DP Bienvenue Mister Chance OK.doc

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DP Bienvenue Mister Chance OK.doc
Bienvenue Mister Chance (Being There)
Réalisa'on : Hal Ashby
Scénario : Jerzy Kosiński d’après son roman « Being There »
Avec Peter Sellers et Shirley MacLaine
1979 -­‐ 2h10 -­‐ couleur -­‐ format : 1,85 -­‐ vos9
Image : Caleb Deschanel
Montage : Don Zimmerman
Décors : Michael Haller
Costumes : May Routh
Son : Frank E. Warner
Musique : Johnny Mandel et Buffy Sainte-­‐Marie
Thèmes musicaux : Allegro moderato de la 7e symphonie en si mineur dite « Inachevée » de Franz Schubert, Les Gnossiennes
4 et 5 d’Eric Sa'e, Also Sprach Zarathustra de Richard Strauss arrangé par Eumi Deodato
Produc'on : Andrew Braunsberg, Charles Mulvehill et Jack Schwartzman
Interpréta'on : Peter Sellers : Chauncey Gardiner, alias « Chance », Shirley MacLaine : Eve Rand, la femme du milliardaire,
Melvyn Douglas : Benjamin « Ben » Turnbull Rand, Jack Warden : le président des États-­‐Unis, surnommé « Bobby », Richard
A. Dysart : le docteur Robert Allenby, Richard Basehart : Vladimir Skrapirov, Ruth AKaway : Louise Sélec&on officielle, en compé&&on, Fes&val de Cannes, 1980
2 Nomina&ons aux Oscars
Oscar du meilleur second rôle pour Melvyn Douglas,
Golden Globe Award du meilleur acteur pour Peter Sellers
1ère SorNe à Paris : 21 mai 1980
RessorNe Madadayo Films : Hiver 2010
MADADAYO FILMS
87 bis rue de Paris -­‐ 93100 MONTREUIL
Tel : 01 42 87 32 92 -­‐ Fax : 01 48 10 21 20
E-­‐mail : [email protected]
Site internet : hKp://www.virb.com/madadayo
ProgrammaNon : Frédéric Borgia : 06 62 85 63 00
Presse : Jean-­‐Bernard Emery 01 55 79 03 43 – [email protected]
L’histoire
Washington, DC, années 70. Un jardinier quinquagénaire prénommé Chance, homme naïf et simple, coule une
vie sans heurts à prendre soin du jardin d'une calme propriété préservée dans un quarNer « à risques » de la
capitale. Il vit quasiment reNré du monde, ne sort jamais, n'est jamais monté dans une automobile et sa seule
distracNon est la télévision, qu'il contemple avec assiduité et fascinaNon. Obligé de quiKer ceKe maison et ceKe
acNvité à la suite du décès de son employeur, Chance est heurté, dans la rue, par un véhicule dont la
propriétaire, Eve Rand, l'accueille à son domicile pour lui faire prodiguer des soins. Chance se lie avec Benjamin
Rand, le mari, qui, peu après, reçoit la visite du président des États-­‐Unis. Chance prend part à l'entreNen et ce
avec un tel naturel que ses phrases, disNllées comme des proverbes de sagesse mais, en réalité, orientées «
jardinage », vont être prises pour de véritables oracles ; il va ainsi devenir la coqueluche du pouvoir et des
médias. À propos d’Hal Ashby
En 1970, Hal Ashby fait un début remarqué dans la réalisaNon avec Le propriétaire, une comédie douce-­‐amère
sur les rapports entre Blancs et Noirs. Peu après ce succès d'esNme, il remporte un triomphe avec Harold et
Maude (1971), histoire d'amour entre une septuagénaire et un jeune homme. Ses films suivants sont plus
personnels et révèlent notamment en lui un bon directeur d'acteurs. Il dresse un portrait au vitriol de la
Californie avec Shampoo (1975), adapte brillamment l'autobiographie de Woody Guthrie, chanteur populaire
des années 1930 (En route pour la gloire, 1976), signe un mélodrame sur le retour de la guerre du Viet-­‐Nam
(Retour, 1978). En 1979, il adapte un roman célèbre, une version américaine du Candide et signe avec Being
There (Bienvenue Mister Chance) une superbe comédie. Après un documentaire sur les Rolling Stones, Let's
spend the night together (1981), il réalise plusieurs films. La carrière d'Hal Ashby reste marquée par l'ampleur
du succès d'Harold et Maude, une immense réussite.
