Correction du sujet sur la famille et l`intégration

Transcription

Correction du sujet sur la famille et l`intégration
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 186
BIEN COMPRENDRE LES DOCUMENTS
Document 1
m Mots clés
– socialisation des enfants
– patrimoine culturel
– groupements initiatiques
– système de valeurs
– pratiques de la vie quotidienne
– culture
– famille
– école
m Que dit le document ?
La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale en
socialisant les enfants et en leur transmettant un patrimoine culturel. La
socialisation est le processus par lequel un individu acquiert les différents éléments de culture de son groupe social. La famille assure la
transmission du langage, base de toute culture et dont le bon maniement
constitue un formidable atout d’intégration sociale et de réussite scolaire
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 187
puisqu’il est l’intermédiaire essentiel permettant aux individus de nouer
et d’entretenir des contacts sociaux. Mais ces relations sociales ne seront
possibles que si l’individu a pu intégrer les règles sociales nécessaires à
tout échange, en particulier les multiples règles de la vie quotidienne :
règles pratiques, règles de politesse, règles culturelles de mise en relation entre les individus, etc. Celles-ci ont été d’abord et avant tout intégrées dès la petite enfance au travers de la socialisation familiale.
Cette socialisation permet aussi d’enseigner les éléments essentiels du
système de valeurs propre à toute culture, représentations abstraites que
toute société met en avant (respect d’autrui, liberté, égalité…) et qui guident les conduites individuelles. L’acquisition des valeurs permet aux
individus de partager une conscience commune et de se sentir voués à
des buts communs, ce qui constitue pour Durkheim deux atouts essentiels de l’intégration sociale. Adhérer à un tel système et le respecter protège aussi les individus des risques d’anomie, situation de dérèglement
social pouvant mettre en danger leur intégration sociale.
La famille n’est pas la seule instance de socialisation et d’intégration, et
son action est complétée par d’autres institutions (École, associations,
structures de classes d’âge…) mais elle détient les clefs de la socialisation de base et reste l’institution fondamentale d’une intégration réussie.
Document 2
m Mots clés
– socialisation primaire
– systèmes de valeurs
– familles recomposées
– familles monoparentales
– revenu minimum d’insertion
– mécanismes d’exclusion
– sociabilité familiale
m Que dit le document ?
Ce texte montre les changements en matière de socialisation primaire
liés à la désagrégation de l’institution familiale. En effet, les enfants sont
confrontés à d’autres modèles de valeurs et de normes sociales car ils
côtoient d’autres instances de socialisation. Ainsi le rôle de la famille se
réduit, quantitativement (le temps passé dans la famille est moins long
en regard du temps scolaire…), et qualitativement car l’enfant se socialise de plus en plus en dehors du contexte familial. Cette réduction du
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 188
rôle familial est souvent un atout permettant une socialisation plus diversifiée et une plus grande facilité d’intégration car l’enfant pourra sortir
d’un modèle culturel familial unique et parfois en décalage avec l’environnement social en perpétuelle évolution. Mais cette réduction du rôle
familial peut aussi être source de difficultés d’intégration pour les enfants
car la distance entre le système de valeurs et de normes familiales et
celui d’autres institutions sociales peut être importante et désorienter
leurs conduites et leurs représentations sociales. Certaines familles
aujourd’hui ont tendance à « baisser les bras », ne sachant comment faire
la synthèse entre une multitude de modèles sociaux fonctionnant parfois
de manière très contradictoire. Ces mêmes familles sont souvent accusées de ne plus assurer le minimum de socialisation permettant une
bonne intégration de leurs enfants (intégration scolaire, notamment).
Par ailleurs, la famille a connu de profondes transformations depuis le
début des années soixante-dix. La baisse du nombre de mariages et l’augmentation importante du nombre de divorces ont entraîné un accroissement sensible du nombre de personnes vivant seules, de familles
monoparentales, ainsi que de familles recomposées. Cette évolution a fragilisé l’institution car la sociabilité familiale s’en trouve souvent affaiblie
du fait d’un éclatement de la famille traditionnelle : il est, par exemple,
souvent difficile pour un jeune de trouver ses repères dans le cas d’un
divorce car il faut s’adapter à de nouvelles règles de la vie familiale. De
plus, la rupture conjugale appauvrit souvent chaque partie de la famille
séparée. Ainsi, on trouve une part non négligeable de population en situation de pauvreté (allocataires du RMI), voire d’exclusion dans ces nouvelles catégories résultant des transformations de l’institution familiale. Il
peut donc y avoir un cumul de difficultés socio-familiales qui accentuent
les mécanismes d’exclusion. L’intégration sociale devient, par exemple,
plus difficile lorsque le logement n’est pas définitif, les revenus plus limités et que la famille repose sur les épaules d’une seule personne (en
l’occurrence une mère seule comme c’est bien souvent le cas).
