Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac
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Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac
Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean Rapport synthèse de trois études de cas Réalisé par le Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire On peut obtenir des exemplaires du document au coût de 10,00 $ en s’adressant au Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire. Téléphone : (418) 547-2191 poste 338 – Télécopieur : (418) 542-6390. Courrier électronique : [email protected]. Référence suggérée : CONSEIL RÉGIONAL DE PRÉVENTION DE L'ABANDON SCOLAIRE. 2002. Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Rapport synthèse de trois études de cas. Jonquière, CRÉPAS, 27 pages et annexes. ISBN : 2-921250-46-2 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, 4e trimestre 2002 Bibliothèque nationale du Canada, 4e trimestre 2002 Rédaction : Stéphane Dufour Révision : Louise Landry/Michel Perron Traitement de texte : Annie Lavoie/Marie-Ève Bouchard Analyse statistique : Julie Auclair Décembre 2002 Remerciements Ce rapport a pu être réalisé grâce à la collaboration de plusieurs personnes impliquées auprès des jeunes dans les institutions d’enseignement visitées. Nous tenons donc à souligner l’implication des directions, enseignants et intervenants de la Polyvalente Jean-Dolbeau, du Collège d’Alma et de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Un merci particulier est adressé à mesdames Karine Tremblay, Sandra Tremblay et Stéphanie Vaillancourt qui ont réalisé l’enquête à l’UQAC. Évidemment, nous ne pouvons passer sous silence la participation des étudiants qui ont accepté de répondre au questionnaire ou de se joindre à l’un des quatre groupes de discussion. Rapport synthèse iii Table des matières TABLE DES MATIÈRES TABLE DES TABLEAUX ET DES FIGURES .............................................................................vii 1. Contexte et objectifs............................................................................................................. 1 2. Approche ...............................................................................................................................1 3. Méthodologie......................................................................................................................... 2 4. Collecte de données ............................................................................................................. 2 4.1 Polyvalente Jean-Dolbeau............................................................................................... 2 4.2 Collège d’Alma ................................................................................................................ 4 4.3 Université du Québec à Chicoutimi ................................................................................. 4 5. Présentation des résultats ................................................................................................... 4 5.1 Travail pendant l’été ........................................................................................................ 4 5.2 Travail pendant l’année scolaire ...................................................................................... 6 5.2.1 Occupation d’un emploi rémunéré pendant l’année scolaire................................. 6 5.2.2 Heures travaillées pendant l’année scolaire .......................................................... 7 5.2.3 Journées travaillées...............................................................................................9 5.2.4 Périodes travaillées ...............................................................................................9 5.2.5 Secteurs de travail rémunéré...............................................................................10 5.3 Place du travail rémunéré pendant l’année scolaire...................................................... 11 5.3.1 Importance du travail rémunéré par rapport aux études ..................................... 11 5.3.2 Raisons de travailler............................................................................................12 5.4 Conciliation avec les études ........................................................................................... 15 5.4.1 Perceptions de la difficulté à concilier les études et le travail.............................. 16 5.4.2 Absence aux cours ..............................................................................................19 5.5 Travail pendant l’année scolaire et réussite.................................................................... 20 5.5.1 Perception de ses difficultés ..............................................................................21 5.5.2 Heures consacrées aux travaux scolaires ......................................................... 22 5.5.3 Travail rémunéré et réussite scolaire................................................................. 23 6. Une réalité complexe, une approche préventive.............................................................. 25 Rapport synthèse v Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire TABLE DES MATIÈRES (suite) BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 27 ANNEXE 1 : Tableaux statistiques complémentaires ..................................................... 29 ANNEXE 2 : Synthèse des résultats ................................................................................. 33 vi Trois études de cas Table des tableaux et figure TABLE DES TABLEAUX ET FIGURE Tableau 1 : Proportion d’étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l’été selon l’ordre d’enseignement................................................................................. 5 Tableau 2 : Proportion d’étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l’année scolaire selon l’ordre d’enseignement ................................................................... 6 Tableau 3 : Prévalence de l’emploi au moment de l’enquête selon l’ordre d’enseignement ..................................................................................................... 7 Tableau 4 : Nombre d’heures travaillées par semaine selon l’ordre d’enseignement .............. 8 Tableau 5 : Répartition des journées travaillées selon l’ordre d’enseignement........................ 9 Tableau 6 : Répartition des périodes travaillées selon l’ordre d’enseignement...................... 10 Tableau 7 : Secteurs de travail selon l’ordre d’enseignement ................................................ 11 Tableau 8 : Répartition des étudiants en emploi selon l’importance accordée au travail rémunéré.............................................................................................. 12 Tableau 9 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants universitaires travaillent ............................................................................................................. 14 Tableau 10 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants du cégep travaillent ................ 15 Tableau 11 : Degré de difficulté à concilier les études et le travail selon l’ordre d’enseignement ................................................................................................... 16 Tableau 12 : Répartition des étudiants universitaires selon le degré de difficulté à faire des travaux scolaires ................................................................................ 17 Tableau 13 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception de la capacité à trouver du temps pour étudier ............................................................ 17 Tableau 14 : Répartition des étudiants universitaires selon les inquiétudes au sujet de l’interférence avec les études ......................................................................... 18 Tableau 15 : Répartition des étudiants universitaires selon l’énergie pour faire leurs travaux scolaires.................................................................................................. 18 Tableau 16 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception que le travail nuit à leurs études..................................................................................... 