Le bien qu`on s`est fait

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Le bien qu`on s`est fait
Le bien qu’on s’est fait
Grégorian
La sonnerie retentit bruyamment à travers le bâtiment maussade. Très vite, le
raclement des chaises et des pieds que l’on traine sous les sacs trop lourds
emplirent les couloirs d’un brouhaha assourdissant, puis l’école déversa son
flot d’élèves devant des parents impatients et des nourrices boudeuses.
Maëlle traversa le passage piéton sans se retourner. De son petit mètre
vingt-deux, elle dépassa les adultes blasés sans leur accorder un regard. Elle
avait renoncé à chercher sa mère parmi les visages hagards depuis un certain
temps déjà. Et son père ? Elle sourit tristement. Son père…
Une violente bourrasque rabattit la capuche de son manteau sur ses
longs cheveux bruns. De ses yeux verts, Maëlle scruta le ciel où de sombres
cumulus s’agglutinaient d’un air menaçant. Ses petites jambes accélérèrent ;
elle eut tôt fait de quitter le centre ville et ses pavés irréguliers. Enfin, elle
arriva devant son Eden.
Jurant avec le bitume et la grisaille, égaillé des couleurs éclatantes du
jeune printemps, le parc s’étendait à perte de vue. Maëlle ne se lassait pas
d’admirer les milles nuances de vert qui s’offraient à ses yeux. Le vif des feuilles,
l’émeraude des bourgeons, l’herbe, les nénuphars au bord du lac… même le
vert bouteille des grandes poubelles publiques la ravissait. Un soupir de
soulagement passa discrètement ses lèvres alors qu’elle s’apprêtait à braver les
interdits maternels. Ce parc, elle n’avait pas le droit de le traverser. La
cacophonie des voitures et le crachat étouffant des pots d’échappement
traçaient une voie plus sûre à travers les rues bondées. Plus sûre que le
gazouillement des oiseaux et que le crépitement de la fontaine au milieu du
parc désert.
La petite fille ne cacha pas un sourire rayonnant alors qu’elle ôtait
chaussures et chaussettes, afin de sentir sous ses pieds nus la caresse du gazon
mal entretenu, et inspirait de grandes bouffées d’un air un peu moins pollué.
Autour d’elle, Maëlle sentait les regards insistants, parfois outragés des rares
passants, qui se demandaient sûrement qui pouvait laisser traîner cette gamine
sans surveillance, et nu-pieds, qui plus est. Mais où allait la jeunesse ? Elle les
sentait, ces regards accusateurs, à peine dissimulés, et elle les ignorait. Ces
instants précieux, volés sur le chemin de l’école, n’appartenaient qu’à elle. Les
grands ne pouvaient pas comprendre. Même s’ils le pouvaient, pour sûr qu’ils
ne le voudraient pas.
Ses souliers à la main, Maëlle longeait le chemin qui traversait le parc,
passant derrière les bancs vides en faisant des cabrioles, montant sur les
rebords de pierre jaune, se mouvant avec autant de fluidité que le permettait
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le gros cartable attaché à son dos. Dix minutes. Dix minutes de liberté sauvage
durant lesquelles elle semblait échapper à toute emprise. Dix minutes de rêve.
Immergée dans ses jeux d’enfant en traversant ce monde d’adultes,
Maëlle roula une nouvelle fois dans l’herbe en riant après les papillons effrayés,
mais contourna le banc suivant avec précaution, soucieuse de ne pas déranger
le bonhomme qui s’y reposait. Arcbouté par-dessus ses vieilles cannes de bois,
le pauvre bougre n’avait pas l’air bien en forme. Interrompant ses jeux, Maëlle
prit quelques secondes pour détailler cet homme dont elle ne voyait que le dos,
et les quelques cheveux blancs qui résistaient toujours malgré une calvitie
avancée. Que faisait-il ici ? En y réfléchissant un peu, la gamine se rendit
compte que, tels la fontaine ou le grand marronnier, il lui semblait que le vieux
avait toujours été là. Certes, mais pourquoi ? Qu’attendait-il ? D’un
haussement d’épaule, elle conclut pour elle-même que les personnes âgées
étaient compliquées, et qu’elles aimaient bien avoir leurs habitudes. Celui là ne
faisait pas exception. Certains donnaient du pain aux pigeons, d’autres
attendaient Godot en appuyant leur menton fripé sur leur canne. Il était de ces
derniers, et c’était tout. D’un geste mille fois répété, elle remit socquettes et
chaussures et rejoignit le petit chemin qui la mènerait à la sortie sud du parc, à
trois rues de chez elle. Un nouveau soupir souleva sa poitrine. Elle n’aimait pas
se réveiller.
