Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac

Transcription

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac
Le travail rémunéré
des étudiants à temps plein
au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Rapport synthèse de trois études de cas
Réalisé par le Conseil régional
de prévention de l’abandon scolaire
On peut obtenir des exemplaires du document au coût de 10,00 $ en s’adressant au Conseil régional de
prévention de l’abandon scolaire. Téléphone : (418) 547-2191 poste 338 – Télécopieur : (418) 542-6390.
Courrier électronique : [email protected].
Référence suggérée : CONSEIL RÉGIONAL DE PRÉVENTION DE L'ABANDON SCOLAIRE. 2002. Le
travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Rapport synthèse de trois
études de cas. Jonquière, CRÉPAS, 27 pages et annexes.
ISBN : 2-921250-46-2
Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, 4e trimestre 2002
Bibliothèque nationale du Canada, 4e trimestre 2002
Rédaction : Stéphane Dufour
Révision : Louise Landry/Michel Perron
Traitement de texte : Annie Lavoie/Marie-Ève Bouchard
Analyse statistique : Julie Auclair
Décembre 2002
Remerciements
Ce rapport a pu être réalisé grâce à la collaboration de plusieurs
personnes impliquées auprès des jeunes dans les institutions
d’enseignement visitées. Nous tenons donc à souligner l’implication des
directions, enseignants et intervenants de la Polyvalente Jean-Dolbeau,
du Collège d’Alma et de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
Un merci particulier est adressé à mesdames Karine Tremblay, Sandra
Tremblay et Stéphanie Vaillancourt qui ont réalisé l’enquête à l’UQAC.
Évidemment, nous ne pouvons passer sous silence la participation des
étudiants qui ont accepté de répondre au questionnaire ou de se joindre à
l’un des quatre groupes de discussion.
Rapport synthèse
iii
Table des matières
TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES TABLEAUX ET DES FIGURES .............................................................................vii
1. Contexte et objectifs............................................................................................................. 1
2. Approche ...............................................................................................................................1
3. Méthodologie......................................................................................................................... 2
4. Collecte de données ............................................................................................................. 2
4.1 Polyvalente Jean-Dolbeau............................................................................................... 2
4.2 Collège d’Alma ................................................................................................................ 4
4.3 Université du Québec à Chicoutimi ................................................................................. 4
5. Présentation des résultats ................................................................................................... 4
5.1 Travail pendant l’été ........................................................................................................ 4
5.2 Travail pendant l’année scolaire ...................................................................................... 6
5.2.1 Occupation d’un emploi rémunéré pendant l’année scolaire................................. 6
5.2.2 Heures travaillées pendant l’année scolaire .......................................................... 7
5.2.3 Journées travaillées...............................................................................................9
5.2.4 Périodes travaillées ...............................................................................................9
5.2.5 Secteurs de travail rémunéré...............................................................................10
5.3 Place du travail rémunéré pendant l’année scolaire...................................................... 11
5.3.1 Importance du travail rémunéré par rapport aux études ..................................... 11
5.3.2 Raisons de travailler............................................................................................12
5.4 Conciliation avec les études ........................................................................................... 15
5.4.1 Perceptions de la difficulté à concilier les études et le travail.............................. 16
5.4.2 Absence aux cours ..............................................................................................19
5.5 Travail pendant l’année scolaire et réussite.................................................................... 20
5.5.1 Perception de ses difficultés ..............................................................................21
5.5.2 Heures consacrées aux travaux scolaires ......................................................... 22
5.5.3 Travail rémunéré et réussite scolaire................................................................. 23
6. Une réalité complexe, une approche préventive.............................................................. 25
Rapport synthèse
v
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
TABLE DES MATIÈRES (suite)
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 27
ANNEXE 1 : Tableaux statistiques complémentaires ..................................................... 29
ANNEXE 2 : Synthèse des résultats ................................................................................. 33
vi
Trois études de cas
Table des tableaux et figure
TABLE DES TABLEAUX ET FIGURE
Tableau 1 :
Proportion d’étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l’été
selon l’ordre d’enseignement................................................................................. 5
Tableau 2 :
Proportion d’étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l’année
scolaire selon l’ordre d’enseignement ................................................................... 6
Tableau 3 :
Prévalence de l’emploi au moment de l’enquête selon l’ordre
d’enseignement ..................................................................................................... 7
Tableau 4 :
Nombre d’heures travaillées par semaine selon l’ordre d’enseignement .............. 8
Tableau 5 :
Répartition des journées travaillées selon l’ordre d’enseignement........................ 9
Tableau 6 :
Répartition des périodes travaillées selon l’ordre d’enseignement...................... 10
Tableau 7 :
Secteurs de travail selon l’ordre d’enseignement ................................................ 11
Tableau 8 :
Répartition des étudiants en emploi selon l’importance accordée
au travail rémunéré.............................................................................................. 12
Tableau 9 :
Principales raisons pour lesquelles les étudiants universitaires
travaillent ............................................................................................................. 14
Tableau 10 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants du cégep travaillent ................ 15
Tableau 11 : Degré de difficulté à concilier les études et le travail selon l’ordre
d’enseignement ................................................................................................... 16
Tableau 12 : Répartition des étudiants universitaires selon le degré de difficulté
à faire des travaux scolaires ................................................................................ 17
Tableau 13 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception de la
capacité à trouver du temps pour étudier ............................................................ 17
Tableau 14 : Répartition des étudiants universitaires selon les inquiétudes au sujet
de l’interférence avec les études ......................................................................... 18
Tableau 15 : Répartition des étudiants universitaires selon l’énergie pour faire leurs
travaux scolaires.................................................................................................. 18
Tableau 16 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception que le
travail nuit à leurs études..................................................................................... 18
Tableau 17 : Répartition des étudiants selon le degré d’absence aux cours et l’ordre
d’enseignement ................................................................................................... 20
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
vii
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
TABLE DES TABLEAUX ET FIGURE (suite)
Tableau 18 : Perception de ses difficultés scolaires selon l’ordre d’enseignement et
le fait d’occuper un emploi ou non ....................................................................... 21
Tableau 19 : Heures consacrées aux travaux scolaires selon l’ordre d’enseignement
et le fait d’occuper un emploi ou non ................................................................... 22
Figure 1 :
viii
Taux de décrochage selon le nombre d’heures de travail rémunéré au
cours de chaque semaine de la dernière année du secondaire .......................... 24
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
1. Contexte et objectifs
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein est devenu une réalité incontournable.
Prenant acte de cette situation, différents intervenants du milieu de l’éducation et du monde
socioéconomique ont voulu en savoir plus sur ce phénomène afin de mieux soutenir les
étudiants dans leur réussite scolaire.
Dans le cadre du Chantier régional écoles-entreprises-milieu pour la persévérance scolaire,
la question du travail rémunéré des étudiants à temps plein a été retenue comme une des
trois grandes cibles d’intervention pour un partenariat entre le milieu de l’éducation et le
monde socioéconomique. À la faveur d’un tel contexte, le Conseil régional de prévention de
l’abandon scolaire (CRÉPAS) a donc réalisé une recherche documentaire sur le sujet, ainsi
que trois études de cas auprès d’étudiants du secondaire, du cégep et de l’université.
Ces démarches avaient comme but principal de mieux documenter le phénomène et
d’appuyer les actions de trois comités locaux dans les secteurs de Chicoutimi, Alma et
Dolbeau-Mistassini.
Le présent rapport est donc une synthèse de ces trois études de cas. Il vise les objectifs
suivants :
♦
♦
♦
♦
dresser un portrait de la situation du travail rémunéré chez les étudiants du secondaire,
du cégep et de l’université;
mesurer l’importance du travail rémunéré dans le système de valeurs et les
représentations des étudiants;
approfondir le lien entre le travail rémunéré et la réussite scolaire;
proposer des pistes d’intervention.
2. Approche
Lorsqu’il est question du travail rémunéré des étudiants à temps plein, d’entrée de jeu, le
sujet doit bien être circonscrit. Un bref regard sur la littérature existante nous apprend très
rapidement que les auteurs traitent habituellement le sujet selon un seul ordre
d’enseignement (Bisson, 1998; Sales, Simard et Maheu, 1996; Audet, 1995; Cloutier et
Legault, 1991).