18 Tableau 17 : Répartition des étudiants selon le degré d’absence aux cours et l’ordre d’enseignement ................................................................................................... 20 Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean vii Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire TABLE DES TABLEAUX ET FIGURE (suite) Tableau 18 : Perception de ses difficultés scolaires selon l’ordre d’enseignement et le fait d’occuper un emploi ou non ....................................................................... 21 Tableau 19 : Heures consacrées aux travaux scolaires selon l’ordre d’enseignement et le fait d’occuper un emploi ou non ................................................................... 22 Figure 1 : viii Taux de décrochage selon le nombre d’heures de travail rémunéré au cours de chaque semaine de la dernière année du secondaire .......................... 24 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean 1. Contexte et objectifs Le travail rémunéré des étudiants à temps plein est devenu une réalité incontournable. Prenant acte de cette situation, différents intervenants du milieu de l’éducation et du monde socioéconomique ont voulu en savoir plus sur ce phénomène afin de mieux soutenir les étudiants dans leur réussite scolaire. Dans le cadre du Chantier régional écoles-entreprises-milieu pour la persévérance scolaire, la question du travail rémunéré des étudiants à temps plein a été retenue comme une des trois grandes cibles d’intervention pour un partenariat entre le milieu de l’éducation et le monde socioéconomique. À la faveur d’un tel contexte, le Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire (CRÉPAS) a donc réalisé une recherche documentaire sur le sujet, ainsi que trois études de cas auprès d’étudiants du secondaire, du cégep et de l’université. Ces démarches avaient comme but principal de mieux documenter le phénomène et d’appuyer les actions de trois comités locaux dans les secteurs de Chicoutimi, Alma et Dolbeau-Mistassini. Le présent rapport est donc une synthèse de ces trois études de cas. Il vise les objectifs suivants : ♦ ♦ ♦ ♦ dresser un portrait de la situation du travail rémunéré chez les étudiants du secondaire, du cégep et de l’université; mesurer l’importance du travail rémunéré dans le système de valeurs et les représentations des étudiants; approfondir le lien entre le travail rémunéré et la réussite scolaire; proposer des pistes d’intervention. 2. Approche Lorsqu’il est question du travail rémunéré des étudiants à temps plein, d’entrée de jeu, le sujet doit bien être circonscrit. Un bref regard sur la littérature existante nous apprend très rapidement que les auteurs traitent habituellement le sujet selon un seul ordre d’enseignement (Bisson, 1998; Sales, Simard et Maheu, 1996; Audet, 1995; Cloutier et Legault, 1991). D’ailleurs, l’observation du quotidien des étudiants, ne serait-ce que du point de vue de l’horaire de cours, permet d’avancer que le rapport des étudiants à temps plein au travail rémunéré renvoie à des réalités différentes selon l’ordre d’enseignement (secondaire, cégep, université). Rapport synthèse 1 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire Ainsi, l’approche choisie a été de réaliser trois études de cas, à savoir, à la Polyvalente Jean-Dolbeau pour les élèves de 4e et 5e secondaire, au Collège d’Alma pour les étudiants du cégep et à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) pour les étudiants universitaires. Tout en distinguant les résultats entre les différents ordres d’enseignement, cette approche permet de mieux saisir les différents processus sociaux en jeu selon l’ordre d’enseignement. Cette façon de faire permet ainsi d’apprécier dans leur juste mesure les différences (ou les ressemblances) entre les ordres d’enseignement et s’il y a lieu, de proposer des pistes d’intervention adaptées à chacun des contextes. 3. Méthodologie La méthodologie utilisée afin de construire les études de cas a été la même pour les trois ordres d’enseignement. D’abord, la création et l’animation d’un comité local formé de professeurs, d’intervenants ou d’acteurs du milieu dans le but de dégager une réflexion commune. Ensuite, une recherche associative utilisant des outils standards et ponctuels. Ainsi, afin de soutenir les comparaisons, un même questionnaire avec un bloc commun de questions a été utilisé pour les trois enquêtes. La durée de passation de ce questionnaire était d’environ 15 minutes. Il était composé d’une vingtaine de questions à choix multiples et était divisé en cinq grandes sections : 1) 2) 3) 4) 5) Travail pendant l’été Travail pendant l’année scolaire Conciliation des études et du travail Relation avec la réussite Variables sociodémographiques 4. Collecte de données Toutefois, selon les besoins des comités locaux et les particularités de chacun des ordres d’enseignement, des stratégies et des outils différents ont été utilisés. Vous trouverez cidessous une brève description des particularités des trois enquêtes. 4.1 Polyvalente Jean-Dolbeau Pour cette polyvalente, une stratégie de collecte de données en deux volets a été déployée. Premièrement, nous avons sondé, au début du mois de mai 2001, 2 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean l’ensemble de la population de 4e et 5e secondaire de la Polyvalente Jean-Dolbeau (méthode du recensement). Ensuite, nous avons réalisé quatre groupes de discussion avec des élèves qui travaillaient pendant l’année scolaire et d’autres qui ne travaillaient pas. L’avantage d’une telle stratégie était de pouvoir croiser dans l’analyse les données de type qualitative avec celles de type quantitative. Au grand total, 439 étudiants ont répondu au questionnaire, pour un taux de collaboration de 92 %. En ce qui concerne les groupes de discussion, dans la page de présentation du questionnaire, nous demandions aux répondants s’ils voulaient participer à un groupe de discussion sur une base volontaire. Cette façon de faire nous a permis de recruter 70 élèves intéressés à participer. À partir du questionnaire complété par ces candidats, nous avons constitué les quatre groupes de discussion suivants : Groupes Critères 1- Type étude : Ne travaillent pas pendant l’année scolaire, inscrits en 5e secondaire, répartition proportionnelle selon le sexe1, le lieu de résidence (urbain/rural) et la perception de leur réussite. 2- Type travail : Travaillent pendant l’année scolaire, inscrits en 4e secondaire, répartition proportionnelle selon le sexe, le lieu de résidence (urbain/rural) et la perception de leur réussite. 3- Type travail : Travaillent pendant l’année scolaire, inscrits en 5e secondaire, répartition proportionnelle selon le sexe, le lieu de résidence (urbain/rural) et la perception de leur réussite. 4- Type mixte2 : Travaillent ou non, inscrits en 4e et en 5e secondaire, répartition non-proportionnelle selon le sexe et la perception de leur réussite. Au total, 32 élèves ont participé aux groupes de discussion, pour une moyenne de 8 par groupe. 1 2 Il s’agissait d’un objectif. Selon les disponibilités des élèves contactés, la répartition proportionnelle pouvait donc être plus ou moins respectée. Il est important de noter que le groupe n°4 nous a servi à valider des hypothèses et des perceptions que nous avions dégagées dans les trois premiers groupes. Rapport synthèse 3 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire 4.2 Collège d’Alma Considérant la petite taille de notre population à l’étude, là aussi nous avons utilisé la méthode du recensement, c’est-à-dire, considéré l’ensemble de la population. Ainsi, tous les élèves de deuxième année du cégep ont été sollicités pour répondre à un questionnaire lors de la rentrée 2001. Au grand total, 444 étudiants ont répondu au questionnaire pour un taux de collaboration de 76 %. 