φ
Les semaines défilèrent avec une monotonie exemplaire. Le parc se
couvrit peu à peu de fleurs et de fruits, et avril ramenait chaque jour un peu
plus de promeneurs. Maëlle, à son habitude, profitait de la douceur du temps
pour s’évader en silence. Mais ce jour là, son attention fut attirée par le vieil
homme qui, jusqu’alors, avait toujours fait corps avec son banc, comme s'ils ne
formaient qu'un avec le parc tout entier, qu'un parmi les choses immuables,
hors de l'espace et du temps, en somme l’une de ces rares choses rassurantes
dans un monde si difficile à comprendre, impossible à saisir dans sa fuite
effrénée. Il n'était plus arcbouté sur ses cannes. Au contraire, celles-ci
dessinaient deux lignes si droites, et le vieux lui-même dressait à présent son
regard si haut et le portait si loin, qu'il semblait avoir gagné de l'altitude sur ses
échasses. Il demeurait ainsi, sans le moindre mouvement, indifférent à la vie
alentour, pour ainsi dire figé dans l'attente. Mais de quoi ? Ce bonhomme était
décidément un drôle d'oiseau. Elle en avait déjà vu un semblable au bord de
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l'étang, près de chez sa tante Martine. Elle restait parfois dormir là-bas lorsqu'il
y avait vraiment trop de bruit à la maison. Un héron, c'est ce que lui avait
expliqué sa tante, qui scrutait l'étang des heures durant, attendant que vienne
à passer un poisson digne de son appétit. Bien que Maëlle ait elle aussi passé
de longs moments au bord de l'étang, jamais elle n'avait vu le héron se décider
à la pêche. Le vieux ne se décidait pas davantage. Curieusement, vint à Maëlle
l'envie de lui parler, peut-être parce qu’il lui paraissait de valeur d'être écoutée
d'un homme si économe de ses intérêts.
Elle s’approcha avec un sourire discret près du bonhomme-banc, mais il
ne daignait pas détourner le regard. Un doute se mua en crainte. Se pouvait-il
qu'un homme se tenant si droit fût mort ? Elle passa outre son appréhension et
alla se tenir à côté de lui, ce qui ne l'émut pas plus. Il était impossible de voir s'il
respirait ou pas. Il n'y avait plus qu'à demander :
-Vous allez bien, monsieur ?
L’homme resta de marbre. Maëlle insista :
-Comment vous vous appelez ?
Seul le vent lui répondit. Maëlle tira sur une manche de son manteau
miteux en répétant sa question :
-Comment vous vous appelez, monsieur ?
Le vieux détourna cette fois le regard pour le poser un instant sur la
petite. D'abord surprise, elle fut aussitôt rassurée que le vieil homme soit bien
vivant, et enthousiaste à l’idée d’obtenir sa réponse. Mais il ne la regardait déjà
plus, il avait repris sa pose :
-J'ai oublié mon nom.
-Comment ! s'étonna Maëlle. C'est pas possible, ça, d'oublier son nom !
-Ca ne sert à rien un nom quand il n'y a personne pour vous appeler. On
oublie les choses qui ne servent à rien.
Le type semblait répondre à tout le monde et à personne, regardant
toujours fixement devant lui.
-Eh bien, moi, je m'appelle Maëlle, fit la petite, parce qu'il y a maman
pour m'appeler.
Elle pensait que cette confidence encouragerait le bonhomme, mais il
était clair maintenant que son intérêt serait dur à gagner, car il ne bronchait
plus. Elle n’était pas encore un assez beau poisson.
