etat à la jeunesse et à la vie associative, et ex-présidente de la Halde, qui
a participé à la table ronde « quel mécénat pour demain ?« .
Marc Ladreit de Lacharrière, une des plus grosses fortunes françaises, patron et actionnaire de l’agence
de notation Fimalac, et un des plus grands mécènes français était présent également à cette table ronde,
ainsi que l’incontournable Dominique Bluzet, qui dirige les théâtres du Gymnase à Marseille, le Jeu de
Paume et le Grand théâtre de Provence à Aix, et qui est également vice-président de la chambre de
commerce et d’industrie de Marseillle Provence. Ouf.
Désengagement ?
Comme d’habitude Bluzet a fait le show »les acteurs culturels doivent arrêter de ne compter que sur
les collectivités locales et l’Etat pour leur financement, qui aujourd’hui ont d’autres urgences que
la culture. Quand je sors de mon théâtre le soir sur la Canebière, et que je vois des gens qui
crèvent de faim, je comprends que le monde a changé »
« C’était plus facile pour l’état d’être généreux il y a 30 ans sous Mitterrrand qu’aujourd’hui, et les
artistes ont vécu des siècles sans Jack Lang – même si il a régné si longtemps au ministère de la
Culture – et ils continuent à vivre sans lui ». Forcément la ministre de Nicolas Sarkozy a bu comme du
petit lait les belles paroles de Bluzet. Seul Frédéric Muhl, présent dans le public et patron de la troupe
des Carboni - le « Bluzet de l’opérette marseillaise » – et responsable culture au PS des Bouches-duRhône a réagi. Mais il s’est vite fait rabrouer par Jeanette et Ladreit de Lacharrière : « non, il faut
combattre cette idée reçue, l’Etat ne se désengage pas de la culture« . Ce qui a bien fait rire Muhl.
« A coup de 2 à 3000 euros »
Toujours en grande forme, Bluzet a plaidé pour sa double paroisse MP2013 et ses théâtres : « le
problème c’est que le spectacle vivant est le parent pauvre du mécénat, moi je lève 250 000 euros
par an d’argent privé pour mes théâtres, et je suis le plus important à Marseille (au sens propre,
ndlr), et pour Marseille 2013, comme ici le tissu économique est essentiellement composé de PME
c’est compliqué de trouver de l’argent. Ou alors c’est à coup de 2 à 3 ooo euros ».
Bon, il a juste arraché un sourire au milliardaire Lacharrière, qui lui donnait du « Monsieur Dominique »
et qui semblait écouter nos histoires marseillaises à 2 ooo euros d’un air un peu condescendant. Pourtant,
une des sociétés dont Lacharrière est actionnaire, Véga, spécialisée dans la production, vient d’ être
désignée par la ville pour gérer la future salle des spectacle du Silo. Ce serait sympa que du coup, en tout
bien tout honneur, il sorte son carnet de chèque pour MP2013… Ce qui ferait les affaires de Latarjet, l’exdirecteur général mais apparemment toujours plus visible que son successeur, et Hugues de Cibon, son
fundraiser en chef.
Chasse au mécène
Ces derniers étant toujours à la recherche de deux grands partenaires principaux, à 1,5 million d’euros le
ticket d’entrée, après avoir fait signer officiellement La Poste et la Société Marseillaise de Crédit, et
officieusement Orange. Selon Hugues et Bernard, qui ont passé ces deux jours à draguer le mécène au
palais du Pharo, un autre partenaire de premier plan aurait envoyé une « lettre d’intention » (la CMA CGM,
qui vient de lancer une campagne de comm’ « qui tend à prouver combien les entreprises soutiennent et
« aiment » la cité phocéenne », comme s’en félicite la mairie ?) et une soixantaines d’entreprises auraient
aussi manifesté leur intérêt en tant que partenaire de deuxième et de troisième rang. Nous les avons
croisé en pleine pêche au gros, et nous en avons profité pour demander à Olivier Tcherniak, le président
d’Admical, ce qu’il pensait de 2013 .
65 - Les collections des musées de Marseille bientôt visibles sur le Web
Par Julien VINZENT le 12 mai 2011 MARSACTU
Le portail culture.fr, l'un des sites où les oeuvres devraient être accessibles.
Ces dernières semaines, les amateurs d’annonces légales ont pu voir passer deux marchés similaires de
« numérisation des collections » des musées de Marseille. En clair : prendre en photo ou passer au
scanner tableaux, statuettes et autres lettres anciennes. Le premier, qui avait été lancé en octobre et a été
attribué ce lundi, concerne 2000 pièces. Le second, lancé le 14 avril et courant jusqu’au 7 juin, englobe
4172 oeuvres de 11 musées (Cantini, Beaux-arts, Docks Romains etc.) et environ 11 000 pièces à
numériser.
Pas un mince chantier. La ville referait-elle à neuf son catalogue interne ? Ou a-t-elle un projet pour 2013
? Depuis notre première demande, le 19 avril, la mairie n’a pas donné suite à nos relances répétées. Voilà
donc Marsactu parti pour un petite enquête dans ce qui ne devrait être qu’une formalité. Le premier indice
vient du ministère de la Culture, qui a choisi Marseille parmi les heureux gagnants de son appel à projet
2011 dans le cadre du plan national numérisation.
Trois sites dont un européen
« Il y a un très beau projet sur Marseille », nous confirme le ministère, qui nous renvoie cependant vers la
mairie pour plus d’informations. Aïe. On grapillera tout de même au passage quelques informations : 50%
de financement de l’Etat pour ce projet et une optique « de mise en réseau et de favoriser la consultation
libre et ouverte par les internautes » qui fait partie des « critères obligatoires ».
Bonne nouvelle : les richesses listées dans les annexes du marché public en cours, et celles du
précédent, seront visibles en ligne. Quand, où, comment, à quel prix ? En l’absence de présentation par la
Ville, la seule information à dénicher se trouve dans le contrat que doivent signer les candidats à la
numérisation : un « contrat de cession, à titre gracieux, de droits d’auteurs (…) pour la base Joconde, le
portail Culture et Europeana ».
Autrement dit un catalogue plutôt imbitable, mais certainement utile aux professionnels ou universitaires,
un portail déjà plus accessible au grand public, où l’on peut par exemple découvrir en ce moment des
photos de la grotte Cosquer ajoutées par la Drac, et un site de l’Union européenne, encore en version
beta, mais qui s’annonce prometteur. Mais peut-être d’autres sites, comme numerique.culture.fr, ou un
portail créé spécialement pour 2013 seront-ils finalement concernés…
66 - Biennale des Jeunes Créateurs d'Europe et de la Méditerranée 15e
édition
Après plus de 25 ans d’existence, le projet Biennale est en pleine mutation. La crise, le point de vue du
monde artistique et culturel sur la jeune création, le développement d’événements Biennale dans le
monde, l’évolution de notre propre réseau, tous ces éléments nous amènent, réseau international, à
redéfinir le projet de la BJCEM et à en modifier progressivement la mise en œuvre.
Dans ce processus 2011 constitue une première étape.Sur la base de la candidature de Casablanca,
certains principes ont été revus, en particulier le nombre d’artistes et de production présentés, l’équilibre
de représentativité entre toutes les rives de la Méditerranée, la porosité des frontières entre les disciplines,
la multiplication d’activités connexes entre différents membres du réseau donnant lieu à davantage de
workshops, résidences, manifestations avant et après les événements.
En résumé, la Biennale essaie de se définir davantage comme un lieu d’accompagnement des artistes dits
émergents. La première conséquence de cette dynamique est une Biennale 2011 sur deux territoires :
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Thessalonique en Grèce et Rome en Italie.
Avant, pendant et après, d’importants workshops sont prévus à Casablanca et de manière plus modeste
d’autres workshops et résidences à Bologne, Lisbonne, etc.
Les artistes sélectionnés pour participer à cette 15e édition de la Biennale s’inscriront dans un processus
traversé par de multiples activités auxquelles ils pourront participer.
En France, seront organisés une présentation de la sélection française accompagnée de l’édition d’un
catalogue, un événement « Retour de Biennale » et un accompagnement des artistes et travaux
sélectionnés dans les villes de l’événement (Rome pour certains, Thessalonique pour d’autres).
En fonction des possibilités offertes, et dans la mesure du possible, les artistes pourront être invités à
participer à des activités dans les autres villes du réseau.
Après plus de 25 ans d’existence, le projet Biennale est en pleine mutation.
La crise, le point de vue du monde artistique et culturel sur la jeune création, le développement
d’événements Biennale dans le monde, l’évolution de notre propre réseau, tous ces éléments nous
amènent, réseau international, à redéfinir le projet de la BJCEM et à en modifier progressivement la mise
en œuvre.
Dans ce processus 2011 constitue une première étape.Sur la base de la candidature de Casablanca,
certains principes ont été revus, en particulier le nombre d’artistes et de production présentés, l’équilibre
de représentativité entre toutes les rives de la Méditerranée, la porosité des frontières entre les disciplines,
la multiplication d’activités connexes entre différents membres du réseau donnant lieu à davantage de
workshops, résidences, manifestations avant et après les événements.
En résumé, la Biennale essaie de se définir davantage comme un lieu d’accompagnement des artistes dits
émergents.
La première conséquence de cette dynamique est une Biennale 2011 sur deux territoires : Thessalonique
en Grèce et Rome en Italie.
Avant, pendant et après, d’importants workshops sont prévus à Casablanca et de manière plus modeste
d’autres workshops et résidences à Bologne, Lisbonne, etc.
Les artistes sélectionnés pour participer à cette 15e édition de la Biennale s’inscriront dans un processus
traversé par de multiples activités auxquelles ils pourront participer.
En France, seront organisés une présentation de la sélection française accompagnée de l’édition d’un
catalogue, un événement « Retour de Biennale » et un accompagnement des artistes et travaux
sélectionnés dans les villes de l’événement (Rome pour certains, Thessalonique pour d’autres).
En fonction des possibilités offertes, et dans la mesure du possible, les artistes pourront être invités à
participer à des activités dans les autres villes du réseau.
Conditions de participation : http://bjcem.net/
67 - Marseille-Provence 2013: la culture, à quoi ça sert?
Attirer les touristes, les entreprises, devenir une «vraie» capitale euroméditerranéenne? Et faire de l'art,
quand même?
Jean-Laurent Cassely
Jean-Laurent Cassely est journaliste et auteur. Il a publié un Bêtisier des mœurs parisiennes, «Paris,
Manuel de survie».
En 2008, Marseille-Provence (130 communes dont Arles, Aix-en-Provence, Martigues, Aubagne, Salon de
Provence et Marseille) remportait le titre de capitale européenne 2013. Dans tous les esprits et sur toutes
les brochures, les chiffres obtenus par Lille 2004: 6 euros de retombées pour 1 euro investi, les millions de
touristes et les «10 ans de notoriété gagnés».
L’appât à touristes
Dans ce vaste projet, plusieurs conceptions de la culture et de son rôle s’affrontent. «La proposition
culturelle doit franchir une étape, estime Laurent Carenzo, directeur de cabinet du président de la CCI
Marseille Provence, Jacques Pfister. Il faut qu’elle soit suffisamment rayonnante pour attirer les city
breakers. Or on n’est pas dans le haut de la concurrence européenne.»
Marseille-Provence, actuellement 23e au classement des métropoles européennes, s’est fixée comme
objectif d’entrer dans le Top 20.
«On a apporté des éléments décisifs dans la compétition, en partant du principe que c’était un peu comme
les JO. Comme le monde économique était très moteur depuis l’origine, le président de la Chambre de
commerce et d’industrie, Jacques Pfister, est devenu très naturellement président de l’association
Marseille-Provence 2013», explique Laurent Carenzo.
Les entreprises mettent au pot commun (15% du budget, pas encore récoltés pour l’instant) et peuvent
s’impliquer à travers le projet des Ateliers de l’Euroméditerranée, un principe de résidence d’artiste en
entreprise appelé à se multiplier sur le territoire et qui a joué un rôle majeur dans la désignation de
Marseille Provence.
