TERRE de Haute-Marne - Chambre d`agriculture de Haute
Transcription
TERRE de Haute-Marne - Chambre d`agriculture de Haute
N°1 TERRE de Haute-Marne La lettre des agriculteurs aux élus - Mars 2015 N°1 n En savoir plus Les missions de la Chambre d’agriculture de la Haute-Marne Une large part de l’activité de la Chambre est dédiée à des missions de services publics (identification des cheptels, centre de formalité des entreprises…) ou à des actions d’intérêt collectif. Les missions à enjeux collectifs sont très variées et souvent multipartenariales. Citons le développement des filières locales, la protection de l’eau, la gestion des déchets, la recherche & développement. De plus la Chambre d’agriculture développe de nombreuses prestations de services principalement à destination des agriculteurs (formation, appui administratif, conseils) mais aussi à destination des territoires organisés. La qualité de ses actions de conseils et de formation est certifiée par l’AFNOR. n Sommaire • L’agriculture haut-marnaise : enjeux 2015-2020 • Village d’accueil, la garantie d’un cadre de vie de qualité durable. • Reportage: Méthaniseur, exemple d’un projet collectif à Chalancey, au Sud du département. • Protection de l’eau et agriculture. • Quelques règles d’épandage des effluents. n Agenda Conférence Air Climat Energie : L’adaptation au changement climatique dans le secteur agricole et forestier champardennais : Mardi 07 avril à 13 h 30 au complexe du Mont Bernard Châlons en Champagne, à la Maison Régionale de la Forêt et du Bois. Edito L e code rural identifie les Chambres d’agriculture comme l’interface entre le monde agricole et les collectivités. Ainsi par cette lettre, que nous espérons pouvoir vous adresser trois à quatre fois dans l’année, notre souhait est de vous informer de l’actualité agricole haut-marnaise afin de vous aider, à œuvrer, comme nous, au rapprochement entre tous les acteurs de la ruralité. En effet, il nous semble que mieux nous connaître doit nous permettre de mieux partager l’espace rural, de mieux travailler et vivre ensemble. Dans cette lettre nous souhaitons aussi valoriser les projets et réalisations innovantes, sources de dynamisme en terme de développement de l’emploi, de protection de l’environnement. Qu’il s’agisse d’économie d’énergie, de production et valorisation de biomasse, de préservation des sols et de la ressource en eau. Impliqué dans le développement de nos territoires, nous souhaitons aussi vous alerter, si besoin, sur les menaces qui pèsent sur l’agriculture et solliciter votre implication dans nos projets de développement des filières locales. Enfin cette lettre ambitionne de promouvoir nos compétences en terme d’accompagnement de démarches collectives, des compétences que nous tenons à votre disposition. Espérant que vous y trouviez un intérêt, nous vous souhaitons bonne lecture… Pour la Chambre d’agriculture de la Haute-Marne Le Président Christophe FISCHER AGRICULTURE & TERRITOIRES L’agriculture haut-marnaise : ENJEUX 2015-2020 L’agriculture occupe près de la moitié du territoire haut-marnais. Globalement, en 2010, la ferme haut-marnaise employait 6 150 actifs représentant 3 650 unités de main d’œuvre. Il s’y ajoute près de 1 000 emplois dans les organisations professionnelles et autant dans l’industrie agroalimentaire, et la mécanique agricole. Au total, l’agriculture et ses activités périphériques occupent près de 10 % des actifs haut-marnais. Il faut noter que, sur les 2 245 exploitations recensées en 2010, près d’un millier ont une taille inférieure à 100 ha, ce qui, pour les structures céréalières ou de polyculture élevage est un seuil minima. Pour envisager dégager un revenu suffisant de la seule activité agricole. La pluriactivité des agriculteurs est donc fréquente et justifie que le nombre des UTA* haut-marnaises soit très inférieur à celui des actifs agricoles (-40 %). L’agriculture haut-marnaise pénalisée par des sols à