-Papa aussi, il m'appelle Maëlle, mais c'est pas pareil parce qu'il parle
beaucoup trop fort.
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Elle crut apercevoir un sourcil bouger, mais ce n'était pas suffisant pour
en obtenir plus.
-A l'école, on m'appelle Leclercq, mais je n'aime pas ça, parce que c'est le
même nom que celui de papa.
Le type la regarda enfin, mais il reprit aussitôt sa posture sans rien dire.
Puis, il la lorgna à nouveau, et se ravisa encore.
-Maëlle, c'est bien ça, hein ?
-Oui, monsieur, c'est bien ça.
-Eh bien, Maëlle, j'entends ta mère qui t'appelle.
-Maman ? Mais elle n'est pas dans le…
Elle comprit avec une pointe de déception.
-Vous avez raison, je dois rentrer à la maison.
-A la bonne heure ! conclut-il avec un air narquois.
La gamine s’éloigna de quelques pas, la tête basse, puis fit volte-face.
-Vous savez ce qu'on va faire ? Puisque vous avez oublié votre nom, je
vais vous en donner un : Daniel, ça vous plait ?
Le vieillard ne répondit pas. D’ailleurs, aurait-il répondu que sa réponse
se serait perdue dans la brise printanière : Maëlle était déjà loin.
φ
-Bonjour Daniel.
Il sursauta en apercevant la drôle de gamine qui lui avait tenu la jambe la
veille. Il ne répondit pas et regarda ailleurs. Elle finirait bien par se lasser.
-Bonjour Daniel, répéta-t-elle en se plaçant dans son champ de vision, un
large sourire sur ses lèvres fines.
-‘Jour… Maëlle.
-Pourquoi vous ne voulez jamais répondre du premier coup ?
Il détourna le regard, sentant l’amertume de la honte se frayer un
chemin aux frontières de sa conscience.
-C’est pas grave, je répèterai deux fois alors. Daniel ? Daniel ?
Amusé, il daigna enfin regarder sa jeune interlocutrice, et fut étonné de
la maturité brillant dans ses yeux verts.
-Qu’est-ce que vous faîtes, tout seul, sur ce banc ?
Son regard s’assombrit.
-J’attends.
-Vous attendez quoi ?
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-Il se fait tard.
-J’ai compris. A demain Daniel.
Demain ? Le vieil homme resta sans voix, une fois encore. Cette gamine
était décidément très étonnante.
φ
-Tu es en retard.
Aucun reproche, juste le poids d’une constatation. Maëlle fut si surprise
qu’elle mit quelques instants à assimiler l’information.
-Tu ne me dis pas bonjour ?
-Si, bien sûr. Bonjour Daniel.
-Bonjour Maëlle, reprit-il, tu es en retard.
-La maîtresse voulait me parler.
-Ah ? Pas de bêtises j’espère.
-Non, enfin je ne sais pas. Elle dit que mon comportement est intolérable.
Daniel leva un sourcil, franchement étonné.
-Toi, tu fais le bazar en classe ?
-Non, se défendit-elle aussitôt. Je ne parle pas, et je fais mon travail.
-Alors que te reproche-t-elle ?
-Elle veut que je réponde à ses questions.
-Tu ne le fais pas ?
-Non.
-Pourquoi ?
La gamine haussa les épaules. Daniel sut en regardant sa mine
renfrognée qu’elle avait une très bonne raison de rester ainsi muette en classe,
mais qu’elle n’était pas encore prête à la partager. Il hocha la tête, et elle prit
aussitôt congé.
φ
-Je ne comprends rien. Papa dit qu'il nous aime, maman et moi. C'est ça,
aimer ? Moi je dis que c'est un menteur. C'est quoi l'amour, Daniel ?
-C'est une question bien compliquée que tu me poses là ! Tu sais, de
milliers de gens avant toi se sont posés cette question sans jamais trouver de
réponse. Certains parlent de substances chimiques, d’autres y voient une
preuve de la spécificité humaine. On n’arrive pas à se mettre d’accord, et c’est
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sûrement ça, la magie de l’amour. Peut-être que ce qui parait simple à ton âge
devient trop difficile lorsqu'on a appris à se compliquer la vie.
