Caderonne

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Caderonne
Caderonne
Aujourd’hui rattaché à la commune d’Espéraza, Caderonne est un hameau dont
l’histoire remonte fort loin. En effet, les premiers vestiges, que l’on a pu retrouver
dans les environs, datent d’une période antérieure à l’occupation romaine. Toutefois,
comme plusieurs des communes avoisinantes, entre autres Rennes-le-Château,
Caderonne doit sa vraie naissance à la présence, à cet endroit, d’une villa galloromaine. Son nom, du latin « Catharus », était probablement, à cette époque,
« Caderona » et aurait les mêmes origines que le vieux village de Charonne à Paris .
Ce n’est cependant que vers la fin du XIè siècle que le nom de la localité apparaît
pour la première fois dans un écrit. Il est, en effet, fait mention, dans l’Histoire
générale du Languedoc, d’un seigneur Pierre Arnaud de Caderonne, qui en 1111 était
un vassal du comte de Carcassonne. A cette même époque, les Templiers s’implantent
dans la région et on retrouve dans leurs archives, dans les années qui suivent,
diverses mentions concernant les seigneurs de Caderonne. Vers 1170, on retrouve des
traces d’un seigneur Hugues de Caderonne, qui d’après la tradition, aurait été un
guerrier redoutable et serait à l’origine d’un dicton occitan, fameux dans la Haute
Vallée :
« Ugo, seignor de Catarouno
Non crégnis res, hors le que trouno 1 ! »
A cette époque, les seigneurs de Caderonne étaient tenus en haute considération par
leur suzerain, le vicomte de Carcassonne, et c’est durant cette période qu’ils
agrandirent leur domaine et consolidèrent notablement le château.
C’est ensuite vers 1210, lors de la croisade contre les Albigeois, que le domaine
changea de mains au profit d’un des lieutenants de Simon de Montfort, Pierre de
Voisins, seigneur de Rennes. Ce dernier restaure et embellit largement le château de
Caderonne, où il aime particulièrement résider.
La seigneurie est suffisamment importante pour que lors de sa venue dans le Razès,
le Roi Philippe III le Hardi y séjourne alors qu’il se rendait chez son cousin.
Le domaine continue de prospérer entre les mains des seigneurs de Rennes pendant
près de deux siècles. Malheureusement, vers 1350, le château est détruit et brûlé par
les routiers aragonais qui ravagent le pays à cette époque.
Puis, en 1410, la terre de Caderonne passe par mariage dans les mains de la famille
de Montesquieu-Roquefort, qui la conservera jusqu’à la Révolution. A cette époque,
la principale richesse du domaine provient des trois moulins installés au bord de
l’Aude, au lieu-dit de « L’Ile » et de l’affermage des terres, constituées principalement
de champs et de quelques vignes entourant les ruines de l’ancien château.
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(Il ne craint personne, sauf le tonnerre)
Caderonne
En 1645, Jean de Montesquieu-Roquefort fait raser le reste des fortifications pour
édifier sa demeure , à l’emplacement actuel, en transformant une ancienne métairie
avec une partie des pierres de l’ancien château.
Le 21 Fructidor an XII (8 septembre 1804), Pierre Gabriel d’Hautpoul de Seyres, fils
de Pierre François et de la marquise de Montesquieu vend les propriétés nobles de
Caderonne à Pierre Debosque, riche négociant d ‘Espéraza, qui les remet en état et
les fait grandement prospérer.
En 1805, il fait reconstruire le pont enjambant le ruisseau de Caderonne et grâce à
ses appuis, tant au niveau du canton qu’à celui du département, fait aménager la
route impériale 118 dans la traversée du hameau. C’est également lui qui, en 1809,
fait transformer l’ancien manoir en une véritable maison de maître, style 1er Empire,
entouré d’un parc et de pelouses en terrasses.
C’est son neveu et héritier Jean François Debosque qui fait, vers 1830, creuser un
canal nommé Le Béal, permettant de régulariser l’alimentation en eau des moulins.
Ce canal comblé en 1973 est toujours visible.
En septembre 1839, Caderonne accueille avec faste des hôtes illustres en la personne
du duc et de la duchesse Philippe d’Orléans fils du roi Louis-Philippe, qui passent la
nuit au manoir.
Les Debosque, bourgeois très en vue dans la région, reçoivent bien d’autres
personnages célèbres et affirment toujours qu’au début de son règne, Napoléon III
leur aurait rendu une visite incognito.
La fin du second Empire marque la fin de la prospérité des Debosque et en même
temps, de celle de Caderonne. Les propriétés sont dispersées, le moulin allant au
Docteur François Espezel, d’Espéraza, qui le transforme en une très belle
exploitation viticole encore en activité aujourd’hui, et un riche chapelier
espérazanais installe une laiterie dans le manoir . Par la suite, ce dernier passe entre
de nombreuses mains, avant de devenir un hôtel-restaurant, vers 1960, puis enfin
une maison de retraite privée.
Caderonne, juin 2000