INTERVIEW DE LA DGSE : Les jeunes espions de l`après
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INTERVIEW DE LA DGSE : Les jeunes espions de l`après
INTERVIEW DE LA DGSE : Les jeunes espions de l'après Charlie. Posté le lundi 18 janvier 2016 Depuis les attentats de janvier, le nombre de candidatures spontanées à la DGSE a triplé tandis que le budget de recrutement continue d’augmenter. L’agence de renseignement extérieur a exceptionnellement ouvert ses portes au JDD. La lettre de motivation est datée du 3 mars 2015. Elle est signée d’un jeune analyste dans une société privée de conseil en risque-pays : « Les récents événements tragiques qui ont secoué la France […] m’ont donné envie de postuler auprès de vos services et d’envisager à terme de devenir officier de renseignement. » Des courriers identiques à celui-ci, la direction des ressources humaines de la DGSE en a reçu des centaines dans les jours et les semaines qui ont suivi les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. « Avant, on recevait une trentaine de candidatures par jour, aujourd’hui environ une centaine », confie Vincent Nibourel, le directeur adjoint de l’administration de la DGSE. « On sent comme un besoin de servir, une disponibilité nouvelle », ajoute Sandrine, l’une des responsables du recrutement. Ce que confirme, en exclusivité pour le JDD, Bernard Bajolet, directeur de la DGSE : « Il y a chez ces jeunes un besoin d’idéal et ce qui me frappe chez certains, c’est leur sens du devoir sans forfanterie. » Quatre ans de formation. Confortablement assis dans un salon de réception aux canapés club en cuir marron, celui qui fut coordinateur national du renseignement à l’Élysée après avoir été ambassadeur à Kaboul, Bagdad, Amman et Alger, évoque des CV qui lui sont directement adressés, certains avec des profils très atypiques. Bien entendu, le tri est impitoyable. « On ne cherche pas des croisés pour se battre contre les djihadistes mais des jeunes qui comprennent le monde », assène Vincent Nibourel. Le ton martial et le regard droit, l’homme admet que la sélection est un art redoutable. N’entre pas qui veut dans cette maison héritière du BCRA du général de Gaulle et du SDECE. Outre ses actions secrètes à l’étranger, elle fournit 7 000 notes par an en moyenne au président de la République et au gouvernement. « Toute idée de “jamesbonderie” est évidemment ici évincée, poursuit le recruteur de futurs espions. Certes, nous faisons un métier anormal mais comme des gens normaux et avec une éthique qui ne souffre aucune entorse ; un métier de voyous, peutêtre, mais comme des gentlemen. » Y compris pour faire du hacking, à l’heure de la cyber guerre ? « Les hackers, je peux les utiliser mais je ne les recrute pas », souligne-t- il. Écrémer pour ne retenir que le meilleur, cela signifie aussi exclure de la compétition tous les êtres menacés de fragilité sur le plan psychologique. « Nous ne voulons pas de paratonnerre qui attire la foudre », reconnaît le sélectionneur. Au siège de la DGSE, le JDD a pu rencontrer et échanger avec quatre recrues récentes du service de renseignement. Marie était à Londres en 2005 lorsque les bombes ont explosé dans le métro et dans un bus. Puis à Bombay en 2008, lorsque les terroristes s’en sont pris à la gare centrale, à des hôtels de luxe et à un centre communautaire juif. Née dans une famille où la fonction publique et les militaires n’étaient pas particulièrement en odeur de sainteté, elle a souhaité s’engager, « servir son pays », dit-elle. Elle visait la police mais c’est le concours de la DGSE qu’elle a réussi en premier. Engagée il y a quatre ans, cette jeune femme menue à la chevelure brune est sur le point d’effectuer son deuxième stage « validant ». « On nous met sous pression, on appuie sur nos failles », confesse-t-elle sans que cela semble particulièrement l’affecter. Aime-t-elle le danger ? Non, elle revient d’une « zone dangereuse » mais avec le sentiment d’avoir été « particulièrement protégée ». « J’ai déjà servi dans des