La Pension de César
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La Pension de César
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Distribution : César Raspigoule (le frère ainé) Fanny Raspigoule (la sœur cadette) Marius Raspigoule (le petit frère) Emile Tipietas (le prétendant de Fanny) Pierre Vallois (le président d’un club de supporter du PSG) Honorine (la maîtresse de César) Aline Dupuis (une contrôleuse de la Sécurité Sociale) Manon Bastide (une autre contrôleuse de la Sécurité Sociale) Tout public Résumé : César, Fanny et Marius forment une fratrie vivant à Marseille. César, l’ainé, profite d'une pension d'invalidité alors qu’il est bien portant, Fanny, la grande sœur est employée à la Mairie et Marius, le plus jeune frère, est supporter professionnel de l'équipe de l'OM tirant profit d’une association qu’il gère comme une entreprise. La vie s'écoule tranquillement jusqu'au jour où un contrôle inopiné de la Sécurité Sociale vient remettre en question la pension de César. Les deux frères et la sœur s’étaient préparés depuis longtemps à ce contrôle, mais tout se passera-t-il comme prévu ? Ajoutez à cela un supporter du PSG, une maîtresse très encombrante pour César et un prétendant très amoureux de Fanny, et la famille va se retrouver bringuebalée entre quiproquos et rebondissements dans une comédie où l’accent et le parlé marseillais tiennent aussi un grand rôle. La pension de César Page 3 Acte 1 Décor : Cuisine ou salle à manger. Une table, 3 chaises, un meuble de rangement, éventuellement des éléments de cuisine (frigo, gazinière). Scène 1 César, Fanny César assis à la table de cuisine en train de lire le journal, un verre et une bouteille de Pastis posés sur la table. Entre Fanny, avec un panier de courses qui semble très lourd et qu’elle porte à deux mains. FANNY. - Ah tu es beau ! Tu ne pourrais pas venir m’aider au lieu de rester là à rien faire ? CESAR. - Je ne suis pas là à rien faire, je lis le journal. FANNY. - Qu’est-ce qu’il y a de si important dans le journal qui t’empêche de venir m’aider ? CESAR. - Rien. Je dois juste me tenir au courant. FANNY. - Au courant de quoi ? Tu regardes les annonces d’emplois pour voir à quoi tu échappe ? Ou la rubrique nécrologique pour voir combien de tes collègues ivrognes sont morts cette semaine ? CESAR. - Bon ça va, je vais t’aider. Je ne voudrais pas que tu te fasses un tournedos. FANNY. - Ouai ! Finis ta phrase tant que tu y es. CESAR. - Qu’est-ce que tu racontes ? J’ai rien à ajouter. FANNY. - Ne me prends pas pour une couillosti. Ce que tu voulais dire exactement c’est « Bon ça va, je vais t’aider car je ne voudrais pas que ma sœur se fasse un lumbago… parce que sinon elle ne pourra pas préparer le repas et y aura rien à grailler à midi». Voilà ce que tu voulais dire. CESAR. - J’arrête de discuter avec toi car je vois que tu n’es pas d’humeur. Tu seraist-y pas embarrassée ces jours-ci ? La pension de César Page 4 FANNY. - ça ne te regarde pas ! C’est des affaires de femmes ! CESAR. - Bon, laisse-moi ta banaste. César prend le panier des mains de Fanny, le pose par terre à quelques centimètres devant Fanny et retourne s’assoir. FANNY en regardant le panier. - Pauvre de moi. Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour avoir un frère pareil ?! CESAR. - Dis plutôt en joignant les mains en signe de prière « Merci Seigneur de m’avoir donné un pareil frère ». C’est quand même grâce à ma pension que tu peux remplir ton couffin chez le comestible. FANNY. - Je rappelle à Monsieur le généreux mécène de la famille, que c’est aussi grâce à mon emploi que je remplis la glacière pendant que toi et tes collègues vous videz les bouteilles de pastis. Sans parler des goûts de luxe de ton frère qui lui pompent presque tous ses revenus. Bé, heureusement qu’on a ta pension. Sans ça on serait à Payole ! Mon salaire à la Mairie ne suffirait pas à effacer tes ardoises au bar. Ah ! Je prie tous les jours la Bonne Mère pour qu’elle me sorte de cet enfer où Lucifer s’est incarné en 2 frères irresponsables. Entre Marius téléphone portable à l’oreille. Vé ! Puisqu’on en parle, le voilà le deuxième jobastre ! Fanny commence à ranger les courses. La pension de César Page 5 Scène 2 César, Fanny, Marius MARIUS au téléphone. - Comment le tarif à augmenté ?! …Quoi ?... A cause du prix de gasoil ?! Oh Lucien, ne me prends pas pour un couillon, le gasoil n‘a pas augmenté depuis juillet et le prix pour le transport tu me l’as fait il y a 2 semaines et c’était début octobre. … C’est ça, et puis quoi encore ? Allez, trouves-toi une vraie excuse. Mais moi, je ne peux pas changer le prix des billets. Les supporters ont déjà tous payé pour le déplacement, et je ne vais pas leur demander une rallonge à une semaine du départ, ils vont me tuer…. Quelle marge ? Oh Loule, c’est une association de supporters à but non lucratif, pas une multinationale ! … Quoi ? … Hein ?... Pas le choix ou t’annule ?... T’es vraiment….Bon ça va, je t’apporte les sous qui manquent cet après-midi, mais on en reparlera de retour de Paris. Trompette va ! Il raccroche, puis regardant le téléphone Brèle ! Bordille ! CESAR. - Qu’est ce que t’as à rouscailler ? MARIUS. - Y a que la compagnie d’autocar me demande un supplément pour le déplacement à Paris, soit disant à cause du prix du gasoil qui est plus cher que prévu. CESAR. - Et alors, tu ne fais pas une bonne marge sur ce déplacement ? MARIUS. - Faisais une bonne marge. Mais à cause de cet empaffé… Bon, il faut que je refasse mes calculs… il sort calculatrice, papier et stylo de sa poche et s’assoit à la table, Alors, 10 cars de 63 places, soit 700 supporters … CESAR. - 700 ? MARIUS. - ça va, je sais compter, c’est juste qu’on tassera un peu dans les bus, bon alors… prix du billet au Parc des Princes… droit d’adhésion à l’association, CESAR. – L’adhésion n’est plus annuelle ? MARIUS. - Le règlement de l’assos prévoit que le droit d’adhésion est renouvelable à chaque déplacement à l’étranger, bon tu me laisse continuer ?… droit d’inscription au déplacement à Paris, supplément déplacement à la capitale, … frais de dossier, assurance en cas d’annulation, assurance en cas de défaillance de l’assurance annulation, forfait pique-nique aller, forfait pique-nique retour, voilà pour les encaissements, je crois que j’ai rien oublié. Tout ça je le multiplie par 700, et ça me fait le total des recettes, … voilà. Ensuite les dépenses,… prix d’achat des billets au Parc des Princes, prix du transport, panier repas pour l’aller, à savoir une bouteille d’eau de source et un paquet de chips par participant. La pension de César Page 6 CESAR. – Ils ne vont pas avoir d’indigestion. MARIUS. - Panier repas pour le retour, une bouteille d’eau. A César. Le retour se fait de nuit, ils n’auront pas faim. Ensuite, la nouvelle tenue de représentation pour le président de l’association : costume Versace, chemise Ralph Lauren, cravate Lancel, chaussures Berlutti, ceinture Calvin Klein,… Je crois que j’ai rien oublié. Ah oui ! Lunettes de soleil Rayban, on ne sait jamais, si ça tombe le seul jour de l’année où y a du soleil à Paris. Ensuite, banderole au nom du président de l’association, puisque ça tombe le jour de son anniversaire… billet d’avion pour le président de l’association … ah oui, c’est en classe affaire, … CESAR. – Le président ne voyage plus avec les supporters ? MARIUS. - Le président de l’association doit arriver sur place avant les supporters pour les accueillir, alors il doit prendre l’avion, bon je continue… hôtel et restaurant à Paris pour le président de l’association … et son invitée CESAR. - é e MARIUS. - Quoi ? CESAR. - Invitée é e. MARIUS. - Oui et alors ? Il y a des supportrices dans l’association, et il y a eu un tirage au sort. C’est Fifine, la fille du couvreur qui a gagné. CESAR. - Ah la belle Fifine ! Ça m’aurait étonné que ce soit un cabestron qui gagne. MARIUS. - Bon, tu arrête de m’emboucaner ? J’en étais où ? Ah oui, frais divers sur place pour le président, champagne, petits fours, diner spectacle, … et pour finir le supplément « gasoil » ahrrr…cela fait une marge de 4534 €, …alors que j’avais prévu plus de 6300 € ! CESAR. - Ne marronne pas. En tant que « président de l’association » tu n’es pas le plus à plaindre. MARIUS. - Oui, mais ça m’escagasse, parce que c’est le déplacement le plus important de l’année. Tu imagines, PSG – OM ! En plus avec les brèles qu’on a cette saison dans l’équipe, on ne sera pas foutu de rencontrer ces cons de parisiens en finale de la coupe. La pension de César Page 7 FANNY. - Franchement tu me fais honte. Profiter des gens comme ça. Si Maman te voyait ! MARIUS. - Oh Fanny ! Mes affaires profitent à toute la famille, et ma cagnotte elle servira aussi à faire ton installation. En plus le ballon c’est ma passion, l’OM c’est toute ma vie. Alors tu ne peux pas me reprocher de vivre ma passion ? FANNY. – De vivre DE ta passion. MARIUS. – En tout cas, Papa aurait été fier de moi. C’est quand même lui qui m’a transmis son amour pour l’OM. FANNY. - Et qui à transmis à ton frère sa passion pour le pastis. Ah Quelle famille ! Heureusement que j’ai pris tout le bon de Maman et que vous m’avez à vos côtés. Ah oui, vous ne savez pas la chance que vous avez. CESAR. - Mais bien sûr qu’on sait la chance qu’on a, surtout quand tu fais l’aïoli comme Maman savait si bien le faire ! Humm ! César se me à chanter avec Marius (air de la chanson des Massalia Sound System): « Fais-le bouger, fais-le bouger, ton taffanari. Fais-le monter, fais-le monter, ton aïoli Fanny ». Ils se donnent une tape dans la main. FANNY. - Méfiez-vous, un jour je risque de partir… Croyez-moi, il ne manque pas grand-chose pour que je franchisse le pas de cette porte pour vivre ma propre vie, et vous laisser à vos existences médiocres. CESAR En exhibant une enveloppe. – Vé, c’est peut-être ça qui te manque ? FANNY. - Qu’est-ce que c’est ? Une lettre pour moi ? Tu n’as pas intérêt à l’avoir lu ! CESAR. - Rassure-toi, je n’ai pas eu besoin de l’ouvrir pour savoir qui t’écrit et me douter de quoi elle parle. L’adresse de l’expéditeur est indiquée au dos : Emile Tipietas, 23 rue des Figuiers à Marseille. FANNY lui arrache l’enveloppe. - Donne-moi ça tout de suite ! CESAR. - . Ce ne serait pas ton collègue de la Mairie ? MARIUS. - Qui ça, Tip et Top ? Oh ! Juste lui ?! Ah ah ah ! La pension de César Page 8 FANNY. - Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle. Et puis pourquoi tu l’appelles Tip et Top ? MARIUS. – Ce n’est pas moi qu’il l’appelle comme ça, c’est tout le monde. Pas vrai César ? CESAR. - Eh ouai. Il faut dire qu’avec son infirmité qui le fait boiter quand il marche ça fait Tip et Top, Tip et Top, Tip et Top,.. Notre sœur n’est pas regardante sur les aptitudes physiques de ses prétendants. FANNY. - En tous cas il est très gentil et serviable, et au moins il travaille même s’il a une infirmité. Une vraie infirmité avec un vrai travail lui ! En foudroyant César du regard. Pas comme certains qui touchent des pensions d’invalidité alors qu’ils sont en par-fai-te-san-té ! CESAR. - C’est pour moi que tu dis ça ? FANNY. - Oui Mossieur ! C’est pour toi que je dis ça. Tu as vraiment de la chance de n’avoir jamais été contrôlé. Si un inspecteur de la Sécurité Sociale venait un jour, tu rigolerais moins. CESAR. - Oui, on rigolerait tous moins. Je dirais même que ce serait un vrai malheur …pour toute la famille. FANNY. - Pour ceux qui resteront seulement, car moi je ne compte pas faire de vieux os ici. Avec des frères pareils, je ne suis pas gâtée. Vous êtes des ases, voilà. Mes frères sont des fadas ! CESAR. - Fanny, tu n’as vraiment aucune raison de te faire du mouron à propos de nous. Papa, sur son lit de mort avait bien réparti les choses. A Marius l’association de supporters, à moi la pension grâce au piston de Tonton Lucien et à toi… FANNY. - A moi quoi ? CESAR. - Euh… à toi… ben… l’emploi à la mairie… et le bon sens de Maman. FANNY. - C’est justement parce que j’ai hérité du bon sens de Maman que je te dis de te méfier. Les temps vont changer. Tonton vient de partir à la retraite et comme il ne travaille plus à la sécu, il ne peut plus te protéger. La pension de César Page 9 MARIUS. - Mais non ! Y a rien qui craint. Tonton à dû faire comme Papa, c'est-à-dire bien préparer son départ et nous assurer la tranquillité encore un moment. FANNY. - Justement non. Tonton m’a dit l’autre jour que son nouveau chef, arrivé un mois avant son départ à la retraite, avait l’intention de reprendre les choses en mains dans son service. Et en