Renforcement de la Professionnalisation de la Gestion des
Transcription
Renforcement de la Professionnalisation de la Gestion des
Renforcement de la Professionnalisation de la Gestion des Ressources Humaines dans la Fonction Publique en Afrique Atelier à l’intention du Personnel Chargé des Ressources Humaines en Afrique sur le “Renforcement des Capacités des Ressources Humaines pour la Réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement de l’Afrique” Cotonou, République du Bénin du 12 au 16 avril 2010 GENERALITES SUR LES QUESTIONS, DEFIS ET PERSPECTIVES POUR UNE GESTION EFFICACE DES RESSOURCES HUMAINES DANS LA FONCTION PUBLIQUE EN AFRIQUE Odette Ramsingh RESUME A mesure que se rapproche la date butoir pour l’atteinte des OMD, sans oublier la récession planétaire, les priorités contradictoires se posent dans les pays en développement et les objectifs de développement ont augmenté la pression de travailler avec des ressources limitées. L Afrique a été assaillie par des problèmes de capacité et sa fonction publique requiert des ressources humaines pour répondre avec efficacité aux besoins de développement aigus des pays. L’efficacité organisationnelle dépend de la gestion des ressources humaines qui a son tour, a des incidences sur les performances de développement nationales. Plus vite cette réalité sera reconnue et plus rapides seraient les efforts pour construire un cadre professionnel de fonctionnaires sur le continent. Le présent document examine la gestion des ressources humaines dans la fonction publique en Afrique et est fondé sur l’idée que tant que le sens de la fonction des ressources humaines n’aura pas été complètement reconnu, les défis que pose la discipline continueront. L’Afrique en particulier ne peut pas ignorer les avantages liés à la gestion efficace des ressources humaines. 1. INTRODUCTION En juin 2010, la coupe du monde de football se déroulera dans un pays africain pour la première fois de l’histoire de la Fédération internationale de football association (FIFA). Au centre du succès de cet effort, se trouve le rôle de la fonction publique, qui est le principal instrument de l’état en matière de planification et d’exécution. Longtemps après que se seront tus ‘les tambours et les trompettes’ de cet événement grandiose, les exigences sur la fonction publique auront pris des connotations plus effrayantes lorsqu’on les examinera dans le cadre des incidences de la récession mondiale et du rapprochement progressif du délai fixé pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Intimement lié à tous ces événements est le défi inexorable pour respecter les exigences de développement et de sécurité de la population africaine en forte croissance. Avec la croissance des démocraties émergentes en Afrique, les gouvernements africains recherchent des moyens pragmatiques pour fournir des services en vue de l’allègement de la pauvreté et de la prestation de services. La responsabilité des décisions qui concernent les pauvres repose toujours sur l’état, et la possibilité pour la fonction publique africaine d’assumer toutes ses responsabilités dépend de la disponibilité et de la gestion efficace de ses ressources humaines. Le présent document tente de donner un aperçu de la gestion des ressources humaines en Afrique. Compte tenu de ce large tableau d’expériences en Afrique, chacune d’elles est unique en son genre, il serait presqu’impossible de saisir les efforts, les perspectives et les défis multidimensionnels de la gestion des ressources humaines en Afrique. Pour commencer à aborder le contenu du sujet, le document va donc se limiter à la gestion des ressources humaines dans le contexte de la réforme du secteur public, sur la base des expériences vécues dans trois pays africains : l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Sud-Soudan. Alors que le caractère et le contexte des états africains sont différents, il subsiste toutefois des expériences partagées reconnues et des défis génériques qui résonnent à travers le continent. Le document donnera une généralité de ces questions communes, tout en les situant dans le contexte des objectifs des OMD. COMMENT LA REFORME DE LA FONCTION PUBLIQUE CHANGE LA FACE DES RH DE LA FONCTION PUBLIQUE Le processus de la mondialisation a rendu presqu’impossible aux états africains la résistance aux tendances mondiales, particulièrement venant des puissantes agences d’assistance et des institutions financières internationales, qui font de la réforme de la fonction publique le critère pour l’investissement et la coopération. La réforme de la fonction publique est donc devenue vitale dans les économies en développement aux niveaux national et des gouvernements locaux. Premièrement, dans un effort visant à utiliser les ressources limitées et dans certains cas les ressources humaines et financières en réduction constante, il est devenu nécessaire pour les gouvernements de ré-initier et de réinventer l’administration du gouvernement. Pendant plus de 50 ans, la fonction publique a subi des changements en vue du 1 Co-écrit par Odette Ramsingh and Ogochukwu Nzewi renforcement de la prestation de services publics. L'essor de l'innovation et de la recherche en gestion des services publics a également abouti à l'adoption de pratiques en matière de gestion de ressources humaines qui mettent l’accent sur la formation et le développement, la gestion des performances, les relations de travail efficaces, et la révision des normes de rémunération des employés pour ne citer que ces points. Deuxièmement, à mesure que la société change, et que la connaissance se développe, le degré de consensus sur la nécessité de reformer le secteur public s’est accru. Par conséquent, à mesure que la société se développe, la gestion du secteur public a adapté des prescriptions orthodoxes dans des principes plus ingénieux. Par défaut, la gestion des ressources humaines dans le secteur public est également en train de subir un processus de transformation. Par exemple, l’écart entre les politiques et l’administration publique a disparu à mesure que les administrateurs du secteur public se sont plus impliqués dans la formulation de politiques de l’état2. Des principes de mérite ont été remis en cause par la nécessité croissante d’inclure les minorités et les personnes défavorisées (par exemple les femmes et les personnes handicapées) au sein du gouvernement, la professionnalisation du secteur public et la force croissante du syndicalisme et des négociations collectives. Le contrôle hiérarchique de Weber a cédé la place à l’évolution de la gestion des ressources humaines telle que la dévolution de l’autorité et une gestion plus souple des RH. Finalement, le principal objectif des réformes est d’améliorer l’efficacité en matière de prestation de services par la recherche d’options de prestations de services réalisables et durables. Toutefois, comme on le verra à la section suivante, la réforme du secteur public, et par implication la gestion des ressources humaines en Afrique, est entravée par de multiples séries de questions. Par conséquent, les défis posés aux ressources humaines du secteur public en Afrique devraient être examinés dans le contexte du développement institutionnel, sociopolitique et des réalités culturelles, économiques générales ainsi que des niveaux de services tels que les soins de santé, les infrastructures et l’éducation. Bien plus spécifiques et importantes dans le cadre cette présentation sont les dimensions politiques et sociales des mesures de politiques et de la politique au niveau des états pris individuellement, ainsi que de la pression de la mondialisation pour la réforme de la fonction publique dans les pays africains. DIMENSIONS HISTORIQUES, INSTITUTIONNELLES ET POLITIQUES SOLIDES DU REGIME DU DEVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES AFRICAINES EN PLEIN ESSOR La structure institutionnelle