D’ailleurs, l’observation du quotidien des étudiants, ne serait-ce que du point de vue de
l’horaire de cours, permet d’avancer que le rapport des étudiants à temps plein au travail
rémunéré renvoie à des réalités différentes selon l’ordre d’enseignement (secondaire,
cégep, université).
Rapport synthèse
1
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
Ainsi, l’approche choisie a été de réaliser trois études de cas, à savoir, à la Polyvalente
Jean-Dolbeau pour les élèves de 4e et 5e secondaire, au Collège d’Alma pour les étudiants
du cégep et à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) pour les étudiants
universitaires. Tout en distinguant les résultats entre les différents ordres d’enseignement,
cette approche permet de mieux saisir les différents processus sociaux en jeu selon l’ordre
d’enseignement.
Cette façon de faire permet ainsi d’apprécier dans leur juste mesure les différences (ou les
ressemblances) entre les ordres d’enseignement et s’il y a lieu, de proposer des pistes
d’intervention adaptées à chacun des contextes.
3. Méthodologie
La méthodologie utilisée afin de construire les études de cas a été la même pour les trois
ordres d’enseignement. D’abord, la création et l’animation d’un comité local formé de
professeurs, d’intervenants ou d’acteurs du milieu dans le but de dégager une réflexion
commune. Ensuite, une recherche associative utilisant des outils standards et ponctuels.
Ainsi, afin de soutenir les comparaisons, un même questionnaire avec un bloc commun de
questions a été utilisé pour les trois enquêtes. La durée de passation de ce questionnaire
était d’environ 15 minutes. Il était composé d’une vingtaine de questions à choix multiples
et était divisé en cinq grandes sections :
1)
2)
3)
4)
5)
Travail pendant l’été
Travail pendant l’année scolaire
Conciliation des études et du travail
Relation avec la réussite
Variables sociodémographiques
4. Collecte de données
Toutefois, selon les besoins des comités locaux et les particularités de chacun des ordres
d’enseignement, des stratégies et des outils différents ont été utilisés. Vous trouverez cidessous une brève description des particularités des trois enquêtes.
4.1 Polyvalente Jean-Dolbeau
Pour cette polyvalente, une stratégie de collecte de données en deux volets a été
déployée. Premièrement, nous avons sondé, au début du mois de mai 2001,
2
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
l’ensemble de la population de 4e et 5e secondaire de la Polyvalente Jean-Dolbeau
(méthode du recensement). Ensuite, nous avons réalisé quatre groupes de discussion
avec des élèves qui travaillaient pendant l’année scolaire et d’autres qui ne
travaillaient pas. L’avantage d’une telle stratégie était de pouvoir croiser dans
l’analyse les données de type qualitative avec celles de type quantitative.
Au grand total, 439 étudiants ont répondu au questionnaire, pour un taux de
collaboration de 92 %.
En ce qui concerne les groupes de discussion, dans la page de présentation du
questionnaire, nous demandions aux répondants s’ils voulaient participer à un groupe
de discussion sur une base volontaire. Cette façon de faire nous a permis de recruter
70 élèves intéressés à participer. À partir du questionnaire complété par ces
candidats, nous avons constitué les quatre groupes de discussion suivants :
Groupes
Critères
1- Type étude :
Ne travaillent pas pendant l’année scolaire, inscrits en
5e secondaire, répartition proportionnelle selon le sexe1, le lieu de
résidence (urbain/rural) et la perception de leur réussite.
2- Type travail :
Travaillent pendant l’année scolaire, inscrits en 4e secondaire,
répartition proportionnelle selon le sexe, le lieu de résidence
(urbain/rural) et la perception de leur réussite.
3- Type travail :
Travaillent pendant l’année scolaire, inscrits en 5e secondaire,
répartition proportionnelle selon le sexe, le lieu de résidence
(urbain/rural) et la perception de leur réussite.
4- Type mixte2 :
Travaillent ou non, inscrits en 4e et en 5e secondaire,
répartition non-proportionnelle selon le sexe et la perception de
leur réussite.
Au total, 32 élèves ont participé aux groupes de discussion, pour une moyenne de
8 par groupe.
1
2
Il s’agissait d’un objectif. Selon les disponibilités des élèves contactés, la répartition proportionnelle pouvait donc
être plus ou moins respectée.
Il est important de noter que le groupe n°4 nous a servi à valider des hypothèses et des perceptions que nous
avions dégagées dans les trois premiers groupes.
Rapport synthèse
3
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
4.2 Collège d’Alma
Considérant la petite taille de notre population à l’étude, là aussi nous avons utilisé la
méthode du recensement, c’est-à-dire, considéré l’ensemble de la population. Ainsi,
tous les élèves de deuxième année du cégep ont été sollicités pour répondre à un
questionnaire lors de la rentrée 2001.
Au grand total, 444 étudiants ont répondu au questionnaire pour un taux de
collaboration de 76 %.
4.3 Université du Québec à Chicoutimi
Pour cette collecte de données, le questionnaire a été retravaillé en profondeur avec le
comité local. Un groupe principal de questions a été retenu afin de soutenir les
comparaisons. D’autres ont été ajoutées, notamment sur le thème de la « perception
des difficultés à concilier travail et étude ».
Au début du mois de novembre 2001, 432 étudiants ont répondu au questionnaire.
L’échantillon a été sélectionné en fonction des programmes d’études. Chaque
programme était représenté proportionnellement selon le nombre d’étudiants y étant
inscrits. Par exemple, si la population des étudiants en administration représentait
23 % des étudiants inscrits à l’UQAC, l’échantillon était constitué selon cet ordre.3
5. Présentation des résultats
Dans cette section, nous présentons les résultats en comparant chacun des ordres
d’enseignement. De plus, certains croisements de données ont été faits afin de mesurer les
différences significatives selon, entre autres, le sexe des répondants, le fait de travailler ou
non pendant l’année scolaire et le nombre d’heures par semaine consacrées à un travail
rémunéré. Seulement les différences significatives sont présentées dans ce rapport. Enfin,
au besoin, les conclusions des autres recherches sur le sujet, les observations des comités
locaux et les constats des groupes de discussion viendront compléter l’analyse.
5.1 Travail pendant l’été
Les étudiants du cégep et de l’université se distinguent des étudiants du secondaire
concernant l’occupation d’un emploi rémunéré pendant l’été. Ces derniers sont moins
3
4
Il s’agit en fait d’un échantillonnage non probabiliste par quota.
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
nombreux (69 %) à occuper un tel emploi que ceux du cégep (89 %) et de l’université
(90 %).
Tableau 1 : Proportion d’étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l’été
selon l’ordre d’enseignement
Secondaire
Emploi
(n = 437)
(%)
4
Cégep
Université
(n = 444)
(%)
(n = 428)
(%)
Oui
69
89
90
Non
31
11
10
Total
100
100
100
Q. Au cours de l’été (précédant le sondage), as-tu occupé un ou des emploi(s)
rémunéré(s), c’est-à-dire, un ou des emploi(s) pour le(s)quel(s) tu recevais un
salaire?
Au chapitre des moyennes d’heures travaillées par semaine pendant l’été, les
étudiants du secondaire travaillent 29 heures, ceux du cégep 34 heures et ceux de
l’université 36 heures.
Le travail pendant l’été n’était pas précisément l’objet du présent rapport. D’ailleurs, il
n’y a pas à notre connaissance beaucoup de recherches portant spécifiquement sur le
sujet. Ce qu’il importe de retenir ici, c’est le fait que les jeunes sont très nombreux à
acquérir une expérience de travail pendant l’été.
Au secondaire, à la lumière des groupes de discussion que nous avons tenus, le
travail d’été peut avoir (indirectement ou directement) un effet sur le travail pendant
l’année scolaire de la manière suivante :
4
Š
il favorise la tendance chez les jeunes du secondaire à demeurer au travail
pendant l’année scolaire.
Š
dans certains secteurs (agricole notamment), le travail d’été peut déborder sur le
début de l’année scolaire.
Important : le nombre total des répondants varie d’une question à l’autre puisque certains ont omis de répondre
à une ou à plusieurs questions.
Rapport synthèse
5
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
5.2 Travail pendant l’année scolaire
Dans cette partie, nous nous intéressons au nombre de jeunes qui travaillent pendant
l’année scolaire, au nombre d’heures travaillées, aux périodes de travail privilégiées
ainsi qu’au secteur d’emploi.
