Le mont Joigny

Transcription

Le mont Joigny
Signification toponymique de quelques lieux
de nos randonnées
MG février 2014
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Informations préliminaires
Sources bibliographiques
Aigaux (Les)
Bauges
Barioz(col de)
Belledonne
Béranger(Roche-)
Bresson
Chamechaude
Champagnier
Chamrousse
Charmant (Som) et Charmette (col de la)
Chartreuse
Chateau Nardent
Coche (Pas de la )
Connest
Coq (col du)
Crolles
Diat(la)
Drac
Emeindras (col de l')
Engins
Faita(col de la )
Freydière
Gresse
Gua(le)
Hurtières (Vallon d')
Isère
Jarrie
Joigny (Mont)
Laffrey
Loup(dent du)
Manival (torrent du)
Mercuze(St Vincent de)
Moirans(La Dent de)
Molière (crête ou plateau de la)
Montchaboud
Montchaffrey
Monteynard
Montfort (Marais de)
Montfromage
Morette
Moucherotte, Moucherolle(grande et petite)
Ours (pas de l'), Oursière (Combe)
Peuil(le)
Placette( col de la)
Platary (Crête de)
Poliénas
Poulet (Crêt du)
Prapoutel
Pravouta (habert de )
Prélenfrey
Quaix en Chartreuse
Rachais (Mont)
Ramée (La)
Ratz(St Julien de)
Revel
Romanche
Roubet(chalet de Pierre)
Ruchère (Col de la)
Sans Venin (tour)
Sec (Mont)
Senepy
Serpaton (pas du)
Som (Grand, Petit, Charmant)
Sornin
Soucy (St Pierre de)
Sure
Taillefer
Uriage, Uriol
Vatilieu
Vence(col de)
Venon
Vercors
Vert(col)
Vif
Villaroux
Vizille
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Informations preliminaires
S'intéresser à l'étymologie des appellations de villages, lieux-dits,etc au cours d'une excursion,
d'une randonnée, d'un parcours en voiture, même des plus banals, ou bien assis devant une
carte Michelin ou IGN, est déjà en soi un voyage.....dans le temps et dans l'histoire des
hommes. Comme M. Jourdain qui ignorait qu'il vivait dans un univers de prose, nous avons
devant les yeux en permanence une multitude de noms, provenant le plus souvent du fond des
ages, qui a servi à nos prédécesseurs à se repérer et à échanger entre eux des informations.
Pour ceux que cela intéresse, rechercher le sens des toponymes, des noms de villages, de
hameaux, de cours d'eau, de montagnes, de lieux-dits, est une source intarissable de
découverte et d'amusement.
Il faudrait au sens strict être à la fois linguiste, géographe, historien, géologue, botaniste...pour
prétendre trouver par soi même le sens exact d'un toponyme. Et encore, car les toponymes
sont en très grande partie les conséquences, le fruit d'un empilement, sur une longue période
de temps, de strates linguistiques, locales ou beaucoup plus étendues, de différentes époques,
ayant évolué, sans aucune trace écrite, sur plusieurs siècles ou millénaires. Avec souvent des
orthographes, et même consonances, assez éloignés du terme d'origine, conséquence d'une
transcription phonétique historiquement tardive, fortement influencée par la langue latine, les
termes vernaculaires ou l'imagination. .
Heureusement, de nombreux ouvrages existent. Ceux que j'ai utilisés, ainsi que quelques
documents Internet, sont récapitulés dans la partie ''Sources bibliographiques'' ci-dessous.
Dans le texte correspondant à chaque toponyme figurent une ou plusieurs références, sous la
forme bX ( soit N°X de la liste bibliographique). J'ai mentionné pour chaque toponyme la (ou
les) signification(s) qui semblaient admise(s) par les documents consultés, et/ou celle qui
semblait la plus logique. Mes commentaires personnels sont précédés de la mention CP)
Sources bibliographiques
b1)''Les Alpes et leurs noms de lieux, 6000 ans d'histoire'', Paul-Louis Rousset, Edts Didier
Richard , 1988
b2)''Les noms du paysage alpin, atlas toponymique Savoie-Vallée d'Aoste-DauphinéProvence'' tomes I et II, Hubert Bessat, Claudette Germi, Edts Ellug, 2001 (tome I) et
2004(tome II)
b3)''Noms de lieux du Dauphiné'', Jean-Claude Bouvier, Edts Bonneton, 2002
b4)''Toponymie des pays occitans'', Bénédicte Boyrié-Fernié, Jean-jacques Fenié, Edts SudOuest, 2007
b5)''Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie'',Adolphe Gros, Edts La
Fontaine de Siloé, ré-édition 2004
b6)''Essai sur la toponymie de la Provence'', Charles Rostaing, Edts Jeanne Lafitte, ré-édition
1994
b7)''L'origine du nom des communes du département de l'Isère'', André Plank, Edts l'Atelier,
2006
b8)''Les noms de villes et de villages'', Eric Vial, Edts Belin, 1983
b9)''Le Graisivaudan, toponymie et peuplement d'une vallée des Alpes'', Jacques Bruno, 1977
b10)''Dictionnaire étymologique des noms de famille'', Marie-Thérèse Morlet, Edts Perrin,
1991
b11)''Dictionnaire des noms propres'', Jean Coste, Edts Armand Colin, 2006
b12)''Les noms de lieux en France, Glossaire des termes dialectaux'',André Pégorier, IGN,
2006
b13)''Essai sur la toponymie de la commune de Saint-Pierre de Chartreuse'', Roland Gaude,
Ass. À la découverte du patrimoine de Chartreuse, bulletin N°7, juin 1995
b14)''La langue gauloise'', Georges Dottin, librairie Klincksieck, 1918
b15)''Pontcharra-ses lieux-dits,le nom des rues, l’appellation des quartiers et hameaux'', doct
édité par l'O.T.de Pontcharra
b16)Noms de lieux de Suisse Romande, Savoie et environs, site
http://henrysuter.ch/glossaires/toponymes.html
b17)site http://crehangec.free.fr/
J'ai aussi abondamment utilisé le célèbre dictionnaire latin/français Gaffiot, qu'on trouve
maintenant sur Internet (http://www.prima-elementa.fr/Gaffiot/Gaffiot-dico.html) , le très
complet dictionnaire de l'ancien français du IXème au XVème siècle
(http://micmap.org/dicfro/page/dictionnaire-godefroy), et le dictionnaire étymologique
http://www.cnrtl.fr/etymologie/
On peut signaler aussi le magnifique site http://www.geoportail.gouv.fr/accueil qui permet
notamment de repérer des toponymes de même orthographe.
Aigaux
Il s'agit ici du lieu-dit les Aigaux, situé sur la commune de Lans en Vercors, lieu de départ
d'une randonnée vers le vallon de la Molière. Les orthographes phonétiquement voisines sont
nombreuses dont entre autres (b16) :
-Les Egaux, anciennement Les Eygaux, (Saint-Pierre-de-Chartreuse, 38)
-Les Egaux, Mons qui vocatur Equalis vers 1100, hameau de la commune de Corbel (73)
-Les Eguets, Les Eyguets en 1935, lieu-dit (Savigneux, 01)
-Les Ayguets, Aux Eiguets en 1935, ruines (Valloire, 73)
-Les Egats, Aygua Porchier au XIIIème siècle, hameau (Saint-Laurent-en-Beaumont, 38).
-Ruisseau de l´Egala, anciennement Aqua lata, (Moirans, 38) et L´Egala, maisons isolées
(Vatilieu, 38).
-Clairière des Aigalets, clairière de la commune de Méaudre (38)
-sans oublier les Aigue(s),Eygues,Aiguettes,etc
On est bien sur tenté(b16) d'y voir systématiquement le nom latin de l'eau, ''aqua'', qui s'est
écrit de multiples façons au moyen âge1 selon les régions, et notamment ''aigue'','' egue'' ou
''ewe'' (d'où tous les noms en Eve, Evette en Savoie et Haute-Savoie)
CP) C'est probablement l'origine qu'il faut donner aux Aigaux qui nous intéressent, sachant en
outre qu'une source captée est située à proximité (cf. carte IGN). Il faut cependant savoir (b6)
que le mot ''aqua'' est hérité lui même d'une racine très ancienne ''Ak-w'', de même sens,
phonétiquement similaire à une autre racine''Akw'', à signification orographique, à l'origine
d'Aiguines(Aquina ou Aiguina au XIème siècle,83), Eyguières(Aqueria) et
Eygalières(Aguiliis) dans les Bouches-du-Rhône.
Barioz
CP)On y trouve sans ambiguïté la racine pré indo-européenne ''Bar'' très présente dans la
toponymie (b1). Le suffixe ''-oz'' est apparemment régional : on trouve2 :
-des lieux-dits Barioz sur les communes de Argentine et Pralognan la Vanoise (73),
Ambel(38), et Thônes (74)
-un ravin du Barioz à St Martin Bellevue(74)
-un bois du Barioz à Argonay(74)
-des rochers de Barioz sur la commune de Le Perier(38)
-avec une autre terminaison, des hameaux dénommés Bariol dans les départements 07,26,82,
Bario et Bariol dans le département 32
A noter que l’appellation a survécu en provençal, où le rempart est désigné par ''barri''.
Bauges
b5) et b16)nous en donnent le anciennes orthographes, qui ont beaucoup varié : Villa
Boggarum au XIème siècle, Ecclesie de Bauges en 1198, Bogiarum en 1208, de Boges en
1216, in Bogiis en 1242, Bogas en 1225, Castellarium Boviciarum en 1324 ; cette dernière
1 http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/aigue
2 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
appellation ne devant pas être pris en compte, car due à la fantaisie d'un scribe (attraction d'un
bas latin''bovicia'', étable à bœufs).
Ces mêmes documents attribuent l'origine du nom au terme à la fois celtique (''bulga'' ou
''bulca'') et bas latin (''bogia''ou bugia''), désignant une cabane, qu'on retrouve dans le vieux
français3 ''bauge,bauche''(hutte) et ''bouge''(étable), ainsi que dans le français actuel (bauge du
sanglier et bouge, taudis).
A l'inverse, on sait(b1) qu'une racine ''Bal'' ( hauteur, falaise, rocher) est très présente dans la
toponymie, et ce dans toute l'Europe, des Ballons d'Alsace aux Balkans, et qu''elle a pu évolué
en ''Baou'', Beau'' ''Bau'', (Les Baux de Provence, hameaux et haut pâturage des Beaux en
26,73 et 74,etc).C'est à cette racine que b17) attribue plutôt l’origine du nom.
CP)On ira plus volontiers dans le dernier sens évoqué, en faisant en outre l'hypothèse que le
''g''des Bauges peut contenir une notion augmentative ou d'abondance, comme on pourrait
aussi l'avoir, autre hypothèse, avec la racine ''Mor''vue dans Morette,Moirans (Morge,
Morgins, Morgex, Morgiou Morzine écrit Morgine sur les cartes anciennes), ou avec la racine
''Bar''(Barjols, Bargeme, Bargemon, communes du 83,montagne de Barges en 05 et barrière
rocheuse de Bargy en 74).
A signaler aussi que les Bauges est le nom(b5) d'un hameau de la commune d'Ugine (73) et
d'un groupe de chalets sur la commune d'Avrieux(73).
Belledonne
A signaler(b16) une Source de Belledonne, source captée (Saint-Rémy-de-Maurienne, 73).
Loin des interprétations fantaisistes(bella dona ou belle dame), b1)nous précise que le nom est
apparu tardivement sur les cartes : respectivement Roc de Belledonne (à l'aplomb de St MuryMonteymond) et Mont de Belle Donne(à l'amont de la Combe de Lancey) sur les cartes de
Cassini et du Haut Dauphiné au XVIIIème siècle.On y trouve la racine ''Bal,Bel''(hauteur,
rocher, falaise)très présente dans la toponymie (voir également Bauges), qui, par attraction du
latin''bellus,a''(beau, joli) a donné une abondance de toponymes tels que Beaulieu, Beaujeu,
Beauvillard,B(e)aumont, Beauregard, Belle(côte,roche, combe), Belleface, Belleval,
Belleville,.....et même un pas de Belle Fille (petit col,13), une planche des Belles
Filles(Plancher-les-Mines,70),etc
La partie ''donne'' n'a pas d'explication attestée.Elle a pu être ajoutée plus tardivement(b1),
peut-être(CP) par attraction, ici encore, du vieux français ''donne''(jeune dame4). A noter par
ailleurs :
-que le nom avait jusqu'à une date relativement récente une valeur locale (voir ci-dessus), et
que le nom de Belledonne s'est étendu tardivement(XVIIIème siècle) à ce qu'on nomme
aujourd'hui le massif ou la chaîne.
-qu'on trouve en fin de nom le suffixe ''-onne'', qu'on trouve sous cette forme, ou sous la forme
''-on(e)'', dans de nombreux toponymes(Garonne, Verdon, Saône qui s'appelait primitivement
Souconna, etc), avec une connotation hydronymique (b4) et pré-latine (b6). voir Bresson.
