Correction du sujet sur la famille et l`intégration
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Correction du sujet sur la famille et l`intégration
74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 186 BIEN COMPRENDRE LES DOCUMENTS Document 1 m Mots clés – socialisation des enfants – patrimoine culturel – groupements initiatiques – système de valeurs – pratiques de la vie quotidienne – culture – famille – école m Que dit le document ? La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale en socialisant les enfants et en leur transmettant un patrimoine culturel. La socialisation est le processus par lequel un individu acquiert les différents éléments de culture de son groupe social. La famille assure la transmission du langage, base de toute culture et dont le bon maniement constitue un formidable atout d’intégration sociale et de réussite scolaire © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 187 puisqu’il est l’intermédiaire essentiel permettant aux individus de nouer et d’entretenir des contacts sociaux. Mais ces relations sociales ne seront possibles que si l’individu a pu intégrer les règles sociales nécessaires à tout échange, en particulier les multiples règles de la vie quotidienne : règles pratiques, règles de politesse, règles culturelles de mise en relation entre les individus, etc. Celles-ci ont été d’abord et avant tout intégrées dès la petite enfance au travers de la socialisation familiale. Cette socialisation permet aussi d’enseigner les éléments essentiels du système de valeurs propre à toute culture, représentations abstraites que toute société met en avant (respect d’autrui, liberté, égalité…) et qui guident les conduites individuelles. L’acquisition des valeurs permet aux individus de partager une conscience commune et de se sentir voués à des buts communs, ce qui constitue pour Durkheim deux atouts essentiels de l’intégration sociale. Adhérer à un tel système et le respecter protège aussi les individus des risques d’anomie, situation de dérèglement social pouvant mettre en danger leur intégration sociale. La famille n’est pas la seule instance de socialisation et d’intégration, et son action est complétée par d’autres institutions (École, associations, structures de classes d’âge…) mais elle détient les clefs de la socialisation de base et reste l’institution fondamentale d’une intégration réussie. Document 2 m Mots clés – socialisation primaire – systèmes de valeurs – familles recomposées – familles monoparentales – revenu minimum d’insertion – mécanismes d’exclusion – sociabilité familiale m Que dit le document ? Ce texte montre les changements en matière de socialisation primaire liés à la désagrégation de l’institution familiale. En effet, les enfants sont confrontés à d’autres modèles de valeurs et de normes sociales car ils côtoient d’autres instances de socialisation. Ainsi le rôle de la famille se réduit, quantitativement (le temps passé dans la famille est moins long en regard du temps scolaire…), et qualitativement car l’enfant se socialise de plus en plus en dehors du contexte familial. Cette réduction du © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 188 rôle familial est souvent un atout permettant une socialisation plus diversifiée et une plus grande facilité d’intégration car l’enfant pourra sortir d’un modèle culturel familial unique et parfois en décalage avec l’environnement social en perpétuelle évolution. Mais cette réduction du rôle familial peut aussi être source de difficultés d’intégration pour les enfants car la distance entre le système de valeurs et de normes familiales et celui d’autres institutions sociales peut être importante et désorienter leurs conduites et leurs représentations sociales. Certaines familles aujourd’hui ont tendance à « baisser les bras », ne sachant comment faire la synthèse entre une multitude de modèles sociaux fonctionnant parfois de manière très contradictoire. Ces mêmes familles sont souvent accusées de ne plus assurer le minimum de socialisation permettant une bonne intégration de leurs enfants (intégration scolaire, notamment). Par ailleurs, la famille a connu de profondes transformations depuis le début des années soixante-dix. La baisse du nombre de mariages et l’augmentation importante du nombre de divorces ont entraîné un accroissement sensible du nombre de personnes vivant seules, de familles monoparentales, ainsi que de familles recomposées. Cette évolution a fragilisé l’institution car la sociabilité familiale s’en trouve souvent affaiblie du fait d’un éclatement de la famille traditionnelle : il est, par exemple, souvent difficile pour un jeune de trouver ses repères dans le