A propos de Peter Sellers
Issu d’une famille de comédiens, animateur d’une émission radiophonique à succès, The Goon Show, il joue son
premier rôle au cinéma dans Penny Points to Paradise (T. Young, 1951), mais il s’impose vraiment au côté d’Alec
Guiness dans son personnage de gangster dans Tueurs pour dames (A. Mackendrick, 1955). Sa performance
dans Après moi le déluge (J. BoulNng, 1959) lui vaut le prix de meilleur acteur britannique. VedeKe comique
dans La Souris qui rugissait (J. Arnold, 1959), Le Paradis des monte-­‐en-­‐l’air (R. Day, 1960) et Les dessous de la
millionnaire (A. Asquith, 1960), il se dirige lui-­‐même dans une adaptaNon de Topaze (1961) et produit et
interprète le célèbre court métrage nonsensique de Richard Lester, The Running, Jumping ans Standing S'll
Film (1960). Il enrichit son registre pour interpréter l’écrivain de télévision de Lolita (S. Kubrick, 1962) avant
d’incarner avec brio trois personnages de Docteur Folamour (S. Kubrick, 1964) : le président des Etats-­‐Unis, un
major britannique, et un conseilleur militaire ex-­‐nazi. Psychanalyste obsédé dans Quoi de neuf Pussycat ? (C.
Donner, 1965), invité maladroit dans The Party (B. Edwards, 1968), Peter Sellers reste surtout populaire pour
son inoubliable personnage d’inspecteur Clouseau dans la série des « Panthère Rose » (4 films de 1964 à 1978).
Il venait de triompher dans le rôle du jardinier simple d’esprit de Bienvenue Mister Chance (H. Ashby, 1979),
lorsqu’il mourut d’une crise cardiaque, peu après avoir été nominé pour l’Oscar du meilleur acteur. D’après Raymond Lefèvre in Dic'onnaire du cinéma, Librairie Larousse, 1986
Dès la paruNon, en 1971, de Being There, soit huit ans avant son adaptaNon au cinéma, Peter Sellers avait lui-­‐
même contacté Jerzy Kosinski par ce télégramme, signé Chance : « disponible dans mon jardin ou en dehors »…
Il consacra beaucoup de temps à chercher la voix de son personnage, et s’inspira de celle de son idole, Stan
Laurel. L’aphorisme « Life is a state of mind » fut gravé sur sa tombe, comme sur celle de Ben Rand, dans Being
There.
A propos de Jerzy Kosinski
Josek Lewinkopf est né à Łódź, en Pologne, en 1933, quelques mois après l'accession d'Hitler au pouvoir, dans
une famille d'intellectuels et arNstes juifs. Il devint Jerzy Kosinski en 1939, quand son père décida d'éloigner la
famille de l'Allemagne, à l'extrême est de la Pologne, et de la protéger sous un nom plus chréNen... Caché chez
des paysans, Jerzy n'aurait retrouvé ses parents qu'en 1945, et serait resté longtemps muet jusqu'à ce qu'un
accident de ski ne lui fasse recouvrer l'usage de la parole. Diplômé en Sciences sociales, un stratagème lui
permit de quiKer l'Académie des Sciences de Varsovie, et le bloc de l'Est, pour les Etats-­‐Unis où il débarqua seul
et sans un sou en poche, en 1957. Trois ans plus tard, c'est sous le pseudonyme de Joseph Novak que furent
publiés ses premiers écrits, trois essais dénonçant la société collecNviste. En 1965 parut son premier roman, signé Jerzy Kosinski : L'Oiseau bariolé (The Painted Bird), qui devait marquer
durablement des généraNons de lecteurs. L'histoire de ce peNt garçon, vicNme pendant la Seconde Guerre
d'atroces sévices perpétrés par de blonds paysans n'acceptant pas le noiraud, juif ou bohémien, si elle a été
saluée par beaucoup de lecteurs, et non des moindres, comme un chef d'œuvre de la liKérature liée à
l'Holocauste, a aussi suscité la première d'une longue série de controverses autour de l'œuvre de Kosinski. Il fut
en effet reproché à celui-­‐ci d'avoir complaisamment laissé entendre que L'Oiseau bariolé était un récit
autobiographique, qu'il n'était sans doute pas.