du secteur public dans les pays africains au cours de la période post coloniale, était héritée des systèmes de gouvernements coloniaux. Pour l’Afrique anglophone, c’était le modèle de gouvernement britannique à l’époque et pour les états de l’Afrique francophone, le secteur public était forgé à l’image du modèle des systèmes des gouvernements français. Néanmoins, il est important de noter que les modèles britanniques et européens de la fonction publique ont été eux-mêmes modifiés de manière organique au cours des années en réaction aux mutations sociales et politiques. Par exemple, la seconde guerre mondiale a eu pour conséquence une grande confiance en la planification. Par ailleurs, la maind’œuvre était très auto-motivée, mue par des sentiments nationalistes4. Cependant au cours des années ayant suivi la guerre, à mesure que les attitudes des travailleurs ont commencé à changer et avec la priorité accordée au fait d’avoir pu se débarrasser d’une guerre, la fonction publique a commencé à passer des règlements et de la planification comme forme de contrôle pour des contrats de performances et de gestion faisant essentiellement appel à la concurrence et fondés sur les coûts du marché. Tout ceci indique que la fonction publique peut s’adapter au changement et aux réformes et se plier aux contextes et à l’environnement. Par contraste, les pratiques de gestion de la fonction publique dans plusieurs états africains, connaissent des difficultés en termes de culture institutionnelle, similaire aux systèmes institutionnels coloniaux. Dans ces circonstances, la fonction publique est régie par des règles implacables et rigides qui régissent tous les aspects du comportement et dépendent de la conformité aux diktats hiérarchiques stricts. Les organisations et institutions de l’état sont hors normes et caractérisées par une lourdeur administrative avec une mauvaise conception du travail (description et caractéristiques), des procédures de travail rigides et la faiblesse du système de contrôle. La conséquence est la redondance étant donné que la grande partie du travail est 2 Fox and Miller 1995:3 Henry 2001 Public Administration and Public Affairs. 6th edition. Prentice Hall New Jersey Engle 3 Nicholas Cliffs 4 Paul Collier 2009 Rethinking the Provision of Public Services in Post-Conflict States accomplie par un petit groupe, laissant dans l’oisiveté un grand nombre de travailleurs. Les institutions héritées de la période coloniale ont engendré un système bureaucratique qui a favorisé une faible responsabilisation et responsabilité dans le développement et la mise en œuvre de politiques et programmes gouvernementaux. Au Nigeria la structure coloniale de la fonction publique était structurée de manière à bénéficier aux intérêts coloniaux dans sa composition très hiérarchisée à deux niveaux de cadres supérieurs et moyens. Comme dans la plupart des états africains, le développement de ressources humaines fortes au sein de la fonction publique est devenu une préoccupation majeure de la réforme postcoloniale au Nigeria. La révision des structures des salaires, des conditions de service et la formation faisaient partie des objectifs de la réforme dix à quinze ans après l’indépendance acquise en 1960. Toutefois, juste après l’indépendance, dans plusieurs pays africains, des efforts visant à rationnaliser la fonction publique héritée de la colonisation ont été continuellement entravés par l’instabilité politique et les guerres. A partir des années 1990 la globalisation et la régionalisation, et leurs prescriptions néolibérales forcées ont imposé moins d’autorité gouvernementale et plus d’efficacité au niveau gouvernemental. Pour les pays africains, le défi était encore plus grand. Aggravée par une fonction publique à structure coloniale, des pressions pour se conformer aux exigences néolibérales de la communauté des bailleurs de fonds, les ressources humaines ont également souffert sous le poids de l’instabilité politique, de la privation économique et de la dépendance. Par exemple, le Nigeria avait initié des procédures de réformes considérables de la fonction publique pendant des années ; toutefois, le mal récurrent du régime militaire des années ayant suivi l’indépendance de 1960 aux années 1990, semblait avoir sapé les efforts déployés en vue d’améliorer la gestion des ressources humaines par la réforme de la fonction publique. La transition en Afrique du Sud en 1994 du régime d’apartheid au postapartheid était une transition d’un paradigme colonial désuet d’interaction sociale vers un mode de vie plus approprié qui est plus en harmonie avec les normes et pratiques en vigueur dans le monde entier.5 Le gouvernement démocratique de l’Afrique du Sud a hérité d’une société opprimée dans laquelle les personnes étaient traitées de manière discriminatoire sur la base de la couleur de leur peau, et les pratiques de la GRH ont été conçues de manière à maintenir l’oppression et la marginalisation des personnes représentant la majorité des citoyens sudafricains. Il y avait de nombreuses iniquités en termes de race et de genre, et les politiques ont été essentiellement conçus dans le but de favoriser l'élite blanche. Différentes échelles des salaires s’appliquaient aux éducateurs dans les écoles blanches et noires, et il existait 300 échelles des salaires qui étaient fixées de manière arbitraire. La transformation de la GRH devait être considérée de la perspective de la transformation de la fonction publique et de la société sud-africaine en général. Ces conditions présentent une image des défis historiques et institutionnels que la transformation de la gestion des ressources humaines de la fonction publique de l’Afrique du Sud a eu à relever. Contrairement aux pays du Timor oriental où il n’existait aucune fonction publique, et en Somalie où la fonction publique s’est effondrée6, les structures de la fonction publique étaient en place en Afrique du Sud, quoique pour servir les intérêts de l’élite blanche. A partir de la fin des années 1990 et du début du nouveau millénaire, au plan politique, un certain degré de stabilité s’est emparé de plusieurs états africains. L’Afrique du Sud est devenue une démocratie en 1994, le Rwanda est sorti d’une guerre civile à connotations génocidaires pour adopter un gouvernement démocratique en 2003, les élections au Nigeria en 1999 ont porté au pouvoir un président démocratiquement élu, la signature de l’accord de paix globale entre le gouvernement soudanais et le Mouvement de Libération des Peuples Soudanais (SPLM) en 2005 a mis un terme à la plus longue guerre civile en Afrique et il y avait une stabilité relative en République Démocratique du Congo par l’intermédiaire d’un processus de médiation de paix initié par l’Afrique du Sud. L’émergence d’un leadership démocratique semblait ouvrir de bonnes perspectives pour la fonction publique et les fonctionnaires de ces pays africains étant donné que des pressions internes et externes ont imposé le passage à la restructuration d’une fonction publique moribonde et inefficace. 5 Cloete. F & Mokgoro.J. 1995. Policies for Public Service Transformation. Juta&Co, Ltd. Kenwyn of Public Service and Governance Systems in Post Conflict situations. Prof Katorobo. 