Le nouveau Marseille, présenté sur maquettes depuis des lustres, sort de terre avec une certaine
ostentation: finis l’horizon, le front de mer ou les immeubles, admirez la «skyline marseillaise», le
«waterfront» ou les «grands gestes architecturaux structurants».
«Ce qui va être construit ici en équipement culturel, a rappelé l’ex-programmateur en chef Bernard Latarjet
fin février, est sans équivalent en Europe.»
98 millions sont annoncés pour le seul événement 2013. Dix millions de visiteurs sont attendus,
notamment les croisiéristes et les city breakers, des espèces en voie de prolifération rapide sur lesquelles
la ville mise pour l’avenir.
Concernant les seuls équipements culturels (le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée,
la salle de concert du Silo, le Centre régional de la méditerranée, la Cité des Arts de la rue, le Frac…), 600
millions d’euros sont investis.
Marseille «est engagée depuis plusieurs années dans un très gros effort de régénération urbaine, de
développement économique mais elle est encore une ville pauvre. Elle a besoin d'être soutenue pour
continuer cet effort», avait expliqué Bernard Latarjet dès l’annonce de la victoire en 2008.
Aujourd’hui la ville est en travaux, et il est difficile de regarder où que ce soit sans apercevoir le haut d’une
grue en action. En février, 50 faisceaux lumineux ont été projetés vers le ciel, à l’emplacement des
chantiers en cours qui doivent transformer la cité. «Marseille accélère» pour 2013, peut-on lire sur les
panneaux publicitaires de la ville, qui s’est dotée en 2010 d’une marque, Marseille on the Move, pour
communiquer son renouveau dans les capitales européennes.
Le piège à entreprises
La transformation la plus spectaculaire est menée le long de la façade maritime nord de la ville, par
l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée.
Après la construction d’un quartier d’affaires et de la première tour marseillaise accueillant l’armateur
CMA-CGM, l’établissement prévoit de livrer à l’horizon 2030 une écocité high-tech de bureaux,
d’habitations et de services. Et d’accueillir sur son périmètre, d’ici moins de deux ans, 80% des
équipements culturels de la future capitale.
L’intérêt des acteurs économiques pour le titre de CEC s’est manifesté très tôt. En 2005, une étude de la
Datar faisait le point sur une dizaine de critères de rayonnement métropolitain, parmi lesquels le nombre
de musées et les événements culturels.
«Les grandes multinationales, quand elles ont des choix à faire, regardent la qualité de vie, c’est-à-dire
aussi la culture, les capitales régionales qui attirent savent valoriser cela», souligne Yves Moraine,
président de la majorité UMP au conseil municipal.
Euroméditerranée est l’outil qui doit doter Marseille d’un centre de décision et d’activité tertiaire pour se
positionner comme métropole incontournable de l’arc latin. Cette rénovation urbaine, présentée comme la
plus vaste d’Europe, prend avec le label européen un coup d’accélérateur.
Selon une étude sur Euroméditerranée, la culture «participe à la construction d’une image internationale
forte, jugée indispensable pour attirer les grands investisseurs. A ce titre, que ce soit à Bilbao, à Gênes ou
à Marseille, les ambitions en matière de grands équipements culturels sont sans ambiguïté: il s’agit
d’envoyer au monde des signaux forts, aptes à annoncer l’entrée de la ville dans l’ère post-industrielle.»
Et la culture?
Grandes manifestations populaires, expositions stars, concerts et festivals doivent se succéder tout au
long de l’année capitale sur tout le territoire autour d’un fil rouge, la Méditerranée et le dialogue des deux
rives.
«Ce qu’on m’a dit, raconte avec amertume un artiste porteur d’un projet pour 2013, c’est que l’objectif
c’était de ramener 10 millions de touristes à Marseille, pas d’améliorer le vivre-ensemble dans la ville.»
Or comment améliorer ce fameux vivre-ensemble dans une ville aussi fragmentée et confrontée à une
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grave ségrégation sociospatiale? Et est-ce vraiment l’objectif prioritaire?
2.200 projets ont été déposés par des artistes, et si ces derniers doivent attendre la fin de l’année pour
savoir s’ils seront sélectionnés, l’équation est déjà connue de tous: les limites budgétaires et les
contraintes thématiques feront nécessairement des déçus.
«C’est le propre de cet événement médiatique: l’attente locale est ahurissante, cela peut créer de
l’amertume, de la frustration. Ça fait partie du jeu», explique Jean-Sébastien Steil, producteur indépendant
qui accompagne les compagnies du territoire dans leur développement.
C’est dans ce contexte de flottement et d’incertitude que rumeurs, conflits et critiques se sont multipliés
ces derniers mois. Chacun y va de son coup de gueule dans la presse. Des artistes se sont même
enchaînés à la Bastille pour protester contre les baisses des subventions municipales et régionales.
Pour Bernard Latarjet, artisan de la victoire de Marseille qui a fini par se lasser des critiques constantes et
vient de passer la main à un directeur plus jeune, ces tensions sont inhérentes à l’arrivée de la structure
organisatrice, «un éléphant dans un magasin de porcelaine» selon la formule qu’il emploie fréquemment
dans la presse.
Sur le plan politique, 2013 est un feuilleton à rebondissements au scénario presque aussi imprévisible que
celui de Plus belle la vie: la maire d’Aix menace régulièrement de se retirer du projet, la politique culturelle
de Marseille est critiquée par les artistes et à présent par le ministre de la Culture…
Quant à Jean-Noël Guérini, à peine remis de la tempête provoquée par Montebourg au PS, le président
PS du conseil général des Bouches du Rhône revient à la charge et menace lui aussi de se retirer du
débat, critiquant comme d’autres le manque de transparence de l’association.
Pour les élus, l’or noir du tourisme redistribuera la richesse, profitant notamment aux travailleurs peu
qualifiés. Or pour les milieux underground ou liés à la culture populaire, peu organisés et plutôt hostiles au
concept d’ingénierie culturelle centralisée, un grand nettoyage social se profile avec la complicité de la
Culture.
Quand les acteurs institutionnels rêvent de valorisation d’image à l’international, les acteurs culturels
semblent eux plus obnubilés par un discours citoyen sur le raffermissement d’un lien social passant par
l’action culturelle. Un groupe d’artistes et de chercheurs s’interroge sur les liens entre la culture et les
transformations urbaines dans le cadre de l’événement 2013.
Avec en toile de fond la gentrification d’une partie de la ville, le groupe critique une «course à la ville
créative», nouveau sésame du marketing urbain.
Dans la lignée des théories sur les creative cities de Richard Florida s’est développée toute une
mythologie sur le potentiel de la «culture» pour attirer les classes créatives (R&D, enseignement, médias,
industries culturelles, marketing, etc.), et dans la foulée les emplois qui vont avec. Or, quoi de plus cool et
attirant qu’une ville «cultivée» au climat idyllique…
Erreur d’appréciation, analyse le géographe Boris Grésillon: Marseille est une ville de création, pas une
ville créative. La nuance: avec ses espaces à défricher, ses entrepôts à l’abandon et ses loyers modérés,
son attrait auprès des artistes n’est plus à démontrer, et en cela c’est plutôt de Berlin que de Barcelone
qu’elle se rapproche.
Car si on fait le compte de la classe créative définie par Richard Florida, le bilan n’est pas à la hauteur.
Emplois métropolitains supérieurs et surtout membres de la fameuse classe créative n’y sont pas en
proportion significative par rapport aux autres métropoles françaises.
Reste que la culture au sens large et les transformations d’image qu’elle induit sont censées attirer ces
travailleurs. «On attend de la culture qu’elle soit un levier incitatif» dans le cadre des projets de
développement, souligne Boris Grésillon, «il y a de la poudre aux yeux là-dedans» si propreté, sécurité et
surtout offres d’emploi ne sont pas au rendez-vous…
Marseille, capitale européenne de la merguez?
Mais Marseille veut passer à autre chose, briller par son attractivité et certainement pas se résumer à une
Berlin du Sud, une ville pauvre mais sexy comme le clamait son maire de l’époque. D’autres veulent miser
sur la réputation ambiguë et sulfureuse de la ville et se réapproprier les paradoxes de Marseille. C’est le
cas du projet de «Off», Marseille2013.com, dont les auteurs avaient lancé dès 2004 l’idée de candidature
de Marseille sur le mode de la blague, déposant au passage les noms de domaine marseille2013.org, .fr
et .com avant tout le monde.
Outre la vente de t-shirts «Marseille capitale européenne de la Merguez», le site qui affiche une ligne arty
et décontractée propose un Festival International du Film chiant, des projections dans les tunnels du métro
et a lancé un appel à tous les porteurs de projet qui ne trouveront pas leur place dans la programmation
officielle. De toute façon, l’association MP 2013 «nie complètement ce milieu culturel», estime Stéphane
Sarpaux, journaliste et co-animateur du projet de Off.
«Marseille ne s’assume pas, confirme Boris Grésillon. Et les impératifs du marketing territorial s’accordent
mal avec cette complexité.»
Il reste deux ans pour préparer l’événement et en clarifier les enjeux… Mais au-delà des dissensions, il y a
un point sur lequel tout le monde converge: il faudra attendre 2014 et au-delà pour savoir ce qui restera
après la fête.
Jean-Laurent Cassely SLATE.fr
68 - Marseille 2013 on the New York Times
Par Naïma ARROUSSI le 17 mai 2011 MARSACTU
Les échos de Marseille 2013 résonnent outre Atlantique. Le New York Times a publié récemment, le 13
Mai 2011, un article intitulé « Marseille, city on the verge of a culture buzz » (traduction : Marseille, la ville
sur le point de faire le buzz culturel). Le reportage est signé Coline Milliard, pour un tour d’horizon sur les
structures qui préparent une capitale européenne de la culture.
« Marseille évolue vite », écrit la journaliste. Avec l’exemple du Printemps de l’art contemporain, elle met
l’accent sur des publics plus nombreux à s’intéresser aux œuvres. C’est un succès pour l’association
Marseille Expos, organisateur de l’événement. En revanche, en ce qui concerne la grande manifestation
de l’année 2013, la journaliste a recueillie des informations moins glorieuses : « le conseil municipal n’a
pas du tout compris que la culture est un vecteur important de développement, tant en ce qui concerne
l’image d’une ville que son économie », a déclaré M. Neveux, directeur du Fond Régional d’Art
Contemporain à Marseille. «Le MAC a une collection incroyable, mais il n’est pas mis en valeur ou pris en
charge ». Coline Milliard écrit alors dans le New York Times que les accusations de ce genre, contre la
politique culturelle de la ville, « jette l’ombre » sur l’enthousiasme qui entoure la prochaine capitale de la
culture. Après avoir entendu ce son de cloche à plusieurs reprises, elle a souhaité interroger les
représentants des musées de Marseille, qui n’ont pas répondu à ses demandes de commentaires.
Elle cite également Dorothée Dupuis, directrice de l’association Triangle proposant des résidences
d’artistes à la Friche, qui déplore le manque d’un musée d’envergure internationale à Marseille. Au fil des
rencontres, la scène artistique locale présente différents problèmes liés principalement à la visibilité du
tissu associatif très actif sur le territoire.
En somme, les péripéties de la capitale européenne de la culture prévue en 2013 sont pointées du doigt
depuis New York, tout comme à Marseille. Coline Milliard clôture tout de même son article positivement en
déclarant que les structures culturelles locales gagnent en vigueur. Néanmoins, le point de vue optimiste
des acteurs de l’événement officiel de 2013 n’a pas convaincu les organisateurs de sa version Off, qui
malheureusement ne sont pas interrogés dans cet article.
69 - Quand l’Orient charme l’Occident
Par Naïma ARROUSSI le 26 mai 2011 MARSACTU
Après Bruxelles et Munich, l'exposition s’installe à la Vieille Charité de Marseille du 28 Mai au 28 Août
2011.