situations de crise et je me dis que j’ai eu de la chance, le service peut déployer des moyens énormes démesuré. » Le colonel Henri, qui dirige la formation des jeunes recrues à la DGSE, estime qu’il faut environ quatre ans pour fabriquer un bon espion et l’envoyer en mission. Ce jour-là, il n’a que peu dormi. Il a passé une partie de la nuit au bord de la Marne dans un exercice de simulation d’exfiltration d’une source étrangère. Si l’exercice avait été réel, il aurait mal tourné : la cible « amie de la France » a changé de camp à la dernière minute… « Pas assez paysans ». En 2014, les agents en formation ont suivi 7 329 stages répartis sur une soixantaine d’ateliers. Filature, contre-filature, déguisement pour échapper à la vidéosurveillance, de plus en plus répandue, sécurisation, langues étrangères qu’il faut perfectionner, le parcours est aussi rude qu’intensif. « Le défaut des jeunes de cette génération par rapport à leurs prédécesseurs ? Ils ne sont pas assez paysans ! », ironise le colonel. Pas assez débrouillards, certains arrivent sans avoir le permis de conduire et ne savent pas changer une roue. « Ils ont aussi une vision un peu Bisounours de la société, poursuit le formateur. Il est aussi très compliqué pour nous de traiter le besoin de communiquer de cette génération Y, très scotchée à Facebook, Twitter et aux Copains d’avant, complète Nicolas WuestFamose, porteparole de la DGSE. Or il faut que ces jeunes apprennent très vite qu’ils ne seront pas les vedettes des soirées en famille ou entre amis, nous leur demandons à la fois de l’humilité et d’être des caméléons, capables à l’issue de leur formation de pouvoir se sentir aussi à l’aide dans le Sahel qu’à Zurich, précise Vincent Nibourel. Il leur faut tout désapprendre pour réapprendre. » « Un rêve de gamin » Ce langage, quasi sectaire, n’a pas rebuté Amaury, 29 ans, entré à la DGSE il y a trois ans. Devenir espion, franchir les portes de cette ancienne caserne du boulevard Mortier, à deux pas de la porte des Lilas, dans le XXe arrondissement de Paris, « c’était un rêve de gamin ». Polytechnicien, passé par l’École des mines, cet angelot rieur raconte qu’aujourd’hui il se réveille « avec le sentiment d’être utile ». Technicien de pointe, il craignait le cloisonnement entre analystes et ingénieurs. À eux la matière noble du renseignement à collecter, aux autres l’austérité des machines et des outils. « Aujourd’hui, ce que j’apporte est pris en compte, raconte-t-il. Je suis en contact rapproché avec des officiers traitants qui vont sur le terrain pour sécuriser leur matériel et apporter des solutions techniques pour qu’ils ne soient pas attaqués en mission. » Amaury a vécu les attentats de Paris en janvier comme un défi, une surenchère des terroristes, capables de défier les systèmes de défense et de sécurité. Un sentiment partagé par Xavier, 38 ans, un ancien militaire passé à la DGSE il y a trois ans. Les yeux cernés dans son costume civil, cet ancien meneur d’hommes voit dans le regard des passants dans le métro une forme de reconnaissance du travail de ceux qui cherchent à les protéger. « Comme cette fois où j’ai vu un type donner les résultats du match du PSG à un garde en faction » devant un établissement désormais sous protection. François, 36 ans, est l’un de ceux dans la maison plus particulièrement chargé d’encadrer les jeunes techniciens recrutés par contrat. Embauché directement à la sortie de son école de micro-électronique et en poste depuis douze ans, la tentation d’aller ailleurs existait. « Il y a quinze mois, j’ai passé un entretien avec une grande boîte privée, avoue-t-il. Ils m’ont expliqué que ma mission serait de faire augmenter le temps de réponse de leurs systèmes de deux minutes… » Sans surprise, malgré un salaire probablement beaucoup plus alléchant, François a choisi de rester à la DGSE. Le service, le devoir. Mais qui pourrait se plaindre d’appartenir à une agence de l’État qui bénéficie, selon un sondage, de 75 % de notoriété et d’autant d’opinion positive. LA DGSE