A Toulouse, ils font tomber la foudre sur les avions

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A Toulouse, ils font tomber la foudre sur les avions
A Toulouse, ils font tomber la foudre sur les avions
Les avions modernes, bourrés d'électroniques, n'ont pas pires ennemis que la foudre et les ondes
électromagnétiques. A Toulouse, des ingénieurs testent leurs effets sur les matériaux et les équipements sensibles.
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LB avec AFP
Publié le 06/04/2014 | 08:10, mis à jour le 06/04/2014 | 09:25
© VALERY HACHE / AFP Juin 2011, un avion décolle de l'aéroport de Nice sous les éclairs.
Les ingénieurs du Groupe d'étude et de recherche appliquée à la compatibilité (GERAC) de Toulouse ont une spécialité bien particulière.
Ils testent les effets de la foudre et des ondes électromagnétiques sur les matériaux et équipements sensibles, notamment les avions.
Un métier d'avenir
Pour Hervé Grauby, directeur du site toulousain, le GERAC a un métier d'avenir "car aujourd'hui on met de l'électronique partout, dans
les avions, dans les voitures et on utilise de plus en plus de matériaux composites pour les carlingues au détriment du métal qui
permettait d'écouler le courant sans le laisser pénétrer à l'intérieur".
Une petite société du groupe Thales
Le GERAC est né en 1985. Cette petite société du groupe Thales a d'abord travaillé pour l'armée, toujours soucieuse d'éviter le
parasitage de ses équipements électroniques. Elle a de plus en plus développé sa clientèle aéronautique depuis l'apparition des
commandes
de
vol
électroniques
à
la
fin
des
années
1980.
Pour Hervé Grauby, "l'Airbus A320 a été le pionnier, ses commandes de vol électriques ont apporté une sécurité supplémentaire dans
la conduite des vols mais il y avait un bémol: elles étaient sensibles aux courants électro-magnétiques, à la différence des
anciennes commandes hydrauliques. Il a fallu absolument le prendre en compte, d'autant que chaque avion prend la foudre une ou deux
fois par an".
Des solutions toutes simples
Pour protéger les avions de la foudre, les solutions sont souvent étonnamment simples. Pour protéger la carlingue de l'A350, Airbus a
inséré du grillage dans le composite. Pour protéger les équipements, il faut "les placer dans une boîte métallique bien fermée qui fait
office de cage de Faraday, c'est-à-dire que les courants électriques et les champs électro-magnétiques n'y pénètrent pas", explique
Hervé Grauby.
Un générateur de foudre unique en France
Pour trouver la meilleure combinaison entre poids, performance et compatibilité, il faut cependant multiplier les tests et les moyens
d'essais. Pour 1 million d'euros d'investissement, le GERAC vient de se doter d'un générateur de foudre de "nouvelle génération". Ce
générateur 9 mètres de long sur 3 mètres de côté est capable de libérer brutalement une intensité de 200.000 ampères sous une tension
de 60 000 volts. Pour Max Chahbazia, son concepteur au GERAC, "c'est le seul de ce type en France, capable de délivrer trois intensités
différentes
enchaînées,
comme
le
fait
la
foudre
naturellement".
On peut y tester le comportement d'un élément de structure d'avion, comme celui des parafoudres protégeant les pylônes d'EDF.
L'entreprise dispose aussi de plusieurs cages de Faraday où elle teste des équipements électroniques pour les avions en introduisant des
champs électromagnétiques 1000 fois plus puissants que ce que doit endurer un ordinateur portable du commerce. Grâce à ces efforts,
avionneurs et fabricants de composants électroniques améliorent chaque année la "compatibilité électromagnétique" de leurs produits,
pour ne subir ou provoquer dans leur environnement ni panne, ni dérèglement lié à ces "interférences électromagnétiques".