2008 6 Reconstruction L’on s’aperçoit ainsi que lorsqu’on discute de la fonction publique et de la gestion des ressources humaines en Afrique, les pratiques, défis, efforts, et questions sont affectés par une série d’autres questions depuis les implications historiques et institutionnelles aux sociopolitiques comme nous en discuterons par la suite. Pour en revenir à l’environnement politiquement chargé de conflit et de guerre en Afrique, l’instabilité politique d’une part et la guerre proprement dite d’autre part, peuvent avoir de graves incidences sur les ressources humaines en Afrique. Des exemples peuvent être tirés de la situation des ressources humaines de la fonction publique après la guerre dans certains pays tels que le Soudan et des expériences du Nigeria, secoué par une instabilité politique plus de 30 ans après l’indépendance jusqu’à une date récente en 1999 à partir de laquelle il semble bénéficier d’un certain niveau de stabilité politique. Les initiatives des bailleurs de fonds et des communautés dans les pays après les conflits, tels que le Sud Soudan se sont focalisées sur la réforme de la fonction publique. La pénurie de personnel qualifié au Sud Soudan a nécessité l’importation de compétences d’autres pays africains. Le PNUD et la Banque mondiale ont ainsi initié d’importants programmes et projets de développement des capacités des ressources humaines. En 2008, le PNUD7 a initié un projet pour le renforcement des capacités du gouvernement décentralisé du Soudan pour le réalignement des ministères centraux pour un contexte décentralisé et le renforcement des capacités des institutions de formation de l’état. En général, le développement des ressources humaines dans le secteur public dans les Etats post-conflits est affecté par la nature unique et fragile de la gouvernance et des systèmes tels que la destruction des infrastructures physiques et sociales et la perte de vies humaines. Ces états dépendent essentiellement du parrainage des bailleurs de fonds pour les initiatives de réformes et de renforcement des capacités. Toutefois, cette dépendance pose également quelques problèmes d’exécution de réformes institutionnelles. Lors d’une réunion le vice président, région Afrique de la Banque mondiale, les ministres du Libéria, du Rwanda et de la RDC ont noté les points suivants comme étant certains des défis à relever : • La priorité accordée par les bailleurs de fonds à l’appui à l’éducation primaire et secondaire et non à l’éducation supérieure ; • Les bailleurs de fonds insistant pour une approche ‘de critères applicables pour tous’ aux pays, en essayant de reproduire des programmes ayant eu du succès ailleurs : • L’échec essuyé par des conseillers expatriés à des postes de la fonction publique dans leur tentative de transférer leurs connaissances et leurs compétences à leurs homologues locaux : • La tension au sein des membres de la Diaspora de retour et les populations locales qui sont restés au pays en partie en raison des structures incitatives de la fonction publique ; et • L’urgente nécessité d’assurer la formation de talents et de créer des opportunités d’emplois aux jeunes excombattants.8 Ce qu’indiquent ces défis identifiés des pays est que qu’il semble y avoir un décalage général entre les besoins des états individuels en reconstruction et l’agenda des bailleurs de fonds et des communautés de financement. Collier9 déclare que les approches de réformes à la gestion des ressources humaines qui ont pu être couronnées de succès en Europe, ne peuvent pas s’adapter aux états africains post-conflits particuliers. Il en est ainsi parce que les normes et valeurs de la fonction publique sont parfois un produit du temps et des circonstances. Par exemple, alors qu’il pourrait y avoir une capacité plus grande d’auto-motivation dans d’autres contextes politiques et sociaux, dans les états post-conflits, les contraintes en matière de capacités et de ressources signifient que les récompenses et autres mesures incitatives sont limitées et en conséquence, leur application peut en réalité être ouvertement politisée, une recette pour l'échec de l’instauration de la confiance dans un environnement politique fragile. La guerre civile du Nigeria a été un jalon important dans l’histoire de la fonction publique. Après la guerre, il s’est produit un développement rapide de la fonction publique, à mesure que les états étaient créés dans le but de calmer les sentiments de marginalisation post-conflit. Entre 1960 et 1995, le Nigéria a mis sur pied 7 7 UNDP 2008 Support to Public Sector, decentralization and capacity building Project(PSCAP) bank 2009 Improving Capacity Building in Post-conflict and Fragile Settings—African Ministers Share their Experience www.worldbank.org 9 Paul Collier 2009 Rethinking the Provision of Public Services in Post-Conflict States Centre for the Study of African Economies, Department of Economics, University of Oxford September 2009 8 World commissions ou comités de révision de la fonction publique, créés par les gouvernements et les dictatures militaires successifs. Quoique de grande envergure, ces réformes n’ont pas été bien accueillies par les employés du secteur public pour qui il y avait peu de mesures incitatives pour réaliser des changements. Par ailleurs, il y avait peu d’efforts et de ressources déployés en vue de la promotion de ces réformes qui allaient des questions relatives à la professionnalisation de la fonction publique, l’autorité, la responsabilité et la responsabilisation dans la fonction publique à la décentralisation et la délégation de pouvoir. Le régime militaire au Nigeria a conduit à terme, à la lente détérioration des premiers efforts postcoloniaux visant au développement d’une fonction publique visible et fondée sur le professionnalisme au Nigeria. Des mesures draconiennes et un système de gouvernement tout aussi intransigeant basé sur les sanctions ont engendré une classe de fonctionnaires qui étaient très limités en matière d’innovation et strictement destinés à obéir. En 1999, le Nigeria est passé encore une fois à un régime démocratique et la quatrième république10 a vu le jour. L’administration du Président Obasanjo à l’instar des autres administrations qui l’ont précédée a déployé des efforts en vue d’initier une refonte de la fonction publique. Le plan des réformes d’Obasanjo comprenaient également des objectifs ciblant les ressources humaines, tels que la réduction des membres du gouvernement, le renforcement des capacités, des innovations au sein du gouvernement par l’encouragement à la décentralisation du processus de prise de décisions, la privatisation des entreprises publiques et la gestion des performances et les réformes du régime des salaires de la fonction publique. Néanmoins, la fonction publique est un processus lent qui peut parfois durer dans le temps. Bien que des efforts aient été déployés en vue d’une refonte de la gestion des ressources humaines au Nigeria, l’incidence de ces réformes sur les défis aux ressources humaines tels que l’acquisition et la pérennité des compétences, une main-d’œuvre à faible productivité et démotivée devrait être observée de la perspective de l’histoire complexe des réformes au Nigeria. En conséquence, bien que des réformes aient été initiées depuis 1999 jusqu’à présent, ces efforts se sont confrontés à des défis. De la même manière, vingt après que l’ancien Président Nelson Mandela eut été libéré après 27 années passées en prison et 15 ans après l’avènement de la démocratie, la fonction publique sud-africaine est toujours en proie aux défis posés par la gestion des ressources humaines et pour compliquer davantage la situation, est le manque de capacité de gestion des ressources humaines. En dépit d’une série de procédures et de politiques législatives qui ont été initiées depuis l’avènement d’un régime démocratique en 1994, ‘il est triste de constater que la fonction publique n’est pas au point où l’on puisse déclarer avec pleine assurance que la plupart de ses responsables sont suffisamment compétents en matière de RH. Une raison omniprésente à la base de plusieurs de ces défis qui persistent est le statut de bas étage accordé à la fonction des RH et la gestion des ressources humaines n’est pas prise en compte comme étant une fonction de gestion clé.11 Pour les États sortant d'une guerre civile prolongée, comme le Sud-Soudan, le défis mentionnés ci-dessus sont plus grands et plus nuancés. EXAMEN DE LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES DANS LE CONTEXTE DE L’APPROCHE DE