Toine et autres contes - biblio
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167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 1 Toine et autres contes Maupassant Livret pédagogique Établi par Hervé ALVADO, certifié de Lettres classiques, professeur en collège HACHETTE Éducation 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 2 Conception graphique Couverture et intérieur : Mise en page Illustration Harvey Stevenson Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L.122.-4 et L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ». Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit, sans l’autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. © Hachette Livre, 1999. 43, quai de Grenelle, 75905 PARIS Cedex 15. ISBN : 2.01.167853.6 167853_01-40_M.QXD S 25/02/03 16:14 Page 3 O M M A I R E RÉPONSES AU X Q U E S T I O N S To i n e . . . . . . . . . . . . . Le Père Milon . . . . . . La Mère Sauvage . . . . Le Gueux . . . . . . . . . . Boitelle . . . . . . . . . . . La Chevelure . . . . . . . Le Tic . . . . . . . . . . . . . La Parure . . . . . . . . . . Mon oncle Jules . . . . La Question du latin 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Retour sur l’œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 PROPOSITION E X P L O I TAT I O N PISTES DE SÉQUENCES DIDACTIQUES DES GROUPEMENTS DE TEXTES D E R E C H E R C H E S D O C U M E N TA I R E S BIBLIOGRAPHIE C O M P L É M E N TA I R E 3 34 37 39 40 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 4 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES 16:14 AUX Page 5 QUESTIONS TO I N E (p. 7) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Toine est un gros homme jovial, moqueur, populaire et gai. Il aime bavarder, plaisanter et boire avec les clients de son cabaret – ce qui constitue sa principale activité. Son épouse, au contraire, est toujours de mauvaise humeur. Le portrait qu’en fait Maupassant ressemble à une caricature : c’est « une grande paysanne, marchant à longs pas d’échassier, et portant une tête de chathuant en colère ». Elle élève des poules très appréciées dans les repas de la région. Le couple se querelle sans cesse, même en présence de tiers. Leurs disputes continuelles amusent les clients du cabaret. 2. La mère Toine passe son temps à reprocher à son mari de s’amuser, de trop boire, de ne rien faire. 3. Mari et femme ne s’entendent guère, mais la femme, jalouse, revêche, acariâtre, se montre aussi cruelle à l’occasion : non seulement elle continue à traiter son mari de « faignant » alors qu’il est paralysé, mais encore elle interrompt sa partie de dominos, la seule distraction de l’invalide ; elle lui fait aussi couver des œufs, ce qui l’oblige à une immobilité quasi totale, le prive de nourriture pour le faire obéir et lui inflige une correction si d’aventure il casse un œuf… Et elle n’y va pas de main morte : « elle se rua sur le paralytique et se mit à lui taper de grands coups sur le ventre, comme lorsqu’elle lavait son linge au bord de la mare. » 4. L’attaque de paralysie a changé la vie de Toine. Il n’a pas perdu sa gaieté, mais il est vulnérable car il est maintenant totalement dépendant de sa femme. 5. En proposant à la mère Toine de faire couver des œufs à son mari, Prosper Horslaville n’a sans doute pas l’intention de nuire à son ami, mais de s’amuser : il « excitait la vieille, s’amusait de ses colères. » Toine, d’ailleurs, ne lui en veut pas. Plus tard, tout ému d’avoir donné la vie à des poussins, il l’invitera à « fricasser ». 6. Dépendant de sa femme, qui ne le nourrit que s’il couve (et l’on sait quelle est chez lui l’importance de la nourriture),Toine est bien obligé de s’exécuter. 5 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 6 QUESTIONS 7. Une compétition originale s’établit entre Toine et la poule jaune qui, en définitive, n’a que sept poussins (« Y avait trois œufs de mauvais »). Pour Toine, tout fier d’avoir donné la vie à dix poussins, c’est « un triomphe ». 8. Le premier poussin naît dans l’après-midi, pendant le sommeil de Toine qui s’est endormi « vers trois heures ». Le dixième crève « son enveloppe à sept heures du soir ». L’éclosion des poussins a donc duré quatre heures environ. 9. Le cabaretier jovial, blagueur et insouciant du début a évolué : il est tout ému de donner la vie. Sa sensibilité s’est développée, il a maintenant des pulsions maternelles (« une tendresse de mère ») : il embrasse son dernier-né, veut le garder plus longtemps dans son lit… Mais sa femme (dur retour à la réalité) le lui enlève pour le donner à la poule jaune. ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 10. Fût goûté et mangeât sont à l’imparfait du subjonctif. Le mode est commandé par la tournure finale et par la tournure impersonnelle. Le temps est exigé par stricte application de la concordance des temps, puisque le verbe principal, fallait, est au passé et que les deux actions sont concomitantes. Déclarât est également à l’imparfait du subjonctif : le verbe principal, passait, est à l’imparfait de l’indicatif, et le mode subjonctif est celui de la subordonnée d’opposition. 11. Formes propres au dialecte normand : – déformation de mots, syncopes : bé / boire ; pé / père ; mé / mère ou mer ; a / elle ; i / il ; té / toi ; c’te / cette ; v’la / voilà ; d’la / de là ; n’pu / ne plus ; pourqué / pourquoi ; pisqu’ / puisqu’ ; ben / bien ; vot / votre ; etc. ; – mots dialectaux ou employés avec un sens particulier : « quétou, sapas, m’opposent, guètez-le, ça me fait deuil, anuit, maujeure, frémis », etc. ; – constructions incorrectes en français : « Qué que tu veux ? » ; « La soupe estil cuite ? » ; « Va-t-au nord » ; « combien qu’i en a ? » ◆ É TUDIER LE DISCOURS 12. La mère Toine abreuve son mari d’injures : « quétou (porc), gros bouffi, gros sapas, propre à rien, gros soulot… » Les comparaisons ne sont pas plus amènes : « comme un sac à grains, comme un porc… » 6 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 7 To i n e 13. Style indirect : – Il dit qu’il était chaud comme un four, son homme qui ne sortait pas de son lit, (et) que lui, il lui ferait couver des œufs. – Il dit que ça faisait six. L’ interjection « Eh ben », le juron « Nom de nom », l’exclamation « qué baptême ! » ne peuvent être retranscrits au style indirect (voir question suivante). 14. Style indirect libre : – Il était chaud comme un four, son homme qui ne sortait pas de son lit. Eh bien, lui, il lui ferait couver des œufs. – Ça faisait six. Nom de nom, quel baptême ! Interjection, juron, exclamation peuvent être retranscrits au style indirect libre. ➧ Objectif didactique des exercices 13 et 14 Apprendre aux élèves à identifier les différentes formes de discours et à passer d’une forme à une autre (c’est une question rituelle du Brevet des collèges). On pourra insister sur la souplesse du style indirect libre qui s’inscrit parfaitement dans le récit et, moins lourd que le style indirect proprement dit, permet aussi de garder les exclamations du style direct. ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 15. Comparaisons animales caractérisant Toine : « comme un porc, comme des ailes ». Métaphores : « un quétou, gros lapin. » Horslaville : « comme un renard » (comparaison), « un nez de furet » (métaphore). Mère Toine : « comme les pattes d’un lapin » (comparaison), « pas d’échassier, tête de chat-huant » (deux fois), « mé Poule, œil de chouette » (métaphores). 16. Les métaphores qui caractérisent la mère Toine relèvent toutes du domaine avicole : « poule, échassier, chouette, chat-huant » (deux fois). Excepté le mot « poule » (allusion ironique à son activité, puisqu’elle élève des volailles), ces oiseaux n’évoquent pas des images gratifiantes. Les deux derniers termes sont nettement péjoratifs. 17. Termes relevant du champ lexical de la naissance : « une angoisse de femme qui va devenir mère, les temps étaient proches, sage-femme, naquit, sortirent de leur coquille, paternité, baptême, famille nouvelle, creva son enveloppe, tendresse de mère, donné à la vie. » 7 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 8 QUESTIONS L E P È R E M I LO N (p. 22) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Le père Milon est fusillé parce qu’il a avoué le meurtre de seize Prussiens. 2. Ses motivations sont doubles, annoncées d’ailleurs dans cette phrase (lignes 133 à 135) : « Il les haïssait d’une haine sournoise et acharnée de paysan cupide et patriote aussi. » Il se venge surtout des Prussiens parce qu’ils lui ont pris une vache, deux moutons et du fourrage « pour cinquante écus ». Il se venge ensuite pour des raisons patriotiques : son père, qui était dans l’armée de Napoléon Ier, a été tué jadis par les Prussiens. Ces mêmes Prussiens, un mois plus tôt, ont tué aussi son fils cadet. 3. L’action se situe en 1870 ou dans les tout premiers jours de 1871 (cf. les lignes 30 à 33 et la note 4 p. 23). 