2011 - La revanche des geeks

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2011 - La revanche des geeks
La revanche des geeks
Ils ont longtemps été victimes de leur manque de sociabilité, de leur désintérêt des codes
vestimentaires « cool » (baskets Airmoux, sac Westpack, etc. .). On s’est moqué d’eux, les
traitant d’« intellos » (Bouh ! La honte ! Il a un cerveau !). Mais le temps de la revanche est
venu. Pas la peine de courir ils sont déjà là, partout. Beaucoup ont délaissé leur uniforme de
pull jacquard, pantalon sous les aisselles et lunettes culs de bouteilles pour mieux se mêler à
nous… Les geeks reprennent le dessus. Tremblez terreurs des cours de récré, ils connaissent
peut-être votre IP !
Freaks
Avant tout : qu’est-ce qu’un geek ? A l’origine, ce mot viendrait de l’allemand « geck » et du
hollandais « gek », qui signifient tous deux un « fou ». Dès le XVIIIème siècle, des « gecken »
sont exhibés par les foires ambulantes. Il s’agit alors de personnes souffrant de
déformations physiques, ou d’un handicap étrange. Ce phénomène part d’Europe puis
atteint les Etats-Unis, où les personnes présentées sont aussi appelées « freaks », « chaînon
manquant » ou « homme sauvage ». Par élargissement le terme sera peu à peu utilisé pour
tous les gens excentriques, étranges, différents.
Avec l’essor des nouvelles technologies dans la seconde moitié du XXème siècle, le mot
geek commence à désigner les matheux, et autres passionnés de sciences. Dans les
catégories de stéréotypes des lycées américains, les geeks sont des intellectuels qui n’ont
presque pas de vie sociale et se replient dans leur monde fait d’érudition et souvent
d’imaginaire fantastique. De nos jours, le geek est non seulement féru d’informatique mais
aussi de science-fiction, de jeux de rôles, de cinéma ou de comics. En fait, on reconnaît le
geek à son intense soif de savoir quel que soit son ou ses domaines de prédilection. Il
recherchera par exemple des éditions rares s’il aime une certaine bande dessinée,
apprendra à parler elfique s’il vénère Tolkien, ou récitera de tête l’intégralité des
personnages de Star Trek toutes générations confondues s’il a plus accroché avec le
Capitaine Kirk.
Ne pas confondre…
Pour ne pas tout mélanger, au risque d’en offenser certains, voyons les différences entre
geek, nerd, no-life et otaku. Le nerd a ceci de commun avec le geek qu’il est passionné de
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nouvelles technologies. Mais le geek est plutôt technicien, et le nerd, au contraire,
théoricien. De plus, en anglais, le mot nerd a une connotation bien plus péjorative que le
sympathique geek. Pour le no-life, la base la plus rudimentaire de la langue de Shakespeare
vous permet de le comprendre : il s’agit là d’une personne qui n’a aucune vie sociale et
passe son temps cloîtré chez lui, sans pour autant avoir le même niveau de connaissances
(notamment informatiques) que les geeks ou les nerds. Enfin le otaku, est, un peu comme le
no-life, une personne qui passe le plus clair de son temps à une activité d’intérieur (lecture
de mangas, jeux vidéo…). Il y a une notion d’obsession dans le terme japonais qui n’est pas
non plus très flatteuse.
Geek power
La révolution technologique a été le terreau de la métamorphose geek. Bill Gates (big boss
de Windows) et son rival Steve Jobs (fondateur d’Apple) en sont deux des principaux
emblèmes. Il y a quelques décennies, on les aurait traités d’illuminés, probablement
enfermés à l’asile… « Mais oui, M.Jobs, vous allez fabriquer une machine capable de
contenir des milliers de chansons dans quelques grammes de métal, bien sur…Allez, soyez
gentils, prenez votre petite pilule, hein ». Seulement dans l’ère du progrès technologique,
de plus en plus d’esprits comme les leurs sont sollicités. Les geeks aiment l’informatique,
s’imaginer de nouveaux univers à partir de rien ? Vous m’en mettrez 10 000, j’en ferai des
concepteurs de logiciels ou de jeux. Ils ne raffolent pas du contact avec des personnes hors
de leurs centres d’intérêt ? Qu’à cela ne tienne, nous organiserons de gigantesques
évènements où ils pourront échanger avec leurs pairs (conférences sur le web, débats PC
contre Mac, Japan Expo, Jeux de rôles grandeur nature, etc).
Il semble que notre société moderne se soit adaptée à une population de geek grandissante.
Plus qu’une tendance, c’est un véritable raz-de-marée geek qui déferle sur la planète. Ceux
qui apparaissaient comme des ratés sont devenus attachants, et même admirables. Bande
dessinée, web comics, musique, cinéma, séries télévisées, littérature, et même monde de la
mode, tout le monde veut le sien. On peut se demander ce qui provoque ce soudain
engouement. Est-ce l’originalité de ces individus, leur anticonformisme que l’on aime ? Ou
avons-nous simplement enfin compris le génie potentiel de ces hommes et femmes (les
geekettes) ? Toujours est-il que d’Abby, la craquante gothique de NCIS à Peter Parker, l’alter
ego de Spiderman, les zéros sont devenus nos héros.
Quelques références geekologiques :
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Films : trilogie Star Wars ; trilogie Le Seigneur des anneaux ; tous les Star Trek ; Retour vers
le Futur ; Hackers, Antitrust ; Napoleon Dynamite ; H2G2, le Guide du voyageur galactique ;
Ghost in the shell ; La Mouche ; Cyprien ; films de série Z (on peut sûrement ajouter le
récent Avatar)
Livres : L’Encyclopédie du savoir relatif et absolu ; Le sauveur de l’humanité, toute l’œuvre
de Tolkien
Télévision : Star Trek ; X Files ; Buffy contre les vampires, The IT Crowd, The Big Bang
Theory, Doctor Who ; Beauty and the geek (télé réalité)
Jeux vidéo cultes : Pacman ; Tetris ; Mario bros ; Prince of Persia ; Dune ; Final Fantasy ;
World of Warcraft
Héros : Albert Einstein, Steve Jobs, Rodolphe (personnage publicitaire qui a tout compris),
Steve Urkel
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