Sting a fait renaître le Bataclan

Transcription

Sting a fait renaître le Bataclan
2
DIMANCHE 13 NOVEMBRE 2016
1ER ANNIVERSAIRE DES ATTENTATS DE PARIS
e 13 novembre 2015, il
y a un an jour pour jour,
la France connaissait
l’un des jours les plus
sombres de son Histoire. À
l’heure des commémorations,
Sting a eu la lourde tâche de
faire revivre la salle de concert,
le Bataclan, où 90 personnes
avaient trouvé la mort. Entre
émotions et plaisir, son pari est
plus que réussi.
Sting a fait
renaître
le Bataclan
L
« Ce soir nous avons deux tâches
à concilier: d’abord se souvenir
de ceux qui ont perdu la vie
dans l’attaque, ensuite célébrer
la vie, la musique dans ce lieu
historique », a déclaré en français le chanteur britannique
avant de demander au public
une minute de silence en
hommage aux victimes, puis
d’entamer le morceau « Fragile ».
Le chanteur britannique était
arrivé en début de soirée au
Bataclan pour préparer ce set
d’une heure à guichet fermé,
dont les recettes seront reversées à deux associations de
soutien aux victimes et aux
proches des victimes des attentats.
« Cette salle, elle vivra ce soir,
c’est dans notre esprit de sortir
et de ne pas se laisser intimider », a confié une spectatrice,
Marie-Jo Martin 50 ans, venue
avec une amie. Pour Georges
Salines, le président d’une association de victimes qui a perdu sa fille, Lola, la réouverture
du Bataclan, « c’est presque une
reconquête d’un espace par la
musique, par la fête, contre les
forces de mort ».
Les places pour ce concert de
réouverture avaient connu un
succès fou. Mises en vente le 8
Sting a entamé
son concert en
respectant une
minute de
silence pour
les victimes
novembre, elles sont toutes
parties en moins d’une heure.
De nombreux sièges étaient
toutefois réservés aux officiels
et aux familles de personnes
décédées au Bataclan le 13 novembre 2015 en plein concert
du groupe de rock américain
Eagles of Death.
En plus de ces 1.497 spectateurs, de nombreuses personnes se sont rassemblées devant l’entrée du Bataclan tantôt par curiosité, tantôt pour
rendre hommage.
Face à l’importance de l’événement et au grand nombre de
personnes attendues sur le
site, un important dispositif de
sécurité a été mis en place par
la police avec passage des démineurs, préfiltrage et filtrage.
RÉNOVATION À L’IDENTIQUE
La sécurité du bâtiment a également été réétudiée lors de sa
rénovation. Un nouveau système d’ouverture des portes a
été installé et des caméras ont
été placées tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur de la salle.
Fermé depuis les attentats, le
Les 1.497 spectateurs ont chanté, dansé et pleuré
Bataclan a été rénové en 8
mois. « On a décidé de tout
changer pour ne rien changer,
du toit au plancher, des peintures au carrelage, tout a été refait à l’identique. On voulait
être certain qu’il ne resterait
rien de cette soirée. Le budget de
la rénovation est important,
plusieurs millions d’euros », affirme Jérôme Langlet, le président du Bataclan.
À REVOIR CE DIMANCHE
Une idée qui a plu à de nombreux artistes. Avant même sa
réouverture, le Bataclan faisait
déjà le plein pour les prochains mois. Pete Doherty, Marianne Faithfull, Youssou
N’Dour, Yael Naim, Zazie,
Saez, Cali ou encore Vianney
se partageront la scène jusqu’à
la mi-avril.
Le concert, filmé, sera rediffusé dans la nuit de dimanche
par plusieurs chaînes de télévision, dont TV5 Monde sur tous
les continents. ALISON VLT. ET L. P.
Un important dispositif policier pour cette réouverture. © AFP
Commémorations officielles
Des bougies
aux fenêtres
des Belges
Une grande sobriété à la demande des victimes
© D.R.
Ce dimanche, des cérémonies
officielles se tiendront en présence de la maire de Paris Anne
Hidalgo et du président François
Hollande. De 9h à 12h, ils se
rendront sur chaque site touché
par les attaques du 13 novembre.
Aux 6 arrêts prévus, aucun discours. Seuls les noms des victimes
seront récités et une plaque commémorative sera dévoilée.
« Conformément au souhait des
associations de victimes et en lien
avec l’ensemble des acteurs concernés, ces cérémonies seront marquées par une grande sobriété », a
expliqué la maire de Paris.
À 12 h 30, un rassemblement
public non officiel est prévu
devant la mairie du XIème arrondissement, à l’issue duquel devraient
être lâchés des ballons pour représenter symboliquement l’ensemble des victimes.
