Prix Pcoitcou Charcentce

Transcription

Prix Pcoitcou Charcentce
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au t,B feSPACO à Ouagadcougcou
Prix Pcoitcou
Charcentce~
Jérôme G UYOl
Ce projet né de ma rencontre en 1999 avec Jean De Dieu Vokouma, secrétaire adjoint au FESPACO à
Ouagadougou, est le fruit de notre réflexion commune sur les difficultés de diffusion du cinéma africain.
J'y ai vu à l'époque, l'opportunité de développer une action de coopération avec Rur'Art, le réseau des
lycées agricoles de Poitou Charentes.
Un double objectif
Le besoin exprimé par les réalisateurs africains de trouver des partenaires pour aider à
la diffusion de leurs œuvres rejoignait nos
préoccupations de développement culturel
en milieu rural.
Après un essai réussi en 99 de diffusion de
deux films, que nous avions découverts au
FESPACO, "La petite vendeuse de soleil" du
réalisateur sénégalais Djibril Diop Mambety
et "Mobutu roi du Zaïre" du belge Thierry
Michel, nous avons décidé de donner plus d
'ampleur à l'opération.
En septembre 2000, des étudiants de quatre
lycées agricoles de Poitou-Charentes décident dans le cadre du réseau Rur' art ( réseau
régional de diffusion et d'animation culturelle des lycées agricoles de Poitou-Charentes)
de se rendre au FESPACO 2001. M.Vokouma,
secrétaire adjoint du FESPACO nous suggère
alors de constituer un jury pour les "Prix
Spéciaux" afin de donner un caractère officiel à notre projet.
Nous décidons donc de constituer un jury
composé de huit étudiants des quatre lycées
concernés. Ce jury sera exclusivement composé d'élèves et d'étudiants, de façon à ce
que le palmarès reflète l'intérêt des jeunes
pour les œuvres primées. L'équipe enseignante à affirmer d'emblée ce choix d'un
jury étudiant souverain de façon à responsabiliser les jeunes et conserver au palmarès
son caractère de "prix du public".
L'action relève donc d'emblée des deux missions assignées aux lycées agricoles: coopération internationale et développement de
l'action culturelle en milieu rural.
La logique de réseau
Entre temps nous avons rencontré le CLAP,
réseau de seize salles "art et essai" du
milieu rural de notre région. De par leur politique de diffusion et leur situation géographique, ces salles sont des partenaires
"naturels" des lycées agricoles chargés de
l'animation culturelle en milieu rural. Le projet les a séduit dans la mesure où ces salles
ont du mal à amener le public au cinéma
africain. La région a pourtant un passé riche
en matière de diffusion de ce cinéma ( festival de Loudun, de Cozes, de Gençay et
"Toiles d'Afrique" qui se met en place à
Angoulême).
Le CLAP s'engage donc à diffuser les films
primés par nos étudiants en contre partie de
quoi les lycées se chargent d'organiser la
mobilisation des publics.
Alain Homond exploitant de salle à Melle
accompagnera la délégation au FESPACO.
Nous mettons ainsi en place une convention
entre le FESPACO, Rur'art et le CLAP.
La cohérence du projet réside donc bien dés
le départ dans un échange de compétences
et d'intérêts entre trois partenaires.
Pourtant cette cohérence sera parfois difficile à faire admettre aux partenaires institutionnels habitués à dissocier la coopération
internationale du développement local.
le choix d'une coopération culturelle.
Pour avoir été confrontés dans le passé au
fonctionnement de la coopération Nord-Sud
dans différents états de l'Afrique de l'Ouest
mais aussi face aux interrogations des étudiants devant l'efficacité de cette coopération, nous avons décidé d'inscrire ce projet
de diffusion de films africains dans les projets de coopération des lycées agricoles.
En effet, même si notre propos n'est pas de
condamner les multiples projets de coopération technique ou caritative en Afrique, il
nous a semblé important, dans la mesure où
nous y impliquions nos étudiants, de proposer un projet où l'échange Nord-Sud serait
d'une part plus égalitaire, d'autres part le
fruit d'une réflexion commune sur un échange de compétences.
Le fossé économique entre la France et la
plupart des états d'Afrique de l'Ouest est tel,
que nous tenions à ce que le premier acte de
coopération dans lequel nous allions impli-
quer nos élèves, ne puisse pas relever soit
d'une bonne conscience aveugle soit d'un
découragement amer devant l'ampleur des
inégalités. Libre à eux, ensuite, de s'engager
en connaissance de cause dans des actions
d'une autre nature.
Nos étudiants ont donc d'emblée été
confronté aux réalisateurs, journalistes et
intellectuels de ce continent, trop souvent
réduit aux représentations d'une violence ou
d'une misère absolues. Et la première image
qu'ils ont eu de ce continent, est celle d'une
Afrique créative, désireuse d'affirmer le
regard qu'elle porte sur elle-même.