Derniers préparatifs à la Vieille Charité. Demain a lieu l’inauguration de la grande exposition estivale :
l’Orientalisme en Europe, de Delacroix à Matisse. Avec près de 120 œuvres, peintures et sculptures,
immersion dans le rêve oriental des grands maîtres européens de l’art.
La fascination pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord traverse l’histoire picturale avec, pour les plus
connues, des œuvres signées August Renoir, Wassily Kandinsky ou encore Paul Klee. Marqués par des
inspirations réelles ou fantasmées, ils se sont inspirés du charme de l’Orient pour réaliser quelques toiles
laissant transparaitre un regard extérieur et européen. L’exemple le plus marquant est certainement la
représentation très sensuelle du Harem. Parmi les œuvres exposées, on note la présence notamment de
Ingres avec une huile sur toile très célèbre, Tête de la Grande Odalisque.
Au travers les âges
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L’exposition traverse l’histoire des représentations de l’Orient avec pour point de départ la Campagne
d’Egypte, une expédition scientifique menée par Bonaparte de 1798 à 1801. Jean Charles Tardieu, ici
présenté avec la peinture Halte de l’armée française à Syène, donne à voir un paysage remarquable par
ses dunes sable en arrière plan, ses palmiers et hommes vêtus de robes blanches en premier plan. La
peinture orientaliste a évolué au travers l’histoire de l’art. Dans la salle d’exposition Les Modernes, les
œuvres présentées datent du XXème siècle. On y trouve entre-autre le chef de file du fauvisme Henri
Matisse avec l’Algérienne, une huile sur toile de 1909.
Cette exposition qui retrace la fascination orientale en Europe au travers les âges voyage sur le continent.
Après Bruxelles et Munich, elle s’installe à Marseille du samedi 28 Mai au dimanche 28 Août 2011.
Ouverture : tous les jours de 10h à 18h (sauf lundi et jours fériés), nocturne le vendredi jusqu’à 22h.
Tarifs : 10€/6€
Centre de la Vieille Charité (2, rue de la charité 13002 Marseille)
69/1 - Méditerranée - Exposition Visions d’un Orient méditerranéen
Fernand Detaille (années 1900) & Michèle Maurin (années 2000)
SAMEDI 28 MAI 2011
L’exposition Visions d’un Orient méditerranéen donne à la galerie Detaille l’occasion de présenter deux
points de vue photographiques sur l’Egypte et le Maroc, en rapprochant les œuvres de Fernand Detaille
réalisées au début du XXe siècle, et celles de Michèle Maurin, photographe contemporaine.
Fernand Detaille eut l’ambition de faire partager ses voyages et ses découvertes en publiant au début du
XXe siècle des photographies qui frappent par la justesse du cadrage et la beauté de leur lumière, tout en
revêtant pour nous le charme des documents anciens.
Les photographies exposées sont exclusivement des vintages.Michèle Maurin, qui a quelquefois suivi les
chemins qu’il avait empruntés avant elle, nous montre une œuvre de photographe-voyageur travaillée à sa
manière, détournée, densifiée ou voilée, colorée, poétisée.
La confrontation de leurs œuvres nous permet de ressentir le passage du temps. Les photographies,
prises à un siècle d’écart dans les mêmes pays, quelquefois dans les mêmes endroits, nous font toucher
l’immuable de la lumière, du vent et du sable, le changement des villes, le déplacement du regard sur
l’exotisme.
L’orientalisme photographique : Les Romantiques, multipliant les voyages et les écrits sur les pays du
Bassin méditerranéen au début du XIXe siècle, éveillent dans les esprits européens curieux, chez les
peintres et les premiers photographes, des rêves où la lumière exalte l’image d’un monde idéalisé. Ces
visions s’inscrivent dans une époque avide de conquêtes et de découvertes. Avec les nouveaux procédés
qui permettent la reproduction, l’appareil photographique devient l’outil indispensable pour rendre compte
d’un voyage à un public élargi, reproduire avec précision les vestiges millénaires, témoigner de modes de
vie, nourrir l’imaginaire occidental.
L’attrait du monde oriental persiste aujourd’hui ; il évolue avec l’histoire et se confronte aux réalités. Les
rives sud de la Méditerranée exercent toujours une force d’attraction sur les européens qui continuent d’y
chercher des sources d’inspiration et manifestent, davantage qu’hier, le besoin d’aller à la rencontre de
ses populations.
Lieu:
Galerie Detaille
5-7 rue Marius Jauffret
13008 Marseille
France
Du 1/6/2011 au 29/7/2011
Source http://www.actuphoto.com/19072-.html
7 – HISTOIRE
71 - Le 8 Mai, pour ne jamais oublier que Pierre Mouren est mort à 19
ans, pour notre liberté
Par Pierre BOUCAUD le 8 mai 2011 - Article publié sur Marsactu le 8 mai 2010 :
Comme presque chaque jour, je suis passé ce matin devant une discrète plaque en marbre au bout d’une
petite rue, la rue Pierre Mouren, qui prolonge Endoume et qui se jette dans la Corniche Kennedy, et j’ai
relu ce qui y est gravé :
» Pierre Mouren, né le 15 février 1926, héros de la résistance, arrêté à 17 ans, mort à Dachau le 24
février 1945. Promu Lieutenant à titre posthume »
Aujourd’hui, comme chaque 8 mai, une petite gerbe de fleurs y avait été déposée . Le 8 mai, jour
anniversaire de l’armistice. La fin de la deuxième guerre mondiale. C’est quoi au fait le 8 mai aujourd’hui ?
un jour férié ? Une triste photo le lendemain dans la presse locale où l’on voit des élus locaux en rang
d’oignons regarder leurs Church ? Et Pierre Mouren qui est-il ? Il représente quoi pour les centaines
d’enfants de l’école primaire de la Roseraie, installée au 6 de la rue, et qui passent eux aussi tous les jours
devant cette plaque ? Pierre Mouren est un résistant marseillais. Il faisait partie du réseau Combat pour le
sud de la France. Combat, ce mouvement crée en Août 1940 à Lyon par deux héros de la résistance,
Henri Frenay et Bertie Albrecht. Bertie Albrecht dont peu de gens savent qu’elle est née à Marseille, en
1893, issue d’une grande famille de la bourgeoise marseillaise d’origine suisse. Arrètèe par les Allemands,
elle est retrouvée morte en 1945 à la libération à la prison de Fresnes. On ne connait pas exactement les
causes de son décès. Comme Pierre Mouren. On sait simplement qu’il a été arrêté le 27 août 1943, au 10
Cours Julien, au domicile de l’Abbé Blanc, un des chefs locaux du réseau Combat. Avec 30 autres jeunes
résistants, Pierre Mouren attendait la visite d’un représentant du Général Giraud, pour un briefing. Et c’est
un beau collabo, un boxeur marseillais du nom de Tortora qui en fait viendra les arrêter, accompagné de
la police allemande. Ils ont été trahis par un ancien membre de Combat , un dénommé Multon,
« retourné » par les allemands et qui leur donnera les noms de tous ses anciens amis résistants. Multon
sera responsable de l’arrestation directe d’une centaine de membres de Combat, et sans doute
indirectement de celle de Jean Moulin. Pierre Mouren sera d’abord emmené rue Paradis, au siège de la
Gestapo, puis dans les geôles du Fort Saint Nicolas et enfin déporté dans le camp d’extermination de
Dachau, en Allemagne, où comme 30 000 autres personnes il ne reviendra pas. Comme sur les murs de
cette rue marseillaise, son nom est gravé sur une stèle pour que l’on ne l’oublie jamais , là-bas dans ce
camp au fin fond de la Bavière, où il est mort comme un chien. Si loin de chez lui. Loin de Marseille, loin
de la Méditerranée, loin des filles, loin du ciel bleu. Tout ce qu’on aime quant on a 19 ans, quant on a le
monde à ses pieds et la vie devant soi. Merci à Pierre Mouren.
réactualisation le 8 mai 2011 : quelques jours après la publication de cet article, l’an dernier, cette plaque
en hommage à Pierre Mouren a été détruite dans un accident de la circulation. Pour de sombres histoires
d’assurance, de longs mois se sont écoulés avant que , par miracle, une nouvelle plaque commémorative
ne soit posée à l’angle de la rue Pierre Mouren et de la Corniche, quelques jours avant le 8 mai 2011.
- quelques rares infos trouvées ici sur Pierre Mouren grâce au site veterans.fr des anciens combattants
marseillais.
- la wiki bio de Bertie Albrecht et la fiche wikipedia de Combat
8 – SCIENCES, TECHNOLOGIES, FORMATION
81 - ITER & SECURITE : fusion, fission ? Quels dangers, quelles
différences?
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04.05.2011.pacainfoeco.com - - L'actualité internationale nous a un peu fait oublier les grands dossiers
régionaux parmi lesquels, le plus important - Iter - qui suscite encore bien des interrogations concernant
les problèmes de sécurité. La Communication de ce grand projet expérimental est certes bien faite, Iter ne
manque pas une seule occasion de communiquer, sauf une il y a un peu plus d'un mois.
C'est ainsi que plus d'un mois après la catastrophe nucléaire du Japon, demeurent, pour le grand public
provençal encore bien des interrogations logiques et naturelles :
- « fusion, fission quel danger, quelle différence ? »
Sans aucune prétention scientifique, il nous apparaît utile d'apporter notre "pierre" à l'info, ce qui est, après
tout, notre rôle ! Le rôle d'un média honnête, cent pour cent indépendant et surtout : ..."apolitique" !!!
Aussi, avons-nous emprunté à nos amis d'Iterfaces, la réponse sur le contrôle de la fusion, faite par
Jéröme Pamela, directeur de l'agence Iter France :
" La réaction de fusion est une réaction entre deux Isotopes, de l'hydrogène, du deutérium et du
tritrium. Dans ces installations spéciales (Tokamaks), la réaction se produit dans un milieu gazeux très
chaud (plus de 100 millions de degrés) et de densité très faible (environ 1 millionième de la densité de
l'atmosphère). La quantité de matières est très faible, environ quelques grammes. La réaction est très
difficile à produire car elle requiert des champs magnétiques intenses créée par des electro - aimants et
un apport d'énergie externe pour entretenir la réaction de fusion. En cas de perte d'alimentation
électrique, la réaction s'arrête immédiatement et spontanément : la matière combustible résiduelle est
en quantité si faible et dans des conditions si éloignées de celles nécessaires à la réaction, qu'aucune
combustion ne peut plus se produire et qu'aucune chaleur résiduelle significative ne peut provenir
du combustible. La réaction de fusion réputée intrsèquement sûre car il ne peut y avoir d'emballement
de la réaction.
Étés vous rassuré désormais ? Nous avons essayé d'apporter une réponse, évidement scientifique, mais
Iter est essentiellement scientifique et notre région Paca devrait être fière de porter un tel projet ....
scientifique et mondial
C'est du moins notre avis ....
Philipe REAL grand reporter (avec interfaces)
82 - Marseille : un Institut en maladie infectieuse et tropicale unique en
Europe
Publié le 4 mai 2011 par Myriam Mounier
Marseille vient d’obtenir le label d’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) pour « POLMIT », projet relatif aux
maladies infectieuses et tropicales. Financé à hauteur de 73 200 000 €, il représente le plus important
financement octroyé à un IHU. « POLMIT », développé par l’Université de la Méditerranée et par
l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) est coordonné par le Pr Didier Raoult.
Marseille vient d’obtenir le label d’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) pour « POLMIT », projet relatif aux
maladies infectieuses et tropicales. Financé à hauteur de 73 200 000 €, il représente le plus important
financement octroyé à un IHU. « POLMIT », développé par l’Université de la Méditerranée et par
l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) est coordonné par le Pr Didier Raoult.