4.3 Université du Québec à Chicoutimi Pour cette collecte de données, le questionnaire a été retravaillé en profondeur avec le comité local. Un groupe principal de questions a été retenu afin de soutenir les comparaisons. D’autres ont été ajoutées, notamment sur le thème de la « perception des difficultés à concilier travail et étude ». Au début du mois de novembre 2001, 432 étudiants ont répondu au questionnaire. L’échantillon a été sélectionné en fonction des programmes d’études. Chaque programme était représenté proportionnellement selon le nombre d’étudiants y étant inscrits. Par exemple, si la population des étudiants en administration représentait 23 % des étudiants inscrits à l’UQAC, l’échantillon était constitué selon cet ordre.3 5. Présentation des résultats Dans cette section, nous présentons les résultats en comparant chacun des ordres d’enseignement. De plus, certains croisements de données ont été faits afin de mesurer les différences significatives selon, entre autres, le sexe des répondants, le fait de travailler ou non pendant l’année scolaire et le nombre d’heures par semaine consacrées à un travail rémunéré. Seulement les différences significatives sont présentées dans ce rapport. Enfin, au besoin, les conclusions des autres recherches sur le sujet, les observations des comités locaux et les constats des groupes de discussion viendront compléter l’analyse. 5.1 Travail pendant l’été Les étudiants du cégep et de l’université se distinguent des étudiants du secondaire concernant l’occupation d’un emploi rémunéré pendant l’été. Ces derniers sont moins 3 4 Il s’agit en fait d’un échantillonnage non probabiliste par quota. Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean nombreux (69 %) à occuper un tel emploi que ceux du cégep (89 %) et de l’université (90 %). Tableau 1 : Proportion d’étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l’été selon l’ordre d’enseignement Secondaire Emploi (n = 437) (%) 4 Cégep Université (n = 444) (%) (n = 428) (%) Oui 69 89 90 Non 31 11 10 Total 100 100 100 Q. Au cours de l’été (précédant le sondage), as-tu occupé un ou des emploi(s) rémunéré(s), c’est-à-dire, un ou des emploi(s) pour le(s)quel(s) tu recevais un salaire? Au chapitre des moyennes d’heures travaillées par semaine pendant l’été, les étudiants du secondaire travaillent 29 heures, ceux du cégep 34 heures et ceux de l’université 36 heures. Le travail pendant l’été n’était pas précisément l’objet du présent rapport. D’ailleurs, il n’y a pas à notre connaissance beaucoup de recherches portant spécifiquement sur le sujet. Ce qu’il importe de retenir ici, c’est le fait que les jeunes sont très nombreux à acquérir une expérience de travail pendant l’été. Au secondaire, à la lumière des groupes de discussion que nous avons tenus, le travail d’été peut avoir (indirectement ou directement) un effet sur le travail pendant l’année scolaire de la manière suivante : 4 il favorise la tendance chez les jeunes du secondaire à demeurer au travail pendant l’année scolaire. dans certains secteurs (agricole notamment), le travail d’été peut déborder sur le début de l’année scolaire. Important : le nombre total des répondants varie d’une question à l’autre puisque certains ont omis de répondre à une ou à plusieurs questions. Rapport synthèse 5 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire 5.2 Travail pendant l’année scolaire Dans cette partie, nous nous intéressons au nombre de jeunes qui travaillent pendant l’année scolaire, au nombre d’heures travaillées, aux périodes de travail privilégiées ainsi qu’au secteur d’emploi. 5.2.1 Occupation d’un emploi rémunéré pendant l’année scolaire Il appert que les étudiants universitaires sont plus nombreux à occuper un emploi pendant l’année scolaire. En effet, 66 % d’entre eux occupent un tel emploi, tandis que chez les étudiants du secondaire et du cégep ce pourcentage est de 55 %. Chez les étudiants universitaires, ceux qui résidaient chez leurs parents étaient plus souvent actifs sur le marché du travail (74 %) que les autres qui n’y demeuraient pas (55 %). Une analyse effectuée en tenant compte du programme d’études révèle qu’il y a significativement plus d’étudiants en ingénierie et en biologie qui n’occupaient pas d’emploi. À l’opposé, il y a significativement plus d’étudiants en administration et en enseignement qui détenaient un emploi (voir annexe 1, tableaux 1 et 2). Tableau 2 : Proportion d’étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l’année scolaire selon l’ordre d’enseignement Secondaire Cégep Université (n = 439) (n = 439) (n = 428) (%) (%) (%) Oui 55 55 66 Non 45 45 34 Total 100 100 100 Emploi Q. Pendant la dernière année scolaire (2000-2001), as-tu occupé un ou des emploi(s) rémunéré(s), c’est-à-dire un ou des emploi(s) pour le(s)quel(s) tu recevais un salaire? Les proportions observées au Saguenay–Lac-Saint-Jean correspondent aux constats dégagés par d’autres études. En effet, selon les auteurs Bisson (1998), Dumas (1993), Cloutier et Legault (1991), plus de la moitié des 6 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean élèves du secondaire occupent généralement un emploi rémunéré pendant l’année scolaire.5 De même, au cégep, l’étude de Ricard (1998) évalue que c’est environ 50 % de la population étudiante qui concilie études et travail pendant l’année scolaire. Alors qu’à l’université, selon les études de Sales, Simard et Maheu (1996) et Audet (1995), c’est tout près de 60 % des étudiants qui travaillent pendant l’année scolaire.6 Enfin, il est intéressant de constater que peu importe l’ordre d’enseignement, au moment de l’enquête, 44 % des étudiants qui disaient avoir travaillé pendant l’année scolaire, occupaient effectivement toujours un emploi. Tableau 3 : Prévalence de l’emploi au moment de l’enquête selon l’ordre d’enseignement Secondaire Cégep Université (n = 439) (n = 439) (n = 428) (%) (%) (%) Oui 44 44 44 Non 56 56 56 Total 100 100 100 Actuellement en emploi Q. Actuellement, occupes-tu un emploi rémunéré? Les groupes de discussion tenus avec les étudiants du secondaire nous ont permis de constater que lorsque ces derniers arrêtent de travailler pendant l’année scolaire, ils sont à la recherche d’un emploi. 5.2.2 Heures travaillées pendant l’année scolaire En comparant la moyenne des heures travaillées par semaine, on observe un clivage important entre les étudiants des cycles supérieurs (cégep et université) et ceux du secondaire. En effet, les étudiants du cégep et de l’université travaillent respectivement entre 16 et 17 heures par semaine, alors que ceux du secondaire travaillent en moyenne 11 heures par semaine. 5 6 Notre étude de cas au secondaire portait sur les élèves de 4e et 5e secondaire ; notons que les élèves du 2e cycle travaillent davantage que ceux du premier cycle du secondaire. À l’université, il faut tenir compte du régime d’études. Selon Sales, Simard et Maheu (1996), les étudiants à temps plein se rapprochent davantage de la proportion de 55 % alors que les étudiants à temps partiel se rapprochent davantage de 70 %. Rapport synthèse 7 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire Au secondaire, on constate que les filles travaillent moins d’heures par semaine que les garçons, soit entre 10 et 12 heures en moyenne par semaine respectivement (voir annexe 1, tableau 3). Tableau 4 : Nombre d’heures travaillées par semaine selon l’ordre d’enseignement Secondaire (n = 231) (%) Cégep (n = 240) (%) Université (n = 277) (%) 1 à 10 heures 61 30 26 11 à 20 heures 32 48 55 21 à 30 heures 5 16 16 31 heures et plus 2 6 3 100 100 100 11 16 17 Heures de travail Total Moyenne d’heures/semaine Q. En moyenne, combien d’heures par semaine as-tu travaillé pendant la présente année scolaire? Encore là, les différentes études ou avis sur le sujet en arrivent aux mêmes observations. En 1998, le Conseil supérieur de l’éducation avait relevé que la moyenne des heures travaillées pour les étudiants du collégial se situait autour de 15 heures par semaine (Carpentier, 1995). De même, le Conseil permanent de la jeunesse dans un avis concernant le travail des élèves du secondaire écrivait : « Selon les quelques enquêtes consultées, la majorité des élèves travaillent moins de 20 heures par semaine et moins de quatre jours par semaine. Par exemple, à la Commission scolaire de Chambly, on constate que 79,1 % des jeunes du deuxième cycle travaillent moins de 20 heures par semaine. » (Bisson, 1992 : 13) Quant aux étudiants universitaires à temps plein, les études de Sales, Simard et Maheu (1996) et Audet (1995) avaient identifié pour la première, une moyenne d’heures travaillées par semaine de 15 heures et pour la seconde, une moyenne de 16 heures. 