-Et vous ne vous souvenez pas de la réponse pas compliquée ?
-En y réfléchissant bien… Enfin non, plutôt en n'y réfléchissant pas, je
crois qu'on aime les gens qui nous font du bien et qu'on n'aime pas ceux qui
nous font du mal. Tout le reste, ce sont des complications inutiles. Parfois, on
se fait du bien à deux et alors on se dit qu'on s'aime.
φ
Maëlle poussa la porte avec autant de précaution que possible. Elle
n’avait que quelques minutes de retard, mais cela pouvait suffire. Elle ne
voulait pas retourner chez sa tante Martine. Non pas qu’elle y était
malheureuse, mais ses séjours chez sa tante coïncidaient toujours avec
l’hospitalisation de sa mère. Et elle n’aimait pas voir les bleus sur ses bras, ni les
cernes sous ses yeux rougis. La petite fille tendit l’oreille, et soupira de
soulagement en constatant que la maison était vide. Ainsi lui restait-il encore
un peu de répit.
φ
-Vous aimez quelqu'un, Daniel ?
-J'ai aimé une femme, il y a longtemps.
-Elle vous faisait du bien, alors ?
-Oui, beaucoup.
-C'est elle que vous attendez, hein ?
-C'est bien possible.
-Vous l'aimez encore ?
-Oui, beaucoup.
-C'est qu'elle vous fait encore du bien, alors ?
-Je suppose, oui.
φ
La porte claqua sur son fils enragé. C’est fini, avait-il dit. Il en avait assez.
Le chagrin n’excusait pas tout.
Daniel renvoya le souvenir d’où il venait à l’instant même où il lui
apparut. Ruminer, à quoi cela pouvait-il bien servir ? A se rendre encore plus
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malheureux, tout au plus. Mais l’image de son fils unique lui tournant le dos
semblait imprimée sur sa rétine. D’une main hésitante, Daniel saisit le combiné
de son vieux téléphone. Ses doigts mirent un certain temps à composer le
numéro sur le clavier usé. La tonalité se fit entendre. Une fois, puis deux. Trois.
-Allô ?
Daniel raccrocha. Une fois encore.
φ
-Comment elle s'appelle ?
-Qui ça ?
-La femme que vous attendez.
-Vinciane.
-Et où elle est ?
-Je ne sais pas.
-Vous savez, vous me faites du bien, Daniel.
-Toi aussi, tu me fais du bien Maëlle.
-C'est qu'on s'aime alors ?
-Je crois qu'on peut dire ça.
φ
Il parlait trop fort. Beaucoup trop fort. Maëlle replia l’oreiller sur sa tête
et ferma les yeux. Elle aurait voulu ne plus rien entendre. Plus rien, plus jamais.
Ses genoux se rapprochèrent de sa poitrine alors que sa main libre cherchait à
tâtons le renard en peluche si cher à son cœur. Un cadeau de sa tante Martine.
Il lui manquait un œil, et il était râpé, mais jamais il ne manquait à l’appel. Et ce
soir là, elle avait désespérément besoin de lui. Les poings serrés, elle se
raccrocha au souvenir de Daniel, et ses mots résonnèrent dans sa tête.
-Est-ce que papa nous aime ? couina-t-elle finalement, interrogeant les
ténèbres qui l’entouraient. Peut-on aimer et faire du mal ?
φ
-Papa est donc bien un menteur !
-Pas forcément. On a besoin d'émotions pour se sentir vivant. Parfois,
lorsque la vie se complique ou qu'on n'a pas de chance, il n'y a plus assez
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d'émotions positives et on en perd l'habitude, alors on reproduit les émotions
négatives pour se sentir encore un peu vivant. Malheureux, mais vivant. Je ne
crois pas que ce soit une fatalité.
-C’est quoi, une fatalité ?
-Quelque chose qu’on ne peut pas changer.
-Alors, papa est une fatalité.
-Je ne crois pas aux fatalités.