Ce futur bâtiment de 20 000 m² -ouverture probable en 2013- sur le campus Santé Timone consacre la
moitié de sa surface, à une recherche fondamentale et clinique d’excellence. L’IHU va constituer un
véritable centre intégré de soins, d’enseignement et de recherche. Il sera ainsi une entité unique en
Europe dans le domaine des maladies infectieuses. « POLMIT » a été annoncé le 30 mars dernier par
Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Xavier Bertrand, ministre du
Travail, de l’emploi et de la Santé, et René Ricol, Commissaire général à l’investissement. « POLMIT »
s’inscrit dans le cadre de l’appel à projets du grand emprunt national.
Dépôt de 50 brevets en 5 ans
Le Pr Yvon Berland, président de l’Université de la Méditerranée précise que « grâce à cette labellisation,
le pôle d’excellence sera à Marseille ». Avec ce nouveau label, Marseille conforte sa position de 2e pôle
scientifique de France.
L’idée du Pr Didier Raoult a donc fait du chemin depuis cinq ans. L’idée a été partagée : Marseille s’est
focalisé sur cet unique projet en associant trois autres CHU (centre hospitalo-universitaire), Montpellier,
Nîmes et Nice. L’IHU a été conçu par le Pr Raoult, il en sera le coordonnateur.
Ce concept est une nouvelle forme d’organisation, totalement novatrice en France. La structure unique
sera un modèle pour la gestion des maladies infectieuses. L’IHU sera prêt à gérer une épidémie
provoquée par une maladie contagieuse. Autre atout est le développement du réseau industriel et
biomédical. Les plus grandes sociétés de France, issues des domaines des traitements, de la vaccination,
du diagnostic et des bio-médicaments sont partenaires de ce dossier. Le but est de déposer en cinq ans,
cinquante brevets et de soutenir la création de quatre start-up dans les cinq prochaines années. Dans le
secteur de la biotechnologie, on escompte créer en 5 ans, 45 emplois publics et 30 emplois privés.
Pr Raoult : « un élément stratégique »
Autre impact fort, relevé par le Pr Raoult : « 25 % des cancers sont d’origine infectieuse. Un élément
majeur qui va croissant. Il faut donc s’en emparer et comprendre ce qui se passe ». Par ailleurs, le travail
de structuration, de la recherche et de formation fait l’objet d’une reconnaissance aujourd’hui. « Cette
expansion nous empêchait de grandir. Il fallait mettre les moyens (notamment) scientifiques. Le site de La
Timone est l’un des enjeux de ce projet, c’est un élément stratégique de regrouper l’ensemble des
forces », souligne le médecin.
« POLMI » a trois vocations : des activités médico-techniques et de soins (par exemple hospitalisation en
chambres isolées réparties dans des unités distinctes), la recherche avec l’accueil de tous les scientifiques
du secteur public ou privé, l’information au public (expos, vaccinations, consultations). Par ailleurs, une
expérimentation pilote sera menée au Sénégal avec l’Institut de Recherche et Développement (IRD).
« POLMIT », pôle d’excellence
Ce pôle d’excellence en maladies infectieuses et tropicales se construit tout naturellement à Marseille. La
ville portuaire a « toujours été concernée par les maladies infectieuses » indique le maire Jean-Claude
Gaudin, par ailleurs président du Conseil de surveillance de l’AP-HM en faisant allusion à la peste, qui a
décimé à l’époque la moitié de la population. Marseille se distingue tout particulièrement dans ce domaine
avec plus de 400 publications par an. D’ailleurs, l’an passé, c’est un scientifique marseillais qui avait
identifié la source de l’épidémie de choléra à Haïti.
« POLMIT », un ambitieux projet aux retombées socio-économiques conséquentes.
Pr Raoult
Responsable du Laboratoire de Bactériologie, Virologie et Hygiène de l’AP-HM, responsable de l’Unité de
Recherche en Maladies infectieuses et tropicales émergentes (Urmite) et du Centre National de
Référence (CNR) des Rickettsies, il vient de recevoir le grand prix Inserm 2010.
Lab Times, revue européenne de sciences de la vie, classe le Pr Raoult premier dans son top 30 des
chercheurs les plus cités dans le domaine de la microbiologie avec 19 136 citations issues des 754
articles publiés entre 1997 et 2008.
1ère cause de mortalité dans le monde
Les maladies infectieuses et tropicales sont la première cause de mortalité dans le monde avec 17
millions de morts par an soit plus du quart (27 %) du nombre de décès. Ces maladies touchent
principalement les pays les plus pauvres. Selon l’OMS, les trois maladies les plus meurtrières au monde
sont le sida (3 millions de morts par an), la tuberculose (1.6 million de morts/an) et la malaria (1.2 million
de morts/an). 3 millions de personnes meurent chaque année de maladies qui peuvent être évitées par
des vaccins.
POLMIT en bref
Nombre de lits : 90 (projet)
Nombre de personnels concernés : environ 350 postes financés par l’AP-HM au titre du Pôle des maladies
infectieuses et tropicales, et 300 chercheurs doctorants et personnels universitaires, financés par
l’Université et les partenaires CNRS/INSERM/IRD pour un coût annuel de 60 millions d’€.
Montant de l’investissement : 70 millions d’€
Nombre de partenaires privés et montant de leur apport financier : 14 partenaires institutionnels, 17
partenaires privés (2.5 millions d’€)
Nombre de brevets déjà déposés : 25 dont 20 sont licenciés actuellement à des industries françaises
Nombre de publications : près de 1 300
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83 - Colloque de l'Institut Méditerranéen des énergies renouvelables
(IMEDER)
L’Institut Méditerranéen des Energies renouvelables organise son 3ème colloque sur « Les énergies
renouvelables, vecteur de développement et de partenariats entre les pays de la rive Sud de la
Méditerranée » dans le cadre de la 6ème conférence internationale DERBI qui sera inaugurée par
Madame la Ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, Nathalie
Kosciusco-Morizet.
Le colloque aura lieu le lundi 16 mai à 10h, au Palais des Congrès, auditorium Charles Trenet, à
Perpignan.
L’IMEDER est une association, créée le 11 juin 2009, qui a pour objectif de fédérer le monde
professionnel des énergies renouvelables autour de projets collaboratifs intégrant des acteurs publics et
privés mais aussi des centres de formation, des laboratoires de recherches, sur les territoires des 44 pays
de l’Union pour la Méditerranée.
Animés par la journaliste Anne Devailly, Réseaux LR – Usine nouvelle – Le Monde, les débats réuniront
des experts des énergies renouvelables du bassin méditerranéen : André Joffre (Président du Pôle
DERBI), Bernard Fourcade (Président de l’IMEDER et la CCIR), Philippe Lorec (Adjoint au directeur,
Direction Energie et Climat, Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du
Logement), Pascal Boniface (Directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques), Noura
Laroussi (Directrice de l’Agence nationale de la maîtrise de l’énergie en Tunisie), Dominique Campana
(Directrice internationale de l’ADEME), Tahar Achour (Président de la Chambre syndicale nationale des
énergies renouvelables de Tunisie), Saïd Mouline (Président de MEDENER et Directeur de l’Agence de
développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique du Maroc), Amin Benouna
(Secrétaire Général de l’Association marocaine de l’Industrie solaire et éolienne), Saïd Chehab (Président
de l’Association libanaise pour la maîtrise de l’énergie et pour l’environnement) et des représentants
d’entreprises françaises implantées au Maroc (CNIM, Giordano).
Ce panel d’experts méditerranéens permettra d’aborder de nombreux thèmes actuels et chers à l’IMEDER
: la création d’une plateforme collaborative consacrée aux EnR, le plan solaire méditerranéen, la nouvelle
donne géopolitique de la Méditerranée, présentation de projets collaboratifs au Maghreb, le marché solaire
thermique au Liban, les opportunités de marché au Maroc pour les PME, les formations aux métiers des
EnR, etc.
Le programme complet du colloque est disponible sur le site internet de l’IMEDER:
http://http//www.perpignan.cci.fr/Secteurs-et-filieres/IMEDER
http://www.conference-derbi.com/
Entrée gratuite sur inscription
Contact : Christine Blot - [email protected] Sarah Albert / Fabien Selo [email protected]
Tel : 04.68.35.98.71
Source
http://www.developpementdurable.com/economie/2011/04/U277/colloque-de-linstitutmediterraneen-des-energies-renouvelables-imeder.html
84 - UNE PREMIÈRE AU MAGHREB L’université du Colorado s’installe
en Algérie
09 Mai 2011 http://www.lexpressiondz.com
Une bonne nouvelle pour les futurs étudiants algériens. L’université du Colorado Denver va ouvrir un
campus en Algérie, une première au Maghreb pour une université américaine, a-t-on appris auprès de
l’ambassade d’Algérie à Washington. Pour la mise sur pied de ce projet, le directeur des partenariats
internationaux de cette université du centre-ouest des Etats-Unis, Rick Chaney, se rendra pour la
deuxième fois à Alger. «Il sera question, cette fois-ci, d’accélérer la mise en oeuvre du projet», affirme la
même source. Ce projet, mené en étroite collaboration avec le ministère algérien de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche scientifique et l’ambassade d’Algérie aux Etats-Unis, remonte à avril
2010. Au cours de son séjour à Alger, le représentant de cette université américaine aura des entretiens
avec des responsables de plusieurs ministères pour discuter notamment des spécialités universitaires qui
seront étudiées dans cette future université américaine qui s’installera en Algérie. Il s’agit des
départements ministériels respectivement de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de
l’Energie et des Mines, de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (la faculté de médecine
du Colorado est classée parmi les meilleures aux Etats-Unis) et celui du Tourisme et de l’Artisanat, la
formation touristique étant l’une des priorités du secteur. Lors de sa visite de l’année dernière, M.Chaney
avait rencontré les responsables des ministères respectivement de l’Agriculture et du Développe-ment
rural, de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement. Dans le domaine de l’hydraulique,
un accord a été déjà signé entre l’Agence algérienne des ressources hydrauliques et l’Institut supérieur de
l’hydraulique du Colorado, lors de la visite du ministre des Ressources en eau, M.Abdelmalek Sellal, en
octobre dernier à Washington. L’université du Colorado Denver est une université publique américaine
avec 13 facultés et grandes écoles, 132 programmes et un effectif de plus de 29.000
étudiants. Constituant la plus grande institution de recherche au niveau de cet Etat américain avec un
budget annuel de plus de 375 millions de dollars alloué à la recherche, plusieurs de ses facultés sont
classées parmi les meilleures aux Etats-Unis, selon le classement 2010 de U.S. News and World Report
Graduate Rankings. Avec son projet en Algérie, cette université aura ouvert son deuxième campus à
l’étranger après celui en Chine, en partenariat avec l’Université de l’agriculture de ce pays asiatique. Lors
de sa visite de travail à Washington la semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, Mourad
Medelci, avait souligné que l’Algérie et les Etats-Unis accordent une priorité à la coopération économique
et universitaire.
85 - Méditerranée - Maroc et Tunisie : plus de diplômés
mais encore trop peu d'emplois, révèle un rapport du FEMISE SAMEDI 7 MAI 2011
Bien que, chaque année, quelque 60 000 étudiants obtiennent un diplôme, ce groupe social connaît de
grandes difficultés à trouver un emploi, révèle un récent rapport du Forum euro-méditerranéen des instituts
de sciences économiques (FEMISE).
L’étude, intitulée « L’insertion des jeunes diplômés et le rendement des investissements dans
l’enseignement supérieur : Cas du Maroc et de la Tunisie », précise que dans les deux pays, le taux de
chômage chez les jeunes diplômés s’élève à 30 %.