MODE D’EMPLOI. LA DIRECTION GÉNÉRALE DE LA SÉCURITÉ EXTÉRIEURE est l’un des trois principaux services de renseignement français avec, entre autres, la DGSI (Sécurité intérieure, fusion de la DST et des RG) et la DRM (Renseignement militaire). La DGSE emploie 6.100 personnes pour un budget de 750 millions d’euros (dont 50 millions de fonds secrets). Du fait de la nouvelle loi de programmation militaire et à la suite des attentats de Paris, la DGSE va pouvoir embaucher 470 agents supplémentaires. Il existe 77 familles d’emplois à la DGSE sur 22 domaines de compétences. Les trois quarts des effectifs sont des civils, les autres sont militaires. Si 75 % des agents sont des hommes pour 25 % de femmes, la parité est désormais de mise au niveau du recrutement sur concours. La moyenne d’âge des agents est de 41 ans. Le recrutement dispose de quatre filières : une pour les fonctionnaires déjà en service, une autre pour les militaires en activité, une troisième sur contrat (essentiellement pour les besoins techniques en ingénieurs et spécialistes) et la dernière sur concours des attachés de la DGSE. Les épreuves portent sur une note de synthèse, une question de géopolitique et un test de langue étrangère. En cas de succès, le candidat passe devant un jury avec des épreuves de « mise en situation ». Le recrutement dépend aussi d’un résultat positif à une enquête visant à « habiliter » au secret. Contrairement à tout autre service de la fonction publique, la DGSE n’offre pas de garantie sur la pérennité de l’emploi obtenu. François CLEMENCEAU Questions à Jean-Claude COUSSERAN, ancien directeur de la DGSE (1989-1992). Jean-Claude Cousseran*, ancien directeur de la DGSE (1989-1992). « On ne peut ignorer les questions posées par Snowden » Diriez-vous qu’une nouvelle génération d’agents est née après les attentats du 11Septembre ? Le contexte humain a changé. Lors de ma première affectation, j’ai pu côtoyer la « tradition », faite de fonctionnaires civils et militaires expérimentés, recrutés depuis parfois de très longues années. Lors de mes fonctions de directeur général, au début des années 2000, j’ai eu le privilège d’être entouré d’une génération de jeunes cadres civils et militaires de grand talent, qui avaient été recrutés après les réformes initiées par mon prédécesseur, Claude Silberzahn. La DGSE, avec beaucoup de retard sur la CIA, essaie de communiquer positivement sur son image. Est-ce nécessaire dans le monde de Wikileaks et de Snowden, ou contre-productif ? C’est évidemment positif. Les services, traditionnellement, sont essentiellement attachés à l’évaluation de la menace ou de l’ennemi du moment. Ils conservent cette vocation mais, bien avant le 11-Septembre, ils se sont organisés pour protéger la société et les citoyens contre ces menaces que sont le terrorisme, la criminalité organisée ou la prolifération. On est passé d’un État fondamentalement secret à un État protecteur. Il est naturel de donner aux citoyens l’assurance que l’État veille à les préserver des risques qui menacent leur vie, leur liberté et la société ouverte. Le recours aux procédés de la communication moderne s’adresse d’abord aux citoyens que nous sommes, pour faire mieux connaître les différents aspects de l’action des services. Cette communication n’est pas principalement faite pour répondre aux questions posées par Snowden mais elle ne peut les ignorer. Les discussions ouvertes au Parlement et dans l’opinion par le projet de loi sur le renseignement montrent assez la réalité du débat qui traverse l’opinion sur les rapports complexes du renseignement et des libertés, sur la conciliation nécessaire entre les exigences de la légitimité démocratique et celles de l’efficacité en matière de sécurité. Il est bon que les services se fassent entendre, à la place qui est la leur et dans le registre qui est le leur. Propos DGSE recueillis par François CLEMENCEAU * Coauteur de Renseigner les démocraties, renseigner en démocratie (Odile Jacob). Pour lire l'article dans son intégralité, cliquez