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DÉPARTEMENT D'HISTOIRE
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Faculté des lettres et sciences humaines
Université de Sherbrooke
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À L'AUBE DU IIe SIÈCLE AV. J.-C.
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LA LÉGION ROMAINE ET LA PHALANGE GRECQUE
Par
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JEAN-FRANÇOIS MESLIN
Travail présenté à
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EVELYNE FERRON
Dans le cadre du cours
HST 103
Histoire de l'Antiquité
Sherbrooke
Jeudi 6 novembre 2008
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INTRODUCTION
La fin du IIIe et le début du IIe siècle av. J.-C. est une période de grands changements autour du bassin
méditerranéen. À l'est, depuis la mort d'Alexandre le Grand, les royaumes des diadoques se séparent le
monde hellénistique, de la Grèce à l'Égypte en passant par tout l'ancien empire achéménide. À l'ouest,
les villes de Rome et de Carthage se livrent une deuxième guerre pour le contrôle du commerce
maritime. La défaite de celle-ci en 2011, bouleverse l'équilibre des forces dans le monde antique et
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mène la dynamique république romaine à devenir la première puissance de la région, et ce, en à peine
150 ans.
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Un des éléments impressionnants dans la conquête du bassin méditerranéen par Rome est le fait qu'elle
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ait pu aussi facilement dominer les armées grecques et macédoniennes qui avaient, durant le IVe siècle,
défait le puissant empire perse. Qu'est-ce qui a fait pencher la balance pour une armée plutôt qu'une
autre? Pour analyser ce phénomène, cette recherche se penchera en premier sur « l'état des États » à
l'époque, ensuite sur quelques aspects des armées grecques et romaines à la suite de la seconde guerre
punique2 et finalement, sur une bataille décisive qui eut lieu entre Romains et Macédoniens, soit celle
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de Cynoscéphales, en 197 av. J.-C. Les détails stratégiques décrits par les historiens de l'époque et le
regard des experts contemporains sur le sujet devraient alors offrir une meilleure perspective sur la
défaite du monde hellénistique et la montée de Rome.
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ROME ET LA GRÈCE
À l'aube du IIe siècle av. J.-C., la situation de la Grèce est relativement compliquée. La Grèce classique
à proprement dite, est sous domination macédonienne depuis la conquête de Philippe II durant la
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deuxième moitié du IVe siècle.3 Suite à la mort d'Alexandre, la Macédoine et la Grèce sont disputées
par les diadoques jusqu'en 276, date à laquelle s'établit finalement la dynastie antigonide. Cependant,
les rois macédoniens ont à combattre, durant toute la période précédant l'arrivée des Romains, des
1 Jean-Claude Fredouille, Dictionnaire de la civilisation romaine, Paris, Librairie Larousse, 1970, p.124.
2 Ces aspects seront, pour alléger la recherche, les principales formations combattantes de l'armée de terre, soit l'infanterie
(et plus particulièrement la phalange macédonienne et la légion, qui sont les caractéristiques les plus originales des deux
armées à l'époque) et la cavalerie.
3 Bernard Holtzman, « Macédoine antique ». Dans Dictionnaire de la Grèce antique, Paris, Encyclopædia Universalis,
2000, p. 815.
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révoltes entreprises par les cités grecques sous la confédération achéenne ou étolienne. 4 Lorsqu'il monte
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sur le trône, le roi de Macédoine Philippe V réalise que la montée de Rome, représente la principale
menace pour son royaume. Dans un effort de se prémunir contre les Romains, Philippe signe la paix
avec les Étoliens et, en 215, un traité d'alliance avec le général carthaginois Hannibal, qui occupe alors
le sud de l'Italie.5
Rome, de son côté, reste avant tout une petite république. Bien que son influence se fasse sentir sur la
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majeure partie de la botte italienne, en Sicile et en Espagne, son contrôle n'est pas absolu. Cependant,
16 ans de guerre avec Carthage ont profondément modifié l'appareil militaire romain, qui est devenu
comparable, sinon supérieur à celui des souverains hellénistiques.6 L'affaiblissement de sa principale
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rivale permet à Rome de se concentrer sur d'autres voisins dont le plus proche et le plus dangereux est
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le royaume de Macédoine. Celui-ci s'étend de l'autre côté de l'Adriatique dans une région où Philippe V
affermit sa position durant la deuxième guerre punique, sans toutefois s'opposer directement aux
intérêts romains.7
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LES COMBATTANTS
Les combattants qui composent une armée sont d'une importance capitale. Avant l'équipement et la
stratégie, c'est l'origine et l'entraînement de ceux qui portent les armes qui forgent le destin de
l'appareil militaire d'un royaume ou d'un empire. À l'origine, les hommes qui composent les armées
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romaines et macédoniennes sont d'origines semblables, ou du moins sont sélectionnés de façon
similaire parmi les hommes valides des deux nations. À Rome, l'armée républicaine a trois
caractéristiques essentielles: elle était nationale, censitaire et non permanente: « une armée de ce genre
est tout à fait conforme au type des armées civiques des cités grecques. »8 Les citoyens sont alors
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divisés en différentes classes ou centuries et doivent s'équiper à leurs propres frais. Les plus aisés
faisant généralement partie de la cavalerie, les classes suivantes de l'infanterie lourde puis de
l'infanterie légère. Toujours à Rome, les citoyens les plus pauvres, ou proletarii, sont généralement
exemptées du service militaire, sauf en cas de grave danger.9
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9
Holtzman, « Macédoine antique », p. 818.