4. Le récit ne donne pas d’autre date que 1870. Pour évaluer le temps écoulé entre l’action elle-même et le récit qui en est fait, on en est réduit à interroger le texte. Que savons-nous au début de la nouvelle ? Les membres de la famille sont au nombre de six : le père, la mère et leurs quatre enfants. Ils emploient deux servantes et trois valets (il s’agit donc d’une famille relativement aisée). Le père a quarante ans. Qu’apprenons-nous à la fin de la nouvelle, qui relate des événements antérieurs à ceux du début ? La famille se compose des parents et de « deux petits ». Il n’est pas fait mention des domestiques : ils sont absents ou la famille n’en a pas engagé (ce qui laisse supposer que, depuis, la famille Milon a prospéré). Entre le moment de l’action et celui de sa relation, deux enfants sont nés et une vigne a été plantée, depuis plusieurs années puisqu’elle court « sous les volets, tout le long du mur ». On peut en déduire, sans plus de précisions, que le récit est supposé avoir été fait une dizaine d’années après les événements racontés (Maupassant a publié Le Père Milon dans Le Gaulois du 23 mai 1883). ◆ É TUDIER LE VOCABULAIRE 5. Le préfixe in- a une valeur de privation, il indique le sens contraire de celui du radical : invisible est la qualité de ce qui n’est pas visible. Dans les mots du texte, immobiles et impassible, le -n du préfixe s’est modifié au contact de la consonne initiale du radical. Devant p-, -n est devenu -m, et devant m-, il y a eu assimilation (comme aussi, par exemple, pour illégal ou irresponsable). 8 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 9 Le Père Milon ◆ É TUDIER LE DISCOURS 6. Le narrateur est extérieur à l’action. Nous avons ici affaire à un narrateur omniscient qui sait absolument tout de ses personnages : leur passé, leurs actes, leurs pensées (il explique en détail les motivations du père Milon et même celles de personnages secondaires, comme cet officier prussien, indulgent parce qu’il avait aussi perdu son fils le mois précédent). 7. Pronoms personnels : je (r’venais), vous (étiez ici), vous, vous m’ (aviez pris), je me (dis), i (= ils) me (prendront), je leur (revaudrai), j’(avais), j’vous (dirai), J’(aperçois), j’(allai), je (r’vins), il (entendit), j’li (= je lui) (coupai), il (n’a pas dit). Adjectifs possessifs : vos (soldats), vos (cavaliers), sa (pipe), mon (fossé), ma (grange), ma (faux). L’étude des pronoms personnels et, plus encore, celle des adjectifs possessifs sont révélatrices du désir de vengeance du père Milon. Les pronoms sont employés avec des verbes significatifs : « vous étiez ici, vous m’aviez pris, ils me prendront, je leur revaudrai, je lui coupai la tête… » L’attitude de l’occupant, qui dépossède le vieux paysan de ses biens, va le pousser à la vengeance. De même, les adjectifs possessifs de la deuxième et de la troisième personne : « vos soldats, vos cavaliers, sa pipe », s’opposent à ceux de la première personne : « mon fossé, ma grange, ma faux ». Le père Milon a le sens de la propriété et ne supporte pas qu’on s’installe chez lui. Sa réaction est terrible, même si ce qui la déclenche peut paraître anodin : la vue du Prussien qui fume sa pipe sur son fossé. ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 8. Adjectifs de couleur : terre « verte », ciel « bleu », terres « noires », dômes « blancs » et « roses ». Groupes nominaux exprimant la chaleur : « large soleil, flamme cuisante, averse de feu. » La description du paysage normand est faite par un beau jour de printemps ou d’été. Le soleil illumine à perte de vue la campagne, souligne la couleur du ciel, de l’herbe et des pommiers, faisant du pays un jardin géant. La chaleur rend plus palpables le parfum des fleurs et la senteur des étables, accélère la fermentation du fumier que grattent les poules… Maupassant prépare un effet de contraste, car cette description, qui est un peu un hymne à la vie, précède un récit sombre et dramatique. 9 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 10 QUESTIONS 9. Cette phrase courte, qui constitue à elle seule un paragraphe, provoque un saisissant effet de surprise. 10. Comparaisons : « de grandes mains pareilles à des pinces de crabe. Ses cheveux ternes, rares et légers comme un duvet de jeune canard… » ; « comme s’il eût parlé à son curé » ; « comme si sa gorge eût été tout à fait étranglée. » Les deux premières précisent les traits physiques du père Milon, les deux autres son attitude : sous l’effet de l’émotion, Milon répond aux Prussiens avec difficulté. 11. Le dénouement, exprimé en un paragraphe de quatre lignes, est remarquable par l’effet de surprise qu’il produit. Après la description détaillée des actes et du procès du héros, la narration s’accélère de façon dramatique : le vieux paysan crache en pleine figure du colonel, les officiers hurlent des ordres et, « en moins d’une minute », le père Milon, collé au mur, est fusillé. On notera le contraste entre le sourire de celui qui va mourir et l’effarement des siens qui le regardent, « éperdus ». ◆ É TUDIER UN THÈME : LA CRUAUTÉ 12. Le premier meurtre, celui du soldat qui fumait sa pipe, permet au père Milon d’avoir des habits prussiens. C’est revêtu de ces habits (pour tromper l’ennemi) qu’il va perpétrer ses autres meurtres. Sa cruauté se révèle très vite : « Alors le Normand, radieux d’une joie muette de vieux paysan, se releva, et pour son plaisir, coupa la gorge du cadavre. » Autre trait de cruauté gratuite, quelques lignes plus bas : « Puis il égorgea les chevaux, des chevaux allemands ! » ◆ À VOS PLUMES ! ➧ Objectif didactique de la question 13 Cet exercice de transcription conduira les élèves à retrouver un français standard, plus familier, mais qui pourra leur permettre aussi d’expliciter certains liens logiques (l’expression de la conséquence dans la dernière phrase, par exemple). On fera remarquer que le français moderne, du moins dans le discours, préfère le passé composé au passé simple. 14. Que peut proposer le colonel prussien au meurtrier de seize de ses soldats ? La proposition doit être à la hauteur de l’enjeu : épargner Milon… On peut imaginer qu’il propose au vieux paysan d’aider les Prussiens en leur 10 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 11 La Mère Sauvage fournissant des renseignements, de leur donner une forte somme d’argent, ou de les fournir en grains, fourrage, bétail… Mais après tout ce qu’il a fait, le père Milon peut-il accepter de trahir ? ◆ L IRE L’ IMAGE 15. Le tableau représente une charge de hussards pendant la guerre francoprussienne de 1870. Seule la date rappelle la nouvelle de Maupassant. Il s’agit ici, en effet, d’un hussard français, et non d’un uhlan prussien, d’une attaque déclarée, et non d’attentats individuels. L A M È R E S A U VA G E ( p . 3 4 ) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Le premier narrateur se souvient d’avoir vu la maison de la mère Sauvage en 1869 (ligne 32). Comme il revient à Virelogne quinze ans plus tard (cf. la première phrase du texte), le second récit est fait en 1884. Puisqu’il raconte un événement de la guerre de 1870, quatorze ans séparent les deux narrations (Maupassant a publié La Mère Sauvage dans Le Gaulois, le 3 mars 1884). 2. Les quatre Prussiens qui sont hébergés par la mère Sauvage sont de braves garçons, de « bons enfants », dit le narrateur, qui se montrent « pleins de prévenances pour elle, lui épargnant, autant qu’ils le pouvaient, des fatigues et des dépenses ». Ils s’acquittent des besognes domestiques : casser du bois, laver la cuisine, éplucher les pommes de terre… Ils se comportent « comme quatre bons fils », et c’est justement le souvenir de leur mère qui les incite à accomplir ces « mille petits soins ». 3. La mère Sauvage éprouve pour eux de l’affection : « Elle les aimait bien, d’ailleurs, ses quatre ennemis. » Tout le monde sait que les rapports entre les soldats et leur hôtesse sont excellents, puisque les paysans, sensibles au bienêtre des jeunes gens, s’exclament : « En v’là quatre qu’ont trouvé leur gîte. » Maupassant, toujours soucieux de ménager ses effets, insiste sur cette bonne entente, qui rendra d’autant plus surprenante la sauvagerie du dénouement. 4. Cette situation initiale paisible va être modifiée par un élément perturbateur d’importance : l’annonce de la mort de Victor, tué par les Prussiens. Cet événement va déclencher la vengeance de la mère Sauvage. 11 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 12 QUESTIONS ➧ Objectif didactique Familiariser les élèves avec le schéma narratif, dont on pourra développer les diverses étapes : une situation initiale troublée par un élément modificateur, qui entraîne une action plus ou moins riche en péripéties, et qui aboutit à une situation finale, où s’instaure un nouvel équilibre. 5. Le véritable nom de l’héroïne est Victoire Simon. À la lecture de cette nouvelle, son surnom paraît amplement mérité. Elle s’est vraiment conduite comme une sauvage, en commettant un acte de barbarie : le meurtre de quatre personnes qui étaient bien disposées à son égard. En fait, le sobriquet est antérieur à ce drame (cf. ligne 41 : le père était un braconnier qui a été tué par des gendarmes, le fils un « féroce destructeur de gibier » et la mère « de la même race que ses hommes, une rude vieille, haute et maigre, qui ne riait pas souvent »). La nouvelle ne fait que confirmer ce que le surnom (qui figure dans le titre) laissait supposer. 6. Victor a été pratiquement « coupé en deux parts » par un boulet prussien. Sa mère, fusillée, est « presque coupée en deux ». Ces notations ne sont pas fortuites : Maupassant use des mêmes mots pour rapprocher la mère et son fils, tous deux morts d’une horrible façon. L’horreur de la guerre se traduit toujours chez Maupassant par des images fortes. ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 7. Dans les lignes 62 à 94, les imparfaits sont des imparfaits de description ou de commentaire : « elle était curieuse à voir ; la coiffe qui lui serrait la tête et emprisonnait ses cheveux ; on savait ; c’étaient quatre gros garçons ; autant qu’ils le pouvaient »… Certains emplois marquent la durée ou la répétition, souvent soulignée par les compléments de temps : « elle s’en venait au village (une fois par semaine) ; elle retournait ; on parlait ; elle sortait ; on les voyait… le matin (c’est-à-dire tous les matins) ; allait et venait ; on les voyait ; elle pensait (sans cesse) ; elle demandait (chaque jour) »… Le passé simple a sa valeur habituelle, il relate des actions précises et bien définies dans le passé, sans lien avec le présent : « la mère Sauvage continua ; les Prussiens arrivèrent ; on les distribua ; eut »… C’est le temps du récit. 8. Le présent a une valeur de permanence, de vérité générale. Pour Maupassant, c’est à toutes les époques que les humbles ont souffert des guerres. 12 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 13 La Mère Sauvage ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 9. Il s’agit d’un récit encadré. Le premier narrateur, qui raconte à la première personne et qui intervient aussi dans les dernières lignes de la nouvelle, est un Normand (qui pourrait être Maupassant lui-même). C’est un narrateurpersonnage. Le second narrateur est un ami du premier, auquel il raconte l’histoire de la mère Sauvage. Le récit est fait à la troisième personne. C’est un narrateur omniscient. 10. Les Prussiens sont de « gros garçons… demeurés gras » ; leur chair est qualifiée de « blonde », puis de « blanche et rose » ; leurs yeux sont « bleus » ; leur barbe est « blonde ». Le portrait de Victor est tout à fait antithétique : c’est un « grand maigre » ; il a les yeux « bruns » et une « forte moustache de poils noirs ». Cette opposition trait pour trait n’est peut-être pas très convaincante : le Normand a plutôt une apparence d’homme du Sud… 11. Champ lexical du feu : « fut enflammée, clarté, illumina, brasier, four ardent, lueur, éclatant rayon, tourbillon de feu, flamme de torche, flamba, crépitement de l’incendie, ardente, fumée, étincelles, éclairée, feu, luisait, rouge. » En vingt-trois lignes, Maupassant utilise dix-huit termes, adjectifs qualificatifs, noms, verbes, groupes nominaux, pour décrire l’incendie d’une maison. ◆ É TUDIER UN THÈME : LA LETTRE 12. C’est une lettre qui a appris à la mère Sauvage la mort de son fils. Sa douleur est immense et elle ne pense plus, désormais, qu’à se venger. Elle veut que les mères des soldats prussiens éprouvent la même souffrance qu’elle. C’est un peu la loi du talion… Le jour même où elle apprend la mort de Victor, elle élabore sa vengeance : elle fait écrire aux quatre soldats leur nom et leur adresse. Détail significatif qui prouve, s’il en est besoin, le rapprochement que doit faire le lecteur entre la lettre reçue et les adresses des lettres à écrire : les deux feuilles sont mises au fond de la même poche. Les derniers mots de la mère Sauvage à l’officier prussien : « Ça, c’est leurs noms pour qu’on écrive chez eux », révèle bien l’obsession de l’héroïne. ◆ À VOS PLUMES ! 14. Il existe de grandes ressemblances entre Le Père Milon et La Mère Sauvage (même dans le parallélisme des titres). 13 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 14 QUESTIONS Il s’agit de deux paysans normands âgés (Milon a soixante-huit ans ; on ignore l’âge de la mère Sauvage, mais on sait qu’elle a un fils de trente-trois ans). Tous les deux se vengent de l’occupant en tuant des soldats prussiens (seize pour le premier, quatre pour la seconde). Lui, venge la mort de son père et de son fils ; elle, celle de son fils. Le patriotisme proprement dit ne motive pas leurs actes. Enfin, ils meurent de la même façon, rapide et brutale. Quelques différences entre eux cependant : Milon, un peu avare et plus rusé, a une famille (et son fils, semble-t-il, fera prospérer son bien) ; la mère Sauvage, elle, est riche et n’a pas de famille ; plus entière et plus fruste, elle n’hésite pas à brûler sa propre maison. ◆ L IRE L’ IMAGE 15. Cette femme épluche des oignons. Elle est assise, le buste droit, dans une attitude assez raide. Ses gestes semblent précis. Elle paraît digne, appliquée, austère. La mère Sauvage semble moins soignée, plus fruste, plus farouche. L E G U E U X (p. 46) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Le gueux a été estropié à l’âge de quinze ans, et il mendie depuis quarante ans dans le pays. Il a donc cinquante-cinq ans. En prenant appui sur ses deux béquilles et en balançant son corps pour avancer, il rappelle le mouvement d’une cloche, d’où son surnom. 2. À partir de la ligne 72, où commence le récit de sa triste fin, le gueux a mendié en vain à Saint-Hilaire, à Varville, aux Billettes ; il ne lui reste « d’espoir qu’à Tournolles », où il ne sera pas mieux accueilli. Les gens qui le repoussent sont des anonymes, que le narrateur ne prend pas la peine de décrire : « les paysannes », « les femmes », « un paysan », « on » (le rudoya, le renvoya, le chassa). » 3. La baronne d’Avary lui offrait le « gîte » (« une espèce de niche pleine de paille »), le « couvert » (« un morceau de pain et un verre de cidre »), et parfois quelques sous (le mot « sols » a une allure archaïque qui convient bien à la châtelaine). Mais les pièces lui sont jetées « du haut de son perron ou des fenêtres de sa chambre » (image de sa supériorité sociale). Cette charité est condescendante, voire méprisante. 14 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 15 Le Gueux 4. L’action se déroule en décembre. La nature est hostile (« vent froid », « ciel bas et sombre ») et semble influencer les hommes (« un de ces jours froids et tristes […] où la main ne s’ouvre ni pour donner ni pour secourir »). Cloche, affamé, n’a même pas la ressource de se nourrir de fruits ou de baies, ce n’est plus la saison. La nature et les hommes semblent ligués contre lui. 5. Chiquet ment manifestement quand il déclare avoir été attaqué par le gueux et ne s’être défendu qu’à grand-peine. Le plus étonnant est que les gendarmes acceptent aussi facilement cette version des faits alors que Cloche ne tient debout qu’à l’aide de béquilles, et ne peut être bien dangereux face à un homme valide, entouré des gens de la ferme. 6. Ce sont les gendarmes qui sont surpris. Le lecteur, à qui un narrateur omniscient a tout expliqué, n’est pas surpris : il sait que Cloche n’a pas mangé depuis quatre jours et qu’il a été sauvagement battu. ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 7. L’imparfait est le temps de la narration ; il situe les actions dans le passé. À sa valeur d’inaccompli s’ajoute une valeur d’aspect duratif (avait, dormait, connaissait, demeurait, vivait, se balançait) ou itératif (se glissait, déguerpissait, grimpait). 8. Se fût aperçu est un plus-que-parfait du subjonctif. Le mode est commandé par la locution conjonctive avant que, le temps par le verbe principal à l’imparfait (déguerpissait) et sa valeur d’antériorité. 9. Demeure et espère sont des présents de l’indicatif employés dans un récit au passé. Ils ont une valeur de vérité générale, puisqu’ils notent une constante de la nature humaine : l’attente demeure, et on espère toujours de l’aide, quelles que soient les difficultés du moment. ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 10. Le surnom de Cloche a été donné à Nicolas Toussaint. Le pronom personnel il, qui le désigne presque toujours dans le récit (avec un emploi anaphorique, souvent en début de paragraphe), fait de lui un personnage anonyme, sans le statut social que confèrent le nom et le prénom. Son nom et son prénom ne sont mentionnés qu’une seule fois dans le récit. 15 167853_01-40_M.QXD RÉPONSES 25/02/03 AUX 16:14 Page 16 QUESTIONS 11. Le « petit corps noir taché de rouge » est une périphrase qui désigne la poule que Cloche a tuée. 12. L’ironie est un procédé qui consiste à dire le contraire de ce qu’on veut faire comprendre (ou du moins à faire entendre plus qu’on ne dit) : le fait qu’un infirme qui n’a pas mangé depuis quatre jours, en plein hiver, et qui a été sauvagement battu soit mort en prison ne constitue nullement une surprise. En terminant sa nouvelle par cette exclamation, Maupassant déplore d’une part la brutalité de Chiquet et de ses gens, d’autre part l’inconscience et l’inhumanité des gendarmes qui ne se sont guère souciés de leur prisonnier. La surprise n’est que pour eux. 13. « … la terre qui nourrit tous les êtres. » La subordonnée relative au présent, mais qui dépend d’une proposition principale au passé, énonce une vérité générale. Pourtant, dans le contexte – l’histoire d’un malheureux qui ne peut apaiser sa faim –, elle prend une résonance particulière, douloureusement ironique : la terre nourrit tous les êtres, sauf les malheureux comme Cloche. 14. Champ lexical de la violence : « poussée terrible, envoya rouler, roua de coups, tapant, forcené, tape, poing, genou, assommer, battre, enfermèrent. » ◆À VOS PLUMES ! ➧ Objectif didactique de l’exercice 15 Il est double. D’une part, il permet d’initier les élèves au changement de narrateur, donc de point de vue. En effet, le gendarme qui rédige le rapport, narrateurpersonnage mêlé à l’action (mais seulement à l’arrestation de Cloche), ne sait pas tout du gueux, comme le narrateur omniscient qui raconte son histoire. D’autre part, il demande aux élèves de rédiger un rapport, c’est-à-dire de s’en tenir à un strict exposé des faits. Cet exposé pourra se terminer par un avis – un rapport étant fait en général pour renseigner un supérieur hiérarchique et lui permettre éventuellement de prendre une décision. ◆ L IRE L’ IMAGE 16. Comme Cloche, ce personnage s’appuie sur des béquilles. C’est le seul point commun qu’il présente avec le héros de la nouvelle, puisqu’il évolue dans un décor urbain, et que la femme, sur la gauche de l’image, semble disposée à le nourrir. 