plus il est d’Orléans son chef ! CESAR. - Et alors ? Orléans c’est au sud de Paris non ? FANNY. - Oui, mais pas assez au sud pour être arrangeant. En plus, il parait qu’il veut faire venir une nouvelle contrôleuse avec qui il a déjà travaillé. Une alsacienne ! Vous vous rendez compte ? Une alsacienne à Marseille ! Il ne manquerait plus que ça ! MARIUS. - Franchement, je ne crois pas qu’on soit contrôlé de si tôt. FANNY. - C’est ce que tu crois. CESAR. – Marius a raison, on craint dégun. Tonton nous a détaillé la marche à suivre en cas de contrôle. Tout est réglé pile poil. On fait comme il a dit, et la vie continue. FANNY. – Té, puisque tu en parle, ça fait longtemps qu’on n’a pas répété la marche à suivre en cas de contrôle… Bon allez zou, on s’y met. Tous en scène. Marius, aujourd’hui c’est toi qui fais le contrôleur. MARIUS. - Allez ! ça va ! Y a pas besoin. On connait notre rôle par cœur. Tu ne vas pas nous faire caguer avec ça ? En plus le contrôleur, je l’ai déjà fait la dernière fois. C’est toujours mois qui m’y colle. FANNY. - C’est normal, tu n’es jamais là. Il y a peu de chance qu’il te voit. Bon allez, pas de discussion, y a au moins 6 mois qu’on s’est pas entrainé. Marius toi tu sors, César, toi tu restes assis à la table…. à rien faire comme d’habitude. Quant à moi, je fais le reste… comme d’habitude aussi. MARIUS en sortant. - Au fait, c’est comment l’accent alsacien ? FANNY. - Allez file couillon ! MARIUS entre et parle avec un mauvais accent allemand. - Bonchour Matame, Bonchour Mossieu. C’est pour le contrôle de la Securitat Socialeu. La pension de César Page 10 César rigole. FANNY. - Mais qu’est-ce que tu nous fais là ? C’est quoi cet accent ? MARIUS. - Ben c’est l’accent alsacien ! FANNY. - Tu va me faire le plaisir de recommencer sans faire le fada s’il te plait. Allez ouste ! MARIUS ressort puis rentre à nouveau en parlant avec un mauvais accent russe. Bonjour camarades, Ici le contrôle de la securitat socialiste indépendante. César rigole. FANNY. - Bon, puisque tu ne veux pas te lever le maffre, alors c’est moi qui vais le faire. Tu vas prendre ma place. Mets ce tablier. Marius hésite. Ne discute pas ! Fanny sort puis entre en parlant avec un accent allemand très exagéré. FANNY. - Bonchour Madame, Monsieur, je suis la contrôleuse de la sécurité sociale. Marius et César rigolent en douce. Silence. FANNY en criantt. - KONTROL SS ! PAPIREN ! SCHNELL ! César et Marius sont transis de peur. FANNY sur le même ton. - VOUS ETES BIEN CESAR RASPIGOULE, NE LE 17 DECEMBRE 1968, RESIDENT 18 RUE DU PORT A MARSEILLE 2EME ARRONDISSEMENT, ENREGISTRE AUPRES DE LA SECURITE SOCIALE SOUS LE NUMERO 1.68.12.13.002.995.87, DECLARE INVALIDE A 100% DEPUIS LE 3 JANVIER 1989 SUITE A UN ACCIDENT DU TRAVAIL ?! CESAR effrayé.- Oui c’est ça, mais arrête Fanny, tu me fais peur. FANNY. - ON REPOND « OUI MADAME », « NON MADAME » OU ON SE TAIT ! La pension de César Page 11 MARIUS apeuré.- Fanny, s’il te plait, arrête ! C’est vraiment effrayant comme tu nous parles. Tu ne veux pas qu’on fasse plutôt comme Tonton nous a dit ? Silence FANNY. - Bon, vous me promettez de ne plus faire les couillons ? MARIUS ET CESAR ensembles. - Oui ! FANNY. - Alors on fait mot pour mot comme c’est prévu. Marius, tu gardes le tablier et tu joues mon rôle. César toi, tu restes assis à lire le journal. CESAR. - Mais si le contrôleur arrive alors que je suis debout ? FANNY. - Tonton a dit que te connaissant, il y a neuf chances sur dix que le contrôleur te surprenne assis à lire le journal ou boire le pastis. MARIUS. - ou les 2. FANNY. - En tout cas, c’est à ce moment là qu’il risque d’arriver. CESAR. - Comme je ne lis jamais le journal l’après-midi, ça prouve bien qu’à la sécu, ils ne travaillent que le matin. Je m’en suis toujours douté. FANNY. - Bon, on commence ? Tenez-vous prêts, je sors. Fanny sort. Marius commence à rigoler mais César lui donne une tape sur la tête pour qu’il garde son sérieux. Fanny entre. Fanny sans accent : Bonjour Madame, bonjour Monsieur. Je me présente, Gretel Stoeffler, contrôleuse de la Sécurité Sociale. MARIUS. - Oh ! Tu sais déjà comment elle s’appelle ?! CESAR. - Mais non couillon. C’est un exemple. Stoeffler c’est une marque de choucroute. « Choucroute Stoeffler, je sais pas le dire mais je la mange bien ». La pension de César Page 12 FANNY. - Vous avez fini ? Silence. Monsieur, vous êtes bien César Raspigoule ? Le reste de la scène est joué avec éloquence exagérée. CESAR. - Oui Madame, mais je vous prie de m’excuser de rester assis, avec ma jambe handicapée, je ne peux pas me lever. MARIUS avec une voix féminine. - Mon dieu César, excuse-moi ! En faisant le ménage j’ai déplacé ta canne sans le faire exprès. Attends, je vais te la chercher. Marius se met à chercher dans tous les recoins de la scène. Fanny et César regardent en silence. MARIUS. - Où est cette putanasse de canne ?! FANNY. - Je crois qu’on l’a rangée dans le cafoutche. MARIUS. - Je vais la chercher FANNY. - Non, laisse tomber, on continue sans, mais faudra penser à la sortir. MARIUS mimant le geste de donner la canne. - Voilà mon César. Et encore désolée. César se lève péniblement. CESAR. - Mes hommages Madame. Que nous vaut le plaisir de cette visite inattendue ? FANNY. - Oh juste un petit contrôle de routine. Je suis venue m’assurer que votre pension vous était versée correctement et correspondait bien à votre handicap. CESAR. - Je suis à votre entière disposition chère Madame. Puis-je vous offrir un verre, nous étions justement sur le point de prendre le pastis. Un pastis, cela ne se refuse pas. Le pastis, c’est tout un symbole dans une maison marseillaise. Symbole de l’amitié et du soleil. D’ailleurs, savez-vous d’où vient le nom du pastis ? Eh bien il vient du provençal « Pastisson » et de l’italien « Pasticchio », qui signifient mélange ou amalgame. Car, voyez-vous, le pastis n’est pas un simple apéritif, c’est le résultat d’une subtile association de saveurs, finement élaboré par Paul Ricard, notre Saint- La pension de César Page 13 Paul, qui a su trouver dans les années 20 la recette parfaite associant dans un équilibre parfait, l’anis vert, l’anis … FANNY. – Stop ! Ton monologue sur le pastis, tu le finiras le jour du contrôle. CESAR. – Si tu veux,… je reprends sans le monologue,… Puis-je vous offrir un verre, nous étions justement sur le point de prendre le pastis. FANNY. - Je vous remercie beaucoup, mais je suis actuellement en service et ne peux accepter, mais c’est très aimable à vous. Je ne veux pas abuser de votre temps, aussi pourrais-je juste ausculter votre jambe, objet du handicap mentionné dans votre dossier ? CESAR. - Mais bien entendu chère Madame. Comment voulez-vous procéder ? FANNY. - Je vais simplement reculer de quelques pas et vous avancerez vers moi quand je vous le dirai. En vous aidant de votre canne, bien entendu. Je ne voudrais pas vous occasionner un malencontreux accident. Fanny recule de 2 pas. FANNY. - Allez-y maintenant si vous voulez bien. MARIUS. - Sois prudent César. Tu n’as pas l’habitude de marcher une aussi longue distance. CESAR. - Ne t’inquiète pas Fanny, Madame sait ce qu’elle fait. Elle est une contrôleuse compétente, cela se voit. César avance doucement en boitant et en s’aidant de sa canne. FANNY. - Très bien Monsieur, je ne vous en demanderai pas plus. Asseyez-vous, je vous prie, et merci pour cet effort. Marius approche une chaise à César qui s’assoit. Mon contrôle est terminé et votre dossier est parfaitement en règle. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. CESAR. - Mais vous ne nous dérangez aucunement. Vous êtes la bienvenue dans notre modeste maison. Vous ne voulez pas un verre de pastis avant de partir ? Le contrôle est terminé, vous n’êtes plus en service. La pension de César Page 14 FANNY. - En effet, vous étiez mon dernier contrôle de la journée, je veux dire de la matinée. J’accepte avec plaisir votre invitation. MARIUS. - Dans ce cas vous resterez manger avec nous ? J’étais sur le point de faire un aïoli. FANNY. - Je ne voudrais pas abuser. CESAR. - Mais non voyons. Cela nous fait plaisir, et nous n’avons pas souvent l’occasion de recevoir. Fanny reprenant sur un ton normal : Et patin-couffin, bon on arrête là. La répétition est terminée. Si vous faites comme ça le jour du contrôle, tout se passera bien. Il faut que j’y aille maintenant, j’ai à faire. Fanny se dirige vers la sortie. MARIUS. - Et l’aïoli ? Fanny hausse les épaules et sort. La pension de César Page 15 Scène 3 César, Marius CESAR. – Bon cacou, viens t’assoir et parlons de choses sérieuses maintenant. Ça fait longtemps qu’on n’a pas parlé des affaires de l’association. Tu ne dépenses pas tout j’espère ? MARIUS. – Ne t’inquiète pas. La cagnotte grossit tranquillement,… pour toi et pour Fanny. Et en ce qui me concerne, j’ai déjà mis assez de côté pour envisager un excellent déplacement pour la coupe du monde au Brésil. Et je n’oublierai pas mon frère dans ce voyage… CESAR. - C’est gentil, mais moi les voyages… MARIUS. - Et le déplacement à Paris la semaine prochaine ? Tu ne veux pas le faire avec moi ? Ça fait longtemps qu’on n’a pas fait de déplacement ensembles. C’est quand même un match important. Paris, tu imagines ? CESAR. - Mon passeport est périmé. MARIUS. - Ah oui, c’est embêtant Silence MARIUS. - Je trouve que Fanny exagère quand même. Au bout du compte, elle profitera aussi de l’argent collecté avec l’association. CESAR. - Tu la connais. Elle rêve de la famille idéale, parfaite. Elle rêve du petit cabanon dans la calanque. De la petite maison dans la prairie quoi ! MARIUS. - Oui mais d’un autre côté elle est d’accord pour croquer. CESAR. - Telle mère, telle fille. MARIUS. - Tel père, tels fils. Marius et César rigolent et trinquent. MARIUS. - Papa serait fier de moi. La pension de César Page 16 CESAR. - Maman serait fière de Fanny. MARIUS. - Tu es quand même d’accord avec moi ? Ça a toujours été comme ça dans la famille. Je ne fais que poursuivre le travail commencé par Papa, non ? CESAR. - Mais oui, tu as raison. Et on est tous d’accord, même si Fanny rechigne un peu. Papa a toujours dit que le club de supporter est une association à but non lucratif qui doit profiter à tous… dans la famille. On perpétue la tradition, c’est tout. Toi et ton train de vie de ministre, moi et mon futur bar qui occupera ma retraite, et pour Fanny une belle dote pour qu’elle puisse fonder sa famille idéale. MARIUS. - Avec Emile ! Marius et César rigolent et trinquent. CESAR. - Allez, ne t’inquiète pas pour Fanny. Même si elle parait avoir la boule, au fond, elle est fière de toi. Y a pas de pet. MARIUS. - Merci César pour ces bonnes paroles. Santé ! Ils trinquent de nouveau. La pension de César Page 17 Scène 4 César, Marius, Pierre Vallois Pierre Vallois arrive. PIERRE. - Bonjour Marius, Bonjour Monsieur MARIUS. - Oh ! Qu’est-ce que tu fais là ? PIERRE. - j’ai sonné en bas, mais la sonnette ne fonctionne pas et comme la porte était ouverte, je me suis permis d’entrer. J’espère que je ne dérange pas. MARIUS. - Euh si, enfin non. César, je te présente … euh… Pedro Valetti. CESAR. - Oui, je sais qui c’est. Et je ne comprends pas ce que fait dans notre maison ce monsieur avec cet accent venu du froid et pourquoi tu es si familier avec lui. MARIUS. - Mais tu ne le reconnais pas ? C’est Pedro, le cousin de Giuseppe Valetti. Pedro qui est parti faire ses études à … Lyon. CESAR. - Marius, s’il te plait, ne me prends pas pour un totti ou je te colle un pastisson. Je sais très bien qui est ce landolfi, et c’est surement pas Pedro Valetti ou qui que ce soit de la famille de Giuseppe Valetti, qui pour ta gouverne, n’a que des cousines. MARIUS. - Mais qu’est ce que tu racontes enfin ? César. - Puisque tu semble vouloir continuer à t’empêtrer dans tes mensonges, je vais te dire qui c’est. C’est Pierre Vallois, président des Blue Red Dogs, club de supporter du PSG. Et je peux même te dire ce qu’il fait à Marseille alors qu’aucun match n’est prévu. MARIUS. - Mais,… euh… enfin… CESAR les yeux baissés sur la table sur laquelle se trouve le journal ouvert. - Il est à Marseille en tant que témoin assisté, sur convocation du juge d’instruction, dans le cadre d’une enquête nationale, concernant des malversations au sein des associations de supporters des clubs de la Ligue 1 de foutebale. Voilà ! Maintenant que les présentations sont faites, je peux partir. La pension de César Page 18 MARIUS. - Mais comment tu sais tout ça ? CESAR en montrant le journal. - C’est dans le journal de ce matin pauvre couillon. Avec une belle