faible potentiel, et le classement de l’intégralité du département en zone vulnérable contraint fortement les pratiques culturales. Ainsi, en 2013, comme souvent, l’agriculture haut-marnaise affiche des rendements de 15 à 20 % inférieurs à ceux de la Champagne Ardenne. En Haute-Marne, près de 60 % des exploitations détiennent un cheptel à l’instar de ce qui est observé en France. Les prairies permanentes y occupent encore près du tiers des surfaces agricoles soit 15 % du territoire quand elles n’en couvrent plus que 3 et 4 % dans la Marne et dans l’Aube. Le cheptel haut-marnais (206 000 têtes) compte 33 000 vaches allaitantes et 41 000 vaches laitières. En 2013, QUELQUES CHIFFRES En Haute-Marne, une exploitation agricole compte en moyenne : • 183 ha de surface agricole utile dont 60 ha de prairies permanentes (32 %) • 1.38 unités de main d’oeuvre hors salariés (1 unité en Champagne Ardenne et 1.1 en France) • 98 ha par unité de main d’oeuvre hors salariés (106 ha pour la Champagne Ardenne et 58 ha en France métropolitaine) l’effectif moyen des 570 ateliers « lait » est de 70 vaches traites et reflète la multiplication des regroupements d’élevages, lesquels sont nécessaires pour amortir les investissements nécessaires aux mises aux normes et à l’amélioration des conditions de travail. Depuis 10 ans, la Haute-Marne perd en moyenne 97 exploitations par an dont 64 exploitations de plus de 50 ha, elle a aussi perdu 1 000 actifs agricoles et 6 800 vaches mères. Une tendance qu’il nous appartient d’inverser en soutenant les filières d’élevage et la création d’ateliers de production et de transformation à forte valeur ajoutée, d’autant que la disparition d’un troupeau peut provoquer le retournement d’une centaine d’hectares de pâture ou leur enfrichement. NB : Les sources utilisées pour la rédaction de cet article sont celles de l’Agreste 2 013 et de l’observatoire de l’élevage *SAU : Surface Agricole Utile - UTA : Unité de Travail Agricole Village d’Accueil LA GARANTIE D’UN CADRE DE VIE DE QUALITÉ DURABLE Créé en 1980, ce label avait besoin d’une nouvelle dynamique. Reprenant son animation, la Chambre d’agriculture, en partenariat avec les communes labellisées, a défini de nouvelles exigences pour délivrer le fameux panneau. L’objectif est de référencer et promouvoir les communes de moins de 2 000 habitants prenant en compte la préservation de l’environnement dans leur projet d’amélioration de leur cadre de vie. L’ambition est de faire de ce label la garantie de la qualité de vie afin d’aider les arrivants sur notre territoire de Haute-Marne à choisir leur commune de résidence. L’attribution du label sera validée par un jury sur la base d’éléments illustrant les politiques et les actions mises en œuvre par la commune. Les villages demandant la labellisation recevront une grille de collecte pour les aider à constituer leur dossier de candidature. Les équipes municipales pourront prendre le temps nécessaire pour compléter et renvoyer le dossier, et si besoin, elles pourront solliciter l’aide d’Aurélie SENCE, animatrice du réseau Village d’accueil à la Chambre d’agriculture. CONTACT : Aurelie SENCE 03 25 35 02 89 REPORTAGE A l’heure actuelle, sur notre département, une seule installation de méthanisation fonctionne, à Colombey-lès-Choiseul. Fin 2015, 4 nouvelles constructions seront opérationnelles en valorisant uniquement des matières agricoles (effluents d’élevage, intercultures, paille…). MÉTHANISEUR : EXEMPLE D’UN PROJET COLLECTIF À CHALANCEY, AU SUD DU DÉPARTEMENT. Ce projet de méthanisation émerge en 2011 porté par le seul GAEC du Thillot, à Mouilleron. Il fait alors l’objet d’une étude d’opportunité réalisée par la mission Bioénergies de la Chambre d’agriculture. Au travers une approche technico-économique, cette étude mettait en évidence la faible rentabilité du projet avec la seule biomasse du GAEC, et ce, malgré la perspective d’une valorisation de la chaleur sur la