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Les Carnets de l'hygiéniste
n° 01 01/10/04
La grippe : ce qu’il faut savoir !
La grippe est une infection virale due aux virus influenza A ou B. Elle est connue
depuis l’antiquité survenant le plus souvent en hiver lors d’épidémies ou plus
rarement de pandémies. Cette caractéristique épidémiologique est due à des
mutations périodiques affectant les caractéristiques de l’enveloppe virale, plus
particulièrement les hémaglutinines (H0, H1, H2, H3) et les neuraminidases (N1
et N2). Lorsqu’une modification antigénique mineure survient (antigenic drift),
on observe des épidémies locales. Lorsqu’une modification antigénique majeure
apparaît (antigenic shift), on est dans les conditions d’apparition d’une pandémie
( exemple: grippe espagnole en 1918).
1. LA MALADIE
Une grippe non compliquée se présente généralement comme une fièvre brutale
accompagnée d’abattement, céphalées, myalgies et manifestations respiratoires
des voies aériennes sup. et inf. (toux, mal de gorge). Les manifestations
peuvent cependant être plus discrètes et se limiter à un simple rhume ou un
abattement fébrile.
2. LES COMPLICATIONS
2.1 La pneumonie: bactérienne (pneumocoque, staphylocoque doré,
haemophilus influenzae,…) ou virale due au virus influenza lui-même.
2.2 La myosite avec rabdomyolyse: complication inhabituelle, plus fréquente
chez l’enfant. Une insuffisance rénale peut survenir dans les cas les plus
sévères.
2.3 Syndrome de Reye: bien connu des pédiatres et plutôt inhabituel depuis
qu’on évite la prescription d’aspirine dans les affections fébriles de l’enfant.
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n° 02 01/10/04
La grippe : ce qu’il faut savoir !
2.4 Complications neurologiques: inhabituelles, elles vont de la méningite
lymphocytaire à l’encéphalite, en passant par la myélite transverse. La relation de
causalité de ces affections avec l’influenza n’est pas clairement établie.
3. LE DIAGNOSTIC
Il est principalement clinique, en particulier lors des épidémies. Le laboratoire de
microbiologie peut fournir une confirmation diagnostique au moyen d’un « test
rapide » basé sur la détection d’un Ag en immunofluorescence ou par Elisa. Une
technique PCR est également disponible. L’échantillon le plus efficace pour ces
recherches est l’aspiration naso-pharyngée.
4. LA PREVENTION
4.1 Les vaccins
4.1.1 Quel vaccin ? En Belgique, les vaccins disponibles sont de deux types :
antigènes de surface (sub-unit) : Addigrip°, Influvac° ou virus inactivés
fragmentés (split): alpha-Rix°, Fluvirin°, Mutagrip S° et Vaxigrip°; c’est ce dernier
qui est utilisé au CHR de la Citadelle.
4.1.2 Le vaccin est-il efficace ? Du fait de la longue préparation nécessaire à
obtenir le vaccin (9 mois), le vaccin actuel contient nécessairement les antigènes
des virus qui circulaient l’année précédente. Selon que le virus actuel est proche
de celui du vaccin, l’efficacité peut varier de 50 à 80 %. Cette efficacité a été
démontrée par de nombreuses études cliniques dans les populations pour
lesquelles il est indiqué (cf. Qui vacciner ?).
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n° 02 01/10/04
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4.1.3 Qui vacciner ?
PATIENTS A HAUT RISQUE
-Les patients de > 50 ans
-Les patients vivant en maison de repos
-Les patients adultes et enfants souffrant d’affection cardio-pulmonaire chronique
(inclus l’asthme)
-Les patients adultes et enfants présentant une affection métabolique chronique:
insuffisance rénale, hémoglobinopathie, immunosuppression (incluant infection à
VIH).
-Les enfants de 6 mois à 18 ans devant recevoir un traitement par aspirine à long
terme
-Les femmes enceintes qui seront dans leur 2ème ou 3ème trimestre de
décembre à mars.