photo de ton collègue sur une moitié de page ! MARIUS. – Ce n’est pas mon collègue. PIERRE. – C’est vrai, on n’est pas collègues, on ne travaille pas dans la même société. MARIUS à Pierre en lui faisant signe de se taire. – Toi tu peux te la claver. CESAR. - Bon je m’en vais car ça sent le poisson pourri dans cette pièce. Et quand je reviendrai, tu auras intérêt à avoir une bonne raison pour expliquer la présence d’un parisien dans la maison d’une famille aussi respectable que la notre… Marius, tu me fais peine. César sort. Scène 5 Marius, Pierre Vallois PIERRE. - Il n’est pas commode ton père. MARIUS. – Ce n’est pas mon père, c’est mon frère. Et puis toi, qu’est-ce que tu fais ici ? PIERRE. - Je profite de mon passage à Marseille pour venir te saluer. Tu m’avais dit « A l’occasion, quand tu passes à Marseille, viens me dire bonjour ». Alors voilà. Je suis là. MARIUS. - Oui, mais c’était façon de parler ! Il ne faut pas prendre au pied de la lettre tout ce qu’on dit ici, surtout quand il s’agit d’une invitation enfin ! Quelqu’un t’a vu rentrer ? PIERRE. - Non, je ne pense pas. MARIUS. – Y avait dégun en bas ? PIERRE. - Ben, je ne sais pas. Je ne le connais pas. La pension de César Page 19 MARIUS. – Dégun, personne quoi. PIERRE. – Ah. Je n’ai pas regardé. Y avait tellement de monde dans la rue. C’est jour de marché on dirait. MARIUS. - Pauvre de moi ! PIERRE. - Bon, ben maintenant que je suis là, autant en profiter pour organiser ton déplacement à Paris. Ça nous évitera de le faire par téléphone comme d’habitude. MARIUS. - Ouai, mais on fait ça vite, tu ne peux pas rester ici. PIERRE. - ça va être rapide. Je voulais juste te parler de l’après match. Pour le match on fait comme d’habitude. On peut reprendre la même liste d’insultes que pour le match aller. De notre côté on ajoutera simplement quelques « Allez vous faire mettre bande de sardines ! », mais il ne faudra pas le prendre au premier degré. MARIUS. - Ouai ok, ok. Mais pour l’après match, qu’est-ce que tu as prévu ? C’est toi qui reçois alors c’est toi qui organises. PIERRE. - Ben j’ai trouvé un endroit très sympa pour la rencontre. Y a une petite rue à 10 minutes à pieds du stade. Je te ferai un plan. Elle est bien éclairée, assez dégagée et en plus j’ai un copain qui y habite et qui a un grand balcon, comme ça on verra bien. Par contre, il faudra qu’on limite à 40 supporters dans chaque camp. MARIUS. - Et pourquoi que 40 ? J’en fais monter 700 à Paris ! PIERRE. - Parce que j’ai un arrangement avec la police, et ils nous laissent nous amuser mais à condition de limiter le nombre de participants à 40 par équipe, rapport au voisinage, tu comprends ?... Mais on a droit aux bats de baseball ! MARIUS. - Oui c’est bien ton idée, mais ça m’arrange pas trop, il va falloir que je fasse une sélection. PIERRE. - Si déjà tu interdis aux enfants de participer, ça fera moins de monde. MARIUS. - Sauf que j’avais justement promis aux minots qu’ils pourraient jouer avec les grands cette fois. C’est bientôt Noël. La pension de César Page 20 PIERRE. - Je suis désolé, on ne peut pas tout avoir. Je t’assure, le balcon de mon copain est super bien placé et il est vraiment grand. Tu peux proposer à quelques enfants de venir assister à la bagarre d’en haut. MARIUS. - Non, je préfère réserver ça à des invités payants. Mais t’inquiète, j’en fais mon affaire. PIERRE. - Bon, on reste là-dessus alors ? MARIUS. - Ouai ouai, mais faut que tu partes maintenant. Y a ma sœur qui risque d’arriver d’un instant à l’autre et je vais déjà avoir à expliquer ta présence à mon frère… PIERRE. – Ok, je file. … Au fait, pour le virement, rapport au dernier déplacement ? Y a eu des frais et tu as promis de me rembourser. MARIUS. - J’ai fait le virement avant-hier. Si tu consulte ton compte tu verras certainement qu’il a été crédité. PIERRE. - Super. Justement, je dois passer à un guichet retirer de l’argent. J’en profiterai pour voir si le virement ne s’est pas perdu. Je me méfie toujours avec les banques. Allez, à la semaine prochaine…. à Paris ! MARIUS. - Oui, oui, à la semaine prochaine. Allez ciao ! Pierre sort. La pension de César Page 21 Scène 6 Marius, César César entre. MARIUS. - Il est parti. CESAR. - Oui, j’ai vu. Silence. Alors ? MARIUS. - Alors quoi ? CESAR. - Tu as trouvé une explication qui tienne la route ou il faut que je ressorte pour te laisser encore un peu de temps ? MARIUS. - Y a rien à expliquer. Pour la bonne marche des affaires de l’association, il faut éviter que les guerres soient trop désastreuses. C’est de la politique voilà tout. CESAR. - La politique faut la laisser aux voyous, ils ont compris que leur intérêt est de s’en servir pour servir leurs intérêts. MARIUS. - Tout de suite les grands mots. Je ne parle pas de politique politique, mais de politique… bizinesse. Si le club de supporters marche aussi bien c’est justement parce que je sais trouver les bons arrangements. Bizinesse ! CESAR. - N’empêche que si Papa te voyais il serait très déçu. Être de connivence avec l’ennemi historique c’est malsain et ça risque de te retomber dessus. Sans parler de la honte sur la famille quand ça se saura. MARIUS. - César, on n’est mal placé dans la famille pour parler de ça. Tu oublies que Maman était parisienne et que Papa l’a justement rencontré lors d’un déplacement de l’OM à Paris. Té ! C’est bien la preuve que Papa a au moins une fois été de connivence avec l’ennemi. CESAR. - Faudrait voir à pas tout mélanger, et puisque tu sembles avoir la mémoire courte, je vais te rappeler les faits. Papa est monté à Paris en 1967 pour le match qui opposait l’OM au Stade de Paris Football Club. Maman était avec les supporters parisiens parce qu’elle accompagnait son cousin Victor, tonton Victor. L’OM a gagné 2 à zéro. Y eu bagarre après le match, comme d’habitude, et Papa avec ses collègues ont mis une rouste aux parisiens, comme d’habitude. En conséquence de quoi, il n’y a pas eu connivence. Maman c’est une prise de guerre, voilà tout ! La pension de César Page 22 MARIUS. - Voui, vu comme ça. CESAR. - Je te rappelle aussi que Maman n’est qu’à moitié parisienne puisque Papi était d’Ajaccio. Et tout le monde le sait, Marseille c’est pile poil entre les 2. Et les Corses méritent le plus grand respect. Ils ont quand même donné un Empereur à la France MARIUS. - et quelques parrains à Marseille. CESAR. - Et le figatelli, MARIUS. - Et Patrick Fiori ! CESAR. - oui, ça aussi ça compte beaucoup. MARIUS. - Oui, mais il ne faut pas oublier que Marseille aussi a beaucoup donné à la France, et même au monde entier. CESAR. - C’est vrai, par exemple le pastis MARIUS. - ça ne m’étonne pas de toi. Moi j’aurais dit le savon de Marseille CESAR. - ça m’étonne de toi. Tu n’es certainement celui qui s’en sert le plus à la maison. MARIUS. - Alors qu’a-t-on donné à la France ? CESAR. – Fernandel par exemple. MARIUS. – Tu n’as pas plus récent ? César. – I AM Marius. – Oui ! en dansant, Je danse le mia ! CESAR. – Jean-Pierre Foucault La pension de César Page 23 MARIUS. – Ouai, c’est votre dernier mot César ? CESAR. – Maurice Béjard, le chorégraphe. Il est de Marseille. MARIUS. – Lui, je connais pas. CESAR. – Henri Martinet, l’auteur compositeur de « Petit Papa Noël» MARIUS. – Connais pas. Improvisation sur le thème de personnages célèbres nés ou ayant vécu à Marseille : Vincent Scotto, Paul Préboist, Arthus Rimbaud (mort à Marseille), Edmond Rostand, Jean Roucas, Robert Guédiguian, Patrice Lafond, le sculpteur César, Clara Morgan, etc… CESAR. – Je ne sais pas, il y en a plein…tiens ! Eric Cantona. MARIUS. – Ah oui. Eric Cantona ! CESAR. – Ah, je vois que c’est plus à ton niveau. MARIUS. - Zidane ! CESAR. - Ma qué Zidane ! Il est peut-être de Marseille mais il n’a jamais joué à l’OM et c’est vraiment dommage pour lui. Il aurait pu être un grand joueur. MARIUS. - Tu as raison. Notre héros, celui qui a fait Marseille, celui qui à révélé Marseille aux yeux du monde, c’est... l’homme du 26 mai 1993 ! Tu te rappelle du 26 mai 1993 ? CESAR. - Evidemment, tout le monde s’en rappelle. Mais il en a peut-être qui ne le savent pas. MARIUS. – Quoi ?! Y en a qui ne se souviennent pas du 26 mai 1993 ?! Ce n’est pas possible ! CESAR. – Oui, il y en malheureusement. Vas-y explique. La pension de César Page 24 MARIUS. - 26 mai 1993. Stade Olympique de Munich,… dans le grand nord, près du cercle polaire ! Finale de la Champion’s League, en français, finale de la coupe d’Europe des club chmpions, en marseillais : The Finale ! L’OM affronte l’invincible AC Milan. 64000 spectateurs dans le stade. Cent mille supporters marseillais sont là. CESAR. – 25000 en fait. MARIUS. – 12 supporters milanais dans le stade. CESAR. – N’exagère pas quand même. Y en avait aussi une palanquée. MARIUS. – Notre équipe est composée de Angloma, Boli, Desailly, Eydelie, Deschamps, Di Meco, Sauzée, Abedi Pelé, Boksic, Völler et Barthez dans les cages. Sur le banc de touche, les remplaçants, Casoni, Thomas, Durand, Ferreri et Olmeta. L’entraineur est Raymond Goethals, dit Raymond la Science. Dans l’équipe du Milan AC, il y a … quelques joueurs de foot. CESAR. – Oui, l’histoire a oublié leurs noms. MARIUS.- L’arbitre donne le coup d’envoi. Le match démarre. Dès le début, la partie s’annonce très engagée. Les Milanais, invaincus dans leur championnat se montrent très offensifs. 4ème minute, tête du milanais Machin, CESAR. – Nijkaard MARIUS. – Oui, c’est ce que je disais. Le ballon passe à côté des cages de notre gardien Barthez. 5ème minute, l’OM concède un coup franc aux italiens. Le ballon est tiré par Donne à Mamie, CESAR. – Donadoni MARIUS. – Oui, donc coup franc sur la tête de Machin, CESAR. – Nijkaard MARIUS. – le ballon passe au dessus du cadre. 6ème minute, tête croisée de Chamallow La pension de César Page 25 CESAR. – Massaro MARIUS. – Barthez est pris à contre pied, mais le ballon effleure le poteau droit. 7ème minute, nouvelle tête de Chamallow, CESAR. – tu insistes, MARIUS. – le ballon frôle le poteau gauche des cages de Barthez. 12ème minutes, CESAR. – Il y a 90 minutes comme ça. Tu ne veux pas m’épargner les détails ? MARIUS. – Oui, mais chaque minute à son importance ! CESAR. – Pas pour tout le monde. Vas à l’essentiel. MARIUS. – Le match est très très engagé. Les milanais mettent une pression monstre. L’OM résiste tout en essayant de trouver la faille. Barthez sauve notre équipe à 2 reprises. Les minutes s’égrènent sans que le score change. 44ème minute, CESAR.- On y est, écoutez bien. MARIUS. – L’OM obtient un corner. Abedi Pelé va le tirer. Il attend que ses coéquipiers soient tous prêts devant les cages milanaises. Tous les italiens sont dans la surface de réparation, ils sentent le danger. Pelé arme son tir et envoie le ballon au premier poteau. Basile Boli est la réception, mais Rijkard et Baresi ayant vu le danger tirent sur le maillot du marseillais malgré le risque du pénalty qui sanctionnerait cette faute. L’arbitre a-t-il vu ? Oui ? Non ? Tout ce passe très vite. Le ballon tiré par Pelé arrive sur la tête de Basile Boli qui d’instinct place une tête croisée qui laisse sur place le gardien italien, et envoie le ballon au fond des cages. Goaaaallllllll !!!! Marseille vient de marquer ! C’est le but ! Oui ! Oui ! Oui ! Le stade est en folie ! Les 500000 marseillais sont tous debout dans le stade! Marius soudain plus calme. Mais il reste encore 46 minutes avant la fin du match. La deuxième mi-temps arrive vite et malgré la pression des milanais, les joueurs de l’OM appliquent à la lettre les consignes de Raymond la Science, ne concédant pas un mètre de terrain et jouant au mieux la règle du hors-jeu qui habituellement réussit plutôt aux milanais. Les italiens sont surpris par la stratégie des marseillais, ils ne savent pas comment réagir, ils sont déboussolés, mais restent très offensifs. Le chrono tourne, mais le score reste figé à 1-0 pour l’OM. 87ème minute, 88ème minute, 89ème minute, 90ème minute. Tout le monde attend que l’arbitre siffle la fin du match, il tarde à le faire. 