8 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean 5.2.3 Journées travaillées Pour les trois ordres d’enseignement, la journée privilégiée pour travailler pendant l’année scolaire est le samedi (au total des mentions). Toutefois, les étudiants universitaires travaillent presque autant le vendredi (75 % contre 78 % pour le samedi). Tableau 5 : Répartition des journées travaillées selon l’ordre d’enseignement (au total des mentions) Secondaire (n = 242) (%) Cégep (n = 239) (%) Université (n = 278) (%) Lundi 24 23 30 Mardi 26 25 27 Mercredi 30 29 27 Jeudi 42 43 51 Vendredi 54 61 75 Samedi 74 79 78 Dimanche 57 67 68 Journées Q. Pendant l’année scolaire, quelle(s) journée(s) travailles-tu généralement? (plusieurs choix possibles) Compte tenu que les étudiants des cycles supérieurs (cégep et université) travaillent plus d’heures par semaine que ceux du secondaire, il n’est donc pas étonnant d’observer que les journées du vendredi, samedi et dimanche sont mentionnées plus souvent par les étudiants des cycles postsecondaires. 5.2.4 Périodes travaillées Pour l’ensemble des trois ordres d’enseignement, la période privilégiée de travail est en soirée (entre 16 et 23 heures). Toutefois, les étudiants universitaires (et dans une moindre mesure ceux du cégep) travaillent plus souvent en après-midi (entre 13 et 16 heures) et en avant-midi (entre 9 et 12 heures). Rapport synthèse 9 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire Tableau 6 : Répartition des périodes travaillées selon l’ordre d’enseignement (au total des mentions) Secondaire (n = 242) (%) Cégep (n = 238) (%) Université (n = 278) (%) Matin (6 à 9 heures) 18 21 13 Avant-midi (9 à 12 heures) 26 38 42 Midi (12 à 13 heures) 15 22 31 Après-midi (13 à 16 heures) 22 44 52 Soirée (16 à 23 heures) 74 75 76 Nuit (23 à 6 heures) 13 15 12 Périodes Q. Travailles-tu surtout entre…? (plusieurs choix possibles) Au secondaire, le travail de nuit (23 à 6 heures) est significativement plus élevé chez les filles. Des 32 mentions, près de 60 % proviennent des filles (voir annexe 1, tableau 4). De plus, autant pour les étudiants du cégep que de l’université, la période la plus intense de travail est à la fin de la session d’automne. Cette période est identifiée comme la plus intensive par 53 % des étudiants universitaires de même que par 54 % des étudiants du cégep. 5.2.5 Secteurs de travail rémunéré Pour les trois ordres d’enseignement, le secteur « hôtellerie/restauration » fournit le plus grand nombre d’emplois (environ le quart des emplois pour chacun des trois ordres d’enseignement). Ensuite, chez les cycles supérieurs, vient le secteur « épicerie/dépanneur » et au secondaire le secteur « gardiennage ». Par ailleurs, on peut observer que selon les municipalités, certains secteurs de travail se démarquent. Par exemple, à Dolbeau-Mistassini, le secteur « entreprise/usine » a légèrement plus d’importance (9 %) que dans les secteurs Alma (6 %) et Saguenay (4 %) tandis que dans cette dernière municipalité, le secteur « vente au détail » a plus d’importance (18 %) que dans les municipalités de Dolbeau-Mistassini (10 %) et Alma (11 %). 10 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean Tableau 7 : Secteurs de travail selon l’ordre d’enseignement Secondaire Cégep Université (n = 238) (n = 240) (n = 280) (%) (%) (%) Restauration/hôtellerie/bar 24 25 25 Épiceries/dépanneurs 12 24 20 Vente au détail 10 11 18 6 5 6 — — 9 9 6 4 17 1 — 6 — — Autres 16 28 18 Total 100 100 100 Niveau d’importance Loisirs/sports Emplois sur campus Entreprise/usine Gardiennage Camelot Q. Parmi les secteurs de travail suivants, dans lequel travailles-tu principalement? Au secondaire, les filles travaillent plus fréquemment dans les boutiques de vêtements et les restaurants. De même, elles sont plus nombreuses à faire du gardiennage et des travaux d’entretien. Les garçons se concentrent davantage dans des secteurs d’emploi comme l’agriculture, les postes d’essence et la distribution de journaux. Aux cycles supérieurs, la division sexuelle des tâches semble s’estomper, du moins, n’est pas apparente dans le cadre de notre étude.7 5.3 Place du travail rémunéré pendant l’année scolaire Dans cette section, deux thèmes nous intéressent. D’abord, l’importance accordée au travail pendant l’année scolaire et les raisons de travailler. 5.3.1 Importance du travail rémunéré par rapport aux études Le travail occupé pendant l’année scolaire est généralement jugé moins important que les études. Cependant, les étudiants du secondaire sont beaucoup plus nombreux (43 %) à considérer ce travail « aussi important » que 7 Comme d’ailleurs dans l’étude de GIRARD, 2002. Rapport synthèse 11 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire leurs études, comparativement aux étudiants du cégep (31 %) et de l’université (28 %). Tableau 8 : Répartition des étudiants en emploi selon l’importance accordée au travail rémunéré Secondaire Cégep Université (n = 242) (n = 237) (n = 277) (%) (%) (%) Plus important 4 3 2 Aussi important 43 31 28 Moins important 53 66 70 100 100 100 Niveau d’importance Total Q. Pour toi, le travail occupé pendant l’année scolaire est-il plus important, aussi important ou moins important que tes études? Chez les étudiants du secondaire, la seule différence significative est en lien avec le sexe des répondants. Les garçons davantage que les filles considèrent leur emploi comme « plus important » ou « aussi important » que les études (voir annexe 1, tableau 5). Au cégep, les étudiants qui travaillent plus de 15 heures par semaine ont plus souvent tendance à juger leur emploi « aussi important » que leurs études (40 % contre 25 % pour ceux qui travaillent moins de 15 heures, voir annexe 1, tableau 6). Les raisons de travailler, que nous retrouvons dans la section ci-dessous, expliquent en partie cette différence entre les ordres d’enseignement concernant l’importance accordée au travail rémunéré pendant les études. 5.3.2 Raisons de travailler On observe des différences quant aux raisons de travailler selon les ordres d’enseignement, notamment entre les niveaux secondaire et universitaire. Au secondaire, le travail pendant l’année scolaire est perçu comme un moyen de prendre ses responsabilités, d’acquérir une certaine autonomie financière par rapport aux parents et de gagner en maturité. En général, les étudiants du secondaire dépensent leur salaire au fur et à mesure, surtout en biens de consommation et en sorties. Une minorité arrive à épargner en prévision des 12 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean études ultérieures ou en vue d’acquérir un bien coûteux (ex. : instrument de musique, voiture). Ces éléments observés à la faveur de groupes de discussion tenus au secondaire avec 32 jeunes trouvent écho dans l’Avis du Conseil permanent de la jeunesse (Bisson, 1992) sur le travail des étudiants au secondaire. Le Conseil identifie dans cet avis les cinq premières raisons de détenir un emploi pendant l’année scolaire, à savoir : 1) pouvoir me payer des vêtements ou des effets personnels; 2) pouvoir développer mon sens des responsabilités; 3) pouvoir développer une plus grande autonomie; 4) pouvoir me payer des sorties; 5) acquérir une expérience du marché du travail. De plus, à la lumière des propos tenus dans les groupes de discussion, on constate que les parents sont généralement d’accord avec l’idée que leurs enfants travaillent à temps partiel à condition que leurs études n’en souffrent pas. Par contre, le seuil de tolérance des parents est apparu assez élevé. Une minorité de parents s’informent des heures de travail de leurs enfants. Pour plusieurs parents, l’argent gagné par les jeunes fait partie de la planification budgétaire de la famille. Les parents d’élèves qui travaillent ont moins d’« argent de poche » à fournir à leurs enfants. En ce qui concerne les étudiants universitaires qui travaillent, ceux-ci jugent que leur revenu d’emploi est indispensable à la poursuite de leurs études dans 64 % des cas8. Au total des mentions, les étudiants universitaires travaillent principalement pour payer leurs frais scolaires (64 %), leurs loisirs et sorties (50 %), une voiture (48 %) ainsi que des vêtements (44 %). 