MARISTES N°98:N95 - Sainte
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MARISTES N°98:N95 - Sainte
s e t rs s a in te -m a ri e ly o n sommaire page 4 réflexions éditorial référence page 16 Parole et violence Alain FINKELKRAUT Alain BENTOLILA Extrait de l’émission Répliques page 20 En saigner ! Fabrice HADJADJ Pour quoi enseignons-nous ? page 23 Turbulences Vincent RICARD Quand une classe nous échappe... page 33 Evaluer, noter, apprécier Bruno ROCHE Intervention lors de la journée pédagogique page 45 les yeux fertiles Tête et variations Jean-Luc GAUCHON Sur le thème de la décollation de Jean-Baptiste Homélie de la messe de rentrée des professeurs Xavier DUFOUR page 66 collège ciné-club Programme 2007-2008 L’enfant Marc GAUCHERAND page 72 page 77 Option théâtre page 81 Saison 2007-2008 voyages Echange La Verpillière-Melbourne Sorties page 83 page 88 travaux d’élèves Sur les pas de Prévert page 90 Résultats des classes supérieures page 91 Lyon La Verpillière carnet page 98 page 107 page 111 nouvelles page 4 Le manque et la mémoire L’école doit-elle, pour rester dans la course, chercher à concurrencer la boulimie de notre société ? Le professeur est-il en compétition avec internet, l’impératif culturel prétendu des pouvoirs publics, le trop plein télévisuel ou éditorial ? C’est ce qu’on pourrait croire à lire les programmes trop chargés dès le primaire, les agendas débordés de nos élèves, les semaines de plus de trente-cinq heures de tous les collégiens et lycéens de France. L’école est trop souvent présentée comme un autre lieu de l’appétit d’agir contemporain. Or cette fébrilité culturelle aboutit à une immense vacuité ; la société tout entière déplore l’abaissement du niveau, le vide culturel et éducatif chez les jeunes sortis du système scolaire. Si bien qu’on peut s’interroger sur le devenir de personnalités à qui on ne laisse aucun espace de respiration pendant ce temps, pour qui l’on organise les vacances, les week-ends, des colonies avec des activités optionnelles : prépare-t-on nos jeunes à faire face à leur existence qui ne sera pas nécessairement remplie par d’autres ? Ou au moins à la nécessité de ne pas seulement consommer des activités mais à être créatif ? Qu’est-ce qui, au-delà des activités planifiées, fait l’ossature d’une formation intellectuelle ? Qu’est-ce qui nourrit vraiment la mémoire ? Cette crainte provient du jugement des parents à l’encontre d’une prise de notes qu’ils pensent insuffisante, des inspecteurs qui peuvent reprocher le manque de densité d’un cours (j’ai entendu un inspecteur reprocher à un professeur d’avoir consacré une séance et demie à Louis XVI alors que le référentiel de l’Education Nationale n’en prévoyait qu’une seule), du professeur lui-même qui multiplie parfois les documents, en annexe au manuel déjà trop épais, pour montrer son efficience. L’angoisse contemporaine devant la culture est calquée sur le modèle commercial de l’efficience et de la rentabilité, et les enseignants sont souvent contaminés par la crainte de faire perdre du temps à leurs élèves 1. N’ayons pas peur de prendre notre temps, de laisser sa place à l’interrogation. Trop s’occuper d’un enfant est déjà dommageable dans la petite enfance et certains attribuent l’augmentation du nombre d’hyperactifs à la surstimulation pré et postnatale de la part des parents ; mais, plus tard, dans le cadre d’un cours, la recherche de la densité des activités peut aussi rendre le jeune dépendant de l’occupation toute préparée ; la condamnation du terme de « motivation » dans notre maison vient en partie de ce que le désir doit être intérieur et non pas procéder seulement du mouvement (motum de movere remuer, bouger) professoral. L’intériorisation sera possible si l’élève a le temps de réfléchir, de prendre conscience que l’intérêt de la matière ne procède pas des gesticulations, des procédures employées par son maître mais de la valeur même de la matière étudiée. Il en est de même dans le domaine éducatif. Ainsi, par provocation lorsque, en rendez-vous d’inscription, des parents me demandent ce que nous proposons pendant les récréations, je préfère répondre : rien. Comment les enfants joueraient-ils si leur imagination était gavée page 5 éditorial 1 page 6 par des occupations préfabriquées ? Où serait de leur part la recréation ? Le manque crée davantage le désir que la perfection de l’emploi du temps, le tempo infaillible de l’instruction, les loisirs qui gâtent 2. L’éducateur frénétique révèle peut être sa propre inquiétude par rapport au temps ; il ne s’agit certes pas d’inciter les enseignants à la négligence dans la préparation des cours, ni à l’oubli du programme, pas plus à la mollesse didactique, mais de relativiser par exemple l’importance de l’achèvement du programme. Les progrès des sciences de l’éducation nous font parfois croire qu’on peut, pour y parvenir en gagnant du temps, sauter certaines étapes grâce à une machine à calculer, une photocopie, au renvoi de l’élève à un document. Mais cet aspect de l’accélération de notre société dans le cadre scolaire fragilise encore les plus faibles. Il faut si peu de temps pour faire une prise de sang puis obtenir une analyse hématologique et si longtemps pour admettre sa maladie ; un médecin peut croire que la compréhension de la pathologie par son patient relèvera de la même économie du temps permise par les progrès techniques. Analogiquement, le professeur qui pense que donner un tableau photocopié au lieu de le faire tracer amènera l’élève plus vite à la compréhension ne voit pas que, dans la lenteur du tracé des lignes verticales et des horizontales, le collégien s’approprie plus lentement mais plus sûrement les croisements d’information. Notre patience sera, aux yeux mêmes de l’élève, la marque que nous acceptons humblement le face à face avec la vérité qui n’est pas contenue dans un programme mais dans chacune des parcelles de sens rencontrée au jour le jour. 2 Je renvoie à la lecture d’un merveilleux ouvrage de Pierre Sansot : Du bon usage de la lenteur, Rivages poche, Petite Bibliothèque, en particulier au chapitre sur la fébrilité culturelle, p.146 3 Georges Steiner, Maîtres et disciples, NRF essais, Gallimard, 2003, p.40 page 7 Si enseigner est un art, c’est qu’il combine la belle austérité patiente du travail régulier, scolaire, et l’esprit d’enfance émerveillé devant le sens à débusquer. Donner l’impression que rien n’est au hasard, que tous les instants sont occupés par une activité pédagogique, c’est faire croire à l’enfant que l’adulte que nous sommes a atteint une maturité, a perdu cette capacité d’innocence qui est le chemin le plus sûr de la connaissance du monde et de son mystère personnel. Le professeur est d’abord l’homme de la parole qui, pour structurée qu’elle puisse apparaître, garde cette part sauvage et inspirée qui donne sa chance à la conversation avec l’élève. L’abus d’outils pédagogiques, le recours trop systématique à l’écrit risque de figer la relation : Georges Steiner, homme d’écrit pourtant, affirme ainsi dans Maîtres et disciples 3 : « … l’écrit arrête, immobilise le discours. Il fige le libre jeu de la pensée. Il enchâsse une autorité normative mais factice (…) L’écrit n’écoute pas son lecteur. Il ne tient aucun compte de ses questions ou de ses objections ». Quand nous disons que la maîtrise de l’écrit est fondamentale, je crois qu’il faut souligner que nous ne dévalorisons pas l’oral mais qu’au contraire nous nous en servons comme porte d’accès à la lecture et à l’écriture. C’est donc souvent dans le manque, la lenteur, les méandres de la parole que se joue la transmission. Pour autant, je répète que je ne prône pas un dilettantisme. Car l’oralité, centrale dans la relation entre maître et disciple, suppose une grande exigence : « Le mot dit est partie intégrante de l’acte d’enseigner. Le maître parle au disciple. De Platon à Wittgenstein, l’idéal de la vérité vécue page 8 est un idéal d’oralité, de l’adresse et de la réponse face-à-face » 4. Et tandis que l’écrit est d’une certaine façon toujours là, mais toujours extérieur à soi, l’oral peut être intimement lié à soi à condition d’être porté par la mémoire. Pour échapper à une pédagogie conçue sur le mode de la distribution par le professeur et de la consommation par l’élève, sans succomber à l’amateurisme, à la digression systématique parfois favorisée malicieusement par des élèves qui prennent un certain plaisir à égarer leur maître dans ses marottes, on peut viser à donner une colonne vertébrale à nos cours et à l’intelligence des jeunes. Or dans les discours sur l’éducation il est un grand absent, qui est précisément cette colonne : la mémoire. La critique de la mémorisation n’est pas nouvelle et on répète à l’envi le « mieux vaut une tête bien faite que bien pleine » comme si c’était la preuve définitive de la bêtise de cet exercice : cependant Montaigne, lorsqu’il dit cela à Diane de Foix, comtesse de Gurson, dans son chapitre des Essais « De l’institution des enfants », d’une part ne parle pas des élèves mais des éducateurs (« je voudrais qu’on fût soigneux de lui choisir un conducteur qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine ») et d’autre part ajoute « et qu’on y requît tous les deux ». Lorsque Rabelais se gausse des étudiants à la tête farcie de la Sorbonne au chapitre 23 de son Gargantua, les partisans de l’introduction de l’ordinateur à l’école y voient la confirmation que, pour ce qui est des choses à retenir, la prothèse PC ou Macintosh fera bien l’affaire. Ils ne lisent sans doute pas ce que le bon maître Ponocrates réserve à son énorme 4 Ibidem, p.18 6 D’où la complaisance à l’égard du slam, du rap qui passent pour une poésie plus vraie, des talk-show à sujet sociétal qui passent pour être des lieux de réflexion plus valables qu’une classe de philosophie. 7 Georges Steiner, Eloge de la transmission, Hachette Littérature, collection Pluriel, 2003, p. 62 élève qui, dès quatre heures du matin, « ne perdait heure quelconque du jour : ains tout son temps consommait en lettres et honnête savoir (…) Lui-même disait par cœur [ses leçons] et y fondait quelques cas pratiques, lesquels ils étendaient parfois jusque deux ou trois heures. » Que reproche-t-on précisément à la mémoire ? Premièrement, et le succès de la phrase de Montaigne l’atteste, mémoriser semble être un exercice mécanique, donc contraire à la réflexion. Socrate n’obtient-il pas de ses interlocuteurs incultes un raisonnement tout aussi valide que celui de l’homme cultivé ? Soit ; mais encore faut-il dire que leur conversation se limite à des acquiescements et que, dans le Ménon, Platon fonde sur la mémoire, qui est chez lui tout sauf un procédé mécanique, la recherche de la vérité dans le tréfonds de l’âme. Deuxièmement mémoriser, c’est encombrer son esprit de ce qui ne lui appartient pas en propre et, dans une société où la spontanéité et la valeur personnelle sont déterminantes, mémoriser semble être une école de fausseté et de froideur : on a en tête le pédant moliéresque dont la conversation n’est qu’un collage de citations, et cela fait bien du ridicule devant la parole maladroite mais sincère – le mot est lâché – de Monsieur Tout-le-monde. Le professeur craindra d’imposer à un adolescent, ivre de sa propre pensée, la lourdeur d’un tel exercice 6 alors que, comme le clame Georges Steiner, « c’est le contraire ! Vous les videz, en leur enlevant ce qu’on porte, le bagage intérieur. Vous leur prenez le lest du bonheur pour la grande traversée de la mer qu’est la vie » 7. page 9 5 Rabelais, Gargantua, chap 23 page 10 Enfin la mémorisation serait un des lieux antidémocratiques dans la mesure où la capacité de mémoire ne serait pas la même chez chacun alors que l’intelligence est universellement partagée comme le montre Socrate. John Locke, bien avant Rousseau, argumentait déjà dans Quelques pensées sur l’éducation contre la mémoire : « Je sais bien qu’on prétend qu’il faut obliger les enfants à apprendre des leçons par cœur, afin d’exercer et de développer leur mémoire ; mais je voudrais que cela fût dit avec autant d’autorité et de raison qu’on met d’assurance à l’affirmer (…). Il est évident en effet que la force de la mémoire est due à une constitution heureuse et non à des progrès obtenus par l’habitude et l’exercice. (…) Si de tels exercices avaient pour effet de donner à la mémoire plus de force et d’accroître le talent, les comédiens devraient être de tous les hommes les mieux doués sous le rapport de la mémoire, ceux dont la société serait le plus désirable. Mais consultez l’expérience, et vous verrez si les morceaux que les acteurs se mettent dans la tête les rendent plus capables de se rappeler les autres choses, et si leur talent grandit en proportion du mal qu’ils se donnent pour apprendre les discours d’autrui. (…) Les choses auxquelles notre esprit applique son attention, et qui excitent son intérêt, sont celles dont il se souvient le mieux, par la raison que j’ai déjà dite. 8» L’idée reçue est déjà là en 1693 : on retient sans effort ce qui plaît et que l’on comprend ; sinon inutile de surcharger son cerveau. 8 John Locke, Quelques pensées sur l’éducation, Vrin, Bibliothèque des textes philosophiques, § 176, p. 311, 312, 313 page 11 Pourtant la mémoire a une place irremplaçable dans l’enseignement, en premier lieu parce qu’elle est respectueuse du temps éducatif. A contrario, la télévision donne à certains garçons ou filles le sentiment, quand on aborde une question, qu’ils en ont déjà entendu parler. Ils ne savent rien en dire, les idées sont à l’état latent en eux et ils n’ont en fait rien retenu. Même chose pour les sujets traités en classe et qui ne donnent pas lieu à une leçon à réciter. La mémoire, elle, laisse toute sa chance au sens de naître : il y a, en effet, dans la mémorisation un consentement à la lenteur qu’un siècle passionné de vitesse comprend mal. L’enfant récitant une fable de La Fontaine en primaire ne comprend pas tout, même si l’institutrice lui a expliqué tant de jolis mots qu’il ne connaissait pas. Mais quel plaisir, plusieurs années après parfois, de voir un sens surgir d’un passage jusque là obscur alors que s’il avait lu un texte sans mystère pour son âge sa niaiserie lui aurait fait rapidement honte. La mémoire est d’autre part un pilier de l’intelligence : car réfléchir, c’est aussi savoir retrouver des idées et les mettre en ordre. Ce n’est pas le lieu de développer les mécanismes de la mémoire qu’un La Garanderie a mis une vie à décrire, mais la mémorisation suppose bien une technique : d’abord mobiliser ses sens pour retrouver le mot – et on sait que certains sont plus visuels, d’autres plus auditifs, donc qu’apprendre un texte c’est apprendre sur soi, sur les particularités de son fonctionnement intellectuel, de sa perception du monde – ; puis regrouper, ordonner, ce qui est la base de la logique ; enfin hiérarchiser afin qu’au moment où il faudra remobiliser ses connaissances on ne se trouve pas devant un désordre mais qu’on page 12 sache où chercher, comme devant une bibliothèque dont on connaît les principes de classement. Enseigner n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu, dit un sage. La mémoire est le plus beau moyen d’entretenir ce feu, de s’affirmer face à l’agitation de la société, de donner sa chance à la création et au progrès spirituel. Ainsi Marie, qui « gardait dans son cœur » parce qu’elle savait par cœur toutes les belles paroles de sa tradition juive, put spontanément composer le Magnificat, prière tout entière sortie de sa mémoire de la Tora : c’est Anne, mère de Samuel (1S 2,1), c’est la race d’Abraham (Isaïe 41,9) qui « se rappelle son amour et sa fidélité pour la maison d’Israël » (Ps 98,3). Toujours Georges Steiner : « … ce que nous savons par cœur mûrira et se déploiera en nous. Le texte mémorisé interagit avec notre existence temporelle, modifiant nos expériences autant que celles-ci le modifient. Plus les muscles de la mémoire sont puissants, mieux l’intégrité du moi est protégée. Ni le censeur ni la police ne peuvent extirper le poème mémorisé (…) Dans les camps de la mort certains rabbis et talmudistes étaient connus comme des « livres vivants », dont d’autres détenus, en quête de jugement ou de consolation, pouvaient « tourner » les pages de la récapitulation. La grande littérature épique, les mythes fondateurs commencent à se décomposer avec « l’avancée » dans l’écriture. Sur tous ces points, la détergence de la mémoire dans l’enseignement actuel est une sombre sottise. La conscience se déleste de son ballast vital. » 9 La mémoire, qui a retenu dans son filet des leçons et des poèmes, charge la parole d’un 9 Georges Steiner, Maîtres et disciples, NRF essais, Gallimard, 2003, p.40 « Parler pourtant est autre chose, quelquefois, que se couvrir d’un bouclier d’air ou de paille… Quelquefois c’est comme en avril, aux premières tiédeurs, quand chaque arbre se change en source, quand la nuit Semble ruisseler de voix comme une grotte (à croire qu’il y a mieux à faire dans l’obscurité des frais feuillages que dormir), cela monte de vous comme une sorte de bonheur, comme s’il le fallait, qu’il fallût dépenser un excès de vigueur, et rendre largement à l’air l’ivresse d’avoir bu au verre fragile de l’aube. Parler ainsi, ce qui eut nom chanter jadis et que l’on ose à peine maintenant, est-ce mensonge, illusion ? Pourtant, c’est par les yeux ouverts que se nourrit cette parole, comme l’arbre par ses feuilles. 