VOUS AVEZ LA PAROLE

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VOUS AVEZ LA PAROLE
Le 26 mars 2012
vous avez la parole
Vous avez la parole !
Une critique, une remarque, une pensée, un commentaire, un coup de cœur ou un coup de gueule...
Cette rubrique est la vôtre, alors n’hésitez pas à nous écrire…
Entretien
- Karina Lamontagne directrice générale de
l’Association francophone du Labrador (AFL)
Le Gaboteur : Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous
vous présenter brièvement ?
Karina Lamontagne : Je suis une passionnée de la langue et de la culture françaises. Je suis née dans une région du nord du Québec, plus précisément l’Abitibi-Témiscamingue. Je suis issue d’un couple exogame, donc de mère anglophone et de
père francophone. Depuis mon plus jeune âge, j’ai été exposée à la dualité linguistique avec ses avantages et malheureusement aussi ses difficultés. J’ai été témoin
et ai vécu en milieu minoritaire depuis ma plus tendre enfance, et ceci m’a toujours
émerveillée et gardée éveillée aux difficultés de recevoir des services dans la langue
de son choix, et plus précisément, d’être compris. Nomade et aventurière de nature,
le reste du Canada m’a toujours appelée à le découvrir. J’ai donc voyagé et ai demeuré dans plusieurs provinces du Canada pour découvrir ce monde qui nous entoure. Je suis impliquée professionnellement auprès de la
francophonie canadienne depuis près de huit ans, au niveau tant provincial que local.
Le Gaboteur : Qu’est-ce qui vous a amenée à postuler pour l’emploi de directrice générale de l’AFL ?
Karina Lamontagne : Demeurant dans l’ouest canadien depuis déjà plus de 5 ans, plusieurs facteurs me rappelaient dans l’est du pays. Le premier est que mon partenaire travaillait sur ce qu’on appelle «fly-in / fly-out»
à Labrador City. Ensuite, ma fille voulait retourner vivre au Québec, donc nous nous sommes embarqués dans
l’auto et avons traversé le Canada. J’étais à la recherche d’un emploi depuis peu, et lorsque j’ai téléphoné à
mon ancienne présidente de la FPFTNL pour des références, celle-ci m’a parlé du poste de direction générale
de l’AFL. Après réflexion, j’ai décidé de relever le défi. Ayant travaillé auprès de la petite enfance et des
parents francophones hors Québec depuis plus de 8 ans, ceci était une façon de rester proche du genre d’occupation que j’aime. La direction d’une association locale me permettrait de développer de nouveaux outils pour
la francophonie, mais qui, à un niveau différent, touchent aussi la population sous toutes ses facettes.
Le Gaboteur : Comment vous sentez-vous à l’idée de relever ce nouveau défi ?
Karina Lamontagne : Je me sens confiante, car mes années d’expérience et ma passion me donnent une vision
globale de la francophonie canadienne. Je comprends bien que mon devoir en tant que directrice est d’en faire
une réalité pour les membres de la communauté. Des plus petits aux plus grands, nous pouvons être fiers de nos
racines et de notre langue tout en vivant dans un environnement majoritairement anglophone. Le défi qui se
présente à moi est d’encourager et de faire participer les membres à partager leur francophonie tout en faisant
reconnaître les droits des francophones.
Le Gaboteur
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Dans les écoles
du Conseil scolaire
francophone provincial
de Terre-Neuve-et-Labrador.
- Dame Météo, vue des écoles du CSFP Le 5 mars dernier, Jessica Hall et Sydney Benoit, respectivement
présidente et membre du conseil étudiant de l’École Notre-Damedu-Cap, à Cap St-Georges devaient s’exprimer, via vidéo-conférence, devant les élèves de toutes les écoles de Terre-Neuve-etLabrador à l’occasion du lancement de la Semaine de l’éducation.
Mais Dame Météo en a décidé autrement. Tempête de neige oblige,
les routes étaient fermées dans la Péninsule de Port-au-Port. Jessica
et Sydney n’ont pas pu livrer leur message. Dommage.
Le décompte des impacts des caprices de Dame Météo sur les écoles
du CSFP nous en apprend beaucoup sur les particularités du climat
de notre immense province. Ainsi, malgré l’abondance des chutes
de neige au Labrador cette année, L’ENVOL, à Labrador City, et
Boréale, à Happy Valley-Goose Bay, viennent derrière les GrandsVents, à Saint-Jean, au palmarès des fermetures. Au Labrador, c’est
le froid intense (-45!) qui a entraîné les fermetures. Sur la Côte
Ouest – en première position au palmarès des jours de congé météo,
les écoles ont fermé leurs portes à cause de très grands vents et de
tempêtes de neige. Et à Saint-Jean, l’école a été interrompue à cause
d’un mélange de grands vents, de neige et de verglas...
Les écoles du CSFP utilisent différents moyens pour prévenir le personnel et les parents des fermetures d’écoles. L’un d’entre eux est
Synervoice, un service d’appel téléphonique informatisé qui permet
de prévenir, en simultané, plusieurs personnes. Les stations de la
Première chaine de Radio-Canada, dans les Maritimes, diffusent
aussi l’information pour les Grands-Vents.
- Du Boutte du Cap à The Rooms –
Le Gaboteur : Quels sont les principaux dossiers sur lesquels vous travaillerez dans les prochains mois ?
Karina Lamontagne : Dans les mois à venir, nous entamerons les préparatifs du 40e anniversaire de l’Association francophone du Labrador. Déjà 40 ans : c’est toute une histoire à faire découvrir ! Il y a aussi le fait de
rassembler les membres de la génération des jeunes familles ; ceci est primordial et essentiel pour faire vivre un
autre 40 ans à l’Association.