φ
-Nom de Dieu, vous pourriez au moins vous essuyer les pieds ! fit la
concierge.
Daniel ne répliqua pas. En attendant l'ascenseur, il l'entendit encore
grommeler au fond du couloir.
-Aucun respect pour l’travail des autres ! Ah, mon bon Arthur, si t'étais
encore là, comment que ça serait différent, comment que tu me leur botterais
le derrière, à tous!
Daniel monta chez lui et fouilla sa grande bibliothèque. Il ne mit pas
longtemps à trouver ce qu’il cherchait, puis à écrire une brève dédicace dans
un livre poussiéreux. Il redescendit ensuite et sonna à la loge.
-J’ai fini mon service. C’est pour quoi ?
-Chère madame, vous ne m'aimez pas et je vous le rends bien, c'est
entendu, mais je veux, qu’une fois dans votre vie, vous me soyez agréable en
me promettant une chose. Lorsque je sortirai d'ici les pieds devant, je veux que
vous alliez retrouver une petite fille au parc. Ce sera facile : vous la trouverez
seule sur un banc, elle s'appelle Maëlle. Vous lui remettrez ce livre et lui direz
que c'est de la part de Daniel.
-Daniel ?
-Je vous fais confiance. Vous m’êtes impossible, mais je sais que vous
n’êtes pas une mauvaise femme. Et vous n'aurez qu'à considérer cette petite
commission comme votre dernier fardeau en ce jour de liesse où je vous
libèrerai de moi.
φ
-Vous avez déjà rêvé d’être muet, Daniel ?
-Muet ? Quelle drôle d’idée. Et pour quoi faire ?
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-Les gens parlent trop.
-Et toi ?
-Quoi, moi ?
-Tu ne parles pas trop ?
-Je ne parle qu’à vous. A l’école, ils ne m’écoutent pas. A la maison, ils ne
m’entendent pas. Et puis, je n’ai rien à leur dire, alors je me tais.
-C’est triste ce que tu dis là.
-Je ne sais pas. C’est comme ça.
-Ca ne te manque pas ?
-Un peu, parfois. Mais j’ai l’habitude. C’est comme vous qui restez seul
sur votre banc.
-Sur notre banc.
-Sur notre banc. Mais c’est pareil.
-Tu te trompes. Tu as la vie devant toi, moi je regarde la mienne défiler
depuis ce banc. Laisse les grises mines aux vieux grincheux, tu veux ?
-Je dois y aller.
-Alors fais-moi un joli sourire et promets-moi de revenir encore demain.
Un sourire, c'est du soleil pour tout de suite et un jour de plus. C'est beaucoup
d'avenir pour un vieillard.
φ
Attente : ombres et lumières, qui se succèdent, interminables.
Où était-elle ?
φ
-Je commençai à croire que tu évitais le parc.
-Pas du tout Daniel ! J’étais chez tante Martine.
-Je vois. Je suis désolé.
-Ce n’est pas votre faute, pourquoi vous dîtes ça ?
-C’est ce que les gens disent lorsqu’ils ont de la peine pour quelqu’un.
-C’est un peu idiot.
-Mais c’est une marque d’affection.
-Comme quand on s’aime ?
-Comme quand on s’aime.
φ
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-Es-tu Maëlle ?
-Oui. Vous êtes qui ?
-Ca n’a pas d’importance. J'ai ceci pour toi, de la part de Daniel.
-Daniel ne viendra pas aujourd'hui ?
-Je ne crois pas, non.
φ
Maëlle,
Je ne pourrai plus venir au parc car j'ai retrouvé Vinciane et elle est très
loin. Sois heureuse pour moi comme je suis heureux de l'avoir retrouvée.
Et souris, souris pour une promesse d’avenir.
Je te laisse ce livre en souvenir du bien qu'on s'est fait.
Je t'embrasse.
Daniel
Elle sourit en regardant la couverture plus attentivement. Dans une
police très simple, sur un fond uni, s’étalaient les lettres noires qui lui
rappelèrent la voix rauque et cassée de Daniel. La Vie devant soi.
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