10 Philippe Jacottet, A la lumière d’hiver, section Chants d’en bas, Parler, poésie/Gallimard, 1983, p.45 Tout ce qu’on voit, Tout ce qu’on aura vu depuis l’enfance, Précipité au fond de nous, brassé, peut être déformé Ou bientôt oublié – le convoi du petit garçon de l’école au cimetière, sous la pluie ; une très vieille dame en noir, assise à la haute fenêtre d’où elle surveille l’échoppe du sellier ; un chien jaune appelé Pyrame dans le jardin où un mur d’espaliers répercute l’écho d’une fête de fusils : fragments, débris d’années – tout cela qui remonte en paroles, tellement allégé, affiné qu’on imagine à sa suite guéer même la mort... » 10 Marc BOUCHACOURT page 13 poids profond. Ainsi chez Philippe Jacottet ; ce traducteur de Homère, Hölderlin, Musil, Ungaretti, qui est aussi un de nos plus grands poètes, voit bien que la parole peut être mensonge, mais il sait que, par la mémoire, elle est arme contre la mort : s n o i ex fertiles r, noter... les yeux ue al év r ne ig sa référence en Sous ce titre, Lyon-Maristes propose à votre réflexion un texte ayant trait à la conduite scolaire. page 16 Parole et violence A. Finkielkraut : Dans son beau livre d’introduction à l’œuvre de Platon, François Châtelet écrit : « L’alternative est sans équivoque : entre la violence et le dialogue, entre celui pour qui la parole est seulement un cri de colère, de passion ou une injure, et celui à qui, à chaque instant, il importe de savoir ce qui est dit, pourquoi cela est dit et ce que cela veut dire, il faut choisir. » Platon a choisi, et nous sommes les héritiers de cette décision fondamentale. Mais voici qu’une sorte d’ensauvagement des rapports entre les êtres remet à l’ordre du jour le choix des origines. Des stades de foot aux salles de classe, la violence s’invite partout et parade sur les écrans de télévision, d’ordinateur ou de téléphone mobile. Sommes-nous revenus à la case départ ? Sommes-nous à nouveau placés devant l’alternative du dialogue et de la violence ? Avons-nous les moyens, nous autres hypercivilisés, de refaire le choix de Platon ? A. Bentolila : Je crois que nous n’avons jamais quitté la nécessité de prendre en compte cette alternative entre le dialogue et le passage à l’acte violent. Je dirai la chose suivante : nous devons obstinément apprendre à nos enfants A. Finkielkraut : (…) Vous parlez, à plusieurs reprises, du pouvoir linguistique. Mais la langue n’est pas qu’affaire de pouvoir ou de maîtrise. C’est d’abord l’expérience d’un dessaisissement : on se soumet à un ordre syntaxique, à une grammaire, à un vocabulaire, à une instance tierce, à tout un corpus de mots et de règles. Comme le dit Humboldt, la langue est « non un produit de l’action volontaire, page 17 référence que parler, ce n’est jamais parler à quelqu’un qui nous ressemble – même si, dans la plupart des cas, nous parlons à des gens qui nous ressemblent, qui croient dans les mêmes dieux que nous, qui pensent comme nous. La langue n’est pas faite pour cela : elle est faite pour parler à celui qui est différent de moi. La langue est d’abord faite pour parler à ceux que je n’aime pas. Si l’on parle à des êtres différents de nous et qui ne savent pas ce qu’on va leur dire, alors la langue donnera son meilleur. Quand nous écrivons, nous ne connaissons pas notre lecteur : nous ciselons nos mots, nous cherchons le plus précis, nous cherchons celui qui portera notre pensée au plus juste de nos intentions. C’est ce défi que nous devons relever. (…) page 18 mais une émanation involontaire de l’esprit, non un ouvrage que les nations ont façonné, mais un don gracieux que leur a octroyé leur destin le plus intime ». Et quitte à parler en termes de pouvoir, alors il faut dire que le premier pouvoir que donne la langue, ce n’est pas un pouvoir sur les autres ou sur le monde, c’est une faculté d’émerveillement. Si je n’ai pas de mots pour dire ce que je vois, je ne le vois tout simplement pas. Je ne peux donc pas m’oublier, je ne peux pas me perdre, je ne peux pas être ébloui, je ne peux pas rendre grâce. Ce n’est pas la maîtrise qui me manque, c’est la réceptivité. Je suis, en quelque sorte, privé d’impouvoir, interdit de gratitude. Et quand Alain Viala, au nom du Groupe disciplinaire Lettres, affirme solennellement : « Donner de l’autonomie dans le débat d’opinions, c’est notre mission dans un lycée démocratique », il néglige, au seul profit du pouvoir linguistique, les plus grands bienfaits de la langue : d’autres choses sont en jeu que la capacité de confronter des opinions. A. Bentolila : Bien sûr ! La meilleure définition de la langue, c’est que celle-ci fait de nous des créateurs, et non pas seulement des créatures. Je crois que vous m’avez lu de façon un peu radicale, car je n’ai pas voulu dire que le fait d’avoir les mots exclut le recours à la violence. Il y a des manipulateurs qui ont une rhétorique formidable. Si tel était le cas, Céline n’existerait pas (…). La situation que je décris est plutôt la suivante : lorsque je vous parle, mon intention est d’inscrire sur votre intelligence singulière une trace particulière. Vous interprétez en toute liberté cette trace qui est la mienne ; en même temps, j’ouvre mon intelligence à ce que Extrait de « Comment enseigner la langue française ? », dans La querelle de l’école, transcription de l’émission Répliques, série d’entretiens animés par Alain FINKIELKRAUT sur France Culture et publiée chez Stock page 19 vous allez y mettre. Ce sont cette exigence et ce respect qui font que, dans ce cadre-là, la parole peut différer la violence. Je dis bien : « la différer », car elle ne l’empêche pas. Mais à partir du moment où je prends l’autre en compte et qu’il est l’être le plus important pour moi, à partir du moment où je veux qu’il me comprenne et où lui-même veut me comprendre, je crois que la question du passage à l’acte est différé. (...) page 20 En saigner ! C'est à la faveur un peu grossière de ce calembour que la valeur d'un enseignement pourrait être jugée : en saignez-vous ? Y a-t-il dans ce que vous transmettez quelque chose qui en vaille la peine, c'est-à-dire pour quoi l'on doit être prêt à souffrir, parce que cela est source de vraie joie ? Par là se pose crûment la question de la fin d'une rentrée scolaire. Or, de nos jours, on multiplie les moyens, on dispute de leur opportunité, mais de leur fin, on ne parle guère, hormis l'artifice rhétorique qui consiste à répéter le mot de citoyen. Méthode globale ou syllabique, accueil du multimédia ou défense de la craie, sauvetage des lettres classiques, préservation des acquis sociaux, tous ces sujets d'intérêt passent à côté de l'essentiel : quel est le but de tout cela ? La méthode aura beau être parfaite, s'il n'y a rien de grand à atteindre, elle ne peut que tourner à vide. La prééminence, dans le secondaire, des mathématiques sur les humanités, est le signe de cette déshérence : les objets mathématiques sont de pures abstractions, la question de leur bonté, de leur poids existentiel, ne se pose pas. C'est pourquoi, sous le règne des moyens sans fin, ils se maintiennent comme critère de sélection, tandis qu'histoire et littérature ne cessent de déchoir. Jusqu'au XXe siècle, de grandes idéologies ont pu dynamiser la transmission du savoir : l'humanisme des hussards de la République, le communisme des lendemains qui chantent. Le premier s'effondra avec la Première Guerre Nos élèves ne sont pas si bêtes qu'ils l'ignorent : ce n'est peut-être pas pour eux une interrogation réfléchie, c'est en tout cas un ver qui les ronge. Ils arrivent en classe avec ce nihilisme que seul le luxe de leur vitalité leur permet de soutenir. Et rien d'autre à leur offrir qu'une vision de l'homme qui oscille entre le consommateur spectaculaire et le singe évolué. Ce qui permet de mieux s'aveugler devant le désastre. Comme singe supérieur, l'homme perd sa responsabilité devant les horreurs de l'histoire et ne cherche plus qu'une rédemption par la technique. Comme consommateur spectaculaire, il trime pour un ersatz de la contemplation, satisfait sa curiosité mais ruine sa « studiosité », se divertit enfin contre l'angoisse d'une vie qui n'a aucun sens. Au fond, nul enseignement ne tient s'il ignore que l'homme est fait pour contempler le vrai et le beau, et qu'il cherche une réponse au mystère du mal et de la mort. L'adolescent le devine, qui retrouve le sens de la poésie dès qu'il est amoureux ou qu'il éprouve sa finitude. page 21 mondiale, et le mouvement Dada, critique radicale d'une culture impuissante à empêcher le carnage, lui donna sa définitive sépulture. Le second a tenu plus longtemps, mais la planification de la société parfaite a vite avoué son caractère totalitaire. Quel avenir reste-t-il, aujourd'hui, pour motiver le geste de l'enseignement ? Ou encore, qu'est-ce qu'enseigner après Auschwitz comme ce qui frappe de soupçon la civilisation européenne, et après Hiroshima comme ce qui, à travers la possibilité d'une destruction totale, nous fait perdre confiance en toute postérité ? page 22 Nos classes, qui l'ignorent en se voulant tremplin de l'entreprise, ne sont que des organes de diversion complices du désespoir. Mais où trouver l'espérance ? Les utopies sont mortes. Reste l'élan de notre héritage judéochrétien. À l'élève, il ne refuse pas l'élévation. Il affirme son ouverture corps et âme à la transcendance, le reconnaît capable, à travers le temps, par-delà le temps, d'aimer la beauté crucifiée. À partir de cette sagesse peut se transmettre un savoir vivant : on y goûte à nouveau Virgile et Proust comme ce qui rejoint l'attente du cœur, on y aime la physique comme ce qui renouvelle l'émerveillement, on y connaît l'histoire comme ce qui nous inscrit dans l'aventure de nos pères. Tout est vain qui n'est pas ordonné à ce qui est digne qu'on lui verse son sang. Méconnaître cette évidence, c'est proposer un enseignement qui ne vaut rien devant la mort, et laisser place, qu'on le veuille ou non, à la compensation des écoles coraniques ou à l'amertume des casseurs. Fabrice HADJADJ essayiste et dramaturge, professeur de philosophie D’une année sur l’autre, « ça roule » : on se sent en classe comme dans son élément naturel, des relations harmonieuses s’établissent, comme par décret de la Providence, avec les élèves, même avec ceux dont on apprend, incidemment, qu’ils causent plus de tourments à d’autres collègues ; on se fait un devoir, quand on est leur professeur principal, de leur en manifester un mécontentement que l’on veut absolument sincère, mais sous lequel affleure une poussée d’orgueil dont la sincérité se passe d’être voulue. On se regarde, avec une complaisance qu’on ne s’avouerait pas pour un empire, « distinguer » (plutôt que « préférer », n’est-ce pas) tel ou telle élève avec qui on se félicite de s’entendre, quand d’autres n’ont pas cette chance. Attentif comme par mégarde aux appréciations çà et là glanées des élèves, de leurs parents, on s’applique à enrober les rumeurs de reconnaissance dans le brouillard d’une modestie que l’on sait d’autant plus indispensable qu’on en éprouve de moins en moins la nécessité. Et la machine, grâce à l’onguent d’une honnête dose de bonne volonté, continue de « rouler »… … jusqu’à ce que l’on entre dans des turbulences qui tout à coup figent en pilori cette poussière de rouille que l’on prenait benoîtement pour de la patine. Cette année-là, de vos quatre classes, il en est une (c’est largement suffisant) que l’habituel décret de la Providence semble avoir oubliée. Rien ne l’annonce, à première vue, à votre jugement un peu presbyte. On néglige de la voir comme elle page 23 Turbulences page 24 est, plus pelotonnée qu’il n’est d’usage, attendant encore de savoir, à la différence des autres, si l’année qu’elle commence avec vous sera scolaire ou non. On note, sans vraiment le remarquer, juste assez pour s’en souvenir trop tard, que le premier doigt levé n’est pas porteur d’une question mais d’une tranquille affirmation ponctuée d’un sourire satisfait : « J’ai rien compris » ; et ce, à propos de l’emploi du temps hebdomadaire et de l’utilisation du classeur. On ne manque pourtant pas, au premier exercice donné à la maison, d’en vérifier l’exécution auprès de chacun et de tancer vertement ceux qui ne l’ont pas fait ou l’ont bâclé ; mais on ne le note nulle part, et c’est ce que tout le monde remarque pour ne plus l’oublier. Vient, rapidement, le premier devoir surveillé – une rédaction, comme d’habitude. Dès le lendemain, et presque à chaque cours, une élève demande quand on le rendra. Elle ne se satisfait pas de l’habituelle expression du bon plaisir du professeur en matière de délai, et réitère inlassablement sa demande. On s’en agace, au lieu de s’en soucier. Va-t-on, par simple caprice royal, jusqu’à mettre à le corriger un peu plus de temps qu’il n’était nécessaire ? Ce n’est pas sûr. On met pourtant trop de temps. La jeune inquisitrice obtient une des meilleures notes et l’on veut y voir la cause de son insistance. On a tort. Elle n’est pas satisfaite, et n’avait pas l’intention de l’être. S’appuyant sur le faible résultat d’ensemble, elle balaie d’un revers de main vos explications rassurantes ; les répute lénifiantes, voire hypocrites ; vous décrète, par ses mots comme par le ton qu’elle emploie, encroûté dans un arbitraire qui fonde votre tyrannie ; vous accuse à mots à peine couverts page 25 de mépriser les élèves et de les considérer comme vos victimes désignées. La classe, ravie du spectacle et des perspectives d’amusement que la situation comporte, lui emboîte le pas ; non pas chaque élève de la classe, mais la classe dans sa personnalité collective. On se met alors en colère, soulevé d’une vertueuse indignation : longtemps, ma foi, qu’on n’avait pas crié aussi fort ! Les ricanements que cela déclenche vous renseignent immédiatement sur l’inanité de cette réaction : ce n’était, à coup sûr, pas ce qu’il fallait faire. Mais que fallait-il donc faire ? Question désespérée, ardue … sans objet. Question et réponse appartiennent au passé, et c’est l’avenir immédiat que l’on voudrait pouvoir régénérer. Faute de s’en rendre compte, on ressasse indéfiniment l’aiguillage manqué, pour se rabattre sur une explication, à défaut d’une réponse, et la plus commode : c’est leur faute, à ces satanés foutriquets, ce sont des élèves difficiles, on le savait d’avance et ils se sont retrouvés dans la même classe, pas étonnant qu’on ne puisse rien en tirer. Bien entendu, cela ne tient pas la route : difficiles tant qu’on voudra, mais pas sans capacités ni sans qualités humaines ; d’ailleurs d’autres s’entendent mieux que vous avec eux. Mais tout cela n’est pas facile à admettre, même si cela devient de plus en plus évident ; c’est justement le point que votre amour-propre aux abois s’efforce de rejeter dans une impossible obscurité. La tentation de tout imputer aux élèves risque d’être trop forte, il faut la fuir. Hélas, le propre de la tentation est d’être un danger que l’on n’a pas envie de fuir, même quand on en a compris la nécessité ! page 26 