Document 3
m Mots clés
– catégorie socioprofessionnelle
– démarches administratives
– dons d’argent
– aide à la famille
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 189
m Que dit le document ?
Ce document issu des tableaux de l’économie française de l’INSEE en
2001-2002, met en relation deux types d’aides à la famille (démarches administratives et dons d’argent) avec l’appartenance socioprofessionnelle.
Les statistiques récentes montrent que les aides intrafamiliales restent
très importantes, malgré la crise que connaît l’institution depuis une trentaine d’années. Ces aides à la famille peuvent être financières (dons d’argent) ou en nature, c’est-à-dire sous la forme de services rendus. Ces
aides permettent bien souvent le maintien des relations familiales,
sources d’intégration pour des individus se trouvant en situation de fragilité sociale : perte d’emploi, difficultés financières, etc.
La famille est souvent le meilleur soutien permettant d’aider un ou plusieurs de ses membres dans ses démarches administratives. Cependant
cette aide est très variable selon la catégorie socioprofessionnelle des
parents : alors que 35 % des cadres et 30 % des professions intermédiaires aident les membres de leur famille, le pourcentage tombe à 16 %
pour les agriculteurs et 12 % pour les ouvriers non qualifiés. Les
démarches administratives permettant l’octroi d’aides aux personnes en
situation précaire, voire d’exclusion sociale, sont bien souvent indispensables. Toutefois on peut constater que ce sont les catégories les plus fragiles et à la limite de l’exclusion sociale qui peuvent ignorer l’existence
des institutions et organismes administratifs en mesure de leur venir en
aide. Si tel n’est pas le cas, les contraintes liées à la démarche elle-même
leur sont bien souvent insurmontables.
L’aide financière sous la forme de dons d’argent est une pratique familiale courante, notamment en direction des jeunes en situation de chômage et de précarité. Les dons d’argent sont inégalement pratiqués
selon la CSP des parents : alors que 29 % des cadres font des dons d’argent à leur famille, le pourcentage tombe à 18 % chez les ouvriers non
qualifiés. L’importance des aides financières en direction des jeunes dans
les milieux aisés constitue incontestablement une protection efficace
contre des risques d’exclusion sociale (déjà limités au départ). Cela est
d’autant plus vrai qu’une bonne partie de ces aides sert à financer les
études. Par contre, dans les milieux populaires, le pourcentage de jeunes
aidés est beaucoup plus faible alors qu’en général ils sont davantage
confrontés à des situations présentant des risques d’exclusion : faible
niveau d’études, précarité, chômage, etc. Ainsi, il existe une véritable
inégalité en matière de solidarité financière familiale qui ne fait souvent
que renforcer les inégalités entre jeunes de milieux sociaux différents et
met en danger l’intégration des personnes les plus démunies.
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 190
R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S D U T R AVA I L P R É PA R AT O I R E
m Question 1
Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte
et à exposer les éléments du cours.
La fonction de socialisation jouée par la famille désigne le processus
par lequel celle-ci permet à ses enfants d’acquérir les différents éléments
de culture nécessaires à la vie en société. La famille assure la socialisation de base des individus car la petite enfance est la période où elle est
la plus intense : l’enfant est vierge de toute culture et il en intériorise facilement les éléments.
m Question 2
Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte
et à exposer les éléments du cours.
La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale en
socialisant les enfants et en leur transmettant un patrimoine culturel. La
famille assure tout d’abord la transmission du langage, base de toute
culture et dont le bon maniement constitue un formidable atout d’intégration sociale et de réussite scolaire puisqu’il est l’intermédiaire essentiel permettant aux individus de nouer et d’entretenir des contacts
sociaux. Mais ces relations sociales ne seront possibles que si l’individu
a pu intégrer les règles sociales nécessaires à tout échange, en particulier, les multiples règles de la vie quotidienne : règles pratiques, règles de
politesse, règles culturelles de mise en relation entre les individus, etc.