16 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 17 Boitelle 17. La phrase signifie : les pauvres doivent être nourris par les riches. Mais l’intention du dessinateur est peut-être ambiguë. Ou bien il s’agit en effet d’une constatation de bon sens, avec l’idée sous-entendue que les riches doivent pratiquer la charité à l’égard des pauvres, ou bien il s’agit d’une forme de reproche vis-à-vis des nécessiteux qui bénéficient de « rentes » sans travailler. B O I T E L L E (p. 56) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Contrarié par ses parents dans ses projets matrimoniaux (« mes parents m’ont opposé dans mes goûts ») et, après leur refus, n’ayant plus « eu de cœur à rien » (ligne 303), Boitelle est devenu un « ordureux ». 2. Conscient d’avoir manqué sa vie à cause de ses parents, et voulant épargner à ses enfants pareille mésaventure, Boitelle ne s’est pas opposé à leur volonté (« Je les ai opposés en rien. Ils ont marié comme ils ont voulu »). 3. Les idées de la jeune Noire sont « pareilles aux bonnes idées des filles du pays ». Elle ne manque pas de qualités, puisqu’elle respecte « l’économie, le travail, la religion et la conduite ». Ses vertus sont reprises et même complétées plus loin (ligne 124) : elle est, dit le jeune homme à ses parents, « vaillante, économe, propre, de conduite et de bon conseil ». Ces vertus ont leur prix, et plus particulièrement dans un milieu rural et catholique. 4. Les parents ont pris leur décision avant la promenade dans le village. Le père s’en remettant à l’avis de sa femme, c’est la mère qui a refusé la jeune fille, répétant qu’elle est trop noire, et ajoutant cette condamnation sans appel : « On dirait Satan. » La curiosité indécente des villageois fait comprendre aux jeunes gens qu’il n’y a plus d’espoir. Les villageois n’ont pas pesé à proprement parler sur la décision de la mère, mais ils l’ont certainement confortée dans celle-ci. ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 5. Transformation : il comprend qu’il n’épousera pas sa négresse. Le conditionnel épouserait a une valeur de futur dans le passé (conditionneltemps). 17 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 18 QUESTIONS 6. Le rapport d’opposition peut être exprimé avec : – une subordonnée : bien qu’il implorât les vieux, ils ne consentirent jamais ; – un groupe nominal prépositionnel : malgré ses prières aux vieux, ils ne consentirent jamais ; – une conjonction de coordination : il implora les vieux, mais ils ne consentirent jamais. 7. Style direct : « La mère disait : “Noire ? Combien qu’elle l’est ? C’est-il partout ?” » Style indirect : « Il attendit la fin du repas […] pour informer ses ascendants qu’il avait trouvé une fille répondant si bien à ses goûts… » Style indirect libre : « C’était une bonne, sans grand avoir, mais vaillante, économe, propre […]. Toutes ces choses-là valaient mieux que de l’argent aux mains d’une mauvaise ménagère. » ➧ Objectif didactique Identifier les trois formes de discours et leurs repères : verbe introducteur, deuxpoints et guillemets pour le style direct ; verbe introducteur et mot subordonnant pour le style indirect ; absence de verbe introducteur, de mot subordonnant et de guillemets, mais proximité d’un verbe de parole (ici : il ne cacha rien) pour le style indirect libre. ◆ É TUDIER LE GENRE : LA NOUVELLE 8. La problématique de la nouvelle peut se résumer en cette phrase : le fils Boitelle pourra-t-il épouser la jeune Noire ? 9. Il y a quatre personnages dans cette nouvelle : le fils Boitelle et la jeune Noire, qui ont fait connaissance au Havre et projettent de se marier ; ils sont jeunes, amoureux et sympathiques ; puis les époux Boitelle, la mère qui s’oppose à ce mariage, bien qu’elle reconnaisse les qualités de la jeune fille, et le père, soumis à sa femme. L’importance des « figurants », les habitants du village, n’est pas à dédaigner : ils confortent la mère dans son refus. ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 10. Champ lexical de la faune exotique : « perroquets des Amazones, perroquets du Sénégal, aras, perruches, oisillons bariolés, kakatoès, oiseau parleur, singe, araraca, perroquets. » 18 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 19 Boitelle 11. Notations de couleurs : – pour les oiseaux : « dos vert, tête jaune, dos gris, tête rouge, plumes fleuries, perruches coloriées, oisillons rouges, jaunes, bleus et bariolés, huppe blanche ou jaune » ; – pour la jeune fille : « foulard rouge » ; – pour Boitelle : « culotte rouge, ceinturon de cuivre. » 12. Les aras sont comparés implicitement à des fleurs qui, elles, sont cultivées en serre. Le groupe nominal « plumes fleuries » continue la métaphore. Le jeune homme est malheureux, il éprouve donc du chagrin, un chagrin qui a la brutalité de l’orage ; de plus, le mot orage suggère l’idée de pluie, qui peut être associée aux larmes (cf. ligne 283 : « ils se mirent à pleurer tous les deux »). 13. L’attention de Boitelle est partagée entre un araraca et la jeune fille. Il les contemple tous les deux avec étonnement et plaisir. De son côté, la jeune fille est « éblouie devant l’uniforme du soldat ». Dans le récit de cette rencontre, où les couleurs jouent un grand rôle, les termes contempler et éblouie révèlent l’émerveillement qui s’empare des deux personnages. 14. Métaphore : « des coups d’œil de fouine. » Comparaison : « comme des chaussures bien cirées. » ◆ É TUDIER UN THÈME : LA CURIOSITÉ 15. Vêtue de jaune, de rouge et de bleu, la jeune Noire ne manque pas d’attirer l’attention. À la gare du Havre, « on la regarda beaucoup ». Dans le train, on l’examine par-dessus la cloison du compartiment où elle se trouve, un enfant crie de peur, un autre cache sa figure. Au village, elle est le point de mire de tous : les fermiers à la barrière, les gamins sur les talus, les gens courant à travers champs et ceux qui sortent « en masse de toutes les maisons ». Ces manifestations de curiosité sont progressives, plus discrètes au Havre, un grand port où les Noirs ne sont sans doute pas inconnus, gênantes et grossières au village, où Maupassant établit un savant crescendo dans la description. 16. Dans le wagon de troisième classe, deux enfants sont effrayés par la jeune fille ; à la gare d’Yvetot, c’est un cheval qui se cabre, sous l’effet de la peur. Ces deux notations ne sont pas gratuites, elles annoncent la suite. La jeune Noire fait peur aux parents (« On dirait Satan », dit la mère) et sans doute aussi aux villageois. 19 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 20 QUESTIONS L A C H E V E LU R E (p. 70) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Au début de la nouvelle, le fou est présenté comme un homme fort maigre, aux cheveux blanchissants. Mais la précision qui est donnée, des cheveux « qu’on devinait blanchis en quelques mois », intrigue le lecteur. L’homme n’a en effet que trente-deux ans (ligne 30). On ne sait depuis combien de temps il est enfermé. Mais comme les événements rapportés dans son journal s’étendent sur une courte période, « un ou deux mois », et que son délabrement physique s’est produit « en quelques mois », ce personnage a environ trente-trois ans. Maupassant joue sur le décalage qui s’établit entre sa jeunesse et son apparence décrépite. 2. Le rédacteur du journal est un amateur de bibelots anciens. L’épisode de la montre, qui précède celui de la chevelure, révèle d’emblée ses goûts et ses préoccupations : en examinant la montre, en effet, il pense à celle qui l’a portée sur sa poitrine, l’a tenue dans sa main, l’a regardée. L’idée que sa propriétaire est morte l’emplit de mélancolie, de regrets, de tristesse. Il avoue son amour pour les femmes d’autrefois. Le lecteur est ainsi préparé à accepter ce qui suit. 3. Le titre du poème de Villon, Ballade des dames du temps jadis, n’est pas mentionné ici, mais est annoncé par les expressions « femmes d’autrefois » (ligne 64) et « femmes de jadis » (ligne 70). Le poète évoque des dames célèbres d’autrefois et se demande où elles sont aujourd’hui, question reprise dans le refrain : « Mais où sont les neiges d’antan ? » Au-delà de la mort de ces femmes, c’est le thème de la fuite du temps, thème éminemment lyrique, qui est ici abordé. Cette ballade répond à merveille aux préoccupations du personnage (« je pleure tous ceux qui ont vécu ; je voudrais arrêter le temps, arrêter l’heure »). 4. Le journal est rédigé par un homme en apparence sain d’esprit. Cependant, si la forme est correcte et logique, donc « normale », le fond est plus discutable. Les dernières lignes du journal sont écrites par un homme en proie à une idée fixe, qui affirme de façon péremptoire ses idées (« Les morts reviennent ! »), et qui relate des actions peu compatibles avec l’idée de « normalité » : ainsi quand il promène « la Morte » au théâtre… 5. Le traitement infligé au fou, les cinq douches quotidiennes et, probablement aussi, la camisole de force, puisqu’« il a de terribles accès de fureur », est celui qui était appliqué dans les asiles à cette époque. Comme son frère 20 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 21 La Chevelure Hervé, Guy en fera l’expérience quelques années plus tard – ce qui rend ce récit prémonitoire et pathétique. 