sur la vignette ci-dessous. Source : DGSE Un commando en burqah fait un carton contre Daesh© International 19 janvier 2016 (voir plus bas : la ruse est déjà ancienne, expérimentée par certains Sayeret Matkal israéliens devenus célèbres) Les huit hommes du commando SAS ont éliminé plusieurs combattants jihadistes après avoir levé le voile de leur burqah et ont ouvert le feu sur les jihadistes médusés, qui n’ont pas eu le temps de se protéger des tirs nourris du commando. Le groupe s’est vêtu comme le sont elles-mêmes les épouses des chefs de Daesh qui se couvrent de la tête aux pieds dans les robes noires traditionnelles, et sont ainsi parvenus à s’infiltrer dans le saint des saint du groupe terroriste. Ils ont été conduits à travers la ville dans un pick-up Toyota – la marque préférée des assassins jihadistes – avec l’aide de Syriens locaux travaillant avec les services secrets pour aider à combattre Daesh. Les soldats d’élite ont même réussi à cacher des armes d’assaut, des grenades et des munitions sous leurs robes qui leur tombaient aux chevilles pour le cas où ils rencontreraient une résistance armée de la part des militants islamistes. Après avoir traversé la ville, ils ont repéré la maison d’un chef terroriste et transmis son emplacement et ses coordonnées à un avion AWACS de contrôle de la mission de l’US Air Force qui volait à des milliers de pieds au-dessus de leurs têtes. L’avion espion américain a alors transmis l’information à un drone américain Reaper, qui, quelques secondes plus tard, a tiré un missile Hellfire sur le bâtiment, pulvérisant ce QG de Daesh et plusieurs de ses sbires. Lorsque les militants djihadistes ont entendu l’explosion, ils se sont précipités dans les rues et ont découvert les hommes du commando en burqah, qui ont mitraillé plusieurs djihadistes au cours d’une fusillade féroce puis se sont mis en sécurité. Une source a déclaré au Daily Star, dimanche : «L’équipe de SAS était en train de revenir à leurs véhicules après la frappe ciblée du missile et déjà des hommes armés étaient dans les rues et arrêtaient tout le monde, alignant les gens contre les murs et menaçant de tuer tous ceux qui avaient aidé les« espions ». « L’attaque a eu lieu en début de soirée, environ une heure avant le couvre-feu, donc il y avait encore des gens dehors. « Alors que les soldats britanniques revenaient dans une fourgonnette plusieurs hommes armés leur ont ordonné d’arrêter. Les soldats ont ignoré les avertissements et étaient sur le point de s’échapper quand les djihadistes ont ouvert le feu. Ils ont ajouté: « Les hommes du commando SAS ont alors sauté hors du véhicule, levé leurs burqahs et ouvert le feu. Cela a été un choc énorme pour les djihadistes. « L’un a été tué sur le coup et deux autres ont courru pour se mettre à l’abri. La fusillade a donné au commando SAS juste assez de temps pour s’échapper. « Nous avons entendu plus tard des combattants de Daesh qui faisaient courir la rumeur dans la ville en disant que les« infidèles »avaient envoyé des femmes en burqah pour combattre à la place des hommes. » La mission audacieuse a eu lieu il y a trois semaines au siège terroriste de Raqqa, où l’infâme Colombien Djihadi John a péri dans une attaque de drone. Les sources du renseignement ont dit que le coup réussi avait porté un « coup sévère » dans les rangs du commandement du groupe terroriste. Les SAS ont mené des dizaines d’opérations en Irak et en Syrie ces derniers mois, et la Grande-Bretagne et l’Amérique intensifient leur lutte pour combattre les islamistes. Leur prochaine cible est maintenant Siddhartha Dhar, le terroriste londonien de 32 ans qui a été démasqué comme étant le nouveau bourreau des terroristes dans une vidéo le montrant assassiner des Syriens accusés d’espionnage au profit de la Grande-Bretagne. express.co.uk —————————- Un précédent? Israélien, bien sûr! Et cela ne date pas d’hier : C’était en 1973 : Ehud Barak déguisé en femme chasse les terroristes au Sud-Liban L’Opération Printemps de la Jeunesse est une