Alors on fuit mal, sans position de repli, et l’on évite de poser la question comme elle devrait l’être : pourquoi la colère n’était-elle pas la bonne réaction ? Tout simplement parce que si la colère de quelqu’un qu’on estime et respecte est un rappel à l’ordre efficace, une douche froide qui aide à reprendre ses esprits, celle de quelqu’un que l’on n’estime ni ne respecte devient perte de contrôle, gesticulation comique, tentative dérisoire d’établir dans le rapport de forces une autorité que l’on n’a pas su établir autrement. Or le professeur ne peut établir son autorité sur un rapport de forces, puisqu’il n’a d’autre force que celle de son autorité. Emporté par la routine des années réussies, on ne s’est pas aperçu que dans cette classe-là, l’autorité était à établir, l’estime et le respect à gagner. Dès lors, l’erreur apparaît clairement : se croyant fort de bonnes habitudes peu à peu mangées de rouille, on a négligé une étape essentielle : s’établir pour l’année professeur de cette classe-là, telle qu’elle est, de ces élèves-là tels qu’ils sont, régler à neuf le dosage particulier entre bienveillance et exigence, entre ambition pour tous et attention à chacun, qui seul peut fonder l’autorité de ce professeur-là sur cette classe-là ; bref, commencer l’année. Cette erreur fondamentale est-elle rattrapable ou non ? Peut-on se prémunir contre le risque de la commettre à nouveau ? Ces questions, hélas, attendront, car l’année s’avance sans qu’on ait pu aller jusqu’à se les poser : il y faut la tête libre et le relâchement de la morsure du quotidien sur un amour-propre dévasté. Oh oui, dévasté ! On voit bien, au fil des semaines, quelles avanies les élèves vous réservent ; vous page 27 réservent, oui, à vous et non à d’autres ; l’axiome selon lequel c’est au professeur en tant que tel, non à la personne, que ces comportements s’adressent, perd tout pouvoir consolateur au fur et à mesure que la réalité le contredit. Certes, c’est bien à vous en tant que professeur, et non en tant que personne, que s’adressent quolibets et provocations, mais vous savez bien que votre personne est partie prenante de votre pratique, et d’ailleurs, il est déjà bien assez pénible de voir aussi radicalement remise en cause une pratique dont jusque-là vous aviez la naïveté d’être fier. Le passé chavire aussi, naufrage douloureux. Nul besoin d’entrer dans les détails : tel jour Un tel a fait ceci, tel autre jour Une telle a fait cela : aucun intérêt ; règlement de comptes dérisoire et mesquin, ou délectation morose à la fétide inanité. Mais on se voit sombrer, tenter vainement de s’asseoir sur une crête de vague, comme si c’était possible ; on se voit oublier de donner tel travail que l’on s’était promis de donner ; bâcler telle explication dans la crainte que prenne fin trop tôt le miracle d’un calme relatif ; parler comme si l’on voulait mordre alors que l’on ne rêve que de réconciliation. On s’entend dire un jour : « Allons, M’sieur, un peu d’humour ! » et l’on s’avoue, accablé, qu’en effet dans cette classe on est d’une maladive susceptibilité. Votre propre esprit, ennuyé de tant d’inopportunité, s’en va s’asseoir au milieu des élèves et observe avec une commisération éberluée le pantin qui s’agite stérilement sur l’estrade ; on ne se formalise plus d’entendre les élèves dire, ou de les voir penser, qu’on est un mauvais professeur, car dans cette classe on l’est : on irait bien, si l’on se jaugeait soi-même, jusqu’à la mention « exécrable ». page 28 On s’étonne, pourtant : dans ses autres classes, on redevient soi-même. On explique avec soin, on donne régulièrement du travail, on répond à toutes les questions, on se passionne pour sa propre tâche et pour celle des élèves. Est-il possible que ce soit la même personne, dont une mère d’élève dit que le sens de l’humour réconcilie son fils avec l’école, qui en soit si désertiquement dépourvue quand elle officie deux étages plus bas ? C’est bien la même, et les classes « qui marchent » vous en donnent d’épineuses preuves : au moindre comportement rappelant, même de loin, ceux de votre enfer quotidien, on se découvre inutilement cassant, presque méchant. On s’en morigène : trop tard, c’est fait. A telle heure de la semaine, qui en précède deux consécutives sur les lieux d’épreuve, on se maudit de ne pas être maître de sa présence d’esprit, et de se montrer, semaine après semaine, plus irritable, plus fébrile, moins clair et moins ouvert que les autres jours dans la même classe sans histoires. On retrouve alors un objectif immédiat : ne pas laisser la contagion gagner, et ce avec un point d’appui enfin valide : ce n’est pas des élèves que vient le risque, ni de ce qu’ils peuvent entendre raconter par d’autres, mais de soimême. Tant que leur professeur ne ressemble pas à celui que décrivent « les autres », rien de grave ne peut se produire ; et cela, enfin, dépend de soi. Peut-être, cependant, ne peut-on pas grand-chose à l’état d’esprit dans lequel on se trouve dans la salle de classe, même si, tout de même, en reconnaissant peu à peu les pièges tendus par l’anxiété, on apprend à les contourner. En tout cas, il est une chose dont on est maître et que l’on peut vacciner contre la page 29 contagion, c’est la manière d’aborder, d’envisager, de préparer les cours et les devoirs, et celle de corriger les copies. Dans cette part du travail extérieure à la salle de classe, l’esprit retrouve une latitude suffisante pour une action efficace de la volonté. Il lui apparaît alors clairement que le moyen le plus solide d’éviter tout risque de pourrissement général, c’est de travailler pour sa classe douloureuse exactement dans les mêmes dispositions que pour les autres, avec le même soin, la même espérance, la même exigence personnelle. Les blessures de la sensibilité jouant leur rôle, c’est difficile, mais le recul jouant aussi le sien, c’est possible, et du même coup, on retrouve là un moyen de reprendre, même pour la classe qui vous taraude, la direction de son propre travail. Pas celle des opérations, restons honnête : cela court sur son erre, et l’atmosphère de la classe douloureuse ne s’en trouve pas transfigurée ; mais on y reconquiert tout de même un peu d’estime de soi et de sérénité – très peu, mais cela n’a pas de prix – en renonçant à prendre pour une espérance héroïquement conservée le désir chimérique que le prochain cours se passe mieux que le précédent. On le conserve, ce désir, et sa perpétuelle déception continue de mordre ; mais l’espérance, en trouvant son véritable objet, ne le transforme plus en obsession. Ce qu’on espère, désormais, c’est que cette année, si tourbillonnesque et tempêtueuse qu’elle soit, puisse apporter à chacun de ces élèves, depuis ceux qui se sont acharnés à travailler quand même jusqu’à ceux qui se sont fait gloire du tohu-bohu ambiant, quelque chose qui leur serve, pour l’avenir, de point d’appui ou de point de rejet. On peut avoir la chance page 30 d’apprendre, à la fin de l’année, qu’il en a pour certains été ainsi, et l’on parvient à s’en réjouir (pas question, bien sûr, de s’en féliciter, ce serait indécent). On se défait enfin, sous ce nouvel éclairage, de la tentation sans cesse rejetée mais toujours revancharde de tenir les élèves les plus incisifs pour premiers responsables de la situation, et l’on reçoit la grâce de terminer l’année sans haine, effrayé et contrit d’en avoir éprouvé, sans même s’en être rendu compte – et pas forcément contre ceux qui se sont cru haïs. On ouvre aussi les yeux sur la part que, aveuglé par la tempête, on a prise à sa propre solitude dans l’épreuve, et l’on s’émerveille de tous les réconforts reçus, qui se sont frayé un chemin discret dans un dédale d’ombres qu’ils rafraîchissaient délicatement : ces élèves que l’on savait au courant de ce qui vous arrivait dans une autre classe et qui vous ont gardé leur confiance malgré vos sautes d’humeur et vos moments d’égarement ; ces collègues qui vous ont témoigné estime et affection malgré la mine bien grise qu’on leur faisait trop souvent, et dont ils ont su comprendre qu’elle ne leur était pas adressée ; ces parents qui, aux récits que leur faisaient leurs enfants de vos déboires, loin de crier haro sur l’incompétent, ont su vous encourager discrètement à faire pour le mieux. Imparfaitement guéri, on n’ose se prétendre capable de toute la reconnaissance qu’on leur doit, mais on l’espère intensément. Au fur et à mesure que cette année difficile se dépose dans la vasque du passé, on comprend la différence radicale qui existe entre détachement et indifférence. Indifférent à ce qui se passait, on ne l’a jamais été, et on a eu page 31 raison ; détaché, on n’a jamais pu l’être, et ce fut un manque. Manquer de détachement, c’est tout simplement persister à faire de soi-même le personnage le plus important de l’histoire. C’est très exactement ce qui explique l’erreur initiale précédemment décelée : ce fameux dosage entre bienveillance et exigence, ambition pour tous et attention à chacun, on a commis l’erreur de l’effectuer par rapport à soi, non par rapport aux élèves. Inconsciemment, on leur a présenté ce qu’on voulait être, soi, non ce qu’on voulait leur permettre de faire, à eux. Sans bien sûr le vouloir, on s’est mis en vedette et on a attendu d’eux les réactions idoines, qu’ils se sont fait un malin plaisir de ne pas donner en retour. C’est ainsi que la classe a perdu son principe de réalité, se transformant en un malsain jeu de rôles dans lequel chacun a voulu être tête d’affiche. On n’a pas eu, certes, l’orgueil de se dire que toutes ces tribulations étaient négligeables et qu’on n’en était rien d’autre que la victime ; mais on n’a pas eu non plus l’humilité de quitter mentalement le centre de l’affiche pour raisonner sur la situation des élèves plutôt que sur la sienne propre. On l’a pourtant voulu, mais on n’a pas vu, dans la touffeur du chaudron, comment s’y prendre : l’humilité ne se décrète pas. En attendant, une nouvelle année se profile, et avec elle la nécessité de poser à nouveau ces deux questions : l’erreur commise est-elle rattrapable ? Peut-on se prémunir contre le risque de la commettre à nouveau ? A la première, on peut tirer la réponse de ce qui précède : les raisons mêmes pour lesquelles elle a été commise la rendent irrattrapable par celui qui l’a commise, à moins qu’on ait l’indulgence de lui concéder que son page 32 obstination à ne pas se satisfaire de la situation et à continuer de travailler pour la classe ait pu contribuer, si peu qu’il s’en fût rendu compte sur le moment, à sauver ce qui pouvait encore l’être. La réponse à la deuxième question se trouve dans le remède déjà indiqué : l’humilité qui permet le détachement de soi. Pas plus que dans le feu de l’action elle ne se décrète dans la quiétude des vacances : quel impudent orgueilleux, en effet, celui qui pourrait proférer : « J’ai compris la leçon : à partir de maintenant, je serai humble ! » Pour un peu, on le sentirait capable d’ajouter : « le plus humble de tous ! » Non, pas de promesses, pas de serments, ou tout est déjà gâché. « On » est un imbécile, disait ma grand-mère, mais un imbécile qui cherche du moins à s’amender. Vincent RICARD Intervention faite le 8 mai dernier lors de la journée pédagogique consacrée à l’évaluation Que faisons-nous ou qu’avons-nous l’intention de faire lorsque nous évaluons ? C’est à cette question que nous voudrions d’abord répondre en mettant au jour ce qui justifie la démarche d’évaluation. Pour cela, nous prendrons sur l’évaluation trois perspectives différentes : la première sémantique, la deuxième didactique et la troisième dialectique. évaluer La visée de l’évaluation : une approche sémantique Lorsque nous évaluons un travail écrit ou une prestation orale, un devoir ou un exercice, nous notons et nous annotons, ce qui veut dire que toute évaluation a son versant quantitatif : la notation, et souvent qualitatif : l’appréciation. On pourrait croire qu’il n’y a, entre les deux, qu’un rapport de transposition ; mais chacun voit bien que la note ramasse des éléments divers et fait, pour ainsi dire, une moyenne qui écrase les différences ; en un mot, elle ne transpose pas, elle traduit et toute traduction est aussi une trahison. Voilà pourquoi il serait plus juste de dire que l’appréciation rectifie la note ; la note met un terme à l’hésitation de page 33 évaluer noter apprécier page 34 l’estimation et l’appréciation révèle ce que cache la note, ce en quoi elle ne peut se concevoir comme une simple justification de la note ; elle révèle le difficile arbitrage dont la note résulte et qui fait d’elle une approximation dans laquelle le qualitatif à la fois s’impose et se perd. Y a-t-il, dès lors, un sens, à porter sur un bulletin la note de 8,96 ou celle de 10,04 ? Cette extrême précision ne nous fait-elle pas perdre de vue la relativité de la note et, partant, ne lui enlève-t-elle pas son sérieux ? L’évaluation se transcrit dans une appréciation qui est aussi une estimation. Apprécier, estimer, ces termes vont du fait à l’attente, se rapportent au fait selon une attente, la quête de l’appréciable ou de l’estimable dans la prestation écrite ou orale de l’élève. Le double sens de ces termes révèle qu’ils veulent s’en tenir aux faits mais qu’ils ne peuvent s’empêcher d’anticiper une satisfaction ; ils sont résolument optimistes : l’appréciation pour objective qu’elle veut être ne demande qu’à célébrer l’appréciable, l’estimation qu’à reconnaître l’estimable. Ils se distinguent en cela de la critique et de la sanction qui veulent s’en tenir aux faits mais louchent vers le reproche, lorgnent par avance du côté de la réprimande, s’abandonnent ainsi à leur pessimisme foncier. Trouverons-nous, dans la langue, ce mot rare qui dirait à la fois le reproche, le fait et l’attente, qui embrasserait ce que l’évaluation porte en elle de dénonciation, de rigueur objective et d’espoir ? Ce mot pourrait être « correction », à condition que l’on se souvienne que l’on ne corrige pas pour évaluer mais que l’on évalue pour corriger. Vérifions : la correction dénonce les erreurs, raye, biffe, elle voit rouge ; elle explicite ses critères de jugement et d’évaluation, dans sa La visée de l’évaluation : une approche didactique Parmi toutes les formes ou tous les genres d’évaluation que distinguent les sciences de l’éducation, j’en relèverai trois principales : l’évaluation diagnostique, formative et sommative. Le propre de l’évaluation diagnostique est de savoir d’où l’on part, de porter un regard objectif sur les acquis, sur les connaissances sur lesquelles on peut compter et appuyer les nouvelles acquisitions. Cette évaluation ou état des lieux concerne toutes les situations pédagogiques du commencement : commencement du cours en début d’année, en début de trimestre, de classe, de chapitre, en début d’exercice enfin ; elle n’est pas seulement utile pour le professeur, elle l’est aussi pour l’élève, pour autant qu’elle ne soit pas reçue comme un test, passé ou non avec succès, mais comme une mesure prise par et pour l’élève sur ce qu’il sait bien ou moins bien. page 35 transparence elle est blanche ; en faisant tout cela, elle rectifie, elle redresse, indique la bonne voie et encourage en identifiant le progrès dont elle est en attente : elle passe au vert. Les remarques sémantiques nous ont permis de mieux cerner l’acte d’évaluer et l’intention qui le porte ; mais elles ne disent rien sur le « quoi », sur la matière de l’évaluation. Il faut maintenant savoir ce qui donne lieu à évaluation. Ne faut-il prendre en compte que les « supports d’examen » comme disent les docimologues ? page 36 Voilà pourquoi les pédagogues insistent, à juste titre, sur le fait que cette évaluation doit être « dialoguée » afin de favoriser la prise de conscience par l’élève de ce qu’il maîtrise déjà et des progrès qu’il a encore à accomplir. Par l’évaluation formative, nous entendons celle qui est réalisée en cours de formation ; elle ne se réduit pas à des pratiques d’évaluation informelles du type : « Avez-vous des questions ? ». Elle vise, elle aussi, à augmenter chez l’élève la conscience de ses progrès dans les acquisitions demandées, mais aussi la conscience de l’écart entre ce qui est produit jusque-là et ce qui est