Dans l'Amérique puritaine, le personnage de Jerzy Kosinski ne cessa de répandre un parfum de souffre et de
mystère, adepte de praNques sexuelles sophisNquées, se meKant en scène dans ses romans avec un art subNl
de ce qu'on nommerait aujourd'hui l'auto-­‐ficNon, ou, entre deux matchs de polo, parNcipant à la fondaNon
d'une banque américaine en Pologne, après avoir interprété le rôle du révoluNonnaire bolchevique Grigori
Zinoviev, dans Reds, de Warren BeaKy... En 1982, The Village Voice, l'influent hebdomadaire new-­‐yorkais, révèle
que le lauréat du NaNonal Book Award (en 1969 pour Steps) ne possédait pas assez bien la langue anglaise pour
avoir écrit seul les livres qui ont fait sa célébrité. D'après l'arNcle, Kosinski s'est à chaque fois entouré de
collaborateurs, dont le nombre expliquerait les différences de style notables d'un roman à l'autre. Pire : les
lecteurs du Village Voice découvrent que dans une thèse de doctorat datant de 1975, une certaine Barbara Tepa
avait établi que de longs passages des romans de Kosinski étaient directement traduits du polonais, puisés dans
des textes inconnus des anglophones... Une polémique avait déjà entaché la carrière de l'écrivain, qui concerne
précisément La présence (Being There), le roman de Kosinski adapté à l'écran par Hal Ashby, l'écrivain ayant
parNcipé à l'écriture du scénario. De nombreux lecteurs ont été frappés par la troublante ressemblance de ce
récit avec un roman polonais à succès paru en 1932 : La carrière de Nikodème Dyzma, de Tadeusz Dolega
Mostowicz, porté à l'écran en 1956 par le cinéaste polonais Jan Rybkowski (Nikodem Dyzma / L'Affaire de
Nicodème Dyzma). On notera qu'y apparaissait un jeune comédien non crédité au générique : Roman Polanski,
l'ami polonais puis américain de Kosinski... L'enfant de Lodz mit fin à ses jours le 3 mai 1991, laissant ces mots :
"I am going to put myself to sleep now for a bit longer than usual. Call it Eternity."
Revue de Presse
Le roman de Jerzy Kosinski (1970) propose une allégorie en forme de conte voltairien, écrite à la mesure de
notre époque. Une époque où les plus hautes couches de la société, parvenues à un point extrême de
sophisNcaNon et de déliquescence, ne savent plus à quel saint se vouer en maNère de poliNque et surtout de
philosophie. CeKe crise de conscience et d’autorité les amène à confondre la sagesse la plus profonde et la
débilité mentale, à célébrer comme un gourou le parfait analphabète, à révérer chez une créature presque
auNsNque le miracle de l’omniscience. L’adaptant lui-­‐même pour l’écran, Kozinski a encore amélioré sa fable,
l’enrichissant de détails, de dialogues, de développements invenNfs et percutants. Il restait à trouver, pour
incarner ce récit en images et le rendre crédible, l’acteur idéal qui donnerait vie à son abstracNon. Ce fut Peter
Sellers. Son interprétaNon, dans le rôle le plus difficile de sa carrière, peut, à juste Ntre, être qualifiée de
géniale. Tour à tour malicieux et poignant, familier et lointain, Peter Sellers trouve dans ces ressources d’acteurs
le juste – et improbable – équilibre entre le caractère allégorique de son personnage et une très grande charge
concrète d’émoNon. Il y ajoute un mystère bien à lui, une pudeur, une réserve qui dotent le film de ceKe part
d’incerNtude et d’ambiguïté sans laquelle la plus pénétrante des fables n’aurait été à la fin qu’une mécanique
bien rodée. Jacques Lourcelles, Dic'onnaire du Cinéma, collec'ons Bouquins
SaNre absurde, piquante, et souvent impitoyable des travers de la société américaine actuelle vue par
l’intermédiaire d’un personnage lunaire (entre Harry Langdon et BeckeK), Being There est exactement ce que le
Ntre suggère, mieux d’ailleurs en anglais que dans la traducNon française du roman : « Etre ou étant là ».