opération menée dans le cadre d’une opération de bien plus grande envergure, l’Opération Colère de Dieu, visant à éliminer les auteurs du massacre de onze athlètes israéliens perpétré pendant les Jeux Olympiques de Munich de 1972. De grandes figures israéliennes telles que Ehud Barak ou Yoni Nethanyahu ont pris part à l’opération, et chaque israélien se souvient de l’allure d’Ehud Barak, déguisé en jeune femme brune. Comment l’opération s’est-elle déroulée ? Opération Printemps de la Jeunesse : Les forces partirent du port de Haïfa à bord de neuf bateaux lance-missiles en fin d’après-midi et arrivèrent sur la plage de Beyrouth dans la soirée sur des canots pneumatiques Dans la nuit du 9 au 10 avril 1973, l’unité d’élite des forces spéciales israéliennes, la Sayeret Matkal, des forces parachutistes et le commando naval effectuent un raid contre plusieurs cibles de l’Organisation de Libération de la Palestine à Beyrouth et à Sidon au Liban, et éliminent 50 membres haut placés de l’OLP, notamment l’adjoint de Yasser Arafat, Abou Youssef. Parmi les commandants des forces de Tsahal qui participent à l’opération, on peut citer Ehud Barak, Yonatan Netanyahou et Amnon Lipkin-Shahak. Les forces sont parties du port de Haïfa à bord de neufs bateaux lance-missiles en fin d’après-midi et pour arriver sur la plage de Beyrouth dans la soirée sur des canots pneumatiques lancés au large à partir des bateaux lance-missiles. A leur arrivée, les soldats sont attendus à l’endroit du débarquement par des voitures américaines luxueuses louées la veille. Les soldats se répartissent en plusieurs groupes pour atteindre différents objectifs : un immeuble de sept étages qui sert de caserne aux terroristes et qui héberge le quartier général du « Front Populaire » ; deux maisons de dirigeants du Fatah, gardées par des dizaines de terroristes armés ; le siège du Fatah, responsable des attentats dans la bande de Gaza ; deux ateliers de production de mines et de bombes. L’opération dure deux heures et demie durant lesquelles trois hauts dirigeants de l’OLP sont éliminés dans leurs appartements. Des dizaines de terroristes sont tués. Les soldats israéliens parviennent à mettre la main sur des documents importants dans les appartements des terroristes. Deux combattants des forces dirigées par Amnon LipkinShahak sont tués dans l’opération et ce dernier a été félicité après la mission par le Chef d’État-major pour son sang froid. On se souvient notamment du Lieutenant-colonel Ehud Barak, commandant de la Sayeret Matkal, qui débarque sur la plage de Beyrouth au côté des premiers soldats et pénétra dans la ville déguisé en jeune femme brune. Que sont devenus les héros de l’Opération Printemps de la Jeunesse? Yoni Netanyahou. Photo : Courtesy, JPost Ehud Barak, le commandant de la Sayeret Matkal de l’époque est aujourd’hui le ministre de la Défense israélien. Il a occupé le poste de Chef d’Etat-major entre 1991 et 1995 et celui de Premier ministre entre 1999 et 2001. Amnon Lipkin-Shahak a gravi les échelons de Tsahal jusqu’à devenir Chef d’Etat-major en 1995, succédant ainsi à Ehud Barak. Yoni Netanyahu, l’un des soldats les plus célèbres de Tsahal, a été tué dans l’opération Entebbe trois ans plus tard, en 1976. Son frère Benyamin est aujourd’hui Premier ministre de l’Etat d’Israël. Ehud Barak, aujourd’hui ministre de la Défense, et commandant de la Sayeret Matkal en 1973. En savoir plus sur : http://jforum.fr/2016/01/un-commando-delite-en-burqa-fait-un-carton-contredaesh/#ZYCWgFfkw3hyjGYJ.99 Reaper français: le second système coûtera 43 millions de dollars Le second système de drones Reaper sera livré avant le 31 octobre 2017 selon un avis d'attribution de marché publié mardi soir par le Pentagone. Pas de surprise donc, juste une nouvelle étape dans la fourniture de Reaper à l'armée de l'air française. La commande du 3e système a été passée en décembre (lire ici). L'avis publié mardi soir: "General Atomics Aeronautical Systems Inc., Poway, California, has been awarded a not-toexceed $43,740,596 undefinitized contract action for France's MQ-9 second system. Work will be performed at Poway, California, and is expected to be complete by Oct. 31, 2017. This contract is 100 percent foreign military sales to France. This award is the result of a solesource acquisition. Air Force Life Cycle Management Center, Wright-Patterson Air Force Base, Ohio, is the contracting activity (FA8620-15-G-4040)." lundi 18 janvier 2016 42.7 : un article qui résonne dans le vide Il avait été invoqué par la France après les attentats du 13 novembre, mais plus de deux mois après, le bilan de l'appel de Paris, via l'invocation de l'article 42.7 de traité de l'UE reste assez maigre. Le malaise est d'ailleurs perceptible, quel que soit l'interlocuteur qui réponde. Les 27 pays européens ont trois façons de répondre à la France : en allant au carton contre EI aux côtés de la France, en s'impliquant sur des opérations de maintien de la paix où ils pourraient soulager l'effort de l'armée française. Ou encore plus directement, dans le cadre de missions au côté de la France sur d'autres théâtres. Même à travers ce choix assez large, les capacités réelles sont rares. Difficile de compter les frégates allemande, britannique et belge qui ont rejoint le GAN comme une conséquence de l'appel de Paris... car leur insertion était prévue de longue date, bien avant les attentats du 13/11. Comme les Français, les Britanniques avaient aussi prévu de renforcer leurs moyens à Chypre, pour taper plus fort en Syrie (1), bien avant les attentats du 13/11. Donc que reste-t--il de concret ? Les Tornado et le MRTT allemands, par exemple. Mais le bilan réel de leur activité, notamment des Tornado, reste à faire. En Afghanistan, les mêmes Tornado revendiquaient des bilans dityrambiques, mais les kilomètres de photos ne servaient pas forcément à grand chose à l'ISAF. L'envoi de 600 militaires allemands au sein de la Minusma ne libèrera pas 600 Français, qui eux, sont sur un autre portage. Donc, la portée n'est pas réelle pour l'outil de défense français, qui n'aurait pas non plus fourni 600 hommes pour la Minusma. On ne peut pas brandir non plus les postes qui seront pris ici et là par des baltes dans des structures de formation au Mali, en RCA. La France ne les aurait pas remplis non plus. C'est l'Espagne qui s'était montré la plus martiale, évoquant la possibilité de reprendre partiellement la mission Barkhane. C'était avant les élections, depuis, plus trop de nouvelles. A Paris, l'entourage du ministre explique que les contributions européennes viendront. Mercredi, les Etats-Unis viennent demander à leurs alliés d'en faire beaucoup plus au Levant et en Irak, en matière de JTAC, de forces spéciales, d'ISR, de CSAR. Des capacités rares, qui seront particulièrement exposées : on verra bien, alors, qui est réellement prêt à faire la guerre en Irak et en Syrie, et non plus seulement, de la com'. (1) même si le story telling a récupéré le départ du Charles de Gaulle, il faut rappeler que cette mission était programmée depuis le printemps 2015. Seul le crochet par la Syrie est la conséquence des attentats de novembre. lundi 18 janvier 2016 Départ surprise du général Guy Girier Coup de tonnerre dans l'armée de l'air. Pilote de chasse de grande classe, grand monsieur et grand bosseur, le général Guy Girier, patron de la SIMMAD (structure interarmées pour le maintien en conditions opérationnelles des matériels aéronautiques de la Défense) va quitter ses fonctions, à sa demande et pour raisons personnelles, à la fin du mois de février. Aucun détail n'a été donné à ce brusque départ. Guy Girier avait pourtant fait progresser la SIMMAD, depuis 2013 (1). Ce poste stratégique faisait suite à celui de sous-chef plans-programmes à l'EMAA, et d'adjoint souschef plans à l'EMA, après avoir dirigé le collège des officiers de cohérence opérationnelle (OCO). Comme le général André Lanata, CEMAA, il a commencé sur Mirage F1CR, avant de migrer sur F1CT, puis sur Mirage 2000D, commandant le 1/3 Navarre. Qu'il n'avait