91ème minute, toujours rien. 92ème minute, toujours rien. 93ème minute et enfin l’arbitre donne le coup de sifflet final ! On est champion ! On est champion ! La pension de César Page 26 MARIUS ET CESAR chantant en courant sur la scène. - On est les champion, on est les champion, on est, on est, on est les champions ! MARIUS. – L’OM, champion d’Europe ! L’Olympique de Marseille, seul club français dans toute l’histoire de la Champion’s League à avoir remporté cette coupe ! Et cela s’est passé le 26 mai 1993. Alors maintenant, tout le monde se souvient ? Silence CESAR. – Bon, alors selon toi l’homme du 26 mai 1993, c’est Basile Boli ? MARIUS. – Mais non, même s’il a marqué le but de la victoire. CESAR. – C’est l’entraineur, Raymond Goethals ? MARIUS. – Non plus, même s’il conduit toute la stratégie. CESAR. – C’est un autre joueur ? MARIUS. – Encore non, même s’ils ont tous contribué à la victoire. CESAR. – Bon, alors selon toi, qui est l’homme du 26 mai 1993. L’homme que Marseille à donné à la France ? En résumé, l’homme le plus important dans l’histoire de Marseille ? MARIUS. – L’homme le plus important dans l’histoire de Marseille, celui sans qui tout cela ne serait pas arrivé, c’est… BERNARD TAPIE ! CESAR.- Oui, je suis d’accord avec toi, mais tu ne trouves pas que tu exagères un peu quand même ? Marseille n’a pas donné Bernard Tapie à la France, c’est plutôt lui qui s’est fait donné par la France. MARIUS. – S’il te plait, ne remue pas le couteau dans la plaie. Il ne méritait pas tout le mal qu’ils lui ont fait. C’est notre héros ! Tu te rends compte de tout ce qu’il a fait pour Marseille ? 1986, il reprend l’Olympique de Marseille qui végète à la quinzième place du championnat, qui n’a plus gagné de titre depuis 10 ans et qui peine à faire plus de 5000 spectateurs dans le stade. Il engage des jeunes espoirs. Jean-Pierre Papin, Eric Cantona, Basile Boli, Didier Deschamps, Desailly, Barthez, Abedi Pelé, Chris Waddle, oh oui, tu te souviens de Chris Waddle ?! La pension de César Page 27 CESAR. – Mais qui peut l’oublier ?! MARIUS. - L’OM gagne le championnat de France en 1989, 1990, 1991 et 1992 ! Vainqueur de la coupe de France 1989. Puis arrive Raymond Goethals, et l’histoire se met en marche. La consécration, l’apothéose, le saint graal. En se mettant à genoux. 26 mai 1993 ! Merci Bernard. Sans toi, rien n’aurait été possible. Silence. Protis et Gyptis ont fondé Marseille en l’an 600 avant Jésus-Christ, Bernard Tapie l’a révélé aux yeux du monde en l’an 1993 après Jésus-Christ ! Marius toujours à genoux, joint les mains en signe de prière et ferme les yeux. Silence. CESAR. – Bien, sur ces bonnes paroles, moi aussi je vais faire ma prière à SaintPaul… Ricard. César va s’assoir à table et se sert un pastis. MARIUS. – Je crois qu’il faut que j’aille prendre un peu l’air. J’ai eu beaucoup d’émotion. Chaque fois que je repense à ça, ça me bouleverse. CESAR. – Viens prendre un petit remontant avant de partir. Ça te fera du bien. César sert un pastis à Marius, et s’en ressert un aussi. Ils boivent en silence, puis Marius se lève et s’en va. CESAR. – Mon frère est un garçon sensible. Allez l’OM ! Và ! César se sert un autre verre et fait cul sec. La pension de César Page 28 Scène 7 : César, Emile César semble un peu éméché. Arrive Emile. CESAR voyant Emile. - Oh Mastre ! EMILE. - Non, moi c’est Emile. Emile Tipietas. CESAR. - Ô Mastre Emile ! Je te donne le bonjour ! EMILE. - Oui, merci César. Moi aussi je te donne le bonjour. CESAR. - Mastre Emile ! Que nous vaut le plaisir de ta visite ? Viens-tu t’enquérir des suites de ta missive à sœur Fanny ? EMILE. - Euh ? Quoi ? Ché missile ? César, tu vas bien ?… Je passais juste voir si Fanny a bien reçu ma lettre et si elle y avait déjà répondu. CESAR. - Reçu ta lettre, oui, Je me suis d’ailleurs assuré personnellement qu’elle lui parvienne en mains propres. EMILE. - C’est très aimable à toi César. Mais tu sais ce qu’elle en a dit ? CESAR. - Bah ! Tu sais moi, je ne suis pas dans sa tête. Va savoir. EMILE. - Mais à son expression en la lisant, tu as pu voir si ça lui faisait plaisir ou pas ? CESAR. - Tu connais ma sœur. Elle ne laisse jamais rien paraître. Mais ne te fais pas de mouron, elle te répondra sûrement bientôt. EMILE. - D’accord, merci César, et si tu peux lui dire tout le bien que tu penses de moi, peut-être ça aiderai à sa réponse. Té, je vous ai porté des navettes de SaintVictor, je sais qu’elle les aime beaucoup. CESAR. - Tu m’aurais apporté une bouteille de pastis, ça aurait aidé encore plus. Mais ce n’est pas grave, tu y penseras la prochaine fois. La pension de César Page 29 EMILE. - Promis juré ! Je ne t’oublierai pas César ! Bon, il faut que j’y aille. C’est bientôt l’heure du début de la pause déjeuner et il faut que j’aille pointer. CESAR. - Mais au fait, rappelles-moi où tu travailles ? EMILE. - à la mairie CESAR. - ah oui, je m’en serais douté. Et tu fais quoi là- bas ? EMILE. - Je suis au parking des voitures des élus. Je m’occupe de la barrière. CESAR. - Et ils font comment quand tu n’es pas là ? EMILE. - Oh mais y a une barrière automatique. Ils l’ont installé y a 4 ans. Mais ils ont conservé mon poste, au cas où. CESAR. - Au cas où elle tombe en panne EMILE. – C’est ça ! Mais ça n’arrive jamais. CESAR. - Elle ne tombe jamais en panne ? EMILE. - Ben non, puisqu’elle est toujours ouverte. CESAR. - Si je comprends bien, tu es le gardien d’une barrière automatique qui ne se ferme jamais ? EMILE. - On peut dire ça. CESAR. - Maintenant je comprends mieux. EMILE. - Il faut que j’y aille. CÉSAR. - Adesias Ô Mastre Emile ! EMILE. – Adesias César. Emile sort. La pension de César Page 30 Scène 8 : César, Pierre, Honorine César à table en train de boire. Arrive Pierre en colère. PIERRE. - Où est Marius ?! Silence. PIERRE. - Tu ne comprends pas le français ? J’ai demandé où est Marius. CESAR. - J’ai bien compris mais je ne parle pas à n’importe qui, surtout quand on s’adresse à moi sur ce ton et qu’on me tutoie sans me demander la permission. PIERRE. - Je tutoie qui je veux et je parle sur le ton que je veux. De toute façon je ne suis pas là pour faire des politesses. Je veux voir cet enfoiré de Marius, et tout de suite. CESAR. - Et qu’est-ce que tu lui veux à mon frère ? PIERRE. - Je veux le voir tout de suite parce qu’il m’a pris pour un con. Voilà ce que je lui veux. Il m’a dit qu’il m’a fait le virement de l’argent qu’il me doit. CESAR. - Et il ne l’a pas fait ? Marius tient toujours parole. PIERRE. - Bien sûr qu’il l’a fait, mais y avait pas le compte. CESAR. - Et il manque beaucoup ? Marius s’est peut-être trompé, il n’est pas très fort en calcul. PIERRE. - Ben oui il en manque. Il en manque même beaucoup. Il ne m’a fait le virement que du quart de ce qu’il me doit. CESAR. - C’est bien ce que je disais, il n’est pas fort en calcul. Mais bon, ne te plains pas. Il lui arrive parfois d’oublier complètement. Tu lui en parles calmement et il te donnera ce qu’il manque. PIERRE. - C’est bien ce que je comptais faire au début, et je pensais qu’il me paiera le reste sans discuter. Mais ce n’est pas ce qu’on m’a dit au bar en bas de chez toi. La pension de César Page 31 CESAR. - Et qu’est ce qu’on t’a dit ? Et puis d’abord, qu’est-ce qu’un parisien peut bien faire au bar en bas ? Tu es suicidaire ? PIERRE. - J’y suis allé avant de venir ici pour me calmer en revenant de la banque. Et j’en ai entendu des vertes et des pas mûres à propos de votre famille. CESAR. - Ah bon ? Vas-y continue, tu m’intéresse. PIERRE. - D’abord, la patronne du bar se disputait avec son mari à propos de ton frère qui a laissé visiblement une grosse ardoise et qui n’est pas prêt de la payer. Et de ce que j’ai compris, ce n’est pas la première fois que ton frère prend les gens pour des américains, comme vous dites chez vous. Quand j’ai raconté ce qu’il m’a fait, ils ont tous rigolé et m’ont dit que je me suis fait escaner, et que je ne verrai jamais la couleur de l’argent. Ça veut dire quoi escaner ? CESAR. - Rien, rien. C’est comme un geste de tendresse, c’est pareil que se faire estamper. PIERRE. - …Et puis ça a parlé aussi de toi et de ton handicap bidon qui te permet de profiter abusivement d’une pension. CESAR. - Faut pas croire tout ce qu’on dit. Tu sais, les gens sont très médisants ici, surtout au contact de parisiens. PIERRE. - Ouai ! Ce que j’en ai retenu surtout c’est que je peux dire adieu au reste de mon fric. Mais ça ne va pas se passer comme ça. Marius va me le payer, cette espèce de… Arrive Honorine. HONORINE. - Vé, je crois que Marius vient de se faire un nouveau collègue. Je dois attendre que ça sèche ou je peux passer la deuxième couche de suite ? En criant Où est Marius ?!! PIERRE. - Ce voleur n’est pas ici. Mais on se retrouvera. Pierre se dirige vers la sortie. HONORINE. - Si c’est pour moi que tu dis ça, c’est volontiers mon beau. Au fait, tu es qui ? La pension de César Page 32 PIERRE. - Pierre, ennemi juré de Marius. Et je dois partir. HONORINE. - Et bien ça nous fait déjà un point commun. J’espère qu’on aura l’occasion de se revoir. PIERRE. - Cela m’étonnerait, je viens rarement à Marseille. HONORINE. - Sait-on jamais. La prochaine fois que tu passes en ville, vient me voir. On pourra jouer à se mélanger les poils. PIERRE. – Euh oui,… peut-être, bon,… il faut que j’y aille. A une prochaine. Il sort. La pension de César Page 33 Scène 9 : César, Honorine Marius HONORINE. - Bon, il est où ton frère ? CESAR. - Et qu’est-ce que tu lui veux toi aussi ? HONORINE. - Il n’a pas payé une note au bar. Une grosse note. CESAR. - ça m’étonne de lui. Il est plutôt du genre à régler toutes ses dettes rubis sur l’ongle. HONORINE. - Ce n’est pas le cas. Arrive Marius qui ne voit pas Honorine de suite. MARIUS. - Oh Fan ! J’arrivais pas à m’en dépéguer de ce con de parisien. J’ai du rester tanqué au coin de la rue un moment avant qu’il parte sans me voir. HONORINE. - Ah te voilà ! MARIUS. - Honorine ! Adieu ! HONORINE. - Alors comme çà tu cherches à entuber mon mari ? MARIUS. - Mais de quoi tu parle ? HONORINE. - De l’ardoise que tu as laissé au bar samedi quand tu as fêté la victoire de l’OM avec ton club de supporter. MARIUS. - Quelle ardoise ? HONORINE. - 62 pastis, CESAR à part. - Oui mais du Ricard HONORINE. - 32 mauresques, La pension de César Page 34 CESAR à part. - Pastis et sirop d’orgeat HONORINE. - 18 perroquets, CESAR à part. - Pastis et sirop de menthe HONORINE. - 9 tomates, CESAR à part. - Pastis et sirop de grenadine Improvisation en inventant de nouveaux mélanges en fonction du lieu où est jouée la pièce. Exemples : Une Québécoise sera un pastis avec sirop d’érable, Une ardéchoise un pastis avec sirop de châtaignes, un andalou sera un pastis avec du chorizo, etc… HONORINE. - 3 kilos de cacahuètes, 2 kilos d’olives vertes et 27 paquets de chips. CESAR à part. - Faut pas trop abuser des chips, ça fait grossir. MARIUS. - Mais j’ai tout réglé ! En espèce même ! HONORINE. - J’ai refait les comptes avec mon mari, et il en manque. MARIUS. - Ton mari m’a fait une remise. Il m’a même fait une facture pour ma comptabilité. HONORINE. - Oui, c’est ça. Je te dis qu’il manque de l’argent et tu vas me le régler tout de suite. MARIUS. - Ecoute Honorine, j’ai payé tout ce que je devais au bar. J’ai une facture pour te le prouver. C’est ton mari qui me l’a faite, avec le tampon et tout ce qu’il faut. Alors pour moi cette affaire est close. HONORINE. - Ne me prends pas pour une coucourde. MARIUS. - Puisque tu ne me crois pas, je vais te chercher la facture. Marius sort. La pension de César Page 35 CESAR. - Je dois y aller aussi. César s’apprête à sortir. HONORINE. - Où vas-tu-toi ? CESAR. - Ben je vais aider Marius à chercher la facture. HONORINE. - Toi tu reste. J’ai deux mots à te dire. CESAR. - Je n’ai rien à te dire moi. HONORINE. - Je te dis de rester et de t’assoir ! César s’exécute. HONORINE. - Alors ? Où étais-tu passé hier après-midi ? Je t’ai attendu. CESAR. - J’étais au bar et je n’ai pas vu le temps passer. Je te demande pardon. On remet ça à un autre jour si tu veux. Je peux y aller maintenant ? HONORINE. - Tu ne vas pas t’en sortir comme ça. Je m’étais arrangée pour avoir 2 heures tranquilles sans personne à la maison. Les minots chez ma sœur et mon mari à s’occuper du bar. CESAR. - Justement, c’est parce que j’étais avec ton mari que j’ai eu des scrupules. HONORINE. - Ah bon ?! Mossieur César à des scrupules maintenant ? Ce serait bien la première fois. CESAR. - Tu comprends, on discutait, on buvait, et puis au bout d’un moment ton mari à mis sa tournée, et je me disais que je n’avais pas de figure à profiter de son pastaga en plus de sa femme. HONORINE. - Quoi ?!! Il a offert sa tournée ? Vous étiez combien ? La pension de César Page 36 CESAR. - Ben je me rappelle plus exactement. Moi, Félix le cordonnier, Olive le cantonnier, Jo des Aygalades et moi. HONORINE. - Tu as dis 2 fois moi. CESAR. - Oui, il m’a offert un deuxième verre. C’est ça qui m’a fait avoir des scrupules. HONORINE. - Ah l’encatané ! Il va m’entendre. Quand je pense à tout ce qu’il doit à ma famille… Si mon père lui a confié le bar ce n’est pas pour qu’il le ruine en tournées ! CESAR. - Enfin tu comprends la situation quoi. Je ne pouvais pas venir te rejoindre alors qu’il nous racontait tant de choses bien à ton sujet. HONORINE. - Ah oui ? Et qu’est-ce qu’il disait de si gentil ? CESAR. - Il disait qu’il avait de la chance d’avoir une femme comme toi, belle, intelligente, la tête sur les épaules, forte, décidée. Mais hélas pas trop portée sur la chose et c’est dommage, mais que tu compensais ce manque d’intérêt pour la bagatelle par toutes tes autres qualités. Il était heureux quoi. Et ça me faisait plaisir de le voir comme ça. HONORINE. - ça te faisait surtout plaisir de le voir payer sa tournée. Ah l’estrassi ! C’est une vrai fangoule ! Parler de moi comme ça ! Et toi tu as loupé une belle occasion de lui prouver le contraire. Alors j’espère que cet après-midi tu t’arrangeras pour être à l’heure chez moi. J’en peux plus moi. Ça fait 2 jours que j’ai rien fait. CESAR. - 2 jours ? Mais ça fait une semaine qu’on ne s’est pas vus. HONORINE. - T’occupe ! T’as intérêt à venir. CESAR. - S’il te plait Honorine, laisses-moi tranquille quelques jours. Tu n’as personne d’autre à voir ? HONORINE. - Non personne qui te soit à la hauteur. J’ai déjà essayé avec tous les hommes du quartier et alentour, sauf les ravans bien entendu et tu restes le meilleur coup de Marseille. César.