Ibid, p. 819
Combet Farnoux, Les guerres puniques, Paris, Presses universitaires de France, 1967, p. 111
Holtzman, op. cit., p. 819.
Claude Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen, Paris, Presses universitaires de France, 1977, p. 303.
Marcel Le Glay, Grandeur et déclin de la République, Paris, Perrin, 1989, p. 227-228.
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Cette situation se modifie peu à peu en Grèce puis ensuite à Rome, mais pas de la même manière, ni à
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la même vitesse. En Grèce et en Macédoine, « le IVe siècle et l'époque hellénistique connaissent un
essor extraordinaire du mercenariat. »10 Ce phénomène est un résultat direct des nombreuses guerres
qui ravagent le pays depuis la guerre du Péloponnèse et font diminuer le nombre de citoyens
disponibles. Certaines nations sont même reconnues pour leur spécialisations dans certaines armes:
« l'arc pour les Scythe et les Crétois, la fronde pour les Rhodiens, le javelot pour les Étoliens, les
Acarnaniens et les Thraces. Quant aux Thessaliens, ils [ont] de tout temps affirmé leur supériorité
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comme cavaliers. »11
« Par contraste, le caractère national de l'armée romaine est frappant. »12 Cependant, les guerres
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puniques modifient quelque peu sa composition. Premièrement, la diminution du nombre de
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mobilisables oblige les Romains à baisser le cens minimum requis pour la légion.13 De plus, l'État
commence à fournir l'équipement, au coût d'une retenue sur la solde du fantassin. 14 Aussi, les
combattants romains ne sont pas tous des citoyens au cours des IIIe et IIe siècles. Des troupes alliées
(provenant des autres villes d'Italie) et auxiliaires (mercenaires extra-italiques) accompagnent
généralement les légions sans en faire directement partie.15 Durant la république, la légion reste donc
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typiquement romaine, et est sujette à une attention particulière de la part des chefs militaires. Le
caractère national de l'armée oblige la cité à lever ses troupes parmi ses propres citoyens et de leur
offrir un meilleur entraînement, ce que l'on ne ferait pas avec des troupes mercenaires étrangères, qui,
par nature, devraient déjà être entraînées. C'est pour ces raisons que l'historien antique Polybe
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considère que l'armée de terre romaine est supérieure à celle des Carthaginois, qui est justement
composée de mercenaires.16
Ainsi, lorsqu'elles se rencontrent en Thessalie au début du IIe siècle av. J.-C., les armées
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macédoniennes et romaines sont de natures différentes, ce qui peut déjà faire pencher la balance d'un
côté ou de l'autre. Cependant, pour comprendre le déroulement de ce conflit, il reste encore à analyser
les principales formations des armées, soit la phalange pour les Grecs, et la légion pour les Romains.
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13
14
15
16
Pierre Ducrey, Guerres et guerriers dans la Grèce antique, Fribourg, Hachette littératures, 1985, p. 105.
Ibid, p. 106.
Nicolet, op. cit., p. 303.
Le Glay, op.cit., p. 228.
Jean-Luc Lamboley, Lexique d'histoire et de civilisation romaines, Paris, Elipse, 1995, p. 55.
Ibid, p. 53.
Nicolet, op. cit., p. 303.