Dans le même sens , il fut savoir que''-onno'' était un suffixe gaulois ayant le sens de torrent,
rivière (b14), et qu'on trouve le toponyme ''donne'' dans un bon nombre de noms de lieux, ne
serait ce que dans la région5 : La Donne(07,26), la Coste(07),le col(38), le Gour(26) et le
Clot(38) de la Donne. Comme dans beaucoup d'autres exemples avec des racines différentes,
Belledonne pourrait simplement signifier le ''ravin de la montagne'', nom généralisé ensuite à
l'ensemble de la chaîne comme on l'a dit plus haut.
3 http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/bauge
4 http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/done
5 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
Béranger
Outre la Roche Béranger de Chamroussse, on peut citer (b1 et b5) :
-Béranger, hameau des communes d'Attignat-Oncin et Sainte Foy(73),
-Béranger, hameau des communes de Bozel et St Martin de Belleville(73),Mont Béranger (in
monte Berengerio, XIIème siècle), hameau de la commune de Chatel,
-la montagne de Béranger (Berangarii au XIIIème siècle)à Theys(38)
-l'aiguille de la Berangère(3425m, 74)
-Chambéranger, hameau de la commune de Planay(73)
-Villaranger(Villare Berengerii au XIème siècle, St Martin de Belleville, 73)
b1) y voit la racine pré indo-européenne ''Ber, Bar''(hauteur, rocher), qu'on retrouve dans de
très nombreuses appellations, sous forme simple (Berre les alpes, 06) ou en association
(Roche Béraude, 05 et Bric Bernoire, 2427m, Province de Cunéo).
CP)la 2ème partie du toponyme fait clairement penser à la racine ''Gar, Car''qu'on trouve
également (b1) dans un très grand nombre de toponymes (Garaux, Garde, Gardette,
Gardon,Garet, Garines, Garlaban, Gargas, Garnier)
Bresson
Il s'agit ici de la commune de Bresson, située à proximité immédiate de Grenoble.
b3) et b7)considèrent que le nom (déjà Bresson au XIème siècle d'après b7 et b16, puis villa
Bressonus au XIVème siècle d'après b16) provient du patronyme Brictius (d’origine gauloise
d'après b3), auquel aurait été accolé :
-pour b3), le suffixe ''-on(e)'' qui pourrait être la simple déclinaison des substantifs en ''-o''
(Cicero >Cicerone, Ugues>Ugon)
-pour b7), le mot ''-son'' , mot francique désignant le fils (demeuré dans l'anglais Son et
l'allemand Sohn)
A signaler également (b16) d'autres sites de nom identique ou voisin :
-Col du Bresson, 2469m (Beaufort-sur-Doron, 73)
-Forêt de Bresson et Torrent de Bresson, (Sainte-Marie-du-Mont, 38)
- Bressonnaz et Bressonnaz-dessus, hameaux près de l´embouchure de la Bressonne (canton
de Vaud) et un autre cours d'eau appelé Bressonne (District de Moudon, Vaud)
b16), et b5) pour le col du Bresson, donnent une même origine Bricius ou Bricius (>Brice), ou
évoque également (b16) le franco-provençal brousson, « buisson, broussaille »
CP)Les étymologies précédentes ont peut-être tout leur sens pour un certain nombre de lieudits ''Bresson''qui sont des habitations isolées en plaine(départements 02 et 42 6).Elle se
comprend moins pour le col du Bresson, à près de 2500m d'altitude, le torrent de Bresson,...
On peut noter (b12) qu'il existe les mots dialectaux ''Bres,Bresso'' (combe de forme arrondie
et de forme régulière, Alpes-Maritimes) et ''Bret''(gorge, défilé entre les roches, Alpes).On
peut probablement aller plutôt dans le sens d'une explication oro- ou hydronymique, pour les
torrents ou col du Bresson, en reconnaissant la racine ''Br''présente, sous cette forme, ou sous
la forme ''Bar, Bra, Ber, Bre''' dans une multitude de toponymes (voir ici Barioz et
Béranger). Quant au suffixe ''-on(e) '', il est qualifié(b6)de ''latin et pré-latin'', est présent
dans un très grand nombre de toponymes(Briancon, Auron, Ornon, Venon) et a quelquefois,
apparemment, une valeur hydronymique (Auzon, Paillon, Verdon, Veneon,...)
6 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
Chamechaude
b6)y voit la juxtaposition de 2 racines : ''cam''>calmis ( haut plateau dénudé et escarpé, voir
Charmant Som) et ''cal-t''(''cal''= pierre cf b1), ce dernier terme ayant souvent évolué vers
''chaud(e)'', probablement par attraction du latin ''calidus'', de même sens. Le village de
Chaudon (04, Caldone au moyen âge) et le hameau de Chaudol (commune de St Pierre,04,
Caldol au XIème siècle) sont représentatifs de cette évolution.
Champagnier
Aussi bien Champagneux(vallée du Guiers, 73) que Champagny en Vanoise (73),
Champagny(canton de Fribourg) et Champagnier(38) portait le nom de Campaniacum, ou
Champaniacum au XIIème et XIIIème siècle(b16).
CP)On y reconnaît le suffixe -(i)acum, abondamment présent à l'époque gallo-romaine pour
désigner un domaine, qui dans d'autres a abouti à des noms en -ac(Champagnac,Cantal,
Campaniacus à la même époque, b4),en -eu(nombreux exemples en Nord Isère), en -y ou -ey
dans d'autres régions. Champagnier pourrait donc avoir été formé à partir du nom romain
Campan(i)us, ou plus simplement à partir du terme latin ''campania,ae''(les champs, la plaine),
et désigner à l'origine ''le domaine de la plaine''.b3) va clairement dans le sens de cette
deuxième hypothèse.
Il semblerait que, dans le département ou la zone proche, les toponymes tels que Champs
(sur Drac, 38 ou pré-Froges, 38), les Champagnes (lieu-dit de la commune de St Genix sur
Guiers, 73), et notre Champagnier, correspondent à des étendues plates (des plaines à l'échelle
locale), bien distinctes des terrains à fort relief omniprésents aux alentours . Les désigner par
''la plaine'' avait donc clairement une valeur d'identifiant pour les résidents des environs.
Chamrousse
b16) donne les premières appellations : ad Calmen Rupham en 1260, Champrousse sur la
Carte de Cassini.
Pour la première partie''Cham-''du toponyme, voir Chamechaude.
Pour la partie''rousse'', si plusieurs auteurs y voient l'indice de roches roussâtres (le latin
''russus''signifie rouge,roux) ou de roches rompues ( le latin''rupo,ere,ruptum''est briser,
casser), b1 et b3) y voient davantage une racine ''Ros,Rus'' signifiant tout simplement
''rochers'', qui se retrouve dans de très nombreux toponymes, des Grandes Rousses (38), la
station de ski des Rousses dans le Jura et aux très nombreux Rousset, Roussette (par exemple
hameau de Rousset, au dessus de Domène, 38, et roc de la Roussette,(73), Roux, Rosses,.....
Charmant(Som)et Charmette
De très vieilles racines ''cal''et ''cam''sont bien connues (b1), dans le sens respectif de
''rocher''et ''hauteur''. Elles ont abouti à la racine pré-celtique''calm''(haut plateau dénudé et
escarpé. (cf.b3 et b4).
b16)Le gaulois avait ''calmis''(Terrain ouvert, haut plateau dénudé et rocheux) et ''chalm'',
''charme'' désignaient respectivement des landes et des friches au moyen-âge .
CP)Après probablement un passage très classique ca>cha (cf villages de Camaret,84, et
Chamaret,26), on aboutit à l’appellation ''Chalmençon''(XIIème siècle cf.b3 devenu
''Charmansonica'' au XVIIème siècle selon b13), puis à la dénomination actuelle très poétique.
Chalm (montagne du Cantal), de nombreux villages dénommés Charmes, et Chamalières sont
notamment issus de la même racine (b4).
CP)Charmette est selon toute vraisemblance de même origine, avec le suffixe -ette souvent à
valeur diminutive (cf.les toponymes Balmette,Ramette,Combette, Cochette)
Chartreuse
b16)Le nom latin Carthusia ou Cartusia a donné son nom au couvent fondé en 1084 par Saint
Bruno, La Grande-Chartreuse, en latin Carthusia grandis et Carthusia magna, Domus
Carthusiae en 1151.
CP)On retrouve une racine ''car, gar''(hauteur, rochers), présente dans de très nombreux
toponymes, avec une évolution locale ca>cha très souvent observée (voir Chamechaude,
Charmant Som). Pour illustrer encore cette évolution, on a par exemple (b1)le lac Carbon
(06), le Monte Carbone (province de Cuneo) et les rochers du Charbon (73) ; et Chamoux sur
Gelon (73) s'appelait Camos au XIème siècle .
CP)La deuxième partie du nom (suffixe''t-usia) n'est pas explicitée dans les documents
consultés. Le ''t'' est par exemple présent dans la montagne du Carton(04), et ''-usia'' dans
Chamosson (Camusia au XIème siècle, Valais).
Par ailleurs, il n'est peut-être pas à exclure que le nom ait d'abord été local avant de donner
son nom à l'ensemble du massif, comme c'est apparemment le cas pour le massif de
Belledonne.. A noter également qu'existent (b16) quelques autres toponymes
''Chartreuse''(Savoie) ou ''Chartrosse''(Ain et canton de Vaud), qui peuvent d'ailleurs
correspondre à d'anciennes propriétés de chartreux, ainsi qu'un lieu-dit7 ''les
Cartouses''(commune de Sault, 84)
Chateau Nardent
Selon B.Guirimand8, l’appellation du XVIIIème siècle est Chastel Narden, qui aurait été
prononcé à cette époque Nardin, et le même auteur y voit la trace d'une présence ancienne
d'un ouvrage fortifié(Chastel). Il précise également que le site a été sous l'autorité, pendant
plusieurs décennies(XI et XIIème siècles), pour le compte de l’évêque de Grenoble, d'une
famille Lombard (cf. Vallon de Combe Lombard à proximité). Les Lombard auraient porté
pendant plusieurs générations, comme c'était fréquent à cette époque de père en fils, le même
prénom Bernard, abrégé en Nardin (abréviation usuelle : Nicolas>Colas,
Dominique>Nicot,...).
CP)C'est une explication cohérente, même si aucun témoignage archéologique ne vient
confirmer une occupation à cette époque. On doit tout de même faire les observations
suivantes :
-Il est vrai qu'un bon nombre de toponymes tels que Le Château, Le Châtel, Le Chatelard , Le
Castellet, etc, tirent leur origine de l'existence d'un château (latin ''castellum'' qui signifie
aussi-à souligner- hameau, ferme dans les montagnes9).Même si certains auteurs affirment
que le nom a été donné par similitude d'aspect avec un vrai château, il est douteux qu'un
certain nombre de toponymes situés en haute altitude aient cette origine. On peut citer (b16) :
-Château Chamois (1983m, canton de Vaud), avec dans Chamois la racine ''Cam'' vue dans
Chamechaude et Chamrousse.
-Le Château des Chèvres, rochers (Tréminis, Trièves, 38), ''chèvres'' (latin classique ''capra'')
venant ici de la racine ''gab,gav'' (ravin,gorge) qu'on retrouve dans les gaves pyréneens,
Gavarnie, Gevaudan(gabalicus pagus au IVème siècle), Cabrieres, Chabrières,Chabrands,
Gavots,....
7 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
8 'Petites Roches, sentiers d'histoire'', B.Guirimand,, 1970 (env.)
9 http://www.prima-elementa.fr/Gaffiot/Gaffiot-0270.html
-Château des Dames, sommet, 3489m, Mont Château, 2658m, et Chateleysine, 2971m (vallée
d´Aoste) ;
-Les Châteaux, gros rochers éboulés (canton de Vaud) ;
-la Pointe du Châtel, 2202m (Saint-Jean-d´Arves, 73) et Le Châtelet, 2537m, (Valais) ;
-La pointe du Chatelard, 3378m (Termignon, 73)
On doit plus soupçonner une racine ''Cas'', voisine de ''car,gar'' très fréquente (voir
Chartreuse, Gresse, Jarrie) qu'on retrouve par ailleurs(b1, b16) dans un très grand nombre
de (Grande)Casse, Cassis (Carsicis au IVème siècle, 13), Carcès(Carcias au XIème
siècle,83), dent du Chat(1390m, 73 et 1936m, 74)), peut-être(CP) dans Chasse s/Rhône et
Chatte(38), ainsi que dans les amusants Casse-Caillou (hameau, 01), Cassejoie (hameau de
Corbelin , 38, pour ''joie'', voir les remarques faites à Joigny), et col des Chasseurs, 2520m
(73). etc.
Pour ce qui concerne Bernard, b1) souligne le grand nombre de toponymes de cette forme ou
d'une forme voisine tels que Berard, Berarde (La Berarde, 38), Bernard, Bernarden,
Bernardière, Bernardin(83),Bernardine(26), Bernardez(pic, 04), qui ne proviennent pas d'un
nom d'homme mais de la racine ''Ber''présente plus haut dans Roche Béranger. Il n'en est pas
moins vrai que l'attraction du prénom Bernard a pu jouer (de même qu'elle a pu s'opérer
ailleurs : on a une pointe de Nardone en Corse), et entraîner la contraction du nom en Nardin.