PATIENTS EN CONTACT AVEC LES PATIENTS A HAUT RISQUE
-Le personnel des hôpitaux en contact avec les malades
-Le personnel des crèches et maisons de repos
-Les contacts proches (famille,…) des patients à haut risque.
4.1.4 Quand vacciner ? Dans nos régions, la période optimale va de début
octobre à fin novembre.
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La grippe : ce qu’il faut savoir !
4.1.5 Y a-t-il des effets secondaires au vaccin ? Très peu d’effets
secondaires ont été décrits: douleur au site d’injection dans 25% des cas, effets
systémiques pas plus fréquents qu’avec le placebo, fièvre chez le jeune enfant.
En principe, ce vaccin est contre-indiqué aux patients souffrant d’une allergie aux
protéines de l’œuf mais les réactions d’hypersensibilité sont rares. Le thimerosal
peut donner une réaction d’hypersensibilité retardée. IL N’Y A PAS DE RELATION
EPIDEMIOLOGIQUE AVEC L’APPARITION D’UN SYNDROME DE GUILLAIN-BARRE.
4.2 Les antiviraux
4.2.1 Amantadine (Amantan°): efficace contre l’influenza A mais inefficace
contre l’influenza B. Certaines résistances ont été décrites avec le virus A. Le
dosage sera adapté à la fonction rénale. Ses effets secondaires sont surtout de
type neurologique. Ce médicament a démontré son efficacité à protéger les
populations non vaccinées à haut risque pendant les épidémies (efficacité de 60 à
70 %). Posologies cf. tableau infra.
4.2.2 Olsetamivir (Tamiflu°): ce médicament a obtenu l’indication pour la
prophylaxie (à réserver à des situations exceptionnelles et ne peut remplacer la
vaccination)
5. LE TRAITEMENT
5.1 Amantadine
A la posologie indiquée en prophylaxie, l’amantadine est efficace pour le
traitement de la grippe pour autant que le traitement soit commencé endéans les
2 premiers jours de la maladie. En moyenne, on peut espérer raccourcir les
symptômes de 24 heures, réduire la symptomatologie et réduire l’excrétion du
virus donc la contagiosité.
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5.2 Inhibiteurs de neuraminidases
L’olsetamivir (Tamiflu°) s’administre par voie orale et le zanamivir (Relenza°) est
une poudre pour inhalation. Ces deux inhibiteurs des neuraminidases virales sont
d’efficacité équivalente dans le traitement des grippes à influenza A ou B. Ils sont
efficaces pour autant qu’ils soient administrés endéans les 2 jours du début des
symptômes. Ils permettent de réduire les complications, l’excrétion du virus et
donc la contagiosité, et raccourcissent en moyenne la durée des symptômes de 1
à 1.5 jour. Ils sont efficaces mais seul l’olsetamivir (tamiflu°) a obtenu l’indication
dans la prévention de la maladie. Les effets secondaires sont rares avec le
zanamivir mais ce produit doit être utilisé avec prudence chez le patient
bronchiteux chronique en raison du risque de bronchospasme. L’oseltamivir peut
entraîner des nausées et sera de préférence administré au moment des repas.
Médicament
Mode
d’administr
ation
Dose quotidienne
enfants
Formes disponibles
adultes
Amantadine
(Amantan°)
Voie orale
5 mg/kg*
(de 1 à 9 ans)
200 mg**
Capsules à 100 mg
Zanamivir
(Relenza°)
Inhalation
orale
20 mg
À partir de 12
ans
20 mg
Poudre pour
inhalation
Olsetamivir
(Tamiflu°)
Voie orale
<15 kg: 2x30mg
>15 à 23 kg:
2x45mg
>23 à 40 kg:
2x60mg
>40 kg: 2 x 75 mg
150
mg
Capsules à 75 mg
Poudre pour
Suspension buvable
12 mg/ml
* Pas plus de 150 mg chez l’enfant
** ajuster en cas d’insuffisance rénale
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La grippe : ce qu’il faut savoir !
6. RECOMMANDATIONS POUR L’USAGE DES MEDICAMENTS ANTIGRIPPAUX
6.1 En Prophylaxie
-Patients non vaccinés à haut risque
-Patients vaccinés après le début de l’épidémie en attendant l’apparition d’une
immunité (6 semaines si < 8 ans; 2 semaines si > 9 ans).
