mercredi - Office de la circulation et de la navigation

Transcription

mercredi - Office de la circulation et de la navigation
LA LIBERTÉ MERCREDI 23 OCTOBRE 2013
David Maillard du
cirque Helvetia
10
10
11
11
13
RÉGIONS
FRIBOURG Le meurtrier du Castel inculpé aussi de viol
MALFRATS Ils embrassent les vieilles dames pour les voler
RIAZ Un champ de 102 villas à Champy-Sud
AGY PARC Permis de construire pour 76 appartements
MOUDON Une école de cirque va voir le jour
9
MERCREDI
Alcool au volant: plus jamais!
PRÉVENTION • Les personnes dénoncées pour conduite en état d’ébriété ont la possibilité de suivre un cours sur
les dangers de l’alcool organisé par l’OCN. Une manière pour certains de récupérer leur permis plus rapidement.
FLORA BERSET
Au premier étage de l’Office de la circulation et de
la navigation (OCN), installés dans une salle de
cours, treize hommes et une femme se jettent des
regards en coin. Agés d’environ 20 à 60 ans, tous
sont là pour une raison identique: ils se sont fait
pincer en train de conduire avec un taux d’alcoolémie dans le sang supérieur à la limite fixée à 0,5‰.
Avec un taux moyen de 1,3‰, ces conducteurs ont
bu une dizaine de verres avant de prendre le volant.
Une infraction grave à la loi sur la circulation routière, qui aura pour conséquence un retrait de permis de conduire de trois mois minimum.
Pierre-André Singer, chef du secteur prévention
de l’OCN en charge du bon déroulement de cette
journée, rassure d’emblée l’assemblée: «Ce ne sera
pas un cours pour alcooliques, ce sera un cours
pour conducteurs.» Et demande à brûle-pourpoint:
«Quelles sont vos attentes?» Froncements de sourcils. Personne n’est disposé à prendre la parole.
L’inscription à ce cours leur a coûté 200 francs. Venus de leur plein gré, les participants savent que
leur présence à cette journée pourrait jouer en leur
faveur. En effet, une partie d’entre eux bénéficieront
d’une réduction de la durée de leur retrait de permis. Si Pierre-André Singer ne veut pas utiliser un
ton moralisateur, il avertit tout de même: «C’est la
fin de vos jokers!»
Moins de récidives
Sur près de 1300 cas d’alcool au volant dénoncés dans le canton de Fribourg l’année passée, un
millier se trouvaient au-dessus de la barre des
0,8‰. Une étude fédérale a mis en lumière que
celui qui s’est fait prendre avec un taux d’alcoolémie dépassant la limite autorisée a dû rouler entre
200 et 300 fois dans le même état avant d’être
contrôlé.
Le cours de l’OCN a pour but de faire comprendre aux conducteurs pourquoi entre boire et
conduire il faut choisir. «L’alcool est très présent socialement dans notre société. Mais la sécurité est
l’affaire de tous», pointe Pierre-André Singer. S’il
admet que subjectivement, un conducteur qui a bu
peut se sentir bien, objectivement, il va commettre
davantage d’erreurs en raison d’une diminution de
ses capacités physiques et de ses réflexes.
Depuis la mise sur pied de cette journée qui a
lieu une à deux fois par mois depuis 1996, le taux de
récidive a été mesuré à la baisse. Selon la volonté
du programme fédéral de sécurité routière Via Sicura, ce cours deviendra obligatoire à partir de
2015. Henri* regrette cette décision. Lui a choisi d’y
participer volontairement, bien qu’il sache pertinemment que la durée de son retrait de permis ne
sera pas écourtée, car il roulait avec 1,89‰ au moment de souffler dans le ballon: «La participation à
ce cours doit partir d’une initiative personnelle.
Elle ne doit pas être vue comme une punition.»
Profils très différents
Le premier intervenant à faire son apparition
est Me André Demierre. Il aborde les conséquences
d’une infraction routière sur les plans administratif,
pénal et civil. Le chef du service mesures administratives et prévention rappelle notamment qu’une
amende ferme pour conduite sous l’influence de
l’alcool peut atteindre jusqu’à un quart du salaire
mensuel de la personne fautive. «A ce prix-là, la
prochaine fois, vous pourriez presque prendre un
hélicoptère pour rentrer.» Dans la pièce, les oreilles
sont grandes ouvertes.
Pierre-André Singer signale au passage que
les participants ont à chaque fois des profils très
différents. «Le cours attire un public hétéroclite.
De l’ouvrier au chef d’entreprise, de l’apprenti à
l’universitaire, toutes les classes sociales sont
concernées. Habituellement, les femmes sont