Coq, Coche
b1)Une très vieille racine ''Kuk''(sommet arrondie) est à l'origine de Coche, Cochette (avec
-ette probablement diminutif), Coq, Cucheron, Cuges, Cuques, Serre Cocu (Presles, 38,
Chorges et Ventavon, 05), et la redondance célèbre Montcuq(46). En Dauphiné et Savoie, un
tas de foin se nomme ''cuchon''', et en roumain ''cucca'' est une colline.
Connest
Le toponyme semble inexistant ailleurs10. Les toponymes qui semblent approchant sont :
-un certain nombre de lieu-dits Connes(12), Les Connes (46)
-Le Connet, petite élévation, à 601 m et La Counesse, alpage (Canton deVaud, b16)
b16) y voit un diminutif du mot coin, ou une parenté avec le patois ''counet, counelet''(lapin,
du latin cuniculus et vieux français connil)
CP)Il n'y a pas d'étymologie ''toute faite'' dans les documents consultés, et les étymologies
précédentes semblent fantaisistes. On se contentera de faire les observations suivantes :
-la racine ''Cor'' est présente (b1), en tant que variante des racines bien connues ''car,
gar''(hauteur, rocher) dans un bon nombre de toponymes tels que Corps, Correnc, Corrençon,
peut-être Vercors , Corbières, Cordes, et bien d'autres dont Cornier.
-b6)nous précise également l'existence d'une racine pré indo-européenne ''Kon'', globalement
peu présente (Contes, 06 et Consonaves,04).
-au moyen-âge, une certaine ''confusion''existait entre n et r dans certains mots (avant tout
ceux qui avaient la particule ''cum'''comme origine) comme en attestent les mots conroi,
corroi, coroi, courroy (mise en ordre, organisation ), et ceux de conrier ou corrier donné au
moine ou laïque proposé à cet office dans les monastères (d'où les lieux dits Conriéry,
Correrie, Courrerie )
Il n'est donc pas interdit de voir ici la racine ''Kon ou Kor'', avec un redoublement usuel du ''n''
(cf. Cannes, 06 et Le Cannet, 83, attestés par b6 comme venant de la racine ''kan''), avec un
suffixe plus tardif comme c'est le cas dans un bon nombre de toponymes.
10 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
Crolles
b16)nous donne les anciens noms de Crolles : villa Crollas au XIIème siècle, Crolleys au
XIIIème siècle, parrochia Crollarum au XIVème siècle.
CP)L'ancien français avait le mot ''crol(l)e'' et ''crol(l)ement''pour désigne les éboulements,
écroulements, et tremblements de terre11.On doit donc logiquement rapprocher le nom de
Crolles de ce vieux terme (b7 et b16), et Crolles désignerait un lieu semé d'éboulis, ce qui est
tout à fait conforme à la situation de bas de pente du village.
Le patois provençal a, selon b7), ''crolar''(terrain d'éboulis) et''crole''désigne un terrain
pierreux dans l'Yonne (b12).L'étymologie de ce terme n'est pas fermement établie : le latin a
''corruo, ere''(s'écrouler), le bas latin ''corrotulare''(faire rouler), le grec ''krotalon''(crouler). b1)
y voit une racine pré indo-européenne ''K-r''(pierre), ce qui n'est pas contradictoire. A
signaler(b1) le chalet des Crolles et le ruisseau de Crolles en Savoie.
Diat
Je n'ai personnellement rencontré ce toponyme que sur les communes de St Pierre de
Chartreuse et St Bernard du Touvet.
b16) cite également Le Diat(hameau de la commune de Cohennoz,73) et la Dia
(anciennement écrit Doiz, puis Diaz, canton de Vaud), le terme ayant le sens de source, canal,
courant d'eau, avec de multiples déclinaisons selon les régions (Da, Doie, douai, Doue,Dui,
Diey,Deur). Les termes vernaculaires ''Dhuy, Doet,Dois, Doire, Dou, Doua'' sont également
cités par b12), avec également le sens de aqueduc,conduit. Selon b16), ces termes viendraient
de ''doga'', terme bas-latin lui même issu de ''ductus''(conduite d'eau), proche du
grec''dokhé''de même sens.
CP)On pense aussi au terme ''adoux''utilisé en Provence pour désigner des petits canaux, issus
souvent de résurgences alluviales.L'étymologie précisé ci-dessous semble donc cohérente, et
préférable à l’explication (b13) par la présence ancienne de sites consacrés à la religion(cf. La
ville de Die, Dea Augusta à l'origine.cf.b3 et b4), ou de surnom mystique 12
On sait aussi (cf. b1) qu'un préfixe pré indo-européen ''Dor, Dur, Dr'', signifiant le cours d'eau,
est présent dans Dordogne, Durance, Drôme, Drac, Doron (nom de plusieurs torrents des
Alpes), et même le Douro portugais.
Drac
La racine ''Dor,Dur'',simplifiée en ''Dr'', et bien connue(b1,b6), et a la plupart du temps une
valeur hydronymique. En dehors de Drac (Dravus ou Doromeum selon les écrits au XIème
siècle, cf.b1), on notera en France la Dordogne la Drôme, la Durance, la Dore et la Doire,
affluents respectifs de l'Allier et de la Dordogne. De nombreux Doron existent en Savoie.En
allant plus loin et pour illustrer l'étendue de cette racine, on peut citer(b1) une Dore au pays de
Galles, des Drin blanc et noir en Albanie, l'oued Dra au Maroc et l'Amour Daria qui se jette
dans la mer d'Aral.
Emeindras
b12)précise ''EMEINDRA : passage de moindre hauteur dans les montagnes (Hautes Alpes)''.
11 http://micmap.org/dicfro/page/dictionnaire-godefroy
12 Le site Genealogie.com précise : "diat" est un nom de famille, représente une variante de deat, issu du latin
deodatus, c'est-a-dire donne par dieu , surnom mystique.
CP)C'est un toponyme apparemment unique13, qui ne se rencontre apparemment qu'au nord du
Sappey, où il figure avec un S final, sous la mention ''col de l'Emeindras''qui peut suggérer
une marque de pluriel ; il y a d'ailleurs à proximité le ''vallon des Emeindras'', ainsi que le
chalet de l'''Emeindras de dessus'' et l'''Emeindras de dessous'' (ruines). On est tenté de voir un
rapprochement avec endroit, adret,...
Engins
b14) donne''Ecclesiam S. Johannis de Ingenio en 1080, Engeniis et ecclesia de Ingeniis au
XIème siècle, Enginz et Ingins au XIIème siècle, du gentilice (i.e.nom) romain Ingenius.
C'est aussi la version de b3)
CP)b7) propose une origine différente : latin ''angere' (serre, étrangler) et surtout le féminin
pluriel ''ancrae''ou angrae'' (vallon), origine très tentante compte tenu des gorges très
prononcées situées à proximité. Le préfixe eng-ou ang- est dans ce sens par ailleurs présent
dans un certain nombre de toponymes.
Faita
Bruno Guirimand, dans ''Si les Petites Roches m'étaient contées''14 précise que la limite sud du
plateau des petites Roches était appelé ''faita de Manival''(également écrit ''freytat''). C'est
donc ici le faîte, la crête de la montagne, le passage (vers l'intérieur de Chartreuse).
''Faîte'', vient15 du francique ''first'' (comble d'un édifice, faîte) qui s'est d'abord écrit ''feste''ou
''faist''au moyen-age(d'où l'accent circonflexe). Le latin classique ''fastigium'' avait déjà le
même sens (niveau supérieur, pente d'une montagne, sommet d'un toit)
Freydière
Il s'agit ici du lieu-dit ''les Granges de Freydière'' situé sur la commune de Revel.
Le toponyme est assez répandu16, sous la forme (La)Freydière(s), Les Freydières (notamment
source des Freydières, 26), Freydier, Freydure, Freuduret,etc ainsi que les formes
voisines(b16) Frédière (Freyderia en au XVème siècle), Fraidière, Froidie, Frudière.
B16) nous précise qu'il s'agit de noms dérivés du français froid, roman freit, frei, latin
frigidus, avec le suffixe -ier, -ière, et désignant le plus souvent une source d´eau fraîche.
On a aussi directement des Fraidaigue, Freidaigue(Frigida aqua en 1468, Freydegue en 1563,
hameau de la commune de Bény,01)
CP)Le provençal a frediero, lieu où il fait froid (b12) . L'abondance d'eau (probablement sous
la forme de résurgences avant les interventions humaine) au lieu-dit qui nous intéresse est
flagrante puis qu'en dehors du lac, il y a une source captée (cf. Carte IGN).
Gresse
Gressa au XIVème siècle (b1,b7, b16) y voit une racine pré indo-européenne ''Car,
Gar''(hauteur, rocher), dont une des nombreuses variantes est ''Gra, Gre''. Rien que sous cette
forme, elle est présente dans une multitude de toponymes, dont entre autres :
-l'appellation Alpes Grées (ou Graies, Alpes Graiae dans son appellation latine), ancienne
province romaine, à cheval sur la frontière Savoie-Piémont-Val d'Aoste.
-un bon nombre de hameaux Gresse, la Gresse, Grèse, Grésé, Grès(St Etienne et St Jean du
grès, 13, le Grès ayant désigné la partie occidentale du massif des Alpilles selon b6)
13
14
15
16
http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
Ré-édité en 2007 par l'Association Le Grand Tétras.
http://www.cnrtl.fr/etymologie/faîte
http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
-Les sommets de la Grésière (1509m), la Gresonnière(1806m), et le pic de la
Greysinière(1881m), dans les Hautes-Alpes
-Plusieurs sommets La ou les Grisonnière (s) (04,05,06,38,73) ou Grissonnière (38), ainsi que
des Gris,Grises(Aiguilles Grises, 3837m, massif du Mont-Blanc), Grisou, Griotte, Grive(et
Chantegrive), Grivelière,etc
On notera(b1,b6) que le grès(roche) et la grêle possède la même racine, et que Grès est
directement issu(b6) des 2 racines gr-is. (CP :''is''se retrouvant sans Isère, à l'origine Is+ara)
Gua
b16) nous précise les noms anciens de la commune : Vadum au XIème siècle, capella Vadum
au XIIème siècle, et l'existence des toponymes voisins Ga, Gas, Gaz.
b4 et b16)Vient du latin ''vadum''(gué, bas fond), issu probablement d'une racine plus large
puisqu'on a le francique ''wad'', de même sens, la substitution bien connue des linguistes W>G
étant connue par ailleurs (cf. toponymes Bellegarde et Bellevarde).
Gua, goua, sont des termes dialectaux dans d'autres régions(b12).
CP)on pensera aussi au passage du Gois à Noirmoutier.L'ancien français17 avait
''vadable''(guéable), et ''gu''(fond, creux).
b7)Saint -André le Gaz (qui s'appelait encore St Andrea La Palud au XIVème siècle) est de
même origine, la route importante qui reliait la Savoie à Lyon y traversant la Bourbre par un
gué peu profond.
Hurtières
b3) et b 16)donnent les anciennes appellations de la commune d'Hurtières(38, massif de
Belledonne), Ecclesia de Urtigeriis au XIème siècle, et du col d'Hurtières (38, commune de
Pommiers-la Placette), ad folleil Urticarum au XIIème siècle
CP)En dehors du col et du Goulet d'Hurtières mentionnés ci-dessus, on peut citer le massif
des Hurtières, faisant partie de la chaîne de Belledonne, en basse Maurienne, avec les 2
communes St Georges et St Alban d'Hurtières, le hameau et le ruisseau d'Hurtières sur la
commune de Tullins(38), le col d'Hurtières dans le Valbonnais, et les communes d'Urtière et
Neuchatel-Urtière dans le Doubs.
Plusieurs auteurs (b3,b7,b8,b16) voit dans le nom un dérivé du latin ''urtica''(l'ortie), qui aurait
donné(b16) la forme romane''urticaria'', lieu où poussent les orties.
On note que l'ancien français18 avait ''ortier, urtier,ortoile'' et ''ortière''pour désigner
respectivement l'ortie et l'endroit où ils poussent. Cependant, on ne voit pas clairement
comment une éventuelle abondance locale de cette plante aurait pu être caractéristique de sites
de relative haute montagne.On sait par ailleurs que de vieilles racines ''Tor,Tour,Tur''(sommet,
hauteur,cf b1) ou ''Av-ar''(b6) ont évolué vers des orthographes en
''Or,Aure,Oure,Oule,Ours,Orge'', victimes d'attraction avec des mots latins désignant
l'oreille(auris), le vent(aura),l'or (aurum),l'orge(hordeum),l'ours(ursus), la marmite (ola),
l'huile (oleum).On pourrait avoir simplement une juxtaposition de deux racines Ur+(t)+Gar, la
deuxième racine étant très connue comme évoquant la pierre (b1), le tout évoluant vers le
nom ''Urtigeriis''mentionné au début. Hurtières serait donc le ''sommet pierreux'', tout à fait
plausible connaissant le site.