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LA PHALANGE ET LA LÉGION
La phalange macédonienne et la légion romaine, telles qu'elles existent à au début du IIe siècle av. J.-C.,
ne se sont pas constituées en un jour. La première formation est par ailleurs dérivée de la phalange
grecque, qui commence à se former aux alentours des premiers siècles de l'époque archaïque. 17
L'hoplite, fantassin de la phalange, est alors lourdement équipé: « casque à cimier en ''fer à cheval'',
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cuirasse de bronze, ceinture, jambière, lance d'estoc et enfin le bouclier à double poignée. »18
Le côté révolutionnaire de la phalange grecque ne se reflète pas tant dans l'équipement que dans la
forme du combat. « L'hoplite ne se bat pas isolé mais à l'intérieur d'un ensemble [...] constitué de
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plusieurs lignes – généralement huit. Par son bouclier, chaque soldat protège à la fois son propre flanc
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gauche et le côté droit de son voisin de gauche. »19 Cette formation serrée permet de former un
véritable mur qui exerce sur les troupes adverses une puissante poussée capable de briser leurs rangs.
La phalange atteint son apogée à partir du règne de Philippe II de Macédoine. Celui-ci, lorsqu'il accède
au trône, « eut à faire face à de graves dangers extérieurs. Il se hâta donc de réformer son armée. »20 La
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phalange macédonienne qu'il organise est sur plusieurs points bien différente de la phalange grecque
classique. Premièrement, les phalanges macédoniennes sont plus profondes, avec jusqu'à seize rangs
plutôt que huit. Les fantassins des premiers rangs doivent tenir leur lances en positions horizontale,
tandis que ceux des derniers rangs la tiennent en position verticale. Pièce maîtresse de l'équipement du
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hoplite macédonien, la sarisse, longue pique de 6 mètres de long (double de celle des piques grecques)
et large de 3 centimètres, doit être transportée à deux mains et peut être enfoncée dans le sol, afin de
lui donner plus de force contre l'attaque ennemie.21 « Portant la sarisse à deux mains, le fantassin ne
pouvait tenir son bouclier. Celui-ci devait être tenu à une courroie de cuir à l'épaule. De même, l'épée,
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courte (guère plus de 40 cm) était attachée à la ceinture. »22 L'origine de cette mesure peut aussi être de
nature économique puisque les soldats macédoniens du temps de Philippe II sont souvent trop pauvres
pour se payer une armure complète. Quoiqu'il en soit, Philippe sait profiter de cet inconvénient puisque
ses troupes deviennent plus mobiles lors des combats, et que la longueur des sarisses permet d'infliger
17
18
19
20
21
22
Claude Mossé, Dictionnaire de la civilisation grecque, Bruxelles, Complexe, 1992, p. 272
Ibid.
Patrice Brun, « Les Grecs ont-ils inventé la bataille rangée? » L'histoire, no 267, (juil.-août 2002), p. 17.
Ducrey, Guerres et guerriers dans la Grèce antique, p. 73.
Jean-Nicolas Corvisier, Guerre et sociétés dans les mondes grecs, (490-322 av. J.-C.), Paris, Armand-Colin, 1999, p. 22.
Ibid.
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des dommages sans en recevoir.23 Les avantages stratégiques de la phalange macédonienne
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« apparemment invincible »24, font d'elle la force de frappe par excellence du monde hellénistique.
La légion romaine, quant à elle, subit aussi de nombreuses et rapides évolutions durant la même
période. À l'origine, l'infanterie lourde consiste en une armée censitaire de type hoplitique qui serait
d'origine étrusque.25 Les soldats romains sont alors équipés de boucliers ronds fait en bronze, de piques
et d'épées de fer. On peut donc en déduire que les armées grecques et romaines étaient semblables sur
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de nombreux points alors que la ville n'en était qu'à ses débuts. « Mais les Romains ont très tôt
prétendu [...] qu'ils ont toujours su adopter les armes de leurs adversaires chaque fois qu'elles leur ont
parues efficaces. »26 À la suite des guerres qui les opposent aux autres nations d'Italie et par la suite à
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Carthage, les soldats romains sont équipés et regroupés de façon bien différente.