5.2.1
Occupation d’un emploi rémunéré pendant l’année scolaire
Il appert que les étudiants universitaires sont plus nombreux à occuper un
emploi pendant l’année scolaire. En effet, 66 % d’entre eux occupent un tel
emploi, tandis que chez les étudiants du secondaire et du cégep ce
pourcentage est de 55 %.
Chez les étudiants universitaires, ceux qui résidaient chez leurs parents étaient
plus souvent actifs sur le marché du travail (74 %) que les autres qui n’y
demeuraient pas (55 %). Une analyse effectuée en tenant compte du
programme d’études révèle qu’il y a significativement plus d’étudiants en
ingénierie et en biologie qui n’occupaient pas d’emploi. À l’opposé, il y a
significativement plus d’étudiants en administration et en enseignement qui
détenaient un emploi (voir annexe 1, tableaux 1 et 2).
Tableau 2 : Proportion d’étudiants occupant un emploi rémunéré pendant
l’année scolaire selon l’ordre d’enseignement
Secondaire
Cégep
Université
(n = 439)
(n = 439)
(n = 428)
(%)
(%)
(%)
Oui
55
55
66
Non
45
45
34
Total
100
100
100
Emploi
Q. Pendant la dernière année scolaire (2000-2001), as-tu occupé un ou des
emploi(s) rémunéré(s), c’est-à-dire un ou des emploi(s) pour le(s)quel(s) tu
recevais un salaire?
Les proportions observées au Saguenay–Lac-Saint-Jean correspondent aux
constats dégagés par d’autres études. En effet, selon les auteurs
Bisson (1998), Dumas (1993), Cloutier et Legault (1991), plus de la moitié des
6
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
élèves du secondaire occupent généralement un emploi rémunéré pendant
l’année scolaire.5
De même, au cégep, l’étude de Ricard (1998) évalue que c’est environ 50 % de
la population étudiante qui concilie études et travail pendant l’année scolaire.
Alors qu’à l’université, selon les études de Sales, Simard et Maheu (1996) et
Audet (1995), c’est tout près de 60 % des étudiants qui travaillent pendant
l’année scolaire.6
Enfin, il est intéressant de constater que peu importe l’ordre d’enseignement, au
moment de l’enquête, 44 % des étudiants qui disaient avoir travaillé pendant
l’année scolaire, occupaient effectivement toujours un emploi.
Tableau 3 : Prévalence de l’emploi au moment de l’enquête selon l’ordre
d’enseignement
Secondaire
Cégep
Université
(n = 439)
(n = 439)
(n = 428)
(%)
(%)
(%)
Oui
44
44
44
Non
56
56
56
Total
100
100
100
Actuellement
en emploi
Q. Actuellement, occupes-tu un emploi rémunéré?
Les groupes de discussion tenus avec les étudiants du secondaire nous ont
permis de constater que lorsque ces derniers arrêtent de travailler pendant
l’année scolaire, ils sont à la recherche d’un emploi.
5.2.2
Heures travaillées pendant l’année scolaire
En comparant la moyenne des heures travaillées par semaine, on observe un
clivage important entre les étudiants des cycles supérieurs (cégep et université)
et ceux du secondaire. En effet, les étudiants du cégep et de l’université
travaillent respectivement entre 16 et 17 heures par semaine, alors que ceux du
secondaire travaillent en moyenne 11 heures par semaine.
5
6
Notre étude de cas au secondaire portait sur les élèves de 4e et 5e secondaire ; notons que les élèves du 2e cycle
travaillent davantage que ceux du premier cycle du secondaire.
À l’université, il faut tenir compte du régime d’études. Selon Sales, Simard et Maheu (1996), les étudiants à temps
plein se rapprochent davantage de la proportion de 55 % alors que les étudiants à temps partiel se rapprochent
davantage de 70 %.
Rapport synthèse
7
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
Au secondaire, on constate que les filles travaillent moins d’heures par semaine
que les garçons, soit entre 10 et 12 heures en moyenne par semaine
respectivement (voir annexe 1, tableau 3).
Tableau 4 : Nombre d’heures travaillées par semaine selon l’ordre
d’enseignement
Secondaire
(n = 231)
(%)
Cégep
(n = 240)
(%)
Université
(n = 277)
(%)
1 à 10 heures
61
30
26
11 à 20 heures
32
48
55
21 à 30 heures
5
16
16
31 heures et plus
2
6
3
100
100
100
11
16
17
Heures de travail
Total
Moyenne d’heures/semaine
Q. En moyenne, combien d’heures par semaine as-tu travaillé pendant la
présente année scolaire?
Encore là, les différentes études ou avis sur le sujet en arrivent aux mêmes
observations. En 1998, le Conseil supérieur de l’éducation avait relevé que la
moyenne des heures travaillées pour les étudiants du collégial se situait autour
de 15 heures par semaine (Carpentier, 1995). De même, le Conseil permanent
de la jeunesse dans un avis concernant le travail des élèves du secondaire
écrivait :
« Selon les quelques enquêtes consultées, la majorité des élèves
travaillent moins de 20 heures par semaine et moins de quatre jours par
semaine. Par exemple, à la Commission scolaire de Chambly, on
constate que 79,1 % des jeunes du deuxième cycle travaillent moins de
20 heures par semaine. » (Bisson, 1992 : 13)
Quant aux étudiants universitaires à temps plein, les études de Sales, Simard
et Maheu (1996) et Audet (1995) avaient identifié pour la première, une
moyenne d’heures travaillées par semaine de 15 heures et pour la seconde,
une moyenne de 16 heures.
8
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
5.2.3
Journées travaillées
Pour les trois ordres d’enseignement, la journée privilégiée pour travailler
pendant l’année scolaire est le samedi (au total des mentions). Toutefois, les
étudiants universitaires travaillent presque autant le vendredi (75 % contre 78 %
pour le samedi).
Tableau 5 : Répartition des journées travaillées selon l’ordre d’enseignement (au total des mentions)
Secondaire
(n = 242)
(%)
Cégep
(n = 239)
(%)
Université
(n = 278)
(%)
Lundi
24
23
30
Mardi
26
25
27
Mercredi
30
29
27
Jeudi
42
43
51
Vendredi
54
61
75
Samedi
74
79
78
Dimanche
57
67
68
Journées
Q. Pendant l’année scolaire, quelle(s) journée(s) travailles-tu généralement?
(plusieurs choix possibles)
Compte tenu que les étudiants des cycles supérieurs (cégep et université)
travaillent plus d’heures par semaine que ceux du secondaire, il n’est donc pas
étonnant d’observer que les journées du vendredi, samedi et dimanche sont
mentionnées plus souvent par les étudiants des cycles postsecondaires.
5.2.4
Périodes travaillées
Pour l’ensemble des trois ordres d’enseignement, la période privilégiée de
travail est en soirée (entre 16 et 23 heures). Toutefois, les étudiants
universitaires (et dans une moindre mesure ceux du cégep) travaillent plus
souvent en après-midi (entre 13 et 16 heures) et en avant-midi (entre 9 et
12 heures).
Rapport synthèse
9
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
Tableau 6 : Répartition des périodes travaillées selon l’ordre d’enseignement (au total des mentions)
Secondaire
(n = 242)
(%)
Cégep
(n = 238)
(%)
Université
(n = 278)
(%)
Matin (6 à 9 heures)
18
21
13
Avant-midi (9 à 12 heures)
26
38
42
Midi (12 à 13 heures)
15
22
31
Après-midi (13 à 16 heures)
22
44
52
Soirée (16 à 23 heures)
74
75
76
Nuit (23 à 6 heures)
13
15
12
Périodes
Q. Travailles-tu surtout entre…? (plusieurs choix possibles)
Au secondaire, le travail de nuit (23 à 6 heures) est significativement plus élevé
chez les filles. Des 32 mentions, près de 60 % proviennent des filles (voir
annexe 1, tableau 4).
De plus, autant pour les étudiants du cégep que de l’université, la période la
plus intense de travail est à la fin de la session d’automne. Cette période est
identifiée comme la plus intensive par 53 % des étudiants universitaires de
même que par 54 % des étudiants du cégep.