17 http://micmap.org/dicfro/page/dictionnaire-godefroy
18 http://micmap.org/dicfro/page/dictionnaire-godefroy
Isère
Appelée très tôt Isara (O Isaras, Polybe, IIème siècle avant notre ère d'après b16), le nom est
constitué :
-de la racine ''Is'', probablement pré-celtique, qu'on retrouve sur une large étendue
géographique (b1) : l'Isac (Loire Atlantique),l'Isard (Ariège), l'Isar(qui traverse Munich),
l'Isarco et l'Isorno(Italie), l'Yser(Nord Belgique), l'Yseron (69), l'Oise(Isara à la période
romaine), l'Esaro(Calabre), l'Is Arrus (Sardaigne), l'Esera (Espagne),.....
-du terme''-ara'', lui aussi très largement répandu pour désigner l'eau courante (b1) :
l'Aar(affluent de l'Ill, Bas Rhin, et affluent RG du Rhin, Suisse), la Somme(Samara), la Sèvre
Niortaise (Severa), l'Yèvre (Avara, 18), l'Ancre (Incara, Champagne), les rivières espagnoles
Jucar, Tietar,... et italiennes Savara, Panaro,... On peut citer aussi l'Arve, l'Arc(13 et 73),
l'Arly, l'Ardon(06), l'Hérault (Arauris),....
CP)A signaler aussi19 un quartier l'Isère à Embrun(05) et un ravin de l'Isère dans les HautesPyrénées.
Jarrie
b1)précise l'importance des toponymes provenant de la racine ''Car,Gar'' (montagne, rochers),
déjà évoquée à propos de la Chartreuse et Gresse .Une variante est ''Jar'', que l'on retrouve
(b1) dans le plan de la Jarre(2260m,73), la Tête de Jarret(1815m, 05), la pointe de
Jarroux(3228m,05), la Roca Jarea (2756m, province de Cuneo) ainsi que dans Jarjayes,
Jarjayes, Jarjatte, Jarses,etc.
CP)Jarrie s'appelle déjà Jaria au XIIème siècle, mais on peut noter que le nom de Jarrier (73)
illustre la transition Gar>Jar :In Garriaco aux XIème et XIIème siècles, Ecclesia de Jarriaco
en 1184, Jariaci en 1417 (b16)
Joigny
Il s'agit du sommet situé au Nord-Ouest du col du Granier. Il serait également appelé Mont de
Jouy (b5).
Il existe plusieurs communes ou hameaux20 portant le nom de Joigny (2 communes en 89 et
08, 1 hameau en 74) ou de Jouy (plus d'une dizaine de communes et hameaux).En plaine, ces
toponymes sont issus de Joviniacum, Joviacum ou Gaudiacum, noms de domaines d'époque
gallo-romaine, provenant eux-même des patronymes Jovinus,Jovius, Gaudius(b8).
b17) affirme que le nom viendrait ici de la ''présence en ce lieu d'un culte à Jupiter, attestée
par le nom de la fontaine de Jupiter qu'il porte un peu en dessous du sommet'' .
CP) Le nom latin de Jupiter est en effet Jupiter, génitif Jovis. On pourra se contenter de cette
affirmation. Il semble nécessaire toutefois de préciser l'existence(b1) des toponymes Jovet,
Montjovet, Jouve, Jouvène, Jouvernex, Gouverney, Gioberney (CP :substitution b/v
fréquente), Joubert, Juberne, Jubéo,etc, qui sont souvent des zones de topographie
montagneuse et n'ont ''aucune relation avec un culte de Jupiter et ils ne doivent pas en avoir
davantage avec d'autres noms de personnes''(b1). On pourra rajouter, à titre d'information que
''joux'' désigne(b12) une hauteur boisée (Franche Comté, Est), avec de très nombreuses
variantes locales (dont les mots jeu,jau,jo,jux), que ''jugum,i''désignait en latin une crête, le
sommet d'une montagne21, et que ''iura,iuri''était en gaulois un thème de nom de
montagne(b14, ''jour'' désignant une forêt en Suisse selon b12, penser également au Jura).
19 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
20 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
21 http://www.prima-elementa.fr/Gaffiot/Gaffiot-0871.html
Laffrey
b16) nous en donne les appellations anciennes :molendinum (CP : moulin en latin) de La Frea
au XIIIème siècle, rochassium de La Frey au XVème siècle. Pour b3) et b16), L'origine serait
un patronyme germanique Leitfrid, latinisé en Lafridus.
CP)on doit cependant rester très critique vis à vis d'une origine supposée patronymique (voir
les remarques faites à Villaroux sur l'attraction et la ''patronymisation''des noms) . Sans
qu'aucun document consulté n'évoque ce nom, on peut penser à :
-pour Frea, une racine ''Fer,Far'', évoqué aussi pour Montfromage,, avec un passage fer<fr
qui semble (CP)observé dans d'autres toponymes : Tête des Fra ou d´Eifra (2818m, vallée
d'Aoste), Les Trois Frères (3259m, Valais et Val d´Aoste), Pointe du Fréjus, (2932m, Haute
Maurienne, 73)et un bon nombre de Fret(t)e(s), Fréta, Fréteux, Fréty (qui désigne le sommet
dans un bon nombre de dialectes régionaux,cf.b12)
-pour ''La'', la racine pré indo -européenne (b1) ''Lap, Lav'', à signification orographique (dalle
de pierre, éboulement, ravin, couloir)qu'on retrouve dans le mot latin ''labes''(éboulement,
effondrement) et dans les toponymes La Lave, Le lavé, Lavanche, Lavancher, Lavercq,
Lavey, Lavine, Lavoire,etc. La proximité du ''v'' de Lav et du ''f'' de Fréa a pu aboutir à la
réduction La Frea.
Loup
Un certains nombre de documents(b2, b5) affirment que tous les toponymes du type Loup,
Louvière, Chantelouve,....sont dus à la présence de loups.C'est très contestable dans la très
forte majorité des cas car les toponymes sont avant tout, de façon évidente, des informations
échangeables entre les individus liés à des repères fixes. On doit plus volontiers suivre les
informations données par b1),b4) et b6) qui font état d'une très vielle racine ''Lup''(variante
Lub , Lop, Lob) à l'origine d'un nombre importants de toponymes : Loup comme celui qui
nous intéresse ici (il y a aussi les dents du Loup dans la chaîne de Belledonne, et dans de
nombreux autres massifs), mais aussi par exemple Loubet (Villeneuve-Loubet),
Chantelouve(en 38 près du col d'Ornon), Pra-Loup(04), Montagne de la Loube(83) et le nom
du massif du Lubéron.
Pour l’appellation ''dent'', tout à fait tentante et imagée s'agissant de supposés animaux (cf.
dent du Chat en Savoie), voir Moirans .
Manival
b1)montre l'importance dans la toponymie d'un préfixe indo-européen ''Mal, Mar, Man
''signifiant ''hauteur, rocher'', ''man''se retrouvant notamment dans le nom de Mane(04),
Manosque (04), Manas(26), ce qui est également confirmé par b6), Les Mannes et Manloup
(canton de Vaud cf b16, où on retrouve le terme'' Loup'')
CP)la plus ancienne dénomination connue est assez tardive (XVIIIème siècle) : ''Faita de
Magnival'', cité par B. Guirimand22. Manival viendrait donc de ''magna vallis''(la grande
vallée), ce qui est bien sur tout à fait adapté à la topographie des lieux. C'est cette étymologie
qu'on retiendra, en gardant en mémoire ce qui est précisé plus haut, et le fait que beaucoup de
toponymes ont été abusivement latinisés lors de leur première écriture au moyen âge
22 ''Petites Roches, sentiers d'histoire'', B.Guirimand,, 1970 (env.)
Mercuze
b7)Ecclesia Sancti Vencenti de Malcusia au XIème siècle.Le 2ème terme viendrait du baslatin ''malcusa''(passage difficile).
CP)L'explication précédente est plausible, la voie dite romaine qui joint la vieille église située
dans le quartier du ''Monde vieux''(i.e.peut-être première implantation du village) à
Bellechambre, sur le plateau des Petites Roches, étant en partie à l'aplomb de falaises.
Le latin avait ''claudo,ere, clausum'' et ''cludo, ere'', de même sens (fermer, et notamment
fermer une route, un passage), qui est effectivement à l'origine de quelques toponymes ( La ou
Les Cluses, La Clusaz).
CP)Il ne semble pas que le toponyme''mercuze'' se rencontre par ailleurs. On trouve23 un tout
petit nombre de lieux-dits Mercus (09), Les Mercuses (03) et Mercuzols(09), ainsi bien sur
qu'un bon nombre de Mercuer, Mercues, Mercus , Mercurey,Mercury, Mercurol, (ces derniers
tous provenant de Mercure, divinité dont le culte était très affirmé en Gaule, selon b8).
Sachant cela, je pense personnellement qu'on ne peut exclure totalement un ''rhabillage
orthographique'', à la période chrétienne qui en a, volontairement ou non, réalisé bien d'autres,
d'une appellation liée à Mercure, sachant que son culte était très répandue dans la proche
région24.
Moirans
b16)''Morginnum mentionné sur la Table de Peutinger (première carte représentant les routes
de l'empire romain), ''Morvennum'' vers le VIIème siècle, locus Moirencus et Moiricensis au
XIème siècle.
De manière convaincante, b1)voit une racine ''Mor,Mour,Mur'', signifiant ''monceau de
pierres, butte rocheuse, montagne rocheuse''. Les noms communs de moraine et
morgier/murgier (tas de pierre dans certaines régions), les noms de torrent ou villages tels que
Morge, Morgex, Mornas, Morestel, entre autres, en sont également issus.
CP) la ''dent ''est une appellation plus récente (latin ''dens,dentis'', la dent), elle-même issue
d'une racine indo-européenne''ed-''(mâcher), qui a donné en grec ''odous, odontos'', à l'origine
de ''odontologie'' et.....''mastodonte''. Il y a la dent de Crolles, la dent du Chat (73), la dent du
Loup, l'idée étant d'un sommet bien identifié qui domine le lieu qu'il qualifie.
Moliere
Des ''molière, mollière,mollet, mollin,molle''....sont présents dans de nombreuses régions
françaises (b12)pour désigner des endroits humides, souples, marécageux. L'origine est le
latin ''mollis''(mou, tendre) Et de nombreux auteurs(b3,b4,b8,b16), attribuent tous les
toponymes ''Molière(s)''et ''Mollière(s)'' à cette origine.
b1)précise l'importance d'une variante ''Mol,Moul, Mul'' des préfixes ''Mor,Mour,Mur''
(monceaux de pierre, butte rocheuse) déjà vus par ailleurs (voir Moirans), variante qu'on
retrouve notamment dans les toponymes ''Moulette', ''Moulin(e)s'', voire ''Mulets''.
CP)On est tenté d'aller dans le sens précédent, compte tenu de la topographie et géologie du
site, qui ne sont pas particulièrement caractérisées par la présence de terrains humides.
23 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
24 On a trouvé, à La Terrasse, donc très près de St Vincent de Mercuze, un autel dédié à Mercure du IIème
siècle ap. J.C.(source:Archéologie et histoire du Grésivaudan, Archéologie chez vous- N°3-Cantons de
Meylan et le Touvet, 1984)
Montchaboud
b7) et b16) en donnent la forme ancienne: Mons Chaboudus au XIVème siècle. Les
explications données pour Chaboud sont un patronyme (b3,b16), ou un Mont des
Sureaux(mons Sambuceus pour b7).
CP)On rapprochera plus volontiers de la racine 'Cab, Gab''(sens de ravin, rivière encaissée), à
l'origine (b1) des nombreux Chabre, Chabran(d,s), Chabrier, Chabrière(s), Chabrin, sans
compter les toponymes commençant par Cab,Cav,Gab,Gav. On pourra citer les toponymes
voisins, probablement de même origine, que sont (b5,b16) Montchaibeux(Jura suisse), MontChabot et Mont-Chabert (hameaux, 73), et 25 Montchabrier(48), Montchabrol(19,23),
Montchabry(03).
Montchaffrey
CP)Il s'agit d'un hameau de la commune de Vaulnaveys-le-Bas. En dehors du début de nom,
''Mont'', probablement ajouté plus tardivement, comme dans Montchaboud et Montfromage,
on peut raisonnablement considérer Chaffrey comme ajout des 2 racines :
-''Cab,Cab,Gav,Gab''(voir Montchaboud), comme le fait b1) pour le toponyme Chaffard
(Cavallo au Xème siècle), l'évolution Ca>Cha étant fréquente (voir Chamechaude,
Charmant Som, Chartreuse)
- ''Fre, Fr'', comme on a cru le deviner dans Laffrey et Prélenfrey.
On peut citer26 plusieurs toponymes apparemment voisins : Chaffrey(69), Le Chaffray(73),
Les Chaffrets et Les Chaffres(84), Chaffret(17), une Cime Chafrion(06) et un Puy
Chaffrat(87), Les Chaffrins(03), La Chaffrette(11) ainsi que peut-être Chafal(05),Chafée(38)
et Chaffé(05), Chaffa(42), ,etc.
On peut être tenté d'envisager un lien, voire une attraction sémantique, avec le nom de la
commune de Saint Chaffrey(05), dont le nom(Sanctus Theotfredus au XIIème siècle)
viendrait (b3) de St Theoffrey, abbé du VIIIème siècle qui a également donné son nom à une
commune de l'Isère. Mais il n'est peut-être pas à exclure, car la ''christinisation'' de certains
toponymes a été observée ailleurs, que ce soit plutôt l'inverse , un toponyme orographique
d'origine étant constitué de ''Sen''(voir Senepy), et de notre Chaffrey (Cav+Fre).