attendu, la conscience, par exemple, de savoir son cours pour résoudre tel ou tel type de problème. On pourrait objecter que les élèves le savent déjà et qu’ils peinent à hausser leur volonté au niveau de ce savoir. En fait, l’expérience montre qu’ils le savent d’une manière abstraite et générale qui n’a aucune prise sur les faits. Cette évaluation formative va donc privilégier l’auto-, l’inter-, le trans-, c’est-à-dire tout ce qui circule entre l’apprenant et l’enseignant, entre l’apprenant et les autres apprenants, entre l’apprenant et lui-même, pour parler comme les sciences de l’éducation ; elle est, par ailleurs, de l’ordre d’un métalangage, c’est-à-dire qu’elle met en suspens le contenu de l’apprentissage pour s’intéresser au mouvement même de son acquisition, dans une démarche qui peut être individuelle ou collective. Son intérêt est aussi d’être libéré de la pression de la notation, et d’inciter le professeur à interroger ses propres pratiques pour éventuellement les réadapter. De formative, elle devient formatrice. noter page 37 L’évaluation sommative – ou certificatrice – constitue la troisième forme que nous retiendrons : celle-là note et apprécie, elle vient clore un processus d’apprentissage pour mesurer la conformité des acquis à ce qui est attendu, elle certifie l’adéquation entre le résultat obtenu et la norme en cours du succès. Elle n’a pas d’état d’âme, elle n’est pas dialoguée ou compréhensive, elle sanctionne un résultat selon une échelle de valeurs, dont la plus haute correspond à l’adéquation entre ce qui est produit et ce qui est attendu (20/20) ; cette valeur la plus haute doit aussi être pour l’élève la plus significative ; or, chacun peut constater que ce n’est pas le cas : pour les élèves, la valeur la plus significative, c’est la moyenne (10/20), et cela, parce que 20/20 représente pour lui un idéal inatteignable, une abstraction ; cet état de fait doit nous permettre d’interroger notre pratique de la notation ; il me semble raisonnable de postuler que, pour tout exercice bien choisi, un certain nombre d’élèves d’une même classe doit obtenir une note comprise entre 15 et 20, et que, si ce n’est pas le cas, c’est que l’exercice est mal choisi, c’est-à-dire inapproprié. Ce « moment » didactique aura eu au moins un mérite ; celui de nous rappeler que, dans notre tâche d’enseignant, nous réduisons bien souvent l’évaluation à sa forme sommative. Si nous avons parfois recours au diagnostic, nous délaissons presque toujours l’évaluation formative, en laquelle résident pourtant les possibilités d’amélioration de nos démarches. page 38 La visée de l’évaluation : une approche dialectique Il s’agit pour nous de comprendre le sens de l’évaluation dans la tâche globale qui est la nôtre, transmettre un savoir. Pour cela, il faut reprendre une nouvelle fois la question tant débattue de savoir ce que nous faisons lorsque nous enseignons ; dire que nous transmettons un savoir, est-ce dire que nous avons en vue l’accumulation par l’élève d’un certain savoir, celui que précisent les programmes. Si c’était le cas, la classe serait un peu désespérante, car nous savons bien que chaque année est un recommencement. Mais si l’accumulation n’est pas notre visée, quelle est celle-ci ? N’est-ce pas que, en mettant l’intelligence devant des questions et des problèmes, nous exigeons d’elle qu’elle se ressaisisse, qu’elle s’exerce et se fortifie ? Et voilà ce que nous sommes : des maîtres d’exercice, des stimulateurs de connexions neuronales, des agitateurs de synapses. Qu’est-ce qu’évaluer, alors ? C’est dire comment l’intelligence s’en est tirée. Avait-elle tous les éléments ? Se les est-elle donnés ? Les a-t-elle bien fait jouer ensemble ? Les a-t-elle convoqués au bon moment ? Et dans le bon ordre ? Car l’intelligence ne peut pas manquer de croire qu’elle a juste ou de penser qu’elle a faux ; elle attend la confirmation, elle attend de savoir vraiment. L’évaluation, c’est donc la médiation qui permet au savoir de devenir un savoir du savoir, un savoir qu’on sait. Faut-il, dès lors, que cette évaluation prenne la forme d’une notation, se traduise dans la forme quantifiée de la note ? Le fréquent : « C’est noté, m’sieur ? » indique un calcul qui cache apprécier L’analyse des pratiques : une approche problématique L’objet de cette approche problématique est de dresser la liste des questions qui se posent à celui qui cherche à donner à l’évaluation toute sa portée pédagogique, c’est-à-dire à la comprendre comme un mouvement essentiel dans un processus d’acquisition qui vise la production par l’élève de ce qui est attendu. Pour qui veut mettre l’évaluation au service de l’apprentissage et pour qui place à son horizon le dévoilement de l’estimable, les questions seront les suivantes : page 39 peut-être une attente ; c’est en cela qu’il est à la fois dérisoire et juste – dérisoire parce qu’il confond le moyen et la fin, juste en ce que, par la note, le travail n’est plus seulement par et pour celui qui le produit mais devient un travail devant l’autre, soumis à la publicité et à la comparaison qu’elle rend possible. On le sait bien, de cette publicité et de cette comparaison peuvent naître le pire, la vanité et l’humiliation ; c’est au professeur – comme toujours – a en manifester le meilleur ; mais là, nous entrons dans le concret, c’est-à-dire dans l’analyse des pratiques. Cette analyse constituera la seconde partie de notre réflexion, construite autour de trois moments successifs : – moment problématique, – interlude biographique et moment pédagogique. page 40 1 - Comment ne pas réduire l’évaluation à sa forme sommative ? 2 - Comment faire pour que la note n’annule pas l’appréciation et le travail ? Comment en faire un signe dans un processus d’acquisition ? 3 - Comment rendre l’élève capable de mieux évaluer son propre travail ? 4 - Comment augmenter en lui la conscience de ce qu’il doit améliorer et des moyens à prendre pour cela ? 5 - Comment accompagner le passage de cette conscience à l’action ? 6 - Comment évaluer nos pratiques pour les faire évoluer ? 7 - Comment éviter que l’optimisme de l’estimation ne soit dévoré par la brutalité de la sanction ? 8 - Comment considérer chaque travail, chaque exercice, comme une nouvelle chance, comme un nouveau départ et une nouvelle occasion de faire ses preuves ? L’analyse des pratiques : un interlude biographique J’ai été amené à me poser tout ou partie de ces questions deux ou trois ans après que le père Perrot m’a confié les deux années de la classe préparatoire aux grandes écoles de commerce. En effet, après ces trois années, je me suis rendu compte que les notes obtenues par les étudiants aux différents concours étaient faibles, bien que le niveau académique du cours que je dispensais alors ne fût pas très éloigné de ceux de mes collègues d’autres établissements ; page 41 j’ai aussi noté que mes étudiants progressaient fort peu, que les rares meilleurs le restaient et, surtout, que les très nombreux en difficulté le restaient aussi. J’ai remarqué enfin qu’un tout petit nombre seulement obtenait la moyenne au troisième trimestre et que toutes les notes étaient comprises entre 12 et 6. Cette situation contribuait à renforcer l’idée que la philosophie ne s’apprend pas, qu’on sait faire ou qu’on ne sait pas faire. J’ai été conduit à apporter un certain nombre de modifications : réduction d’un tiers des apports académiques, ce tiers étant consacré à des exercices et à des corrigés réalisés pendant le temps des cours ; travail approfondi sur de bonnes copies d’élèves ; relecture des copies corrigées ; rappel des critères de correction ; recherche d’une progression dans la difficulté des exercices donnés ; évaluation régulière des connaissances ; conduite du cours en interaction avec la classe à chaque fois que c’est possible ; adoption d’une évaluation comparative qui relève les points d’amélioration ou d’une évaluation pédagogique qui les valorise dans la notation. L’intérêt de ces aménagements est qu’ils permettent de tenir ensemble des éléments de diagnostic, les conditions d’une prise de conscience de ce qu’il faut améliorer et la vérification de l’effectivité de cette prise de conscience. page 42 L’analyse des pratiques : examen de quelques enjeux Je voudrais, pour terminer, reprendre certaines des questions dont je viens de dresser la liste pour envisager les réponses pratiques que l’on peut y apporter. Si, par exemple, nous cherchons à faire comprendre à l’élève le sens de sa note et des appréciations, comment pourrons-nous procéder ? D’abord nous devons expliciter nos critères d’évaluation et faire que, au-delà des variations liées à la particularité des exercices, il y ait, dans ces critères, un certain nombre d’invariants ; l’appréciation devra dire comment l’exercice réalisé se comporte par rapport à ces critères. Pour les interrogations orales de classes préparatoires, nous disposons d’une grille de critères : pertinence de la problématique, construction, références, correction de la langue, etc., qui permet d’utiles comparaisons avec les prestations précédentes. Nous pouvons aussi, dans nos corrigés, montrer comment nous nous soumettons nousmêmes à la rigueur des critères posés. Nous pouvons, enfin, dans le courant de l’année, lire une très bonne copie qui met bien en œuvre ce qui est attendu. Si maintenant nous cherchons à éviter que la note n’efface le travail et ne la relègue dans le passé, nous donnerons l’occasion à l’élève de reprendre sa copie, afin qu’il revienne de la note vers l’épreuve. Nous pouvons relire avec lui ce qu’il a fait, reprendre une partie de la correction, ou même lui redonner le même exercice lors d’un prochain devoir. Si, enfin, nous cherchons à mettre les élèves en situation d’évaluer leur travail ou le travail des Bruno ROCHE page 43 autres pour mieux comprendre ce qui est attendu, nous multiplierons en cours les situations d’exercices corrigés aussitôt au tableau par un ou deux élèves, deux autres étant chargés de la correction de ce qui est proposé. Ils comprennent, par là, que l’évaluation, ce n’est pas un jugement arbitraire et qu’il faut veiller à être compris. Chacun voit bien que tout ce qui précède trouve sa condition dans la réflexion que le professeur conduit sur ses propres pratiques ; de ce point de vue, la question de l’évaluation des élèves est suspendue à celle des moyens par lesquels le professeur peut conduire sa propre évaluation, pour entrer lui-même dans la démarche de progrès qu’il cherche à initier chez ses élèves. tête variations les yeux fertiles page 46 « C’est fini maintenant ? Je peux sortir ? Je commence à avoir des crampes dans ce sarcophage. − Oui, allons-y, la voie est libre. − Je n’aurais jamais dû t’écouter. Se faire enfermer dans le musée après la fermeture... Tout cela, c’est parti d’une simple boutade, quand je t’ai dit qu’il y avait tellement d’œuvres dans ce lieu qu’une de plus ou de moins... − Et n’est-il pas désagréable de songer que ces œuvres sont à peine regardées par des marmots braillards et des touristes pressés qui photographient sans voir ? Nous allons enfin pouvoir contempler tranquillement ces chefs-d’œuvre sans être perpétuellement bousculés ; ils sont à nous, rien qu’à nous, pour toute cette nuit ! − Et si on tombe sur un gardien ? − Peu de risques : le budget des musées est tellement restreint qu’il ne doit y avoir qu’un gardien pour tout cet immense bâtiment ; et si on entend quelqu’un, on se cachera derrière une statue... ou dans un sarcophage. − Ne compte pas sur moi pour rentrer encore une fois dans un sarcophage, j’en ai assez de tes idées morbides ; tout à l’heure, je commençais à me prendre pour une momie. Bon, on arrive bientôt ? Il est gigantesque, ce musée. − Arrête de râler et reconnais que mon plan a fonctionné. Voilà, on est arrivés. − Hein, tout ça pour ce petit tableau ? Eh bien, éclaire-le avec ta lampe, je n’y vois rien... Oh, mon Dieu ! Quelle horreur ! − Que tu es impressionnable ! C’est simplement la tête de saint Jean-Baptiste dans une coupe. − Simplement ! Je reconnais bien là tes goûts macabres. En tout cas, encore un à qui une femme a fait perdre la tête... page 47 − Oui, Salomé... Lors d’un festin, elle avait si bien dansé devant son beau-père Hérode que celui-ci lui accorda tout ce qu’elle lui demanderait, fût-ce la moitié de son royaume ; elle réclama pour sa mère Hérodiade la tête du saint qu’il gardait en prison. − Pourquoi déjà était-il en prison ? − Pour avoir reproché à Hérode son mariage avec Hérodiade, la femme de son frère. En fait, la fille d’Hérodiade n’est pas nommée dans les Evangiles, c’est l’historien Flavius Josèphe qui nous apprend qu’elle s’appelle Salomé ; pour lui, l’exécution de saint Jean-Baptiste fut motivée par la crainte qu’il n’ameute les foules. − Franchement, qu’est-ce que ce tableau peut bien avoir d’extraordinaire ? Et qui peut avoir voulu mettre une telle horreur dans son salon ? − Tout d’abord, tu as raison, ce tableau n’a rien d’extraordinaire. − Ah ! et alors, qu’est-ce que je fais là, à t’écouter dans le noir ? − La représentation de cette tête était très courante comme objet de dévotion ; en particulier, saint Jean-Baptiste était invoqué contre les maux de gorge ou de tête. − Il aurait dû commencer par faire attention à la sienne ! − Arrête de te moquer. Regarde à côté ce plat avec la tête du Baptiste. − C’est du bois ? − Oui, du tilleul, polychrome et doré à la feuille, contemporain du tableau. Très réaliste, n’est-ce pas ? Ce type de représentation « in disco », selon le terme technique, se généralise à la fin du Moyen Age et au début de la Renaissance pour différentes raisons. Il y a tout d’abord l’arrivée de la tête du martyr en France, ramenée de Constantinople après la page 48 quatrième croisade en 1206. Mais, plus profondément, cette période est marquée par une fascination/répulsion pour la corporalité de la souffrance. Ces plats sont en outre utilisés par la Confrérie de Saint-Jean décollé (c’est-àdire décapité), ou des Pénitents noirs, instaurée en Avignon, qui assistait les condamnés à mort. Elle avait le privilège de faire gracier l’un d’eux chaque 29 août, fête de saint JeanBaptiste. En Avignon, où prospéraient aussi des Pénitents gris, blancs, violets, bleus... (sept couleurs au total selon la teinte des cagoules !), on peut toujours voir l’emblème des Pénitents noirs au-dessus de l’entrée de leur chapelle : la tête du Baptiste dans un bassin enlevé par des anges. − L’avantage du plat, c’est qu’il fait aussi office d’auréole. − Tu remarqueras d’ailleurs qu’Andrea Solario, le peintre du tableau, ne met pas d’auréole autour de la tête du saint. Il suit l’exemple de Léonard de Vinci dont il fut l’un des disciples et qui, le premier, rompit quasiment systématiquement avec cette tradition. − Certes, mais tu n’as pas répondu à ma question : qui peut bien avoir voulu d’un tel tableau ? − Il a été peint en 1507 pour un cardinal français, Georges d’Amboise. L’œuvre dut donner satisfaction car quelques mois plus tard, Solario alla s’installer en France, comme son maître Léonard le fit plus tard, à la cour des cardinaux d’Amboise. Il participa à la décoration de leur château de Gaillon, sans doute la première manifestation de la Renaissance en France. − Oui, j’avais vu la signature et la date, en bas à droite : ANDREAS DE SOLARIO FAT page 49 1507. Je suppose que ce cardinal a rencontré Solario à l’occasion des guerres d’Italie... − En effet. C’était le premier ministre de Louis XII, lequel reprenait les guerres entamées par son cousin, Charles IX. − Pauvre Charles IX, mort en 1498, après s’être malencontreusement cogné la tête contre un linteau dans une galerie du château d’Amboise ! Il aurait dû invoquer saint JeanBaptiste ! Mais tu dis que Solario fut élève de Léonard ? Personnellement, je trouve son style fort différent. − Je ne suis pas de ton avis. Observe tout d’abord combien la gamme chromatique de ce tableau est restreinte, comme chez Léonard : la coupe d’argent aux rebords à peine soulignés d’un liseré doré se dégage peu du fond sombre et de la table en bois ; elle ne nous distrait pas de l’essentiel, à savoir la tête du prophète dont la pâleur tranche sur le fond, et dont les souffrances sont suggérées par la seule