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Leurs armes défensives sont le casque de type gaulois (galea ou cassis), la cuirasse (lorica) qui est le
plus souvent une cotte de mailles (lorica hamata), le bouclier rectangulaire plat ou creux emprunté aux
Samnites [...] et [qui] évolue ensuite vers une forme ovale (scutum) [puis] les jambières (ocrea). Les
armes offensives [quant à elles,] sont la lance (hasta) et le javelot (pilum) pour le combat à distance, le
glaive d'origine espagnole (gladius) et le poignard (pugio) accrochés au ceinturon (cingulum) pour le
combat rapproché.27
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La légion (on ne peut cependant dater précisément la première utilisation du terme « légion ») s'établit
alors comme la principale formation de l'armée romaine. En tout, 30 manipules de deux centuries (60
hommes) composent une légion, regroupant environ 4200 hommes (en tenant compte des troupes
auxiliaires).28 Les rangs de la manipule sont divisés en trois classes. Les hommes de la première ligne,
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les plus jeunes (hastati), sont armés du pilum. Suivent les hommes d'âge mûrs (principes) et finalement
les légionnaires les plus expérimentés (triarii), qui eux sont armés de la lance d'arrêt. 29 La « légion
manipulaire » signifie aussi l'abandon de la tactique de la ligne hoplitique (encore pratiquée à l'époque
par les Macédoniens) car les manipules et les centuries ne forment plus un front continu, mais sont
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séparées et pouvent se battre indépendamment, en pratiquant des assauts et des retraites alternées. Il est
fort probable que les guerres qui opposent Rome aux Samnites et aux Gaulois au IVe siècle sont à
l'origine de cette souplesse tactique.30
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Ducrey, op. cit., p.76-77.
Ibid, p.85
Nicolet, op. cit., p. 315.
Ibid.
Lamboley, op. cit., p. 55.
Ibid, p. 53.
Nicolet, op. cit., p. 313.
Ibid., p. 314.
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L'écart qui se creuse rapidement entre les principales formations des armées du royaume de Macédoine
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et de la république romaine se révèle aux yeux du monde. La bataille de Cynoscéphales, dont le
déroulement est expliqué plus bas, permet ainsi de comparer la phalange et la légion sur le terrain, alors
qu'elles sont finalement en mesure de s'affronter.
LA BATAILLE DE CYNOSCÉPHALES
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En 197 av. J.-C., à Cynoscéphales en Thessalie, des troupes de la république romaine, dirigées par le
consul Titus Quinctus Flaminius affrontent une armée menée par Philippe V, avant-dernier roi de la
dynastie des Antigonides. La nature des deux armées, l'une typiquement grecque, l'autre romaine,
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donne à cette bataille un aspect historique important. Cependant, ce n'était pas la première fois que des
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armées grecques et romaines s'affrontent. « Les premiers chocs [...] eurent lieu en 280 et en 279 en
Italie du Sud. Ils se soldèrent par la victoire de la phalange, soutenue il est vrai par des troupes
auxiliaires. »31 Quatre-vingt ans plus tard, les Romains prennent leur revanche sur la formation
macédonienne.
Le récit original de la bataille nous provient de l'historien grec Polybe, qui se montre sympathique
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envers la cause romaine, en critiquant le plus souvent les défauts apparents de la phalange, mais en les
excusant à quelques reprises par des circonstances atténuantes.32 Avant même la bataille, Philippe est
coupé de ses garnisons et de ses vivres qui sont situés à Thèbes et Démétrias, du secteur sud-est de sa
ligne de défense et doit faire face à un terrain trop accidenté pour ses phalanges.33 L'ordonnance des
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manoeuvres à l'intérieur de ses troupes est nécessaire pour que celles-ci soient efficaces. Polybe avait
déjà remarqué à l'époque qu'« il faut à la phalange un terrain uni et nu, un terrain que ne coupe aucun
obstacle tel que fossés, ravins, vallonnements, talus ou cours d'eau, car n'importe lesquels de ces
accidents suffit pour paralyser ou disloquer une troupe ainsi formée. »34 Or, la Thessalie, comme la
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Macédoine, est un territoire de « montagnes boisées et de vastes plaines alluviales, »35 et les troupes de
Flaminius et Philippe se sont précisément affrontées dans « les collines de Kynos Kephalai ou ''Têtes
de chien''. »36
31 Ducrey, Guerres et guerriers dans la Grèce antique, p. 92.
32 Ibid, p. 94-95.
33 N. G. L. Hammond, « The campaign and battle of Cynoscephalae in 197 BC », The Journal of Hellenic Studies, vol.
108, (1988), p. 63.
34 Ducrey, op. cit., p. 94.
35 Ibid., p. 93.
36 Ibid., p. 93
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Au moment même de la bataille, la mauvaise planification de Philippe a sans doute déjà condamné son
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armée. En effet, celui-ci n'est pas prêt, sa phalange n'est pas en formation et plusieurs de ses hommes
sont encore en train de gravir les pentes des collines ou même partis chercher du fourrage. 37 De plus,
on estime que l'armée macédonienne, lors de l'affrontement principal, est composée d'environ 26 000
hommes, tandis que celles des Romains, renforcée par ses alliés Étoliens, en compte 32 000.38
L'avantage numérique de Flaminius et sa position lui ont presque déjà assuré la victoire.