Monteynard
S'est appelé(b3, b7,b16) Mons Aynardus au XIIème siècle. Doit son nom à une famille
importante locale Eynard. qui prirent au XVème siècle le nom complet de Monteynard (b7).
A noter que jusqu'au XIème siècle, la paroisse s'appelait Jardenc(b1,b7), dérivé selon b1) de
la racine ''Gar'' vue entre autres dans Gresse et Jarrie.
Rien que dans le département, il existe aussi :
-à Tencin , le Chateau de Monteynard27, construit en 1775 par Louis François de Monteynard,
ministre de la guerre de Louis XV (et fondateur de l'école de cavalerie de Saumur). C'est là
que naquit la célèbre Madame de Tencin.
-le Rocher de Monteynard, lieu-dit (Theys).
-par attraction(b16) avec le français Renard , le hameau de Montrenard (Monteynart au
XIIIème siècle), commune de Saint-Pierre-d´Allevard.
25 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
26 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
27 http://www.isere-annuaire.com/chateau/tencin.htm
A signaler bien sur le sommet du Saint Eynard(Fayssia et rupis Sancti Aynardi sive Fayssie au
XIIIème siècle selon b16), au dessus de Grenoble, qui doit son nom à Aynard, ou Eynard,
chartreux du XIème siècle, qui aurait résidé un temps à l'ermitage de la Faissia, situé sous la
crête de ce sommet28.
Montfort
Mons Fortis au XIIème siècle29. De très nombreux hameaux et communes portent ce nom.
Sans surprise a priori, le nom vient des mots latins ''mons''(montagne, mont, proéminence
rocheuse) et ''fortis''(robuste, dans le sens probable ici de fortifié).
Montfromage
CP)Il s'agit du lieu-dit situé entre la Pinea et le Charmant Som. Aucun des documents
consultés ne proposant d'étymologie convaincante, on se contentera des commentaires
suivants :
-un certain nombre de toponymes identiques ou voisins existent30 : un autre
Montfromage(23), des lieux-dits Fromage(04, 08,42,58,85), Le Fromage(57,62),
Fromaget(04,74,85), Fromagey(42), un puy Fromage(24),une Font Fromage(17), un col
Fromage(2297m, 05) et un col des Prés du Fromage(avec sommet voisin à 2257m, 05). On
trouve aussi des toponymes tels que La Formaz(74) et plusieurs Formont ou Fromont.
-on doit souligner que le mot ''fromage'' vient du bas-latin ''formaticus caseus'', constitué à
partir de ''caseus''(le fromage) et ''forma''(moule à fromage, qui a donné notre fourme). Par
ailleurs, le vieux français31 avait certaines ''hésitations'' entre ''for, four'' et ''fro'' puisque on
trouve à la fois les mots fromagée, froumegie et formagie pour désigner le fromage, comme
formi, formie,furmi, fromi, fremi pour désigner la fourmi et forment, froment pour désigner le
froment.
-le suffixe ''-age'' présent dans les trois communes Uriage, Sassenage et St Pierre de Mésage
provient à chaque fois du suffixe ''-(i/a)cum'', datant de l' époque gallo-romaine, comme en
témoignent leurs noms anciens (b7,b16) :
Uriage :capella de Oriatico au XIème siècle, Auriacum et Auriaticum au XIIème siècle,
Uriaticum au XIIIème siècle, Uriacum au XIVème siècle, Uriagium et Uryage au XVème
siècle
Sassenage :castrum Cassiniacum au XIème siècle, de Cassenatico au XIIème siècle, de
Cassinatico, de Cassonatico et de Cassenagio au XIIIème siècle
Mésage:Mesaticum au VIIIème siècle, Sancti Petro de Mesatici au XIIème siècle, Sancti
Pietra de Mesagio au XIIIème siècle, Sancti Pietra de Mesatico au au XIVème siècle
-On connaît(b1) la racines très ancienne ''Fer,For,Four'' présente dans de nombreux Ferrand,
Ferriere, Foron, Furon, Fours, Fru, Frou, ainsi que ''Mac, Mag''(mont Macaron en 06, Maclin
en 73, Maclaz en 74, Magland en 74, Mageloup en 17 avec la racine loup). Les 2 racines, la
deuxième étant d'ailleurs rare dans le département, ont le sens de montagne, avec peut-être
une distinction de sens qui nous a échappé depuis longtemps.
En conclusion, loin du fromage, on peut penser à une association d'origine For-Mag-(i)cum,
évoluée en Formage puis Fromage. Le ''Mont''qui précède, redondance supplémentaire, a pu
28
29
30
31
www.fortsteynard.com/chartreux.htm
''Petites Roches, sentiers d'histoire'', B.Guirimand,, 1970 (env.)
http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/formage
être rajoutée par la suite, comme cela est observé sur de nombreux autres noms(cf. Fromont,
Belmont, Miremont, Montclar) ; A noter enfin que la bouse de vache était désigné,
probablement ironiquement, dans le patois local par le mot fromage (b13), ce qui a pu
contribuer à la dérive sémantique.
Morette
b1),b3),b4),b7),b8) y voient tous la racine ''Mor, Mour,Mur''(monceau de pierres, butte
rocheuse, montagne rocheuse) déjà identifiée dans Moirans, et présente, entre autres car c'est
un préfixe très présent sous les formes ''Mor, Maur,Moir,Mour,Mur,Mul , dans le nom des
communes de Moras(38,26), le hameau de Morat(74), le rocher de Moret(2627m, 73), les
Morets (hameau de la commune de Meaudre,38), Moretel-de Mailles(38), la Roche
Morette(74) et la montagne de Morettet(26). On peut citer aussi le redoublement Mormoiron
(84, Mormorone en 1204 selon b1 et b6)
Moucherotte, Moucherolle
Malgré b7) qui précise ''Moucherotte : nom donné au hasard par des officiers qui
établissaient des cartes d'état-major pour l’armée''(!), b1) qui voit dans Moucherolle un Mont
Cheyrol, b5) qui trouve dans ''mouche(s)'' un patronyme et b16) le nom de l'insecte, on suivra
beaucoup plus volontiers b3) qui décomposent respectivement les 2 noms en ''mus-car-otta''
et ''mus-car-olla'', retrouvant ainsi deux racines pré-latines :
-''Mus'', variante de ''Mur,Mour,Mor'' vu dans Morette et Moirans, qui pourrait désigner(CP)
des roches éboulées ;
-''Car, Gar'', dont on a vu ou suspecté la présence, plus ou moins évidente, dans RocheBéranger, Chartreuse, Gresse, Jarrie et Hurtières.
CP)On fera en outre les commentaires suivants :
-Les suffixes''-otte'' et ''olle''ont pu être ajoutés plus tardivement, le premier étant assez
fréquent (cf. les toponymes Pissotte, Chabotte, Gavotte), le deuxième peut-être par attraction
du nom local de la coccinelle(moucherolle selon b3)
-Un bon nombre de toponymes relèvent de cette origine puisqu'on trouve(b16 et geoportail) le
pic des Mouches(massif de la Ste Victoire,13), le trou de la Mouche (chaîne des Aravis,74),le
crêt des Mouches(2033m,74) et, rien que dans la région, un bon nombre de Les Mouches
(01,42,73), Le Mouchet(26,38,42,73), Le Moucherin (74), Le Moucheraud(26), Le
Moucheroud(38),Mouchelion(73),Mouchard(42),le Chateau des Mouches(38, avec peut-être
pour Château la même origine que Chateau Nardent),etc
-Les toponymes on été victimes, y compris dans l'esprit de certains auteurs, de l’attraction des
mots latins ''musca''(la mouche) et ''muscarius,a''(adjectif correspondant)
-Sans en tirer de loi générale, on peut voir une similitude d'évolution de la terminaison r>s
entre les racines ''Mur''(rochers, voir Morette, Moirans, et le substantif moraine) et
''Mus''(rochers éboulés,voir ci-dessus) d'une part, et ''Car''(la pierre, la roche, voir plus haut) et
''Cas''(voir Chateau Nardent et tous les toponymes en ''casse'', où apparaît le sens de blocs
rocheux épars) d'autre part.
Ours, Oursière
On a évoqué avec Hurtières l'existence d'une racine ''Dor,Dur''(Monts Dore, 63 et la Tête
Dure, 2629m, 04) ou ''Tor,Tur'' (Tête du Tore, 1931m,73 et les nombreux Tur, Turin,Tour,
Tourette), qui a évolué, par perte de la consonne initiale en 'Ur,Our,Or''. Par attraction avec
les mots latins de consonance voisine elle a évolué en 'Or,Aure,Oure,Oule,Ours,Orge (voir
Hurtières). Ici c'est le latin ursus (l'ours) qui a bénéficié de cette altération. De même(b1)
pour les toponymes Montorcier, Orcier, Orcière(s), et même simplement Ours (rochers de St
Ours ,commune de Meyronnes, 04, hameaux en 05,07,09,17,43). Quelquefois, la présence
historique d'ours (restes, griffures, qui sont présentes dans de nombreuses grottes et parois
rocheuses) est venue à l'appui de cette appellation (et on trouve ainsi l’explication ''par l'ours''
sur certains panneaux d'informations!)
Peuil
b12) signale que le ''peuil''(variante pueil) désigne, dans les Alpes et plus généralement dans
le Sud-Est de la France, ''un banc de rocher affleurant sur un versant et y déterminant un
ressaut''.
CP)Sans aller très loin, en dehors de la tourbière du Peuil sur la commune de Claix, il existe
un hameau du Peuil à Lans en Vercors et un lieu-dit le Peuil à Engins.
Il est plus que probable que ce terme vernaculaire soit à rattacher à la racine ''Pel, Pal'' à
l'origine(b1) des toponymes tels que Pal, Pale,Palon,Palette,Peille,Peillon Paillon, et de la
paroi rocheuse de la Pelle(26).
Placette
C'est le hameau du même nom, situé en contrebas, qui a donné son nom au col, et à la
commune (Pommiers-La Placette). On peut noter(b16) d'autres lieux-dits du même nom sous
la forme La Placette ou Placettes, ainsi que des Place, La Place, Les Places. Pour certains, la
forme ancienne est connue: Platea au XIIIème siècle, Les Plates au XIVème siècle.Ceci milite
pour une provenance du latin ''platea''(grande rue, place publique), qui a pu prendre tout
simplement le sens d'étendue large et plate ( à noter qu'en vieux français une plate désignait
un terrain plat et un plat un petit étang32). A rapprocher de Platary ci-dessous.
Platary
De très nombreux toponymes ont des noms voisins(b4,b5,b16) : Plat, Plata, Plataire, Platat,
Platayres, Plataz, Plat(t)e, Platé, Plateau, Platel, Platélaz, Platels, Platenet, Platerette, Platet,
Platex, Platier, Platière, Platières, Platires, Platon, Platons, Plats, Platta, Plattaire, Plattaires,
Platte, Platten, Plattière, Plattuy, Platuis, Plature, Platures, Platy, Plété.
Le mot ''plat'' vient33 du latin populaire ''plattus'', de l'adjectif grec ''platus,plateia''(large et
plat), lui-même provenant d'une racine indo-européenne ''plat-''. Ce terme désigne une surface
plane, mais pas forcément horizontale et quelquefois même très pentue, mais qui n´est pas
coupées de ravins, ou aussi un plateau(b16).
CP)Pour aboutir à Platary, on a probablement la même évolution que dans un autre toponyme
Grattières, ancienne appellation ''gratary'', pâturages séparées par des claies (de ''grata'', les
claies)34
A noter qu'on trouve, au nord du sommet du Platary(1586m), la ''Plaine du milieu'', très relatif
replat situé entre 1400 et 1500m à proximité de la crête, ce qui montre bien que les
appellations ''plan'' et ''plat'' sont données de manière très relative, et en comparaison avec un
environnement globalement à fort relief.
32 http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/plate
33 http://www.cnrtl.fr/definition/plat/adjectif
34 Commune de St Bernard du Touvet. Étymologie cité par B. Guirimand, ''Petites Roches, sentiers d'histoire'',
vers 1970
Poliénas
Pollinaco en 1104(b7), avec de multiples évolutions ultérieures (b7,b16) : Pollenau en 1140,
Pollena en 1260, Pollenavo en 1300, Pollenacium au XIVème siècle, Pollienasium,
Polliennassu, Poulienas au XVème siècle. Ceci montre encore une fois la rapide évolution des
noms d'un toponymes et la difficulté de retrouver dans les écritures récentes la véritable
appellation d'origine. Formé avec le nom latin de personne Pollio,onis et le suffixe -acum très
fréquent, vu dans Uriage et suspecté dans Montfromage..
A noter que la commune de Poligny(05) avait la même appellation d'origine Pollinaco au
XIIIème siècle (b3), et qu'existent en France un bon nombre de Poligny, Polignac, Polignan,
Poligné.