cas d’un divorce car il faut s’adapter à de nouvelles règles de la vie familiale. De plus, la rupture conjugale appauvrit souvent chaque partie de la famille séparée. Ainsi, on trouve une part non négligeable de population en situation de pauvreté (allocataires du RMI), voire d’exclusion dans ces nouvelles catégories résultant des transformations de l’institution familiale. Il peut donc y avoir un cumul de difficultés socio-familiales qui accentuent les mécanismes d’exclusion. L’intégration sociale devient, par exemple, plus difficile lorsque le logement n’est pas définitif, les revenus plus limités et que la famille repose sur les épaules d’une seule personne (en l’occurrence une mère seule comme c’est bien souvent le cas). Document 3 m Mots clés – catégorie socioprofessionnelle – démarches administratives – dons d’argent – aide à la famille © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 189 m Que dit le document ? Ce document issu des tableaux de l’économie française de l’INSEE en 2001-2002, met en relation deux types d’aides à la famille (démarches administratives et dons d’argent) avec l’appartenance socioprofessionnelle. Les statistiques récentes montrent que les aides intrafamiliales restent très importantes, malgré la crise que connaît l’institution depuis une trentaine d’années. Ces aides à la famille peuvent être financières (dons d’argent) ou en nature, c’est-à-dire sous la forme de services rendus. Ces aides permettent bien souvent le maintien des relations familiales, sources d’intégration pour des individus se trouvant en situation de fragilité sociale : perte d’emploi, difficultés financières, etc. La famille est souvent le meilleur soutien permettant d’aider un ou plusieurs de ses membres dans ses démarches administratives. Cependant cette aide est très variable selon la catégorie socioprofessionnelle des parents : alors que 35 % des cadres et 30 % des professions intermédiaires aident les membres de leur famille, le pourcentage tombe à 16 % pour les agriculteurs et 12 % pour les ouvriers non qualifiés. Les démarches administratives permettant l’octroi d’aides aux personnes en situation précaire, voire d’exclusion sociale, sont bien souvent indispensables. Toutefois on peut constater que ce sont les catégories les plus fragiles et à la limite de l’exclusion sociale qui peuvent ignorer l’existence des institutions et organismes administratifs en mesure de leur venir en aide. Si tel n’est pas le cas, les contraintes liées à la démarche elle-même leur sont bien souvent insurmontables. L’aide financière sous la forme de dons d’argent est une pratique familiale courante, notamment en direction des jeunes en situation de chômage et de précarité. Les dons d’argent sont inégalement pratiqués selon la CSP des parents : alors que 29 % des cadres font des dons d’argent à leur famille, le pourcentage tombe à 18 % chez les ouvriers non qualifiés. L’importance des aides financières en direction des jeunes dans les milieux aisés constitue incontestablement une protection efficace contre des risques d’exclusion sociale (déjà limités au départ). Cela est d’autant plus vrai qu’une bonne partie de ces aides sert à financer les études. Par contre, dans les milieux populaires, le pourcentage de jeunes aidés est beaucoup plus faible alors qu’en général ils sont davantage confrontés à des situations présentant des risques d’exclusion : faible niveau d’études, précarité, chômage, etc. Ainsi, il existe une véritable inégalité en matière de solidarité financière familiale qui ne fait souvent que renforcer les inégalités entre jeunes de milieux sociaux différents et met en danger l’intégration des personnes les plus démunies. © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 190 R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S D U T R AVA I L P R É PA R AT O I R E m Question 1 Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte et à exposer les éléments du cours. La fonction de socialisation jouée par la famille désigne le processus par lequel celle-ci permet à ses enfants d’acquérir les différents éléments de culture nécessaires à la vie en société. La famille assure la socialisation de base des individus car la petite enfance est la période où elle est la plus intense : l’enfant est vierge de toute culture et il en intériorise facilement les éléments. m Question 2 Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte et à exposer les éléments du cours. La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale en socialisant les enfants et en leur transmettant un patrimoine culturel. La famille assure tout d’abord la transmission du langage, base de toute culture et dont le bon