8 Par ordre d’importance, les sources de revenu des étudiants universitaires sont : emploi d’été, emploi pendant l’année scolaire, contribution parents/conjoint de même que prêts et bourses du ministère de l'Éducation. Rapport synthèse 13 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire Tableau 9 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants universitaires travaillent (n = 278) Raisons Total des mentions (%) Frais scolaires 64 Loisirs et sorties 50 Voiture 48 Vêtements 44 Acquérir de l’expérience 28 Épicerie 23 Logement 21 Occuper les temps libres 4 Q. Dans la liste suivante, quelles sont les trois principales raisons pour lesquelles tu travailles pendant l’année scolaire? Les raisons évoquées par les étudiants universitaires d’occuper un emploi sont significativement différentes selon que ce revenu est considéré comme indispensable ou non à la poursuite de leurs études. Les frais scolaires, le logement et l’épicerie sont plus souvent mentionnés par ceux qui considèrent leur revenu de travail pendant l’année scolaire comme étant indispensable. Par contre, les loisirs et sorties, le fait de prendre de l’expérience et d’occuper leurs temps libres sont plus souvent mentionnés par les étudiants pour qui ce revenu n’est pas indispensable. Enfin, il importe de mentionner que les étudiants qui demeurent chez leurs parents considèrent leur revenu comme étant moins indispensable que ceux qui ne demeurent pas chez leurs parents (voir annexe 1, tableaux 7 et 8). Les raisons de travailler des cégépiens pendant l’année scolaire traduisent un plus grand éventail de réalités. Deux éléments, à notre avis, expliquent ce constat. D’abord, les étudiants du cégep résident chez leurs parents plus souvent que les étudiants universitaires.9 Ensuite, les frais scolaires au cégep sont moins élevés qu’à l’université. Si bien que les étudiants du cégep ont, d’une part, un rapport au travail rémunéré pendant l’année scolaire qui ressemble à celui des étudiants du secondaire (recherche d’intégration, d’autonomie et de responsabilités) et, d’autre part, le début d’un rapport au travail qui ressemble à celui des étudiants universitaires (expérience, frais de subsistance, indépendance financière). 9 14 Du moins dans notre cas étudié ici, le Collège d’Alma offre moins de programmes qui attirent des étudiants de l’extérieur. Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean Ainsi, en première mention, la principale raison de travailler pendant l’année scolaire est de « payer des biens de consommation » (48 % en première mention et 85 % au total des mentions). Tandis que payer son « logement/repas » se classe deuxième en première mention (16 %), mais quatrième au total des mentions (25 %). Tableau 10 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants du cégep travaillent (n = 239) 1re mention Total de mentions (%) (%) Payer des biens de consommation 48 85 Payer mon logement/repas 16 25 Être indépendant financièrement 13 67 Acquérir une expérience de travail 10 55 Payer mes études universitaires 7 25 Payer mes études collégiales 3 6 Occuper mon temps libre 2 10 Faire vivre mon enfant 1 1 Raisons Total 100 Q. Dans la liste suivante, quelles sont les trois principales raisons pour lesquelles tu travailles pendant l’année scolaire? Il est intéressant de noter qu’au total des mentions, les deux raisons qui prennent le plus de poids en rapport avec la première mention sont « être indépendant financièrement » (de 13 % à 67 %) et « acquérir une expérience de travail » (de 10 % à 55 %). 5.4 Conciliation avec les études Dans cette section, sont présentés des éléments concernant la façon dont les étudiants parviennent à concilier les études et le travail. Rapport synthèse 15 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire 5.4.1 Perceptions des difficultés à concilier les études et le travail Selon l’ordre d’enseignement, les perceptions du niveau de difficulté à concilier le travail et les études varient. Il semble bien que pour les étudiants universitaires, le travail rémunéré pendant l’année scolaire est plus difficile à concilier avec les études. Près de 60 % de ceux-ci disent éprouver « souvent » ou « parfois » des difficultés à concilier études et travail alors que les étudiants du secondaire sont beaucoup moins nombreux (19 %) à avoir « souvent » et « parfois » de telles difficultés. Pour les étudiants du cégep, la proportion est de 42 %. Tableau 11 : Degré de difficulté à concilier les études et le travail selon l’ordre d’enseignement Secondaire Cégep Université (n = 234) (n = 239) (n = 280) (%) (%) (%) Souvent 1 12 13 Parfois 18 31 46 Peu 35 31 23 Pas du tout 46 26 18 100 100 100 Difficulté Total Q. Pour toi, est-ce que concilier les études et le travail pose souvent, parfois, peu ou pas du tout de difficulté à réussir dans tes cours? Au cégep, il y a une différence significative quant au fait de travailler plus ou moins de 15 heures par semaine et le fait d’avoir « souvent » ou « parfois » des difficultés à concilier le travail et les études. Ainsi, 18 % de ceux qui travaillent plus de 15 heures ont « souvent » des difficultés, comparativement à 6 % pour ceux qui travaillent 15 heures et moins (voir annexe 1, tableau 9). Pour les étudiants universitaires, dans l’ensemble, il y a une corrélation positive entre le fait de travailler un nombre d’heures important et la perception d’avoir des difficultés à concilier les études et le travail. Une échelle composée de cinq affirmations a permis d’évaluer comment les étudiants universitaires percevaient leur situation à l’égard des études et du travail au cours de l’année scolaire. Ces derniers devaient indiquer leur degré d’accord ou de désaccord à certaines affirmations. 16 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean À la première question (tableau 12), 36 % des étudiants soutiennent qu’avec leur emploi, ils éprouvent des difficultés à faire leurs travaux de session. La majorité des répondants (63 %) sont « en désaccord ou fortement en désaccord » avec le fait qu’ils passent tellement de temps à travailler qu’ils sont incapables d’étudier (voir tableau 13). Certains étudiants (23 %) considèrent que leurs inquiétudes au sujet du travail interfèrent avec leurs études (voir tableau 14). De nombreux étudiants (60 %) qui travaillent pendant leurs études sont « en accord ou fortement en accord » avec le fait qu’ils n’ont pas d’énergie pour faire leurs travaux de session (voir tableau 15). Finalement, le quart (26 %) des étudiants affirment que le travail nuit à leurs études (voir tableau 16). Tableau 12 : Répartition des étudiants universitaires selon le degré de difficulté à faire des travaux scolaires (n = 280) Pourcentage (%) En accord 36 Ni en accord, ni en désaccord 25 En désaccord 39 Total 100 Q. Avec mon travail, c’est difficile de faire mes travaux de session. Tableau 13 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception de la capacité à trouver du temps pour étudier (n = 280) Pourcentage (%) En accord 15 Ni en accord, ni en désaccord 22 En désaccord 63 Total 100 Q. Je passe tellement de temps à travailler que je suis incapable de trouver du temps pour étudier. Rapport synthèse 17 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire Tableau 14 : Répartition des étudiants universitaires selon les inquiétudes au sujet de l’interférence avec les études (n = 280) Pourcentage (%) En accord 23 Ni en accord, ni en désaccord 20 En désaccord 57 Total Q. 100 Mes inquiétudes au sujet du travail interfèrent avec mes études. Tableau 15 : Répartition des étudiants universitaires selon l’énergie pour faire leurs travaux scolaires (n = 280) Pourcentage (%) En accord 60 Ni en accord, ni en désaccord 15 En désaccord 25 Total Q. 100 Quand je rentre de mon travail, je n’ai pas d’énergie pour faire mes travaux de session. Tableau 16 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception que le travail nuit à leurs études (n = 280) Pourcentage (%) En accord 26 Ni en accord, ni en désaccord 27 En désaccord 48 Total Q. 100 Avoir un travail nuit à mes études. Une corrélation effectuée pour les résultats obtenus à l’UQAC à partir de l’ensemble des données obtenues à l’aide de cette échelle révèle que plus un étudiant consacre de temps à son travail rémunéré, plus il considère difficile de concilier les études et le travail. Les hommes n’éprouvent pas plus de difficultés que les femmes à concilier les études et le travail. Par contre, les étudiants qui considèrent leur revenu comme étant indispensable à la poursuite de leurs études éprouvent significativement plus de difficultés que les autres. 