5.2.5
Secteurs de travail rémunéré
Pour les trois ordres d’enseignement, le secteur « hôtellerie/restauration »
fournit le plus grand nombre d’emplois (environ le quart des emplois pour
chacun des trois ordres d’enseignement). Ensuite, chez les cycles supérieurs,
vient le secteur « épicerie/dépanneur » et au secondaire le secteur
« gardiennage ».
Par ailleurs, on peut observer que selon les municipalités, certains secteurs de
travail se démarquent. Par exemple, à Dolbeau-Mistassini, le secteur
« entreprise/usine » a légèrement plus d’importance (9 %) que dans les
secteurs Alma (6 %) et Saguenay (4 %) tandis que dans cette dernière
municipalité, le secteur « vente au détail » a plus d’importance (18 %) que dans
les municipalités de Dolbeau-Mistassini (10 %) et Alma (11 %).
10
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Tableau 7 : Secteurs de travail selon l’ordre d’enseignement
Secondaire
Cégep
Université
(n = 238)
(n = 240)
(n = 280)
(%)
(%)
(%)
Restauration/hôtellerie/bar
24
25
25
Épiceries/dépanneurs
12
24
20
Vente au détail
10
11
18
6
5
6
—
—
9
9
6
4
17
1
—
6
—
—
Autres
16
28
18
Total
100
100
100
Niveau d’importance
Loisirs/sports
Emplois sur campus
Entreprise/usine
Gardiennage
Camelot
Q. Parmi les secteurs de travail suivants, dans lequel travailles-tu
principalement?
Au secondaire, les filles travaillent plus fréquemment dans les boutiques de
vêtements et les restaurants. De même, elles sont plus nombreuses à faire du
gardiennage et des travaux d’entretien. Les garçons se concentrent davantage
dans des secteurs d’emploi comme l’agriculture, les postes d’essence et la
distribution de journaux. Aux cycles supérieurs, la division sexuelle des tâches
semble s’estomper, du moins, n’est pas apparente dans le cadre de notre
étude.7
5.3 Place du travail rémunéré pendant l’année scolaire
Dans cette section, deux thèmes nous intéressent. D’abord, l’importance accordée au
travail pendant l’année scolaire et les raisons de travailler.
5.3.1 Importance du travail rémunéré par rapport aux études
Le travail occupé pendant l’année scolaire est généralement jugé moins
important que les études. Cependant, les étudiants du secondaire sont
beaucoup plus nombreux (43 %) à considérer ce travail « aussi important » que
7
Comme d’ailleurs dans l’étude de GIRARD, 2002.
Rapport synthèse
11
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
leurs études, comparativement aux étudiants du cégep (31 %) et de l’université
(28 %).
Tableau 8 : Répartition des étudiants en emploi selon l’importance
accordée au travail rémunéré
Secondaire
Cégep
Université
(n = 242)
(n = 237)
(n = 277)
(%)
(%)
(%)
Plus important
4
3
2
Aussi important
43
31
28
Moins important
53
66
70
100
100
100
Niveau
d’importance
Total
Q. Pour toi, le travail occupé pendant l’année scolaire est-il plus important,
aussi important ou moins important que tes études?
Chez les étudiants du secondaire, la seule différence significative est en lien
avec le sexe des répondants. Les garçons davantage que les filles considèrent
leur emploi comme « plus important » ou « aussi important » que les études
(voir annexe 1, tableau 5).
Au cégep, les étudiants qui travaillent plus de 15 heures par semaine ont plus
souvent tendance à juger leur emploi « aussi important » que leurs études
(40 % contre 25 % pour ceux qui travaillent moins de 15 heures, voir annexe 1,
tableau 6).
Les raisons de travailler, que nous retrouvons dans la section ci-dessous,
expliquent en partie cette différence entre les ordres d’enseignement
concernant l’importance accordée au travail rémunéré pendant les études.
5.3.2
Raisons de travailler
On observe des différences quant aux raisons de travailler selon les ordres
d’enseignement, notamment entre les niveaux secondaire et universitaire. Au
secondaire, le travail pendant l’année scolaire est perçu comme un moyen de
prendre ses responsabilités, d’acquérir une certaine autonomie financière par
rapport aux parents et de gagner en maturité. En général, les étudiants du
secondaire dépensent leur salaire au fur et à mesure, surtout en biens de
consommation et en sorties. Une minorité arrive à épargner en prévision des
12
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
études ultérieures ou en vue d’acquérir un bien coûteux (ex. : instrument de
musique, voiture).
Ces éléments observés à la faveur de groupes de discussion tenus au
secondaire avec 32 jeunes trouvent écho dans l’Avis du Conseil permanent de
la jeunesse (Bisson, 1992) sur le travail des étudiants au secondaire. Le
Conseil identifie dans cet avis les cinq premières raisons de détenir un emploi
pendant l’année scolaire, à savoir :
1) pouvoir me payer des vêtements ou des effets personnels;
2) pouvoir développer mon sens des responsabilités;
3) pouvoir développer une plus grande autonomie;
4) pouvoir me payer des sorties;
5) acquérir une expérience du marché du travail.
De plus, à la lumière des propos tenus dans les groupes de discussion, on
constate que les parents sont généralement d’accord avec l’idée que leurs
enfants travaillent à temps partiel à condition que leurs études n’en souffrent
pas. Par contre, le seuil de tolérance des parents est apparu assez élevé. Une
minorité de parents s’informent des heures de travail de leurs enfants. Pour
plusieurs parents, l’argent gagné par les jeunes fait partie de la planification
budgétaire de la famille. Les parents d’élèves qui travaillent ont moins
d’« argent de poche » à fournir à leurs enfants.
En ce qui concerne les étudiants universitaires qui travaillent, ceux-ci jugent
que leur revenu d’emploi est indispensable à la poursuite de leurs études dans
64 % des cas8. Au total des mentions, les étudiants universitaires travaillent
principalement pour payer leurs frais scolaires (64 %), leurs loisirs et sorties
(50 %), une voiture (48 %) ainsi que des vêtements (44 %).
8
Par ordre d’importance, les sources de revenu des étudiants universitaires sont : emploi d’été, emploi pendant
l’année scolaire, contribution parents/conjoint de même que prêts et bourses du ministère de l'Éducation.
Rapport synthèse
13
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
Tableau 9 :
Principales raisons pour lesquelles les étudiants universitaires travaillent (n = 278)
Raisons
Total des mentions
(%)
Frais scolaires
64
Loisirs et sorties
50
Voiture
48
Vêtements
44
Acquérir de l’expérience
28
Épicerie
23
Logement
21
Occuper les temps libres
4
Q. Dans la liste suivante, quelles sont les trois principales
raisons pour lesquelles tu travailles pendant l’année scolaire?
Les raisons évoquées par les étudiants universitaires d’occuper un emploi sont
significativement différentes selon que ce revenu est considéré comme
indispensable ou non à la poursuite de leurs études. Les frais scolaires, le
logement et l’épicerie sont plus souvent mentionnés par ceux qui considèrent
leur revenu de travail pendant l’année scolaire comme étant indispensable. Par
contre, les loisirs et sorties, le fait de prendre de l’expérience et d’occuper leurs
temps libres sont plus souvent mentionnés par les étudiants pour qui ce revenu
n’est pas indispensable. Enfin, il importe de mentionner que les étudiants qui
demeurent chez leurs parents considèrent leur revenu comme étant moins
indispensable que ceux qui ne demeurent pas chez leurs parents (voir annexe
1, tableaux 7 et 8).
Les raisons de travailler des cégépiens pendant l’année scolaire traduisent un
plus grand éventail de réalités. Deux éléments, à notre avis, expliquent ce
constat. D’abord, les étudiants du cégep résident chez leurs parents plus
souvent que les étudiants universitaires.9 Ensuite, les frais scolaires au cégep
sont moins élevés qu’à l’université. Si bien que les étudiants du cégep ont,
d’une part, un rapport au travail rémunéré pendant l’année scolaire qui
ressemble à celui des étudiants du secondaire (recherche d’intégration,
d’autonomie et de responsabilités) et, d’autre part, le début d’un rapport au
travail qui ressemble à celui des étudiants universitaires (expérience, frais de
subsistance, indépendance financière).