maniement constitue un formidable atout d’intégration sociale et de réussite scolaire puisqu’il est l’intermédiaire essentiel permettant aux individus de nouer et d’entretenir des contacts sociaux. Mais ces relations sociales ne seront possibles que si l’individu a pu intégrer les règles sociales nécessaires à tout échange, en particulier, les multiples règles de la vie quotidienne : règles pratiques, règles de politesse, règles culturelles de mise en relation entre les individus, etc. Celles-ci ont été d’abord et avant tout intégrées dès la petite enfance au travers de la socialisation familiale. Cette socialisation permet aussi d’enseigner le système de valeurs propre à toute culture. Adhérer et respecter un système de valeurs sociales protège les individus des risques d’anomie, situation de dérèglement social pouvant mettre en danger leur intégration sociale. m Question 3 Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte. La désagrégation de l’institution familiale désigne d’abord le processus par lequel la famille éprouve de plus en plus de difficultés à assurer son rôle de socialisation et d’intégration sociale envers ses membres. En effet, les enfants, au cours leur socialisation sont confrontés à d’autres modèles de valeurs et de normes sociales car il côtoient d’autres instances de socialisation. © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 191 Il désigne ensuite le fait que la famille a connu de profondes transformations depuis le début des années soixante-dix. La baisse du nombre de mariages et l’augmentation importante du nombre de divorces ont entraîné un accroissement sensible du nombre de personnes vivant seules, de familles monoparentales (un parent seul avec ses enfants), ainsi que de familles recomposées (issues d’une séparation et d’un remariage ou concubinage). Cette évolution a fragilisé l’institution qui remplit souvent plus difficilement son rôle de socialisation et d’intégration. m Question 4 Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte. Les transformations récentes de la famille ont fragilisé l’institution car son éclatement affaiblit souvent la sociabilité familiale et l’appauvrit. Les risques d’exclusion pour certains de ses membres ont augmenté. On trouve une part non négligeable de population en situation de pauvreté (allocataires du Revenu minimum d’insertion), voire d’exclusion, dans ces nouvelles catégories résultant des transformations de l’institution familiale (familles monoparentales, familles recomposées…). Il peut donc y avoir un cumul de difficultés socio-familiales qui accentue les mécanismes d’exclusion. L’intégration sociale devient, par exemple, plus difficile lorsque le logement n’est pas définitif, les revenus plus limités, et que la famille repose sur les épaules d’une seule personne (en l’occurrence une mère seule comme c’est bien souvent le cas). m Questions 5 Cette question fait appel à la capacité du candidat à interpréter un texte. Les enfants, dans leur socialisation sont confrontés à d’autres modèles de valeurs et de normes sociales car ils côtoient d’autres instances de socialisation comme l’école. Ainsi le rôle de la famille se réduit, quantitativement (le temps passé dans la famille est moins long en regard du temps scolaire, par exemple…), et qualitativement car l’enfant se socialise de plus en plus en dehors de la famille. Cette réduction du rôle familial est souvent un atout permettant une socialisation plus diversifiée et une plus grande facilité d’intégration car l’enfant pourra sortir d’un modèle culturel familial unique et parfois en décalage avec l’environnement social en perpétuelle évolution. Mais cette réduction du rôle familial peut aussi être source de difficultés d’intégration pour les enfants car la distance entre le système de valeurs et de normes familiales et celui d’autres institutions sociales peut être importante et désorienter leurs conduites et leurs représentations sociales. Certaines familles aujour© HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 192 d’hui ont tendance à « baisser les bras », ne sachant comme faire la synthèse entre une multitude de modèles sociaux fonctionnant parfois de manière très contradictoire. Ces mêmes familles sont souvent accusées de ne plus assurer le minimum de socialisation permettant une bonne intégration de leurs enfants (intégration scolaire, notamment). m Question 6 Cette question fait appel à la capacité du candidat à lire et interpréter un document chiffré. Les statistiques récentes montrent que les aides intrafamiliales restent très importantes, malgré la crise que connaît l’institution depuis une trentaine d’années. Ces aides que les membres de la