Celles-ci ont été d’abord et avant tout intégrées dès la petite enfance au
travers de la socialisation familiale.
Cette socialisation permet aussi d’enseigner le système de valeurs
propre à toute culture. Adhérer et respecter un système de valeurs
sociales protège les individus des risques d’anomie, situation de dérèglement social pouvant mettre en danger leur intégration sociale.
m Question 3
Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte.
La désagrégation de l’institution familiale désigne d’abord le processus
par lequel la famille éprouve de plus en plus de difficultés à assurer son
rôle de socialisation et d’intégration sociale envers ses membres. En
effet, les enfants, au cours leur socialisation sont confrontés à d’autres
modèles de valeurs et de normes sociales car il côtoient d’autres instances de socialisation.
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 191
Il désigne ensuite le fait que la famille a connu de profondes transformations depuis le début des années soixante-dix. La baisse du nombre
de mariages et l’augmentation importante du nombre de divorces ont
entraîné un accroissement sensible du nombre de personnes vivant
seules, de familles monoparentales (un parent seul avec ses enfants),
ainsi que de familles recomposées (issues d’une séparation et d’un remariage ou concubinage). Cette évolution a fragilisé l’institution qui remplit
souvent plus difficilement son rôle de socialisation et d’intégration.
m Question 4
Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte.
Les transformations récentes de la famille ont fragilisé l’institution car
son éclatement affaiblit souvent la sociabilité familiale et l’appauvrit. Les
risques d’exclusion pour certains de ses membres ont augmenté. On
trouve une part non négligeable de population en situation de pauvreté
(allocataires du Revenu minimum d’insertion), voire d’exclusion, dans
ces nouvelles catégories résultant des transformations de l’institution
familiale (familles monoparentales, familles recomposées…). Il peut donc
y avoir un cumul de difficultés socio-familiales qui accentue les mécanismes d’exclusion. L’intégration sociale devient, par exemple, plus difficile lorsque le logement n’est pas définitif, les revenus plus limités, et
que la famille repose sur les épaules d’une seule personne (en l’occurrence une mère seule comme c’est bien souvent le cas).
m Questions 5
Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte.
Les enfants, dans leur socialisation sont confrontés à d’autres modèles
de valeurs et de normes sociales car ils côtoient d’autres instances de
socialisation comme l’école. Ainsi le rôle de la famille se réduit, quantitativement (le temps passé dans la famille est moins long en regard du
temps scolaire, par exemple…), et qualitativement car l’enfant se socialise de plus en plus en dehors de la famille. Cette réduction du rôle familial est souvent un atout permettant une socialisation plus diversifiée et
une plus grande facilité d’intégration car l’enfant pourra sortir d’un
modèle culturel familial unique et parfois en décalage avec l’environnement social en perpétuelle évolution. Mais cette réduction du rôle familial
peut aussi être source de difficultés d’intégration pour les enfants car la
distance entre le système de valeurs et de normes familiales et celui
d’autres institutions sociales peut être importante et désorienter leurs
conduites et leurs représentations sociales. Certaines familles aujour© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 192
d’hui ont tendance à « baisser les bras », ne sachant comme faire la synthèse entre une multitude de modèles sociaux fonctionnant parfois de
manière très contradictoire. Ces mêmes familles sont souvent accusées
de ne plus assurer le minimum de socialisation permettant une bonne
intégration de leurs enfants (intégration scolaire, notamment).
m Question 6
Cette question fait appel à la capacité du candidat à lire et interpréter un
document chiffré.
Les statistiques récentes montrent que les aides intrafamiliales restent
très importantes, malgré la crise que connaît l’institution depuis une trentaine d’années. Ces aides que les membres de la famille se fournissent
peuvent être financières (dons d’argent) ou en nature, c’est-à-dire sous la
forme de services rendus.