fromagerie Germain à Chalancey. En parallèle, le bureau d’études OPALE Energies Naturelles réalisait une étude de programmation sur le développement de la méthanisation pour et à l’échelle de la Communauté de Communes d’Auberive, Vingeanne et Montsaugeonnais. Devant le potentiel de valorisation de la chaleur sur la fromagerie de Chalancey, le bureau d’études a encouragé le développement d’une unité de méthanisation collective pour une meilleure rentabilité de l’installation. Très motivés par leur projet, accompagnés techniquement par la Chambre d’Agriculture, et OPALE EN, et soutenu par l’intercommunalité, les exploitants du GAEC du Thillot ont fédéré à la démarche collective le GAEC Saint-Bernard (Villemoron), le GAEC du Champet (Mouilleron) et le GAEC de la Chapelotte (Chalancey). Ce projet collectif répond donc aux besoins en chaleur de la fromagerie mais avant tout à leur besoin de valorisation des effluents. Les intérêts majeurs de ce projet collectif résidaient dans la valorisation de la chaleur sur la fromagerie ainsi que dans n En savoir plus La méthanisation est un procédé biologique naturel qui permet de valoriser des matières organiques. Ces matières, effluents d’élevage, biomasse verte, déchets verts des collectivités, déchets d’industrie agro-alimentaire, sont placés dans des cuves ou silos fermés hermétiquement. Les matières vont fermenter et produire un fertilisant, le digestat et une énergie renouvelable, le biogaz qui alimente généralement un cogénérateur avec production d’électricité et de chaleur ou bien qui, épuré, peut être injecté dans le réseau de gaz de ville. Début de chantier en janvier 2015 pour une mise en service à l’été prochain. l’amélioration des pratiques agricoles et de la valorisation de effluents agricoles par la production d’énergie renouvelables. Bien que la fromagerie ait finalement décliné la proposition de raccordement au réseau de chaleur de l’unité de méthanisation, le projet a crée une dynamique de territoire fortement soutenue par les élus locaux Le méthaniseur sera une réalisation impactant le tissu économique local grâce à la création de plusieurs emplois par l’installation de deux jeunes et l’embauche d’un salarié. Soutenue par l’ADEME et le Conseil Régional, la mission Bioénergies de la Chambre d’Agriculture de Haute-Marne est l’interlocuteur local des agriculteurs mais aussi des collectivités qui souhaitent étudier les opportunités de leur projet de valorisation de biomasse en énergies renouvelables. QUELQUES CHIFFRES Investisseurs : 4 GAEC comptant au total 14 associés et la société OPALE Energies Naturelles Investissement matériel : environ 3 millions d’euros Intrants : 13 330 tonnes/an, 100 % agricole dont 92% d’effluents d’élevage, issus des 4 GAEC Energie produite : 340 kW électrique soit les besoins en électricité d’environ 580 foyers. La chaleur permettra de sécher le digestat et des fourrages. Mise en service : 2ème trimestre 2015 Aides publiques : ADEME et Conseil Régional via le FREC Europe via le FEADER GIP Haute-Marne EDF CONTACT : Pauline BONNET 03 25 35 02 86 COMPRENDRE LES RÉGLEMENTATIONS QUELQUES RÈGLES D’ÉPANDAGE Par épandage, il faut comprendre l’apport au sol de matières organiques (effluents d’élevage –boues de station) compostées ou non compostées. Les distances renseignées ci-dessous s’appliquent à minima : PROTECTION DE L’EAU ET AGRICULTURE De nombreuses communes de Haute-Marne possèdent leur captage d’eau potable et en assurent la gestion. A ce jour, seul un tiers des captages est protégé des pollutions accidentelles par arrêté préfectoral, une procédure obligatoire au 01 janvier 2016 et qui, sur l’expertise d’un hydrogéologue, prescrit les contraintes pour les diverses activités (agriculture, circulation, habitats, exploitation de carrières et forêts…) existant dans les divers périmètres de protection dits immédiat et rapproché voire éloigné. De plus, sur le département, 60 captages ont été