famille se fournissent peuvent être financières (dons d’argent) ou en nature, c’est-à-dire sous la forme de services rendus. L’aide en matière de démarches administratives, souvent indispensable en cas de fragilité sociale (chômage, précarité…) est très variable selon la catégorie socioprofessionnelle (CSP) des parents : alors que 35 % des cadres et 30 % des professions intermédiaires aident les membres de leur famille, le pourcentage tombe à 16 % pour les agriculteurs et 12 % pour les ouvriers non qualifiés. L’aide financière sous la forme de dons d’argent est une pratique familiale courante, notamment en direction des jeunes. Les dons d’argent sont également pratiqués selon la catégorie socioprofessionnelle des parents : alors que 29 % des cadres font des dons d’argent à leur famille, le pourcentage tombe à 18 % chez les ouvriers non qualifiés. L’importance des aides financières en direction des jeunes dans les milieux aisés constitue incontestablement une protection efficace contre des risques d’exclusion sociale (déjà limités au départ). Par contre, dans les milieux populaires, le pourcentage de jeunes aidés est beaucoup plus faible alors qu’en général ils sont davantage confrontés à des situations présentant des risques d’exclusion : faible niveau d’études, précarité de l’emploi, chômage, etc. Ainsi, il existe une véritable inégalité en matière de soutien familial qui bien souvent ne fait que renforcer les inégalités. m Bilan du travail préparatoire Les questions 1 et 2 permettront de montrer le rôle essentiel de la famille en matière d’intégration sociale. Les questions 3, 4 et 5 alimenteront la deuxième partie sur les difficultés rencontrées par la famille en matière d’intégration du fait de ses transformations récentes. La question 6 abondera les deux parties en montrant l’importance du soutien familial, mais aussi son caractère inégalitaire. © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 193 P L A N D É TA I L L É D E L A QU E ST I O N D E SY NT H È S E p Introduction – Accroche : l’augmentation du nombre de jeunes ayant quitté l’institution scolaire avant l’âge de 16 ans et en rupture avec leur famille. – Définition des termes du sujet : intégration sociale, famille. – Annonce du plan. p Première partie La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale. m 1. La famille assure la socialisation de base, source d’intégration sociale. a. La transmission du langage par la famille… b. … et l’apprentissage de multiples pratiques quotidiennes sont essentiels à une bonne intégration sociale des enfants. m 2. La transmission d’un capital culturel permet l’adhésion au système de valeurs de la société. a. Adhérer aux systèmes de valeurs sociales permet de partager une conscience commune… b. … et des objectifs communs. p Deuxième partie La famille rencontre des difficultés pour assurer cette intégration. m 1. Les transformations de l’institution familiale peuvent fragiliser l’intégration sociale. a. Le rôle de la famille peut être remis en cause par d’autres instances d’intégration… b. … alors que la famille éclatée et recomposée rend parfois plus difficile l’intégration de ses membres. m 2. Le soutien familial n’est pas toujours suffisant et il est inégal selon les CSP. a. Les aides pour les démarches administratives restent inégalitaires. b. Il en est de même pour les aides financières. p Conclusion – Bilan de l’argumentation. – Ouverture. © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 194 RÉDACTION DE LA QUESTION DE SYNTHÈSE L’augmentation du nombre de jeunes ayant quitté l’école avant l’âge de 16 ans et en rupture avec leur famille montre bien les difficultés croissantes que rencontre la famille pour assurer l’intégration sociale de ses membres. Une famille désigne l’ensemble des personnes qui ont des liens de parenté et d’alliance. L’intégration sociale est le processus par lequel l’individu est incorporé à la société. Il entretient des liens matériels ou symboliques avec les autres membres de la société ou du groupe social, dont il partage les normes et les valeurs. Émile Durkheim considère qu’une société est intégrée si elle répond à trois conditions : d’abord, les individus possèdent une conscience commune et partagent les mêmes sentiments, croyances et pratiques ; ensuite, ils sont en interaction les uns avec les autres ; et enfin, il se sentent voués à des buts communs. La famille est une institution qui a un rôle essentiel à jouer en matière d’intégration sociale : non seulement elle assure la socialisation de base des individus dès leur naissance, mais elle voit souvent ce rôle renforcé du fait de la crise sociale (chômage, précarité) et de la crise des valeurs