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Aux premiers temps de l'affrontement, l'aile droite des Macédoniens réussit à repousser les Romains.
En revanche, ces derniers forcent la retraite, en désordre, de l'aile gauche adverse. « Voyant cela, un
tribun romain [prend] l'initiative de détacher une vingtaine de manipules de l'aile droite romaine,
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victorieuse, et de les porter sur l'arrière de l'aile droite macédonienne. »39 Les hommes de la phalange
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macédonienne ne peuvent (étant handicapés par leurs grandes sarisses), faire face à une avancée
romaine sur deux fronts. Lors de la bataille de Cynoscéphales, les Macédoniens, ne pouvant se
protéger, prennent la fuite ou se font massacrer par les Romains.
La capacité de la manipule romaine de combattre à la fois en ligne compacte et de façon indépendante
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permet de l'emporter sur la formation qui avait fait d'Alexandre le Grand le plus connu des conquérants
du monde antique. La bataille de Cynoscéphales n'est pas non plus la dernière occasion pour les
Romains d'écraser la phalange macédonienne. À Magnésie, en Asie Mineure, contre les troupes
d'Antiochos III et par après, à la bataille de Pydna contre Persée de Macédoine, la légion romaine
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n'apporte « qu'une confirmation: la phalange avait vécu. »40
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Ducrey, op. cit., p. 95.
Hammond, « The campaign and battle of Cynoscephalae in 197 BC », p. 65-66.
Ducrey, Guerres et guerriers dans la Grèce antique, p. 93.
Ibid, p. 93-94.
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CONCLUSION
C'est un fait que la légion romaine s'impose du IIIe siècle av. J.-C. jusqu'aux derniers temps de l'Empire
à travers tout le bassin méditerranéen comme la meilleure force militaire antique. Cependant, de
nombreuses questions, qui n'ont pas été soulevées par cette analyse restent en suspens. Premièrement, il
faut garder en tête que la supériorité tactique de la légion doit beaucoup aux brillants tacticiens qui la
dirigent. On peut alors se demander ce qu'auraient pu être les conflits entre Rome et les royaumes
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hellénistiques si ces derniers avaient eu à leur tête de meilleurs stratèges. De plus, puisqu'il n'a été
question ici que de la phalange et la légion, il est aussi possible de se questionner sur le rôle des autres
soldats (cavaliers, archers, frondeurs...) qui ont aussi été présents durant ces mêmes conflits. Puis
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finalement, puisque Rome s'est établie non seulement à travers la guerre, mais aussi à travers la
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diplomatie et la politique, tout le côté extra-militaire de ses conquêtes peut aussi être étudié en
profondeur. L'histoire militaire, vaste domaine d'étude, demande toujours que l'on creuse plus loin pour
pouvoir mieux comprendre les causes et les conséquences des guerres, des victoires et des défaites du
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passé.
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BIBLIOGRAPHIE
Grèce et Macédoine
DUCREY, Pierre. Guerre et guerriers dans la Grèce antique, Fribourg, Hachette littératures, 1985,
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BRUN, Patrice. « Les Grecs ont-ils inventé la bataille rangée? » L'histoire, no 267, (juil.-août 2002),
p. 16-19.
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MOSSÉ, Claude. Dictionnaire de la civilisation grecque, Bruxelles, Complexe, 1992, 527p.
HOLTZMAN, Bernard. « Macédoine antique ». Dans Dictionnaire de la Grèce antique, Paris,
Encyclopædia Universalis, 2000, p. 808-826.
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CORVISIER, Jean-Nicolas. Guerre et sociétés dans les mondes grecs (490-322 av. J.-C.), Paris,
Armand Colin, 1999, 288 p.
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FREDOUILLE, Jean-Claude. Dictionnaire de la civilisation romaine, Paris, Librairie Larousse, 1970,
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NICOLET, Claude, Rome et la conquête du monde méditerranéen, Paris, Presses universitaires de
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LE GLAY, Marcel, Grandeur et déclin de la République, Paris, Perrin, 1989, 401 p.
Cynoscéphales
HAMMOND, N. G. L., « The campaign and battle of Cynoscephalae in 197 BC », The Journal of
©
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Hellenic Studies, vol. 108, (1988), p. 60-82.