touche de couleur vive, le rouge du cou tranché. Note le détail finement observé du lobe de l’oreille qui se reflète sur le métal. Sois attentif aussi aux cheveux du Baptiste : leur traitement évoque l’art de Léonard, les mèches ressemblent à des vaguelettes, et on a fait souvent remarquer que Léonard s’était inspiré de ses études des remous aquatiques pour peindre certaines de ses chevelures. Enfin, on retrouve son célèbre sfumato dans les chairs du visage, dont le modelé est suggéré par des fondus infinitésimaux : seule une parfaite maîtrise de la technique de l’huile peut permettre cela. Mais pourquoi tords-tu la tête dans tous les sens ? − J’essaie de lire l’inscription sur le cadre d’ébène... Hmmm... Traduite du latin, cela page 50 donne à peu près : « Alors que j’étais encore dans le ventre maternel, j’ai reconnu le Christ caché dans le ventre de la Vierge ; après qu’il eut paru, je l’ai lavé et moi-même, prophète de la rédemption future, lavé par mon sang, j’ai ratifié le témoignage de la Foi. » − Jean est effectivement le dernier prophète ; il a tressailli dans le ventre de sa mère Elisabeth alors qu’elle recevait la visite de sa cousine Marie, elle-même enceinte de Jésus qu’il baptisera plus tard... Sur le plat, il y avait aussi une inscription : INTER MATOS MULIERUM NON SURREXIT MAIOR JOHANNE BAPTISTA... « Parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en est point paru de plus grand que Jean-Baptiste »... Evangile selon Saint Matthieu... – N’empêche, je trouve que Solario a choisi un drôle de sujet pour se faire embaucher par le cardinal d’Amboise ! − Au contraire ! Aujourd’hui, on remet à un employeur potentiel son C.V. avec une photo. Tu as tout cela ici : le tableau reflète l’habileté du peintre qui s’est peint lui-même sous les traits de saint Jean. − Ah, c’est donc un autoportrait ? − On en est quasiment sûr : tout d’abord Solario est certainement l’inventeur de ce procédé qui sera fréquemment repris... − Je devine pourquoi : le rôle du peintre n’est-il pas justement de choisir des détails du réel, du vivant, de tailler dans le vif... − Explication fort littéraire mais pourquoi pas ? Ensuite saint Jean-Baptiste a exactement les mêmes traits dans une autre version du peintre que tu vois ici. Enfin, détail plus insolite : observe de plus près les reflets sur le pied de la coupe du premier tableau... − Voyons... Eclaire mieux, je te dis... Oh ! ça Il connaissait bien le monde interlope des page 51 alors ! le visage du peintre se reflète inversé, deux fois, sur le métal ! C’est donc un triple autoportrait ! Le cardinal a dû être séduit. Mais tu disais qu’il est fréquent qu’un peintre se représente ainsi. As-tu d’autres exemples ? − Bien sûr. Viens, avançons un peu... Attention à la vitrine ! Voilà, nous y sommes. − Ah, je connais cette toile ! C’est un Caravage, le berger David a réussi à vaincre le géant philistin Goliath et ramène sa tête en trophée. − Caravage s’est rendu fameux, au tournant des XVIe et XVIIe siècles, par ses sujets cadrés à mi-corps qui mêlent sensualité et violence, par un clair-obscur de plus en plus accentué, tournant au ténébrisme, et par ses personnages d’aspect populaire. Quand on lui reprochait de ne pas prendre pour modèle les grandes sculptures antiques, il répondait en peignant une bohémienne rencontrée dans la rue. page 52 ruelles romaines et menait une vie plus qu’agitée, jusqu’au jour où il tua un homme à l’arme blanche dans des circonstances troubles et dut fuir la ville éternelle. Ce tableau est l’un de ses derniers, il fut envoyé au pape dans l’espoir d’obtenir son pardon. En quelque sorte, il lui remet sa tête... car il s’est peint sous l’aspect de Goliath ! − D’aucuns, je crois, prétendent qu’il a peint l’un de ses jeunes amants sous les traits de David, ce qui donne un sens érotique au tableau, renforcé par le négligé du vêtement du berger, la direction de son regard vers Caravage, d’ailleurs parallèle à l’épée, placée de façon suggestive entre ses jambes... − Un tableau ambivalent, en effet. Caravage s’est certainement souvenu d’un détail de la fresque du Jugement dernier réalisée par Michel-Ange sur le mur d’autel de la Chapelle Sixtine : saint Barthélémy − apôtre dont la fête est associée au couronnement du pape Sixte IV, bâtisseur de la Chapelle − y tient d’une main le couteau qui a servi à l’écorcher et de l’autre sa dépouille, elle-même un autoportrait déformé de Michel-Ange qui contemple avec une ironie grinçante la décrépitude de son corps vieillissant ; on y reconnaît son nez cassé par un coup de poing donné par un confrère jaloux. Mais il y a plus : le personnage qui tient le couteau, et dont la pose est reprise d’une sculpture antique conservée au Vatican, le Torse du Belvédère, a les traits de l’Arétin, un poète à la plume souvent acerbe qui avait « écorché vif » Michel-Ange, selon les propres mots de ce dernier. Comme beaucoup d’autres contemporains, surpris par la nudité des saints, l’Arétin, ennemi juré de Michel-Ange, tiendra ce Jugement dernier pour « une mascarade, page 53 tant est bafouée la décence chez les martyrs et chez les vierges ». A la demande du pape de rendre la scène « convenable », l’artiste florentin répondra : « Allez dire au pape que c'est un problème mineur et qu'il est facile de la rendre convenable ; qu'il fasse du monde un endroit convenable et la peinture suivra le même chemin... Quelle intelligence serait assez inculte pour ne pas voir que le pied de l'homme a plus de noblesse que son soulier, que sa peau est plus noble que ses vêtements ? » N’est-il pas émouvant que Michel-Ange, perpétuellement obsédé par son salut, présente ainsi sa misérable peau de pécheur au Christ venu le juger ? page 54 − Pour en revenir au Caravage, j’ai lu récemment qu’on avait découvert qu’il préparait les contours de ses figures à l’aide d’incisions dans la toile. Lui aussi savait manier le couteau − et pas seulement pour se quereller ! − Effectivement, des photographies en lumière rasante ont révélé de telles incisions dans son David, dans d’autres toiles elles sont même visibles à l’œil nu. Viens maintenant par ici, nous allons retrouver saint Jean-Baptiste. La fuite du Caravage après son crime l’entraîne notamment sur l’île de Malte. Il espère obtenir la protection du grand maître de l’ordre des Chevaliers de Malte, Alof de Wignacourt, dont il fait deux fois le portrait. Mais l’œuvre la plus conséquente qu’il réalise alors est La Décollation de Saint JeanBaptiste, pour l’autel de l’Oratoire Saint-Jean, dans la cathédrale de La Valette. Le saint est en effet le protecteur de l’ordre. Caravage représente une scène inédite, particulièrement sordide et apparemment dépourvue de tout caractère sacré : le bourreau a visiblement mal soigné son travail et n’a pas tranché entièrement la tête du Prophète ; il a détaché celui-ci, laissant pendre sur le côté les deux longues cordes qui avaient servi à le maintenir, il a posé son épée par terre et saisit son couteau pour terminer sa sinistre besogne, alors que Salomé s’apprête à recueillir la tête dans un plat et que le geôlier, ses clés accrochées à la ceinture, donne ses ordres au bourreau. Deux prisonniers observent à travers une fenêtre rectangulaire, comme nous à travers la fenêtre du tableau. Nulle agitation, chacun est calme et tout à son occupation, à l’exception d’une vieille femme, la servante de Salomé, qui, frappée d’épouvante, prend sa tête dans ses page 55 mains. Le groupe des acteurs principaux est audacieusement décentré mais leur disposition en demi-cercle fait écho à l’arc de l’ouverture ; en outre, Jean-Baptiste et son bourreau sont habilement mis en valeur par la retombée du chaînage en pierre de l’ouverture cintrée derrière eux, et par le vêtement pourpre du martyr qui s’écoule sur le sol comme son sang. − Mais le peintre n’apparaît nulle part ici... − Eh si... regarde la tache de sang, sous le cou... − Hum, voyons... Incroyable, le sang forme des lettres : F. MICHELANG... Michel-Ange ? que vient-il faire ici ? − Caravage s’appelle en réalité Michelangelo Merisi. Comme le surnom de Michel-Ange était déjà pris, on lui a préféré le nom de sa ville natale, Caravaggio, près de Milan. − Et la lettre F ? Ce ne peut-être l’abréviation du « fatto » (« a fait ») du tableau de Solario, il serait alors après le nom. − Apparemment, grâce à ce tableau, Caravage a réussi à devenir Frère (« Fra » en italien) dans l’ordre de Malte ; peut-être espérait-il que le sang du saint patron de l’ordre laverait ses péchés. − Et ce tableau, au-dessus d’un autel, rappelle aussi le sang du Christ, agneau sacrifié pour nos péchés justement et dont Jean-Baptiste est le précurseur. « Voici venir l’Agneau de Dieu... ». − L’œuvre répond parfaitement aux directives du Concile de Trente qui, réuni entre 1545 et 1563, tente de combattre la Réforme protestante. Cette dernière ne reconnaît plus les saints ? Eh bien ! on met en valeur leur martyre dans des scènes frappantes, tout à la fois accessibles au fidèle et porteuses d’un riche contenu théologique ! Certains réformés discutent la réalité de la transsubstantiation ? page 56 Ce tableau veut montrer que c’est bien le sang de l’Agneau de Dieu qui est présenté sous l’espèce du vin aux fidèles, sur l’autel, juste en dessous de la toile. − Caravage a-t-il eu des élèves, comme Léonard de Vinci ? − Pas réellement, mais des suiveurs, oui, pendant la première moitié du XVIIe siècle. L’un de ces caravagesques les plus célèbres est Orazio Gentileschi, dont la fille aînée, Artemisia, manifesta elle-même un talent certain ; elle commença à aider son père, d’abord dans la préparation des couleurs, puis alla jusqu’à peindre certaines parties de ses toiles. Orazio lui fit donner des cours de perspective à domicile par un peintre, Agostino Tassi. C’est alors que le drame survint : Agostino viola Artemisia. Pour éviter le scandale, la malheureuse famille Gentileschi dut souffrir en silence que cette liaison perdure une année durant, espérant qu’Agostino épouserait Artemisia comme il l’avait promis. Hélas, il s’avéra qu’Agostino était déjà marié, qu’il avait même peut-être commandité l’assassinat de sa femme qui avait disparu ; de plus, il osa se vanter de sa liaison avec Artemisia en public. Le procès ne pouvait plus être évité. Devant les dénégations d’Agostino Tassi qui alla jusqu’à prétendre qu’Artemisia se donnait à qui le voulait, et même à son père, la malheureuse jeune fille de dix-huit ans fut soumise à d’humiliants examens médicaux, et même à la torture. Mais elle tint bon et Agostino sera condamné à quelques mois de prison. − Il s’en tire bien, ce... − Sa véritable vengeance, Artemisia l’assouvira dans sa peinture. Ce sera l’une des rares page 57 femmes peintres de son époque. Nous voici à présent devant l’une de ses nombreuses versions de Judith et Holopherne. − Gore à souhait ! C’est un épisode de l’Ancien Testament ? − Oui Judith, pour sauver sa ville, Béthulie, assiégée par le général assyrien Holopherne, se rend dans le camp ennemi, séduit et enivre son ennemi, et alors qu’il est assoupi... − ... elle lui coupe la tête avec sa propre épée ! Je suppose que Judith, c’est Artemisia ? − Oui. On connaît le visage d’Artemisia par son autoportrait sous les traits d’une allégorie de la Peinture. On a aussi une autre version où, sur l’épée que tient Judith, est gravée l’inscription : ART. GEN. Nous retrouvons ici le clair-obscur et le mélange de sensualité et de violence chers au Caravage. Le bras de la servante qui prolonge la direction de l’épée, la cuisse soulevée dans un dernier sursaut d’Agostino/Holopherne, les bras incroyablement musclés d’Artemisia/Judith, les jets de sang... autant d’obliques qui focalisent notre regard sur la décapitation, qu’elle fut d’ailleurs l’une des rares à représenter (avec Caravage avant elle). Les artistes préféraient un moment moins atroce du récit : Judith quittant le camp assyrien avec la tête d’Holopherne et la ramenant triomphante à son peuple. En voici un exemple dû à un ami d’Artemisia, Cristofano Allori, où il s’est peint sous les traits d’Holopherne, et où sa maîtresse, qui lui faisait subir bien des avanies, prend l’apparence de Judith. − Chacun a donc récupéré ce récit à sa façon... Oh ! j’ai cru entendre un bruit ! Mais c’est un rat ! Qu’est-ce que ce musée est mal entretenu tout de même ! page 58 − Laisse-le, il ne va pas te manger. Tu es vraiment impressionnable ! − L’obscurité, toutes ces têtes coupées, ça finit par me taper sur les nerfs. − Je vais t’achever ! Viens, avançons un peu dans cette galerie... et dans les siècles... Voici une fresque réalisée en 1733 par Giambattista Tiepolo pour la chapelle Colleoni à Bergame, en Italie du Nord. − Là, on atteint des sommets ! Comment a-t-on pu accepter une représentation aussi monstrueuse dans une chapelle ? − Tout d’abord, il faut te rappeler que le Vénitien Tiepolo est surtout célèbre pour ses allégories décoratives. Et il est vrai que cette scène a un aspect théâtral. Le décor carcéral, que l’on retrouve à l’identique dans d’autres œuvres de l’artiste, semble préfigurer les célèbres gravures de prisons imaginaires par Piranèse. La frontalité du martyre accentue l’aspect grand-guignolesque alors qu’une étude conservée montre que Tiepolo avait originellement prévu de représenter saint JeanBaptiste nous tournant le dos. Par rapport à cette étude, Tiepolo a toutefois modifié un détail épouvantable : un chien efflanqué qui lapait le sang... − Il l’a remplacé par l’affreux petit chien de compagnie de Salomé qui saute de joie aux pieds de sa maîtresse. − Le but était clairement de surprendre le spectateur qui, élevant le regard vers la fresque, destinée à être placée en hauteur dans la chapelle, où règne une semi-obscurité, l’aperçevait soudain ; la vue en contre-plongée, da sotto in su comme disent les Italiens, devait accentuer encore cet effet de surprise. Détail macabre supplémentaire : la croix du page 59 Précurseur et son phylactère avec l’inscription « Ecce agnus dei » (« Voici l’agneau de Dieu »), l’attribut traditionnel de saint Jean-Baptiste que celui-ci a tenu jusqu’au bout, gît inutile devant lui... − Et le Baptiste, ce pourrait être Tiepolo, je parie ? Surtout que son prénom, Giambattista... − ... c’est Jean-Baptiste en italien ! − Eh oui ! mais avançons encore dans cette galerie... et dans le temps. Saint Jean-Baptiste connaîtra dans les arts une dernière heure de gloire après la fin du Second Empire et la défaite de 1870, période où apparaît un esprit souvent qualifié de « décadent », comme si une civilisation se terminait et comme si le corps social tout entier devenait déliquescent. A nouveau, l’atmosphère d’une période s’incarnera parfaitement dans l’épisode du martyre du Précurseur, qui mêle exotisme et érotisme trouble, et dans la figure de Salomé, « cette femme ennuyée, fantasque, à nature animale, se donnant le plaisir de voir son ennemi à terre, tant elle est dégoûtée de toute satisfaction de ses désirs », écrira le peintre Gustave Moreau, qui fut inspiré plusieurs fois par la fille d’Hérodiade, et dont les œuvres suscitèrent des descriptions fameuses de Huysmans... Toutefois j’ai choisi de te présenter non l’une de ses célèbres représentations de Salomé, mais son Orphée. Le célèbre musicien de la mythologie, qui parvint à calmer même Cerbère, le chien des Enfers, par les sons harmonieux de sa voix et de sa cithare, ne put apaiser les fureurs d’une troupe de bacchantes qu’il vint à croiser et fut mis en pièces ; sa tête, transportée par un fleuve, est ici pieusement recueillie sur l’instrument du musicien par une jeune fille. La page 60 composition est fondée sur une diagonale reliant les musiciens en haut à gauche qui entament une mélodie funèbre, aux tortues en bas à droite dont les carapaces servirent à fabriquer l’instrument d’Orphée. Mais les critiques ne s’y trompèrent pas : ainsi Théophile Gautier compara la tête d’Orphée avec « celle de saint Jean-Baptiste sur un plat d’argent », en faisant allusion au tableau de Solario qui avait été récemment révélé aux yeux du public lors de la vente d’une collection privée. Moreau n’a jamais caché son admiration pour les artistes de la Renaissance : la tête d’Orphée s’inspire de l’Esclave mourant de Michel-Ange et du tableau