9
14
Du moins dans notre cas étudié ici, le Collège d’Alma offre moins de programmes qui attirent des étudiants de
l’extérieur.
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Ainsi, en première mention, la principale raison de travailler pendant l’année
scolaire est de « payer des biens de consommation » (48 % en première
mention et 85 % au total des mentions). Tandis que payer son
« logement/repas » se classe deuxième en première mention (16 %), mais
quatrième au total des mentions (25 %).
Tableau 10 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants du cégep
travaillent (n = 239)
1re mention
Total de mentions
(%)
(%)
Payer des biens de consommation
48
85
Payer mon logement/repas
16
25
Être indépendant financièrement
13
67
Acquérir une expérience de travail
10
55
Payer mes études universitaires
7
25
Payer mes études collégiales
3
6
Occuper mon temps libre
2
10
Faire vivre mon enfant
1
1
Raisons
Total
100
Q. Dans la liste suivante, quelles sont les trois principales raisons pour
lesquelles tu travailles pendant l’année scolaire?
Il est intéressant de noter qu’au total des mentions, les deux raisons qui
prennent le plus de poids en rapport avec la première mention sont « être
indépendant financièrement » (de 13 % à 67 %) et « acquérir une expérience
de travail » (de 10 % à 55 %).
5.4 Conciliation avec les études
Dans cette section, sont présentés des éléments concernant la façon dont les
étudiants parviennent à concilier les études et le travail.
Rapport synthèse
15
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
5.4.1
Perceptions des difficultés à concilier les études et le travail
Selon l’ordre d’enseignement, les perceptions du niveau de difficulté à concilier
le travail et les études varient. Il semble bien que pour les étudiants
universitaires, le travail rémunéré pendant l’année scolaire est plus difficile à
concilier avec les études. Près de 60 % de ceux-ci disent éprouver « souvent »
ou « parfois » des difficultés à concilier études et travail alors que les étudiants
du secondaire sont beaucoup moins nombreux (19 %) à avoir « souvent » et
« parfois » de telles difficultés. Pour les étudiants du cégep, la proportion est de
42 %.
Tableau 11 : Degré de difficulté à concilier les études et le travail selon
l’ordre d’enseignement
Secondaire
Cégep
Université
(n = 234)
(n = 239)
(n = 280)
(%)
(%)
(%)
Souvent
1
12
13
Parfois
18
31
46
Peu
35
31
23
Pas du tout
46
26
18
100
100
100
Difficulté
Total
Q. Pour toi, est-ce que concilier les études et le travail pose souvent, parfois,
peu ou pas du tout de difficulté à réussir dans tes cours?
Au cégep, il y a une différence significative quant au fait de travailler plus ou
moins de 15 heures par semaine et le fait d’avoir « souvent » ou « parfois » des
difficultés à concilier le travail et les études. Ainsi, 18 % de ceux qui travaillent
plus de 15 heures ont « souvent » des difficultés, comparativement à 6 % pour
ceux qui travaillent 15 heures et moins (voir annexe 1, tableau 9).
Pour les étudiants universitaires, dans l’ensemble, il y a une corrélation positive
entre le fait de travailler un nombre d’heures important et la perception d’avoir
des difficultés à concilier les études et le travail.
Une échelle composée de cinq affirmations a permis d’évaluer comment les
étudiants universitaires percevaient leur situation à l’égard des études et du
travail au cours de l’année scolaire. Ces derniers devaient indiquer leur degré
d’accord ou de désaccord à certaines affirmations.
16
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
À la première question (tableau 12), 36 % des étudiants soutiennent qu’avec
leur emploi, ils éprouvent des difficultés à faire leurs travaux de session. La
majorité des répondants (63 %) sont « en désaccord ou fortement en
désaccord » avec le fait qu’ils passent tellement de temps à travailler qu’ils sont
incapables d’étudier (voir tableau 13). Certains étudiants (23 %) considèrent
que leurs inquiétudes au sujet du travail interfèrent avec leurs études (voir
tableau 14). De nombreux étudiants (60 %) qui travaillent pendant leurs études
sont « en accord ou fortement en accord » avec le fait qu’ils n’ont pas d’énergie
pour faire leurs travaux de session (voir tableau 15). Finalement, le quart (26 %)
des étudiants affirment que le travail nuit à leurs études (voir tableau 16).
Tableau 12 : Répartition des étudiants universitaires selon le degré de
difficulté à faire des travaux scolaires (n = 280)
Pourcentage (%)
En accord
36
Ni en accord, ni en désaccord
25
En désaccord
39
Total
100
Q. Avec mon travail, c’est difficile de faire mes travaux de
session.
Tableau 13 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception
de la capacité à trouver du temps pour étudier (n = 280)
Pourcentage (%)
En accord
15
Ni en accord, ni en désaccord
22
En désaccord
63
Total
100
Q. Je passe tellement de temps à travailler que je suis
incapable de trouver du temps pour étudier.
Rapport synthèse
17
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
Tableau 14 : Répartition des étudiants universitaires selon les
inquiétudes au sujet de l’interférence avec les études
(n = 280)
Pourcentage (%)
En accord
23
Ni en accord, ni en désaccord
20
En désaccord
57
Total
Q.
100
Mes inquiétudes au sujet du travail interfèrent avec mes
études.
Tableau 15 : Répartition des étudiants universitaires selon l’énergie pour
faire leurs travaux scolaires (n = 280)
Pourcentage (%)
En accord
60
Ni en accord, ni en désaccord
15
En désaccord
25
Total
Q.
100
Quand je rentre de mon travail, je n’ai pas d’énergie pour
faire mes travaux de session.
Tableau 16 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception
que le travail nuit à leurs études (n = 280)
Pourcentage (%)
En accord
26
Ni en accord, ni en désaccord
27
En désaccord
48
Total
Q.
100
Avoir un travail nuit à mes études.
Une corrélation effectuée pour les résultats obtenus à l’UQAC à partir de
l’ensemble des données obtenues à l’aide de cette échelle révèle que plus un
étudiant consacre de temps à son travail rémunéré, plus il considère difficile de
concilier les études et le travail. Les hommes n’éprouvent pas plus de difficultés
que les femmes à concilier les études et le travail. Par contre, les étudiants qui
considèrent leur revenu comme étant indispensable à la poursuite de leurs
études éprouvent significativement plus de difficultés que les autres.
18
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
Revenons maintenant aux élèves du secondaire. Considérant que dans notre
étude la moyenne d’heures travaillée est de 11 heures par semaine, il n’a pas
été possible de vérifier statistiquement la corrélation observée à l’université. Les
groupes de discussion avec les jeunes du secondaire nous ont permis de
constater toutefois qu’il ne s’agissait pas uniquement d’une question touchant le
nombre d’heures. En effet, pour la majorité de ceux qui travaillent plus de
20 heures par semaine, la perception qui se dégage est que le travail rémunéré
pendant l’année scolaire ne pose pas de difficultés particulières. L’analyse tend
à démontrer qu’il s’agit moins d’une question d’heures que de motivation
scolaire, de gestion de son temps ainsi que de support de l’école et des
employeurs.
En effet, pour une minorité d’étudiants au secondaire, ceux qui travaillent plus
de 20 heures par semaine, la conciliation du travail et des études, mais aussi
du temps consacré aux loisirs et au repos, est difficile. Plus souvent
qu’autrement, les élèves en difficulté sont des garçons pour qui la motivation
scolaire n’est pas très élevée. Dès lors, le fait de travailler pendant l’année
scolaire un nombre d’heures élevé est beaucoup plus un symptôme d’un malêtre à l’école; la source de motivation devient dans ce contexte leur travail. Ils
sont souvent déchirés entre les différentes contraintes imposées par leurs
diverses occupations. Ils ont été nombreux (et pas seulement ceux qui
travaillent le plus) à identifier une incompréhension de la part des enseignants
et des autorités de l’école concernant leur occupation du temps.10
Pour ce qui est des employeurs, de façon générale, ils discutent très peu de la
réussite scolaire avec leurs employés qui sont aux études. De leur côté, les
élèves du secondaire qui travaillent le plus intensément n’informent pas
beaucoup leur employeur de leur difficulté à concilier leur horaire de travail avec
les exigences scolaires (travaux, examens, cours).11
5.4.2
Absence aux cours
En général, les étudiants ne manquent « jamais » ou « rarement » des cours à
cause de leur travail pendant l’année scolaire (tableau 17). Au cégep, 94 % des
étudiants ne manquent « jamais » ou « rarement » de cours, tandis que chez
les étudiants universitaires, la proportion est de 95 %. Chez les étudiants du
10
11
« Si ton travail nuit à tes études, lâche ton travail » est une expression typique qui caractérise le mieux le discours
des autorités de l’école selon la perception des étudiants.