L’ECHEANCE FIXEE POUR L’ATTEINTE DES OBJECTIFS DES OMD Il y a une reconnaissance des améliorations constatées dans le domaine des indicateurs de développement identifiés pour atteindre les OMD en Afrique. Par exemple en 2009, le rapport sur les OMD indique le niveau des populations vivant dans la pauvreté extrême, est passé de la moitié dans le monde en développement à moins du quart12. Par ailleurs, il y a eu des améliorations substantielles dans les niveaux d’éducation des pays en développement, particulièrement en Afrique subsaharienne où il a été constaté une augmentation de 15% de l’inscription à l’école primaire entre 1990 et 2007. Cette évolution est d’autant plus importante que même si l’atteinte de la plupart des objectifs fixés pour les OMD dépend essentiellement de l’équité, l’efficacité et la focalisation du gouvernement sur les stratégies de développement, la procédure de formuler et de veiller a la mise en œuvre de politiques idoines en vue de l’atteinte de ces objectifs, repose principalement sur une main d’œuvre compétente et motivée. De la même manière, les points de repère tels que ceux mentionnés ci-dessus, (la réduction de la pauvreté, et de la mortalité infantile, la réalisation de l’éducation primaire universelle) atteints dans le cadre des 10 The fourth republic represents the 4th effort towards democratic elections and consolidation in Nigeria since independence. 11 Republic of South Africa. 2009 Public Service Commission Assessment of the State of Human Resource Management in the Public Service. September 2009 12 UN 2009 The Millennium Development Goals Report New York 2009 OMD, vont à leur tour soutenir une base de compétences et de main-d’œuvre afin que les gouvernements puissent continuer à assurer les prestations de services. En dépit de ces réalisations, le rapport sur les OMD reconnaît toutefois qu’il est nécessaire d’ajouter un nouvel élan en vue de l’atteinte de ces objectifs, étant donné que beaucoup d’autres restent à réaliser. Cela signifie que les membres des organes politiques, les institutions publiques et la fonction publique doivent améliorer leurs performances en vue de garantir la réalisation de ces objectifs. Il en est ainsi tout particulièrement en raison de la récession mondiale et de ses retombées éventuelles sur les fragiles économies africaines. Bien qu’il y ait eu des réformes politiques et économiques dans tous les pays africains depuis les années 1990, les principes et pratiques de la bonne gouvernance, tels que la réactivité et la responsabilité au niveau gouvernemental laissent encore à désirer. L’indice démocratique de la Cellule de l’Intelligence économique de the Economist13 de l’année 2008 déclare que plus de la moitie des 44 pays africains au Sud du Sahara étaient classés au nombre des régimes autoritaires, en dépit du fait que plusieurs de ces états pourraient être considérés comme ‘démocratiques’ sur la base de l’engagement du processus électoral démocratique. D’autre part la perception par le public des institutions publiques en Afrique, indique qu’un pourcentage considérable d’africains est déçu par le niveau des services et la conduite des affaires publiques. L’examen de l’afro baromètre14 de 12 à 18 pays en Afrique australe et de l’ouest entre 2004 et 2005 indique qu’alors qu’environ la moitié des africains place beaucoup de responsabilités sur l’état pour leur prise en charge, peu de gens constatent les réponses positives de l’état et l’efficacité des institutions14. Ceci a particulièrement trait aux domaines relatifs aux prestations de services tels que la santé, l’eau et l’électricité, etc. Dans un environnement ou nous approchons de la date butoir des OMD, les efforts déployés au plan mondial pour sortir de l’une des plus graves récessions de l’histoire récente, la perte de confiance de l’opinion publique dans les agences de l’état et la nécessité d’un leadership responsable et transparent, le défi posé par la gestion efficace des ressources humaines du secteur public devient un impératif. DEFIS ET OPPORTUNITES DE LA GRH ESSENTIELS POUR LES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT EN AFRIQUE Cette section explore les défis et opportunités pour le GRH qui sont essentiels pour le développement en Afrique. A titre d’introduction, cette section va tout d’abord présenter une vue d’ensemble des défis que pose la GRH en Afrique. Elle va en suite mettre l’accent sur quatre aspects des RH dans le secteur public que nous considérons comme étant essentiels pour l’atteinte des objectifs de développement de l’Afrique, énumérés dans les objectifs des OMD. Ce sont, le recrutement et la sélection, la gestion des compensations et les conditions de service, la gestion des performances et la corruption dans la fonction publique. Il est suggéré qu’au nombre des défis auxquels le domaine des HR est confronte, se trouve la recette en vue de leur succès à l’ avenir. Réaliser une bonne gestion des ressources humaines est principalement relatif aux procédures de recrutement du personnel approprié, à les développer, les récompenser de manière appropriée et à maintenir leur motivation. Dans le tableau ci-après, les cylindres15 présentent les réactions à une étude réalisée en 2005 par PricewaterhouseCoopers15 relative aux défis qui se présentent en Afrique sur une période de 7 ans. Le troisième cylindre fait des prédictions sur les défis auxquels la gestion des RH sera confrontée dans trois ans. En d’autres termes, les deux derniers cylindres indiquent les défis d’aujourd’hui, tels que prévus a l’époque. Sur la base des conclusions de cette étude, le changement dans la gestion semble être le défi du passé et du futur en matière de GRH en Afrique. Le suivi de l’efficacité des RH, du développement de la formation et du leadership, ainsi que la planification de la succession semblent figurer au nombre des domaines de grande préoccupation dans la GRH de la fonction publique. 13 The Economist 2008 The Economist Intelligence Unit’s Index of Democracy 2008. Economic Intelligence Unit (EIU) www.eiu.com 14 Afrobarometer 2006, Where is Africa going? Views from below. by the Afrobarometer Network compiled by Michael Bratton and Wonbin Cho Working Paper No. 60 15 Price Waterhouse Coopers 2005 ‘Survey of Global HR Challenges: Yesterday, today and tomorrow’. Conducted by PricewaterhouseCoopers on behalf of the World Federation of Personnel Management Associations (WFPMA) Figure 1: Evolution des défis des RH Il est important de noter que les défis identifiés au cours de la période de 7 ans comme l’indiquent tous les trois cylindres sont similaires aux défis soulignés dans l’étude Knowles 200916 ainsi que dans un tout dernier rapport de la fonction publique sud-africaine17 relatif a l’évaluation de l’état de la GRH en Afrique du Sud. Dans ce cas, à l’instar de l’étude ci-dessus, la gestion des changements, la planification de la succession, le développement des compétences, la santé et le bien-être des travailleurs constituent des défis clés qui nécessitent également une attention particulière. Cela suggère que les défis de la gestion des RH au cours des 7 dernières années n’ont pas beaucoup changé. Plus important encore le fait que ces mêmes défis sont encore d’actualité quatre ans après la réalisation de l’étude, indique que contrairement aux prévisions des données sur la GRH dans l’étude, les défis de la GRH tout au moins en Afrique du Sud sont en fait demeurés les mêmes. Nul doute que bien qu’il y ait des pays africains qui soient encore aux prises à des questions ‘mondaines’, telles que la rareté des ressources humaines, ce que l’étude représente clairement est la croissance rapide de la pratique et de la réforme de la GRH. Cela indique également que pour l’Afrique en particulier, il existe un défi à double détente consiste à consolider les applications fondamentales de la gestion des RH dans la fonction