« Les difficultés patentes du climat des affaires et les déficits d’attractivité de notre économie se sont
révélés des facettes négatives "cachées" du "miracle" tunisien », a déclaré Sam Mouley, Professeur de
Finances Internationales à l’Université de Tunis, institution membre de FEMISE.« La crise politique en
Tunisie a enfin dévoilé des déficiences généralisées de la pratique des affaires, comme d’ailleurs des
gouvernances économiques et institutionnelles. »
Néanmoins, au cours de ces dernières années, la part du nombre de diplômés dans la population active a
progressé. « Au Maroc, les diplômés de niveau supérieur ont bénéficié de plus du cinquième (22 %) des
postes d’emploi créés par an en moyenne, sur la période 2000-2008 (…). En Tunisie, 36 000 opportunités
d’emplois ont pu être créées en 2008 », indique le rapport.
L’étude conclut également que l’employabilité est différente selon le niveau d’étude. Le taux d’emploi des
maîtrisards et des techniciens supérieurs s’est considérablement apprécié ces dernières années. Les
ingénieurs ont 2,4 fois plus de chances d’être intégrés sur le marché du travail que les techniciens, qui
restent les diplômés ayant le plus de difficultés d’insertion.
Le chômage touche en priorité les jeunes et les femmes. Elles sont plus nombreuses à rejoindre des
cursus universitaires et bien souvent choisissent les filières où les débouchés sont moindres. « Les
hommes bénéficient d’une probabilité d’être insérés dans la vie active 1,75 fois supérieure à celle des
femmes » explique le rapport.
Le FEMISE est un projet financé par l’UE qui entend contribuer au renforcement du dialogue sur les
questions économiques et financières du partenariat euro-méditerranéen, dans le cadre de la politique
européenne de voisinage et de l’Union pour la Méditerranée. Plus spécifiquement, le projet cherche à
améliorer la connaissance des enjeux prioritaires dans les domaines économiques et sociaux et de leurs
répercussions sur leurs partenaires méditerranéens dans le cadre de la mise en œuvre des accords
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d'associationet des plans d'action avec l'UE.
Par ENPI Info Centre
Source http://www.femise.org
86 - iLearning Forum annonce la création d'iLearning Forum
Méditerranée 2011
iLearning Forum MED 2011, l’évènement n°1 du eLearning sur le Bassin Méditerranéen annonce sa
première édition les 6 et 7 octobre 2011 à l’Ecole de la Deuxième Chance de Marseille.
MARDI 10 MAI 2011
iLearning Forum Méditerranée ouvrira ses portes les 6 et 7 octobre 2011 à l'Ecole de la Deuxième Chance
de Marseille en accueillant des professionnels du monde entier. Les organisateurs d’iLearning Forum
proposent dans un lieu unique au cœur de la cité Phocéenne un nouvel évènement dédié au e-learning
pour les entreprises et institutions francophones du bassin Méditerranéen.
Fort de son positionnement d'évènement de référence européen le plus important en France dans le
domaine des technologies au service de l'apprentissage tout au long de la vie, iLearning Forum a donc
décidé de réunir les acteurs du e-learning avec les professionnels du sud de la France et de l’Afrique
francophone, en s’apprêtant à accueillir plus de 2500 visiteurs attendus.
Un auditorium ouvert à tous de 150m² avec plus de 120 places assises sera le lieu de toutes les
démonstrations et présentations des dernières nouveautés internationales en matière d'e-learning
(simulations, vidéo interactive, jeux sérieux, applications de gestion des compétences et des talents, outils
de développement de contenus, réseaux sociaux d'apprentissage…).
Enfin, pour mémoire, l’accès au salon est gratuit.
« L’édition d’iLearning Forum à Paris en février 2011 a connu un fort développement avec un nombre de
visiteurs toujours plus important, ce qui confirme le rôle indéniable du e-learning au sein de la formation
des entreprises », déclare Sally-Ann Moore, Directrice d’iLearning Forum. « Cependant la répartition
géographique de nos visiteurs démontre clairement une faible participation des professionnels du sud de
la France et de l’Afrique francophone – et notamment du Maghreb – pour des raisons géographiques et
financières : iLearning Forum Méditerranée souhaite répondre à cette problématique en créant un lieu de
proximité 100% dédié aux professionnels de ces régions qui puisse leur permettre de rencontrer les
acteurs majeurs du eLearning en France et en Europe », conclut-elle.
Une conférence aux accents du sud
« Nous voulions proposer le même format de conférences en accès libre et d’exposition de toute la
communauté du eLearning aux professionnels de la moitié sud de la France et de la région
méditerranéenne. Ce qui rend la conférence iLearning Forum si populaire, c'est son caractère pratique,
interactif et objectif dans le choix des thématiques et des sessions des ses ateliers. Ces derniers sont tous
conçus pour aider les dirigeants et les professionnels de l'apprentissage en ligne à faire face aux défis et
enjeux du e-learning », souligne Sally-Ann Moore.
Le programme des thématiques choisies pour la conférence est disponible en ligne.
http://www.ilearningforum.org/med/page.php?page=MED_Ateliers_FR&PHPSESSID=9aef2d83c2a2d0793
ec0867a765f479b
Dates et Lieu
- iLearning Forum Méditerranée aura lieu les jeudi 6 et vendredi 7 octobre 2011.
- Exposition et Conférences en accès gratuit
Plis d'informations : http://www.ilearningforum.org/med/
Source
http://www.myrhline.com/actualite-rh/i-learning-forum-annonce-la-creation-d-i-learning-forummediterranee-2011/1180.html
87 - Michel Vauzelle va prendre les rênes du GIP Iter
ECONOSTRUM
MIchel Vauzelle va prendre la présidence du Groupement d'intérêt public "Iter", instance chargée de
piloter les grands chantiers d'aménagement du territoire dans le Val de Durance.
Lundi 23 mai 2011 se tiendra l’assemblée générale constitutive du groupement d’intérêt public (GIP) Iter. Il
aura donc fallu patienter plus de sept mois entre la réunion qui avait porté cette structure sur les fonts
baptismaux et sa mise en orbite opérationnelle.
Le 7 octobre 2010, le ministre délégué à l’Aménagement du territoire, Michel Mercier (aujourd’hui garde
des Sceaux), avait fait le déplacement à Cadarache (sud-est de la France) pour célébrer en grande
pompe aux côtés des élus locaux la création de ce GIP destiné à piloter les grands chantiers
d’aménagement du territoire dans le Val de Durance, aire d’influence du projet de réacteur expérimental
de fusion thermonucléaire « Iter ».
Seule ombre au tableau : à l’époque, l’absence de consensus sur le « présidentiable » avait empêché la
mise en place du conseil d’administration.
Consensus
Un semestre et des élections plus tard, les élus ont fini par s’accorder sur un candidat. Après avoir un
temps envisagé de laisser les rênes du GIP à Christophe Castaner, vice-président (PS) de la région
Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) délégué à l’économie, Michel Vauzelle a fini par accepter d’en
prendre la présidence. Le président (PS) de la région Paca sera épaulé par une vice-présidente bien
décidée à ne pas s’en laisser compter : la députée-maire (Ump) d’Aix-en-Provence, Maryse JoissainsMasini.
Le CA du groupement comprendra vingt-sept membres : seize représentants des collectivités (région, les
six départements de Paca et la communauté du pays d’Aix ), dix représentants de l’État et un
représentant du CEA. Un deuxième collège réunira les neuf communautés de communes du Val de
Durance, les Parcs naturels régionaux du Luberon et du Verdon, l’Union régionale des maires et le
syndicat mixte d’aménagement du Val de Durance. Enfin, un troisième collège doté d’une voix simplement
consultative regroupera les représentants du monde socio-économique.
Un budget de 1,2 M€
Créé pour une période transitoire (deux ans) et basé à Cadarache, ce GIP disposera d’un budget
maigrelet : 1,2 M€ en 2011, une dépense couverte par les subventions publiques (Etat : 100 K€,
région Paca : 20 K€, les six conseils généraux, la CPA et le CEA 10 K€ chacun) et par des apports en
nature du CEA, de l’État et des collectivités. Le premier mettra à disposition des locaux (180 K€), quand le
second détachera les... quatre fonctionnaires chargés de faire tourner cette petite machine administrative
(coût : 360 K€). Quant au directeur général, il sera recruté dans le vivier des hauts fonctionnaires rompus
à la conduite de grands projets structurants.
D’ici 2013, le GIP sera chargé d'élaborer « un schéma d'aménagement stratégique pour l'urbanisation et le
développement économique du Val de Durance », un territoire allant de Gap (Hautes-Alpes) à Cavaillon
(Vaucluse), en suivant la vallée de la Durance. Il devra également préparer le terrain pour la mise en place
« d'un outil opérationnel pour la réalisation des projets retenus », scénario qui laisse la porte ouverte à la
création d’une Opération d’intérêt national (OIN), solution qui avait les faveurs des élus locaux.
88 - Méditerranée - Vers la mise en place d’un « Observatoire Maghrébin
d’Alerte précoce à la Sécheresse »
DIMANCHE 22 MAI 2011
Basé sur les études réalisées par l’Observatoire du Sahara et du Sahel sur la prise en compte de la
sécheresse dans les Programmes d’action nationaux de lutte contre la désertification au niveau de trois
pays de l’UMA (Algérie, Maroc et Tunisie), l'idée est venue de mettre en place un système d’alerte
précoce au niveau des pays de l’UMA, et de profiter des synergies et de l’émulation inhérentes au travail
en commun au niveau régional.
Afin de pérenniser les acquis de cette expérience à tout le Maghreb, l’OSS œuvre actuellement, en
partenariat avec l’UMA, pour la mise en place d’un « Observatoire Maghrébin d’Alerte précoce à la
Sécheresse (OMAS-UMA)» dont l’objectif est de consolider l’existant pour mieux prévenir la dégradation
de l’environnement causée par la sécheresse grâce à l’amélioration du diagnostic de crise et au
développement de stratégies d’adaptation orientées vers le secteur de l’agriculture qui pourraient, un tant
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soit peu, contribuer à la sécurité alimentaire au Maghreb. L’OMAS se focalisera sur la production et la
diffusion d’indicateurs du risque sécheresse au regard des pressions climatiques et anthropiques.
L’élaboration des indicateurs doit utiliser toutes les approches disponibles, des images satellitaires, aux
compilations des données météorologiques, climatiques, biophysiques et socio-économiques. Enfin, les
résultats de l’OMAS, une fois mis en place, alimenteront les programmes d’action nationaux et sousrégionaux et les politiques environnementales mis en œuvre par les pays concernés.
Pour en savoir plus :
http://www.emwis.net/thematicdirs/news/2011/04/vers-la-mise-en-place-d-un-observatoire-maghrebin-dalerte-precoce-la-secheresse
http://www.oss-online.org/index.php?option=com_content&task=view&id=236&Itemid=374
9 – OPINIONS
91 - La chronique du blédard : Algérie : Nou pas bouger !
Le Quotidien d'Oran, jeudi 21 avril 2011 Akram Belkaïd, Paris
Vendredi dernier, en m'installant devant Canal Algérie, quelques minutes avant le début de l'intervention
d'Abdelaziz Bouteflika, je n'ai pu m'empêcher de repenser à cette époque où, adolescent puis jeune
adulte, je voyais mes aînés, à commencer par mon père, se mettre en face de l'écran de télévision de la
RTA – devenue ensuite ENTV - quand venait l'heure du discours présidentiel. Il y avait alors quelque
chose d'important qui flottait dans l'air. C'était une sorte de cérémonial rare qui n'intervenait qu'une ou
deux fois par an, jamais plus. Au fond d'eux-mêmes ils savaient parfaitement qu'il n'y avait rien à attendre
des propos de Houari Boumediene et, encore moins, de ceux de Chadli Bendjedid. Mais, il y avait ce petit
espoir, ce minuscule brin d'irrationalité qui laisse espérer que, peut-être, quelque part, une lumière allait
jaillir ouvrant la voie à un changement véritable.