L’aide en matière de démarches administratives, souvent indispensable
en cas de fragilité sociale (chômage, précarité…) est très variable selon la
catégorie socioprofessionnelle (CSP) des parents : alors que 35 % des
cadres et 30 % des professions intermédiaires aident les membres de
leur famille, le pourcentage tombe à 16 % pour les agriculteurs et 12 %
pour les ouvriers non qualifiés.
L’aide financière sous la forme de dons d’argent est une pratique familiale courante, notamment en direction des jeunes. Les dons d’argent
sont également pratiqués selon la catégorie socioprofessionnelle des
parents : alors que 29 % des cadres font des dons d’argent à leur famille,
le pourcentage tombe à 18 % chez les ouvriers non qualifiés. L’importance des aides financières en direction des jeunes dans les milieux aisés
constitue incontestablement une protection efficace contre des risques
d’exclusion sociale (déjà limités au départ). Par contre, dans les milieux
populaires, le pourcentage de jeunes aidés est beaucoup plus faible alors
qu’en général ils sont davantage confrontés à des situations présentant
des risques d’exclusion : faible niveau d’études, précarité de l’emploi, chômage, etc. Ainsi, il existe une véritable inégalité en matière de soutien
familial qui bien souvent ne fait que renforcer les inégalités.
m Bilan du travail préparatoire
Les questions 1 et 2 permettront de montrer le rôle essentiel de la famille
en matière d’intégration sociale. Les questions 3, 4 et 5 alimenteront la
deuxième partie sur les difficultés rencontrées par la famille en matière
d’intégration du fait de ses transformations récentes. La question 6
abondera les deux parties en montrant l’importance du soutien familial,
mais aussi son caractère inégalitaire.
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 193
P L A N D É TA I L L É D E L A QU E ST I O N D E SY NT H È S E
p Introduction
– Accroche : l’augmentation du nombre de jeunes ayant quitté l’institution
scolaire avant l’âge de 16 ans et en rupture avec leur famille.
– Définition des termes du sujet : intégration sociale, famille.
– Annonce du plan.
p Première partie
La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale.
m 1. La famille assure la socialisation de base, source d’intégration
sociale.
a. La transmission du langage par la famille…
b. … et l’apprentissage de multiples pratiques quotidiennes sont essentiels à une bonne intégration sociale des enfants.
m 2. La transmission d’un capital culturel permet l’adhésion au système
de valeurs de la société.
a. Adhérer aux systèmes de valeurs sociales permet de partager une
conscience commune…
b. … et des objectifs communs.
p Deuxième partie
La famille rencontre des difficultés pour assurer cette intégration.
m 1. Les transformations de l’institution familiale peuvent fragiliser l’intégration sociale.
a. Le rôle de la famille peut être remis en cause par d’autres instances
d’intégration…
b. … alors que la famille éclatée et recomposée rend parfois plus difficile
l’intégration de ses membres.
m 2. Le soutien familial n’est pas toujours suffisant et il est inégal selon
les CSP.
a. Les aides pour les démarches administratives restent inégalitaires.
b. Il en est de même pour les aides financières.
p Conclusion
– Bilan de l’argumentation.
– Ouverture.
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 194
RÉDACTION DE LA QUESTION DE SYNTHÈSE
L’augmentation du nombre de jeunes ayant quitté l’école avant l’âge de
16 ans et en rupture avec leur famille montre bien les difficultés croissantes
que rencontre la famille pour assurer l’intégration sociale de ses membres.
Une famille désigne l’ensemble des personnes qui ont des liens de
parenté et d’alliance. L’intégration sociale est le processus par lequel l’individu est incorporé à la société. Il entretient des liens matériels ou symboliques avec les autres membres de la société ou du groupe social, dont il
partage les normes et les valeurs. Émile Durkheim considère qu’une
société est intégrée si elle répond à trois conditions : d’abord, les individus possèdent une conscience commune et partagent les mêmes sentiments, croyances et pratiques ; ensuite, ils sont en interaction les uns
avec les autres ; et enfin, il se sentent voués à des buts communs.
La famille est une institution qui a un rôle essentiel à jouer en matière
d’intégration sociale : non seulement elle assure la socialisation de base
des individus dès leur naissance, mais elle voit souvent ce rôle renforcé
du fait de la crise sociale (chômage, précarité) et de la crise des valeurs
que traverse notre société plus individualiste et moins intégrative, en
général. Par ailleurs, la famille a beaucoup changé depuis une trentaine
d’années et elle se trouve fragilisée, alors qu’on lui reproche souvent de
trop se reposer sur d’autres institutions (École, État, associations…) pour
socialiser ses membres.