- Ah oui ? Tu ne veux pas me le redire encore une fois ? Silence. Et ton mari ? Pourquoi tu ne le propose pas à ton mari ? La pension de César Page 37 HONORINE. - Parce que mon mari s’occupe du bar avec moi, et on ne mélange pas le travaille et les galipettes… Et puis mon mari a couché avec ma sœur. CESAR. - Oui tout le monde le sait, mais c’était avant votre mariage. HONORINE. - Justement, je ne veux pas lui laisser le loisir de comparer. CESAR. - mais alors pourquoi l’as-tu épousé ? HONORINE. - Parce que mon père avait confiance en lui pour reprendre le bar, et il plaisait beaucoup à ma mère. CESAR. - Pourquoi, ta mère aussi…. ? HONORINE. – Bien sûr que non, même si je sais qu’elle aurait bien voulu. Mais elle avait déjà couché avec son père et son frère alors elle s’est retenue parce que 2 dans la même famille c’est assez, et en plus elle aimait trop ma sœur pour lui faire de la peine. CESAR. - De la peine pour quoi ? HONORINE. - Justement parce qu’il aurait pu comparer ! CESAR. - Mais ché famille !... J’ai une petite question. Comment vous avez fait pour avoir vos 2 enfants ? Ils sont bien de lui ? HONORINE. - Ce n’est pas compliqué. On a fait la procréation in vitro. Maintenant de là à dire qu’ils sont de lui. Je ne sais pas. Les dates se mélangent dans ma tête, et les éprouvettes aussi. Ah ah ah... Bon assez discuté, je compte sur toi cet après-midi. J’ai passé une mauvaise semaine et j’ai besoin qu’on me fasse grimper au rideau. CESAR. - Tu ne veux pas le proposer à mon frère ? Ça lui fera du bien et à toi aussi. HONORINE. – Et puis quoi encore ?! Il a déjà baisé mon bras cassé de mari, je ne vais pas lui donner le plaisir de m’avoir aussi. CESAR. – Tu veux dire que Marius et ton mari… ? HONORINE. – Mais non, je parle des belins qu’il lui a escroqués ! La pension de César Page 38 CESAR. - Ecoute Honorine, ça peut plus le faire entre nous. Y a ton mari, c’est compliqué pour te voir en cachette, tu en demandes toujours plus et puis… HONORINE. - Et puis quoi ? CESAR. - Tu cries très fort et ça me gène. Tu comprends, les voisins… On t’entend jusque de l’autre côté du Vieux Port. HONORINE. - Je croyais que ça te plaisait. CESAR. - Au début oui, mais la dernière fois tu m’as crevé un tympan. Déjà que j’ai mon handicap à la jambe, si en plus je deviens sourd. HONORINE. - César, tout le monde sait que ton handicap c’est du bidon. Alors je te le dis pour la dernière fois, si tu ne viens pas cet après-midi, tu le regretteras. Non seulement tu deviendras sourd pour de bon à m’entendre te crier dessus, mais en plus ton handicap ne le sera plus pour de faux. J’espère qu’on se comprend. Silence CESAR. - Honorine, je te le dis solennellement, je ne viendrai pas. Je ne viendrai plus. Et tu ne me fais pas peur. HONORINE. - Espèce de … Entre Marius. MARIUS. - Voilà j’ai trouvé la facture ! Silence. Honorine continue à fixer César. MARIUS. - Tu veux plus voir la facture ? HONORINE. - Montre-moi ça ! Elle lit le document. Ah le couillosti ! Il va m’entendre ! Et toi Marius, quand il t’a fait ce tarif, tu n’as rien dit bien sûr !... MARIUS. - Ben qu’est-ce que tu voulais que je dise ? C’est lui le patron du bar ! HONORINE. - Vous êtes une vraie famille de chiapacans. Vous allez me le payer… tous les deux ! La pension de César Page 39 Honorine sort. César et Marius s’assoient à table en silence et se servent à boire. CESAR. - Je crois qu’on s’est fait de nouveaux amis aujourd’hui. MARIUS. - Oui. C’est une bonne journée. Ils trinquent NOIR La pension de César Page 40 Acte 2 Même décor. Scène 1 Fanny, Emile Fanny et Emile assis chacun à un bout de la table mais en faisant face au public. EMILE. – On choisit quelle date pour le mariage ? FANNY. - Le 15 juin ! EMILE. – Tu as l’air bien décidée. Pourquoi particulièrement le 15 juin ? FANNY. - Parce que j’ai reçu ta lettre de demande en mariage le 15 octobre, je t’ai répondu que j’allais réfléchir le 15 novembre, puis tu m’as refait ta demande oralement le 15 décembre et j’ai accepté le 15 janvier. Ensuite, le 15 février ça tombait le jour du salon du mariage au parc des expositions où j’ai choisi ma robe, et le 15 mars c’est le jour où j’ai enfin trouvé les chaussures assorties à la robe. EMILE. – Oui, mais alors pourquoi pas le 15 mai ? FANNY. - Parce que aujourd’hui on est le 15 avril. EMILE. – Et alors ? FANNY. - Le 15 avril je déclare qu’on se mariera le 15 juin. Voilà ! EMILE. – Dans ce cas… FANNY. - Il faudrait maintenant commencer à réfléchir au voyage de noce. EMILE. – Justement, j’avais une petite idée. Pour le voyage de noce, pourquoi on n’irait pas au centre de vacances de la Mairie, près de Forcalquier ? Il parait que c’est bien. La pension de César Page 41 FANNY. - Ah ! Ça pas question ! J’y suis déjà allée pendant mes congés payés avec Jeannine du service des Arrêts Maladie et je ne veux plus y retourner. EMILE. - Jeannine, la grande brune qui zozote ? FANNY. - Non, je parle de Jeannine Galibier, la sœur du chef du service de la comptabilité des RTT. Mais c’est normal que tu confondes. Au service de gestion des arrêts maladie il y a 3 Jeannine. C’est un gros service, ils sont au moins 30 à pointer là-bas. EMILE. - Eh oui, ça fait du monde FANNY. - La Jeannine avec qui je suis partie, elle est au sous-service de gestion des arrêts maladie des employés du service des arrêts maladie. EMILE. - Ah oui ? Et ils sont combien dans son sous-service ? FANNY. - Je crois qu’ils sont 7, mais c’est pour pouvoir assurer la continuité du service puisqu’en général il y en a toujours 4 en arrêt maladie. EMILE. - Eh oui, ça fait du travail. FANNY. - En tout cas ne me parle pas d’aller au centre de vacance de Forcalquier. Quand j’y suis allé on a fait une sortie « ballade » qu’ils disaient. Ils m’ont fait faire le tour de la montagne de Lure à pied ! Même pas un bus ou un tramway. Rien. A pied ! Tu te rends compte ? J’ai eu les pieds gonfles pendant une semaine. Maintenant je comprends pourquoi on appelle ça des congés payés. Personne ne le ferait gratuitement. EMILE. - Eh oui, ce n’est pas reposant… Et si on allait en Italie ? FANNY. - Ah oui ! C’est une bonne idée. Tu m’emmènes où ? EMILE. - Bé un truc sympa c’est de faire le marché de Vintimille. Y a un bus qui fait l’aller retour sur la journée du vendredi au départ du Vieux-Port. Faut se lever tôt mais on fait l’économie de l’hôtel. En plus on peut faire des bons achats au marché de Vintimille. FANNY. - Oui c’est une idée. Je pourrais ramener du pastis à César, c’est moins cher là-bas. Ce sera toujours ça d’économisé. La pension de César Page 42 EMILE. - Eh oui, c’est moins cher… Mais attention, pas d’articles de contrefaçon. Y a beaucoup de marchands qui en proposent en Italie. En plus, il parait qu’il y a la douane violente qui fait des contrôles sur la route du retour. FANNY. - Pas de risque que je prenne ce genre d’article. Marius m’en ramène tout le temps, sauf que lui c’est des vraies contrefaçons, pas des fausses comme on en voit souvent au marché de la Plaine à Marseille. EMILE. - Eh oui, faut faire attention à ce qu’on achète… Bon alors c’est dit. Le voyage de noces on le fait en Italie. FANNY. - D’accord !... Mais une seule journée, ce n’est pas un peu court ? EMILE. - Eh oui, c’est un peu court… J’ai une idée ! Puisque le voyage à Vintimille c’est le vendredi. Le samedi on peut faire le marché des santons à Aubagne ? FANNY. - Oui c’est une idée… mais un autre mois alors. Parce que si on se marie en juin et qu’on fait le marché de Vintimille juste après le mariage, on devra attendre fin novembre pour aller à Aubagne. Le marché des santons, ils ne le font que pour Noël. EMILE. - Eh oui, faudra attendre un peu… Mais ce n’est pas grave, on aura l’impression de faire 2 voyages de noces comme ça. FANNY. - Reste que ça fait que 2 jours. C’est un peu court pour un voyage de noces. EMILE. - Eh oui, c’est un peu court… J’ai une idée ! On prolonge sur le Dimanche et on fait le train des neiges du Conseil Régional. Mais sans en parler aux collègues de la Mairie parce que ça peut nous porter tort. Tu connais les relations entre le maire de Marseille et le président du Conseil Régional ! FANNY. - Oui ton idée me plait… Mais le train des neiges je crois qu’ils ne le font qu’en février. Faudra encore attendre 2 mois après le marché des santons. EMILE. - Eh oui, faudra encore attendre… Mais regarde ! Ça nous fera un vrai ouiquende prolongé ! C’est pas beau ça ? FANNY. - Ah oui c’est génial ! Vendredi, Samedi et Dimanche. Ça c’est un vrai voyage de noce comme j’en ai toujours rêvé. EMILE. - Eh oui, ce sera un beau voyage. La pension de César Page 43 FANNY. - En plus, avec un peu de chance ça tombera au moment où j’aurai le piston pour mon changement d’affectation à la Mairie. EMILE. - Ah oui ? Tu vas changer ? FANNY. - Oui, je vise la place de Fabrice, le neveu du beau-frère du cousin à Olivier Olive, l’adjoint au Maire délégué aux apéros de départ des employés municipaux. Il a une bonne place Fabrice, mais il a bientôt 52 ans et il va certainement prétendre à ses droits à la retraite. EMILE. - Eh oui, c’est vieux 52 ans… Et où il travaille Fabrice ? FANNY. - Il est au service de gestion des heures supplémentaires des employés municipaux. C’est dire le peu de travail qu’il a ! EMILE. - Eh oui, c’est vrai que des heures supplémentaires on en fait pas beaucoup à la Mairie. Fanny. – Oh ! Tout le monde sait que c’est très exagéré… quoi que. Emile. - Bon, je dois partir. C’est bientôt l’heure de la fin de mon service et il faut que j’aille pointer ma fin de journée. FANNY. - Eh oui, il se fait tard, il est presque 4 heures. EMILE. - Je ne voudrais pas être en retard car mon chef n’aime pas quand on pointe après l’heure. Ça fait des heures supplémentaires... On ne veut pas donner trop de travail à Fabrice, hi hi… FANNY. - Eh oui, surtout à son âge, hi hi… Oh Attends, avant de partir il faut que je te donne les catalogues pour la liste de mariage, tu pourras les regarder tranquillement au travail. C’est Nine qui me les a donnés. Elle propose de déposer la liste à sa droguerie. EMILE. - Oui, c’est une bonne idée. En plus c’est à côté. FANNY. - Ne bouge pas, je vais les chercher dans ma chambre. Fanny sort. Emile reste seul. La pension de César Page 44 Scène 2 : Emile, Honorine, Fanny Arrive Honorine. Emile est toujours assis à la table, face au public. HONORINE. - Y a quelqu’un ? La porte était ouverte. EMILE. - Bonjour Honorine. HONORINE. - Adieu Emile. Tu es seul ? Je suis venue voir César, il n’est pas là ? EMILE. - Non, il n’est pas là. Je suis avec Fanny, mais elle est sortie une minute. Elle ne va pas tarder. HONORINE. – J’ai entendu parler de votre projet de mariage. Félicitation et Bravo. EMILE. - Merci. HONORINE. - Eh oui, faut être vraiment courageux pour épouser une Raspigoule. EMILE. - Pourquoi tu dis ça ? HONORINE. - Parce que dans cette famille, ils sont tous fadas et méchants. EMILE. - Pas Fanny. Je peux t’assurer qu’elle est très gentille. HONORINE. - Oui, crois-le, gentil a qu’un œil, et Fanny elle en a deux. Tu es un brave garçon Emile, et je pense que tu mérites mieux. Mais c’est ton choix. EMILE. - Oui, c’est mon choix et j’en suis très heureux. Honorine