Je n'espérais pas grand-chose vendredi mais, moi aussi, je me suis dis «sait-on jamais». L'époque étant
aux grands chambardements, la date du 15 avril 2011 allait peut-être entrer dans l'histoire comme
préambule d'une nouvelle tranche, bien plus heureuse, de l'histoire de l'Algérie indépendante. Le statu quo
étant synonyme, à moyen terme, d'une nouvelle grave crise pour l'Algérie, bien pire que celle des années
1990, comment ne pas se prendre à espérer, juste un peu, qu'advienne du pouvoir une fulgurance de
lucidité et de bon sens. «Il faut toujours parier sur l'intelligence des hommes» m'a dit un jour le philosophe
Edgar Morin alors que je l'interrogeais sur ce qu'il pensait de l'hermétisme des systèmes politiques du
monde arabe. J'ai donc allumé mon téléviseur mais j'ai perdu mon pari.
Le discours que l'on attend pendant des semaines, la possibilité infime d'un progrès en matière politique
et de modernisation des institutions du pays que cela sous-tend et la capacité à endurer et à se dire que,
tôt ou tard, «ils» vont réaliser que les choses doivent changer : tout cela fait partie des outils que le
pouvoir algérien a su forger depuis l'indépendance pour garder un contrôle total sur le pays et la société.
Le procédé est simple. On entretient un faux suspense, on distille quelques rumeurs, puis on ferme de
nouveau le jeu. Au non-événement succède ensuite une période de latence avant qu'un nouveau rendezvous ne soit façonné pour redonner espoir à la société.
Ce jeu, pervers, n'est pas dénué de risque. Il peut faire gagner du temps. Il donne un répit quand la rue et
la société grondent. Mais il peut mener à l'irréparable et à l'explosion de colère. Je me souviens d'un
discours, un certain mois de septembre de l'année 1988. Je me souviens de ce à quoi il a conduit comme
folies et je réalise que nous en sommes finalement au même point. En théorie, on nous promet tout, on
nous offre tout. En réalité, rien ne change si ce n'est le fait que la frustration d'une génération enfle et se
transmet à celle qui suit.
En écoutant le discours de bout en bout, en prenant quelques notes maigrichonnes, surtout techniques –
nombre de pages, nombre de séquences collées les unes aux autres de manière quelque peu
rudimentaire (en matière de montage, on peut mieux faire) – j'ai soudain repensé à un titre de Salif Keita,
la grande voix en or du Mali. Il s'agit de «Nou pas bouger». Le refrain tourne en boucle dans ma tête alors
que je rédige ces lignes : «Nou pas bouger ! Pas moyen bouger !». Bien sûr, le thème de cette chanson et
la situation de l'Algérie n'ont pas grand-chose en commun. En 1989, Salif Keita s'était emparé des thèmes
des travailleurs maliens expulsés par la France et de l'emprise néocoloniale sur son pays. Mais je trouve
tentante l'idée de reprendre ce titre pour qualifier la non-évolution de l'Algérie depuis plusieurs décennies.
Quoiqu'en prétendent les flagorneurs de toute sorte – j'ai même entendu quelqu'un expliquer que le
discours du 15 avril constituait une rupture sociétale (rien que ça !) – le pays n'a pas bougé. Ce qui s'écrit
aujourd'hui ressemble furieusement à ce qui s'écrivait il y a vingt ans, aux premiers temps de l'éphémère
printemps algérien. Ce qui se réclamait à l'époque se réclame aujourd'hui encore. Ce qui se dénonçait se
dénonce encore. On me rétorquera que la presse écrite est libre. Juste. Mais, en 1991, on nous parlait
déjà de télévisions privées, de transparence des élections, de nécessité d'adapter le code de la presse, de
libérer les énergies, de faire en sorte que la société civile puisse jouer son rôle, etc.
Et ce qui s'éludait ou se rejetait à l'époque continue de l'être aujourd'hui. On ne parle pas de la jeunesse,
qui demeure un concept abstrait, dont on nie les revendications et les attentes. On ne parle pas des
agissements hors des institutions, du non-droit et des comportements arbitraires qui minent la société et
conditionnent le comportement des Algériens. On rejette, comme on le fait depuis 1963, toute idée
d'élection d'une Assemblée constituante et on continue de confondre régime présidentiel et monarchie
absolue. A ce sujet, on relèvera la similitude des démarches au Maroc comme en Algérie. Une
commission qui planche et fait des propositions mais c'est le président, ou le roi, qui tranche en dernier
recours…
De nombreux Algériens espéraient un changement de cap, l'amorce de réformes véritables avec, comme
première décision concrète, la dissolution d'une Assemblée dans laquelle rares sont les citoyens qui s'y
reconnaissent. De nombreux Algériens espéraient une réponse politique au mal-être social. Ils devront se
contenter des sempiternelles promesses. Révision d'une Constitution dont on ne compte plus les
amendements passés, élections transparentes, «approfondissement du processus démocratique» (Dieu,
qu'est-ce que ce style ampoulé est insupportable !). Tout ça pour ça… On sait déjà la manière avec
laquelle le système va tailler en pièce la moindre possibilité de concession. On imagine déjà les
subterfuges, les manœuvres dilatoires pour empêcher qu'un minimum d'ouverture soit concédé aux
Algériens.
Les issues restent les mêmes. D'un côté, une transition négociée qui mènera nécessairement vers une
alternance politique. De l'autre, des temps plus que difficiles. Car il est plus qu'évident que le peuple
algérien va, tôt ou tard, en avoir assez de se dire «Nou pas bouger, pas moyen bouger». A ce moment-là,
il sera trop tard pour ce changement pacifique que tout le monde attend et espère. Sonnera alors l'heure
de nouvelles violences mais, peut-être, est-ce là l'issue recherchée.
92 – J'ai plus envie" par Philippe CARRESE
Philippe Carrese est un écrivain marseillais de 55 ans, également spécialisé dans la Marine de Guerre,
réalisateur de séries TV.
Il pousse un coup de gueule qui reprend ce que nous pensons presque tous, quel que soit notre lieu
d’habitation urbaine je vous transmets son dernier cri.
Attention tout n'est pas à prendre au premier degré...
J'AI PLUS ENVIE... Par Philippe CARRESE
J'ai plus envie de me prendre le quart-monde dans la gueule chaque fois que je mets un pied sur la
Canebière. à Marseille.
Je m'apprêtais à écrire une chronique rafraîchissante pour un magazine d'été riant, bien décidé à taire
mes énervements habituels. J'avais pris de bonnes résolutions, rangé ma parano dans ma poche et mes
colères avec mes tenues d'hiver, au fond d'un placard. Je m'apprêtais même à faire de l'humour.
Quelques fois, j'y arrive. Mais voilà. Une randonnée pédestre éprouvante entre les Cinq Avenues et le
cours d'Estienne d'Orves a sapé mon moral et éradiqué mes résolutions optimistes.
J'ai plus envie de relativiser. J'ai plus envie de faire de l'humour. Et j'ai plus envie de subir ce cauchemar
quotidien.
J'ai plus envie de supporter toute la misère du monde à chaque coin de rue.
J'ai plus envie de slalomer sans cesse entre des culs-de-jatte mendiants, des épaves avinées et des
cartons d'emballages de fast-foods abandonnés sur le bitume chaotique du premier arrondissement.
J'ai plus envie de cette odeur de pourriture qui me saute à la gorge, de cette odeur d'urine à tous les
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angles de travioles, de cette odeur de merdes de chiens écrasées sur tous les trottoirs, de ces relents de
transpiration et de crasse sur les banquettes arrière du 41.
J'ai plus envie de perdre des heures en bagnole dans un centre-ville laid, dévasté par manque total de
prise de conscience individuelle et d'organisation collective.
J'ai plus envie de voir ma difficile survie professionnelle lézardée par des bureaucrates en R.T.T,
assenant au petit peuple que la voiture est un luxe inutile, eux qui n'ont sans doute plus pris un métro
depuis des lustres.
J'ai plus envie de me retrouver sur le parvis de la gare Saint Charles à onze heures du soir avec mes
jambes et ma mauvaise humeur comme alternative à l'absence totale de transports en commun et à la
présence suspecte de rares transports individuels qui frisent l'escroquerie.
J'ai plus envie.
J'ai plus envie de baisser les yeux devant l'indolence arrogante de jeunes connards.
J'ai plus envie de jouer les voitures-balais pour de malheureux touristes étrangers bouleversés,
fraîchement dévalisés par des crétins sans loi ni repère.
J'ai plus envie de me retrouver à chercher des mots d'apaisement et à soliloquer des propos
hypocrites sur la fraternité et la tolérance lorsque mes enfants se font racketter en bas de ma
ruelle.
J'ai plus envie de me laisser railler par ces troupeaux d'abrutis incultes, vociférant et bruyants au
milieu des trottoirs qui n'ont qu'une douzaine de mots à leur vocabulaire, dont le mot « respect »
qu'ils utilisent comme une rengaine sans en connaître le sens.
J'ai plus envie de contempler mon environnement urbain saccagé par des tags bâclés et des graffitis
bourrés de fautes d'orthographe. L'illettrisme est un vrai fléau, il plombe même l'ardeur des vandales.
Et aussi...
J'ai plus envie de voir les dernières bastides mises à bas, les derniers jardins effacés d'un trait négligent
sur des plans d'architectes en mal de terrains à lotir.
J'ai plus envie de cette ville qui saccage son passé historique sous les assauts des promoteurs (le
comblement de l'îlot Malaval est une honte).
J'ai plus envie de cette ville qui perd sa mémoire au profit du béton.
Et encore...
J'ai plus envie d'écouter poliment les commentaires avisés des journalistes parisiens en mal de
clichés, plus envie d'entendre leurs discours lénifiants sur la formidable mixité marseillaise. Elle
est où, la mixité ? De la rue Thiers au boulevard des Dames, la décrépitude est monochrome.
J'ai plus envie de traverser le quartier Saint Lazare et de me croire à Kaboul.
J'ai plus envie non plus de me fader encore et toujours les exposés béats de mes concitoyens fortunés,
tous persuadés que le milieu de la cité phocéenne se situe entre la rue Jean Mermoz et le boulevard Lord
Duveen. Désolé les gars, le centre ville, à Marseille, c'est au milieu du cloaque, pas à Saint Giniez. Tous
les naufrages économiques de l'histoire récente de ma ville tournent autour de cette erreur fondamentale
l'appréciation de la haute bourgeoisie locale.
J'ai plus envie de ce manque d'imagination institutionnalisé, plus envie de palabrer sans fin avec des
parents dont la seule idée d'avenir pour leur progéniture se résume à : «un boulot à la mairie ou au
département».
J'ai plus envie d'entendre les mots «tranquille» «on s'arrange» «hé c'est bon, allez, ha» prononcés
paresseusement par des piliers de bistrots.
J'ai plus envie de ce manque de rigueur élevé en principe de vie.
J'ai plus envie de l'incivisme, plus envie de la médiocrité comme religion, plus envie du manque
d'ambition comme profession de foi.
J'ai plus envie des discours placebo autour de l'équipe locale de foot en lieu et place d'une vraie réflexion
sur la culture populaire. J'ai plus envie non plus de me tordre à payer des impôts démesurés et de subir
l'insalubrité à longueur de vie.
J'ai plus envie de m'excuser d'être Marseillais devant chaque nouveau venu croisé, décontenancé par sa
découverte de ma ville. Ma ville !
Et pourtant, Marseille.
Pourquoi j'ai plus droit à ma ville ?
Merde !