Il s’agira donc de montrer dans un premier temps en quoi la famille
joue toujours un rôle intégrateur important, et dans un deuxième temps
qu’elle rencontre des difficultés pour intégrer ses membres alors qu’elle
connaît depuis une trentaine d’années de profonds bouleversements et
que la crise sociale rend plus difficile l’intégration des individus.
La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale, elle
assure la socialisation de base et la transmission d’un capital culturel qui
permet l’adhésion à un système de valeurs sociales.
La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale en
socialisant les enfants et en leur transmettant un patrimoine culturel. La
socialisation est le processus par lequel un individu acquiert la culture de
son groupe social. La famille assure tout d’abord la transmission du langage, base de toute culture et dont le bon maniement constitue un formidable atout d’intégration sociale puisqu’il est l’intermédiaire essentiel
permettant aux individus de nouer et d’entretenir des contacts sociaux.
Mais ces relations sociales ne seront possibles que si l’individu a pu
intégrer les règles sociales nécessaires à tout échange. Les multiples
règles de la vie quotidienne sont absolument nécessaires à une bonne
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 195
intégration sociale : règles pratiques, règles de politesse, règles culturelles de mise en relation entre les individus, etc.
Celles-ci ont été d’abord intégrées dès la petite enfance par la socialisation familiale. La famille va donc fournir un cadre permettant à l‘enfant
puis à l’adulte de s’identifier à la société dans laquelle il évolue et d’en
accepter les multiples normes et contraintes sociales.
La famille est donc essentielle à la transmission du langage et des
règles sociales indispensables à une bonne intégration sociale. De plus,
la transmission d’un capital culturel permet l’adhésion au système de
valeurs de la société.
Adhérer aux systèmes de valeurs sociales et familiales permet de partager une conscience commune et des buts communs.
La socialisation familiale permet d’enseigner les éléments essentiels
du système de valeurs propre à toute culture. Celles-ci sont des représentations abstraites que toute société met en avant (respect d’autrui, liberté,
égalité…) et qui guident les conduites individuelles. L’acquisition des
valeurs permet aux individus de partager une conscience commune et de
se sentir voués à des buts communs, ce qui constitue pour Émile Durkheim deux atouts essentiels de l’intégration sociale. Adhérer à un système de valeurs sociales protège, en outre, les individus des risques
d’anomie, situation de dérèglement social pouvant mettre en danger leur
intégration sociale. La famille reste un point de repère essentiel pour les
individus qui pourront s’y ressourcer en cas de difficultés et lorsque leur
intégration sociale paraît menacée.
La famille est donc une institution qui joue un rôle fondamental dans la
socialisation des individus, indispensable à leur intégration sociale.
Mais la famille s’est beaucoup transformée et la sociabilité familiale se
trouve souvent affaiblie, alors que l’intégration sociale est fragilisée par
la crise économique et sociale que nous connaissons depuis près de
trente ans.
La famille rencontre des difficultés pour assurer cette intégration car
les transformations de l’institution la fragilisent socialement, et le soutien
familial n’est pas toujours suffisant.
Le rôle de la famille peut-être remis en cause par d’autres instances
d’intégration. Au cours de leur socialisation, les enfants sont confrontés à
d’autres modèles de valeurs et de normes sociales car ils côtoient
d’autres instances de socialisation. Ainsi le rôle de la famille se réduit,
quantitativement (le temps passé dans la famille est moins long en
regard du temps scolaire, par exemple…), et qualitativement car l’enfant se
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 196
socialise de plus en plus en dehors du contexte familial. Cette réduction du
rôle familial peut parfois être source de difficultés d’intégration pour les
enfants car la distance entre le système de valeurs et de normes familiales
et celui d’autres institutions sociales peut être importante et désorienter
leurs conduites et leurs représentations sociales. Certaines familles aujourd’hui ont tendance à « baisser les bras », ne sachant comment faire la synthèse entre une multitude de modèles sociaux fonctionnant parfois de
manière très contradictoire. Ces mêmes familles sont souvent accusées de
ne plus assurer le minimum de socialisation permettant une bonne intégration de leurs enfants (intégration scolaire, notamment).