identifiés prioritaires et leurs exploitants peuvent bénéficier d’un appui à toute démarche volontaire de protection contre les pollutions diffuses dans leur aire d’alimentation. Dans ce cadre, après délimitation de l’aire d’alimentation, une intervention de la M.A.P.E * identifie les pratiques à risque et recherche, avec les agriculteurs concernés, des solutions pour permettre le maintien de l’activité agricole tout en préservant la qualité de l’eau. Parfois l’agriculteur modifiera ses rotations et donc son assolement ce qu’il doit pouvoir faire avec un maintien de son revenu. D’autres fois, il modifiera les techniques de travail du sol. Souvent, l’agriculteur implantera des cultures intermédiaires qu’il valorisera comme engrais verts ou comme fourrages… Pour l’ensemble des captages qu’il reste à protéger en Haute-Marne, l’expérience des salariés de la Chambre d’agriculture et des agriculteurs impliqués dans la M.A.P.E est à valoriser afin de trouver des alternatives aux interdictions formulées par les hydrogélogues. Les contraintes émises fragilisent souvent l’agriculture comme par exemple l’obligation de maintien des prairies tout en interdisant les épandages d’effluents. Le lien fort entre monde agricole et collectivités est un gage de réussite de ces procédures dont l’objectif commun est de préserver la qualité de l’eau. *M.A.P.E : Mission Agronomique de Protection de l’Eau, créée pour la protection des captages prioritaires avec le soutien des agences de l’eau Rhin-Meuse et Seine-Normandie. CONTACT : Cécile DECHAUX 03 25 35 03 22 • Sources-Puits-Forages : 35 mètres, • Captage d’eau (sans arrêté de protection) : 50 mètres, • Cours d’eau : 35 mètres (réduit à 10 mètres si présence d’une bande enherbée), • Plages -Lieux de baignade : 200 mètres, • Habitations ou locaux occupés par des tiers : • 10 mètres si effluents compostés, • 15 mètres si fumiers de bovins et porcins compacts après au minimum 2 mois de stockage ou autres effluents, • 50 mètres pour tous types d’effluents (15 mètres si injection directe au sol), • 100 mètres si épandage avec des dispositifs type buses... A l’exception des composts, l’épandage sur terres nues impose un enfouissement dans les 24 heures pour les fumiers compacts et dans les 12 heures pour les autres effluents. Le stockage des fumiers et composts en bout de champ est autorisé au maximum pendant 10 mois, sous réserve de l’absence d’écoulement de jus et sous réserve du respect des distances sus citées. Il ne peut se faire sur un même site que tous les 3 ans. Des règles complémentaires peuvent être éditées notamment sur les aires d’alimentation de captage dès lors que, en raison de la structure du sol, des risques de pollutions de la nappe étaient avérés. Le maintien de surfaces épandables à proximité des élevages est un impératif économique car il faut environ un hectare par vache reproductrice selon les normes d’épandage actuelles (170 unités d’azote organique/ha), cette vache permettant la valorisation d’un hectare de prairies. Notons que la M.V.A.D (Mission de Valorisation Agricole des Déchets) accompagne les plans d’épandage de boues des stations d’épuration. Ces épandages concernent plus de 600 hectares et sont nécessaires à l’élimination de nos effluents domestiques. Pour éviter les risques de pollution de l’eau tout en maintenant des surfaces épandables, il est possible de réglementer les épandages en imposant des fractionnements, en limitant les périodes dans l’année, en imposant la présence d’un couvert végétal … Protéger la qualité de l’eau est vital et impose souvent une adaptation des pratiques agricoles dans les zones d’alimentation des captages. La M.A.P.E* est experte en la matière, elle s’est aguerrie à cet exercice depuis 2011. CONTACT : Stéphane LE ROUSIC 03 25 35 03 33 Publication : Chambre d’agriculture de la Haute-Marne Renseignement : 03.25.35.00.60 www.haute-marne.chambagri.fr Mise en page : Avenir Agricole et rural