de Solario ; quant au paysage, il est parfaitement léonardesque. En littérature, avant Huysmans, c’est certainement Gustave Flaubert qui lança le thème du martyre du Précurseur dans son conte Hérodias où il décrit ainsi la conclusion de la folle danse de Salomé : « Elle se jeta sur les mains, les talons en l’air, parcourant ainsi l’estrade comme un grand scarabée ; et s’arrêta, brusquement. Sa nuque et ses vertèbres faisaient un angle droit. » L’écrivain avait sans doute à l’esprit le tympan des deux saints Jean de la cathédrale de Rouen, sa ville natale. Au Moyen Age, ce type de sculpture servait de support à la prédication car peu de personnes savaient lire ; il permit certainement d’illustrer des sermons inspirés par les Pères de l’Eglise qui s’appuyèrent sur l’histoire de Salomé pour dénoncer les dangers de la danse. Saint Jean Chrysostome est l’un des plus virulents ; dans un sermon sur le martyre du Baptiste, il écrit : Mais revenons à la fin du dix-neuvième siècle. L’Anglais Oscar Wilde continuera à travailler ce thème inépuisable de l’attirance/répulsion exercée par la femme fatale, et corsera le mythe en imaginant dans sa Salomé la danse des sept voiles, une sorte de strip-tease exécuté par la belle-fille d’Hérode ! » Cette pièce écrite en français inspirera de fines illustrations au trait à Aubrey Beardsley et un opéra à Richard Strauss. La pièce, ses illustrations et l’opéra firent scandale : il est vrai que Salomé y est présentée comme amoureuse du Baptiste. − C’est peut-être du mauvais esprit, mais je ne peux pas m’empêcher de noter que Salomé a inspiré des misogynes notoires comme Flaubert et Huysmans, ou des homosexuels, comme Wilde et Moreau... − Certes. Mais nous voici dans le cabinet des dessins ; jette un œil à celui-ci, d’Odilon Redon. page 61 « Où il y a la danse, il y a le démon. » Il en profite pour condamner les festins tels que celui d’Hérode en les mettant en parallèle avec le martyre du saint comme le fait le tympan : « Il y a bien aujourd’hui de ces festins homicides. On n’y tue pas le saint précurseur, mais les membres mêmes de Jésus-Christ, et d’une manière encore plus cruelle. On n’y présente pas une tête dans un plat pour le prix d’une danse, mais on y tue les âmes des convives. Car lorsqu’on rend ces personnes esclaves des plaisirs brutaux, et qu’on les engage dans les passions les plus infâmes, n’estil pas vrai qu’on les tue, non en retranchant leur tête de leur corps, mais en séparant leur âme d’avec Jésus-Christ ?» La danse de Salomé devient une danse macabre qui entraîne ses participants en enfer. page 62 − Il a copié le tableau de Solario ! La boucle est bouclée ! − Le motif de la tête coupée, du visage désincarné est fréquent chez Redon et, de façon générale, chez les symbolistes dont Moreau fut un précurseur ; on le retrouve dans l’une de ses plus célèbres œuvres, Les Yeux clos, où l’huile est travaillée à la façon d’un pastel, si finement que le grain de la toile transparaît. Comme Moreau, Redon admirait l’Esclave mourant de Michel-Ange dont il vante dans son journal la beauté des « yeux clos » ; on prétend aussi qu’il a reproduit ici les traits de son épouse. Mais cette face dématérialisée suggère un esprit coupé du monde extérieur, à l’expression purement intériorisée. Impossible d’y voir un simple portrait ! C’est bien là le triomphe, prôné par les symbolistes, de l’esprit sur la matière et du rêve sur la réalité. − A propos de réalité, désolé de t’y ramener durement, mais le temps a passé et je crois que le musée est sur le point de rouvrir... Ciel ! voici les surveillants qui viennent prendre leur tour de garde, ils nous ont vus ! Ils s’approchent... − Peut-être seront-ils compréhensifs devant notre amour de l’art... − Peut-être... mais je n’en mettrais pas ma tête à couper ! » Jean-Luc GAUCHON l èg es -club voyag é in c e li é m ho Homélie de la messe de rentrée des professeurs page 66 Nul n’est prophète en son pays C’est une page bien connue de l’évangile de Luc que nous propose aujourd’hui la liturgie. Jésus revient de Capharnaüm, précédé par la rumeur des signes qu’il a accomplis, et inaugure sa prédication dans la synagogue de sa propre ville, Nazareth. Lisant la prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière », Jésus annonce la réalisation actuelle de cette prophétie : « Cette parole de l’Ecriture […], c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ». Or la réaction de l’assistance va passer très rapidement de l’émerveillement : « Tous lui rendaient témoignage et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche » à l’incompréhension: « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? », enfin au rejet et à la persécution, quand Jésus lui-même aura rappelé que la condition normale du prophète dans la Bible est d’être méconnu des siens. Lecture : Evangile selon saint Luc 4, 17-30 page 67 Comment comprendre un revirement aussi brutal ? Si l’on consulte les autres évangiles, on constate que l’épisode de Luc ne se retrouve pas tel quel ; plus précisément Luc a rassemblé plusieurs éléments qu’on trouve dispersés dans les évangiles de Matthieu et Marc, éléments qu’il a synthétisés en une sorte de condensé de l’histoire de la prédication évangélique. Détaillons ces éléments. Tout commence par l’annonce de la réalisation du Royaume, annoncé par les prophètes : le Royaume de Dieu, règne de justice et de paix auquel aspire Israël, le voici qui survient dans l’histoire des hommes en la personne de Jésus. Il n’a pas l’éclat d’une révolution temporelle ou d’une royauté terrestre, il croît silencieusement comme la graine dans le sol. Luc souligne ensuite l’étonnement de la foule, fascinée par la rumeur des signes et guérisons opérés par Jésus à Capharnaüm, étonnée de l’autorité avec laquelle il lit le texte sacré, mais rétive à la signification profonde de ces signes, signification que Jésus explicite dans la synagogue. Car le signe ne saurait provoquer la foi, tout au plus l’appelle-t-il, en suscitant en chacun le combat intérieur : qui est cet homme ? N’est-il pas le fils du page 68 charpentier ? Comment pourrait-il être le Messie ? Vais-je lui faire confiance ? Ne dois-je pas réclamer d’autres signes avant de croire ? Le signe apparaît ainsi comme source de division ; et Jésus insiste, semble provoquer lui-même la fermeture des cœurs : « Sûrement vous allez me citer le dicton : « Médecin, guéris-toi toi-même ». Nous avons appris tout ce qui s'est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton pays ! ». Jésus qui voit le fond des cœurs comprend que cette foule réclame des signes dans la mesure même où elle en refuse le sens, c’est-à-dire la présence du Royaume survenu en sa personne. Foule idolâtre, prête à se prosterner devant le thaumaturge qui la séduit, comme elle est prête à lyncher celui qui parle à sa liberté. Le lynchage n’aura pas lieu, car l’heure de Jésus n’est pas encore venue, mais cette foule de Nazareth anticipe celle de Jérusalem qui se déchaînera sur l’homme même qu’elle aura voulu faire roi quelques jours auparavant. Ainsi Luc, en quelques séquences très resserrées, a synthétisé par avance tout le drame de la prédication évangélique, comme le fera de façon encore plus ramassée Jean dès son prologue : « Le Verbe est venu dans le monde et les siens ne l’ont pas accueilli ». Cette page de Luc, si nous l’accueillons dans la foi, vient nous provoquer à notre tour, aujourd’hui, dans cette chapelle. « Le Royaume est parmi vous », dit Jésus. Il n’est pas au ciel, dans un au-delà du temps et de l’espace, ou après notre mort, il est là, tout près de nous. Il affleure à chaque instant, si nous rendons Cependant le texte de Luc s’achève dans la contradiction, la violence d’une foule aveuglée et vengeresse. La présence même du Royaume déchaîne mystérieusement les forces d’orgueil et de mort. Le grain semé en terre doit passer par la mort pour porter son fruit. Comment page 69 notre cœur attentif, dans un regard, une parole qui réconforte, une générosité discrète, le saisissement de la beauté… Attendronsnous des signes et des prodiges pour l’accueillir au cœur de notre année de travail ? En cette journée de prérentrée, alors que nous nous apprêtons à accompagner de nouveaux élèves, à retrouver nos rythmes de cours, tous nos engagements, et plus secrètement les joies et les lassitudes d’un quotidien enclin à se refermer sur lui-même, ferons-nous une place au Royaume qui vient ? Ce matin, Jésus frappe à la porte de notre cœur. Celui « qui fait toutes choses nouvelles » veut nous transformer, dans notre vie la plus concrète, notre famille, nos relations, notre métier. Dans notre métier… puisque nous sommes des éducateurs, des éveilleurs de liberté, que l’Esprit du Seigneur renouvelle nos cœurs, afin de communiquer à nos élèves le goût d’une vraie liberté, celle qui s’accomplit dans le don de soi joyeux et généreux. Puisque nous sommes des enseignants, c’està-dire des donneurs de signes, des éveilleurs de sens, que notre enseignement ne se referme jamais sur les limites d’une discipline, mais qu’il donne le goût d’une vérité plus haute, qu’il prépare les esprits à désirer la lumière de Dieu, qui seule peut combler l’intelligence et le cœur. page 70 s’étonner dès lors que le témoignage de foi suscite souvent indifférence ou hostilité ? Le serviteur n’est pas plus grand que son maître, et le maître lui-même, l’unique maître en vérité, fut méprisé et rejeté. Cependant, le premier obstacle à l’accueil du Royaume, n’est-il pas d’abord en nousmêmes, dans les replis de notre cœur rebelle et hésitant ? Cet Evangile que j’ai mission de porter par ma vie, par mes paroles, je suis le premier à lui faire écran par mes manquements, mon péché, ma tiédeur. Pourtant, aussi indignes que nous puissions être, c’est bien nous que Dieu envoie auprès de nos frères. Urgence du Royaume que le chrétien doit manifester dans le temps de l’histoire, au travers de sa vie mêlée d’or et de boue. Maurice Zundel, un grand spirituel de ce temps, écrivait : « Nous identifier aux autres, prendre en charge la douleur et l’espoir du monde […] ; faire crédit à ceux qui nous entourent, leur porter la lumière du lavement des pieds, être à l’écoute du mystère de leur âme, et devenir pour eux cet espace où la liberté respire, afin qu’ils sachent que le ciel n’est pas là-haut derrière les nuages, mais qu’il est ici, au plus intime de notre cœur ». Ouvrons la porte au Royaume, à la présence amoureuse de Dieu au cœur du monde, à chaque instant de notre vie. Il ne s’agit pas d’abord d’engagement, de projet ou de résolutions ; il s’agit d’abord de gratitude : accueillir ce qui m’est donné gratuitement, cette sollicitude de Dieu pour ma vie. Celui qui vit dans cette gratitude ne manque de rien. Parce qu’il sait qu’il a tout reçu, il pourra joyeusement tout donner. Alors, si nous accueillons aujourd’hui le Royaume comme une présence vivante et agissante, si nous acceptons de collaborer à son dévoilement dans l’histoire des hommes, nous pourrons, à la suite du Christ, entendre pour nous-mêmes les paroles d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, aux aveugles qu’ils verront la lumière ». page 71 Xavier DUFOUR Programme 2007-2008 Macbeth Vendredi 5 octobre page 72 Orson Welles USA /1948 /1h45 / v.o. avec : Orson Welles, Jeanette Nolan, Edgar Barrier, Roddy McDowall Macbeth, fidèle serviteur du sage roi d’Ecosse, croise, après une victoire, des sorcières qui lui prédisent qu’il sera roi. Encouragé par sa femme, il va prendre comme malgré lui le chemin de la damnation. Orson Welles aime beaucoup Shakespeare (il tournera Othello en 1952, Falstaff en 1965), mais sa carrière, en cette année 1948, ne peut se poursuivre à Hollywood, tant ses derniers films sont jugés obscurs (La Dame de Shangaï, La splendeur des Amberson). Volontiers provocateur et déjà se glissant avec plaisir dans la peau du réalisateur maudit, il va tourner en trois semaines, pour un studio connu pour ses séries, une œuvre étrange et forte. Sa caméra traduit par ses fameux plans en plongée ou en contre-plongée les forces du destin qui petit à petit transforment ce seigneur en un jouet, ce pantin de glaise que les sorcières façonnaient au début. Macbeth ou la puissance du faux. Présenté par M. Bouchacourt ciné club L’Enfant Vendredi 23 novembre De l'enfant, le film ne montre qu'une chose : qu'il est. De Sonia et Bruno, qu'ils vivent d'expédients et de vols. Sonia vient de donner naissance à Jimmy. Empêtré de sa bande et de ses trafics, vivant dans l'instant et la légèreté, Bruno pourra-t-il en devenir le père ? Après Rosetta, Jean-Pierre et Luc Dardenne remportent avec L'Enfant leur seconde Palme d'Or au Festival de Cannes. Ils imposent un cinéma humain, dépouillé, où corps et regards traduisent autant le piège d'une réalité sociale noire que le sursaut d'existences qui refusent la fatalité. « Une œuvre magistrale, âpre, généreuse et vibrante tout à la fois, interprétée avec grâce par Jérémie Renier et Deborah François. » Présenté par M. Gaucherand page 73 Jean-Pierre et Luc Dardenne Belgique / 2005 / 1h35 avec : Jérémie Renier, Déborah François, Jérémie Segard Un roi sans divertissement Vendredi 11 janvier page 74 François Leterrier France /1963 / 1h25 avec : Claude Giraud, Charles Vanel, Colette Renard, Pierre Repp, Albert Rémy, René Blancard « Un roi sans divertissement est un homme plein de misère… » Le beau titre énigmatique de ce film est le début d'une citation célèbre des Pensées de Pascal. Le réalisateur François Leterrier a eu comme collaborateur Jean Giono lui-même, qui a entièrement récrit son roman pour le cinéma. Le film est une très intéressante adaptation de ce texte qu'on a présenté comme un "roman policier métaphysique", méditation en blanc et rouge, sang et neige, sur l'ennui, et sur la cruauté inhérente à tout homme. Présenté par B. Cazeaux Meurtre mystérieux à Manhattan Vendredi 14 mars Carol et Larry Lipton vivent confortablement à Manhattan. Lorsque leur voisine de palier meurt brutalement, Carol soupçonne le mari de celle-ci de l’avoir tuée... Enquête criminelle au rythme trépidant en même temps que comédie loufoque où Woody Allen multiplie gags et répliques ravageuses, le film joue des deux genres avec un rare bonheur. Les clins d’œil à l’histoire du cinéma culminent dans la reprise de la séquence des miroirs de La Dame de Shanghai d’Orson Welles. Présenté par X. Dufour page 75 Woody Allen USA /1993 /1h44 / v.o. avec : Woody Allen, Diane Keaton, Alan Alda, Anjelica Huston Le Festin de Babette Lundi 7 juillet page 76 Gabriel Axel Danemark/ 1987 /1h40 / v.o. avec : Stéphane Audran, Jean-Philippe Lafont, d’après la nouvelle de Karen Blixen. Comment une communauté puritaine déliquescente est transfigurée par un somptueux repas… Un splendide film-parabole sur le bonheur, le sacrifice et la grâce. Dans le cadre de l’Université d’été de Culture religieuse 7-9 juillet 2008, 20h30, entrée libre pour tous Présenté par X. Dufour TARIFS Parents, amis et anciens Place : 4 € Abonnement pour toute la saison : 15 € pour trois films : 10 € Montée des Carmes Déchaussés Horaire : 20h30 L’enfant Film projeté aux élèves de première, terminale et classe préparatoire de Lyon, le 23 novembre « Là est revenue l’histoire de cette fille qu’on avait vue en tournant le film précédent, Le Fils, à Seraing, dans les mêmes petites rues que celles où on a tourné L’Enfant. On a vu passer une fille avec un landau, une jeune fille de 15-16 ans, qui avait un bébé, et qui le poussait dans ce landau, et elle poussait ce landau de manière très violente, c’était un peu surprenant. » Luc Dardenne, entretien avec Critikat. Un film social ? L’enfant ? Le film le montre à peine, sinon encapuchonné, bien qu’il soit né et reconnu par ses parents. Par contre, dès les premières images, les frères Dardennes nous plongent dans l’univers qui est le leur : urbanisme dégradé, fleuve aux rives bétonnées, friches industrielles, grisaille, infortune des hommes… Film après film – La Promesse (1996), Rosetta (1998), Le Fils (2002) – nous retrouvons ces vies démunies, marquées par la précarité sociale et économique, empreinte d’une résignation qui n’appartient qu’à la misère. Marginaux ou petits, occupés à survivre d’expédients, privés du langage, exclus