pas hésité à aller commander au feu. Bien connu pour son bilan de pilote, Guy Girier n'en tirait aucune gloriole, et n'avait qu'un souci : servir son pays et l'armée de l'air. (1) C'est ce sujet du MCO qui était au menu d'un CMI, vendredi dernier. Depuis qu'elle a perdu la gestion du MCO au profit de la SIMMAD, la DGA ne cache pas sa volonté de remettre la main sur ce sujet stratégique. mardi 19 janvier 2016 Des FIR à 20 minutes, est-ce possible ? Après une série d'attaques terroristes en 2015, l'Intérieur commence à tirer quelques retours d'expérience. La place Beauvau promet -sans donner l'horizon de réalisation- que tout point du territoire aura une force d'intervention rapide (FIR) à 20 minutes. C'est le temps de parcours, pas le temps de mobilisation, qui, on le sait, n'est pas toujours, et pour tous, le même. C'est une promesse extrêmement ambitieuse diront les uns, difficilement réalisable diront les autres. Moi je suis sceptique. D'abord parce que ce n'est pas parce qu'une attaque intervient à 20 minutes de trajet d'une unité d'élite que la réponse viendra en 20 minutes, et qu'elle anihilera une menace terroriste. Un vendredi soir, il faut moitié moins de temps pour faire le trajet de la PP au Bataclan. Ensuite, tout dépend de ce qu'on appelle une force d'intervention rapide. La gendarmerie met par exemple sur pied (sur trois ans) des PSIG Sabre centré sur l'intervention, tandis que la police renforce l'équipement de ses BAC. C'est le niveau local ou départemental : des primo-intervenants mieux formés et équipés pour la première riposte, comme la BAC75N l'a fait au Bataclan avec des moyens dérisoires (pas de gilet lourd, pas d'arme longue). Le niveau interrégional est couvert par les PI2G en gendarmerie : trois sont créés à Nantes, Reims et Tours, ils seront intégrés, avec les trois autres (Orange, Toulouse, Dijon) au GIGN dont ils deviendront des antennes. Comme les ex-GIPN sont devenus des antennes RAID. Le ministre a d'ailleurs dit, à Lyon, qu'il allait en créer d'autres. Ou, sans doute, rebaptiser des unités existantes. Les BRI de province font figure de favorites, car elles ont des opérateurs formés et équipés. Mais ces BRI dépendent de la direction centrale de la police judiciaire, comme la BRI de Paris dépend de la Préfecture de Police. On le voit, si la chaîne est linéaire en gendarmerie, dirigée par un ancien chef de GIGN, le général Denis Favier, elle l'est beaucoup moins dans la police. Enjeu, pas maigre, réagir plus vite et plus professionnellement encore aux prochaines attaques. On peut noter, par ailleurs, que la réflexion de Beauvau n'évoque pas une éventuelle contribution de la Défense, notamment des unités du COS, mieux formées et équipées que tout primo-intervenant de la police ou de la gendarmerie. Les obstacles principaux restant le manque d'effectif pour des astreintes, et, pour l'instant, la butée légale. mercredi 20 janvier 2016 Le TOC, une FBI pour l'AdT C'était sensé régler les problèmes de Sentinelle, mais les retours sceptiques du terrain, dès le printemps, ont montré que ce n'était pas le cas : le témoin d'obsturation de culasse est sur la sellette. Cette tige en acier visible sur la fenêtre d'éjection devait contribuer à sécuriser les armes, plutôt que de recourir aux précédents systèmes, à base de plombages. Seulement, sur les deux dernières occasions d'approvisionner, les militaires concernés ont observé des incidents de tir. Au Bataclan, aucun coup de feu n'a été tiré par les personnels de Sentinelle déployés (notamment ceux du 1er Chasseurs), mais des armes ont été approvisionnées. Incident de tir. A Valence, c'est encore mieux connu, les artilleurs du 93e RAM ont approvisionné, et tiré plusieurs fois... après avoir là aussi connu des incidents de tir. Ces problèmes sont connus depuis des mois, et des rapports ont été dressés après ces deux attaques: la situation n'évolue pas. En opex, le TOC n'est pas utilisé, et on n'a pas connaissance, sauf de cas limités en Afghanistan, de départs de coups intempestifs.