Le sondage auprès des étudiants du cégep et de l’université a permis de constater que l’horaire de cours et
l’horaire de travail faisaient l’objet d’intenses négociations des étudiants avec les employeurs et les autorités
scolaires. Ce qui a été confirmé par une rapide consultation auprès des employeurs (n = 22) et des autorités
scolaires. Il ne semble pas que les discussions se fassent à un autre niveau.
Rapport synthèse
19
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
secondaire, le total des deux catégories est semblable (95 %), toutefois, ils sont
plus nombreux à n’avoir « jamais » manqué de cours (81 %).
Tableau 17 : Répartition des étudiants selon le degré d’absence aux
cours et l’ordre d’enseignement
Secondaire
Cégep
Université
(n = 240)
(n = 239)
(n = 280)
(%)
(%)
(%)
Très souvent
1
1
1
Souvent
4
5
4
Rarement
14
27
29
Jamais
81
67
66
100
100
100
Absence
Total
Q. Au cours de la présente année scolaire, t’est-il arrivé de manquer des
cours à cause de ton emploi?
Chez les élèves du secondaire, parmi ceux qui travaillent et qui ont déjà
manqué « très souvent », « souvent » ou « rarement » des cours (19 % du
total), les trois quarts sont des garçons.
En ce qui concerne les cycles supérieurs d’enseignement, il n’y a aucune
différence significative, notamment entre le fait de travailler un nombre
important d’heures par semaine (20 heures et plus) et le degré d’absence aux
cours.12
5.5 Travail pendant l’année scolaire et réussite
Dans cette section, nous examinons le lien entre le fait d’occuper un travail rémunéré
pendant l’année scolaire et la réussite. Deux variables sont à l’étude, à savoir la
perception de ses difficultés scolaires et les heures consacrées aux travaux scolaires.
Pour chacun des ordres d’enseignement, une comparaison est faite entre ceux qui ne
travaillent pas et ceux qui travaillent pendant l’année scolaire.
12
20
Le fait que les étudiants des cycles supérieurs négocient leur horaire de cours et de travail doit expliquer en partie
pourquoi il n’y a pas de différences significatives. Sales, Simard et Maheu (1996) ont bien montré que le fait
d’occuper un emploi plus de 20 heures a un effet sur le nombre de cours abandonnés et, par conséquent,
l’allongement des études. Autrement dit, les étudiants des cycles supérieurs s’organisent avant ou au début de
l’année scolaire pour minimiser les impacts de leur travail.
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
5.5.1
Perception de ses difficultés
Au global, les étudiants du secondaire ont la perception d’avoir plus de
difficultés que ceux des autres ordres d’enseignement à réussir dans leurs
cours. Si nous comptabilisons les catégories « beaucoup » et « assez » de
difficultés, 29 % des étudiants du secondaire se retrouvent dans ces catégories
alors que pour les étudiants du cégep et de l’université, c’est respectivement
12 % et 7 % qui s’y retrouvent.
Tableau 18 : Perception de ses difficultés scolaires selon l’ordre d’enseignement et le
fait d’occuper un emploi ou non
Secondaire
Cégep
Université
Total
(n = 440)
En
emploi
(n = 242)
Sans
emploi
(n = 198)
Total
(n = 434)
En
emploi
(n = 239)
Sans
emploi
(n = 195)
Total
(n = 427)
En
emploi
(n = 282)
Sans
emploi
(n = 145)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
3
3
3
—
—
—
—
—
—
Assez de
difficultés
26
21
31
12
14
9
7
7
8
Peu de
difficultés
57
60
54
64
69
60
52
52
52
Pas du tout
de difficultés
14
16
12
24
17
31
41
41
40
100
100
100
100
100
100
100
100
100
Perception
Beaucoup
de difficultés
Total
Q.
En général, as-tu beaucoup de difficultés, assez de difficultés, peu de difficultés ou pas
du tout de difficultés à réussir dans tes cours?
Le fait de travailler ou pas semble avoir un impact significatif seulement au
cégep. En effet, les étudiants qui ont un emploi rémunéré sont moins nombreux
à percevoir qu’ils n’ont « pas du tout de difficultés » à réussir dans leurs cours.
Le pourcentage est de 17 % comparativement à 31 % pour les étudiants qui ne
travaillent pas pendant l’année scolaire.
Lorsque nous isolons la question du nombre d’heures travaillées par semaine, il
n’y a pas de différence significative dans le cadre de la présente étude quant à
la perception de ses difficultés scolaires, quel que soit l’ordre d’enseignement.
Rapport synthèse
21
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
5.5.2
Heures consacrées aux travaux scolaires
Comme on doit s’y attendre, les étudiants des cycles supérieurs consacrent
davantage d’heures aux travaux scolaires que les étudiants du secondaire. À
l’université, 52 % des étudiants consacrent plus de 11 heures par semaine à
leurs travaux scolaires, au cégep ce pourcentage est de 22 % et au secondaire
de 4 %.
Tableau 19 : Heures consacrées aux travaux scolaires selon l’ordre d’enseignement et
le fait d’occuper un emploi ou non
Heures
par
semaine/
travaux
scolaires
Secondaire
Cégep
Université
Total
(n = 438)
En
emploi
(n = 242)
Sans
emploi
(n= 196)
Total
(n = 432)
En
emploi
(n 240)
Sans
emploi
(n 192)
Total
(n = 428)
En
emploi
(n = 282)
Sans
emploi
(n = 146)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
(%)
5 heures
et moins
73
73
70
42
47
36
19
20
18
De 6 à 10
heures
23
20
27
36
36
37
29
29
28
De 11 à 20
heures
4
7
3
17
14
20
32
36
25
Plus de 20
heures
—
—
—
5
3
7
20
15
29
100
100
100
100
100
100
100
100
100
Total
Q.
En général, combien d’heures par semaine consacres-tu à tes travaux scolaires à la
maison?
Contrairement au tableau précédent sur la perception de sa réussite, le fait de
travailler ou pas a un impact plus significatif sur le nombre d’heures consacrées
à ses travaux scolaires. Dans le cadre de la présente étude, il n’a pas été
possible de mesurer un impact significatif au secondaire mais au cégep et à
l’université l’impact est observable. Ainsi, au cégep, ceux qui n’occupent pas un
emploi sont moins nombreux à consacrer 5 heures et moins par semaine à
leurs travaux scolaires (36 % contre 47 % pour ceux qui travaillent). Tandis qu’à
l’université, ceux qui n’ont pas d’emploi sont plus nombreux à consacrer 20
heures et plus par semaine à leurs travaux scolaires (29 % contre 15 % pour
ceux qui travaillent).
Globalement, aux cycles supérieurs, on observe une interdépendance
concernant le nombre d’heures travaillées et les heures consacrées aux travaux
22
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
scolaires. Plus les étudiants allouent d’heures au travail rémunéré, moins ils en
consacrent à leurs travaux scolaires.
5.5.3
Travail rémunéré et réussite scolaire
Les auteurs Sales, Simard et Maheu (1996) ont bien démontré, concernant le
travail rémunéré pendant l’année universitaire, que le nombre d’heures a un
impact significatif sur le temps que l’étudiant consacre à son projet scolaire
(cours et études). De même, ces auteurs ont observé que le nombre d’heures
allouées au travail rémunéré a également des effets sur l’assiduité des
étudiants et l’allongement des études. Malgré tout, leur conclusion sur la
réussite renvoie au fait que le travail rémunéré a très peu d’impact sur les
résultats scolaires.