Le FESPACO n'est pas l'Afrique, mais il est un
espace irremplaçable, de débat démocratique, d'expression de ce continent.
riat tripartite entre le FESPACO, Rur' art et les
salles du CLAP. Un nouveau jury constitué
d'étudiants se rendra au FESPACO en 2003.
Des contacts ont d'ores et déjà été pris avec
nos collègues d'autres régions afin d'étendre
la diffusion au delà du Poitou-Charentes.
J.GUYOT
Enseignant d'ESC
Une domination partagée.
Jury Prix Poitou-Charentes
avec Khaled El Hagar réalisateur
de "room to rent"
et Saïd Nanache réa lisateur de '
"Algérie, en tre douleur et liberté"
La convivialité de ce festival permet effectivement aux étudiants de découvrir, de comprendre les enjeux politiques et économiques
qui pèsent sur le cinéma africain.
Ainsi à Ouagadougou, plus qu'ailleurs, ils
sont à même de mesurer les mécanismes de
la domination culturelle, étrangement similaires à ceux qui dessinent la diffusion culturelle en milieu rural en France. Nos partenaires africains ont d'ailleurs été particulièrement sensibles à cette résistance commune.
Pourquoi "Room to rent" comédie égyptienne primée par nos étudiants, n'a-t-elle aucune chance de rencontrer en France ce public
qu'elle a séduit à Ouagadougou 7
Absence de diffuseur, voire de copies, de
budget publicitaire conséquent : comment
saurait-il lutter contre les rouleaux compresseurs des" majors" .
Le problème de distribution se pose avec une grande acuité pour les cinémas du Sud.
Conscient de ce lourd handicap qui maintient des productions de qualité dans un certain
anonymat, le FESPACO qui a pour rôle principal de faire la promotion du cinéma africain a décidé de s'y consacrer. Cela s'est traduit par l'organisation d'un colloque en 1999
sous le thème: cinéma et circuit de diffusion en Afrique. Ce colloque a permis aux professionnels africains du 7ème art d'esquisser quelques pistes pour permettre au cinéma de
connaÎtre une meilleur diffusion. Pour donner l'exemple, le FESPACO s'est engagé dans
une campagne de promotion des films primés au festival dans certaines grandes capitales
africaines. Na ïrobi, Caire et Cape- Town dans l'espoir pour prolonger l'action de diffusion
au profit du grand public africain demandeur.
En écho à cette initiative, des jeunes lycéens de Poitou Charentes se sont engagés à
découvrir le cinéma africain. A la 1Ge édition du FESPACO, une équipe de cinq (05) étudiants conduite par monsieur Jérôme Guyot professeur d'éducation socioculturelle au
Lycée de Venours, était venu en prospection dans l'optique de nouer des partenariats avec
le FESPACO et le mouvement jeune du Burkina Faso notamment les clubs Unesco pour
la promotion des films africains et les activités de camp de jeunesse.
A la 11 édition, c'est une équipe forte de dix huit(18) membres qui a pris part au FESPACO toujours dirigée par le même Jérôme Guyot et était accompagné par ses collègues
d'autres lycées à savoir Melle, Venours, Angoulême, et Bressuire. Leur participation s'est
traduite par l'octroi de quatre (04) prix spéciaux à des films sélectionnés par des jurys
constitués par les étudiants.
En prolongement à ces prix en numéraire, ces films connaÎtront une large diffusion par le
canal du Réseau CLAP dirigé par Monsieur Alain Homond qui était de la délégation.
Le FESPACO salue et encourage les initiateurs de cette entreprise qui vise à briser les
frontières et permettre une meilleure connaissance du cinéma africain dans cette partie
de la France.
Perspectives:
A l'automne 2001 les films primés seront diffusés dans une vingtaine de salles de la
région. Le travail de communication auprès
des établissements scolaires, des associations sera mené conjointement par les étudiants, les enseignants, les gérants salles du
CLAP.
L'évaluation du dispositif se fera par la
comptabilisation des entrées dans le circuit
commercial.
Quand on sait que "Pièces d'identités" de
Mweze Dieudonné Ngangura premier prix au
FESPACO 99, a enregistré moins de 5000
entrées payantes sur le continent africain et
a connu une diffusion confidentielle dans
notre région, on comprend mieux l'intérêt de
nos partenaires du sud pour ce projet de
coopération.
Notre volonté est de pérenniser ce partena-
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Jean De Dieu VOKOUMA
Chef Département Festival FESPACO
Hyacinthe TOE
Associé FESPACO & Coordonnateur Club UNESCO Burkina
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