s’avance vers Emile toujours assis. HONORINE. - C’est quand même dommage. Un garçon joli comme toi peut prétendre à mieux que Fanny. Elle s’avance encore et fait mine de trébucher pour se retrouver assise sur les genoux d’Emile. La pension de César Page 45 HONORINE. - Oh pardon ! J’ai perdu l’équilibre. J’espère que je ne t’ai pas fait mal ? EMILE. - Non ça va, mais tu veux bien te relever Honorine ? HONORINE. - On n’est pas bien comme ça mon Emilou ? Elle lui caresse les cheveux. Ils sont doux tes cheveux. Tu utilises un shampoing en particulier ? EMILE. - Euh, … non,… juste du savon de Marseille… HONORINE en caressant le visage d’Emile. - Et ta peau est douce. Tu utilise de la crème pour le visage ? EMILE. - Euh… non… juste du savon de Marseille…. HONORINE en approchant sa tête du cou d’Emile. - Et tu sens très bon. Tu utilise un parfum ? Lequel ? EMILE. - Euh… non… juste du savon de Marseille… HONORINE – Ah, le savon de Marseille ! Cela te va si bien ! EMILE. - Arrête Honorine ! Ça me gêne et Fanny va arriver d’un instant à l’autre. HONORINE. - Ne t’inquiète pas mon biquet… Tu es très confortable… Tu n’as pas trop chaud ? Tu es habillé comme un Saint-Georges…Oh ! C’est quoi le truc dur que je sens sous mon taffanari ? EMILE. - C’est juste ma canne. HONORINE. - Oh, ta canne ? Je pensais à autre chose… Mais ma foi, la canne c’est bien aussi. On néglige souvent les accessoires. EMILE. - Honorine, lève-toi je t’en supplie ! HONORINE. - Tu n’aimes pas quand je te caresse les cheveux mon gari ? Tu préfères qu’on fasse autre chose ? Elle commence à lui caresser le torse. Tu es bien bâti on dirait. Tu ne vas quand même pas me faire croire que ça ne te fait aucun effet ? Tu n’aimes pas quand une galine te touche comme je sais si bien le faire ? La pension de César Page 46 EMILE. - Arrête ! Arrête ! HONORINE. - D’accord, mais d’abord dis-moi que tu aimes ça. EMILE. - Oui, oui, j’aime ça ! Mais, je t’en supplie… Arrive Fanny sur cette dernière réplique. FANNY. - Tu aime quoi ?! EMILE confus. - Fanny !… je vais t’expliquer… ce n’est pas ce que tu crois…. HONORINE en se levant tranquillement - Bonjour Fanny. Je disais justement à Emile qu’il est un garçon très confortable. Tu as de la chance de l’avoir bientôt comme mari. FANNY. - Ce n’est pas encore fait. Loin de là ! Pour l’instant, c’est lui qui a de la chance que je ne l’étripe pas sur le champ. Et toi aussi par la même occasion. HONORINE. - Je crois que ça se gâte. Vous avez certainement des choses à vous dire et je ne veux pas gâcher ce moment d’intimité. J’étais juste venu voir César, mais comme il n’est pas là, je repasserai. Honorine se dirige vers la sortie. Au revoir Fanny. A bientôt Emile. Silence. Fanny va s’assoir en face d’Emile et s’effondre en larmes. EMILE. - Fanny, je te jure que c’est un malentendu. C’est Honorine qui s’est jetée sur moi. FANNY. - Je sais Emile. Je connais Honorine. Tout le monde la connait… Mais tu n’as rien fait pour la repousser… EMILE. - Ce n’est pas vrai. Je te jure. FANNY. - Tu m’as terriblement déçu. EMILE. - Je t’en prie Fanny, crois-moi. Laisse-moi t’expliquer. La pension de César Page 47 Fanny. - Emile,… EMILE. - Oui Fanny FANNY. - Sors d’ici. EMILE. - Mais Fanny ! FANNY. - Sors d’ici de suite ! Boulègue ! Emile sort et Fanny s’effondre de nouveau en larmes sur la table. La pension de César Page 48 Scène 3 : César, Fanny, Marius Arrivent César et Marius, visiblement ivres et rigolards. Marius voit le premier Fanny, la tête dans les bras croisés sur la table. MARIUS. - Oh Fanny ! Si tu veux faire un pénéquet, pourquoi ne vas-tu pas dans ta chambre ? Tu y seras mieux. CESAR. - Tais-toi couillon ! Tu ne vois pas qu’elle ne dort pas, elle pleure. Fanny, ça va ? FANNY. - C’est Emile. CESAR. - Quoi Emile ? Il lui est arrivé quelque chose de grave ? FANNY. - Non, c’est à moi qu’il est arrivé quelque chose de tragique. CESAR. - Mais dis-nous, qu’est-ce qui t’es arrivé ? FANNY. - J’ai surpris Emile avec Honorine sur ses genoux. Cette radasse était en train chasper mon Emile. Tu te rends compte ? MARIUS. - Ma pôvre Fanny ! CESAR. - Tu connais Honorine. On connait tous Emile. Je ne pense pas que c’est lui qui ait pris l’initiative. FANNY. - Je sais, mais ça m’a fait quand même un choc. J’étais toute estransinée. Alors je n’ai pas pu faire autrement que de le mettre dehors. MARIUS. - Tu as bien fait ! On doit rester toujours dignes dans la famille ! CESAR. - Et maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? FANNY. - Ben je vais rendre les catalogues à Nine bien sûr ! Qu’est-ce que tu crois ? CESAR. - Hein ? La pension de César Page 49 FANNY. - Laisse tomber. Je ne veux plus en parler et je ne veux plus entendre parler d’Emile. Je vais prendre l’air. Fanny s’avance vers la sortie avec les catalogues en main. MARIUS. - Plutôt que de sortir, tu ne veux pas faire un aïoli ? Ça te changera les idées. Fanny se retourne pour regarder Marius puis sort en silence. Marius et César vont s’assoir à la table et se servent à boire. La pension de César Page 50 Scène 4 : César, Marius CESAR. - C’est dommage, j’aimais bien Emile. Je commençais à m’y habituer. MARIUS. - Eh ouai. CESAR. - D’un autre côté c’est embêtant pour Fanny. Ça devient difficile de se caser à son âge. Elle est pas cabestron, mais elle n’est pas bombasse non plus. MARIUS. - Je peux regarder dans la liste des membres de l’association s’il n’y en a pas un qui ferait l’affaire ? CESAR. - Pourquoi pas, ça mange pas de pain. MARIUS. - En tout cas c’est un mal pour un bien. CESAR. - Pourquoi ? MARIUS. - Parce que si j’avais eu Emile comme beau-frère, j’aurais été obligé de le prendre comme co-équipier au tournoi de babyfoot, vu que toi tu ne veux plus y participer, et il joue comme un pied. CESAR. - Tu n’as qu’à présenter à Fanny le gagnant du dernier tournoi. MARIUS. - ça c’est une idée ! Ils rigolent et ils trinquent. CESAR. - Bon allez, elle ne va pas en mourir, et puis de toute façon, je n’avais pas de cavalière pour le mariage. MARIUS. - Moi non plus. CESAR. - J’aurai toujours pu prendre Honorine en désespoir de cause… Honorine la coquine. Ah ah ah MARIUS. - Ou alors Jeannette, qui n’a plus toute sa tête. Ah ah ah La pension de César Page 51 CESAR. - Ou Joséphine, qui n’est pas très fine. Ah ah ah MARIUS. - Ou Eleonor, qui perd le nord. Ah ah ah Ils rigolent et ils trinquent. CESAR. - Et si je te prenais toi comme cavalière ? César se lève, tend la main à Marius Mademoiselle, vous dansez ? Marius avec une vois féminine : Je ne peux pas, je garde le sac de ma copine qu’est aux cabèches. CESAR. - Voyons, il peut se garder tout seul le sac, ne vous inquiétez pas, il n’y a pas de voleur dans cette maison… Allez, pas de chichi… MARIUS. - Je ne sais pas. Il faut d’abord que je demande à mon frère. CESAR. - Il est d’accord. Je lui ai déjà demandé la permission. MARIUS. - Dans ce cas, puisque mon frère est d’accord… Marius se lève et ils se mettent à danser ce qui ressemble à une valse. MARIUS. - Oh grand fou ! Tu me donnes le vire-vire ! Arrive Aline Dupuis qui se tient au coin de la scène et les observe. CESAR. - Oui, j’ai une réputation de très bon danseur dans le quartier. Je suis le roi du baletti ! MARIUS voyant Aline. - Oh César regarde ! On a de la visite. C’est peut-être ma cavalière ? César va vers Aline et la prend dans ses bras pour la faire danser. CESAR. - Non Marius, c’est la mienne, je l’ai vu le premier. MARIUS en riant. - Ah César ! Quel danseur ! Et quel tombeur ! La pension de César Page 52 Aline se dégage des bras de César. Scène 5 : César, Marius, Aline puis Fanny ALINE. - Je suppose que vous êtes César Raspigoule ? CESAR. - Pour vous servir chère Mademoiselle ! Et à qui ai-je l’honneur ? ALINE. - Aline Dupuis, du service de vérification de la caisse primaire centrale d’assurance maladie de Marseille CESAR. - Personne n’est malade ici, mais c’est gentil de vous en inquiéter. Arrive Fanny avec des béquilles à la main. FANNY. - César, César, prends vite les béquilles, y a la contrôleuse de la sécu qui est dans le quartier. Elle va certainement arriver d’un moment à l’autre. ALINE. - Non. Elle est déjà là ! MARIUS. - Où ? César retrouvant son sérieux. - En face de moi teste d’aï. Tu n’as pas compris que c’est Madame ? ALINE. - Donc maintenant que les présentations sont faites, nous pouvons passer à la suite. Que dis-je la suite. A la fin tout simplement, car ce que je viens de voir me fait dire que ce contrôle ne sera qu’une petite formalité. Apportez-moi votre dossier d’invalidité s’il vous plait. CESAR. - Vous ne l’avez pas avec vous ? ALINE. - Je l’ai laissé dans ma voiture, mais si vous faites l’effort de me prêter le votre, je serai peut-être plus indulgente… J’attends. Fanny va prendre un dossier dans un tiroir et le porte à Aline qui va s’assoir à table pour le consulter. La pension de César Page 53 ALINE en lisant. -: Hum,.. oui,… oui,… hum,… oui, … silence. Bon. On va donc faire directement les comptes. Ce n’est pas la peine de perdre de temps, ni le mien qui est précieux,… ni le votre, Monsieur Raspigoule, puisque vous allez devoir rapidement vous mettre en quête d’un travail. CESAR. - Quels comptes ? ALINE. - Mais ce n’est pas compliqué, vous allez simplement rembourser à la Sécu toutes les sommes que vous avez illégalement perçues depuis votre déclaration d’invalidité, il y a … en regardant le dossier… plus de 20 ans ! Sans compter les intérêts et les pénalités bien entendu. Vous auriez une calculatrice pour que je vous fasse la note ? FANNY. - Ecoutez Madame, il y a un malentendu, ça ne devait pas se passer comme ça. Vous ne voulez pas qu’on recommence du début ? Normalement César devrait être assis au moment où vous arrivez. ALINE. - Pardon ? FANNY. - mais oui, vous arrivez,… César ne peut pas se lever,… moi je viens avec la canne… CESAR. - Fanny ce n’est pas la peine… Ce n’est plus la peine. FANNY. - Mais comment ce n’est pas la peine ?! On préparé tout ça pour rien ?! On ne peut pas rester là à rien faire ! César. - Madame ne me semble pas du genre que l’on peut berner facilement. Il faut se rendre à l’évidence, on s’est fait aganter. Cest fini. ALINE. - Eh oui, les évidences sont parfois trompeuses, mais en l’occurrence il n’y a aucun doute sur le fait que vous avez abusé la Sécurité Sociale pendant plus de 20 ans. CESAR. - Et l’indulgence ? ALINE. - Quelle indulgence ? CESAR. - Vous nous aviez dit que vous pourriez être indulgente. La pension de César Page 54 ALINE. - Doucement ! Avant d’envisager toute indulgence, il faut que j’estime le montant du larcin.... Calculatrice ! Marius apporte une calculatrice et la pose sur la table. ALINE. - Vous me laissez quelques instants pour calculer ? C’est qu’il y en a des chiffres dans cette affaire ! Aline pianote la calculatrice pendant que les autres la regardent. Au bout de quelques instants, elle reporte un montant sur une feuille posée sur la table et la tourne vers César. ALINE. - Voilà le total. Je vous ai fait une ristourne sur les pénalités. CESAR calmement en regardant le montant. - C’est ce que vous appelez être indulgente ? Silence ALINE. - Vous avez une autre proposition ? Silence MARIUS. - Excuses-moi César, mais vu l’orientation que semble prendre cette affaire, je crois que c’est à moi de prendre le relai. Marius vient s’assoir calmement à la table, face à Aline. Ils se regardent dans les yeux. Marius prend la feuille sur laquelle se trouve le montant inscrit par Aline. Il lit, puis griffonne à son tour un montant et tourne la feuille vers Aline. Aline regarde ce que vient d’écrire Marius, raye, inscrit un autre montant et le tourne vers Marius en ajoutant, ALINE. - En espèces. MARIUS en regardant la feuille. - C’est une grosse somme. Il faut du temps pour la réunir. La pension de César Page 55 ALINE. - Je n’ai pas le temps d’attendre. Marius inscrit un autre montant sur la feuille et la tourne vers Aline en ajoutant, MARIUS. - Disponible de suite. ALINE regarde le montant. - Qu’est-ce que entendez par « de suite » ? MARIUS. - Le temps d’aller le chercher, c’est à dire environ un quart d’heure. C’est ma dernière offre. ALINE. – Je ne pense pas que vous soyez en position d’imposer quoi que ce soit,… Marius. Votre choix est limité. Un mauvais accord avec moi, ou la ruine pour votre frère et toute sa famille. MARIUS. – Votre choix aussi est limité,… Aline. Un bon accord avec moi ou euh…rien. Pause. C’est ma dernière offre. Silence ALINE. - OK CESAR. - Quelle garantie avons-nous que vous ne reviendrez pas où qu’un autre contrôleur ne passera pas bientôt ? ALINE. - ma