6. Au début, le fou intrigue le narrateur qui se demande comment il a pu en arriver à ce stade de la folie. Après avoir lu son journal et entendu son hurlement, le narrateur, sans doute parce qu’il le connaît mieux et qu’il est sensible à sa souffrance, est « ému d’étonnement, d’horreur et de pitié ». Il est partagé entre le « dégoût » et l’« envie ». ◆ É TUDIER LE VOCABULAIRE 7. Ces mots sont formés du préfixe in-, d’un radical et d’un suffixe (-ible, -able, et -elle). Le préfixe indique la privation, le contraire. Les suffixes -ible et -able, qui forment des adjectifs à partir de verbes (voir, palper, saisir, résister), indiquent la possibilité : visible note la qualité de ce qui peut être vu. Le suffixe -el(le) forme des adjectifs à partir de noms : matériel, de matière, artificiel, d’artifice… 8. La lettre -n du préfixe devient -m devant un mot commençant par p- ou par m-, -r devant un mot commençant par r- (même assimilation pour illégal, illisible). 9. Nécrophile, du grec nékros, mort, et philos, qui aime. Mots formés avec le même suffixe : hydrophile, colombophile, anglophile, germanophile, etc. N.B. Ce suffixe est aussi un préfixe : philanthrope, philatélie, philosophie, etc. ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 10. Rentrais et fallait sont des imparfaits de l’indicatif, visse et maniasse des imparfaits du subjonctif. Dès que je rentre, il faut que je la voie et que je la manie. Le changement de temps du verbe principal entraîne le changement de temps des verbes subordonnés. ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 11. Le premier narrateur – probablement un ami du médecin – visite le fou dans sa cellule. Ce pourrait être Maupassant lui-même. Le second narrateur est celui qui a rédigé le journal, c’est-à-dire le fou. Nous avons ici un récit encadré : la lecture du journal prend place au milieu du premier récit, qui décrit l’action avant et après cette même lecture. 21 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 22 QUESTIONS 12. Le flot doré (de la chevelure) est souple et brillant « comme la queue en feu d’une comète » ; « une longue fusée de cheveux blonds qui vola vers moi comme un oiseau d’or ». Ces comparaisons ont un point commun : la couleur dorée (on pourrait ajouter le mouvement). 13. Champ lexical de l’obsession : « il fallait ; besoin confus, singulier, continu ; je la sentais là toujours ; le besoin impérieux ; m’obsédait, me hantait ; je ne pouvais plus me passer d’elle, ni rester une heure sans la revoir. » On notera la valeur d’habitude des imparfaits, et la présence d’adverbes (toujours, encore, de nouveau) marquant la répétition. 14. La phrase de Maupassant est souvent ternaire. En s’en tenant aux trois premières pages de la nouvelle, on peut relever une succession de trois adjectifs (« rêve étrange, épouvantable et mortel » ; « très simple, très bonne et très facile » ; « si belles, si tendres, si douces ») ; de propositions indépendantes (« l’Immatérielle Idée minait la chair, buvait le sang, éteignait la vie ») ; de groupes nominaux (« l’heure attendue, l’heure chérie, l’heure divine ») ; de subordonnées relatives (« aux mains inconnues qui avaient palpé ces choses, aux yeux qui les avaient admirées, aux cœurs qui les avaient aimées »). ◆ É TUDIER LE GENRE : LA NOUVELLE 15. Ce récit ne compte que trois personnages : le narrateur, le médecin qui lui fait visiter la cellule et le fou. Le narrateur est stupéfait, plein de compassion, ému par la détresse du fou qui est prisonnier d’une idée. Le médecin se montre dur, impitoyable. L E T I C (p. 82) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. La principale distraction des curistes est d’« inspecter » les nouveaux arrivants. Chacun espère une rencontre agréable, peut-être le début d’une amitié. 2. Cette distraction, cette attente de nouvelles rencontres révèle évidemment un grand ennui (cf. les lignes 37 à 39). 3. La référence à Edgar Poe, qui a créé de nombreux personnages bizarres et maladifs, est significative : les deux nouveaux arrivants sont étranges. Le père, 22 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 23 Le Tic maigre et voûté, a des cheveux précocement blanchis (comme le héros de La Chevelure, signe révélateur sans doute de quelque choc psychologique…). Sa fille, maigre également, est « fort pâle, avec un air las, fatigué, accablé ». Deux faits attirent en outre l’attention du narrateur : le père a un mouvement involontaire de la main, un tic, la fille garde un gant à table. 4. C’est Prosper, le valet de chambre, qui aide le père à mettre sa fille en bière. C’est à ce moment, bien entendu, qu’il constate qu’elle va être inhumée avec ses bijoux. Ce détail revêtira par la suite toute son importance. 5. Autre détail qui passe presque inaperçu à la première lecture du texte : le corps de Juliette est déposé dans un caveau. Si elle avait été enterrée, inhumée en pleine terre, le récit n’aurait pas eu un rebondissement inattendu : on peut à la rigueur sortir d’un caveau, pas d’une fosse recouverte de terre. 6. Le récit du père se termine par un double coup de théâtre : la « résurrection » de la jeune fille et la révélation du méfait de Prosper. On comprend mieux la référence à Edgar Poe : nous avons ici, en effet, une véritable histoire extraordinaire (cf. par exemple les nouvelles Bérénice, Morella ou Ligeia). ◆ É TUDIER LE VOCABULAIRE 7. Le mot grec thermos, chaud, est à l’origine des mots français : thermes, thermalisme, thermomètre, thermostat, thermidor, etc. Il ne faut pas confondre ther- avec term- (du latin terminus : borne, limite) que l’on trouve dans les mots : terminer, terminaison, terminal… N.B. Le mot termite, qui vient du latin tarmes, -itis, n’a aucun rapport avec le radical term-. ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 8. Les imparfaits de l’indicatif : entraient, s’asseyaient, regardaient, s’ouvrait, ont une valeur de répétition (soulignée dans le dernier cas par la locution conjonctive chaque fois que). Avançait a une valeur de durée indéterminée dans le passé. 9. Dans le deuxième paragraphe, tous les verbes sont au présent de l’indicatif, temps qui a ici une valeur de vérité générale. Dans toutes les villes d’eaux, à toutes les époques, semble dire le narrateur, on attend l’heure du dîner pour examiner les nouveaux arrivants. 23 167853_01-40_M.QXD RÉPONSES 25/02/03 AUX 16:14 Page 24 QUESTIONS ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 10. Le premier récit est fait à la première personne par un curiste de Châtelguyon. Le second, encadré par le premier, est fait également à la première personne, par un autre curiste, qui raconte l’étrange aventure dont il a été témoin. 11. Titres proposés pour les quatre parties de la nouvelle : – l’ennui des villes d’eaux, – deux curistes étranges, – une macabre aventure, – retour à l’hôtel. 12. Maupassant introduit dans le portrait qu’il fait de la jeune fille, le soir même où elle arrive à l’hôtel, le groupe nominal « une beauté diaphane d’apparition », qui fait d’elle, implicitement, un fantôme. Il paraît annoncer ainsi le dénouement du second récit. 13. « Le son grave et pesant vibrait dans le château vide comme dans un caveau. » Cette comparaison est très expressive, d’abord parce qu’elle est juste, mais aussi parce qu’elle révèle bien l’état d’esprit d’un père désespéré qui vient d’ensevelir sa fille unique. 14. L’apparition de la jeune fille se fait dans des conditions particulièrement lugubres. Le cadre tout d’abord : un château, seulement occupé par deux hommes, et donc vide ; puis la saison : c’est l’hiver, un vent glacé frappe les fenêtres et le feu s’est éteint ; ensuite l’heure : c’est la nuit, le père est resté seul plusieurs heures (le temps que Prosper commette son crime) et, à deux heures, la cloche de l’entrée sonne ; la scène, enfin, est racontée par un narrateur qui sait ménager ses effets : il dit son accablement, son désespoir, sa peur, son angoisse quand il ouvre la porte à « une forme blanche »… Tout est mis en œuvre pour susciter l’effroi et la surprise. ◆ É TUDIER LE GENRE : LA NOUVELLE 15. Les notations destinées à piquer la curiosité du lecteur sont nombreuses : les nouveaux curistes sont « très étranges », ce sont des « personnages d’Edgar Poe », « des victimes de la fatalité » (cf. question 3, page 22). 16. Le récit ne fournit aucune date, aucune durée précise. Les notations sont rares, à dessein, afin de donner un intérêt permanent à l’aventure, de ne pas la rejeter dans un passé lointain. Le récit du père est court et les notations 24 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 25 La Parure temporelles sont assez vagues : « depuis quelque temps » ; « un jour » ; « un jour et deux nuits » ; « Combien s’écoula-t-il d’heures, je n’en sais rien. Oh ! quelle nuit ! quelle nuit ! » ; « Il était deux heures du matin. » On peut estimer la durée de cette aventure à deux jours et trois nuits. La nouvelle vise à l’essentiel, réduit la durée du récit pour obtenir un effet de concision et de rapidité. ◆À VOS PLUMES ! ➧ Objectif didactique de la question 17 Veiller à ce que les élèves respectent les consignes. Il s’agit : – d’une part, d’écrire une lettre familière (puisqu’elle est adressée à un ami) : elle comporte donc une date, une formule d’appel, une narration et une formule de congé ; – d’autre part, de reprendre le texte en évitant la paraphrase et en le commentant, soit que le narrateur ajoute foi au récit qui lui a été fait et s’apitoie sur les personnages, soit qu’il avoue son scepticisme et manifeste de l’ironie. L A PA R U R E ( p . 