publique pendant que dans le même temps, prenant en compte les exigences croissantes au plan mondial pour se conformer aux meilleures pratiques. Par ailleurs, les priorités et les défis énumérés cidessus indiquent l’envergure et la complexité du défi auquel la gestion des ressources humaines se trouve confrontée. En juxtaposant les défis aux priorités l’on s’aperçoit qu’une attention suffisante accordée aux domaines prioritaires devrait permettre de surmonter les défis expérimentés. Toutefois, compte tenu des nombreux défis qui s’entrecroisent dans la fonction publique en Afrique, l’accent holistique durable devient un défi exigeant souvent aux praticiens des RH de se focaliser sur les fonctions administratives transactionnelles, plutôt que sur les fonctions plus stratégiques. Toutefois, l’attention accordée aux transactions ne devrait pas être considérée comme étant negative18, elles font partie intégrante des aspects fondamentaux d’une saine gestion des ressources humaines. Apres avoir donne un aperçu général des défis dans la discussion subséquente, le document examine de plus près certains de ces défis en détail. La gestion des ressources humaines est un si vaste domaine tant en pratique qu’en discipline qu’essayer de couvrir tous les aspects des RH dans l’administration publique serait difficile. Changement de management Compensation Recrutement et disponibilité de la main-d’œuvre locale qualifiée Il y a 3 ans Changement de management Couts/avantages : Sante & Bien-être Evaluation de l’efficacité des HR Développement du leadership Formation et développement Planification de la succession Efficacité de l’organisation Aujourd’hui Efficacité organisationnelle Développement du leadership Changement de management Evaluation des HR Planification de la succession Au cours des 3 prochaines années Recrutement et sélection La chaine des valeurs des ressources humaines est essentielle pour le recrutement et la sélection. Tout échec à ce stade réduit le reste de la chaine de valeurs : de mauvais recrutements vont entrainer inévitablement de mauvaises performances sur toute la ligne ainsi que l’insuffisance des prestations de services. Les gouvernements dans toute l’Afrique se sont aperçus de l’importance des recrutements et dans 16 Knowledge Resources, HR Survey, 2009 17 Republic of South Africa. 2009 Public Service Commission Assessment of the State of Human Resource Management in the Public Service. September 2009 18 Reilly, P and Williams, T. Strategic HR: Building the Capability to Deliver bien des cas de la succession dans la gestion globale des ressources humaines dans l’administration publique. Mieux encore, ils savent que le recrutement et la sélection appropriés des employés de la fonction publique est un bon pas accompli dans le but de l’atteinte des objectifs du secteur public. De pair avec cette question du développement et du maintien, qui constitue un grand problème sur un continent qui a un besoin pressant des compétences nécessaires à l’atteinte des OMD à l’horizon 2015. L’ironie du sort est que l’Afrique détient de compétences potentielles compte tenu de l’abondance de la base de ressources dont dispose ses populations. Toutefois, le défi de la gestion et du développement des ressources humaines en Afrique a été effectivement pris en compte dans la base des ressources humaines, pour le développement des connaissances et des compétences et pour le maintien des agents en vue de favoriser le développement en Afrique. Cela dépendra de la capacité des institutions publiques d’identifier les besoins en matière de vacances, de recrutements aux postes à bonne date avec les personnes requises et de manière transparente. Toutefois, les priorités en matière de recrutement et de sélection, les défis et les efforts vont être différents selon les besoins spécifiques du pays dans ce domaine. La mobilité du personnel est l’un des défis les plus persistants qui se pose à la fonction publique et devra être examiné dans le cadre du maintien, associés aux taux de vacances, au manque de compétences. Les effets combinés rendent difficiles de recruter et de retenir le personnel. En dehors du coût monétaire élevé de la perte du personnel, associé à la perte des compétences et de la mémoire institutionnelle, l’incidence sur la prestation de services est souvent incommensurable : facteur dont les fonctions publiques africaines ne peuvent pas s’accommoder. La fonction publique du Nigeria et de l’Afrique du Sud sont les plus gros employeurs de main-d’œuvre dans leurs pays respectifs. Toutefois, un sur cinq de tous les postes sont vacants dans la fonction publique sudafricaine. Cela se passe de commentaire que dans un pays à taux de chômage élevé et de grosses commandes de prestations de services, cette situation pose un gros problème . Tableau 1 : Nombre de postes pourvus et vacants dans la fonction publique en octobre 200919 Au plan national Departmental Provincial Departmental Total % Postes pourvus 300 673 869 371 1 170 044 79.0 Postes vacants 45 328 261 037 306 365 21.0 Total 346 001 1 130 408 1 476 409 % 23.4 76.6 100 100 Apres les élections démocratiques en 1999 le niveau élevé de redondance du personnel et le déséquilibre en termes de combinaison de compétences au Nigeria, signifiait que les priorités de la gestion des ressources humaines étaient orientées en faveur des questions de réduction et de nettoyage des services, de planification de la succession et de gestion de la redondance.20 Au Soudan, un état en reconstruction, après une très longue guerre civile, se posait la question du manque chronique de compétences, particulièrement au Sud-Soudan qui a essuyé les séquelles les plus profondes de la guerre. Les employés travaillant sur des projets financés par le gouvernement/les bailleurs de fonds, tels que le Fonds fiduciaire à multiple sources de financement du Sud-Soudan (MDTF-SS) étaient recrutés d’autres pays de l’Afrique de l’Est21. En ce qui concerne les RH, contrairement au cas de l’Afrique du Sud et du Nigeria, où les défis tournaient plutôt autour des questions à tendance systémique et fondées sur les procédures, la question majeure était relative au manque chronique des ressources humaines. Dans le cas du Soudan, l’accent sera mis en matière d’objectifs de recrutement sur des stratégies à court, moyen et long termes en vue de la création d’un vivier de talents qui servira à alimenter une fonction publique fragile. Quoique la question de la formation et du développement des ressources humaines soit importante en termes de recrutement pour l’Afrique du Sud et le Nigeria, un vivier de compétences plus important signifie que des efforts doivent être également déployés en vue de la mise en place de systèmes de développement, de recrutement et de sélection qui puissent attirer les compétences appropriées pour l’emploi. 19 Republic of South Africa. . Public Service Commission. Assessment of the State of Human Resource Management in the Public Service. September. 2009 20 Adegoroye p 26. 