« Quant aux conséquences du travail rémunéré, on constate qu’il a pour
effet de réduire le temps investi dans les études. Par contre, et cela peut
paraître à priori paradoxal, les résultats scolaires des étudiants qui
détiennent un emploi ne sont pas nécessairement plus faibles que ceux
qui sont sans-emploi. On peut poser l’hypothèse que, même s’ils trouvent
difficile de concilier les études et le travail rémunéré, les étudiants
détenant un emploi parviennent à optimiser l’utilisation de leur temps de
façon telle qu’ils peuvent être aussi « productifs » au plan académique
que les sans-emploi. En revanche, certains d’entre eux ont plus de
difficultés à respecter le rythme de leur programme d’études, à être
assidus à leurs cours ou à ne pas les abandonner. Néanmoins, ces
étudiants travailleurs estiment accorder dans leur vie une importance
aussi grande à leurs études que les sans-emploi. »
(Sales, Simard et Maheu, 1996 : 183).
De même, Vigneault (1993) observe que la réussite au collégial est davantage
expliquée par des variables telles le sexe et la réussite au secondaire que le
temps consacré au travail rémunéré pendant les études au collégial. Dans un
avis sur les conditions de réussite au collégial, le Conseil supérieur de
l’éducation affiche d’ailleurs une certaine prudence quant à l’influence du travail
rémunéré sur la réussite au collégial :
« Si l’ampleur du phénomène [le travail rémunéré] ne fait pas de doute,
les liens qu’il entretient avec la réussite scolaire sont cependant moins
limpides. (…) bien que certaines études donnent à penser qu’il existe une
relation presque directe entre le temps de travail rémunéré et
l’engagement dans les études, d’autres incitent, par contre, à la prudence
Rapport synthèse
23
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
dans l’interprétation et la généralisation des résultats. » (Carpentier,
1995 : 68).
Au secondaire, les premiers résultats d’une enquête auprès de 22 000 jeunes
Canadiens réalisée par Développement des ressources humaines Canada
donne lieu à des conclusions surprenantes concernant le lien entre le taux de
décrochage et le nombre d’heures consacrées au travail rémunéré. En effet, un
pourcentage plus élevé de ceux qui ne travaillaient pas durant leur dernière
année d’études secondaires ont décroché, comparativement à ceux qui
travaillaient. À la lecture de la figure 1, on observe que le taux de décrochage
était plus faible chez les jeunes qui travaillaient modérément et plus élevé chez
les élèves qui étaient « sans-emploi ». Par ailleurs, selon cette figure, les effets
du travail rémunéré commencent à se faire sentir à partir de
20 heures/semaine, avec un point critique à 30 heures/semaine, du moins en
ce qui concerne le décrochage scolaire.
Figure 1 : Taux de décrochage selon le nombre d’heures de travail
rémunéré au cours de chaque semaine de la dernière année du
secondaire
21 %
Taux de décrochage
25
20
14 %
11 %
15
7%
10
7%
5
0
Sans
em ploi
1à9
10 à 19
20 à 29
30 ou plus
Heures de travail par semaine
Source : Développement des ressources humaines Canada, 2002 : 40.
Ainsi, le travail rémunéré pendant l’année scolaire est assurément un facteur de
risque. Comme on l’observe dans la figure précédente, un nombre élevé
d’heures favorise le décrochage scolaire, du moins, au secondaire.
Là où le bât blesse toutefois, c’est lorsqu’il s’agit de déterminer, d’une part, le
nombre d’heures par semaine que l’on peut consacrer au travail sans impact
sur sa réussite et, d’autre part, les indicateurs de réussite sur lesquels on
mesure l’impact du nombre d’heures du travail rémunéré (résultats scolaires,
allongement des études, abandon, motivation, etc.). Selon la définition de la
réussite, le nombre critique d’heures par semaine est variable suivant les
24
Trois études de cas
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean
différentes études consultées, d’autant plus, si l’on tient compte de la réalité des
différents ordres d’enseignement.
6. Une réalité complexe, une approche préventive
Le travail rémunéré des étudiants est une réalité complexe qui demande des interventions
tenant compte de cette situation. En effet, les étudiants sont de plus en plus nombreux à
travailler pendant l’année scolaire; aujourd’hui plus de la moitié des étudiants travaillent à
temps partiel. Les raisons de travailler sont diverses, allant du désir d’intégrer la société (de
consommation), jusqu’à de strictes considérations financières comme, par exemple, payer
ses frais de scolarité.
Le travail rémunéré des étudiants est une dynamique qui interpelle plusieurs acteurs. En
premier lieu, il y a bien entendu les étudiants eux-mêmes puisque selon l’ordre
d’enseignement (secondaire, collégial ou universitaire), le rapport des étudiants au travail à
temps partiel est différent; élément de valorisation pour les plus jeunes, il devient plus
souvent un moyen de réaliser son projet scolaire pour les plus âgés (payer ses frais de
scolarité, assurer son transport, acquérir de l’expérience).
Les parents sont aussi des acteurs importants dans la dynamique du travail rémunéré des
étudiants. Bien souvent la situation financière des parents (ou du parent) fait en sorte que
le travail de l’étudiant s’inscrit dans le budget familial, l’argent que l’étudiant gagne étant
autant de deniers que ses parents n’ont pas besoin de fournir. De même, le travail
rémunéré des étudiants répond aussi aux besoins des employeurs. Ces derniers peuvent
ainsi bénéficier d’une main-d’œuvre relativement flexible (moins vrai dans le cas des élèves
du secondaire toutefois) et fidèle.
Le monde scolaire (personnel enseignant, professionnel et cadre) est également interpellé
par cette réalité du travail rémunéré. L’étude a relevé que les étudiants du secondaire, à
tort ou à raison, se sentent incompris de la part des différents acteurs scolaires quant à
leurs difficultés de concilier le travail et les études. En ce qui concerne les cycles
supérieurs, les étudiants ont plutôt tendance à choisir un régime d’étude selon leur situation
financière ou valeur (temps partiel ou temps plein), ou bien, à négocier les horaires de
cours en fonction des exigences de leur travail.
Par ailleurs, le lien présumé négatif entre le fait de travailler pendant l’année scolaire et la
réussite de ses études est à nuancer. À ce jour, il n’est pas possible de déterminer le
nombre d’heures par semaine qu’un étudiant peut consacrer au travail sans impact sur sa
réussite. Selon la définition de la réussite (résultats scolaires, allongement des études,
abandon, présence d’aspirations scolaires, etc.), le nombre critique d’heures par semaine
est variable. Les recherches sur la relation entre le travail pendant l’année scolaire et la
Rapport synthèse
25
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
réussite scolaire sont équivoques dès qu’on rentre dans le modèle d’autres variables
comme la capacité d’apprendre, les échecs scolaires, l’estime de soi académique, la
motivation et les notes au secondaire. Dès lors, une trop grande place accordée au travail
rémunéré pendant l’année scolaire pourrait tout aussi bien être un symptôme chez
l’étudiant d’un rapport problématique à l’éducation.
Ainsi, bien qu’il s’agit d’une réalité complexe et qui reste à documenter, le travail rémunéré
des étudiants pendant l’année scolaire demeure tout de même un facteur de risque qui
commande des interventions. Une approche préventive, plutôt que coercitive, semble dans
le présent contexte la voie à privilégier, d’autant plus que le travail rémunéré des étudiants
a aussi des impacts positifs, notamment en ce qui concerne le développement de
l’autonomie et de compétences. Cette approche préventive aurait l’avantage de s’adapter
aux réalités des ordres d’enseignement et de mettre à contribution les différents acteurs
interpellés par ce phénomène. À titre suggestif, voici des pistes d’intervention qui
pourraient faire l’objet d’une mise en œuvre :
Š
Š
Š
Š
Š
26
valoriser l’établissement scolaire comme milieu de vie : vie étudiante, activités
parascolaires, stages d’un jour, possibilités de travail rémunéré en milieu scolaire
(notamment au cégep et à l’université), etc.;
sensibiliser les parents concernant la conciliation du travail et des études (travail
comme facteur de risque) et le rôle d’accompagnement qu’ils peuvent jouer auprès
de leur enfant dans la gestion de leur temps (cours, travail scolaire, emploi, loisir,
etc.);
offrir aux étudiants des ateliers, de l’accompagnement, du tutorat ou des cours sur la
gestion du temps et de l’agenda, la création d’un portfolio, les lois régissant le
marché du travail, etc.
impliquer le personnel responsable de l’information et de l’orientation scolaire dans
des projets de conciliation travail-études (par exemple dans une approche
orientante);
accroître la responsabilité des employeurs comme partenaires de la réussite
(reconnaissance du dossier scolaire de leurs employés, messages de persévérance
scolaire, etc.).