18 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean Revenons maintenant aux élèves du secondaire. Considérant que dans notre étude la moyenne d’heures travaillée est de 11 heures par semaine, il n’a pas été possible de vérifier statistiquement la corrélation observée à l’université. Les groupes de discussion avec les jeunes du secondaire nous ont permis de constater toutefois qu’il ne s’agissait pas uniquement d’une question touchant le nombre d’heures. En effet, pour la majorité de ceux qui travaillent plus de 20 heures par semaine, la perception qui se dégage est que le travail rémunéré pendant l’année scolaire ne pose pas de difficultés particulières. L’analyse tend à démontrer qu’il s’agit moins d’une question d’heures que de motivation scolaire, de gestion de son temps ainsi que de support de l’école et des employeurs. En effet, pour une minorité d’étudiants au secondaire, ceux qui travaillent plus de 20 heures par semaine, la conciliation du travail et des études, mais aussi du temps consacré aux loisirs et au repos, est difficile. Plus souvent qu’autrement, les élèves en difficulté sont des garçons pour qui la motivation scolaire n’est pas très élevée. Dès lors, le fait de travailler pendant l’année scolaire un nombre d’heures élevé est beaucoup plus un symptôme d’un malêtre à l’école; la source de motivation devient dans ce contexte leur travail. Ils sont souvent déchirés entre les différentes contraintes imposées par leurs diverses occupations. Ils ont été nombreux (et pas seulement ceux qui travaillent le plus) à identifier une incompréhension de la part des enseignants et des autorités de l’école concernant leur occupation du temps.10 Pour ce qui est des employeurs, de façon générale, ils discutent très peu de la réussite scolaire avec leurs employés qui sont aux études. De leur côté, les élèves du secondaire qui travaillent le plus intensément n’informent pas beaucoup leur employeur de leur difficulté à concilier leur horaire de travail avec les exigences scolaires (travaux, examens, cours).11 5.4.2 Absence aux cours En général, les étudiants ne manquent « jamais » ou « rarement » des cours à cause de leur travail pendant l’année scolaire (tableau 17). Au cégep, 94 % des étudiants ne manquent « jamais » ou « rarement » de cours, tandis que chez les étudiants universitaires, la proportion est de 95 %. Chez les étudiants du 10 11 « Si ton travail nuit à tes études, lâche ton travail » est une expression typique qui caractérise le mieux le discours des autorités de l’école selon la perception des étudiants. Le sondage auprès des étudiants du cégep et de l’université a permis de constater que l’horaire de cours et l’horaire de travail faisaient l’objet d’intenses négociations des étudiants avec les employeurs et les autorités scolaires. Ce qui a été confirmé par une rapide consultation auprès des employeurs (n = 22) et des autorités scolaires. Il ne semble pas que les discussions se fassent à un autre niveau. Rapport synthèse 19 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire secondaire, le total des deux catégories est semblable (95 %), toutefois, ils sont plus nombreux à n’avoir « jamais » manqué de cours (81 %). Tableau 17 : Répartition des étudiants selon le degré d’absence aux cours et l’ordre d’enseignement Secondaire Cégep Université (n = 240) (n = 239) (n = 280) (%) (%) (%) Très souvent 1 1 1 Souvent 4 5 4 Rarement 14 27 29 Jamais 81 67 66 100 100 100 Absence Total Q. Au cours de la présente année scolaire, t’est-il arrivé de manquer des cours à cause de ton emploi? Chez les élèves du secondaire, parmi ceux qui travaillent et qui ont déjà manqué « très souvent », « souvent » ou « rarement » des cours (19 % du total), les trois quarts sont des garçons. En ce qui concerne les cycles supérieurs d’enseignement, il n’y a aucune différence significative, notamment entre le fait de travailler un nombre important d’heures par semaine (20 heures et plus) et le degré d’absence aux cours.12 5.5 Travail pendant l’année scolaire et réussite Dans cette section, nous examinons le lien entre le fait d’occuper un travail rémunéré pendant l’année scolaire et la réussite. Deux variables sont à l’étude, à savoir la perception de ses difficultés scolaires et les heures consacrées aux travaux scolaires. Pour chacun des ordres d’enseignement, une comparaison est faite entre ceux qui ne travaillent pas et ceux qui travaillent pendant l’année scolaire. 12 20 Le fait que les étudiants des cycles supérieurs négocient leur horaire de cours et de travail doit expliquer en partie pourquoi il n’y a pas de différences significatives. Sales, Simard et Maheu (1996) ont bien montré que le fait d’occuper un emploi plus de 20 heures a un effet sur le nombre de cours abandonnés et, par conséquent, l’allongement des études. Autrement dit, les étudiants des cycles supérieurs s’organisent avant ou au début de l’année scolaire pour minimiser les impacts de leur travail. Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean 5.5.1 Perception de ses difficultés Au global, les étudiants du secondaire ont la perception d’avoir plus de difficultés que ceux des autres ordres d’enseignement à réussir dans leurs cours. Si nous comptabilisons les catégories « beaucoup » et « assez » de difficultés, 29 % des étudiants du secondaire se retrouvent dans ces catégories alors que pour les étudiants du cégep et de l’université, c’est respectivement 12 % et 7 % qui s’y retrouvent. Tableau 18 : Perception de ses difficultés scolaires selon l’ordre d’enseignement et le fait d’occuper un emploi ou non Secondaire Cégep Université Total (n = 440) En emploi (n = 242) Sans emploi (n = 198) Total (n = 434) En emploi (n = 239) Sans emploi (n = 195) Total (n = 427) En emploi (n = 282) Sans emploi (n = 145) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) 3 3 3 — — — — — — Assez de difficultés 26 21 31 12 14 9 7 7 8 Peu de difficultés 57 60 54 64 69 60 52 52 52 Pas du tout de difficultés 14 16 12 24 17 31 41 41 40 100 100 100 100 100 100 100 100 100 Perception Beaucoup de difficultés Total Q. En général, as-tu beaucoup de difficultés, assez de difficultés, peu de difficultés ou pas du tout de difficultés à réussir dans tes cours? Le fait de travailler ou pas semble avoir un impact significatif seulement au cégep. En effet, les étudiants qui ont un emploi rémunéré sont moins nombreux à percevoir qu’ils n’ont « pas du tout de difficultés » à réussir dans leurs cours. Le pourcentage est de 17 % comparativement à 31 % pour les étudiants qui ne travaillent pas pendant l’année scolaire. Lorsque nous isolons la question du nombre d’heures travaillées par semaine, il n’y a pas de différence significative dans le cadre de la présente étude quant à la perception de ses difficultés scolaires, quel que soit l’ordre d’enseignement. Rapport synthèse 21 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire 5.5.2 Heures consacrées aux travaux scolaires Comme on doit s’y attendre, les étudiants des cycles supérieurs consacrent davantage d’heures aux travaux scolaires que les étudiants du secondaire. À l’université, 52 % des étudiants consacrent plus de 11 heures par semaine à leurs travaux scolaires, au cégep ce pourcentage est de 22 % et au secondaire de 4 %. Tableau 19 : Heures consacrées aux travaux scolaires selon l’ordre d’enseignement et le fait d’occuper un emploi ou non Heures par semaine/ travaux scolaires Secondaire Cégep Université Total (n = 438) En emploi (n = 242) Sans emploi (n= 196) Total (n = 432) En emploi (n 240) Sans emploi (n 192) Total (n = 428) En emploi (n = 282) Sans emploi (n = 146) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) 5 heures et moins 73 73 70 42 47 36 19 20 18 De 6 à 10 heures 23 20 27 36 36 37 29 29 28 De 11 à 20 heures 4 7 3 17 14 20 32 36 25 Plus de 20 heures — — — 5 3 7 20 15 29 100 100 100 100 100 100 100 100 100 Total Q. En général, combien d’heures par semaine consacres-tu à tes travaux scolaires à la maison? Contrairement au tableau précédent sur la perception de sa réussite, le fait de travailler ou pas a un impact plus significatif sur le nombre d’heures consacrées à ses travaux scolaires. Dans le cadre de la présente étude, il n’a pas été possible de mesurer un impact significatif au secondaire mais au cégep et à l’université l’impact est observable. Ainsi, au cégep, ceux qui n’occupent pas un emploi sont moins nombreux à consacrer 5 heures et moins par semaine à leurs travaux scolaires (36 % contre 47 % pour ceux qui travaillent). Tandis qu’à l’université, ceux qui n’ont pas d’emploi sont plus nombreux à consacrer 20 heures et plus par semaine à leurs travaux scolaires (29 % contre 15 % pour ceux qui travaillent). Globalement, aux cycles supérieurs, on observe une interdépendance concernant le nombre d’heures travaillées et les heures consacrées aux travaux 22 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean scolaires. Plus les étudiants allouent d’heures au travail rémunéré, moins ils en consacrent à leurs travaux scolaires. 