21 Sudan Tribune World Bank trains young Southern Sudanese in administration Thursday 2 April 2009 http://www.sudantribune.com/spip.php?article30732 Il se trouve beaucoup d’entraves à la gestion pertinente du processus de recrutement et de sélection. Les mauvais processus et procédures de sélection ont des implications majeures telles que : l’incapacité de mettre les personnes aux connaissances et compétences appropriées aux postes appropriés, le non-respect du mandat dû à l’incapacité d’attirer/de rechercher des compétences adaptées, la surcharge de travail, des employés compétents qui finissent par être démotivés et démissionnent pour aller rechercher un emploi dans d’autres environnements de haute performance.22 Tout ce qui précède sert à souligner davantage la chaine de valeurs et à compliquer la tache à d’autres domaines d’intervention des HR. En dehors de certains des points mentionnés ci-dessus, l’un des défis à long terme des RH en Afrique se situe dans le domaine de l’éducation. Des recherches ont montré que les institutions d’éducation (Universités, écoles de technologie et instituts professionnels) sont des sources proéminentes de nouvelle entrée de compétences dans le secteur public23. Au Nigeria uniquement 83 pour cent du total du nouveau personnel dans le secteur de la santé en 2005 provenaient des Universités. L’indice 2007 de Mo Ibrahim24 sur le développement humain, fondé sur les indicateurs tels que le taux d’achèvement des études primaires, le taux de progression dans l’inscription vers les études secondaires et tertiaires, montre que plusieurs pays africains enregistrent des progrès modérés dans le domaine de l’éducation ; toutefois, lorsque l’on compare ces taux avec les niveaux d’opportunités économiques durables, il y a une grande disparité entre les opportunités par rapport aux talents. Le niveau élevé de mobilité et de vacance de postes, indique clairement que la fonction publique a des difficultés pour attirer et maintenir le personnel. Ainsi, en nous projetant sur l’avenir, il nous faudra des politiques de recrutement bien élaborées en vue d’utiliser efficacement les ressources humaines compétentes. Par ailleurs, aujourd’hui plus que jamais, il convient de s’interroger continuellement sur la meilleure manière de transformer les fonctions publiques de l’ensemble des pays africains en espaces de la formation, pour engendrer, raffiner les talents bruts fraîchement issus des universités, des écoles de technologie et des instituts de formation. Cette disposition est d’autant plus particulière dans la reconstruction des états que la question du transfert de technologies dans la fonction publique était l’un des défis identifiés par les Ministres du Liberia, du Rwanda et de la RDC25. En définitive, les fonctions publiques africaines doivent augmenter leur vivier actuel de compétences en vue de continuer à assurer l’amélioration des prestations de services. Un meilleur accent devra être mis sur la publicité visant au recrutement du personnel disposant des compétences requises et l’information sur la fonction publique de manière a ce qu’elle soit considérée comme un employeur de qualité.26 Gestion des compensations et conditions de service Les rémunérations et les conditions de service jouent un rôle très important en matière de recrutement et de maintien des employés disposant des compétences requises. Cela devient d’autant plus aigu dans un marché en volatilité constante où les primes sont versées à des personnes disposant de compétences relatives. Toutefois, l’incertitude économique qui règne à l’heure actuelle rend problématique les prévisions de variations des salaires, et la baisse éventuelle des perspectives de l’emploi dans une période de récession, aura une incidence sensible sur les niveaux de rémunération, ce qui aboutira à des augmentations d’un niveau moins élevé que les prévisions. Cet environnement actuel requiert une analyse générale des rémunérations par rapport aux comparaisons avec le marché et les tendances du marché, et la mise en place d’une stratégie de primes et d’une philosophie qui adopte une approche cohérente visant à prendre les décisions relatives aux rémunérations qui puissent permettre d’attirer et de retenir les employés hautement qualifiés. Cela requiert des RH de changer de fond en comble le paradigme et passer d’un angle obtus, sur les augmentations annuelles à une perspective dans laquelle il y a une vue holistique sur les avantages des rémunérations dans l’entreprise. La transformation du programme sud-africain a conféré une grande responsabilité aux gestionnaires du secteur public, et l’état a reconnu le rôle crucial que la direction joue 22 Republic of South Africa. Public Service Commission. Assessment of the State of Human Resource Management in the Public Service. September. 2009 23 Slavea Chankova, Ha Nguyen, David Chipanta, Gilbert Kombe, Ali Onoja Kayode Ogungbemi 2006 A Situation assessment of Human Resources in the Public Health Sector in Nigeria. A joint Federal Government of Nigeria (FMOH/NACA) and PHRplus report. National Action Committee on 24 The Mo Ibrahim index on human development which uses a combination of indicators from different data and statistical sources to rate levels of good governance in African countries 25 World bank 2009 Improving Capacity Building in Post-conflict and Fragile Settings—African Ministers Share their Experience www.worldbank.org 26 Republic of South Africa. Public Service Commission. State of the Public Service. 2006 dans le fonctionnement efficace et efficient de la fonction publique. Dans le traitement des questions relatives aux rémunérations et aux conditions de service, un service de gestion des cadres (SMS) a été ‘créé en reconnaissance du rôle crucial que la gestion des cadres joue’ et que le ‘défi qui se pose a la fonction publique est d’être en mesure de recruter, de développer et de maintenir les responsables compétents et de les récompenser de leurs bonnes performances’27 En dehors du défi que pose la situation économique actuelle, un autre défi crucial dans ce domaine est le pouvoir croissant des mouvements syndicaux. La fonction publique sud-africaine est hautement syndicalisée avec la mise en place d’un cadre juridique des droits des travailleurs par lequel les rémunérations et les conditions de service font l’objet de négociations et conclus avec des accords pluriannuels prévoyant quelque fondement pour la stabilité de l’emploi. Dans le but de s’occuper des problèmes relatifs aux groupes spécialisés, une Occupation-Specific Dispensation a été créée qui, entre autres, initie des plans de carrière et des possibilités de progression salariale pour les différentes catégories professionnelles. L’opinion holistique des rémunérations se compose de pensions très attrayantes, d’avantages médicaux pour les employés de l’état. Par exemple, par le canal du système médical de l’état (GEMS) les employés bénéficiant des plus bas salaires de l’état ont accès à une aide médicale sur subvention de 100% du gouvernement.28 Gestion des performances La gestion des performances est un instrument de gestion stratégique qui sert à suivre les forces et les faiblesses des employés et est également un outil pour identifier et récompenser les bonnes performances et gérer les mauvaises performances. Le concept de la gestion des performances est issu d’un fondement théorique29 qui considère la motivation de l’employé comme cruciale en matière de gestion des ressources humaines. En reliant l’objectif menant à la motivation, la gestion des performances vise à concilier stratégiquement la tache et le travail de l’employé individuel avec les objectifs de l’organisation. Néanmoins, bien que la gestion des performances soit supposée arriver en appui et en réaction à la supervision, lorsqu’elle n’est pas correctement appliquée, il y a une tendance pour les employés aux performances insuffisantes de la considérer negativement30 ou de la voir comme une sanction au lieu d’être une récompense. La gestion des performances est un domaine en pleine croissance en matière de gestion des ressources humaines en Afrique. Dans le contexte de l’approche de la date butoir des OMD, la gestion des performances est considérée comme un instrument stratégique pour la gestion du secteur public. La gestion des performances contribuera à assurer une approche organisée, focalisée sur l’exécution des objectifs du secteur public en vue des prestations de services et de l’atteinte des objectifs des OMD. Toutefois, la gestion des performances en tant que qu’expérience en Afrique du Sud présentée est non seulement un processus complexe, mais un dont la mise en œuvre est chargée de défis. La gestion des performances a bénéficié d’une certaine longévité dans la fonction publique de l’Afrique du Sud, ainsi certaines perspectives en Afrique du Sud en termes de leçons à tirer suffiront. Le Président Zuma dans son discours sur l’état de la nation a promis un état orienté sur les performances avec le suivi et l’évaluation d’une planification et des performances améliorées, dans lequel “le gouvernement doit travailler avec plus de célérité, de vigueur et d’intelligence. Nous nous attendons à ce que a ce que les exécutifs et la fonction publique puissent se conformer à cette vision.’31 Il a promis de conclure un contrat de performance avec les Ministres aux fins d’améliorer les prestations de services. Cela ne sera pas une tache facile, particulièrement en raison du fait que la culture de la gestion des performances dans la fonction publique en Afrique du Sud n’a pas encore donné satisfaction jusqu'à présent. Les conclusions32 indiquent l’échec 27 Republic of South Africa. Senior Management Service Handbook. 