-Patients vaccinés mais à haut risque lorsque le vaccin est mal ajusté à l’épidémie
en cours
-Patients immunodéficients
-Personnes non vaccinées vivant en communauté avec des patients à haut risque
-Tous les résidents et les membres de l’équipe de soins dans les institutions qui
hébergent des patients à haut risque en cas d’épidémie dans l’institution
6.2 En traitement
-Patients à haut risque développant une grippe
-Patient avec grippe sévère
-Toute personne grippée qui veut raccourcir la durée de sa maladie
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n° 02 01/10/04
La grippe : ce qu’il faut savoir !
7. ET LA GRIPPE DU POULET DANS TOUT CA ?
Y a-t-il une épidémie particulière dans le SE asiatique ?
Il survient régulièrement dans le SE asiatique une épidémie de grippe aviaire
due au virus H5N1 particulièrement virulent et contagieux pour les oiseaux.
Y a-il un danger pour l’homme ?
Oui, la grippe du poulet peut se transmettre de l’oiseau à l’homme dans de
rares cas. Les personnes exposées sont celles qui travaillent dans les ferme
d’élevage de volaille ou qui sont en rapport avec des volailles, leurs excréments
ou des produits dérivés. Le fait de manger de la volaille cuite n’est pas
dangereux. Le nombre d’humains infectés est à ce jour très limité et se situe
exclusivement dans les groupes à risque précités. La transmission interhumaine
est actuellement exceptionnelle.
Y a-il un risque de pandémie ?
Oui, il y a un risque de pandémie, mais dans certaines conditions. Si le virus
aviaire H5N1 contaminait un homme en même temps qu’un influenza humain, à
ce moment, les virus pourraient échanger leurs gènes et donner naissance à un
virus « recombinant » qui pourrait se transmettre d’homme à homme grâce à
ses caractéristiques humaines mais qui ne serait pas reconnu par le système
immunitaire humain du fait de ses caractéristiques aviaires. On est alors dans la
situation équivalente de celle d’un virus influenza avec mutation majeure et le
risque de pandémie est possible (cf. grippe espagnole).
A ce jour, des spécialistes de l ‘OMS traquent l’apparition de tels virus en Asie
mais n’ont pas encore donné l’alerte.
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Les Carnets de l'hygiéniste
n° 01 01/09/04
La grippe : ce qu’il faut savoir !
Est-ce que les patients vaccinés contre la grippe seraient protégés contre un virus
recombinant ?
Non, le vaccin 2004 ne donnerait vraisemblablement aucune protection contre un
virus recombinant.
Y a-t-il un traitement à une telle grippe recombinée ?
Il semble bien que l’amantadine serait inefficace mais que les inhibiteurs de
neuraminidases resteraient actifs sur un tel virus muté (Tamiflu° et Relenza°).
Faut-il craindre les infections respiratoires venant du SE asiatique ?
A ce stade, il convient d’attendre et de ne pas verser dans la paranoïa. Aucun cas
de transmission interhumaine n’a été notifié en dehors de l’Asie et encore ceux-là
se comptent sur les doigts d’une main.
Il n’y a pas d’alerte sanitaire à ce stade.
Les patients venant du SE Asiatique ne doivent donc pas faire de précautions
particulières même s’ils présentent des symptômes grippaux. S’ils doivent être
hospitalisés, on appliquera les mesures d’hygiène standards plus les précautions
additionnelles contre la transmission par contact et par voie aérienne et par
gouttelettes. Si la grippe est vraisemblable, selon l’avis du médecin, un inhibiteur
des neuraminidases peut être prescrit.
Les membres de la cellule hygiène hospitalière :
Dr M. Carpentier (26771)
Dr E. Firre (26134)
Dr F. Lequarré (26915)
Médecins hygiénistes
Mme L. Bequé (28562)
Mme C. Dispas (27520)
M. J. Labalue (26422)
Infirmier(e)s hygiénistes
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