de l’abondance, ils vivent pourtant, posent des page 77 Jean-Pierre et Luc Dardenne 2005 actes et font une histoire transposable en scénario. La caméra, sur l’épaule au plus près des personnages, dans leur nuque parfois, les suit dans l’errance, tangue avec eux, imprime aux images leur instabilité. Un cinéma social très peu politique (ni cause, ni révolte) ; un cinéma humaniste, tant ces destinées malheureuses résistent à la fatalité. page 78 La pesanteur et la grâce Malgré la veine sociale, le cinéma des frères Dardennes ne tombe jamais dans le misérabilisme. Les réalisateurs ne cherchent ni à prouver ni à émouvoir au moyen d’images catastrophiques. A la question : Comment peut-on vivre à Seraing ? On ne peut que répondre : eh bien, on vit ! Certes de trafics, de vols et de débrouille en marge de la société, mais aussi d’amour, de jeux, de bon temps, de virées… Bref, la vie tragique est aussi une vie joyeuse. Malgré l’horreur de certains actes, elle ne tombe jamais dans une pesanteur qui la condamnerait à l’absurde et à l’anéantissement. Sonia n’est pas une victime ; Bruno n’est pas un être déchu. Tous deux affrontent une réalité consternante avec beaucoup de liberté et parfois de la grâce. Les scènes de circulation en deux roues, d’achat d’un blouson, de virée en cabriolet, témoignent d’une vitalité qui confine à l’allégresse lorsque Bruno et Sonia s’abandonnent à une tendresse complice, à mille lieux de leurs ennuis. A l’occasion d’une sortie, les jeux autour de la voiture emportent les corps dans un ballet qui témoigne d’une puissance de dépassement et de libération. Cette scène quasi dansée use avec pudeur de la légèreté des corps pour affirmer la liberté des êtres. Leur irréductibilité aux chaînes qu’ils traînent avec eux. C’est que Sonia et Bruno, comme la plupart des personnages des frères Dardennes sont jeunes ; la triste vie les a contaminés, mais pas encore condamnés. Ainsi, l’enfant du film c’est Bruno. Refus de travailler, vie dans l’instant, rejet des responsabilités en font un modèle d’immaturité. Jusqu’au pire. Sur ce plan, non seulement le film n’élude rien du tragique, mais il excelle dans sa mise en scène : séquence problématique (reprise trois jours durant) de l’annonce par Bruno à Sonia de la vente de leur bébé, double échange de l’enfant, poursuite en scooter, noyade… Séquences admirablement découpées et menées avec un réalisme et un suspens qu’on a pu comparer au cinéma de Fuller dans Le Port de la drogue. Mais le tragique n’a pas le dernier mot, et le film rend compte d’une destinée capable de se ressaisir, de s’assumer : devenir père alors que Bruno s’y refusait. Comment le pourrait-il, dès lors qu’il adopte une attitude antagoniste de celle de Sonia, mère précoce ? Grâce à elle, à sa détermination, au refus qu’elle lui oppose et qu’il ne parvient pas à fléchir. Il ne lui reste plus qu’à s’en prendre à lui-même et l’on assiste à la naissance de l’homme dans l’enfant. Bien des étapes concourent au retournement de cette liberté qui accepte d’avoir une histoire. La naissance d’une paternité devient possible lorsque l’opposition entre les deux modèles (l’enfant Bruno et la page 79 Une rédemption ? mère Sonia) laisse place à l’analogie : Bruno découvre dans sa vie la grandeur de prendre soin d’un être vulnérable en sauvant de la noyade le gosse qui lui servait à accomplir ses larcins, de même que Sonia protège leur enfant. L’expérience de la responsabilité vis à vis du plus faible le fait devenir père. Il peut alors accepter sa fragilité, pleurer sur lui-même, dans la scène finale inspirée du Pickpocket de Bresson. page 80 Marc GAUCHERAND Option théâtre Calendrier des représentations 2007-2008 Mercredi 21 novembre à 19h30 l’Astrée Le Misanthrope de Molière Mise en scène de Françoise Maimone Mercredi 9 janvier à 19h30 Théâtre de la Croix-Rousse Dialogues d’exilés de Bertold Brecht Mise en scène de Valentin Rossier (uniquement pour les terminales) Vendredi 18 janvier à 20h30 Théâtre de l’Iris Le Revizor de Gogol Mise en scène d’Alberto Nasone Mercredi 13 février à 19h30 Théâtre de la Croix-Rousse L’Echange de Paul Claudel Mise en scène de Julie Brochen page 81 Mercredi 17 octobre à 19h30 Théâtre de la Croix-Rousse Naissance d’un clown de Philippe Faure Mise en scène de Philippe Faure Mardi 4 mars à 20h30 l’Astrée Macbeth, horror suite d’après William Shakespeare Adaptation et mise en scène de Carmelo Bene page 82 Mardi 18 mars à 19h30 l’Astrée Ce doit être tentant d’être Dieu de Joseph Conrad Mise en scène de Gilles Chabrier Les échanges scolaires de l’année 2006/2007 se sont achevés en juillet dernier avec un voyage de trois semaines à Bacchus Marsh près de Melbourne, en Australie, encadré par M. et Mme Moulin. www.laverpbacchusma.canalblog.com Cet échange anglophone qui, pour l’Externat, vise à permettre aux élèves de seconde et de première d’améliorer leur pratique de l’anglais, a pour Bacchus Marsh Grammar School (BMGS) un objectif sensiblement différent. En Australie, l’étude du français est obligatoire pendant deux ans (year 7 & 8, soit 5e et 4e) puis est souvent délaissé en faveur d’autres langues comme le japonais, d’autant plus que BMGS a des échanges scolaires réguliers avec le Japon. John Wilson, alors professeur de français, a pris contact avec nous il y a maintenant trois ans afin de mettre en place un échange, d’inciter ses élèves à poursuivre l’étude de la langue de Molière. Son intuition était juste puisqu’à la rentrée les effectifs des classes de français de BMGS ont sensiblement augmenté. Cela nous laisse espérer que, dans quelques années, nous accueillerons des jeunes Australiens plus à l’aise pour communiquer avec nous et d’âge plus proche de nos lycéens. page 83 La Verpillière échanges Melbourne page 84 Leur prochaine visite est annoncée pour mars 2008. Nous recherchons des parents parlant aisément l’anglais afin de nous aider à assurer une présence durant les trois semaines du séjour des Australiens à l’Externat. Nous recherchons également des familles pour héberger les accompagnateurs australiens pour une, deux ou trois semaines. Nous attendons la visite des Allemands d’Heusenstamm pour deux semaines du 21 octobre au 3 novembre. Le voyage retour aura lieu en avion du 19 avril au 2 mai 2008. L’Externat accueille en ce moment en 2nde 5 trois jeunes Allemandes en immersion jusqu’aux vacances de la Toussaint. Toute proposition de tarif préférentiel pour des vols à destination de l’Allemagne, de l’Australie, de la Norvège, du Royaume-Uni et des Etats-Unis sera la bienvenue. L’équipe des échanges Les lycéens de La Verpillière en Australie page 86 été 2007 Cet été, vingt élèves des Maristes de La Verpillière sont partis en Australie dans le cadre d’un échange linguistique avec le lycée Bacchus Marsh Grammar School, près de Melbourne. Après plus de vingt heures d’avion, chacun des Français, dix filles et dix garçons, est allé dans sa famille d’accueil. M et M me Moulin, nos accompagnateurs, résidaient chez le professeur de japonais du lycée. Nous sommes allés en classe pendant les cinq jours de la semaine scolaire, nous avons suivi les cours comme les autres élèves australiens. Leurs horaires sont assez différents des nôtres. La journée commence à 9h environ et se termine vers 15h, avec une pause pour le «snack » et une autre pour le « lunch ». A midi, pas de cantine ; nous apportions notre repas froid que l’on mangeait à l’extérieur alors que nous étions en plein hiver ! Ce fut assez surprenant pour nous. Le nombre de cours est réduit et l’ambiance en est particulière : nourriture, boissons et magazines sont courants pendant la classe ! Mais les plus grosses surprises tiennent au choc des cultures. En effet, tout, dans cet immense pays lointain, est différent : la nourriture n’est pas aussi variée que chez nous, le pain n’existe pas tel que nous le connaissons, l’uniforme est obligatoire au lycée, la conduite automobile se fait comme en Angleterre, volant à droite et conduite à gauche. Bien sûr, nous ne pouvions venir en Australie sans observer kangourous et koalas ! Ce fut En un mot, je peux dire que ce fut un voyage absolument merveilleux. Nous avons rencontré des gens très sympathiques, des amitiés se sont nouées et nous gardons des souvenirs que nous n’oublierons jamais. L’été 2007 fut un très bel été. Nous attendons pour le printemps prochain un groupe de notre école partenaire, pour lui faire découvrir et apprécier nos différences... Merci à tous ceux qui ont permis la réalisation de ce projet d’envergure. Marion LAPERRIERE T STG La Verpillière page 87 chose faite au zoo de Melbourne ; de cette capitale de l’état de Victoria, nous retiendrons aussi les musées, son architecture d’influence anglaise et ses magasins car le shopping a ravi tout le monde. Nous sommes aussi allés dans un village nommé « Sovereign Hill », musée vivant qui recrée l’atmosphère et la vie commerciale d’un village au temps de la «ruée vers l’or». Nous aussi, nous en avons cherché mais en vain. On ne peut pas tout avoir … Le week-end, nous sortions souvent avec nos familles. Ainsi certains d’entre nous ont pu aller sur les célèbres côtes australiennes où même en hiver les surfeurs sont dans l’eau. SORTIES Valloire, classe découverte des 6e 1 et 6e 4 La Verpillière, octobre 2007. Lanslevillard, camp musical des CM1 et CM2 Lyon, juillet 2007. travaux d’élèves page 90 Quand la vie... Quand la vie est une saison Chaque jour est le printemps Quand la vie est une fleur Chaque jour est un pétale Quand la vie est une école Chaque jour est une classe Quand la vie est l’univers Chaque jour est une planète Quand la vie est l’amitié Chaque jour est un partage Quand la vie est une plage Chaque jour est du sable Quand la vie est un artiste Chaque jour est un tableau Quand la vie est une galaxie Chaque jour est une étoile Quand la vie est un soleil Chaque jour est un rayon Quand la vie est un oiseau Chaque jour est un chant Quand la vie est un cadeau Chaque jour est … Du bonheur ! La classe de 8e B, 9e C La Verpillière Exercice fait dans la classe de Mme Lefebvre, inspiré d’un poème de Jacques Prévert «Quand la vie est un collier» Les classes supérieures Promotion 2007 Des classes préparatoires économiques et commerciales accessibles aux bacheliers S Ces classes préparent aux concours des grandes écoles de commerce : Les « 6 Grandes » : HEC, ESSEC, ESCP-EAP, EMLyon, EDHEC, AUDENCIA (Nantes) dans lesquelles nous plaçons désormais l’essentiel de nos élèves (93% de la promo 2007). Les écoles de la banque ECRICOME : Reims, Rouen, ICN, Toulouse, Bordeaux, Marseille. L’ESCEM (école de commerce de ToursPoitiers rejoint cette banque d’épreuves en 2008). L’école de commerce de Grenoble est d’un niveau analogue à celui d’une bonne « Ecricome ». Les écoles de qualité (mais objectivement moins sélectives) comme l’ESC Lille, l’école de commerce de Dijon ou de Clermont-Ferrand, le CERAM à Nice… Résultats de la promotion 2007 : 32 élèves • HEC : 4 admis • ESSEC : 6 • ESCP-EAP : 8 page 91 Sainte-Marie propose quatre formations supérieures : • EMLyon : 3 • EDHEC : 7 • AUDENCIA : 2 • Toulouse : 1 • Un étudiant admis à l’EDHEC a fait le choix d’une poursuite d’études au Canada page 92 Des classes préparatoires littéraires accessibles aux bacheliers L, S et ES L’hypokhâgne et la khâgne de Sainte-Marie préparent le concours de l’ENS Lettres et Sciences humaines (située à Gerland) : Ce concours est très exigeant (2700 candidats pour 120 places). Il requiert donc un très bon niveau académique. Les élèves bénéficient en parallèle d’un système d’équivalences universitaires qui leur permet, au terme de la khâgne, d’intégrer une troisième année de licence. Certains élèves de khâgne peuvent également préparer le concours des écoles supérieures de commerce. Résultats de la promotion 2007 : 21 élèves ont présenté le concours de l’ENS • 9 sous admissibles • 3 admissibles • 2 admis 4 élèves ont présenté les concours d’écoles de commerce : • 2 ont intégré l’école de commerce de Rouen • 1 Reims • le 4e a préféré poursuivre en licence de lettres Un BTS comptabilité-gestion des organisations accessible aux bacheliers STG, S et ES Résultats de la promotion 2007 : Sur 25 élèves (26 candidats) qui ont réussi le BTS : • 13 ont intégré une école de commerce (Reims, Toulouse, ICN, CERAM, …) • 8 ont intégré une MSTCF (6 à Lyon) ou 1 MSG (master de sciences de gestion) • 2 poursuivent dans la filière DCG (expertise comptable) • 1 est entré dans la vie active • 1 s’est reconverti dans la menuiserie ! A la Verpillière, un BTS commerce international accessible aux bacheliers STG, L, S et ES Si le BTS commerce international permet une insertion réussie dans la vie active, nos étudiants l’utilisent dans leur grande majorité pour poursuivre leurs études, notamment en écoles supérieures de commerce. Dotés d’un niveau solide dans deux langues vivantes étrangères et d’une bonne culture générale, ils sont déjà aguerris aux matières qui sont celles page 93 Ce BTS est bien davantage qu’un BTS puisque la plupart des élèves poursuivent des études en écoles de commerce ou dans les filières comptables. On lui adjoint donc la mention de « BTS-prépa » avec une préparation spécifique aux concours d’écoles de commerce ou de MSTCF. page 94 des formations commerciales supérieures et sont donc des candidats particulièrement appréciés par ce type d’école. Une formation complémentaire en anglais commercial (TOEIC) est intégrée à l’horaire ainsi qu’une préparation spécifique aux concours en seconde année. Depuis la rentrée 2007, la possibilité d’étudier le chinois est aussi proposée aux étudiants volontaires. Sur les 17 étudiants de la promotion, 14 ont obtenu le Brevet de Technicien Supérieur en Commerce International. Deux étudiants figurent cette année parmi les dix premiers de l’académie. La variété des orientations après l’obtention du BTS montre la richesse des débouchés de celui-ci. Sur 14 étudiants diplômés : • 7 étudiants ont intégré une école supérieure de commerce (Clermont-Ferrand, Grenoble, Le Havre, Marseille, Rennes, Reims) • 2 font une spécialisation en alternance (Licence professionnelle « Management des PME, option développement à l'international », licence banque) • 3 poursuivent leurs études à l’Université (IUP commerce international), en lycée (année de spécialisation en commerce international) ou en école spécialisée (Ecole de transport) • 2 sont entrés dans la vie active Bien conscients des enjeux liés à la préparation de concours très sélectifs, nous avons à cœur de perpétuer l’esprit de Sainte-Marie dans les classes supérieures… Au-delà d’une approche utilitariste, nous tentons d’éveiller à la gratuité de la vie intellectuelle et à l’esprit d’entraide et d’amitié. En guise de conclusion… ou de départ ! nos perspectives pour la rentrée 2008 • Une 3 e année de licence – dans le prolongement de nos deux BTS – en partenariat avec un établissement d’enseignement supérieur habilité à délivrer des titres universitaires (licence). Durant cette troisième année nous assurerons tout à la fois : - la préparation de la licence (au terme de laquelle les élèves pourront rejoindre l’université en master) - celle des concours d’entrée en deuxième année d’école de commerce • Une prépa Sciences-Po Paris, accès direct en master 1 Pour permettre à des étudiants lyonnais de troisième année de licence (de droit, histoire, lettres, …) de préparer en parallèle (cours du soir et le samedi) le concours très exigeant de l’entrée en master 1 à l’IEP de Paris. Aujourd’hui un étudiant qui souhaite mettre toutes les chances de son côté pour réussir ce concours doit intégrer une prépa parisienne privée – et coûteuse ! Forts de notre savoirfaire en classes supérieures, nous souhaitons offrir un service analogue dans la tradition de Sainte-Marie (ouverture à la culture générale, quotient familial, …) Marie-Pierre BARBIER Didier TOURRETTE page 95 Nous envisageons l’ouverture de deux nouvelles formations au sein même de SainteMarie : s e l uve t illière carne lyon la verp page 98 A.P.E.L. - Association Familiale 6 octobre : réunion des nouveaux parents du collège 9 octobre : dîner pour les parents des élèves des classes primaires 9 octobre : réunion d’information sur les échanges linguistiques et séjours à