Bibliographie :
Trois jours d'engatse , Méditorial, collection Misteri, 1994 puis en
2002 Pocket (ISBN 226612126X )
Filet garni, Fleuve Noir, 1996 (ISBN 2265057150 )
Allons au fond de l'apathie, Baleine, 1999 (ISBN 2842191226 )
Le Bal des cagoles , Pocket, 2000 (ISBN 2265070491 )
Graine de courge, J'ai lu, 2000 (ISBN 2290054941 )
Flocoon Paradise, Florent Massot, 2001 (ISBN 2845880413 )
Marseille, du noir dans le jaune, Autrement, 2001 (ISBN 2746700883 )
Conduite accompagnée, Fleuve Noir, 2002 (ISBN 2265073814 )
Le Tambour du diable, Les 400 Coups, 2002 (ISBN 2845960514 )
Trois jours d'engatse,
Une petite bière pour la route, Fleuve Noir, 2002 (ISBN 2265068764 )
Une belle histoire d'amour, Fleuve Noir, 2003 (ISBN 2265076023 )
La Grotte de l'aviateur, Syros Jeunesse, 2004 (ISBN 2748502361 )
Place aux huiles, L'Écailler du Sud, 2005 (ISBN 2914264798 )
Les Veuves gigognes, Fleuve Noir, 2005 (ISBN 2265079596 )
Le Vol de la momie, Syros, 2005 (ISBN 2748503740 )
Le Scénario de la mort, Syros, 2006 (ISBN 2748504631 )
La Malédiction de l'Enclume, Syros, 2007 (ISBN 978-2748505375 )
Enclave, Plon, 2009 (ISBN 978-2259209755 )
93 – Lettre au Conseil national de transition de Libye
Monsieur le Président,
Mmes et Mrs les membres du Conseil national de transition de Libye
Députés et militants démocrates algériens, il est un devoir et un honneur pour nous d’exprimer au peuple
libyen en lutte contre le despotisme notre entière solidarité.
La répression sauvage infligée aux populations civiles dans un pays voisin et frère nous révolte
profondément et interpelle notre conscience. Le peuple libyen a subi une dictature féroce et une
répression sauvage, quatre décennies durant. Il a droit de choisir librement ses dirigeants et d’exiger que
ceux-ci gouvernent dans le respect des principes démocratiques et des droits de l’homme.
Les faux semblants des uns et des autres à travers le monde et singulièrement dans notre pays en faveur
d’un statu quo ne peuvent aller à l’encontre de l’aspiration des peuples à maitriser leur destin. La sécurité
de nos frontières est, certes, pour nous d’un intérêt légitime majeur mais nous refusons de la confondre
avec le sort d’un dictateur sanguinaire.
L’usage d’armes de guerre par les pouvoirs libyen et syrien contre leurs propres citoyens a achevé de
démasquer la vraie nature de leurs systèmes policiers. La souveraineté internationale d’un Etat squatté
par un régime tyrannique ne peut et ne doit hypothéquer la souveraineté populaire, source de tout pouvoir
légitime. Chaque fois qu’un peuple se reconnait dans ses institutions et exerce sa citoyenneté, aucune
menace extérieure - potentielle ou réelle - ne peut venir à bout de la Nation. En l’espèce, le peuple libyen
est un exemple vivant de ce défi.
Les Algériennes et les Algériens gardent un souvenir reconnaissant du soutien actif du peuple libyen à
nos Moudjahiddines durant notre guerre d’indépendance.
Aussi, nous nous inclinons avec respect devant la mémoire des Libyens tombés pour la dignité. Nous
vous réitérons notre considération et nous vous exprimons notre attachement à ce que le peuple libyen
puisse jouir, dans un proche avenir, de la liberté et de la démocratie dans une Libye unie.
Alger, le 17 mai 2011.
Députés à l’Assemblée populaire nationale, Algérie.
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94 - REPONSE A BENAICHA, BEN BELLA ET …CONSORTS.
Après avoir été tout le long de son passage à la TV un laïque et un nationaliste arabe, à la mode syranoirakienne, voilà que Benaicha, pieusement déguisé, se cherche une rédemption sur le dos d’une héroïne
qui, malgré, les mythes l’entourant pour mieux l’enterrer, fît et fut l’Histoire, histoire de Tamazgha, du pays
des Algériennes et des Algériens.
Quinze siècles après les chevauchées fantastiques de cette femme hors du commun, chef d’Etat et
stratège militaire dans une société de mâles, Benaicha, au crépuscule de sa vie, tremble de tous ses
membres à l’idée que « la devineresse » aurait pu lui faire rater l’entrée en islam. Nonobstant son parcours
connu de tous où l’islam alimentaire tenait une part importante, il ne se veut pas dans l’histoire, mais dans
le délire interprétatif d’une option virtuelle. Théorique, celle-ci est autrement plus condamnable que sa
trajectoire réelle en matière de conviction religieuse. Kahina triomphante, on aurait, comme les Chrétiens,
commis le pêché originel qui nous aurait éloigné définitivement du paradis. Diantre !
Le drame dans ce pays, où Benaicha n’est qu’un épigone d’élites dévoyées, c’est que l’on peut tenir des
propos racistes avec une sérénité sidérante, apanage et privilège de gens convaincues, du haut de leur
morgue, suffisance et arrogance mortifères, de personnifier les « civilisateurs ». On se croirait presque en
Amérique latine du début du siècle dernier avec des peuples entiers assimilés, réduits aux marges de
l’histoire et soumis à « la vraie religion » et aux oligarchies. Les théoriciens qui se sont penchés sur ce
phénomène l’appelaient le colonialisme intérieur. Si Benaicha avait lu « Portrait du colonisé » d’Albert
Memmi, il comprendrait vite la profondeur abyssale de son aliénation psychique et intellectuelle. Il n’a
même pas assimilé Ibn Khaldun.
Pour Benaicha, il est normal et même naturel d’être arabiste en Algérie – comment peut-on se poser la
question ? – et douter, en filigrane si ce n’est grossièrement, de l’algérianité du berbériste, réduit à la
représentation de l’ennemi intérieur. Ce faisant, il reprend la même attaque contre Mammeri que celle de
Ben Bella à l’encontre d’Aït Ahmed. En 1962 déjà, ramené dans les soutes de l’armée des frontières, Ben
Bella s’installait à Tlemcen. Il s’était fendu d’un communiqué qualifiant Krim, accompagné en la
circonstance de Boudiaf, de régionaliste parce que celui-ci venait d’entrer à Tizi Ouzou. Tlemcen, c’est
l’Algérie ; Tizi Ouzou ne peut l’être. Tel Bourourou, le croquemitaine amazigh est convoqué pour s’expier
de ses pêchés qu’on attribue volontiers à l’autre. Tlemcen et Tizi Ouzou sont deux villes algériennes, et
Tlemcen, plus avant que Tizi Ouzou, incarnait l’histoire amazighe en étant la capitale de deux dynasties
berbères au Moyen Age : Zianide et Abdelwadid.
Qui ne connaît pas Yaghmourassen? Peut-être BenBella et…Benaicha.
En réalité, le mal est plus profond. Ce sont des générations entières qui sont coupées de leurs racines et
de leur histoire. Comme dans tous les pays islamisés, la narration de la geste islamique et l’empathie qui
s’ensuit l’emportent sur l’histoire nationale, relève avec pertinence le regretté Mohamed Charfi, ancien
ministre de l’éducation nationale de Tunisie. Celle-ci, malheureusement et par des raccourcis
inexplicables, se confond avec l’histoire arabe. Du reste, le panarabisme et le panislamisme tels
qu’exprimés par Ben Bella et Benaicha et tant d’autres, se superposent, même si l’un se proclame de la
laïcité et, l’autre, de la religion. Un autre Tunisien, Abelwahab Meddeb, dans son essai « Pari de
civilisation »* saisit avec lucidité les liens entre les deux idéologies. Il soutient que : « comme l’histoire l’a
montré, le panarabisme et le panislamisme sont substituables l’un à l’autre. Les caractéristiques qui les
rassemblent sont beaucoup plus prégnantes que les distinctions qui les séparent. La laïcité du
panarabisme n’est pensée ni philosophiquement ni juridiquement … Là où panislamisme et panarabisme
se rencontrent, c’est dans l’exaltation d’une identité alternative anti-occidentale, anti-démocratique, nourrie
par une protestation qu’anime une idéologie de combat totalitaire ».
Quant à Mammeri, qui a sillonné sa Kabylie natale, le Gourara, les Aurès et le désert saharien en long et
en large, quoi de plus national que cette noria incessante sur notre vaste territoire pour sonder et saisir
l’âme algérienne, qui est Une avec ses caractéristiques remontant des profondeurs de l’histoire millénaire
de l’Afrique du nord : l’esprit de résistance et de révolte, l’égalitarisme et la liberté !
Avec sa modestie et sa discrétion légendaires, Mammeri n’avait pas besoin de dire qu’il était l’un des
auteurs des discours de la délégation algérienne à l’Onu durant la guerre de libération nationale. Il
n’éructait pas son algériannité ; elle était en lui, chevillée en son être.
Fermez le rideau !
Tarik MIRA Député de Bejaia
*page 65, édition du Seuil, Août 2009.
95 - Le printemps arabe : un pur fantasme occidental
Lorsqu’en janvier la "Révolution du Jasmin" battait son plein en Tunisie, elle faisait vibrer des journalistes,
politologues et philosophes européens et américains, qui rêvaient qu’un vent démocratique soufflât enfin
sur ce pays. A longueurs d’articles, les donneurs de leçons libertaires et égalitaires, en particulier les
Français parmi eux, ont tenté de démontrer qu’une ère nouvelle de liberté s’était mise en marche dans le
monde arabe, et que la Tunisie avait ouvert la voie du changement tant attendu et tant espéré.
Bien calés dans leurs convictions, et n’envisageant ce mouvement populaire arabe qu’au travers du
prisme de leurs certitudes et de leur propre culture, ces commentateurs magistraux expliquaient sur tous
les plateaux de télévision, que les forces vives de la jeunesse tunisienne ne sauraient laisser passer cette
occasion unique de tourner le dos à plus de soixante ans de dictature et de privations de toutes sortes.
Mais, en réalité, qui donc attendait et espérait ce changement ? La famélique jeunesse tunisienne, ou ces
bienpensants nantis, grands amoureux de la dialectique et de l’ethnocentrisme ?
Sont-ils jamais allés à la rencontre de cette jeunesse afin, pour débuter une authentique réflexion, de
l’écouter ? Possèdent-ils seulement quelque notion concrète des aspirations profondes ou des
rêves authentiques de cette génération tunisienne ?
Les sociétés occidentales et démocratiques lui laissent-elles le choix d’adhérer à autre chose que ce
qu’elles ont décidé et défini comme étant ce qui est bien pour elle ?
Il suffit pourtant d’avoir visité le Maghreb ailleurs que dans les avalent-touristes, pour être au courant de ce
que les principes philosophiques, politiques et religieux de mise en Occident ne sauraient être calqués à
aucun pays arabe, fut-ce la douce Tunisie. S’obstiner dans la voie de l’humanisme imposé, participe d’une
erreur monumentale. Plus que cela : d’une approche stratégique, politico-économique, simplement contreproductive.
Nous ne partageons pas les mêmes valeurs ! Une évidence qui m’est réapparue, criarde, tout au long des
interviews que j’ai menées, cette semaine en France, à Nice, précisément, auprès de jeunes Tunisiens.
Des migrants, qui se vivent exclusivement comme des "rescapés de l’enfer", et ne se reconnaissent pas
en "révolutionnaires emblématiques", au risque d’y perdre en romantisme. Ce, même si cela doit peiner
les media qui remplacent, par trop systématiquement, le sens de la réalité par celui de la formule, et qui
ont, sans se soucier des attentes des principaux intéressés, baptisé leur aventure de l’titre, poétique mais
controuvé, de Printemps tunisien.
Tandis que vingt mille visas temporaires ont été délivrés par les autorités italiennes depuis le mois de
février (c’est la seule estimation à peu près fiable dont nous disposons), ce sont quelques deux à trois
cents Tunisiens qui arrivent chaque jour à la gare centrale de Nice, en provenance de la ville frontalière
italienne de Vintimille.
C’est donc naturellement aux abords de la gare que je les ai attendus. Depuis quelques jours, la police
française a modifié son attitude - facilitant ainsi mon enquête - qui est passée de vigilante et sévère à
carrément débonnaire. Les forces de l’ordre ayant levé le siège de ce quartier populaire du centre-ville,
elles laissent ces faux-vrais immigrants libres de se rendre où bon leur semble.