Poulet
L'ancien français35 avait les termes ''pol'' (mare, bourbier), proche de l'anglais ''the pool''
(mare, flaque) et de l'allemand ''der Pfhul'' (mare), ainsi que ''poul,pol, pou''pour désigner un
coq, du latin ''pullus''(petit d'un animal-cf. poulain) qui a très vite pris le sens d'un jeune coq,
d'un poulet36.
Le crêt du Poulet semble donc être une crête caractérisée par la présence d'une ou plusieurs
zones de bourbiers (voir Prapoutel), le terme de poulet ayant été adopté par attraction.
Ce terme est très répandu puisque, rien dans la région, on a37 les lieux-dits Poulet(4 en
07,26,38), Le Poulet (8 dans les départements 01,26,38), Les Poulets (69 et St Ismier,38),
Pouley(07), Poullet(69), , pré, bois étang, ferme Poulet(01,38), rio Poulet(07), Les
Poulats(38), Les Poules (38,74),Les Poulettes(01,07),etc.
Prapoutel
On retrouve la racine ''pout'' dans un certain nombre de termes vernaculaires(b12) tels que
''pouta''(coulée de boue, Alpes du Sud), poute(trou dans le sol, Maconnais, Jura),
Poutel(bourbier, ancien franc-comtois), dans les anciens français poutié, putel, putiel ,puteau
(bourbier) et putast, poutache(mare). On trouve à proximité le col du Pouta (en dessous de la
cime de la Jasse), le hameau Le Poutaz(Les Adrets, 38), les Granges de Pré Poutas(La Combe
de Lancey,38),et, pour rester dans les départements proches38, Le Poutas(38), Le
Poutat(38,74), Les Poutassets(74), Le Poutet(38, 01,07,73), Les Pouts(07), Les Pouteous(07),
Les Pouteils(38),etc.
''Pra'' vient du latin ''pratum''(le pré, le prairie, pluriel prata) et désigne les pâturages ; On le
retrouve dans un très grand nombre de termes, et notamment dans Pravouta.
Pravouta
CP)En fait ce toponyme ne désigne pas directement un lieu-dit mais la bergerie située dans
les vastes pâturages au nord du col du Coq, appelée habert de Pravouta. Il n'y a
apparemment39 pas de toponyme identique ailleurs.
35
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http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/pol
http://www.cnrtl.fr/etymologie/poule
http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
''Pra'' vient du latin ''pratum''(le pré, le prairie, pluriel prata), qui a donné une multitude de
toponymes contenant Pré, Pra, Praz, Prade,etc. Le vieux français40 avait prade, prael,pratel,
pradel, praye, et bien d'autres, dont.....préau.
Bruno Guirimand41 nous précise l'origine du nom de Pravouta, ainsi que l'étymologie de
habert :
Vers l'an 1200, un seigneur local fit une promesse (latin ''votum'', vœu, promesse) de
donation aux Chartreux de la Sylve Bénite, Chartreuse fondée à Virieu su Bourbre, non loin
du lac de Paladru par quelques moines venus du désert de St Bruno (la Grande Chartreuse
d'aujourd'hui). Cette donation correspondait à une grande partie des territoires désignés par le
Sump(premier nom de la dent de Crolles) et le Pratel, vaste étendue de pâturages à proximité.
Ces pâturages prirent le nom de Pra Votal (de votum), devenu Pravouta.
Le terme habert ne se rencontre qu'en Chartreuse et sur une petite partie du massif de
Belledonne. Il a pour origine le terme ''hariberga'' désignant un abri militaire, importé dans
l'aire gallo-romaine par les mercenaires germaniques, dont provient également notre verbe
héberger et le mot auberge42.
Prélenfrey
Il s'agit ici du hameau situé sur la commune de Le Gua. Parmi les toponymes identiques ou
voisins, on peut citer : un lieu-dit Lanfrey Lanfrey ou Lanffrey (canton deVaud), à
l'emplacement d´un hameau attesté au XIVème siècle, disparu au siècle suivant(b16), le
ruisseau de Lanfray(Mt St Martin, 38), le Pioch(i.e.puy, sommet) Lanfre(34), le Serre
Lanfrais(05), Lanfrin(26), le bois Lanfrai ou Lenfray (49,72), et quelques lieux-dits Lanfrère,
Lanfrière, La Lanfreyère(73).
Pour Lanfrey, b16) propose une origine l'anthroponyme germanique Landfried, du
germanique landa, (pays, terre ferme), et fried (amour, paix).
CP) Pré est ici le terme Pra (prairie, pâturage) vu dans Pravouta. Pour la deuxième partie du
nom, on fera les mêmes remarques pour ce qui concerne une éventuelle origine patronymique
que pour Laffrey. Il faut probablement supposer :
-pour ''frey'' la racine 'fer,fra'', comme dans Laffrey et Montfromage.
-pour ''len,lan'' le terme ''lans'', probablement voisin de''lanca'' (signification de ravin, couloir),
à l'origine avec la racine ''cal'' (b1) des très nombreux Calanca, calanques, Calanche,
Chalanches, Chalancon, Charance, Sallanche(s) et qu'on retrouve dans Lans en Vercors,
Lanslebourg, Lanslevillard, une amusante Aiguille de Lancien (3485m, Vallée d´Aoste), de
nombreux Lance, Lances (Lances de Malissard, 38), Lancey (cf Combe de Lancey, 38), les
termes vernaculaire lance, lanche, lancher (b12)ainsi que plusieurs toponymes commençant
par ''lan'', et notamment les lieux-dits, cols ou pas (passage) de Lane ou l'Ane, (probablement
par attraction du latin ''asinus'').
Quaix
b7) et b16)nous en donnent les appellations anciennes : Quez au XIème siècle, Quet, Quetz,
Quaisium au XIIIème siècle, Quay au XVIIIème siècle. Quet en Beaumont (38) avait la
même orthographe initiale : Quez au XIIIème siècle, Queez, Queeto et Quettum au XIVème
siècle, Quays au XVIème siècle, Quais au XVIIème siècle. Les mêmes sources proposent des
40 http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/prade
41 ''Si les Petites Roches m'étaient contées'', Ré-édité en 2007 par l'Association Le Grand Tétras. Voir page 67
pour Pravouta et 49 pour habert.
42 http://www.cnrtl.fr/etymologie/auberge
étymologies peu convaincantes : le gaulois ''cassanos''(chêne), ou le latin ''quercus''(le chêne
aussi) pour Quet pour b7, le gaulois ''cagio''(haie) pour b3.
CP)On doit plus suspecter la racine ''cas'' évoqué pour Chateau Nardent, à l'origine des La
(Grande)Casse, Les Casses, La Casse déserte (col de l'Izoard, haut lieu du Tour de France),
Casse Rousse (avec le toponyme ''rousse'' vu dans Chamrousse),etc, qui sont souvent des
sommets ou des pierriers. A noter les termes dialectaux (b12) cas(éboulis, 04), cassa ou
casse(éboulis, Alpes), ques (rocher, Roussillon).
On doit noter aussi un certain nombre de noms de lieux-dits approchants43 :Caix(46),
Cais(83),Caisso(34), La Caisse(21,27,71), La Quesse(14), La Quasse(15), Les Quas(87),
Quasquara(20, ce dernier avec les racines Cas+Car)
Rachais
b1) y voit une racine ''Rac,Rag'', variante possible d'une racine très présente ''Car,Gar''
(hauteur, rochers) tout comme la racine relativement voisine ''Ras,Rat, Raz'' qui apparaît
dans St Julien de Ratz. On la retrouve entre autres dans Rac (hameau,26), un autre mont
Rachais (2316m,74), le Rachaix (74), les cime, mont et montagne du Rachas (26,05,38), les
Rachasses (2700m, 74), le pas de la Rage(06) ou des Rages(38), et des Rageres, Ragis,
Ragias, Raiche, Raja(également avec une finale t ou s, cf. Pont-Rajas sur le Doménon,38)
CP)On précisera en passant que le site du Mont Rachais, à proximité de Grenoble, présente
une des plus anciennes traces d'occupation humaine de la région (levée de terre datant de la
Tène finale)44.
Ramée
b1) cite le sommet Le Rama(2380m, 26) et La Ramière (3303m, 05) comme ayant pour
origine la racine ''Ranc''(rochers), à l'origine de nombreux Ran,Ranc,Rancs,Rancou,Ranche,
Ranchère,Rancure, Ra(e)ncurel, Rang, Rank, Ranques, etc.
Sous la forme Ramée ou sous une forme voisine, on peut citer(b16) la Tête de Rame (2644m,
38), la forêt des Rames(Valais), le col de la Ramaz(1559m, 74), La Ramée (alpage,73),
Ramey (74, Val d'Aoste),Ramas, Ramasse, Les Ramasses,etc.On peut être tenté (b16) d'y voir
un endroit boisé, de l'ancien français ''raime''(branche, branchage, rameau), du latin
''ramus''(rameau, branche), qui a donné de nombreux termes en ancien français45(raime,
rame,rain, ram ,rang de même sens) et en français actuel(rame, ramée, rameau,
rameux,ramure), mais (CP) il s'agit probablement d'un phénomène classique d'attraction.
Ratz
Il est raisonnable de penser que l'origine de ''Ratz'' présent dans le nom de St Julien de Ratz
est commune avec celle du hameau du Grand Ratz situé à proximité, entre le col de la
Placette et le village de la Buisse.
b1)y voit une racine très ancienne ''Ras,Rat, Raz'', à valeur orographique (signification
''hauteur, rocher''), variante probable d'une racine très présente ''Car,Gar''. En seraient
également issus les toponymes Ratier (Commune de Nantes en Ratier, 38 et nom d'un sommet
en 05), Ratière, la pointe des Raticières(2863m,73) ou de la Ratelière (2708m, 74) Rastel,
Rateau (plusieurs hauts sommets en 26, 38,05, 73 et Valais), la commune de Rasteau(84), la
43 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
44 Revue ''Archéologie chez vous'', N°10,1992
45 http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/rame
pointe Rasin (2945m, 05), la cime de Raton(2066m, 06), le hameau de La Buisseratte (St
Martin le Vinoux, 38), le col de Restefond(04)etc.
Des étymologies variées sont aussi proposées par d'autres auteurs pour les toponymes
précédents :
-Les patronymes Ratherius ou Ratharius (b3, b5)
-le latin raster, rastrum ou rastellus, qui désignaient des houx ou râteaux, et désignerait donc
une crête dentelée (b4,b5,b8,b16)
-le gaulois ''ratis''(la fougère) pour b16)
-L´anthroponyme germanique Rathari, de l'ancien haut allemand ''rât'' (conseil), et
''hari''(guerrier), explication selon b16 de Ratier ou Rattier, région du Valbonnais(38)
-Le patronyme Ratti, surnom de ratier. Nom porté par Ambrogio Damiano Achille Ratti, né le
31 mai 1857 à Desio, dans la province de Milan (Italie), pape sous le nom de Pie XI, alpiniste
chevronné(b16, qui cite plusieurs pointes ou voies Ratti, en Haute Savoie et val d'Aoste)
-le mot celte ''rate, rato''(b14 : le gaulois avait ''rate''et ''ratin'', l'irlandais a ''raith'', rempart de
terre), qui désignait une muraille, un rempart. C'est l'explication donnée par b7, b6 précisant
également qu'on retrouve le mot dans Carpentras (carpento-rate)
CP) On voit que les tentatives d'explication sont variées, et contiennent peut-être pour
certaines, notamment la dernière, une part de vérité. Pour ce qui nous concerne, l'explication
donnée par b1) semble tout à fait cohérente, quand on connaît la longue falaise située à l'est
du Grand Ratz, dominant la plaine comme un rempart.
Revel
En Isère, ce toponyme est présent dans les deux communes de Revel et Revel-Tourdan.
b7) et b16) nous en donnent les appellations anciennes :
Pour Revel : Santa Maria de Revel et Revel au XIIème siècle, parrochia de Revello au
XIIIème siècle ;
Pour Revel-Tourdan : capella de castro vocatum Revellum et Revel au XIème siècle, ecclesia
de Revello au XIVème siècle
b3),b7),b8)et b16)y voient le latin ''rebellis,e''(rebelle),l'ancien français ayant précisément46
''revel''(rebellion, révolte)
CP) b1) cite cependant les racines ''Rab, Reb, Rib'',en les qualifiant de ''lignages enchevêtrés'',
dérivés de racines plus anciennes.Les toponymes Rabou, Rabioux, Rabuons, Rebellas,
Rebollion, Ribe, Riboux illustrent cette racine.On sait aussi qu'une substitution B/V est
courante(cf . Racines ''Ber,Ver'' et Bar, Var'' signifiant hauteur,montagne). Enfin,b6) signale
un Mont Rivel , dans le Jura, témoin selon l'auteur d'une racine ''Riv'', pré indo-européenne.
Il ne semble pas exclu qu'on ait avec Revel un témoignage de cette racine ''Reb'', avec peutêtre une redondance, apparente pour nous dans la mesure où les significations exactes des
racines se sont perdues avec le temps, de 2 racines ''Reb''+''Bel/Vel''.
