CourrierCSA-France 2-91216
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Conseil Supérieur de l’Audiovisuel Tour Mirabeau 39-43, quai André-Citroën 75739 Paris cedex 15 Paris, le 9 décembre 2016 Lettre recommandée A/R 2C 096 140 0146 5 Objet : Traitement des informations relatives à l’action d’INTERBEV dans les restaurants scolaires et plus largement dans les écoles diffusées au JT de 20h du 6 décembre 2016 ayant pour titre « Quand l’industrie de la viande s’invite dans les écoles » Madame, Monsieur, La séquence « l’œil du 20h » du JT de France 2 a consacré le 6 décembre un sujet de près de 3 minutes exclusivement à charge sur le rôle d’INTERBEV dans l’organisation d’animations pédagogiques menées en restauration scolaire et plus largement dans les écoles. Le journaliste en charge de ce reportage, Damien Brunon, nous a contactés pour avoir des informations plus précises sur la manière dont ces opérations étaient organisées. Nous avons pris le temps nécessaire pour nous entretenir avec lui par téléphone dans un premier temps et avons donné suite à sa demande d’interview avec Marc Pagès, Directeur Général d’INTERBEV. Les questions posées par Monsieur Brunon parfois accusatrices, pressentaient déjà un fort parti pris. Toutefois, nous ne pouvions imaginer la diffusion d’un tel rendu, aussi à charge, qui plus est dans un journal télévisé de grande écoute et sur une chaîne publique de surcroit dont l’une des missions, nous semble-t-il, est d’informer le téléspectateur de la façon la plus objective qu’il soit. C’est pourquoi, nous ne pouvons pas laisser passer, sans réagir, un traitement aussi caricatural des différentes opérations menées dans le cadre de notre Interprofession. Tout d’abord, nous tenons à rappeler qu’INTERBEV ne peut se réduire à ces termes plusieurs fois mentionnés comme « l’industrie de la viande » ou « lobby de la viande ». Pour rappel, INTERBEV est une organisation interprofessionnelle reconnue par le droit européen. Elle représente la filière de l’élevage et des viandes : des producteurs jusqu’aux distributeurs, soit plus de 500 000 hommes et femmes qui travaillent dans ce secteur d’activité. Il existe donc un cadre juridique précis dans lequel s’inscrit l’action d’INTERBEV et lui confère une légitimité incontestable auprès des institutions européennes et des pouvoirs publics français pour notamment informer sur les productions qu’elle représente. Nous ne nous « invitons pas » dans les écoles et nous n’imposons aucune de nos animations quelles qu’elles soient. Libre au responsable de la restauration scolaire ou à l’enseignant de les mettre en place au sein de son restaurant scolaire ou de sa classe. Nous constatons aujourd’hui que les liens entre les consommateurs et leur alimentation se distendent et qu’il est nécessaire de leur expliquer d’où vient la viande qu’ils mangent ; c’est pourquoi il nous semble important que l’équipe pédagogique puisse être informée de toute initiative mise en place pouvant les aider à éduquer les enfants sur l’origine des aliments. Le journaliste pointe du doigt le fait que nous n’avons pas l’agrément de l’Education Nationale. C‘est exact mais cela ne constitue pas aujourd’hui un critère obligatoire pour proposer une animation dans une école. En revanche, nous lui avons signalé à plusieurs reprises que toutes nos animations pédagogiques étaient validées par le Programme National pour l’Alimentation et le Programme National Nutrition Santé. Jamais ces programmes ministériels pourtant officiellement reconnus n’ont été cités dans le reportage. De plus, nos outils pédagogiques s’inscrivent dans le programme scolaire (notamment, l’étude du monde du vivant, de l’équilibre alimentaire et plus globalement de l’éducation à l’alimentation). Les notions liées à l’Éducation au Développement Durable font partie intégrante de ce programme pédagogique ; elles ont notamment pour objectifs de « se démarquer nettement des messages catastrophistes ou militants souvent véhiculés par les media, et permettre aux élèves d'amorcer une réflexion personnelle amenant à moduler certaines idées reçues » (Circulaires n°204-110 du 8 juillet 2004 et n°2007-077 du 29 mars 2007). De même, nous sommes surpris que Monsieur Brunon n’ait pas précisé non plus que l’ensemble de nos actions respectaient les recommandations officielles du GEM RCN (Groupe d’Etudes des Marchés de Restauration Collective et Nutrition) concernant la proposition de menus dans les restaurants scolaires. Au-delà des aspects de quantités et de fréquence de la présentation des différentes catégories d’aliments, ces recommandations s’inscrivent également dans le cadre d’une éducation alimentaire plus globale ainsi, la mise en avant de l’intérêt des « viandes piécées » a pour objectif de diversifier l’offre alimentaire mais aussi favoriser l’éducation au goût et la mastication. Nous sommes également stupéfaits du choix des témoignages sélectionnés par le journaliste qui sont volontairement partiels et réducteurs. Pour n’en citer que quelques-uns : l’extrait d’une de nos vidéos d’animation pédagogique qui montre un animateur parlant de viande et d’élevage auprès des enfants. Cette animation ne repose pas uniquement sur cette séquence puisqu’elle parle avant tout d’équilibre alimentaire et que tous les groupes d’aliments sont aussi passés en revue. Permettez-nous de vous informer enfin que les animations que l’on mène sur ce thème sont dispensées par des diététiciennes libérales. Elles sont garantes d’un discours qui respecte l’équilibre alimentaire et ce, quelle que soit la catégorie d’aliment évoqué. C’est bien cette notion que nous mettons en avant quels que soient nos supports d’animation ainsi que l’a répété à plusieurs reprises Marc Pagès lors de son entretien avec Damien Brunon. Enfin, on ne peut que déplorer la succession de témoignages visant uniquement à décrédibiliser ces opérations et à les rendre scandaleuses aux yeux du téléspectateur : le témoignage de parents d’élève « non prévenus » qui s’érigent contre ce dispositif, un directeur d’école de la ville de Bordeaux qui « regrette d’avoir mis en place cette opération »… Chacun est libre d’avoir son opinion, c’est un droit. Cependant, comment se fait-il que pour un sujet comme celui-ci, il n’y ait eu aucun autre point de vue ? Comme si cela était volontaire de ne laisser entendre qu’une seule voix ? Le « procès » est-il équilibré ? C’est pourquoi, au regard de toute cette analyse, nous déposons un signalement auprès du CSA afin que soit procédé à l'examen du sujet « quand la viande s’invite à l’école » le 6 décembre 2016 à 20h31 sur France 2. Nous considérons que la diffusion de ce reportage porte atteinte à la déontologie de l'information et tout particulièrement à son honnêteté. Le préjudice occasionné par le traitement de ce sujet est inacceptable pour la filière élevage et viande que je représente. Dans l’attente de votre retour, je vous prie d’accepter Madame, Monsieur, l’assurance de mes salutations distinguées. Le Président Dominique LANGLOIS Copies : Michel Field, Directeur de l’information France 2 ; Agnès Vahramian, Eléonore Gay, Sébastien Renout, Rédaction en chef France 2 ; Delphine Moninot, Responsable d’édition ; David Pujadas, Présentateur JT France 2 ; Damien Brunon, journaliste France 2