que traverse notre société plus individualiste et moins intégrative, en général. Par ailleurs, la famille a beaucoup changé depuis une trentaine d’années et elle se trouve fragilisée, alors qu’on lui reproche souvent de trop se reposer sur d’autres institutions (École, État, associations…) pour socialiser ses membres. Il s’agira donc de montrer dans un premier temps en quoi la famille joue toujours un rôle intégrateur important, et dans un deuxième temps qu’elle rencontre des difficultés pour intégrer ses membres alors qu’elle connaît depuis une trentaine d’années de profonds bouleversements et que la crise sociale rend plus difficile l’intégration des individus. La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale, elle assure la socialisation de base et la transmission d’un capital culturel qui permet l’adhésion à un système de valeurs sociales. La famille joue un rôle essentiel en matière d’intégration sociale en socialisant les enfants et en leur transmettant un patrimoine culturel. La socialisation est le processus par lequel un individu acquiert la culture de son groupe social. La famille assure tout d’abord la transmission du langage, base de toute culture et dont le bon maniement constitue un formidable atout d’intégration sociale puisqu’il est l’intermédiaire essentiel permettant aux individus de nouer et d’entretenir des contacts sociaux. Mais ces relations sociales ne seront possibles que si l’individu a pu intégrer les règles sociales nécessaires à tout échange. Les multiples règles de la vie quotidienne sont absolument nécessaires à une bonne © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 195 intégration sociale : règles pratiques, règles de politesse, règles culturelles de mise en relation entre les individus, etc. Celles-ci ont été d’abord intégrées dès la petite enfance par la socialisation familiale. La famille va donc fournir un cadre permettant à l‘enfant puis à l’adulte de s’identifier à la société dans laquelle il évolue et d’en accepter les multiples normes et contraintes sociales. La famille est donc essentielle à la transmission du langage et des règles sociales indispensables à une bonne intégration sociale. De plus, la transmission d’un capital culturel permet l’adhésion au système de valeurs de la société. Adhérer aux systèmes de valeurs sociales et familiales permet de partager une conscience commune et des buts communs. La socialisation familiale permet d’enseigner les éléments essentiels du système de valeurs propre à toute culture. Celles-ci sont des représentations abstraites que toute société met en avant (respect d’autrui, liberté, égalité…) et qui guident les conduites individuelles. L’acquisition des valeurs permet aux individus de partager une conscience commune et de se sentir voués à des buts communs, ce qui constitue pour Émile Durkheim deux atouts essentiels de l’intégration sociale. Adhérer à un système de valeurs sociales protège, en outre, les individus des risques d’anomie, situation de dérèglement social pouvant mettre en danger leur intégration sociale. La famille reste un point de repère essentiel pour les individus qui pourront s’y ressourcer en cas de difficultés et lorsque leur intégration sociale paraît menacée. La famille est donc une institution qui joue un rôle fondamental dans la socialisation des individus, indispensable à leur intégration sociale. Mais la famille s’est beaucoup transformée et la sociabilité familiale se trouve souvent affaiblie, alors que l’intégration sociale est fragilisée par la crise économique et sociale que nous connaissons depuis près de trente ans. La famille rencontre des difficultés pour assurer cette intégration car les transformations de l’institution la fragilisent socialement, et le soutien familial n’est pas toujours suffisant. Le rôle de la famille peut-être remis en cause par d’autres instances d’intégration. Au cours de leur socialisation, les enfants sont confrontés à d’autres modèles de valeurs et de normes sociales car ils côtoient d’autres instances de socialisation. Ainsi le rôle de la famille se réduit, quantitativement (le temps passé dans la famille est moins long en regard du temps scolaire, par exemple…), et qualitativement car l’enfant se © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 196 socialise de plus en plus en dehors du contexte familial. Cette réduction du rôle familial peut parfois être source de difficultés d’intégration pour les enfants car la distance entre le système de valeurs et de normes familiales et celui d’autres institutions sociales peut être importante et désorienter leurs conduites et leurs représentations sociales. Certaines familles aujourd’hui ont