Romanche
CP)Sans que ce soit une garantie d'étymologie, la terminaison en ''-anche'' plaide pour une
forme ''romanica'', et une origine latine (''romanicus,a'', romain en latin classique), comme
pour de nombreux autres noms : dimanche(<diominica<dies dominicus), trancher(< trinicare),
manche (<manica), tanche(<tanica), planche(<planca<palanca). Même si le toponyme
Romanche semble isolé, plusieurs toponymes sont de consonances voisines47:
46 http://micmap.org/dicfro/page/dictionnaire-godefroy
47 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
-lieux-dits Romanèche (plusieurs en 01 et un sur le commune de St Jean de Soudain, 38),
commune de Romanèche-Thorins(71)et Hautecourt-Romanèche (01)
-communes de Romans (26,79,01) et plusieurs lieux-dits du même nom
-Romange(39)
-et bien sur Romorantin (Roma Minor Antiqua)
Ces toponymes sont dus (b3,b4,b8) à la présence romaine, ou au maintien de cette présence,
ne serait-ce que linguistique, à une période tardive, en comparaison des bourgs voisins.
Seul b16) propose une étymologie, et atteste d'une forme ancienne ''Romana ach'', hybride
du latin romana, « romaine », et du celtique''ach'' (rivière). A rapprocher peut-être(CP) de la
présence romaine attestée à Vizille.
Roubet
CP)A noter que c'est le lieu-dit situé entre le Grand Rocher et le Crêt Luisard qui a donné son
nom au chalet situé dans l'alpage en contrebas. Le toponyme semble isolé48.
b1) et b6) signalent une racine ''Rup, Rop'', devenu ''Rub, Rob'' dans un certain nombre de
toponymes, le sens de cette racine pouvant être (b6) ''rocher à pic , qui glisse, ravin'', qu'on
retrouve dans le latin ''rupes''(paroi rocheuse, précipice) et ''rupina''(sol rocailleux, rochers,
falaise). En sont issus entre autres Robion (04, 84), Roubion (06), La Robine (04), le Rocher
du Mont de Roup(2600m, 73), le Bric de Rubren( 3340m, 04), un certain nombre de lieux-dits
(Les)Robert(s), et un très curieux Le Robinet(26).
CP)A signaler(b12) les termes dialectaux : robina, robine (longue coulée d'éboulis, versant
érodé, 06 et Provence) et robinat, robinade (éboulis, Gascogne).
Ruchère
Outre le col situé à proximité du Petit Som, La Ruchère est un hameau situé en aval sur la
commune de St Christophe sur Guiers.
b1) y voit une variante de ''roc, roche'', qui sont à l'origine d'une multitude de toponymes,
hérité d'une racine ''Rac,Roc,Rec''correspondant à la roche.Ayant également un ''u'', on peut
citer le Ruch(sommet,04), le col de la Ruche (26), Ruche (hameau de Goncelin,38) et le
hameau des Ruchers (commune de Faucigny,74).
Sans Venin
Il y a :
-Plusieurs légendes49 faisant appel au venin, aux serpents, à Isis, etc.
-Ce qui, peut-être, est la vérité: une origine chrétienne , à savoir50 que le hameau proche de
Pariset se nommait SAINT VEYRAND, et que le SAINT est devenu SANS, le VEYRAND
s'est transformé en VENIN. D'autres sources (b8) parlent d'un ancien sanctuaire, à
l'emplacement actuel de la tour, dédié à Isis puis consacré ensuite à Saint Séverin, devenu en
parler local Saint Verin.
-Ce que l'on sait de l'histoire du site : bien avant le moyen âge et la construction de la tour
dont il reste des traces, il a été occupé de longue date puisqu'on y a découvert en 1915 sept
sépultures datant de plusieurs siècles avant J.C.51
CP)On sait par ailleurs(b1) que les racines pré indo-européennes ''San, Sen, et Ven,Van'' sont
à l'origine de très nombreux toponymes (voir ici Senepy, Vence et Venon).On pourrait donc
48 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
49 http://chateau.over-blog.net/article-2607691.html . Plus généralement, site très intéressant consacré aux
châteaux médiévaux en france.
50 http://chateau.over-blog.net/article-2607691.html
51 Cularo-Gratianopolis-Grenoble, B Rémy et J.P Jospin, PUF de Lyon, 2006
être en présence d'une double modification d'orthographe, la première par un phénomène de
christianisation, volontaire ou non, de toponymes, qui a été très fréquent au moyen-âge, et
l'autre par un phénomène d'attraction phonétique, lui aussi très fréquent en toponymie.
Sec
b1)fait mention d'une racine, toujours pré indo-européenne, ''Sak, Sek, Sik'' parfois évolué en
''Sag,Seg,Sig'' ayant le sens de hauteur, rocher. Elle est à l'origine de notre Mont Sec, mais
aussi de Ceuse (05, Secussa au XIIIème siècle), des pic de Seguret (05) et Rocher de Seguret
(38),du puy de la Seche (04),de Suze(26), Susa (Val d'Aoste, Segusium aux temps romains),
Sigonce(04) et Sigoyer(04 et 05) et probablement Sisteron (Segusterone au IIIème siècle).
CP) On a aussi le massif du Siaix en Tarentaise, les villages de Le Saix (05) et Saix (86 et
81). On notera aussi que ''saxum''en latin, ''saxe''en vieux français52, désigne le rocher.
Senepy
Orthographié également Sénépi et Cénépy, une ''hésitation''' S/C n'étant pas un isolé :b1)cite le
cas du sommet de Tsanteleina, en haute Tarentaise, orthographié également Centelina ,il y a
un modeste Mont Senis (360m) dans le Vaucluse et le mont Cenis bien connu près de
Lanslebourg. Sinard(38) a été écrit Cinardo au XIVème siècle. Dans le Valais, le hameau de
Cenaires était encore orthographié Seneires au début du XXème siècle (b16).
b1) donne pour origine de ''Sen,Sin''une variation de la racine ''Cam, Can'' (montagne, hauteur,
rocher), largement rencontrée en toponymie.b4 et b6)évoquent la racine ''San''pour Senez
(04,Civitas Sanitiensium à l'époque romaine devenue Senicium à l'époque carolingienne) et
pour Senanque(04) qui s'est orthographié Sangnanca et Sinanqua au XIIème siècle.Un mont
Cenis en haute-Loire était encore orthographié Mont Chany en 1714(b1), ce qui correspond
bien à une évolution Can>Chan>Cen.
CP)Je n'ai pas trouvé d'explication complète ''toute faite'' pour ce toponyme, mais il est à noter
que la forme ancienne est Sinaipo (b1).La deuxième partie ''aipo'' du toponyme est peut-être
à rapprocher de la racine ''alp''(pâturage), qui a subi de multiples altérations locales. La
signification globale pourrait alors être ''la montagne-pâturage'' ce qui est bien conforme à la
réalité du terrain.On peut noter par ailleurs un sommet de l'Epion (Savoie).
Serpaton
CP)Le ''pas du Serpaton''désigne un passage dans la ''crête des rochers de la Montagne de
Gresse'', entre Gresse en Vercors et Monestier-de-Clermont. C'est apparemment un toponyme
unique53, pour lequel aucun des documents consultés ne fournit l'étymologie.On peut penser
que :
-le début de mot correspond à ''Serre'', fréquent en toponymie (Serre-Chevalier, SerrePonçon, le Grand Serre en 38, etc), encore très présent dans de multiples termes dialectaux
français(b12) tels que serret, serras, serra, serraz, serrat, serrasse, serriera,etc, et en fait très
largement répandu dans l'arc méditerranéen (on retrouve le terme en Turquie) Ce terme est
probablement pré-latin puisque le latin ''serra, ae'' n'a pas ce sens (la scie), alors que le nom
propre Serrium ou Serrheum désignait en latin classique une montagne bien identifié en
Thrace54.
52 http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/saxe
53 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
54 http://www.prima-elementa.fr/Gaffiot/Gaffiot-1430.html
-on retrouve dans la deuxième partie du nom le terme ''pas'', qui a dans les Alpes et les
Pyrénées le sens de passage étroit et difficile (b12).
Quant au suffixe ''-on(e) '', il est qualifié(b6)de ''latin et pré-latin'', est présent dans un très
bon nombre de toponymes(Briancon, Auron, Ornon, Venon) et a quelquefois, apparemment,
une valeur hydronymique (Auzon, Paillon, Verdon, Veneon, Bresson...)
Som
Communément admis comme venant du latin ''summum,i''(le sommet, le haut). L'ancien
français avait ''som''de même sens55 .b12)signale les appellations régionales ''Som,Soume,
Son'' et b16) les toponymes Son, Som, Sometta, Sommet, Sommettes. Le (col du ) Somport
est le col du Sommet (avec la redondance col/port. cf. b4)
CP) A signaler que la Dent de Crolles portait le nom de ''Som''ou ''Sum'' dans les textes les
plus anciens56
Voir plus haut pour Charmant Som.
CP)Le nom de ''Petit'' Som a pu être donné en opposition à ''Grand'' Som. Le ''grand'' ici
provenant très probablement (cf.b1 et b13), comme pour la Grande Sure, de la vieille
racine''Car, Gar,Gra'' à l'origine de multiples noms : village et mont de Gars(06),le plateau des
Gras(07),Rochers des Gras(74),col de Gras(26), le sommet de la Gra(04) et une multitude
d'autres , dont les célèbres La Grave (05) et Granier savoyard. On notera (cf b6) que le village
de Grambois(04) s'appelait au moyen age ''Garambodio'', ce qui va dans bien le sens d'une
transposition Gar>Gra.
Sornin
CP)Le plateau de Sornin doit probablement son nom au hameau situé en bordure, au sud, dans
la mesure où aucune appellation localisée ne se rencontre dans les reliefs du secteur. Aucune
étymologie n'est proposée dans les documents consultés. Le toponyme ne se rencontre
apparemment pas ailleurs57, à l'exception de Le Sornin, rivière (69, 42) et petit hameau (69
également). Il existe également :
-deux rivières La Sorne (39, Jura suisse)
-des lieux-dits Sornier(74, Sornie en 1247 selon b16), La Sornine(87), Sornel(69), Sornei(74),
Sornant(39),Sorny(02), Sornat(71), Le Sornas(89), Les Sornets(26), Les Sornières(79), En
Sorniou(19), Le Vieux Sornay(58), La Souronne(33), etc
-Sors (24), dont l’appellation ancienne est (b10) ''Portus vocatur de Sorn''(à traduire par ''le
passage qu'on appelle vers Sorn'', 1298), puis Sornium(1363).
-un bon nombre de Saint-Sornin, hameaux ou communes,dont le nom serait déformé de
Saturnin, comme Sernin, Savournin et Sorlin. On écartera ici l'hypothèse d'un telle origine.
Sans considérer qu'il s'agit d'une information déterminante, et sous réserve d'une recherche
plus exhaustive, on peut souligner :
-que sourroune ou sorrone désignent dans le Sud-Ouest une pente forte en bord de ravin(b12)
-que les lieux-dits précédents semblent caractérisés58 par une situation en bordure d'une pente,
sur un replat ou un plateau plus étendu, ce qui est bien le cas du hameau du Sornin.
C'est ce dernier sens qu'on proposera ici, en soulignant qu'il ne s'agit que d'une hypothèse.
55 Voir l'excellent dictionnaire d'ancien français http://micmap.org/dicfro/page/dictionnaire-godefroy
56 Bruno Guirimand,''Si les Petites Roches m'étaient contées'', ré-édité en 2007 par l'Association Le Grand
Tétras.
57 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
58 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
Soucy
b5)donne les différentes appellations historiques connues, qui vont de ''Saulciaco''(XIème
siècle) à ''Soulcy''(1729).Apparaît composé d'un nom de gentilice Salacius ou Salisius, et du
suffice -acum, particulièrement prolifique en toponymie dans toute la France pour désigner le
nom d'un domaine à l'époque dite gallo-romaine. Les noms des villages de Saussy(21380) et
Sauciat (localité disparue de haute-Loire), en seraient également dérivés.
b10)signale également les villages de Soucy dans l'Aisne (Susciaco 1110) et dans
l'Yonne(Sauciacum 517), qui vont également dans le même sens d'une même origine de nom
de domaine.
CP)A signaler également un parc de Soucy situé sur la commune de Fontenay les
Briis(91640), sur le site d'un domaine seigneurial très ancien. Si le nom de la commune qui
nous concerne est aujourd'hui St Pierre de Soucy (73), il est très probable que la paroisse de St
Pierre soit postérieure au domaine de Soucy, un hameau de la commune ayant toujours ce
nom.