Par ailleurs, la famille a connu de profondes transformations depuis le
début des années 1970. La baisse du nombre de mariages et l’augmentation importante du nombre de divorces ont entraîné un accroissement
sensible du nombre de personnes vivant seules, de familles monoparentales, ainsi que de familles recomposées. Cette évolution a fragilisé
l’institution car la sociabilité familiale s’en trouve souvent affaiblie du fait
d’un éclatement de la famille traditionnelle : il est, par exemple, souvent
difficile pour un jeune de trouver ses repères dans le cas d’un divorce car
il faut s’adapter à de nouvelles règles sociales. De plus, on trouve une
part non négligeable de population en situation de pauvreté (allocataires
du RMI), voire d’exclusion, dans ces nouvelles catégories résultant des
transformations de l’institution familiale. Il peut donc y avoir un cumul de
difficultés socio-familiales qui accentuent les mécanismes d’exclusion.
L’intégration sociale devient, par exemple, plus difficile lorsque le logement n’est pas définitif, les revenus plus limités et que la famille repose
sur les épaules d’une seule personne (en l’occurrence une mère seule
comme c’est bien souvent le cas). Par ailleurs, le chômage et la précarité
de l’emploi rendent difficile l’intégration en dehors de la famille.
D’autres instances de socialisation et une désagrégation de l’institution
familiale ont donc rendu plus difficile l’intégration sociale. On peut alors
se demander si les mécanismes de soutien familial ne sont pas affaiblis.
Malgré un soutien familial important, celui-ci est inégal selon les CSP.
Les statistiques récentes montrent que les aides intrafamiliales restent
très importantes, malgré la crise que connaît l’institution depuis une trentaine d’années. Ces aides à la famille peuvent être financières (dons d’argent) ou en nature, c’est-à-dire sous la forme de services rendus.
L’aide en matière de démarches administratives, souvent indispensable
en cas de fragilité sociale (chômage, précarité…) est très variable selon la
catégorie socioprofessionnelle des parents : alors que 35 % des cadres et
30 % des professions intermédiaires aident les membres de leur famille,
le pourcentage tombe à 16 % pour les agriculteurs et 12 % pour les
© HATIER
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 197
ouvriers non qualifiés. Les démarches administratives permettant l’octroi
d’aides aux personnes en situation précaire, voire d’exclusion sociale
sont bien souvent indispensables. Toutefois on peut constater que ce
sont les catégories les plus fragiles et à la limite de l’exclusion sociale qui
peuvent ignorer l’existence des institutions et organismes administratifs
en mesure de leur venir en aide. Si tel n’est pas le cas, les contraintes
liées à la démarche elle-même leur sont bien souvent insurmontables.
L’aide financière sous la forme de dons d’argent est une pratique familiale courante, notamment en direction des jeunes. Les dons d’argent
sont inégalement pratiqués selon la CSP des parents : alors que 29 % des
cadres font des dons d’argent à leur famille, le pourcentage tombe à
18 % chez les ouvriers non qualifiés. L’importance des aides financières
en direction des jeunes dans les milieux aisés constitue incontestablement une protection efficace contre des risques d’exclusion sociale (déjà
limités au départ). Par contre, dans les milieux populaires, le pourcentage
de jeunes aidés est beaucoup plus faible alors qu’en général ils sont
davantage confrontés à des situations présentant des risques
d’exclusion : faible niveau d’études, précarité de l’emploi, chômage, etc.
Ainsi, il existe une véritable inégalité en matière de soutien familial qui
bien souvent ne fait que renforcer les inégalités.
La famille continue de jouer un rôle essentiel en matière d’intégration
sociale car elle assure la socialisation de base des enfants par la transmission du langage, l’apprentissage des pratiques sociales et l’adhésion
à un système de valeurs nécessaires à la cohésion sociale. Cependant, la
confrontation avec d’autres instances de socialisation peut parfois la fragiliser dans son rôle éducatif et intégrateur, alors qu’elle est traversée par
des bouleversements profonds qui contribuent à l’éclatement de la cellule familiale traditionnelle et rendent l’intégration sociale de ses
membres plus problématique.
© HATIER