Nous devons aussi regarder les problématiques du développement économique de Labrador City, lequel est un
cadeau pour les compagnies, mais peut générer des effets négatifs sur la communauté. Le manque de logements
abordables est un sujet prioritaire et un défi pour toute la communauté, qu’elle soit anglophone ou francophone.
Le Gaboteur : Plusieurs « sources » nous ont informés que le « boom » économique que vit actuellement la
ville de Labrador City détériore peu à peu le fonctionnement des systèmes communautaires. Quelle est votre
opinion à ce sujet ?
Karina Lamontagne : Je suis tout à fait d’accord avec ces propos. Il est difficile d’imaginer qu’une simple
maison soit à des prix exorbitants avoisinant les 300.000.00 $ à 350.000.00 $ ! Et il ne faut pas oublier que nous
sommes dans une région éloignée, et que les services ne pleuvent pas. Des logements qui se louent au minimum
2000.00$ par mois sont inaccessibles pour les gens qui ne travaillent pas à la mine. Ceci a pour effet de décourager ceux qui travaillent dans le domaine communautaire : aucun organisme ne peut concurrencer les mines au
niveau des salaires, donc la solution pour les gens, c’est de repartir dans un milieu financièrement plus abordable. L’AFL se ressent beaucoup de cette pression : cela fait plusieurs mois que nous recherchons une assistante
administrative, sans succès, car nous ne pouvons pas tenir la comparaison en ce qui concerne les salaires.
Le Gaboteur : De par sa zone géographique, sa culture et son environnement économique, chaque communauté francophone a ses propres traditions et ses propres codes. Pour vous, en quoi la communauté francophone
du Labrador est-elle différente des autres ?
Karina Lamontagne : La communauté francophone du Labrador est majoritairement constituée de Québécois,
d’Acadiens et de francophones de souche. Beaucoup d’immigrants sont repartis de Labrador City afin de vivre
leur retraite ; en ce moment, nous ne vivons pas encore les effets de l’immigration qui, avec le boom économique, ne devraient pas tarder. Il y a aussi plusieurs francophones qui viennent à Labrador City pour y travailler
sur ce qu’on appelle le « fly-in / fly-out « : donc ils sont ici seulement pendant leur temps de travail. La courte
distance entre Labrador City et Fermont crée un environnement très francophone, même si nous sommes à
Terre-Neuve-et-Labrador.
Le Gaboteur : Il y a beaucoup de travailleurs francophones du Québec qui arrivent dans votre région pour
développer une carrière professionnelle. Comment faites-vous pour essayer de les attirer et les impliquer dans
les activités de votre association ?
Karina Lamontagne : Nous sommes impliqués sur un comité qui se nomme de «Community advisory panel».
Ceci nous informe sur les projets d’envergure qui seront développés dans le milieu. Nous nous approchons
aussi des compagnies pour les informer des services offerts par l’AFL. Plusieurs travailleurs font appel à
l’AFL pour avoir des informations en français. Nous organisons aussi des rencontres avec les employés de
firmes majoritairement francophones, nous distribuons notre journal, le Franc Copain, et nous invitons nos
connaissances.
Le Gaboteur : Quelle est votre vision du futur concernant votre association et plus généralement la communauté francophone de Labrador City ?
Karina Lamontagne : Pour le futur, je vois les jeunes familles, les tout petits, les aînés et finalement tous les
francophones retrouver une place accueillante, chaleureuse, où les membres se sentent bien, tant au niveau de
leur culture que de la langue parlée. Une place qui offre les services et activités par et pour les francophones...
un second chez-soi ; et tout ceci, en français. Labrador City vit un boom économique, et cela me suggère que les
francophones seront de plus en plus présents... À nous d’être prêts à les accueillir.
Tyler Campbell, de l’École Notre-Dame-du-Cap, a fait le long
aller-retour Port-au-Port-Avalon pour lire aux participants de
l’événement À la découverte de nos cultures, le 18 mars dernier,
son texte Au boutte du Cap, paru dans la plus récente édition
de Cultural Con . Tyler est ici entouré par Lloydetta Quaicoe,
organisatrice de À la découverte de nos cultures, Gaston
Létourneau et Michel Genest, respectivement agent de construction
identitaire et directeur général du CSFP.
- Leurs voix feront vibrer La Grand’Terre Les noms des jeunes des écoles du Labrador et de Saint-Jean qui
s’envoleront vers la Péninsule de Port-au-Port pour participer à la
Grande finale du Concours d’art oratoire du CSFP sont maintenant
connus. Il s’agit de Jared Payne et Amélie Pone, de l’École Boréale, à Happy Valley-Goose Bay; de Marie Manstan et Robert Manstan, du Centre éducatif l’ENVOL, à Labrador City; et de Nadia
Marmouche et Marjorie Bourdeau, de l’École des Grands-Vents, à
Saint-Jean. Toute la population de la Péninsule de Port-au-Port est
invitée à venir les découvrir et les applaudir le 29 mars prochain, à
compter de 17 h, dans le gymnase de l’École Sainte-Anne. Également au programme, animation musicale et léger goûter. Entrée
gratuite… mais les dons au Comité de graduation de l’École SainteAnne seront bienvenus. Pour informations : (709) 642-5771.
À propos : Le Conseil scolaire francophone provincial de
Terre-Neuve-et-Labrador chapeaute cinq écoles qui offrent un
apprentissage en français, à savoir : l’École des Grands-vents, à
St-Jean ; l’École Notre-Dame du Cap, à Cap St-Georges ; le Centre
éducatif et communautiare Sainte-Anne, à la Grand’Terre ; l’École
Boréale, à Happy Valley/Goose Bay ; le Centre éducatif L’Envol, à
Labrador City. Pour en savoir plus : composez sans frais le
1-888-794-6324.