l’étranger pour les parents des élèves du collège et du lycée 18 octobre : conseil d’administration de l’Association familiale de l’Externat (association de gestion de l’Externat) 20 octobre : réunion d’accueil pour les parents des nouveaux élèves du lycée 14 novembre : réunion des parents contacts des classes primaires 24 novembre : fête des Anciens avec messe, dîner et remise des diplômes du baccalauréat aux élèves de terminales de la promotion 2007 24 novembre, 26 janvier, 29 mars : réunions des parents correspondants de La Solitude 30 novembre : assemblées générales de l’Association Familiale et de l’A.P.E.L. suivies de la « conférence de presse » avec dîner Animation spirituelle 13 septembre : rencontre des catéchistes du primaire pour le lancement de l’année 21 septembre : soirée de lancement du Centre d’animation religieuse pour les élèves du lycée page 99 lyon 24, 27 et 28 septembre : messes de rentrée des classes de 7e, 8e et 9e célébrées par les pères B. Peillon et S. Lange 27 septembre : réunion d’information sur les activités de l’animation religieuse pour les parents des élèves du lycée 28 septembre : réunion d’information sur la catéchèse pour les parents des élèves de La Solitude 5 octobre : soirée de lancement de la préparation à la Confirmation pour les élèves du lycée 9 octobre : lancement de « Caté Solo » : chaque mardi des lycéens assurent une activité catéchétique auprès d’élèves du primaire 13 et 14 octobre : week-ends spirituels pour les élèves de seconde à Taizé 13 octobre, 17 novembre, 1 er décembre, 2 février, 15 mars : catéchèse en vue la Profession de foi pour les élèves de 4e 16 octobre : célébration de rentrée pour les 10 e, 11e et maternelles avec le père Vadon 20 octobre, 24 novembre, 15 décembre, 26 janvier, 8 mars : catéchèse en vue de la Profession de foi pour les élèves de 3e 26 et 27 octobre : récollection pour les professeurs, les catéchistes et les membres du personnel à l’abbaye de Hautecombe 20 novembre : présentation de la catéchèse aux parents d’élèves des classes primaires page 100 30 novembre-2 décembre : retraite de confirmation pour les élèves du lycée 7 et 8 décembre : fête patronale de l’Externat. Matinée de conférences, rencontres et spectacles pour les élèves de lycée ; en primaire, ateliers dans les classes, puis messe à l’église SaintVincent, célébrée par le père Vadon 20 décembre : journée de récollection pour les parents à Valpré 21 décembre : célébration de Noël pour les classes de CP et maternelles 12 janvier : retraite pour les filles de 4e 21 janvier : réunion d’information pour les parents des classes primaires en vue de la Première Communion 9 février : marche pèlerinage pour les pères de famille 2 au 5 avril : pèlerinage à Lourdes pour les élèves de 6e 30 avril - 4 mai : pèlerinage à Assise des élèves de 3e Réunions d’information 10 septembre : réunion pour les parents des élèves de seconde 11 septembre : pour les parents des élèves de sixième 14 septembre : pour ceux de cinquième 18 septembre : pour les parents des élèves de quatrième 20 septembre : pour ceux de première 21 septembre : pour ceux de troisième 22 septembre : pour les parents des élèves des classes élémentaires 25 septembre : pour ceux de terminale Conférences, interventions Dans le cadre du cycle des grandes conférences, au théâtre de La Solitude : 15 octobre : conférence par deux anciens élèves « 13 000 km. en tandem sur le continent africain avec des non-voyants » 12 novembre : « Dieu ou Darwin » par le père Jacques Arnould, dominicain, chargé de mission au CNES 16 novembre : sous la présidence de J.-M. Pelt, colloque interdisciplinaire du Collège Supérieur sur le thème : « La compétition, mère de toutes choses ? » 27 novembre : conférence-débat avec Thierry Veyron-Lacroix, de la pastorale familiale du diocèse, et le docteur Bernard Duméril sur la question de l’éducation affective et sexuelle 25 janvier : sur le dialogue interreligieux avec le cardinal Barbarin et le recteur de la grande mosquée de Lyon 10 mars : « L’évolution récente de l’institution militaire » par le général Joly, gouverneur de la région Sud 31 mars : conférence débat sur « La question des drogues » avec le père P. de Parcevaux page 101 27 septembre : pour les parents des classes maternelles 29 septembre : réunion d’information pour les parents des élèves des classes supérieures 11 janvier : forum des formations et des professions pour les élèves de terminale 18 janvier : réunion d’information pour les parents sur l’orientation en fin de 3e 10 avril : réunion d’information pour l’entrée en 6e page 102 Echanges internationaux Allemagne : • Bochum, pour les 5e : du 8 au 10 novembre, Allemands à Lyon et, du 31 mars au 9 avril, Français à Bochum • Werne, pour les 4e : Allemands à Lyon, du 25 octobre au 3 novembre, et Français à Werne, du 9 au 18 avril • Berlin Quatre jeunes allemands sont accueillis en classe de 1re dans le cadre des échanges « Brigitte Sauzay », échange avec immersion Angleterre : • Cambridge, pour les 5e et 3e : Français en Angleterre, du 15 au 21 février, et Anglais à Lyon, du 7 au 13 avril • Chorleywood, pour les 4e : Anglais à Lyon, du 24 au 31 janvier, et Français en Angleterre, du 10 au 17 mai ; pour les élèves de lycée : Anglais à Lyon, du 31 janvier au 10 février et Français à Chorleywood, du 26 juin au 6 juillet Etats-Unis : • Echanges avec des établissements d’Atlanta et d’Indianapolis du 12 avril au 1er mai et avec un établissement de Lafayette : Français du 12 avril au 1er mai et Américains du 15 mars au 5 avril • Séjour, en immersion dans des familles, de trois semaines ou de deux mois à Toledo (Southview High School), du 12 avril au 1er mai ou du 11 avril à juin • Séjour à Cleveland de trois semaines au Saint-Peter Chanel High School, du 12 avril au 1er mai Australie, Nouvelle Zélande : • Echange avec l’Assumption College de Melbourne : Australiens à Lyon, trois semaines en janvier et Français à Melbourne, quatre semaines fin juillet • Echange avec le Baradene Collège d’Auckland : Français à Auckland en juillet et Néo-zélandais à Lyon en janvier 10 octobre : premier conseil de maison de l’année : choix des thèmes et questions diverses 15-19 octobre : semaine du goût pour les classes de 11e et la grande section de maternelle 10 novembre : soirée bilan du jumelage externat Sainte-Marie/école Sainte-Christine de Kinshasa 14 novembre : conseil de maison ; ordre du jour : « Autour de la filière L, langues anciennes et pratiques artistiques », exposé initial d’Olivier Gosset et Nathalie Charcosset 24 novembre : remise du diplôme du baccalauréat aux élèves de la promotion 2007, lors de la soirée des Anciens Sorties, visites, voyages 1-5 octobre : classe rousse à Lanslebourg pour les 10e 2, 9e 1 et 9e 2 avec Mmes Poyet, Pardon et Abel 5-7 octobre : sortie des 1res S1 en Avignon avec le père Lange, Estelle Sogou, MM. Rouressol et Hertz 20 octobre : visite du Vieux Lyon pour les 1res ES avec Pierre Rouillat page 103 Externat page 104 8 novembre : les 1res ES 3 ont assisté au vernissage de l’exposition « La chambre aux images » avec Fabrice Treppoz 8 novembre : visite du musée gallo-romain : « Si Lugdunum m’était contée » pour les 5e 6 avec Dominique Nonnet 9 novembre : visite de la menuiserie de La Solitude pour la classe de 7e 1 3, 4, 6 et 11 décembre : découverte du musée de l’Imprimerie pour les 7e 4 de Mme Ricard et fabrication d’un livre sur le thème de la mer 10-14 décembre : classe de neige à Bessans pour les classes de 8e 2 et 7e 2 avec Mmes Peignot et Della Nave 17-21 décembre : voyage à Fribourg pour les germanistes de trois classes de 6e avec Joëlle Ravistre 7-11 janvier : classe de neige et de musique à La Toussuire pour les classes de 7e1 et 8e1 avec Mmes Mazas, Sivigliani et Deleest ; cours de formation musicale avec Dominic Faricier, suivis d’un concert à la chapelle de La Toussuire, le 10 janvier 29-31 janvier : concert à l’Opéra de Lyon pour les classes de 10e 2, 9e 1 et 9e 2, 7e 2 24-29 février : voyage à Rome pour des élèves du second cycle Théâtre, ciné-club 17-18 septembre : Citizen Kane d’O. Welles pour les élèves de 3e 24-25 septembre : Le Corsaire Rouge de R. Siodmak pour les 4e 5 octobre : Macbeth d’O. Welles pour les élèves du lycée Chorale 16-29 juillet : camp musical d’été à Lanslevillard pour quarante-trois enfants des classes de CM1 et CM2 1-6 novembre : tournée au Danemark et en Suède : interprétation du Requiem de Duruflé 26 novembre : concert à Sainte-Foy, Messe en si de J.S. Bach, redonnée le 30 novembre à Annecy 26 novembre : concert pour des personnes âgées par les classes musicales de 7e 3 décembre : concert à la Cour des Loges par les classes musicales de 7e 7 décembre : célébration de la fête patronale à la cathédrale Saint-Jean page 105 20 novembre : Paillasse l’épouvantail, spectacle du Théâtre des Trois Chardons pour les classes de 10 e , 11 e et maternelles au théâtre de La Solitude 23 novembre : L’enfant de J.P. et L. Dardenne pour les élèves du lycée 3 décembre : Big Fish de Tim Burton pour les élèves de seconde 7 et 8 janvier : Le festin de Babette de G. Axel pour les élèves de 3e 11 janvier : Un roi sans divertissement de F. Leternier pour les élèves du lycée 21 et 22 janvier : Quai des Orfèvres de H.G. Clouzot pour les 4e 31 janvier : Huckleberry Finn, représentation théâtrale en anglais pour les élèves de 4e et 3e 27 mars : Une journée particulière d’Ettore Scola pour les élèves de seconde page 106 16 décembre : messe du festival du Vieux Lyon 18 décembre : concert de Noël des classes musicales au théâtre de La Solitude 23 décembre : concert de Noël à la cathédrale Saint-Jean 3 février : prise d’aube des nouveaux Petits Chanteurs la verpillière A.P.E.L Animation spirituelle 6 septembre : journée de rentrée de l’équipe de catéchèse 22 septembre : accueil de toutes les classes du lycée pour une présentation de l’aumônerie 23-24 septembre : week-end à Notre-Dame de la Salette pour les confirmands à l’occasion du pèlerinage diocésain 29 septembre : rencontre à Soleymieu pour les élèves de 3e avec la communauté du Chemin Neuf 9 octobre : réunion du groupe « Maristes en éducation » 13 octobre : week-end à Taizé pour les élèves de seconde 17 octobre, 14 et 19 novembre : rencontre de préparation à la Confirmation pour les première et terminale 19 octobre : ouverture du « café théo » pour les lycéens 23-25 octobre : rencontre avec les compagnons d’Emmaüs pour les élèves de 4e page 107 30 novembre : assemblée générale de l’Association Familiale de l’Externat 3 décembre : assemblée générale de l’A.P.E.L. page 108 27 octobre : récollection des professeurs et membres du personnel de l’Externat à l’abbaye d’Hautecombe 27 novembre : réunion du groupe « Maristes en éducation » 6-7 décembre : célébration de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. Préparation de la célébration dans les classes de maternelle, CP et CE 1 ; ateliers et conférences pour les collégiens et lycéens sur le thème : « Vivre ensemble » 20 décembre : journée de récollection proposée aux parents de l’Externat 31 janvier-1er février : rencontre des animateurs en pastorale des établissements maristes Conférences, interventions, réunions 14 septembre : réunion d’information pour les parents de CE 1, CM 1 et CM 2 14 septembre : réunion d’information pour les parents des élèves de sixième et cinquième 21 septembre : réunion d’information pour les parents de maternelle, CP et CE 2 21 septembre : réunion d’information pour les parents des élèves de quatrième et troisième 28 septembre : réunion d’information pour les parents de seconde et première 5 octobre : réunion d’information pour les parents des élèves de terminale et de BTS 15 décembre : forum d’information sur l’orientation pour les élèves de terminale organisé par les Anciens 2 février : réunion d’information sur l’orientation pour les parents des élèves de seconde 15 mars : réunion d’information sur l’orientation pour les parents des élèves de troisième Echanges internationaux 21 octobre - 3 novembre : accueil des élèves allemands d’Heusenstamm ; séjour des Français en Allemagne du 20 avril au 3 mai 10 octobre : conseil de maison : choix des thèmes de l’année et questions diverses 14 novembre : conseil de maison ; ordre du jour : « Autour de la filière L, langues anciennes et pratiques artistiques », exposé initial d’O. Gosset et N. Charcosset 15 novembre : réunion des professeurs 15 novembre : assemblée générale de l’association du Jumelage La Verpillière-Baabda 17 novembre : soirée des anciens élèves ; remise des diplômes du baccalauréat 16-17 novembre : colloque du Collège Supérieur à l’Externat de Lyon sur le thème : « La compétition, mère de toutes choses ? » 23-24 novembre : visite des chefs d’établissement mariste Sorties, visites, voyages 1-3 octobre : classe découverte à Valloire pour les 6 e 1 et 6 e 4 sous la responsabilité de F. Delorme et J.C. Chrétien 23 octobre : visite du Lyon baroque pour les élèves de 1 res S avec D. Perceveaux et J.-L. Gauchon page 109 Externat page 110 22 novembre : visite du musée des Beaux-Arts et de l’abbaye d’Ainay pour les élèves de 1re L avec P. Berthelot et N. Pic. En soirée, théâtre : L’Annonce faite à Marie 17-19 décembre : voyage des germanistes de 5e 4 LV1 et 4e 4 LV 2 à Fribourg, avec les 4e germanistes de Lyon, sous la responsabilité de S. Dubost 15 janvier : sortie des élèves de 7e A et B au théâtre Tête d’Or pour assister à la représentation des Lettres de mon moulin d’A. Daudet 22 janvier : sortie des élèves de maternelle et CP à L’Isle d’Abeau pour assister à la représentation du Moulin à paroles Théâtre, ciné-club 19-20 novembre : projection d’Elephant de Gus Van Sant pour les élèves de première, terminale et B.T.S. Chorale 24-31octobre : stage des Petits Chanteurs à Corrençon 1- 4 novembre : congrès « Ancoli » à Lourdes pour le chœur mixte 21 décembre : concert de Noël, Messe de minuit de Charpentier par les Préparatoires, les Petits Chanteurs et le chœur mixte 7 décembre : célébration de la fête patronale de l’Externat carnet Noah Pelletier, fils de Sébastien Pelletier, professeur d’éducation physique à La Solitude, le 23 mai Martin Ruchon, fils de Gaëtan Ruchon, éducateur des classes post-baccalauréat, le 12 juin Titouan Fonlupt, fils de Cécile Fonlupt, professeur d’anglais, montée Saint-Barthélemy, le 15 juin Benjamin Gianet, fils de Corinne Chaverot, professeur d’espagnol à La Solitude, le 14 juillet Noé Tomassini, fils de Delphine Ducros, professeur de mathématiques, montée SaintBarthélemy et à La Solitude, le 20 août Louis Quantin, fils d’Alice Quantin, professeur de lettres, montée Saint-Barthélemy, le 25 août Camille Perrot, fille de Rachel Perrot, professeur de science de la vie et de la terre à La Verpillière, le 22 septembre Jean-Baptiste Eygun, fils de Bertrand Eygun, directeur adjoint, responsable de La Solitude, le 27 septembre page 111 Naissances Mariages Sylvain Deblangey, professeur de technologie l’an dernier à La Solitude, avec Céline Gouttard, le 18 août Mireille Kaluza, professeur de sciences de la vie et de la terre, montée Saint-Barthélemy et à La Solitude, avec David Budasz, le 25 août Décès page 112 Nous participons à la douleur de Pascale Chatonnet-Favret, professeur de musique à La Solitude, qui a perdu sa mère, le 28 juillet la famille de Grégory Jarjat, ancien élève de La Verpillière jusqu’en 2000, décédé accidentellement en Inde, fin juillet Marie Pierre Alliod, secrétaire à La Solitude jusqu’à l’an dernier, qui a perdu son père, le 26 août Anne Wallut, à l’accueil, montée SaintBarthélemy, qui a perdu sa belle-mère, le 30 août Philippe Rocher, ancien préfet de 1re à Lyon, qui a perdu son père, le 21 septembre la famille de Dimitri Roux, ancien élève, promotion 2005, décédé accidentellement, le 22 septembre en Argentine, où il se trouvait pour ses études Didier Lavigne, professeur d’E.P.S. à Lyon et à La Verpillière, qui a perdu son père le 9 novembre Simon Volpi, élève de 4e3 à La Verpillière, qui a perdu son père, le 19 novembre numéro 98 4 e trime str sainte-m e 2007 a lyon-la rie lyon verpilliè re 4, monté e 69 005 ly saint-barthéle my on Tél. 04 7 8 28 38 3 4 directeu r de pub lication michel : lavialle concep tio imprime n mordicus rie duga s - IPC l y o