parole… puis en regardant Marius… C’est important la parole en affaires, n’est-ce pas, Marius ? MARIUS fixant Aline dans les yeux. - Oui c’est très important, Aline… puis à César… Il n’y aura pas de problème. ALINE. - Bon, je ne vais pas rester ici à attendre que vous reveniez. Je vais faire un tour et repasserai dans un quart d’heure. Aline sort. Les autres restent un moment sans rien faire. CESAR à Marius. - Qu’est-ce que tu attends ? Allez file chercher les belins ! Boulègue ! Marius sort. La pension de César Page 56 Scène 6 : Fanny, César puis Emile César et Fanny s’assoient à la table. Fanny dos à la porte. FANNY. - Fallait bien que ça arrive un jour. CESAR. - On s’en sort plutôt bien. FANNY. - Oui mais quand même ! Avec tout ce qu’on a fait pour se préparer au contrôle, on ne mérite pas ça. CESAR. - C’est la faute à pas de chance. FANNY. - C’est la faute à tonton. CESAR. - Il n’y est pour rien. FANNY. - Il n’avait qu’à pas partir à la retraite. Voilà ! CESAR. - Tu dis ça parce que tu es en colère. FANNY. - Oui je suis en colère et en plus c’est pas ma journée ! CESAR. - Tu es embarrassée ? FANNY. - ça ne te regarde pas ! C’est des affaires de femmes ! CESAR. - Je ne dis plus rien. Silence. Arrive Emile. César et Fanny on les yeux baissés et ne le voient pas. EMILE hésitant. - Hum Hum CESAR lève les yeux et voit Emile. - Oh Mastre ! La pension de César Page 57 EMILE. - Non, moi c’est Emile. Emile.. CESAR. - ça va, on ne va pas répépier ! On l’a déjà fait ce passage. EMILE. - Oui tu as raison… Fanny, s’il te plait, j’aimerais que tu m’écoutes. Il y a eu un vrai malentendu. FANNY. - Je ne veux pas savoir. Va-t’en ! EMILE. - Mais Fanny ! FANNY. - Tu n’as pas compris ? Fout moi le camp ! Boulègue ! CESAR. - Faut l’excuser, elle est embarrassée. FANNY à César. - Toi, tu te la clave ! CESAR à Emile. - Tu vois ? EMILE. - Oui, moi aussi je suis très embarrassé …César le regarde étonné…par ce qui s’est passé. FANNY. - Ce n’est pas la même chose. EMILE. - Ben oui je sais. Ce n’est pas toi qui avais Honorine sur les genoux. FANNY. - Mais il ne comprend rien à rien ! Arrête Emile, tu ne fais que m’engatser encore plus. EMILE. - Je me tais… silence… oui mais comment t’expliquer ? FANNY. - Mais qu’il est lourd ! Dis-lui César s’il te plait. CESAR. - Emile, il n’y a rien contre toi, mais tu tombes plutôt mal. Mais ne t’inquiètes pas, ça va finir par s’arranger avec Fanny. La pension de César Page 58 FANNY. - Minute papillon ! Je ne vais pas passer l’éponge aussi facilement. EMILE. - Dis-moi ce que tu veux que je fasse et je le ferai sans discuter. FANNY. - Je vais réfléchir, mais prépare-toi à un gros châtiment. Tu m’as quand même fait perdre figure devant cette radasse d’Honorine qui ne va pas se gêner pour le raconter à tout le monde dans le quartier. C’est une vraie bartavellle. La pension de César Page 59 Scène 7 : César, Fanny, Emile, Marius Arrive Marius avec un sachet plastique transparent contenant les billets. CESAR à Marius. - C’est quoi ce saquetti ? Tu n’as rien trouvé de mieux pour mettre l’argent ? Tu as l’air d’un boumian. Pense un peu à la réputation de la famille ! On traite une affaire importante ! Marius. - C’était pour être plus discret dans la rue. J’ai bien une mallette, mais elle me sert pour les voyages en Suisse. Et puis j’ai vu qu’Aline avait un grand sac à main. Je pense que ça ne la gênera pas. CESAR. - Aline ?! MARIUS. - Quoi ? Ce n’est pas comme ça qu’elle s’appelle ? CESAR. - Oui, mais je la verrai mieux avec un nom d’oiseau. MARIUS. - Tu es en colère ou tu es jaloux ? CESAR. - Ni l’un, ni l’autre. Je trouve juste que tu es un peu trop familier avec cette voleuse. MARIUS. - On s’en sort plutôt bien. Et je n’ai pas souvent l’occasion de faire des affaires avec une femme. Jolie en plus ! CESAR. - Parce que tu appelles ça faire des affaires ? Faudrait voir à te calmer. Tu as vu comme tu la bades ? J’ai l’impression que le portefeuille te descend un peu trop bas dans le pantalon. Es-tu au moins certain d’avoir négocié au mieux de nos intérêts ? MARIUS. - Enfin César ! Le bizinesse ça me connait ! CESAR. - Bon de toute façon, ce qui est fait est fait. Maintenant donne-moi l’argent, c’est moi qui lui donnerai, et toi tu peux partir. MARIUS. - Mais non ! J’ai commencé, je termine. C’est moi qui dois lui remettre les belins en mains propres. La pension de César Page 60 CESAR. - Je t’ai dit de me donner ce saquetti. Ne discute pas. MARIUS. - Viens le chercher. César s’avance vers Marius qui part de l’autre côté de la scène en rigolant. CESAR. - Ah ouai ? Tu veux jouer à ça ? Commence une course poursuite entre les 2 frères. FANNY. - Ah les minots ! EMILE. - Bon, je vois que vous avez à faire. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Emile s’avance vers la sortie où Manon Bastide qui venait d’arriver, regardait César et Marius courir sur scène. Emile boite canne à la main, en direction de la sortie.. La pension de César Page 61 Scène 8 : César, Marius, Fanny, Emile, Manon Bastide MANON. - Bonjour. Contrôle de la Sécurité Sociale. Tout le monde se fige. César en profite pour prendre le sac à Marius. MARIUS. - Encore ?! Mais vous êtes combien oh !? Y aura pas de belins pour tout le monde. Faudra voir à vous arranger entre vous. MANON. - Mais de quoi parlez-vous ? CESAR. - Ben de l’autre contrôleuse. Y en a déjà une qui vient de passer. MANON. - Ah bon ? Ah mais non ! Il y a erreur. Je suis la seule habilitée sur le secteur. Mais cela ne m’étonne qu’à moitié. Il y a une fausse contrôleuse qui sévit en ville depuis quelques jours, et qui extorque les pensionnés en leur faisant croire qu’ils ont trop perçu de la sécu. Vous en avez été victimes ? CESAR qui cache le sac d’argent dans le dos. - Hélas oui madame. Elle a essayé de nous faire tomber dans sa trapannelle. Elle vient juste de partir, mais on n’a rien raqué ! MANON. - Il faut réagir tout de suite. Si vous voulez je peux enregistrer votre plainte. Je suis assermentée. CESAR. - Vous êtes aussi dans la police ? MANON. - Restrictions budgétaires dans les administrations, on devient multitâche. Je suis à la fois contrôleuse de la Sécurité Sociale et officier de la Police Nationale. Mais j’ai de la chance, j’ai un collègue qui cumule un poste à la sécu avec un autre de cantonnier au service des routes. ... Le temps de sortir le bon formulaire et je prends note de votre plainte. MARIUS. - Merci, mais ce n’est pas la peine. Elle n’a pas réussi à nous entuber et nous ne voulons pas avoir d’histoires. Vous savez… les représailles et tutti quanti. FANNY. – Bien sûr que si qu’on va porter plainte. On ne va pas la louper cette piacampi ! La pension de César Page 62 CESAR à Fanny. – Marius à raison, ce n’est pas le moment de se faire remarquer. FANNY. – Ouai. Mais elle ne perd rien pour attendre. MANON. - C’est vous qui voyez. Bon, ben puisque je suis là on peut commencer le contrôle. Regardant Emile avec sa canne. Je suppose que vous êtes César Raspigoule ? EMILE. - Euh… ben… TOUS LES AUTRES EN CHŒUR en le montrant du doigt. - OUI, C’EST LUI ! MANON. - Bien, je m’en doutais. Je me présente, Manon Bastide, et voilà ma carte professionnelle attestant de ma fonction. Merci de vérifier. Manon présente sa carte à Emile qui la regarde sans avoir l’air de comprendre. Fanny lui arrache la carte des mains, la regarde et la fait passer à Marius qui à son tour la regarde et se la fait prendre par César qui regarde la carte attentivement. CESAR. - Vous êtes plus jolie en vrai qu’en photo, Madame … ou Mademoiselle ? MANON intimidée. - Euh…Merci …c’est mademoiselle. EMILE. - J’allais partir, alors je vous laisse. FANNY. - Toi tu ne bouge pas, compris ?! Emile se fige. Euh, je veux dire, viens t’assoir à table… en s’approchant d’Emile… CESAR… En aparté à Emile. Tu n’as pas intérêt à broncher ! Si tu veux payer ta dette, c’est le moment. Emile va s’assoir à la table. Fanny lui prend la canne. FANNY à Manon. - Excusez-moi, il fallait que je trouve mes marques. Voilà. On est prêt. Vous pourriez recommencer du début s’il vous plait ? MANON. – Euh,.. Oui,.. bon… je disais…ah oui… Je me présente, Manon Bastide, contrôleuse de la Sécurité Sociale. MARIUS. - Vous ne vous appelez pas Gretel Stoeffler ? La pension de César Page 63 César donne une tape sur la tête de Marius. MANON à Emile. - Vous êtes bien César Raspigoule ? CESAR vient se mettre debout derrière Emile. - Oui Mademoiselle, c’est lui. Mais je vous prie de l’excuser de rester assis, avec sa jambe handicapée, il ne peut pas se lever. FANNY. - Mon dieu César, excuse-moi ! En faisant le ménage j’ai déplacé ta canne sans le faire exprès. Attends, je vais la chercher. Fanny prend la canne d’une autre main et la tend à Emile. Voilà mon César, et encore désolée. CESAR. - Mes hommages Mademoiselle. Que nous vaut le plaisir de cette visite inattendue ? MANON à Emile. - Oh juste un petit contrôle de routine. Je suis venue m’assurer que votre pension vous était bien versée et correspondait bien à votre handicap. CESAR. - Je suis, je veux dire Emm..César est à votre entière disposition chère Mademoiselle. Puis-je vous offrir un verre, nous étions justement sur le point de prendre un pastis. Un pastis, cela ne se refuse pas. Le pastis, c’est tout un symbole dans une maison marseillaise. Symbole de l’amitié et du soleil. D’ailleurs, savez-vous d’où vient le nom du pastis ? MANON. - Eh bien il vient du provençal « Pastisson » et de l’italien « Pasticchio », qui signifie mélange ou amalgame. CESAR. – Oui c’est ça ! Le pastis n’est pas un simple apéritif, MANON. - C’est le résultat d’une subtile association de saveurs, CESAR. – finement élaboré par Paul Ricard, notre Saint-Paul, qui a su trouver dans les années 20 la recette parfaite associant dans un équilibre parfait, MANON. – L’anis vert CESAR.- L’anis étoilé MANON.- Et la réglisse ! La pension de César Page 64 César et Manon éclatent de rire. CESAR.- Vous êtes une connaisseuse. MANON. – Mon père a fait toute sa carrière chez Pernod. CESAR.- Ce n’est pas croyable ! Mon père a fait toute sa carrière chez Ricard ! MANON. – Les ennemis jurés, CESAR. – Mais qui ont décidé de s’unir en 1975 pour créer le groupe Pernod-Ricard ! MANON. – L’année de ma naissance. CESAR.- Alors on est presque de la même famille ? MANON. – On s’est peut-être même déjà vu aux réunions familiales de la société. CESAR. – Alors, vous ne refuserez pas de prendre le pastagua avec moi ? MANON. - Je vous remercie beaucoup, mais je suis actuellement en service et ne peut accepter,… et il n’est que quatre heures, mais c’est très aimable à vous. Je ne veux pas abuser de votre temps, à Emile, aussi pourrais-je juste ausculter votre jambe, objet du handicap mentionné dans votre dossier ? CESAR. - Mais bien entendu chère Mademoiselle. Comment voulez-vous procéder ? MANON. - Je vais simplement reculer de quelques pas et vous avancerez vers moi quand je vous le dirai. En vous aidant de votre canne, bien entendu. Je ne voudrai pas vous occasionner un malencontreux accident. Manon recule de 2 pas. MANON. - Allez-y maintenant si vous le voulez bien. FANNY à Emile. - Debout toi ! La pension de César Page 65 Emile s’exécute. César le pousse en avant. MARIUS avec une voix féminine. - Sois prudent César. Tu n’as pas l’habitude de marcher une aussi longue distance. Fanny fait les gros yeux à Marius… Pardon. Un réflexe. CESAR. - Ne t’inquiète pas Fanny, Mademoiselle sait ce qu’elle fait. Elle est une contrôleuse compétente, cela se voit. Emile avance doucement en boitant et en s’aidant de sa canne. MANON. - Très bien Monsieur, je ne vous en demanderai pas plus. Fanny se précipite avec une chaise pour l’obliger à s’assoir. Je vous remercie pour cet effort. Mon contrôle est terminé. Il faut maintenant que je remplisse quelques papiers et j’en aurais complètement fini. Je peux m’assoir ? César lui présente une chaise en souriant : Manon s’assoit à table et ouvre le dossier qu’elle avait avec elle. Emile est toujours assis sur une chaise au milieu de la scène. EMILE. - Et moi, qu’est-ce que je fais ? FANNY. - Tu restes assis et tu te la clave ! MANON regarde le dossier. - Ah zut ! Le numéro de sécurité sociale est illisible. A Emile. Vous n’auriez pas votre carte Vitale sur vous ? EMILE en mettant sa main dans la poche. - Oui bien sur. CESAR sort une carte de sa poche et la tend à Manon. - La voilà ! A Emile. Tu l’avais faite tomber César. Emile qui vient de sortir une carte Vitale de sa poche la regarde sans comprendre. MANON. - Merci. Au fait, nous n’avons pas été présentés. Vous êtes ? EMILE. - C’est