Chance Gardener, jardinier de son état, comme son nom l’indique, homme simple (simplet ?) et sans culture
autre que celle de ses plates-­‐bandes, n’existe que par sa seule présence, et Kosinski dit qu’il déteste le
personnage, parce qu’il est un produit de la télévision. Est-­‐il besoin d’ajouter que, dans l’histoire
abracadabrante, et pourtant d’un réalisme poinNlleux, remarquablement contée, le jeu de Peter Sellers,
underplaying disent les Américains, fait merveille dan son personnage de paysan propre et poli, complètement
décervelé, autant que sa dicNon très parNculière, sa manière étonnée et pourtant évidente de dire les choses
les plus simples. Voilà donc ce qui nous manque peut-­‐être le plus au cinéma actuellement, en ces temps de
grosses machineries coûteuses et lourdingues, de comiques de slips à fleurs, ou d’intellectualisaNon quelque
peu désuète : un film simple, admirablement conté, joué, mis en scène, qui conNenne à la fois un regard sur le
monde et sa propre criNque. InuNle de crier au génie si l’on peut le dire à demi-­‐mots, le sourire au coin des
lèvres. Max Tessier, La Revue du Cinéma, Mai 1980
Quelle merveilleuse histoire ! Je jubile. Par delà les décennies, Hal Ashby retrouve la rouerie candide du grand
Frank Capra. Merveilleux dans son rôle de candide, rôle en or, Peter Sellers rejoint, grâce à ce film la légion des
comédiens-­‐poètes. Harry Langdon est son cousin. Du côté de la saNre poliNque, on n’a jamais sNgmaNsé avec
autant d’efficacité et de drôlerie la « langue de bois » des oracles poliNques. Mr Chance dit n’importe quoi,
parle pour ne rien dire et la vacuité de ses propos est interprétée comme le comble de la subNlité. Voilà une
comédie que l’on peut suivre comme un diverNssement simplet, gratuit et graNfiant. Mais on peut aussi
grimper sur les deuxième, troisième, dixième degrés. Spectateurs du samedi soir et cinéphiles culNvés, unissez-­‐
vous !
Gilbert Salachas, Télérama, Novembre 1988
CeKe comédie en forme de fable, inspirée du premier roman de Jerzy Kosinski, dégage d’un bout à l’autre un
flegme ironique servi par une mise en scène souvent charmeuse et par un Peter Sellers qui dépouille son
interprétaNon pour ne laisser rayonner que l’essenNel d’une présence, perturbatrice par sa nature même. A
parNr d’un scénario dont le propos iniNal ne manque pas d’originalité ni de virulences potenNelles, Ashby
change de points de vue pour caricaturer tantôt M. Chance et tantôt les divers protagonistes, offrant à la fois un
éloge de Candide et la criNque de ce Candide-­‐là qui, tout à coup, incarne le comble de l’aliénaNon mentale.
Freddy Buache, Le cinéma américain, L’Âge d’homme, Lausanne 1983
L’intérêt de la démarche de Kozinski, parfaitement épousée par la mise en scène de Hal Ashby, vient d’un ton
très original de fable fantasNque, entre le sourire et l’ironie, qui préserve autour de l’intrigue et des
personnages une zone de mystère qui est la plus sûre qualité du film. Or, si Kozinski reste fidèle à son œuvre
originale, il sacrifie volonNers dans son adaptaNon tout ce qui aurait pu être trop liKéraire. Ce faisant, il permet
à Hal Ashby de prendre le relais et de donner à ceKe écriture le prolongement et le poids cinématographique
nécessaires. Si Being There est réussi, c’est à cause de l’harmonie du travail du scénariste et de celui du meKeur
en scène, équilibre privilégié dont Ashby n’a pas toujours bénéficié. Reste enfin Peter Sellers, sans qui le film
sans doute n’existerait même pas. Being There lui offre un rôle parfaitement conforme à sa personne
cinématographique telle que Stanley Kubrick et Blake Edwards nous l’ont révélée. Il y a de l’Inspecteur Clouseau
chez Chance, ne serait-­‐ce que ceKe touchante obsNnaNon à marcher à côté de ses pompes. Il y a aussi du Quilt
et du Strangelove, à cause du même déphasage du personnage par rapport à l’intrigue dont, en fait, sans le
savoir, il est le moteur. Le personnage de Sellers et son comique sont basés sur ce déphasage, et partant, sur un
principe quasi swi‡ien de dénoncer l’absurdité ambiante. Sellers était donc le seul acteur à pouvoir donner vie
à Chance, tout en préservant son secret. Fidèle à ses principes, Ashby a donc pu avoir « the right man in the
right place » et parfaitement réussir l’adéquaNon de l’acteur et personnage. Chris'an Viviani, Posi'f, juillet 1980