J’aborde trois jeunes qui acceptent de se confier à moi, ce, avec d’autant plus de facilité que je m’adresse
à eux en arabe dialectal. Refusant poliment mais obstinément la nourriture que je leur propose – ils
viennent de recevoir du pain et du fromage d’une autre Niçoise -, ils me racontent par le détail leurs
épopées dramatiques.
Comme les mille sept cents personnes ayant voyagé en même temps qu’eux jusqu'à l’île italienne de
Lampedusa, ils ont tous bien moins de trente ans. La plupart ne vivait pas à Tunis, mais dans les villes et
les villages se situant à l’intérieur du pays. Là où la misère et la faim font gargouiller les estomacs chaque
jour un peu davantage.
J’ai hâte de leur poser la question qui taraude ma curiosité depuis que je m’intéresse au sujet : pourquoi
ne sont-ils pas partis pendant le régime de Ben Ali ? Leurs réponses se chevauchent les unes les autres,
mais elles disent toutes pareil : "En ces temps-là nous mangions tous les jours ! On arrivait encore à
gagner nos dix dinars quotidiens (cinq euros par jour, soit cent cinquante euros par mois), en travaillant
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comme maçon ou garçon de café ; aujourd’hui même cela est impossible ! Nous, nous venons de
Kairouan (dans la zone orientale de l’Atlas tunisien), et il n’y a plus rien là où nous vivions ; pas de travail,
pas de nourriture dans les magasins et, d’ailleurs, qui achèterait quoi ? Avec quel argent ? D’autres,
originaires des grandes villes de Gabès ou de Sfax, me confieront exactement la même constatation.
Je rebondis instinctivement : mais Ben Ali déchu et parti, c’est ce que vous vouliez non ?
Prenez bonne note de leur réponse, c’est celle qui courait dans toutes les bouches des centaines de
Tunisiens défriqués qui arpentaient ce week-end la Promenade des Anglais. Elle m’en a plus appris en dix
minutes que tout ce que j’avais vu ou lu sur leur sort en France auparavant :
"Oui nous voulions voir Ben Ali quitter le pouvoir, c’est un voleur, un voyou ; mais on n’est pas fou : lui ou
un autre c’est pareil… Une fois au pouvoir, leur but, c’est leur propre fortune, pas la nôtre ! Pour les gens
aux commandes du pays, nous, les pauvres, nous n’existons pas. Ils ne s’intéressent pas à nous. Avant et
après Ben Ali, cela s’est toujours passé ainsi et cela se passera toujours comme cela.
Cela ne changera jamais pour nous. Nous le savons, nous l’avons toujours su. Nous n’attendions rien de
précis de cette révolution. Nous savions qu’elle serait sans conséquences positives pour nous. Alors nous,
la révolution, on s’en fiche aussi. Ce que l’on veut c’est travailler, gagner de l’argent, nourrir nos familles,
vivre… normalement.
En France, en Italie, ailleurs, on s’en fiche de savoir où on ira, mais là-bas, on sait qu’on aura un travail qui
nous rapportera beaucoup d’argent !". Je me dois de préciser, qu’au cours de nos entretiens, qui ont duré plusieurs heures et ont impliqué des
dizaines de migrants, pas une seule fois n’auront été prononcés les mots de démocratie ou de liberté. Les
jeunes gens échoués sur notre plage n’ont pas de conscience politique ou idéologique, du moins pas dans
le sens où nous l’entendons.
Car ils ne peuvent pas s’en permettre le luxe, eux, dont l’unique préoccupation, en Tunisie et en France,
consiste à manger tous les jours !
A l’évocation de l’argent, je leur demande où ils ont trouvé la petite fortune que leur a coûté leur traversée.
Mes interlocuteurs me signalent que les sept-cent-cinquante euros par personne ont été réunis par les
mères, les cousines et les sœurs. Toutes ont été réquisitionnées pour vendre leurs bijoux en or. Une
énorme somme, l’équivalent de cinq mois de salaire sous Ben Ali, remis à des patrons pécheurs sans
vergogne, qui les ont hissés sur des barques délabrées et dangereuses, au péril de leurs vies.
"Passeur" aura finalement été l’unique activité lucrative de la Révolution tunisienne. Soixante-douze
heures d’une traversée apocalyptique, avec des barques, qui, lorsqu’elles ne coulent pas, sont réduites à
l’état de radeaux, à l’approche de l’île italienne.
Trois jours à affronter les vents et les pluies glaciales, les vagues immenses et menaçantes, la
promiscuité, la faim, la soif et la hantise de mourir à chaque instant. Pourtant, ils ne regrettent rien. Ni
l’argent miraculeusement ramassé et entièrement englouti, ni la peur affrontée lors du voyage en haute
mer, ni les transferts d’un camp de rétention à celui de Trapani, à Catane, en passant par Naples ; ni les
errances interminables entre Rome et Milan, ni les jours sans manger, ni les nuits passées dehors, sur le
bitume et dans le froid .
Tout cela, ces privations et ces sacrifices, a été, selon les jeunes maghrébins à l’unisson, mille fois payé
de retour par le titre provisoire de circulation, valable dans toute l’Europe, qui leur a été délivré par les
autorités italiennes.
"Partir, il nous fallait partir et quitter la Tunisie et nous ne voulons plus y retourner". Cette idée revient
comme une obsession. Comment expliquer que cette révolte populaire, qui, théoriquement, devait aboutir
à mieux ou au meilleur, s’est révélée concrètement engendrer le pire ?
Il est urgentissime, pour nous, d’admettre que cette Révolution du jasmin a été inspirée et soutenue par
des catégories très minoritaires et particulières de la population tunisienne. A savoir : la petite bourgeoisie
industrielle, qui ne supportait plus de travailler pour enrichir Ben Ali et le clan Trabelsi, qui les menaçaient
systématiquement de leurs terribles foudres. Les intellectuels, qui passent le plus clair de leur temps hors
de Tunisie, et, enfin, les islamistes, brimés et frustrés sous l’ancien régime, qui, libérés désormais du tyran
anticlérical, espèrent pouvoir installer leurs lois coraniques, et, pourquoi pas, un jour, instaurer un pouvoir
théocratique !
Hors de ces microcosmes, ne s’offre plus que la solution de l’exode aux classes pauvres, hyper
majoritaires, et hyper majoritairement composées de jeunes. Tous veulent fuir cette Tunisie, terre à jamais
sans avenir, où la vie est désormais pire, pour eux, que du temps de Ben Ali et de sa clique.
Par ailleurs, ces hommes, dans la force de l’âge, sans pourtant renier leur appartenance à l’islam,
rejettent, une fois en Europe, les interdits qu’il leur impose. Sans le sou, mais toujours une bouteille de
bière à la main, entre les cigarettes, qu’ils grillent l’une après l’autre.
C’est là que se situe l’essentiel pour cette jeunesse démunie, que personne ne prend en compte ! A
l’instar de l’importance qu’ils confèrent à leurs téléphones portables ; ils en possèdent chacun un, objet
magique et salvateur, cordon ombilical virtuel, qui leur permet de garder le contact avec leurs familles
restées au bled, en composant un mystérieux numéro, spécial et gratuit ! Cela n’a pas de prix pour eux, et
fait partie de leur équipement de campagne.
Comme souvent, la France est coupée en deux au sujet de ces faux-vrais immigrés. Avec, d’une part, les
bénévoles, qui font preuve de compassion exemplaire et vont à leur recherche afin de les aider et de les
nourrir.
Il y a, d’autre part, des gens comme certains de mes voisins d’immeuble, qui, lorsque je leur demande leur
avis sur ces centaines de Tunisiens qui circulent dans les rues de Nice, appellent cela l’"envahissement".
Parlant des migrants, ils n’hésitent pas à évoquer des "taches" ou, en plus imagé encore, des "furoncles
qui nuisent à notre si belle ville".
Comment, sur la célèbre Promenade des Anglais, ne pas être saisi par le contraste entre des centaines de
Tunisiens, errant sans but et les poches vides, les sportifs à fière allure, et les touristes, Nikon en
bandoulière qui offrent sodas et crèmes glacées à leur progéniture déjà blasée par tant d’opulence.
"La France fout le camp à force d’accueillir toute la misère du monde", m’explique la très en colère
madame Gloria B., du troisième. Si la France doit un jour se perdre, ce sera plutôt à cause du double jeu,
indécis et dangereux, que pratique l’actuel gouvernement.
Après avoir essayé de se soustraire des accords de Schengen, s’être emporté contre l’Italie, pourvoyeuse
de laisser-passer, il n’est ni anodin ni innocent que le gouvernement français décide, faute d’avoir trouvé
d’autre solution, de "lâcher dans la nature" cette population, qui affole et effraye tant de patriciens.
Les responsables français feignent naïvement d’attendre l’expiration des six mois figurant sur les visas
délivrés, désireux de s’imaginer que nos hôtes infortunés retourneront dans leurs bleds une fois leur
autorisation de séjour périmée.
Mais c’est ignorer la volonté farouche et la détermination de ces hommes à rester en France, après qu’ils
y soient arrivés au risque de leurs vies.
Pris de court, privé d’imagination et de moyens, le gouvernement prépare un mauvais remake de l’aprèsguerre d’Algérie, à la suite de laquelle ont été engendrées des générations d’immigrés, déçus, amers et
vindicatifs, au point de se sentir aujourd’hui libres et légitimes de siffler la Marseillaise lors de grandes
compétitions sportives.
Si l’Italie fut la première à "lâcher dans la nature", sans aucun encadrement, ces Tunisiens, les laissant
humer (per motivi umani, pour des raisons humaines, comme c’est indiqué sur leur visa), six mois de style
de vie à l’européenne, dont ils sont déjà devenus friands.
La France, quant à elle, forte de son expérience algérienne, est coupable, à mon sens, de ne pas avoir
pris rapidement l’une des trois solutions qui s’imposaient à l’évidence : soit, purement et simplement,
dépêcher des bâtiments de guerre face aux côtes maghrébines, afin d’interdire aux embarcations de
fortune d’atteindre Lampedusa et de les renvoyer chez elles ; soit intégrer ces nouvelles populations, s’en
occuper en leur offrant une véritable structure d’accueil, des services et des soins ; soit, et c’est la solution
que je préfère, intervenir en Tunisie à des fins de développement et d’investissement.
N’était-ce pas là l’un des objectifs principaux du projet d’association des pays du pourtour
méditerranéen de Nicolas Sarkozy ? Un grand bluff, qui, au contact de la réalité, démontre à quel point il
en était éloigné. De plus, c’est, évidemment, à l’échelon européen que les décisions doivent être prises,
sachant que tout investissement sur place, en Afrique, sera plus économique, et moins périlleux pour
l’ordre social européen, que la gestion, sur le vieux continent, de migrants pour lesquels nous n’avons pas
d’emplois à offrir.
L’incapacité à réagir rapidement et de façon efficace, à en croire les nombreux échos racistes qui grincent
sur la France, fera le jeu du Front National. Depuis les violences dans les banlieues, c’est à croire que
l’actuel président a décidé de se saborder en faveur de Marine Le Pen.
"C’est loin Paris de Nice ?", me demande Ali.
"Mille kilomètres, cela fait cinq heures en train, pourquoi ?".
"A Paris, il y aura du travail pour nous c’est sûr ! Paris ou aussi la Suède, des copains qui ont des cousins
là-bas m’ont dit que c’était bien, et Bordeaux aussi c’est bien. C’est loin la ville de Suède..?".
A la fois perdus, déterminés et bourrés d’énergie, ces jeunes maghrébins veulent une nouvelle vie, mais
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pas celle que les Occidentaux se plaisent à imaginer pour eux, sans pour autant apporter la moindre
solution à… leurs carences en géographie.
Agence MENA Patricia MAMOU
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