Trois études de cas
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
AUDET, M. 1995. L’occupation d’un emploi durant les études : les caractéristiques, les effets et
l’évolution de la situation au cours de la dernière décennie. Ministère de l’Éducation,
Direction générale des affaires universitaires et scientifiques, 160 pages.
BISSON, L. 1998. Conseil permanent de la jeunesse. Étudier et travailler! Des
recommandations pour soutenir les jeunes de 16 ans et moins. Ministère du Conseil
exécutif, 5 pages.
BISSON, L. 1992. Élèves au travail. Le travail des jeunes du secondaire en cours d’année
scolaire. Avis du Conseil permanent de la jeunesse, 55 pages.
CARPENTIER, R. 1995. Des conditions de réussite au collégial. Réflexion à partir de points de
vue étudiants. Conseil supérieur de l’éducation, Avis au ministre de l’Éducation, 118 pages.
CLOUTIER, R. et G. LEGAULT. 1991. Les habitudes de vie des élèves du secondaire. Rapport
d’étude. Ministère de l’Éducation, Direction de la recherche, 74 pages.
DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES CANADA. 2002. À la croisée des
chemins. Premiers résultats pour la cohorte des 18 à 20 ans de l’Enquête auprès des
jeunes en transition. Statistique Canada, 80 pages.
DUMAS, S. 1993. Enquête auprès des élèves du secondaire sur le travail rémunéré durant
l’année scolaire. Ministère de l’Éducation, Direction de la recherche, 105 pages.
GIRARD, C. 2002. Des nouvelles d’elles. Les jeunes femmes du Québec, Conseil du statut de
la femme, 97 pages.
RICARD, P. 1998. Les conditions socioéconomiques des étudiants et des étudiantes des
cégeps du Québec. Collège de Rosemont, 89 pages.
SALES, A., SIMARD, G. et L. MAHEU. 1996. Le monde étudiant à la fin du XXe siècle. Rapport
final sur les conditions de vie des étudiants universitaires dans les années quatre-vingt-dix.
Université de Montréal, Département de sociologie, 372 pages.
VIGNEAULT, M. 1993. La pratique études/travail : les effets? Laval, Collège Montmorency, 329
pages.
Rapport synthèse
27
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
28
Trois études de cas
Annexe 1
Annexe 1 : Tableaux statistiques complémentaires
Tableau 1 : Lieu de résidence et occupation d’un travail rémunéré pendant
l’année scolaire chez les étudiants universitaires (n = 427)
Occupation d’un emploi
Lieu de résidence
Oui
Non
Total
(%)
(%)
(%)
Parents
74
26
100
Autres
55
45
100
(p < 0,001)
Tableau 2 : Famille de programme et occupation d’un travail rémunéré
pendant l’année scolaire chez les étudiants universitaires
(n = 419)
Occupation d’un emploi
Famille
Oui
Non
Total
(%)
(%)
(%)
Génie/biologie
37
63
100
Administration
79
21
100
Travail social/psychologie
73
27
100
Arts
40
60
100
Littérature
67
33
100
Histoire/politique
57
43
100
Enseignement
76
24
100
(p < 0,001)
Tableau 3 : Sexe et moyenne des heures travaillées par semaine chez les
étudiants du secondaire (n = 231)
Sexe
Moyenne
(N heures)
Fille
10
Garçon
12
(p < 0,05)
Rapport synthèse
29
Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire
Tableau 4 : Sexe et travail de nuit chez les étudiants du secondaire
(23 à 6 heures) (n = 32)
Mention (travail de nuit)
Sexe
(%)
Fille
60
Garçon
40
Total
100
(p < 0,05) non significatif
Tableau 5 : Sexe et importance du travail pendant l’année scolaire chez
les étudiants du secondaire (n = 239)
Importance du travail pendant l’année scolaire
Sexe
Plus
Aussi
Moins
important
important
important
que les études que les études que les études
(%)
(%)
(%)
Total
(%)
Fille
1
38
61
100
Garçon
8
48
44
100
(p < 0,01)
Tableau 6 : Moyenne d’heures travaillées chez les étudiants du cégep et
importance du travail pendant l’année scolaire (n = 237)
Importance du travail pendant l’année scolaire
Plus
important
que les études
(%)
Aussi
important
que les études
(%)
Moins
important
que les études
(%)
Moyenne de 15
heures/semaine
1
25
74
100
Plus de 15
heures/semaine
5
40
55
100
Moyenne
Total
(%)
(p < 0,01)
30
Trois études de cas
Annexe 1
Tableau 7 : Principale raison de travailler et opinion si le revenu de son
travail est indispensable chez les étudiants universitaires
(n = 278)
Revenu indispensable
Raison de travailler
Oui
Non
Total
(%)
(%)
(%)
Logement/épicerie
91
9
100
Frais scolaires
80
20
100
Voiture
60
40
100
Vêtements/loisirs
11
89
100
Acquérir de l’expérience
24
76
100
(p < 0,001)
Tableau 8: Lieu de résidence et opinion si le revenu de son travail est
indispensable chez les étudiants universitaires (n = 278)
Revenu indispensable
Lieu de résidence
Oui
Non
Total
(%)
(%)
(%)
Parents
56
43
100
Autres
77
23
100
(p < 0,001)
Tableau 9: Moyenne d’heures travaillées et degré de difficulté à concilier
les études et le travail chez les étudiants du cégep (n = 239)
Degré de difficulté
Moyenne
Total
(%)
Pas du
tout
(%)
26
36
32
100
38
25
19
100
Souvent
Parfois
Peu
(%)
(%)
Moins de 15
heures/semaine
6
Plus de 15 heures/semaine
18
(%)
(p < 0,05)
Rapport synthèse
31
Annexe 2
Annexe 2 : Synthèse des résultats
Éléments
Secondaire
Cégep
Université
Dolbeau
Alma
Chicoutimi
Pourcentage d’étudiants
qui travaillent pendant
l’année scolaire
Moyenne d’heures
consacrées à un emploi
par semaine
55 %
55 %
65 %
11 heures
16 heures
17 heures
Observations
Plus de la moitié des étudiants travaillent pendant
l’année scolaire.
Les universitaires semblent plus nombreux à travailler
pendant l’année scolaire.
Les étudiants des cycles supérieurs consacrent
davantage d’heures que les étudiants du secondaire.
Raisons de travailler
(par ordre d’importance)
Intégration
Autonomie
Responsabilités
Ambivalence
(se rapprochant du
secondaire)
Frais scolaires
Intégration
Expérience
L’importance accordée au travail rémunéré pendant
l’année scolaire est plus grande chez les étudiants du
secondaire. Pour eux, c’est un élément de valorisation.
Perception de ses
difficultés à concilier
études et travail
rémunéré
Peu ou pas
du tout difficile
Peu ou pas du tout
difficile
Souvent ou parfois
difficile
Renversement de la tendance au niveau universitaire.
81 %
57 %
59 %
Type de gestion de temps
(école-travail-loisir)
Impact sur des éléments
de réussite scolaire
Au secondaire, l’encadrement est plus rigide (horaires
scolaires, parents, régime d’études).
Essai / erreur
Ambivalence
Performance
Motivation scolaire
(élèves en
difficulté)
Heures consacrées
aux travaux
scolaires
Heures consacrées
aux travaux
scolaires
Au secondaire, un nombre important d’heures allouées
au travail cache d’autres réalités (faible motivation,
échec, difficultés familiales, etc.).
Risque de
décrochage
Allongement des
études (abandon
de cours)
Allongement des
études (abandon
de cours)
Le travail pendant l’année scolaire fait partie intégrante
de la stratégie économique des étudiants.
Prise en charge,
maturité, aide à
s’orienter
Fatigue
Débordement dans
la gestion du temps
Prise en charge,
maturité, aide à
s’orienter
Rapport synhèse
Lien positif entre le nombre d’heures travaillées et la
perception de ses difficultés (cégep et université)
Aux cycles supérieurs, les étudiants négocient leurs
horaires scolaires et de travail rémunéré.
Permet de demeurer à l’université
(indispensable)
33

Documents pareils