9 3 ) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Jolie et délicate, mais pauvre, Mme Loisel a épousé par nécessité un homme qu’elle n’aime pas (« elle se laissa marier avec un petit commis »). Elle se croyait faite pour une vie facile, oisive et riche, et elle souffre de la médiocrité de sa condition ; elle est « malheureuse comme une déclassée ». Rêvant d’une existence plus raffinée et plus luxueuse, elle est au fond la sœur d’Emma Bovary. 2. La valeur initiale de la parure, qu’ils achètent 36 000 F, est de 40 000 F. 3. La robe vaut 400 F (ce qui est le coût d’un fusil et de quelques parties de chasse). L’héritage de Loisel se monte à 18 000 F. Comme le cours de la monnaie a considérablement changé, de même que les conditions de vie, il est difficile, plus d’un siècle plus tard, d’évaluer ces sommes en francs d’aujourd’hui. Nous ne pouvons que constater que la parure vaut cent fois plus que la robe. À titre de comparaison, Maupassant, qui recevait de son père une pension mensuelle de 100 F en 1872, chiffrait ses dépenses à 111,10 F – ce qui semble être le minimum vital pour un jeune homme pauvre vivant à Paris à cette époque. Au ministère de la Marine, son premier traitement, qu’il toucha en février 1873, s’élevait à 125 F. Il s’y ajoutait une prime annuelle de 150 F. 25 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 26 QUESTIONS Le prix de la parure équivaut donc à environ vingt-quatre fois le traitement annuel d’un employé de bureau débutant. 4. Les époux Loisel ont mis dix ans pour rembourser leurs dettes. 5. Mme Loisel a beaucoup vieilli, elle a grossi et ses traits se sont durcis. « Mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut. » Ce portrait confine à la caricature. On a peine à croire que dix ans de dur labeur ont suffi à faire de la délicate Mme Loisel cette femme forte et mal tenue. En fait, ces durs travaux sont « les gros travaux du ménage, les odieuses besognes de la cuisine ». Il est vrai qu’à cette époque, les appareils ménagers (lave-linge, lave-vaisselle, aspirateurs, etc.) n’existaient pas, et que, dans sa mansarde, il n’y avait pas l’eau courante. 6. Le joaillier, dont ils ont trouvé le nom sur l’écrin, leur a dit qu’il n’avait pas vendu la parure, mais seulement fourni l’écrin (lignes 222-223). Cela aurait pu intriguer les Loisel (mais ils étaient trop affolés pour réfléchir), et le lecteur… Tout l’art de Maupassant est là, dans ces indices discrets qu’il dissémine dans le récit et qui n’empêchent nullement la surprise du dénouement. ◆ É TUDIER LE VOCABULAIRE 7. Mots formés avec le radical latin ambul : ambulant, ambulance, déambuler, déambulatoire… Mots formés avec le suffixe -ambul : funambule, somnambule… ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 8. Gérondif : « en prenant » ; Participe : « pensant » ; Adjectifs verbaux : « montante, hésitante, souriante. » ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 9. L’exclamation de son mari : « Ah ! le bon pot-au-feu ! je ne sais rien de meilleur que cela… » plonge Mme Loisel dans une rêverie douloureuse. Elle imagine des soupers fins, servis en des vaisselles somptueuses, dans des salles richement décorées. Le pot-au-feu est considéré comme le mets bourgeois par excellence (cf. Pot-Bouille, de Zola). Il est donc ici synonyme de vie modeste, routinière, dépourvue de romanesque. 10. On ne connaît l’adresse des Loisel, rue des Martyrs, qu’après la perte de la rivière de diamants. Il y a certainement là un trait d’humour de Maupassant : 26 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 27 Mon oncle Jules les Loisel sont des martyrs, à leur façon… Ils vont souffrir le martyre pour rembourser leurs dettes. 11. Champ lexical de la richesse : « antichambres capitonnées, tentures orientales, hautes torchères de bronze, valets, larges fauteuils, salons vêtus de soie ancienne, meubles fins, bibelots inestimables, salons coquets, parfumés » (lignes 21 à 27). « Dîners fins, argenteries reluisantes, tapisseries, plats exquis, vaisselles merveilleuses, truite, gelinotte » (lignes 35 à 41). On remarquera que cette évocation de la richesse suggère une vie des plus agréables, où la vue, l’odorat (« salons parfumés »), le goût (« plats exquis »), le toucher (« soie »), l’ouïe (« antichambres muettes, galanteries chuchotées »), trouvent leur compte. On remarquera aussi que les deux développements sont introduits par elle songeait, expression typique du bovarysme. 12. Champ lexical de l’argent : « dix-huit mille francs, emprunterait, emprunta, mille francs, cinq cents, cinq louis, trois louis, billets, engagements, usuriers, prêteurs, signature, trente-six mille francs. » Cette accumulation de termes en si peu de lignes témoigne bien de l’obsession de Loisel. ◆ É TUDIER LE GENRE : LA NOUVELLE 13. L’effet de surprise est particulièrement réussi : la réflexion finale de Mme Forestier rend pathétique et dérisoire la vie bourgeoise des Loisel. 14. Dix ans de vie sont évoqués en une trentaine de lignes (lignes 255 à 288). Ainsi résumée pourtant, la vie des Loisel n’en paraît pas moins pénible. La nouvelle vise un effet de rapidité en pratiquant l’ellipse temporelle, et en supprimant tout ce qui n’est pas essentiel. M O N O N C L E J U L E S (p. 107) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Joseph Davranche est sensible à la misère des vagabonds depuis que, dans sa jeunesse, il a découvert la misère de son oncle Jules. Les « cent sous » (cinq francs) qu’il donne, au début de la nouvelle, représentent deux fois le prix des huîtres mangées sur le navire (comparer cette somme avec les « dix sous » qui sont donnés à l’écailler). On comprend que son ami, le narrateur, soit surpris de sa générosité. 27 167853_01-40_M.QXD RÉPONSES 25/02/03 AUX 16:14 Page 28 QUESTIONS 2. La famille Davranche est dans la gêne et économise sur tout, nourriture, vêtements, sorties ; la vie modeste qu’elle mène influe sur le caractère de la mère, dont les « paroles aigres » sont autant de reproches pour le père, un « pauvre homme » qui souffre en silence de sa condition. On ne peut pas dire que cette famille soit heureuse. 3. C’est la mère qui régit tout au sein de la famille, car le père, apparemment, est soumis à sa femme et ne répond jamais aux sarcasmes qu’elle lui adresse. C’est elle, par exemple, qui décide que Joseph ne mangera pas d’huîtres ; cela donne plus de valeur à l’acte charitable du jeune garçon qui, en laissant un pourboire au pauvre, ne craint pas de s’opposer à elle. 4. Les promenades du dimanche sont les seules sorties que s’autorisent les Davranche. C’est leur seule occasion de se mettre « en grande tenue ». On notera l’ironie que manifeste le fils à l’égard de ses parents (cf. question 10 ci-après). 5. Jules n’a plus donné de ses nouvelles depuis dix ans (ligne 91), après sa deuxième lettre, écrite deux années après son départ. Il a donc quitté Le Havre depuis au moins douze ans. 6. Les Davranche ont longtemps rêvé, au moins pendant dix ans, au dédommagement que Jules leur avait promis, une fois qu’il aurait fait fortune. Ils ont montré partout sa lettre, ils ont fait des projets, en particulier celui d’acheter une petite maison. À la vue du vieil homme en guenilles qui vend des huîtres, ils éprouvent une déception immense et dramatique : tous leurs rêves s’écroulent, ils prennent conscience qu’ils sont à jamais voués à une vie médiocre. 7. Le père, qui a été le premier à reconnaître son frère, est tour à tour « inquiet, livide, décomposé, atterré » : il comprend qu’il ne sera jamais dédommagé et continuera de mener une existence des plus modestes. La mère, d’abord « effarée », cède à la colère ; elle traite son beau-frère de voleur et conclut, à l’adresse de son mari : « Comme si on pouvait attendre quelque chose d’un Davranche !… » Elle craint, c’est son expression, que Jules ne « leur retombe sur le dos ». Le fils est seul à éprouver de la compassion pour l’écailler, qu’il a envie d’appeler « mon oncle », et à qui il donne un pourboire. Un peu plus tard, il veut lui dire quelques paroles d’affection, mais l’oncle Jules a disparu. ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 8. Les quatre formes verbales appartiennent au conditionnel. Aurais reconnu est un passé 1re forme ; eût dépendu, eût entamé, eût cru sont des passés 2e forme. 28 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 29 Mon oncle Jules ➧ Objectif didactique Repérer les formes du conditionnel passé ; faire remarquer aussi, en fonction du niveau de la classe, que la 2e forme du conditionnel passé, plus littéraire, est semblable au plus-que-parfait du subjonctif, et que l’emploi de cette forme après « si » est correcte : on peut donc dire « comme si une affaire d’importance extrême eût dépendu de leur tenue », mais pas « comme si une affaire aurait dépendu… » 9. Il écrivit : passé simple de l’indicatif ; action bien définie dans le passé, aspect ponctuel. Gagnait, espérait : imparfaits de l’indicatif ; action indéterminée dans le passé, aspect d’inaccompli, valeur durative. Avait fait : plus-que-parfait de l’indicatif ; action antérieure à une autre action passée (faire est antérieur à écrire). ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 10. Le récit ironique des promenades dominicales contient de véritables petites scènes de comédie. Dans les préparatifs d’abord : le père, en manches de chemise, mais avec « son grand chapeau sur la tête », attend que son épouse nettoie sa redingote avec de la benzine, ce qui se produit tous les dimanches (comique de situation et de répétition) ; puis dans les tenues : la mère est « pavoisée comme un navire un jour de fête » ; dans l’ordre immuable de leur procession ensuite, les sœurs devant, la mère encadrée par son époux et son fils ; enfin dans leur allure cérémonieuse, pompeuse, inutilement solennelle puisqu’ils vont tout simplement se promener sur la jetée. 11. Au dénouement, Mme Davranche, déçue et furieuse, s’exclame : « Je me suis toujours doutée que ce voleur ne ferait rien […] Comme si on pouvait attendre quelque chose d’un Davranche !… » Ce n’est pas ce qu’elle disait de Jules après avoir reçu ses deux lettres. Après la première lettre, en effet, on estimait dans la famille que ce personnage était « un vrai Davranche, intègre comme tous les Davranche ». Après la seconde, la mère elle-même répétait : « Quand ce bon Jules sera là, notre situation changera. » Comme il le fait souvent, Maupassant procède par symétrie et par contraste. Ici, le bon et honnête Jules est devenu un voleur ; les Davranche, qui étaient tous intègres, sont devenus des moins que rien… ◆ É TUDIER UN THÈME : LA FAMILLE 12. Le père, Philippe Davranche, petit employé de bureau, gagne peu, si bien que sa famille est dans la gêne et vit chichement, économisant sur tout, 29 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 RÉPONSES AUX 16:14 Page 30 QUESTIONS achetant « des provisions au rabais », repliée sur elle-même (« on n’acceptait jamais un dîner, pour n’avoir pas à le rendre »). Cet état de pauvreté agit sur les caractères. La mère adresse des reproches à son mari qui ne peut offrir une autre vie à sa famille. Accablé, il ne réplique jamais à son épouse. L’ambiance familiale n’est pas gaie (« On me faisait des scènes abominables pour les boutons perdus et les pantalons déchirés »). La famille est assez routinière : elle mange toujours les mêmes plats et fait le dimanche la même promenade sur la jetée. ◆ É TUDIER LE GENRE : LA NOUVELLE 13. Entre le personnage que les Davranche ont imaginé, l’homme qui fait « un commerce important » (ligne 80) et celui qu’ils rencontrent, « un vieux matelot déguenillé » (ligne 145), il y a une grande différence. Dix ans (et un peu plus de deux pages) séparent ces deux évocations de l’oncle Jules. La nouvelle, en supprimant tous les détails inutiles, condense l’intrigue, gagne en concision et en efficacité. 14. La famille voit s’écrouler tous ses rêves. Elle est condamnée à une vie de médiocrité, puisque l’espoir du père de recouvrer son argent s’effondre : plus jamais Jules ne pourra le rembourser. ◆ L IRE L’ IMAGE 17. Au premier plan, quelques personnages isolés. Au deuxième, la foule massée au bord du quai. Au troisième, la mer, le paquebot, les voiliers. 18. Lignes horizontales : l’horizon, le bateau, les têtes de la foule. Lignes verticales : la hampe du drapeau, l’étrave du navire, les mâts. Lignes obliques : en partant des deux personnages du premier plan, on obtient deux lignes qui se croisent : l’une aboutit, à droite, aux deux soldats ; l’autre, à gauche, au personnage qui se tient à côté de la femme. L A Q U E S T I O N D U L AT I N ( p . 1 2 1 ) ◆ AVEZ - VOUS BIEN LU ? 1. Le narrateur se présente comme un « madré farceur » (ligne 221). En faisant croire au vieux pion qu’une jeune ouvrière est amoureuse de lui, il ne songe qu’à s’amuser : « Je faisais une farce, une farce d’écolier, rien de plus » (ligne 218). 30 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 31 La Question du latin 2. Piquedent souffre de deux maux qui peuvent sembler contradictoires : d’une part, la solitude (il ne connaît personne en ville et ne fréquente pas ses collègues) et, d’autre part, le fait de n’avoir pas un coin à lui, où il pourrait poser ses affaires et ses livres, une chambre pour s’isoler, réfléchir, travailler. Entouré d’élèves toute la journée, mais aussi la nuit, puisqu’il surveille le dortoir, il n’est jamais seul. D’où sa formule, qui paraît curieuse, mais qui s’explique aisément dans ce contexte : « la clef d’une porte qu’on peut fermer […] le voilà, le seul bonheur ! » 3. Si l’âge de la jeune fille est donné – vingt ans –, on ne connaît pas exactement l’âge de Piquedent. La formule qui le décrit, « un de ces demi-vieux tout gris », est assez vague. Il est entré comme pion à vingt ans dans une institution (ligne 15), est resté dix ou quinze ans, dit-il, sans parler seul à seul avec quelqu’un (lignes 62-63). Il doit avoir près de quarante ans, soit le double de la blanchisseuse. La différence d’âge, de culture et de condition est donc grande, et ne laisse pas attendre, a priori, un dénouement heureux. 4. Le vieux pion a considérablement changé depuis sa rencontre avec Raoul, le narrateur. Il n’est plus solitaire et la ruse de son jeune ami, en lui faisant croire qu’il est aimé de la blanchisseuse, l’a complètement métamorphosé, au point qu’il n’hésite pas à « s’encanailler » : il boit du champagne, prend la taille de la jeune fille et l’embrasse plusieurs fois… Attitude à comparer avec celle décrite aux lignes 143 à 147. 5. L’escapade à l’île des Fleurs a provoqué le renvoi de Piquedent de l’institution Robineau, ainsi que le départ du narrateur pour une autre pension. 6. Le dénouement intervient deux ans après l’aventure de l’île des Fleurs. 7. À l’idée de changer de profession, Piquedent est réticent : « Non, je ne peux pas être épicier… Je suis… je suis… je suis trop connu… » Le passage de l’enseignement au commerce, de l’école à l’épicerie est difficile à accepter pour le héros, parce que considéré comme une déchéance. La métamorphose du pion en épicier a cependant réussi, puisqu’il a non seulement gagné « trois mille francs nets, cette année ! » (somme à comparer avec les cinq mille francs économisés pendant de longues années), mais encore il semble avoir trouvé le bonheur. ◆ É TUDIER LA GRAMMAIRE 8. S’arrêta : passé simple de l’indicatif ; eût été fatiguée : passé 2e forme du conditionnel. Transformation de la phrase : Elle s’arrête comme si elle était fatiguée. 31 167853_01-40_M.QXD RÉPONSES 25/02/03 AUX 16:14 Page 32 QUESTIONS ◆ É TUDIER L’ ÉCRITURE 9. Quand le narrateur, au dénouement, retrouve l’ancien pion devenu épicier, il s’écrie en latin : « Quantum mutatus ab illo ! » (Comme il a changé depuis ce temps-là !) L’exclamation est en situation, puisqu’elle traduit une vérité, le changement de Piquedent, dans la langue qu’il enseignait si bien. Cette citation semble répondre à l’autre citation latine (ligne 62), « Sicut quercus in solitudine » (comme un chêne dans un désert), qui n’a plus sa raison d’être. 10. Le pion est comparé dans cette phrase à un chef d’orchestre. Les mots « musiciens », « pupitre » et « règle » développent cette comparaison. 11. Métaphore : « mains arrondies en coquille ». Périphrase : « les minces rouleaux de tabac ». 12. Les comparaisons qui caractérisent la jeune fille, « sérieuse comme un juge », et Piquedent, « ivre comme un Silène », sont doublement antithétiques (sérieuse / ivre, et juge / Silène). ◆À VOS PLUMES ! Objectifs didactiques des exercices 13, 14 et 15 L’exercice 13 – le moins facile des trois – permet de préciser le sens et la forme des trois figures de style mentionnées. Bien entendu, la recherche d’expressions exagérées, comiques ou ridicules est à encourager. L’exercice 14 porte sur les niveaux de langue. Avant de rédiger les répliques en style soutenu ou familier, selon le statut social des protagonistes, il serait bon d’écrire d’abord le dialogue en langage courant. Les modifications seront plus aisées à effectuer. Si le récit proposé par l’exercice 15 doit être rédigé à la première personne, il implique un changement de narrateur, le passage d’un narrateur omniscient à un narrateur-personnage. On conseillera aux élèves le choix d’un style fleuri, naïf et sentimental, en rapport avec le caractère du vieux pion. ◆ L IRE L’ IMAGE 16. Quand Édouard Manet (1832-1883) peint ce tableau, en 1874, Maupassant a vingt-quatre ans. 17. Dans les années 1870 (cf. biographie page 144), Maupassant a été un habitué des bords de Seine, un fervent adepte du canotage, où il trouvait un 32 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 33 Retour sur l’œuvre exutoire à une vie de bureau qu’il détestait. De nombreux artistes, dont Manet, Monet, Caillebotte et Renoir, ont peint les canotiers et les guinguettes des bords de Seine, fréquentées par une foule populaire, souvent débraillée. R E T O U R S U R L’ Œ U V R E ( p . 1 3 6 ) 1. Compléter le texte Mots manquants : Texte 1 : brûlots, sapas, faignant, soulot, couver, fricot, poule, rivalité, dix, fricassée. Texte 2 : Instruction, soirée, quatre cents, parure, Forestier, dix, trente-six mille, rivière, diamants, cinq cents. Texte 3 : pion, Robineau, farceur, amoureuse, Fleurs, ivre, droit, deux, épicerie, latin. 2. Choisir la bonne réponse a) A – b) A – c) B – d) A – e) A – f) B – g) C – h) A – i) A – j) B. 3. Mots en croix Horizontalement : 1. MÂCHEBLÉ. 2. ANGÈLE. 3. PIÉTON. 4. CLOCHE. 5. 7. MILON. 8. DÉMENT. Verticalement : 9. ARA. 10. CHÂTELGUYON. 11. SIMON. 12. LOISEL. 6. Qui suis-je ? a) Mme Forestier, La Parure. b) Piquedent, La Question du latin. c) Joseph Davranche, Mon oncle Jules. d) Prosper, Le Tic. e) Prosper Horslaville, Toine. f) Clarisse Davranche, Mon oncle Jules. g) Maître Chiquet, Le Gueux. h) Le piéton, La Mère Sauvage. i) La jeune Noire, Boitelle. j) Angèle Piquedent, La Question du latin. 33 MALOISEL. 6. JERSEY. 