Dans l’après-midi, un groupe de
travail se réunira autour de Juliette Méadel, la secrétaire d’État
chargée de l’Aide aux victimes,
pour réfléchir à la réalisation
d’un monument mémoriel
unique en hommage aux victimes du 13 novembre.
Enfin, vers 17h, des lanternes
seront déposées sur le canal SaintMartin. Il est situé non loin des
terrasses des bars et restaurant Le
Carillon, Le Petit Cambodge, La
Bonne Bière et La Casa Nostra où
20 personnes ont été abattues le
soir du 13 novembre. Les bougies
seront ensuite récupérées par un
artiste qui les assemblera pour
réaliser une œuvre d’art.
Côté sécurité, des zones du Xème et
XIème arrondissements de Paris
seront fermées à la circulation et
seront interdites au stationnement. Les autorités recommandent d’avoir une pièce
d’identité sur soi et d’éviter de
porter des objets volumineux
dans toute la capitale. A.VLT.
Une association de victimes des attentats du 13
novembre
appelle
à
mettre des bougies aux fenêtres ce dimanche à la
mémoire des 130 victimes.
Le hashtag #1fenêtre1bougie a été lancé sur les réseaux sociaux pour annoncer cette initiative. Plus de
45.300 Belges ont montré
leur soutien en publiant
des photographies de leurs
bougies déjà déposées à
leurs fenêtres. -
Les policiers fouillaient chaque spectateur. © AFP
Selon Sven Mary
Attentats de Paris et de Bruxelles
Oussama Atar nie être le cerveau
Abdeslam s’est
radicalisé en prison
Salah Abdeslam, seul survivant
des commandos des attentats du
13 novembre à Paris, s’est radicalisé en prison. C’est ce qu’a affirmé haut et fort ce samedi son
ancien avocat, Sven Mary. Ce
dernier avait renoncé à défendre
son client en début octobre. Il
était alors convaincu que le suspect-clé des attentats de Paris ne
collaborerait plus jamais avec la
police et resterait muré pour
toujours dans son silence. En effet, Salah Abdeslam évoque à
chacun de ses interrogatoires
son droit au silence.
« Il porte une barbe, il est devenu
un vrai fondamentaliste alors
qu’il n’était qu’un jeune des rues
totalement, sans pour autant
mentionner les attaques du13
novembre à Paris, dans une
lettre non datée et adressée à sa
mère qui réside en Belgique.
avec des baskets Nike », a poursuivi Sven Mary. Pour l’avocat,
les conditions de détention de
Salah Abdeslam expliquent sa
radicalisation et son silence face
aux questions de la justice, ce
depuis sa remis le 27 avril à la
justice française.
Oussama Atar © D.R.
© D.R.
UNE TORTURE PSYCHOLOGIQUE
Dans sa cellule de Fleury-Mérogis, en banlieue parisienne, il est
détenu à l’isolement et sous vidéosurveillance 24h/24. Seven
Mary a qualifié à nouveau les
conditions de détention du présumé terroriste de « torture psychologique ».« On ne l’a pas torturé physiquement », a-t-il ajouté.
Des propos validés à plusieurs
reprises par le frère de Salah Abdeslam, Mohamed. À la mi-octobre, il lui avait demandé de
s’exprimer, ajoutant alors : « j’ai
suspendre ce dispositif totalement inédit en France, mais le
Conseil d’État français avait estimé que « le caractère exceptionnel des faits terroristes » pour lesquels il est poursuivi impliquait
parfois même l’impression qu’il
est quelque part encore plus radi- « que toutes les précautions soient
calisé que déradicalisé ».
prises à son égard ». A. VLT.
Abdeslam avait tenté de faire
Dans une lettre à sa mère, le
Belgo-Marocain Oussama Atar
nie être le cerveau des attentats
du 22 mars à Bruxelles. Le terroriste en fuite est l’un des djihadistes les plus recherchés et
n’avait plus donné de signe de
vie depuis deux ans.
À 32 ans et sous le surnom
« Abou Ahmad », il est soupçonné d’être l’un des commanditaires depuis la Syrie des attentats de Bruxelles et de Paris.
Une version que l’intéressé nie
« Non, je ne suis pas le mentor ou
le cerveau qui a mis en place les
attaques de Bruxelles et je n’étais
pas au courant de ce que Brahim
et Khalid projetaient (qu’Allah
leur fasse miséricorde) », écrit
Oussama Atar.
Connu des services de police, il
avait été arrêté fin 2004 en Irak
et condamné à dix ans de prison pour avoir franchi illégalement la frontière irako-syrienne. Après sa libération en
2012, il était retourné en Belgique avant de rejoindre à nouveau la Syrie pour y faire allégeance à l’organisation terroriste État islamique. A.VLT.
2