5.5.3 Travail rémunéré et réussite scolaire Les auteurs Sales, Simard et Maheu (1996) ont bien démontré, concernant le travail rémunéré pendant l’année universitaire, que le nombre d’heures a un impact significatif sur le temps que l’étudiant consacre à son projet scolaire (cours et études). De même, ces auteurs ont observé que le nombre d’heures allouées au travail rémunéré a également des effets sur l’assiduité des étudiants et l’allongement des études. Malgré tout, leur conclusion sur la réussite renvoie au fait que le travail rémunéré a très peu d’impact sur les résultats scolaires. « Quant aux conséquences du travail rémunéré, on constate qu’il a pour effet de réduire le temps investi dans les études. Par contre, et cela peut paraître à priori paradoxal, les résultats scolaires des étudiants qui détiennent un emploi ne sont pas nécessairement plus faibles que ceux qui sont sans-emploi. On peut poser l’hypothèse que, même s’ils trouvent difficile de concilier les études et le travail rémunéré, les étudiants détenant un emploi parviennent à optimiser l’utilisation de leur temps de façon telle qu’ils peuvent être aussi « productifs » au plan académique que les sans-emploi. En revanche, certains d’entre eux ont plus de difficultés à respecter le rythme de leur programme d’études, à être assidus à leurs cours ou à ne pas les abandonner. Néanmoins, ces étudiants travailleurs estiment accorder dans leur vie une importance aussi grande à leurs études que les sans-emploi. » (Sales, Simard et Maheu, 1996 : 183). De même, Vigneault (1993) observe que la réussite au collégial est davantage expliquée par des variables telles le sexe et la réussite au secondaire que le temps consacré au travail rémunéré pendant les études au collégial. Dans un avis sur les conditions de réussite au collégial, le Conseil supérieur de l’éducation affiche d’ailleurs une certaine prudence quant à l’influence du travail rémunéré sur la réussite au collégial : « Si l’ampleur du phénomène [le travail rémunéré] ne fait pas de doute, les liens qu’il entretient avec la réussite scolaire sont cependant moins limpides. (…) bien que certaines études donnent à penser qu’il existe une relation presque directe entre le temps de travail rémunéré et l’engagement dans les études, d’autres incitent, par contre, à la prudence Rapport synthèse 23 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire dans l’interprétation et la généralisation des résultats. » (Carpentier, 1995 : 68). Au secondaire, les premiers résultats d’une enquête auprès de 22 000 jeunes Canadiens réalisée par Développement des ressources humaines Canada donne lieu à des conclusions surprenantes concernant le lien entre le taux de décrochage et le nombre d’heures consacrées au travail rémunéré. En effet, un pourcentage plus élevé de ceux qui ne travaillaient pas durant leur dernière année d’études secondaires ont décroché, comparativement à ceux qui travaillaient. À la lecture de la figure 1, on observe que le taux de décrochage était plus faible chez les jeunes qui travaillaient modérément et plus élevé chez les élèves qui étaient « sans-emploi ». Par ailleurs, selon cette figure, les effets du travail rémunéré commencent à se faire sentir à partir de 20 heures/semaine, avec un point critique à 30 heures/semaine, du moins en ce qui concerne le décrochage scolaire. Figure 1 : Taux de décrochage selon le nombre d’heures de travail rémunéré au cours de chaque semaine de la dernière année du secondaire 21 % Taux de décrochage 25 20 14 % 11 % 15 7% 10 7% 5 0 Sans em ploi 1à9 10 à 19 20 à 29 30 ou plus Heures de travail par semaine Source : Développement des ressources humaines Canada, 2002 : 40. Ainsi, le travail rémunéré pendant l’année scolaire est assurément un facteur de risque. Comme on l’observe dans la figure précédente, un nombre élevé d’heures favorise le décrochage scolaire, du moins, au secondaire. Là où le bât blesse toutefois, c’est lorsqu’il s’agit de déterminer, d’une part, le nombre d’heures par semaine que l’on peut consacrer au travail sans impact sur sa réussite et, d’autre part, les indicateurs de réussite sur lesquels on mesure l’impact du nombre d’heures du travail rémunéré (résultats scolaires, allongement des études, abandon, motivation, etc.). Selon la définition de la réussite, le nombre critique d’heures par semaine est variable suivant les 24 Trois études de cas Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay–Lac-Saint-Jean différentes études consultées, d’autant plus, si l’on tient compte de la réalité des différents ordres d’enseignement. 6. Une réalité complexe, une approche préventive Le travail rémunéré des étudiants est une réalité complexe qui demande des interventions tenant compte de cette situation. En effet, les étudiants sont de plus en plus nombreux à travailler pendant l’année scolaire; aujourd’hui plus de la moitié des étudiants travaillent à temps partiel. Les raisons de travailler sont diverses, allant du désir d’intégrer la société (de consommation), jusqu’à de strictes considérations financières comme, par exemple, payer ses frais de scolarité. Le travail rémunéré des étudiants est une dynamique qui interpelle plusieurs acteurs. En premier lieu, il y a bien entendu les étudiants eux-mêmes puisque selon l’ordre d’enseignement (secondaire, collégial ou universitaire), le rapport des étudiants au travail à temps partiel est différent; élément de valorisation pour les plus jeunes, il devient plus souvent un moyen de réaliser son projet scolaire pour les plus âgés (payer ses frais de scolarité, assurer son transport, acquérir de l’expérience). Les parents sont aussi des acteurs importants dans la dynamique du travail rémunéré des étudiants. Bien souvent la situation financière des parents (ou du parent) fait en sorte que le travail de l’étudiant s’inscrit dans le budget familial, l’argent que l’étudiant gagne étant autant de deniers que ses parents n’ont pas besoin de fournir. De même, le travail rémunéré des étudiants répond aussi aux besoins des employeurs. Ces derniers peuvent ainsi bénéficier d’une main-d’œuvre relativement flexible (moins vrai dans le cas des élèves du secondaire toutefois) et fidèle. Le monde scolaire (personnel enseignant, professionnel et cadre) est également interpellé par cette réalité du travail rémunéré. L’étude a relevé que les étudiants du secondaire, à tort ou à raison, se sentent incompris de la part des différents acteurs scolaires quant à leurs difficultés de concilier le travail et les études. En ce qui concerne les cycles supérieurs, les étudiants ont plutôt tendance à choisir un régime d’étude selon leur situation financière ou valeur (temps partiel ou temps plein), ou bien, à négocier les horaires de cours en fonction des exigences de leur travail. Par ailleurs, le lien présumé négatif entre le fait de travailler pendant l’année scolaire et la réussite de ses études est à nuancer. À ce jour, il n’est pas possible de déterminer le nombre d’heures par semaine qu’un étudiant peut consacrer au travail sans impact sur sa réussite. Selon la définition de la réussite (résultats scolaires, allongement des études, abandon, présence d’aspirations scolaires, etc.), le nombre critique d’heures par semaine est variable. Les recherches sur la relation entre le travail pendant l’année scolaire et la Rapport synthèse 25 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire réussite scolaire sont équivoques dès qu’on rentre dans le modèle d’autres variables comme la capacité d’apprendre, les échecs scolaires, l’estime de soi académique, la motivation et les notes au secondaire. Dès lors, une trop grande place accordée au travail rémunéré pendant l’année scolaire pourrait tout aussi bien être un symptôme chez l’étudiant d’un rapport problématique à l’éducation. Ainsi, bien qu’il s’agit d’une réalité complexe et qui reste à documenter, le travail rémunéré des étudiants pendant l’année scolaire demeure tout de même un facteur de risque qui commande des interventions. Une approche préventive, plutôt que coercitive, semble dans le présent contexte la voie à privilégier, d’autant plus que le travail rémunéré des étudiants a aussi des impacts positifs, notamment en ce qui concerne le développement de l’autonomie et de compétences. Cette approche préventive aurait l’avantage de s’adapter aux réalités des ordres d’enseignement et de mettre à contribution les différents acteurs interpellés par ce phénomène. À titre suggestif, voici des pistes d’intervention qui pourraient faire l’objet d’une mise en œuvre : 26 valoriser l’établissement scolaire comme milieu de vie : vie étudiante, activités parascolaires, stages d’un jour, possibilités de travail rémunéré en milieu scolaire (notamment au cégep et à l’université), etc.; sensibiliser les parents concernant la conciliation du travail et des études (travail comme facteur de risque) et le rôle d’accompagnement qu’ils peuvent jouer auprès de leur enfant dans la gestion de leur temps (cours, travail scolaire, emploi, loisir, etc.); offrir aux étudiants des ateliers, de l’accompagnement, du tutorat ou des cours sur la gestion du temps et de l’agenda, la création d’un portfolio, les lois régissant le marché du travail, etc. impliquer le personnel responsable de l’information et de l’orientation scolaire dans des projets de conciliation travail-études (par exemple dans une approche orientante); accroître la responsabilité des employeurs comme partenaires de la réussite (reconnaissance du dossier scolaire de leurs employés, messages de persévérance scolaire, etc.). Trois études de cas Bibliographie BIBLIOGRAPHIE AUDET, M. 1995. L’occupation d’un emploi durant les études : les caractéristiques, les effets et l’évolution de la situation au cours de la dernière décennie. Ministère de l’Éducation, Direction générale des affaires universitaires et scientifiques, 160 pages. BISSON, L. 1998. Conseil permanent de la jeunesse. Étudier et travailler! Des recommandations pour soutenir les jeunes de 16 ans et moins. Ministère du Conseil exécutif, 5 pages. BISSON, L. 1992. Élèves au travail. Le travail des jeunes du secondaire en cours d’année scolaire. Avis du Conseil permanent de la jeunesse, 55 pages. CARPENTIER, R. 1995. Des conditions de réussite au collégial. Réflexion à partir de points de vue étudiants. Conseil supérieur de l’éducation, Avis au ministre de l’Éducation, 118 pages. CLOUTIER, R. et G. LEGAULT. 1991. Les habitudes de vie des élèves du secondaire. Rapport d’étude. Ministère de l’Éducation, Direction de la recherche, 74 pages. 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Rapport synthèse 27 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire 28 Trois études de cas Annexe 1 Annexe 1 : Tableaux statistiques complémentaires Tableau 1 : Lieu de résidence et occupation d’un travail rémunéré pendant l’année scolaire chez les étudiants universitaires (n = 427) Occupation d’un emploi Lieu de résidence Oui Non Total (%) (%) (%) Parents 74 26 100 Autres 55 45 100 (p < 0,001) Tableau 2 : Famille de programme et occupation d’un travail rémunéré pendant l’année scolaire chez les étudiants universitaires (n = 419) Occupation d’un emploi Famille Oui Non Total (%) (%) (%) Génie/biologie 37 63 100 Administration 79 21 100 Travail social/psychologie 73 27 100 Arts 40 60 100 Littérature 67 33 100 Histoire/politique 57 43 100 Enseignement 76 24 100 (p < 0,001) Tableau 3 : Sexe et moyenne des heures travaillées par semaine chez les étudiants du secondaire (n = 231) Sexe Moyenne (N heures) Fille 10 Garçon 12 (p < 0,05) Rapport synthèse 29 Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire Tableau 4 : Sexe et travail de nuit chez les étudiants du secondaire (23 à 6 heures) (n = 32) Mention (travail de nuit) Sexe (%) Fille 60 Garçon 40 Total 100 (p < 0,05) non significatif Tableau 5 : Sexe et importance du travail pendant l’année scolaire chez les étudiants du secondaire (n = 239) Importance du travail pendant l’année scolaire Sexe Plus Aussi Moins important important important que les études que les études que les études (%) (%) (%) Total (%) Fille 1 38 61 100 Garçon 8 48 44 100 (p < 0,01) Tableau 6 : Moyenne d’heures travaillées chez les étudiants du cégep et importance du travail pendant l’année scolaire (n = 237) Importance du travail pendant l’année scolaire Plus important que les études (%) Aussi important que les études (%) Moins important que les études (%) Moyenne de 15 heures/semaine 1 25 74 100 Plus de 15 heures/semaine 5 40 55 100 Moyenne Total (%) (p < 0,01) 30 Trois études de cas Annexe 1 Tableau 7 : Principale raison de travailler et opinion si le revenu de son travail est indispensable chez les étudiants universitaires (n = 278) Revenu indispensable Raison de travailler Oui Non Total (%) (%) (%) Logement/épicerie 91 9 100 Frais scolaires 80 20 100 Voiture 60 40 100 Vêtements/loisirs 11 89 100 Acquérir de l’expérience 24 76 100 (p < 0,001) Tableau 8: Lieu de résidence et opinion si le revenu de son travail est indispensable chez les étudiants universitaires (n = 278) Revenu indispensable Lieu de résidence Oui Non Total (%) (%) (%) Parents 56 43 100 Autres 77 23 100 (p < 0,001) Tableau 9: Moyenne d’heures travaillées et degré de difficulté à concilier les études et le travail chez les étudiants du cégep (n = 239) Degré de difficulté Moyenne Total (%) Pas du tout (%) 26 36 32 100 38 25 19 100 Souvent Parfois Peu (%) (%) Moins de 15 heures/semaine 6 Plus de 15 heures/semaine 18 (%) (p < 0,05) Rapport synthèse 31 Annexe 2 Annexe 2 : Synthèse des résultats Éléments Secondaire Cégep Université Dolbeau Alma Chicoutimi Pourcentage d’étudiants qui travaillent pendant l’année scolaire Moyenne d’heures consacrées à un emploi par semaine 55 % 55 % 65 % 11 heures 16 heures 17 heures Observations Plus de la moitié des étudiants travaillent pendant l’année scolaire. Les universitaires semblent plus nombreux à travailler pendant l’année scolaire. Les étudiants des cycles supérieurs consacrent davantage d’heures que les étudiants du secondaire. Raisons de travailler (par ordre d’importance) Intégration Autonomie Responsabilités Ambivalence (se rapprochant du secondaire) Frais scolaires Intégration Expérience L’importance accordée au travail rémunéré pendant l’année scolaire est plus grande chez les étudiants du secondaire. Pour eux, c’est un élément de valorisation. Perception de ses difficultés à concilier études et travail rémunéré Peu ou pas du tout difficile Peu ou pas du tout difficile Souvent ou parfois difficile Renversement de la tendance au niveau universitaire. 81 % 57 % 59 % Type de gestion de temps (école-travail-loisir) Impact sur des éléments de réussite scolaire Au secondaire, l’encadrement est plus rigide (horaires scolaires, parents, régime d’études). Essai / erreur Ambivalence Performance Motivation scolaire (élèves en difficulté) Heures consacrées aux travaux scolaires Heures consacrées aux travaux scolaires Au secondaire, un nombre important d’heures allouées au travail cache d’autres réalités (faible motivation, échec, difficultés familiales, etc.). Risque de décrochage Allongement des études (abandon de cours) Allongement des études (abandon de cours) Le travail pendant l’année scolaire fait partie intégrante de la stratégie économique des étudiants. Prise en charge, maturité, aide à s’orienter Fatigue Débordement dans la gestion du temps Prise en charge, maturité, aide à s’orienter Rapport synhèse Lien positif entre le nombre d’heures travaillées et la perception de ses difficultés (cégep et université) Aux cycles supérieurs, les étudiants négocient leurs horaires scolaires et de travail rémunéré. Permet de demeurer à l’université (indispensable) 33