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 34 PROPOSITION DE SÉQUENCES DIDACTIQUES SÉQUENCE 1 Analyser un récit Objectif : étudier les caractéristiques d’un texte narratif organisé. Textes d’appui : cinq nouvelles de structure différente, Toine, Le Père Milon, La Mère Sauvage, Le Gueux, La Chevelure. Durée : de deux à six séances, selon qu’il s’agit, une fois ces nouvelles étudiées, de récapituler leurs techniques narratives ou bien d’aborder la lecture et l’analyse de ces récits. ◆ La situation d’énonciation 1. Qui raconte : un narrateur explicite ou implicite ? 2. Sous quelle forme raconte-t-il, à la 1re ou à la 3e personne ? 3. Combien y a-t-il de narrateurs ? 4. Dans quels lieux l’action se déroule-t-elle ? 5. Et à quelle époque, à quel moment ? L’étude du texte doit être rigoureuse : il s’agit de relever les indicateurs de personnes, les pronoms personnels, les adjectifs possessifs, les repères spatiotemporels, etc. Un tableau permettra de mieux constater les différences que présentent les cinq nouvelles. ◆ Le point de vue 1. Dans les narrations à la première personne (les deux récits de La Chevelure et le récit-cadre de La Mère Sauvage), le narrateur est-il mêlé à l’action ? Que sait-il de cette action ? 2. Dans les narrations à la troisième personne (Toine, Le Père Milon, Le Gueux et le récit encadré de La Mère Sauvage), le narrateur adopte-t-il un point de vue omniscient (il sait absolument tout de ses personnages), un point de vue interne (l’action est vue par un des personnages du récit) ou un point de vue externe (celui d’un simple témoin objectif) ? On recherchera aussi les interventions du narrateur, qui peuvent se manifester même dans un récit à la troisième personne.Voir, dans La Mère Sauvage, 34 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 PROPOSITION DE 16:14 Page 35 SÉQUENCES DIDACTIQUES les réflexions sur les femmes de la campagne (lignes 55 à 61) et sur les guerres (lignes 100 à 110). À quel temps sont-elles exprimées ? (cf. question 8, p. 44.) De même, dans Le Gueux, on repérera les pronoms personnels dans les lignes 150 à 198, le temps des verbes (question 9, p. 54). Dans cette dernière nouvelle, on commentera aussi l’exclamation finale (question 6, p. 54). ◆ Le schéma narratif On construira un tableau comportant les rubriques classiques du schéma narratif : – situation initiale, – élément perturbateur, – péripéties, – résolution, – situation finale. Ces différentes étapes ne sont pas difficiles à repérer, sauf peut-être la situation finale, qu’il faudra imaginer dans les récits qui se terminent brutalement. On pourra estimer, par exemple, que les Prussiens ne seront plus harcelés par le père Milon, ou les paysans par le gueux – ce qui établit un nouvel équilibre, différent de l’équilibre initial. SÉQUENCE 2 Identifier un genre littéraire : la nouvelle Objectif : définir les caractéristiques de la nouvelle : brièveté du récit, simplicité de l’intrigue, nombre réduit de personnages, rapidité de l’action, chute inattendue. Textes d’appui : Le Gueux, Le Tic, La Parure. Durée : quatre séances. ◆ Brièveté Comparer la nouvelle avec les autres genres littéraires : romanesque, théâtral, poétique, épistolaire. De quel genre se rapproche-t-elle le plus ? En quoi cependant se différencie-t-elle de lui ? ◆ Simplicité de l’intrigue Résumer le plus brièvement possible les trois nouvelles. 35 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 PROPOSITION DE 16:14 Page 36 SÉQUENCES DIDACTIQUES ◆ Durée de l’action On repérera tous les indicateurs temporels : adverbes, noms, groupes nominaux, propositions temporelles… (cf. Le Gueux, question 4, page 54, La Parure, question 4, page 105). Remarque : si, dans Le Tic, les notations temporelles sont rares et vagues, dans La Parure, la durée est explicite (dix ans), mais cette période est évoquée en quelques lignes seulement ; le temps qui passe est suggéré par l’accumulation des tâches et des démarches entreprises (lignes 260 à 275, page 103). ◆ Nombre réduit de personnages On distinguera protagoniste(s), personnages secondaires, figurants (personnages du décor, muets, comme les curistes de Châtelguyon, les collègues de bureau de Loisel…). ◆ Chute inattendue Les nouvelles de Maupassant ménagent souvent un effet de surprise lors du dénouement. Cette surprise est due à l’explication macabre d’un mystère (Le Tic), à une réflexion faussement ingénue sur une fin brutale (Le Gueux) ou à une repartie (celle de Mme Forestier) qui rend pathétique la vie de sacrifices des Loisel (La Parure). On pourra terminer la séquence en consultant des dictionnaires et, éventuellement, en comparant leurs définitions du mot « nouvelle ». 36 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 37 E X P LO I TAT I O N DES GROUPEMENTS DE TEXTES I . AU TO U R D E L A C H E V E LU R E ◆ Apparition, Arria Marcella et Véra sont des nouvelles fantastiques. La jeune femme qui revient de l’au-delà est en effet un thème éminemment fantastique (auquel peut s’ajouter le thème de la confusion entre le rêve et la réalité). ◆ On établira des comparaisons : a) entre les deux nouvelles de Maupassant : La Chevelure et Apparition ; b) entre les trois extraits présentés : on s’attachera à relever toutes les notations qui laissent supposer que les héroïnes de Maupassant et de Gautier sont mortes (pour celle de Villiers de L’Isle-Adam, on le sait déjà). On repérera donc les notations de couleurs, les sensations de froid et les comparaisons avec le serpent et le marbre, presque identiques dans les deux textes ; c) entre des points communs aux trois personnages : la couleur et la masse des cheveux, à une époque où les femmes ignoraient les cheveux courts. ◆ On relèvera, dans le texte de Villiers de L’Isle-Adam, les effets de la modalisation laissant entendre que la scène n’est peut-être pas réelle. ◆ Il peut être intéressant de faire imaginer aux élèves une suite immédiate (et rapide) aux trois textes, ou à l’un d’entre eux. I I . AU TO U R D E L A F E R M E ◆ À travers l’étude des textes de Flaubert, George Sand, Maupassant et Zola, on notera l’évolution de la ferme au XIXe siècle, de l’exploitation familiale au grand domaine de la Beauce. ◆ Comparaison entre les textes d’Un cœur simple et du Père Milon : a) l’étude du champ lexical de la Normandie permettra d’établir les similitudes entre les deux textes : cultures, bâtiments, spécialités culinaires, boissons ; 37 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 E X P LO I TAT I O N 16:14 Page 38 DES GROUPEMENTS DE TEXTES b) les différences tiennent au fait que Flaubert s’attache à décrire l’intérieur de la ferme, alors que Maupassant décrit un repas pris dans la cour, devant la maison. ◆ Comparaison entre la ferme normande (Flaubert), berrichonne (G. Sand) et beauceronne (Zola) du point de vue : – des bâtiments (couverture des toits en particulier) ; – de leurs productions agricoles (céréalière, fruitière, fourragère…) ; – de leur surface ; – de leur matériel. ◆ Dans le texte de Zola, distinguer les deux sens du mot « semoir ». Chercher en quoi ce texte annonce les grandes exploitations modernes. 38 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 39 PISTES DE RECHERCHES DOCUMENTAIRES On pourra proposer aux élèves des travaux de groupes, des exposés sur des thèmes transversaux. Certains sujets, difficiles pour des élèves de quatrième et même de troisième, demanderont une aide accrue du professeur. – Les paysans normands, d’après Le Père Milon, La Mère Sauvage et Boitelle. – La guerre franco-prussienne de 1870, d’après Le Père Milon et La Mère Sauvage. Ces deux thèmes, paysannerie et guerre, peuvent être complétés par la lecture de contes cités en bibliographie. Le second peut se prêter à un travail pluridisciplinaire : français, histoire et arts plastiques (pour la recherche et l’étude de l’iconographie). – L’avarice, d’après Toine, Le Père Milon et Mon oncle Jules. – La description de la folie et de ses traitements au XIXe siècle, d’après La Chevelure. – Les employés de bureau, d’après La Parure. Pour ce thème, on lira, si possible, des extraits des Dimanches d’un bourgeois de Paris, conte de Maupassant écrit en 1880. – L’exclusion, d’après Le Gueux et Mon oncle Jules. – Médecine et hygiène, d’après Toine, La Chevelure et Le Tic. – Aspects du fantastique, dans le groupement de textes proposés, qu’on pourra compléter par la lecture du Horla (dont il existe deux versions : la première – courte – écrite en 1886, la seconde – longue – écrite en 1887) et de La Main d’écorché (qui date de 1875), par exemple. 39 167853_01-40_M.QXD 25/02/03 16:14 Page 40 BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE ◆ É DITIONS – Maupassant, Contes et nouvelles, textes présentés, corrigés, classés et augmentés de pages inédites par Albert-Marie Schmidt, avec la collaboration de Gérard Delaisement, Albin Michel, 1964-1967, 2 vol. – Maupassant, Contes et nouvelles, préface d’Armand Lanoux, introduction, chronologie, texte établi et annoté par Louis Forestier, Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade », 1974-1979, 2 vol. – Maupassant, Contes et nouvelles, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1988, 2 vol. Le tome I est introduit par un riche dossier intitulé « Quid de Guy de Maupassant » (dir. D. Frémy et coll.). ◆ B IOGRAPHIES – Armand Lanoux, Maupassant le Bel-Ami, Fayard, 1967. – Paul Morand, La Vie de Guy de Maupassant, Flammarion, 1941. – Albert-Marie Schmidt, Maupassant par lui-même, Le Seuil, 1962. – Henri Troyat, Maupassant, Flammarion, 1989. 40