2003 of South Africa. . Public Service Commission. Assessment of the State of Human Resource Management in the Public Service. September. 2009 29 Motivational theories such as Maslow´s theory of needs , Mcgregors´ theory X and Y and goal setting theory have inspired the premise behind performance management which is that when individuals identify, understand and set a goal, they are more motivated, and organized to work towards that goal . For more on these theories see: McGregor D 1960 The human side of enterprise McGraw Hill Book Company New York. Kreitner, R. (1998). Management (7th ed.) Boston: Houghton Mifflin Company: Bateman, T.S., & Zeithalm, C.P. (1993). Management: function and strategy. (2nd Edition). Illinois: IRWIN. 30 Harper, S. & Vilkinas, T. (2005). Determining the impact of an organisation’s performance management system. Asia Pacific Journal of Human Resources, 43(1): 76-97. 31 Republic of South Africa. State of Nation Address. President Jacob Zuma. February, 2010 32 Report on the management of Poor Performance in the Public Service. South African Public Service Commission. 2007 28 Republic retentissant du maintien des principes directeurs du système de gestion des performances. Beaucoup de dirigeants semblent ne pas avoir toute la maitrise des éléments constitutifs du système et manquent de temps, du dévouement et des compétences nécessaires pour accomplir la tâche. Il n’existe pratiquement pas de mécanisme de suivi des performances, avec pour conséquence l’absence de communication régulière entre le responsable et l’employé, des comptes rendus des performances, d’orientation, d’encadrement et d’inspiration pour servir de référence. Ces défis devront être relevés si les vrais avantages de la gestion des performances doivent être récoltés. Au niveau administratif le plus élevé, les Directeurs généraux, soit n’ont pas conclu des accords de performances ou le font bien après la date d’échéance, et la grande part de responsabilité pour ce comportement doit incomber a l’exécutif.33 L’on pourrait tout simplement espérer que l’amélioration de la conclusion de contrats de performances mettra à nu le manque de sérieux constaté jusqu’alors. Les performances des principaux responsables ont une incidence directe sur les prestations et les mandats de prestation de services, et elles sont directement liées aux défis posés à la gouvernance et à l’atteinte des objectifs des OMD. L’attention particulière maintenant promise dans ce domaine devrait contribuer à éloigner la pression croissante pour améliorer les prestations de services du secteur public et réaliser une orientation plus axée sur le citoyen. Ceci ne pourrait être réalisé que par l’amélioration des normes des performances et de bons responsables au sein du mécanisme. Faute de quoi il y aura un surcroit de critique relative à un service défectueux et qui manque de répondant. Le système général de gestion des performances pour la fonction publique est considéré comme étant un instrument important pour améliorer les prestations de services, à condition qu’elle soit exécutée de manière appropriée. En 2004 après que le gouvernement nigérian eut mis sur pied la commission des reformés de la fonction publique, la BPSR, comme étant l’un de ses objectifs en matière de réforme de la gestion des ressources humaines, la BPSR s’est focalisée sur ‘la mise en œuvre d’un nouveau système de gestion des performances’34. De la même manière, le plaidoyer pour la mise en œuvre de stratégies de gestion de ressources humaines se développe au sein des experts de la fonction publique au Nigeria35. Bien que l’objectif de la gestion des ressources humaines dans la reconstruction des fonctions publiques des états post-conflits tourne essentiellement autour de la question de la formation et du renforcement des compétences, la question de motivation des employés de la fonction publique constitue également des préoccupations constantes36. En dehors de l’élaboration de normes de rémunérations et du renforcement des compétences, la gestion des performances avec ses éléments de mesures incitatives et de formation, devra également être soulignée en tant que partie d’une approche intégrée au développement des ressources humaines dans la reconstruction des états fragiles. Combattre la corruption L’analyse des deux études sur la gouvernance continentale (l’indice de Mo Ibrahim et l’Afro baromètre) qui ciblent respectivement les évaluations entreprises par des experts et fondées sur les données statistiques et les perceptions des citoyens, indique que la corruption constitue l’un des plus gros obstacles à la réalisation des objectifs de la fonction publique et de la politique publique en Afrique. La responsabilité des employés de la fonction publique est primordiale étant donné que la perception par le public de la corruption au sein de la fonction publique est élevée. Une étude par l’afro baromètre de l’opinion publique au niveau du gouvernement local au Nigeria indique que 22% seulement des citoyens nigérians considèrent le gouvernement local comme utilisant les ressources publiques pour les prestations de services et non à leur profit personnel37. En Afrique du Sud, les principales protestations au sujet des prestations de services sont passées de 27 en 2008 à 100 en 2009, selon les données compilées par Municipal IQ38. La vulnérabilité des états en reconstruction à ce malaise de la corruption constitue d’autant plus un grand défi. Les questions, telles que les tensions entre les citoyens de la Diaspora de retour et les citoyens de la communauté locale, ainsi que le sort des jeunes ex-combattants, nécessitent que la gestion des ressources humaines soit accomplie de la manière la plus transparente et la plus équitable. Les indications de l’indice Mo Ibrahim39 montrent que les pays post-conflits enregistrent des taux très bas dans le domaine de la sécurité et de l’état de droit dont la responsabilité publique et la corruption dans la fonction publique sont 34 Adegoroye 2006 B. E and Benjamin J. I 2009 A Case for Performance Management in the Public Sector in Nigeria, International Journal of Business and Management, April 2009, Vol 4 Number 4 36 World bank 2009 Improving Capacity Building in Post-conflict and Fragile Settings—African Ministers Share their Experience www.worldbank.org 37 Afrobarometer 2008 Public Opinion and local government in Nigeria, Afrobarometer Briefing Paper No. 53 38 South African daily Newspaper, Business Day, 16 March 2010. 