César. La pension de César Page 66 CESAR. - io !... Césario, le cousin de César. Eh oui, dans la famille nos parents n’avaient pas beaucoup d’idées. MANON regardant Fanny et Marius. - Et vous ? FANNY. - Moi c’est Fanny, la sœur de César, et lui c’est Marius, le caganis… le petit frère quoi. MANON. - Oui j’avais compris. Je suis de Marseille vous savez. FANNY. - Vous n’êtes pas Alsacienne ? MANON. - Quelle idée ! Même si c’est vrai que j’arrive de Strasbourg où j’avais été mutée pendant 5 ans. Pour tout vous dire, je suis de Septèmes-les-Vallons. FANNY. - Ah oui ? Je me disais bien que votre accent était quand même du nord… de Marseille. MANON. - Alors comme ça, vous êtes deux frères et une sœur et vous vous appelez Marius, César et Fanny ? Et votre père, il s’appelait Marcel ? CESAR. - Comment vous avez deviné ? MANON. - Oh, juste une intuition… Bon, voyons ce dossier… hum…. Oui….hum… Oui…Mais ? … César Raspigoule… César Raspigoule… A Emile… D’un coup j’ai un doute. Vous n’étiez pas dans l’équipe des cadets de l’OM il y a une vingtaine d’année ? EMILE. - Euh… ben… CESAR. - Oui ! Exactement ! J’étais… euh… il était libéro… Et un très bon joueur, plein d’avenir. MANON. - Oui c’est ça ! Je me souviens maintenant. J’allais aux matchs avec mon père et même si on supportait l’équipe de Septème, Papa ne jurait que par vous. César par ci, César par là. Le petit César, Le prodige du vélodrome. Mon père ne tarissait pas d’éloges et vous promettait un bel avenir professionnel… Ah quel dommage cet accident… La pension de César Page 67 CESAR. - Eh oui, c’est dommage. Un terrible accident juste avant d’être sélectionné en équipe réserve pro de l’OM. FANNY à part. - Et juste après le contrôle antidopage positif qui de toute façon l’aurait exclu à vie. Une bénédiction cet accident plutôt ! CESAR pensif. - César, le pied droit de Dieu ! MANON plongée à nouveau dans le dossier. - Qu’est-ce que vous venez de dire ? CESAR. - On disait à l’époque « César, le pied droit de Dieu », rapport à mon … son talent avec le pied droit. MANON en regardant le dossier. - Ah mais non, ça ne va pas ! Ça ne va pas du tout ! FANNY. - Y a un pet ? MANON. - Ben voui. Un gros problème même. FANNY inquiète. - Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a qui ne va pas ? MANON. - Je vois dans le dossier « Invalidité totale de la jambe gauche » En regardant Emile. Et je vois que vous boitez de la jambe droite. Qui plus est, la jambe au bout de laquelle se trouvait LE PIED DROIT DE DIEU ! CESAR. - Et alors ? MANON. - Et alors, ce n’est pas le même tarif. Il y a une erreur dans le dossier et la pension de votre cousin a été sous évaluée. Surtout si on prend en considération le fait qu’il était sur le point de passer footballeur professionnel à l’OM en raison justement des qualités de sa jambe droite. FANNY. - Dans la pratique, ça veut dire quoi ? MANON. - Qu’il faut que je calcule combien la Sécurité Sociale vous doit au titre des arriérés de pension depuis le début, plus les intérêts évidemment. Je peux faire le calcul tout de suite si vous voulez, il me faut juste une calculatrice. La pension de César Page 68 Manon n’a pas le temps de finir sa phrase que Marius à déposé une calculatrice sur la table. MANON. - Vous me laissez quelques instants pour calculer ? C’est qu’il y en a des chiffres dans cette affaire ! Manon pianote la calculatrice pendant que les autres la regardent. Au bout de quelques instants, elle reporte un montant sur une feuille posée sur la table et la tourne vers Emile. ALINE. - Voilà le total. Je vous ai arrondi le taux d’intérêt à la valeur supérieure pour faire un peu plus. EMILE s’approche de la table et regarde la feuille. - C’est une belle somme. Et c’est pour moi ? CESAR, FANNY ET MARIUS en chœur. - NON ! MANON. - Ben si. Pourquoi vous dites non ? CESAR. - Euh, … c’est pas qu’on a dit non vraiment, euh… c’est juste que… FANNY. - Que Emcésar est très dépensier et qu’on doit toujours être derrière lui pour qu’il ne jette pas l’argent par la fenêtre. On veille à ses intérêts sinon il se retrouverait à Payolle et mettrait toute la famille dans l’embarras. EMILE. - J’ai un livret A à la Caisse d’Epargne et aussi un plan d’épargne logement. FANNY. - Oui, c’est bien. On en reparlera tous les deux. Apparait à la porte Aline, sans que personne ne la voit. MANON. - Je vais m’occuper des papiers pour le virement dès mon retour au bureau et vous devriez recevoir la somme d’ici 15 jours sur votre compte bancaire. La pension de César Page 69 Scène 9 : Les mêmes + Aline puis Honorine puis Pierre ALINE. - Alors ? Vous avez l’argent ? Tous se retournent et la voient. FANNY. - C’est elle ! MANON. - Qui elle ? FANNY. - La fausse contrôleuse ! MANON. - Au nom de la loi je vous arrête, pour usurpation d’identité et tentative d’escroquerie. ALINE. - Mais qui t’es toi ? MANON exhibe sa carte professionnelle. - Service de contrôle de la Sécurité Sociale et officier de police judiciaire, dument assermentée en tant que représentante officielle de l’autorité publique. CESAR. - Ah ! Je crois que la roue tourne ma belle ! FANNY. - Arrêtez-la, c’est une voleuse ! ALINE. - Mais je n’ai rien volé. CESAR. - On ne t’en a pas laissé le temps. MARIUS. – C’est juste une tentative. Le mal n’a pas encore été fait. FANNY. - Si, le mal est fait. C’est une voleuse et il faut l’arrêter de suite. ALINE. - Y a peut-être moyen de s’arranger ? MARIUS à Manon. - Si vous voulez, je peux négocier. La pension de César Page 70 MANON. - Il n’y a rien à négocier, elle est prise en flagrant délit. ALINE. – Ecoutez, c’est un malentendu. Moi, je ne voulais pas le faire, mais on m’a obligé. Quelqu’un que j’ai rencontré hier au bar m’a proposé un petit boulot avec une bonne prime à la clé. Je suis dans une situation financière difficile. Je n’ai pas pu refuser, vous comprenez ? MARIUS. – Mais oui on comprend. C’est humain. FANNY. - Non, on ne comprend pas ! Elle n’est pas humaine ! MARIUS. – Fanny, n’exagère pas. ALINE. – Merci Marius. Toi tu me comprends. CESAR. – Il n’empêche que tu as essayé de nous escroquer. Alors maintenant disnous qui t’a envoyé. ALINE. – Je ne connais pas son nom. Je ne l’ai vu qu’une seule fois, rapidement. MANON. – Vous êtes bien naïve. Quelqu’un que vous ne connaissez pas vous aborde, vous propose une affaire malhonnête et vous acceptez sans vous poser de questions ? Vous expliquerez ça au tribunal ! CESAR. – Bon alors tu vas nous le dire maintenant qui t’envoi ?! MARIUS à César. – Soit gentil avec Aline. Puisqu’elle te dit qu’elle ne sait pas qui c’est. Elle n’est pas responsable. CESAR. – Si tu veux la défendre, tu n’as qu’à devenir avocat. Mais tu as intérêt à prendre des cours accélérés car ça ne va plus trainer pour qu’elle se retrouve au box des accusés. ALINE. – Vous êtes dur avec moi, César… FANNY. – IO ! Césario ! La pension de César Page 71 CESAR. – Oui, c’est vrai. Finalement, je suis un peu trop dur, à Manon, il faut être clément avec quelqu’un qui avoue sa faute. Arrive Honorine. MARIUS. – Aline, aide-nous à découvrir qui t’a envoyé et je pourrai t’aider. ALINE voyant Honorine. – C’est elle ! HONORINE. – Mais qu’est-ce qu’elle raconte celle-là ? Je ne la connais même pas ! ALINE. – Ah oui ?! Tu ne me connais pas ? Tu ne disais pas ça hier soir. Ah quel toupet ! Aux autres en montrant un papier. La preuve que je dis vrai, elle m’a écrit votre adresse et m’a détaillé sur cette feuille tout ce que je devais dire et faire. MANON prend le papier.- Il sera facile de la démasquer avec une analyse graphologique. Elle lit la feuille et ajoute à Aline, …oui, c’est très clair. En tout cas, cela n’enlève rien à la gravité de votre acte. Il y aura juste une complice en plus dans cette affaire. MARIUS. – Oui, mais cela atténue beaucoup sa culpabilité, et je suis sûr qu’elle regrette. N’est-ce pas Aline ? ALINE. – Oui, je regrette d’avoir fait cela Marius, je ne te connaissais pas encore. FANNY. – Alors y a qu’à mettre toute la faute sur Honorine, et c’est réglé ! MANON. – Mais, ce n’est pas légal ! CESAR. – Oui, ce n’est pas très légal, à Fanny, et tu sais combien dans la famille on respecte la loi. MANON. – Ecoutez, cette affaire c’est un brave pastis et ça va me faire une paperasse énorme. J’ai déjà assez à faire avec la régularisation de la pension. En plus demain j’ai un jour de RTT et j’avais prévu d’aller à la plage. CESAR. – Ah bon ? C’est marrant, moi aussi j’avais prévu d’aller passer la journée à la mer. On a un petit cabanon au Bain-des-Dames. Ça vous dirait d’y venir ? La pension de César Page 72 MANON. – Euh.. oui… pourquoi pas ? CESAR. – Alors c’est réglé. Honorine tu peux dire que tu as le cul bordé d’anchois… en regardant Manon, et moi aussi j’ai de la chance. MARIUS. – Tu vois Aline, je savais bien que ça s’arrangerait. ALINE. – Oui, Marius. Et merci de m’avoir soutenu. MARIUS. – Tu me sembles assez dégourdie en affaires. Ça te dirait de t’associer avec moi ? ALINE. – Tu sais, je débute, mais je suis prête à apprendre. MARIUS. – avec moi comme professeur, tu apprendras très vite, je te peux te le garantir. Arrive Pierre tout essoufflé. PIERRE. – Marius ! Marius ! Marius se cache derrière Aline. MARIUS. – Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ? A Pierre. Tu n’es pas au stade en train de t’installer avec tes supporters pour le match ? ALINE. – Quel match ? Qui c’est lui ? MARIUS. – Ce soir l’OM reçoit le PSG et celui-là c’est un supporter du parisien, et c’est un fou ! PIERRE. – Marius, j’ai changé. Je me suis échappé. MARIUS. – Echappé d’où ? PIERRE. – J’ai été découvert. La pension de César Page 73 MARIUS. – Par qui ? De quoi ? PIERRE. – Marius, il faut je te l’avoue. J’ai toujours été un supporter de l’OM en cachette. Les adhérents de mon clubs l’ont découvert et on essayé de me lyncher. Je veux devenir un membre de ton club! Je demande l’asile Olympique ! Il ouvre sa veste pour exhiber un maillot de l’OM. MARIUS. – ça va être difficile, tu sais ? Les parisiens ne sont pas très bien vus chez nous. PIERRE. - Je suis prêt à payer ce qu’il faut pour adhérer et faire tout ce qu’il faut pour me faire accepter. MARIUS. - Même à payer le double de cotisation ? PIERRE. - Même le double ! MARIUS. - Ce qui est dit est dit ! Mais il y a quand même une épreuve à passer avant de pouvoir devenir membre titulaire de mon club. PIERRE. – Dis-moi laquelle et je le ferai tout de suite. MARIUS. – La tradition veut que l’on crève d’abord les pneus d’une voiture immatriculée à Paris. PIERRE. – C’est déjà fait ! Avant de venir, j’ai crevé les quatre pneus de la mienne ! MARIUS. – Dans ce cas, bienvenu au club, Pedro ! Ils se serrent la main. PIERRE. – Merci, Président ! HONORINE. - Si je comprends bien, tu quittes Paris pour t’installer ici ? PIERRE. - Exactement ! Je ne veux plus jamais quitter Marseille. La pension de César Page 74 HONORINE en s’approchant de Pierre. - C’est bien ça. On pourra se voir souvent. J’espère que tu n’es pas épilé. PIERRE. – Euh, non. Pourquoi ? HONORINE. – Tu verras, mon chou. PIERRE. – Quand tu veux ! EMILE. – Fanny, tu es encore fâchée ? FANNY en souriant. – Mon bicou, mais bien sur que…OUI ! Tu ne dis que des couillonades ! Tu mériterais que je te passe un savon ! EMILE. – de Marseille ! FANNY. - Mais je t’aime quand même va ! Faudra quand même qu’on reparle de ton plan d’épargne logement tous les deux. CESAR. - Alors Manon, on se fait une journée à la mer demain ? MANON. – Oui Césario. CESAR. – Tu peux m’appeler César. Ce sera plus simple. MANON. – Si tu veux, mais on ne risque pas de te confondre avec ton cousin ? CESAR. – On n’a qu’à l’appeler Emile. Ça lui va bien. MANON. – Bonne idée ! CESAR. – Alors vivement demain… Manon. MANON. – Oui, vivement demain… César. FANNY. – Je suis si heureuse que tout se termine si bien La pension de César Page 75 MARIUS. – Alors, maintenant tu peux nous faire un aïoli TOUS. – Mais Non ! MARIUS. – Et pourquoi non ? CESAR. – Mais parce qu’à Marseille, on termine toujours … TOUS EN CHŒUR. - EN CHANSON ! Chanson provençale « La cambo me fai mau »* Couplet : I'a proun de gènt Que van en roumavage I'a proun de gènt Que van en Betelèn Ié vole ana Ai quàsi proun courage Ié vole ana S'iéu pode camina Refrain chanté repris plusieurs fois : La cambo me fai mau Bouto sello, bouto sello, La cambo me fai mau Bouto selle à moun chivau Chorégraphie : tous les personnages font une farandole en boitant. FIN * Note au metteur en scène : La chanson peut être remplacée par une autre chanson marseillaise ou provençale, voire une création. La pension de César Page 76