Sure
CP)En dehors de la Grande Sure, en Chartreuse, on rencontre59 le toponyme en plusieurs sites
du département (La Sure à Oz-en Oisans, Auris et Autrans , la Grande Sure à Huez et Montde-Lans), ainsi que Sure(24), Surre(09), le travers de Sure(07) : ;l'origine n'en est donnée dans
aucun des documents consultés.On trouve également une abondance de toponymes à
consonance voisine (b16 et Geoportail) :
-Sour, Sours,Sourd,Sourg,Sourq,Sourie, Soury,Souria, Sourio,Souries,Souret, Sourre
-Churès, Churan,Churet,Churey,Churieta,La Chure(71), et une Combe Chure (ravin, Oz en
Oisans, 38)
-Les Soeurs(17,28,41,77,85), le pré, le bois, la côte, la combe des Soeurs, les hautes
Soeurs(45), la montagne des Soeurs(74), la pierre des 2 Soeurs(48), Les 2 Soeurs (64,65,et en
38 la petite Soeur Sophie et la grande Soeur Agathe sous la Grande Moucherolle), les 3
Soeurs(05,13,45,49,64), la pointe des 4 Soeurs (05), les 7 Soeurs(31)
-la Corne du Soer(piton boisé, canton de Vaud), Soere, Soeri,
-le Champsaur, dont les orthographes anciennes sont(b1) Camsaurus au XIème siècle,
Campus Saurus au XIIème, Campi Sauri au XIIIème, et Champsour au XIVème siècle. A
noter qu'on trouve aussi d'autres Champsaur(lieu-dit, 04),Champsaud et Champsaurel (26,
respectivement Camposauro au XVème siècle et Champsorel au XVIème), Campsaur(65) et
un pic de Campsaure (31) . Le terme ''Champ'' provient ici de la racine ''cam'' rencontrée dans
Chamechaude et Chamrousse.
-Surjoux(commune, 01), dont b16 nous précise l’appellation ancienne : Cura de Chargiou au
XIVème siècle, Chorgiouz et Sourgious en 1650, Sorgiouz en 1724, Sorgieu sur la Carte de
Cassini. Pour la partie ''joux'', voir Mont Joigny.
Tout ceci, et notamment la dénomination ancienne de Surjoux ci-dessus, concoure à ce que
Sure provienne de la racine ''Car''(sens de hauteur, rochers, avec pour Surjoux une évolution
Ca>Cha déjà observée dans Chartreuse), très prolifique en toponymie, en général sous une
forme plus transparente.
Taillefer
Les lieux dits Taillefer ou Taille-Fer sont très nombreux en France. Rien qu'en région RhôneAlpes, on a60 les lieux-dits Taillefer(01,07,26,2 en 42,74), Taille-Fer (01,Mansum Tally Fer en
59 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
60 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
1296 selon b16), Le Taillefer(38 et 2 appellations en 74 dont le chaînon de montagne des
Bauges près du lac d'Annecy). Les seules explications sont données par b3,b4 et b16), qui y
voient un sobriquet (forgeron), un valeureux combattant, un lieu d'où le fer était extrait ou une
brèche(taille) sauvage(voir plus loin).
CP)On doit faire les constats suivants :
-une vieille racine ''Tal'', signalée par b1 et b6, à signification orographique, est à l'origine de
Tallard(05), Le Tallard(13), le ravin de Tallagard(13), Taloire(04), Talouire(04),
Talloires(74), le col de Talon(2413m,04), le glacier de Talefre(3200m,74)
-Il existe aussi une racine 'Far,Fer, déjà évoquée pour Laffrey, Prélenfrey,Montchaffrey et
Montfromage, à l'origine(b1) de lieux-dits Fer, Fer(r)a, Feraud, Fere, Ferney,
Ferrand(s),Ferrat, Ferrat, Ferrier(s), Ferrière(s), Ferron, Montferrat, Montferrier, Montferrand,
Combe Fer,Fère,Ferre,etc.
On ne peut qu'en conclure que Taillefer est une association de ces 2 racines. Pour la racine
''Fer'' il y eu une attraction avec les les mots latins ''ferrum''(le fer) ou''ferus''(sauvage,
grossier), et pour le mot complet avec le vieux français tail, taillée, tallée(incision), et plus
globalement l'adjectif ''taillefer''(qui tranche le fer) ; le vieux français61 ayant aussi les noms
ou adjectifs taillepain, taillepierre, taillebois, taillebusson(buisson) et taillebacon(jambon).
Uriage, Uriol
On a vu dans Hurtières, Ours et Oursière la présence de la racine ''Ur,Or''. Elle est aussi
présente ici :
-Uriage : capella de Oriatico au XIème siècle, Auriacum et Auriaticum au XIIème siècle,
Uriaticum au XIIIème siècle, Uriacum au XIVème siècle, Uriagium et Uryage au XVème
siècle (b16). Le suffixe ''-acum'' est très présent, introduit dans les appellations à l'époque
gallo-romaines, pour désigner souvent un nom de domaine (CP)
-Uriol :castellania Auriolum, Aurel et Auriel au XIème siècle, Uriolum au XIVème siècle,
Uiriolum villa, castrum Urioli et ecclesia Uriolo au XVème siècle(b16)
CP)On notera les hésitations historiques de début de noms entre Ur, Or,Aur dans ces deux
toponymes.On trouve de même Oris en Rattier(Auries XIème siècle, 38) et Auris en Oisans
(Aurias XIIème siècle, 38), Les Orres(05) et un bon nombre de rochers des Aures , col de
toutes Aures(04, 38) ou des monts d'Or(69,25,04,06). Et même un lieu-dit Pierre de quatre
Heures au pied du Mont Aiguille(38) ou un Plan des Heures(73), ici par attraction du latin
''hora''(l'heure).
Vatilieu
b7 et b16) donne les premiers noms connus de la commune : ecclesia de Vatilievo au XIème
siècle, castrum de Vatiliaco au XIIIème siècle. On reconnaît un suffixe ''-acum'', déjà identifié
dans Champagnier. Pourrait provenir(b3, b7, b16) d'un nom germanique Wazili ou Wattili
(b3), ou d'un patronyme romain Vatinius (b7).
CP)Il est à noter que les toponymes commençant par ''Vat'' sont très rares, du moins dans le
sud de la France (cf.b4)
Vence
C'est probablement le hameau de Vence situé en contrebas, sur la commune de Corenc, qui a
donné son nom au col.
b1) et b16) nous en précise les noms anciens : Vencia(XIIIème siècle), Vensia (Xvème
siècle),Vency (XVIème siècle). Outre la ville de Vence dans les Alpes-maritimes
61 http://micmap.org/dicfro/previous/dictionnaire-godefroy/626/7/taille
(successivement Vintio,Ventio,Vencie de l'époque au latine à l'an 1000 selon b6), on peut
citer des toponymes voisins:
-les villages de Vens près de Martigny (Valais), appelé Vintius à l'époque latine, et village
perché du Val d'Aoste
-Vens, hameaux des communes de Seyssel (74) et St Etienne de Tinée (06)
-la commune de Vins-sur-Caramy(83)
b1), et b6) pour les communes de Vence et Vins ci-dessus, rattachent ces noms à la racine pré
indo-européenne ''Ven,Vin'', avec plusieurs variantes ''Pen, Ben'' ayant la signification de
montagne, hauteur, rocher.de même origine, on peut citer notamment ((b1)) de multiples
appellations Vent(rocher, col sommet), Veynes (05), Venon et Venosc(38),Venelles (13),les
Vans (07), de très amusants lieu-dit Vanille(St Nazaire en Royans, 26) et mont Vinaigre
(83),...
CP) A noter que, contrairement à quelques explications fantaisistes, les célèbres mont
Ventoux (84) et montagne Sainte Victoire (13) ont la même racine (b1). Leurs noms anciens
respectifs étaient Vinturi et Venturi .
Venon
b1)Venone au XIème siècle selon. A rattacher à la même racine que Vence, avec une finale ''one'' très fréquente (voir Bresson)
Vercors
Le nom viendrait (b3,b4,b7) du peuple celte Vertamicorii, l’appellation ''pagus Vertamacoris''
étant attesté au 1er siècle ap.J.C.(b4), qui serait constitué (b14)des mots gaulois
''Vertamo''(très valeureux) et ''corio''(armée).
b1)cite cependant une montagne désignée par le nom de Vercors à Poet-laval (26), un lieu-dit
à 1000m d'altitude de la commune de Pinsot(38) et les villages perchés de Vercorin et
Vercoirans dans la Drôme.b1) précise par ailleurs que les racines ''Var,Ver'' (voir col Vert) et
''Cor'' sont bien représentés dans la toponymie(cf.Corps, Cordes, Correnc pour cette 2ème
racine) et que le nom pourrait être la juxtaposition de ces 2 racines (signifiant montagne,
rochers) antérieures à la période celtique. Il n'est pas impossible non plus que les celtes aient
vu dans ''Ver''la connotation augmentative qu'elle avait (b14) dans leur langage (ver-cingetorix= grand roi des guerriers)
CP)Pour aller dans le même sens que b1), et en ayant observé par ailleurs que les toponymes
contiennent assez souvent des racines qui nous semblent redondantes, on trouve des :
-Corbeau : dent du Corbeau (2286m,Savoie), La Roche au Corbeau et le rocher du Corbeau,
74)
-Corbel:commune de Savoie
-Corbelet : lieu-dit (canton de Vaud), rocher du Corbeley(Chartreuse)
-Corbelin : Notre-Dame des Corbelins (chapelle, (Valais) et commune de Corbelin(38)
Ces noms pourraient bien être constitués également des 2 racines très anciennes bien connues
''Cor''et ''Ber,Bel''.
Vert
Certains auteurs(b16) voit dans les toponymes contenant ''vert'' une caractérisation du
caractère vert ou verdoyant du site(du latin ''viridis'', vert, verdoyant), où de la présence
d'aulnes (''verno'' en langue celte).On se rangera plus volontiers à l'avis de b1) et b6), qui
voient dans ''Ver'' une racine voisine de ''Gar,Var, Bar, Ber'' , racine pré indo-européenne
évoquant les sommets et rochers, et présentes, même si elles sont quelquefois cachées, dans
de très nombreux toponymes.
Comme le précise b1), on comprend mieux alors la signification du pic Vert(2603 m, 38), de
la pointe des Verts(2555m,74), des dents Vertes (1812m, canton de Fribourg), du Clapier
Vert((2737m,73) et de plusieurs Aiguilles Vertes, allant de 2000 à plus de 4000m en HauteSavoie. Et la liste n'est pas exhaustive (cf . b1 et b16).
Vif
b7) La ville s'appelait Viu au XIème siècle, venant du latin ''vicus'' (bourg, village, quartier
d'une ville). On retrouve la même évolution d’appellation dans Coublevie, qui s'appelait
Scoblaviu au XIème siècle, puis Scoblavif au XIVème siècle(b3).
CP)''vicus'' a laissé peu de traces dans les dialectes régionaux, à part (b12) ''vicu,vico''(bourg,
Corse), ''vic,bic''(gros villages, Pyrénées), et ''vick'' (village, Flandres). S'il semble avoir laissé
peu de traces dans la région, il est à l'origine62 d'un bon nombre de Vic et Vicq (nom de lieudits ou de villages, tel que Vic s/Cère), Vix (21,85), Vis-en Artois(62), Longwy(39,54),...
Villaroux
b5)nous en précise le nom au XIIème siècle (Villar Radulpho) et considère qu'il faut attribuer
le nom à un ancien patronyme Rodolphe, devenu Roux ultérieurement.
CP) On sait que le latin classique ''villa'' désignait une propriété rurale importante, une grosse
ferme.Le terme a apparemment connu deux évolutions :
- vers le vieux français ''vile, ville'' qui désignait aussi bien63 une grosse ferme qu'un hameau
ou un village.A signaler que le vieux français avait aussi les termes ''vilel, villel'', ''vilete,
vilette, villette'', ''vilai'', de même sens, et les très jolis ''villageot'' et ''villagette''(petit village)
-par le biais d'un dérivé bas-latin ''villare'', vers le terme villard, qui a désigné un domaine
jusqu'au XIème siècle, puis a pris ensuite le sens de hameau, village(b7)
En suivant b5) on peut donc considérer Villaroux comme, originellement, le domaine d'un
certain Rodolphe.
CP)On doit rester tout de même prudent sur une attribution trop systématique de certaines
parties de toponymes à un patronymes latin, gallo-romain, francique, burgonde,....b1) insiste
sur le fait que ''l'attraction est un des mécanismes qui a le plus durablement affecté la
toponymie'', et que le ''corpus de patronymes est souvent un fourre-tout d'où on tire tout ce
qu'on ne sait pas trouver ailleurs''.Quand on sait :
-que Villarenger et Villarbéringer sont respectivement des hameaux des communes de St
Martin de Belleville et Aigueblanche (73), appelés Villare Berengerii au XIème siècle, que
b5) attribue au patronyme Beranger alors que b1) y voit une racine très ancienne ''Ber''(voir
roche Béranger)
-qu'il en est de même, pour ne citer qu'un autre exemple, de Villargondran (73) où b5) voit le
patronyme Gondran, alors que b1) y voit une racine ''Con, Gon''de nature orographique( voir
Connest).
On pourrait, dans le sens de b1), voir dans Villaroux la racine ''Ros, Rus,signifiant
rochers(voir Chamrousse).
62 http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
63 http://micmap.org/dicfro/search/dictionnaire-godefroy/vile
Vizille
b16) nous précise les premiers noms de la commune : Visilia au Xème siècle, ecclesia de
Visilia et Vigillensi ecclesia au XIème siècle, Vigillum et prior Vigillensis au XIIème
siècle);l'origine serait ''villa visilia'' du nom Visilius(b16 et b8) ou Visellius(b3)64.La forme
''vigillensi''serait due à l'attraction du latin ''vigilia''(poste de garde, sentinelle), que b7)
considère comme la véritable origine du nom.
64 CP)Nom attesté par http://www.prima-elementa.fr/Gaffiot/Gaffiot-dico.html