39 Mo Ibrahim WebsiteEnregistre (RDC 31.43, Soudan 23.83 35 Bassey des indicateurs. Bien que la possibilité pour ces taux peu élevés puisse dépendre d’indicateurs correspondants qui évaluent les niveaux de sécurité et de l’état de droit, le niveau général peu élevé, avec des scores (RDC 31.43, Soudan 23.8340) indique également que dans ces pays, il y a un grand défi d’équilibre qui sous-tend les tensions post-conflits, les objectifs de la bonne gouvernance de reconstruction de l’état. Toutefois, les états où la reconstruction du pays a été gérée sur une plus longue période, tels que pour le Rwanda (55.53) et le Liberia (45.74) il semble y avoir des scores plus élevés. Combattre la corruption a émergé comme étant une très forte composante de la réforme du secteur public dans toute l’Afrique. Et les tendances récentes sur tout le continent en termes de perceptions de la corruption indiquent que les perceptions de la corruption officielle sont en forte baisse41. Curieusement, alors qu’il semblait que les perceptions de la corruption par le public a baissé, alors qu’au niveau des institutions publiques les perceptions sont telles que les efforts visant à combattre la corruption étaient toujours considérés comme étant inefficaces42. Un récent rapport de la Banque mondiale a déclaré que la ‘corruption silencieuse’, l’absentéisme et la mauvaise gestion, particulièrement dans les secteurs de l’éducation et de la santé sapent les prestations et le développement en Afrique du Sud et dans d’autres pays africains. L’économiste en Chef de la Banque mondiale, Shantayanan Devarajan déclare qu’il y a un ‘lien direct’ entre la corruption silencieuse et les OMD pour 2015 . Au Nigeria par exemple, ‘l’une des principales composantes des stratégies de réformes de la fonction publique était focalisée sur la corruption un problème endémique de gouvernance au Nigeria. Ce processus de réforme a vu l’institutionnalisation de mesures de responsabilisation et d’anti-corruption sous l’égide de l’Independent Corrupt Practices and Other Related Offences Commission (ICPC), l’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC), the Code of Conduct Bureau and Code of Conduct Tribunal. Pour les éternels sceptiques des réformes du secteur public au Nigeria il y avait des doutes quant à savoir dans quelle proportion ces mesures seront efficaces pour revigorer la fonction publique du Nigeria en vue d’améliorer les performances, d’adapter et d’adopter des pratiques éthiques publiques louables afin d’éradiquer le cancer de la corruption au sein de la fonction publique. Toutefois, l’on pourrait arguer que contrairement à l’environnement des réformes passées, l’atmosphère démocratique de la reforme d’Obasanjo a ouvert l’opportunité afin que certaines de ces réformes puissent avoir un impact. Toutefois, ces efforts se sont confrontés à des défis. Dix années plus tard, il semble que la corruption demeure toujours un grave problème de gouvernance au Nigeria. Des facteurs institutionnels peuvent inclure le manque de clarté et de distinction relatif à certains rôles, juridictions des principales agences anticorruption. Par ailleurs, la faiblesse des mécanismes de participation du public à tous les niveaux du gouvernement ainsi que la culture endémique de la corruption de la fonction publique a tendance à saper même les efforts des agences anti-corruption43. L’Afrique du Sud a commencé par de grands espoirs. Emergeant d’un passé corrompu, caractérisé par la répartition inégale des ressources et des services, ‘’l’avènement de la démocratie a connu un effort concerté de lutte contre le fléau de la corruption en vue d’assurer un système solide de valeurs fondées sur une culture forte de droits humains. Des cadres législatifs et réglementaires anti-corruption généraux ont été inaugurés avec des partenariats à un niveau plus élargi comprenant le gouvernement, le secteur des entreprises et la société civile, ont pris une responsabilité collective vis-à-vis de la lutte contre la corruption. Des mécanismes anti-corruption comprenaient l’introduction d’un code de conduite pour la fonction publique, le système de service de la gestion des cadres (SMS) a été introduit en 2001, le cadre de transparence financière pour les hauts responsables du secteur public et une liaison téléphonique anticorruption d’urgence permettant un accès anonyme aux membres de la commission de répression. Cependant, l’augmentation des protestations dans le domaine des prestations de services ainsi que le nombre croissant de soumissionnaires44, indique que la lutte contre la corruption devra être revigorée, particulièrement comme il apparait que l’échéance des OMD ne sera pas respectée. 40 These scores are taken from a 100 percentile bases 2006 Where is Africa going? Views from below. by the Afrobarometer Network compiled by Michael Bratton and Wonbin Cho Worki ng Paper No. 60 42 Afrobarometer 2006 ibid 43 An example is the graft allegations and counter allegations including nepotism, misappropriation of funds and bribery leveled against heads of national anti-corruption agencies like the EFCC. Nigeria News Service, `massive looting at EFCC, Waziri fingered findings messy 20th May 2009 www.nigerianewsservice.com 44 Note: Tenderpreneurs is a term coined in South Africa referring to someone politically well-connected who has gotten rich through the government tendering system. 41 Afrobarometer CONCLUSION : REDEFINIR LE SERVICE DES RH ET LEUR ROLE POUR RELEVER LES DEFIS Ce document a essayé de mettre en exergue certains aspects de la GRH de la fonction publique en Afrique. Il ressort des discussions qu’il a été établi que pour l’Afrique en particulier, l’environnement des HR pose un défi. Ce n’est pas uniquement parce qu’il traite des questions de personnes, mais également en raison de l’environnement institutionnel, politique et social dont la GRH doit s’accommoder en Afrique. Invariablement les spécialistes des RH se retrouvent en train de faciliter les frustrations du management et l’insatisfaction des employés. Le résultat de ces tensions trouve un bouc émissaire approprié dans les RH. Lorsque le service des RH ne rencontre pas la satisfaction du public, alors la condamnation se trouve plus facilement, et souvent elle peut se justifier. L’avenir de la GRH en Afrique requiert la confrontation des défis exposés par l’intermédiaire de partenariats et de réseaux durables dans toute l’Afrique. Le réseau des RH dans la fonction publique en Afrique a besoin d’être renforcé et habilité en vue du partage et du transfert des connaissances ainsi que de l’échange des meilleures pratiques. Il y a eu des tentatives variées pour renforcer le statut et le rôle des composantes des RH et des spécialistes des RH. Ces démarches ont été encouragées par le Rapport des Nations Unies sur la fonction publique mondiale intitulé ‘libérer les potentialités humaines pour les performances du secteur public’ où a été exposé le rôle crucial de la gestion des ressources humaines et le fait que la gestion des ressources humaines entraine l’efficacité organisationelle45. Il a été reconnu que des efforts ont été déployés dans plusieurs pays africains en matière de renforcement de la GRH dans le secteur public. Par exemple l’Afrique du Sud a introduit des interventions spécifiques dans le but de renforcer la fonction GRH dans les départements, ce qui comprend une structure organisationnelle générique et un modèle post-création pour les composantes de la GRH, un cadre de compétences en vue de l’amélioration des fonctions GRH, l’ajustement des programmes de formation sur la GRH avec le cadre de compétences et un cadre des indicateurs clés de performance par rapport auxquels les départements pourront évaluer le fonctionnement des composantes de leur GRH46. Quelque louables qu’ils puissent être, le succès et les résultats de ces efforts seront évalués lorsque les prestations de services, les objectifs de développement et les politiques deviendront une réalité pour les citoyens et les populations africaines en pleine croissance. 45 United Nations World Public Sector Report. Unlocking the Human Potential for Public Sector Performance. of South Africa. Department of Public Service and Administration. Interventions to Improve the Human Resource Management Function in the Public Service. Circular dated 6 August 2008 46 Republic