tendance à « baisser les bras », ne sachant comment faire la synthèse entre une multitude de modèles sociaux fonctionnant parfois de manière très contradictoire. Ces mêmes familles sont souvent accusées de ne plus assurer le minimum de socialisation permettant une bonne intégration de leurs enfants (intégration scolaire, notamment). Par ailleurs, la famille a connu de profondes transformations depuis le début des années 1970. La baisse du nombre de mariages et l’augmentation importante du nombre de divorces ont entraîné un accroissement sensible du nombre de personnes vivant seules, de familles monoparentales, ainsi que de familles recomposées. Cette évolution a fragilisé l’institution car la sociabilité familiale s’en trouve souvent affaiblie du fait d’un éclatement de la famille traditionnelle : il est, par exemple, souvent difficile pour un jeune de trouver ses repères dans le cas d’un divorce car il faut s’adapter à de nouvelles règles sociales. De plus, on trouve une part non négligeable de population en situation de pauvreté (allocataires du RMI), voire d’exclusion, dans ces nouvelles catégories résultant des transformations de l’institution familiale. Il peut donc y avoir un cumul de difficultés socio-familiales qui accentuent les mécanismes d’exclusion. L’intégration sociale devient, par exemple, plus difficile lorsque le logement n’est pas définitif, les revenus plus limités et que la famille repose sur les épaules d’une seule personne (en l’occurrence une mère seule comme c’est bien souvent le cas). Par ailleurs, le chômage et la précarité de l’emploi rendent difficile l’intégration en dehors de la famille. D’autres instances de socialisation et une désagrégation de l’institution familiale ont donc rendu plus difficile l’intégration sociale. On peut alors se demander si les mécanismes de soutien familial ne sont pas affaiblis. Malgré un soutien familial important, celui-ci est inégal selon les CSP. Les statistiques récentes montrent que les aides intrafamiliales restent très importantes, malgré la crise que connaît l’institution depuis une trentaine d’années. Ces aides à la famille peuvent être financières (dons d’argent) ou en nature, c’est-à-dire sous la forme de services rendus. L’aide en matière de démarches administratives, souvent indispensable en cas de fragilité sociale (chômage, précarité…) est très variable selon la catégorie socioprofessionnelle des parents : alors que 35 % des cadres et 30 % des professions intermédiaires aident les membres de leur famille, le pourcentage tombe à 16 % pour les agriculteurs et 12 % pour les © HATIER 74449X-P02-087-197.qxd 27/08/03 20:12 Page 197 ouvriers non qualifiés. Les démarches administratives permettant l’octroi d’aides aux personnes en situation précaire, voire d’exclusion sociale sont bien souvent indispensables. Toutefois on peut constater que ce sont les catégories les plus fragiles et à la limite de l’exclusion sociale qui peuvent ignorer l’existence des institutions et organismes administratifs en mesure de leur venir en aide. Si tel n’est pas le cas, les contraintes liées à la démarche elle-même leur sont bien souvent insurmontables. L’aide financière sous la forme de dons d’argent est une pratique familiale courante, notamment en direction des jeunes. Les dons d’argent sont inégalement pratiqués selon la CSP des parents : alors que 29 % des cadres font des dons d’argent à leur famille, le pourcentage tombe à 18 % chez les ouvriers non qualifiés. L’importance des aides financières en direction des jeunes dans les milieux aisés constitue incontestablement une protection efficace contre des risques d’exclusion sociale (déjà limités au départ). Par contre, dans les milieux populaires, le pourcentage de jeunes aidés est beaucoup plus faible alors qu’en général ils sont davantage confrontés à des situations présentant des risques d’exclusion : faible niveau d’études, précarité de l’emploi, chômage, etc. Ainsi, il existe une véritable inégalité en matière de soutien familial qui bien souvent ne fait que renforcer les inégalités. La famille continue de jouer un rôle essentiel en matière d’intégration sociale car elle assure la socialisation de base des enfants par la transmission du langage, l’apprentissage des pratiques sociales et l’adhésion à un système de valeurs nécessaires à la cohésion sociale. Cependant, la confrontation avec d’autres instances de socialisation peut parfois la fragiliser dans son rôle éducatif et intégrateur, alors qu’elle est traversée par des bouleversements profonds qui contribuent à l’éclatement de la cellule familiale traditionnelle et rendent l’intégration sociale de ses membres plus problématique. © HATIER