sous-représentées.»
Se tenir à carreau
Lors de la pause, la plupart des participants sortent fumer. S’ils ne se connaissent que depuis
quelques heures, ils n’hésitent pas à parler du jour
où ils se sont fait arrêter par la police pour conduite
en état d’ivresse. Ils ne sont pas fiers de leurs histoires, lesquelles font parfois mention d’un accident assez violent, mais disent assumer leur faute.
«Après une soirée alcoolisée, à moins que
quelqu’un nous retire les clés, quand on veut rentrer en voiture, on le fait», intervient Henri en haussant les épaules. «Qui n’a jamais conduit sous l’influence de l’alcool? Comme on dit, pas vu pas pris…
Mais maintenant, nous allons nous tenir à carreau.» Se tenir à carreau, ils en ont tout intérêt. Une
récidive dans les cinq ans et leur permis sera
confisqué pour au moins une année. La petite
équipe se met finalement d’accord sur un point: la
limite du 0,5‰ est «hypocrite» et il vaudrait mieux
prôner la tolérance zéro pour éviter à certains la
tentation de boire un peu, puis trop, avant de prendre la route.
«Vous êtes chanceux»
Le cours reprend sous la direction du Dr Claude
Uehlinger, psychiatre et spécialiste de médecine du
trafic. Son rôle est de parler des aspects médicaux
liés à la consommation d’alcool et par la même occasion de balayer quelques idées reçues. «Non,
boire un bon café ne fait pas baisser le taux d’alcoolémie, dit-il. Pour éliminer l’alcool, seul le temps est
efficace.» Après une heure d’intervention, le
Dr Uehlinger s’en va, lançant en guise d’adieu: «Je
ne souhaite plus vous revoir ici!»
Vient ensuite le tour d’Anne Liechti, chargée de
prévention pour l’association Reper. Elle invite chacun à parler des points positifs et négatifs de l’alcool. La majorité mentionnent le fait qu’ils se sentent invincibles lorsqu’ils sont saouls tout en
admettant qu’il ne s’agit là que d’une illusion.
«Vous êtes toujours en vie, vous avez de la chance!
Rappelez-vous qu’il y a toujours d’autres solutions
que de prendre la voiture», conclut Anne Liechti en
indiquant qu’il est possible de calculer son taux
d’alcoolémie grâce à des applications gratuites
telles que «Be my angel».
La journée s’achève peu avant 17 h sur un bilan
globalement positif. Pour Léa*, seule fille du
groupe, celle-ci s’est avérée particulièrement bénéfique. «Ce cours était bien présenté. J’ai envie de
changer mon comportement.» I
Boire ou conduire: certains conducteurs ne savent pas choisir. ALAIN WICHT
*prénoms d’emprunt
JUSTICE
Flashé deux fois à plus de 230 km/h
MARC-ROLAND ZOELLIG
Depuis le 1er janvier 2013, la Confédération a décrété la chasse
aux chauffards. CHARLES ELLENA
Un ressortissant russe de 36 ans, dont la
voiture aux plaques zougoises avait été
flashée dans la nuit du 28 septembre
2012 à 230 km/h par le radar de l’A12 à
Bösingen et, moins de trente minutes
plus tard, à 241 km/h par celui de l’A1 à
Oberbuchsiten (SO), a été bien inspiré de
commettre ces excès de vitesse massifs
avant le 1er janvier 2013. Sous le régime
des mesures fédérales Via Sicura, entrées
en vigueur ce jour-là et durcissant considérablement les peines encourues par les
chauffards de son acabit, il n’aurait sans
doute pas évité un passage par la case
prison.
A partir d’un dépassement de vitesse
de 80 km/h sur autoroute, marge d’erreur
comprise, on encourt désormais un minimum d’une année de peine privative
de liberté.
Hier devant le juge de police de la
Singine, le conducteur russe n’a écopé
«que» de 360 jours-amende à
200 francs, dont la moitié avec sursis
pendant deux ans. Ce qui représente
tout de même une coquette amende
ferme de 36 000 francs. Un montant que
ce Moscovite, qui avait chargé son avocat suisse d’assister à la séance, n’a pas
contesté. Il a également reconnu être
l’auteur de ces deux excès de vitesse, ce
qui lui a permis de bénéficier d’une procédure simplifiée.
Selon la procureure Liliane Hauser,
la facture va maintenant être adressée à
son avocat qui se chargera de la transmettre à son client. En cas de non-paiement, les 180 jours-amende ferme seront convertis en autant de jours de
prison. Le condamné, qui a semble-t-il
des habitudes en Suisse et dispose d’un
portefeuille bien garni, n’aurait alors pas
trop intérêt à revenir faire hurler son
moteur en Helvétie. A moins de vouloir
troquer son intérieur cuir contre une
cellule. I

Documents pareils